Sur la foi des très nombreux bons avis donnés ici, j'ai acheté cette BD il y a quelques semaines déjà. Mais toujours je repoussais le moment de sa lecture car je savais que ce n'était pas le genre de BD qui me plaisait d'habitude. Et en réalité j'aurais dû écouter mon expérience de mes propres goûts car je regrette mon achat.
Oui, cela sonne discordant par rapport aux autres avis dithyrambiques mais je m'explique...
Objectivement, cette BD est bien racontée, son sujet dur et fort, la façon dont il est amené originale et réussie à la fois. Il est en outre servi par un dessin sympathique même si ça m'a fait un peu bizarre de retrouver des "bouilles" à la Octave, BD jeunesse que je lis à ma fille, dans ce récit sérieux et traumatisant pour un jeune enfant. Le traitement graphique est assez novateur et intéressant, notamment avec ce passage en véritables photos sur la fin de l'album. Par contre, j'aime assez peu la colorisation toute personnelle de cet album.
Mais après cet aspect objectif, il y a mon ressenti à la lecture et celui-ci est très mitigé. Mitigé sur le sujet même tel qu'il est abordé, réfléchi puis magnifié par moment. Comme on le voit intelligemment raconté à certains passages, l'esprit de l'auteur hésite entre le fait d'occulter ces faits qu'une partie de lui trouve quasiment "négligeables" pris dans leur ensemble, et réagir avec force haine et colère, donnant une intensité accrue au traumatisme, force qui semble chez lui avoir grandement augmenté avec l'âge. Et c'est un peu ça qui m'ennuie, cette impression d'avoir sublimé le traumatisme, comme si son exorcisme avait eu pour effet de le rendre encore plus grave qu'il n'était dans son jeune esprit.
Je crois que davantage que l'attouchement qu'il a eu à subir, c'est surtout la trahison d'un ami qui est ici dénoncée, mais de telle manière que cet ancien ami est rabaissé largement au-delà de ce qu'il a fait. C'est bien simple, le titre est là pour le dire, l'auteur voudrait tuer l'homme qui lui a fait cela, il semble vouloir qu'il souffre au point de se suicider, et cela surtout parce qu'il a trahi son amitié : c'est ainsi que je l'ai ressenti.
Bref, c'est bien l'impression que l'âge a attisé la haine que sa jeunesse avait plus ou moins occultée qui m'a dérangé dans cette lecture : pourquoi se tourner vers son passé ainsi si c'est pour en souffrir et pour haïr. Je devrais moi-même haïr encore davantage des gens de mon passé pour ce que j'ai vécu, mais je ne me prends pas la tête du tout avec ça.
Cependant, à la très honorable décharge de l'auteur, son récit montre avec une grande justesse sa sincérité, et le fait qu'il n'avait précisément pas la même façon de penser étant jeune qu'une fois devenu un adulte bien installé dans la vie. C'est cet aspect de la réflexion sur son propre état d'esprit et la véracité avec laquelle il est rapporté au lecteur qui m'a le plus intéressé dans ma lecture. J'ai par exemple été agréablement surpris de voir les auteurs retourner sur les lieux des faits en fin d'album et surtout ce que cela implique et la façon dont ils ont eu à réagir.
Car pour le reste, je n'ai pas accroché. Pas accroché dans le sens où ce n'est pas ce que je recherche dans la lecture d'une BD. De la même manière que je n'ai pas accroché à Maus que la majorité des gens adorent, pas plus qu'à tous ces récits de souffrance et de noirceur, aussi bien racontés soient-ils.
Et puis il y a le fait que ce soit des personnages réels, des lieux réels, des photos permettant de reconnaître les lieux et donc le tout permettant de dénoncer vraiment qui a commis quoi aux yeux de ceux qui le connaissent, détruisant sa vie (s'il vit encore) de manière implacable. Nous sommes ici au niveau de la dénonciation pénale et effectivement on peut se dire que l'auteur a le droit de faire ça vu ce qu'il a subi et qu'il n'aurait aucun recours judiciaire s'il voulait en chercher un (ce qu'il ne semble pas vouloir), mais cela me dérange cependant très fortement. Sans doute car j'aime à ce qu'une BD reste dans le domaine de la romance, pas du réel comme un objet à même d'affecter la vie des uns ou des autres. Mais nous sommes là dans un nouveau débat.
Et il n'y a pas de débat me concernant tout personnellement : je n'ai que très moyennement apprécié ma lecture même si j'en reconnais les qualités tant narratives que graphiques et surtout dans la force du sujet et ce qu'il implique au niveau réflexion mais aussi au niveau de l'action résultante.
Un recueil d'histoires courtes de Foerster parues dans Fluide Glacial, histoires où il mêle fantastique, horreur, humour noir et une dose de sadisme. Il en a publié un bon petit nombre de telles histoires et de tels recueils, faire la différence entre les uns et les autres n'est donc pas évident. Ici, les histoires sont sympathiques, avec juste ce qu'il faut pour marquer les esprits, captiver et faire passer un bon moment de lecture en profitant des sombres idées et du dessin typé de Foerster.
Moi j'aime, même si je n'en fais pas une passion.
Tarek reprend l’essence du conte des "trois petits cochons" pour en fournir sa version toute personnelle et libre qu’elle soit.
Le loup originel se dédouble en deux, Shalom et Salam, pour qui leur religion respective (juive et musulmane) leur interdit de manger du porc. Ce qui n’est pas sans poser de difficultés au conteur qui souhaite restituer la véritable histoire des trois petits cochons . . . Une entrée en la matière intéressante qui donne un petit coup de dépoussiérage à ce conte en faisant preuve d’un certain dynamisme et d’une belle inventivité. Les dessins de Morinière sont sympathiques, à mi-chemin entre le réalisme et le cartoon, avec des couleurs assez vives (sans doute trop vive diront certains).
Que ceux qui seraient outrés par une adaptation libre d’un des contes les plus connus passent leur chemin, ils ne trouveront pas leur compte (conte ?) dans cette bd au demeurant très recommandable pour les autres dont je fais partie.
Dans cette œuvre autobiographique, Trondheim nous livre un certain nombre de souvenirs, d’opinions ou de considérations ; ça pourrait paraître prise de tête, mais finalement, ça passe assez bien. Il ne faut pas croire qu’il se dévoile intégralement car on n’apprend rien de très important sur sa vie intime. Par exemple, il ne fait aucune référence à son mariage qui a du avoir lieu dans ces années.
Il y a des scènes sympathiques, comme la fête de l’Association qui m’a beaucoup fait rire. Toujours amusant de retrouver les auteurs de l’association et surtout de voir les portraits que Lewis dresse de ses confrères. A la fin de l’ouvrage, les auteurs cités ont droit à la parole et c’est plutôt intéressant. On voit que Lewis arrange peut-être un peu la réalité !
Alors, sur le fond, ce n’est pas mon livre préféré de Trondheim, mais c’est peut-être celui qui marqua les premières fondations d’une œuvre aujourd’hui incontournable.
Rien que pour cela, ce livre mérite qu’on s’y attarde. Mais attention, ce n’est pas son ouvrage le plus accessible et je pense qu’il faut bien aimer l’auteur pour l’apprécier à sa juste valeur.
Je n'ai lu que les 2 premiers tomes de cette série alors que le 3e vient tout juste de sortir. Mais je ne suis pas totalement convaincu pour le moment.
Cela faisait un moment que je tournais autour de cette série mais son dessin me rebutait et m'empêchait de l'acheter jusqu'à présent. En effet, je n'aimais ni son aspect proche du manga ni ce que je considère comme une certaine épure des traits, formant à mon goût certaines cases et visages trop grands et trop vides.
Pourtant en cours de lecture, je m'y suis très vite fait, jusqu'à le trouver très agréable à lire et joli à regarder. Seul reproche, certains décors de villes ou scènes d'action à base de vaisseaux et objets volants me sont parfois un petit peu difficiles à déchiffrer du fait, je crois, de la trop grande simplicité de certaines formes. Mais pour le reste, j'aime bien. Je trouve d'ailleurs qu'il y a beaucoup d'influences de l'esthétique des oeuvres de Miyazaki dans cette série, décors, véhicules volants, tenues de combats, etc. J'aime bien d'autant que c'est une influence assez bien assimilée ici.
J'ai eu un peu de mal avec les couleurs ceci dit. Elles sont souvent bien choisies et leur application informatique est soignée. Mais leur aspect artificiel m'apparaît parfois un peu froid, et inversement une forte utilisation des contrastes lumineux éblouit mon regard à d'autres moments.
Venons-en maintenant à l'intrigue, je la trouve assez classique mais sympathique. L'abondance de factions en conflit autour de buts mystérieux fait légèrement déjà-vu à mes yeux. Par contre, le fait que les unes et les autres soient sincères dans leurs actions et ne sachent pas trop ce que veulent les autres est bien rendu et intéressant.
Je ne suis donc pas vraiment captivé par cette histoire et l'assez banale fuite en avant de deux jeunes héros, un gentil garçon et une jolie fille, mais je lirais la suite avec plaisir.
Jessica Abel...
Un nom qu'il va falloir retenir. Car son premier ouvrage publié en France est un joli "coup". A l'heure où le président américain a l'intention de faire dresser un mur entre son pays et le Mexique, l'éclairage que donne l'auteur de la vie au sud du Rio Grande, et surtout de la façon dont les Américains y sont perçus, nous permet d'appréhender certains enjeux internationaux.
"La Perdida", est, comme son nom l'indique, l'histoire d'une jeune fille qui a voulu se perdre dans la culture mexicaine, et s'y retrouve encore plus isolée qu'elle ne le pensait. Pire, elle aboutit à un point de non-retour, au milieu d'une sombre affaire due à des incompréhensions et des jalousies inter-communautaires.
L'histoire racontée par Jessiaca Abel est touchante, sinon poignante, et l'on a besoin de deux ou trois lectures pour saisir toute la complexité de son propos. Son trait, qui rappelle celui de Craig Thompson (influence revendiquée par l'éditeur), est très expressif, contrairement à ce qu'on eût pu croire au simple feuilletage de l'album.
Une nouvelle découverte, avec un bel album à la clé.
Samuel et le Mange-Mots est une oeuvre dédiée à la jeunesse, sans doute plus particulièrement aux enfants un peu turbulents à qui il faut apprendre la valeur des mots et de la lecture. C'est une gentille histoire où un enfant se retrouve confronté à une drôle de créature silencieuse et fourbe, qui se colle à sa tête et lui "mange" ses mots, d'abord ses gros mots puis davantage tandis qu'elle grossit.
Le scénario est sympathique quoiqu'un peu naïf pour un lectorat adulte.
Le dessin quant à lui est plaisant en ce qui concerne les visages des personnages mais manque nettement de maîtrise pour le reste. Véhicules, corps et décors ont une touche franchement amateur, sans être moche pour autant. De même, les couleurs, même si leur palette est agréable, ne sont pas d'un niveau professionnel à mes yeux.
Une BD sympathique que des adultes achèteront avec plaisir à leurs enfants mais qui leur reste tout de même réservée.
Davy Crockett... un nom qui tinte encore dans l'esprit de très nombreux lecteurs, ou d'amateurs de cinéma.
Le lectorat francophone le découvre dans l'hebdo Vaillant, n° 633 du 30 Juin 1957. Son canoë emprunte une dernière courbe dans "Vaillant - Le journal de Pif" n° 1232 du 12 Janvier 1969.
Sa traduction française suit de très près sa création aux Etats-Unis, laquelle date de 1955.
Personnellement, je l'ai découvert -milieu des années 60- dans des "albums" édités par la SPE. Albums ?... En réalité des "récits complets", format A4, d'une trentaine de pages chacun, noir (ou bleu foncé) et blanc. J'en possède toujours quelques-uns. Le graphisme ?... Chaque opus est différent d'un autre ; en effet -mais ça je l'ai su plus tard- car ayant été réalisés par un collectif de dessinateurs non crédités. Néanmoins, c'est du "style De La fuente" ; à savoir -à chaque fois- un trait nerveux, précis, réaliste.
Les histoires ?... Scénarios "limpides" pour une lecture aisée. Mais tous contiennent leur lot d'attaques, de bagarres, d'embuscades ; le tout d'une bonne intensité dramatique.
Les années passant, j'ai eu la chance de trouver les albums Vaillant, dessinés par Coehlo (Robin des Bois, Yves le Loup, Ragnar le Viking, ...). Du tout bon, quoi. Ces opus bénéficient d'un très beau graphisme, dynamique et réaliste. Les histoires ?... Toujours celles du "bon" contre les "mauvais.
La différence par rapport aux albums de la SPE, c'est qu'ici -scénarisé par Ollivier- le héros développe un fort humanisme, ainsi qu'un antiracisme peu habituels dans les productions d'époque.
Davy Crockett ?... une bonne série qui met en scène ce très célèbre trappeur, combattant de l'injustice et qui -rapidement- se "mettra" du côté des (bons) indiens.
Les albums :
La SPE, de 1956 à 1957, en a édité 16 d'un coup. Ce ne sont pas des albums tels qu'on peut le concevoir de nos jours, mais plutôt des "récits complets" (de longues histoires d'une trentaine de pages agrafées).
Editions Vaillant : 3 albums, ce 1960 à 1964.
Hachette éditera, en 1976, "Davy Crockett contre les Comanches". Il s'agit du tome 2 de la SPE (de 1956), autre titre MAIS même couverture !
Notes auteurs, diffusion dans périodiques divers (Vaillant, L'Intrépide, Hurrah, etc...) voir fenêtre "série".
Ardent, fils d'Eleuthère de Walburge, fait son apparition dans l'hebdo Tintin n° 1, 21ème année, du 4 Janvier 1966.
J'avais 12 ans, adorais les histoires de chevalerie... Vous pensez bien si j'ai plongé dans cette série avec délices. De grands combats (pas trop) courtois, de fantastiques duels, des chevauchées, des attaques, des embuscades... En un mot : sluuuurp !...
Jusqu'au jour où Craenhals a fait intervenir fantastique, mysticisme. Que l'on fasse ressentir ces mystères tout comme les croyances au Moyen-Age, d'accord, mais balancer de la quasi science-fiction dans certains opus : non !...
Néanmoins, j'ai senti que Craenhals a dû prendre bien du plaisir à "travailler" sur cette épopée. Ardent, au début, est une sorte de grand adolescent. Tout comme le graphisme de l'auteur, il va devenir plus réaliste, se bonifier.
Qui plus est, en plus d'une importante documentation qui confère à la série une sorte "d'authenticité", Craenhals traite très bien par son trait la description des sentiments. En quelques traits, le personnage vous fait comprendre ce qu'il ressent ; et ça, ce n'est pas donné à tout le monde de le réussir par le dessin.
Ardent ?... C'est la geste d'un grand adolescent qui rêve d'accéder à la cour du roi Arthus. C'est une grande et belle série au style "d'hier", certes, mais qui arrive encore à me charmer à la lecture de certains opus.
J'aurais voulu mettre "4". Mais les diverses incursions dans le fantastique -qui ne me plaisent pas- ont justifié ma note finale.
Drôlement bien foutu, quand même !...
On pouvait s’attendre à du lourd avec l’association, pour la première fois, d’Hermann et de Van Hamme. A mon avis, cela a accouché d’un album honnête, mais vraiment pas inoubliable. Le scénario réussit la prouesse de réunir et de développer 30 personnages dans un one shot d’une soixante de pages. C’est bien, à mon avis, le seul exploit de ce livre.
J’aime bien le dessin d’Hermann, mais je trouve que les personnages ont tous les mêmes gueules et il en fait des tonnes dans le côté hideux. Le scénario m’a paru gros, comment croire qu’une affaire de tomates aux crevettes pas fraîches puisse dégénérer en mini guérilla, lors d’un mariage ? Van Hamme prend d’ailleurs soin de préciser que l’histoire est vraie, jusqu’à la 5ème page ! Quant à la conclusion de l’histoire, elle est expéditive et sans grand intérêt. On a l’impression que Van Hamme avait préparé ce one shot et le réservait à Hermann, seul capable de traduire cette tension et cette montée en puissance de la violence dans un album.
Malheureusement, sans être un échec total, cet album ne restera pas dans les annales.
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Pourquoi j'ai tué Pierre
Sur la foi des très nombreux bons avis donnés ici, j'ai acheté cette BD il y a quelques semaines déjà. Mais toujours je repoussais le moment de sa lecture car je savais que ce n'était pas le genre de BD qui me plaisait d'habitude. Et en réalité j'aurais dû écouter mon expérience de mes propres goûts car je regrette mon achat. Oui, cela sonne discordant par rapport aux autres avis dithyrambiques mais je m'explique... Objectivement, cette BD est bien racontée, son sujet dur et fort, la façon dont il est amené originale et réussie à la fois. Il est en outre servi par un dessin sympathique même si ça m'a fait un peu bizarre de retrouver des "bouilles" à la Octave, BD jeunesse que je lis à ma fille, dans ce récit sérieux et traumatisant pour un jeune enfant. Le traitement graphique est assez novateur et intéressant, notamment avec ce passage en véritables photos sur la fin de l'album. Par contre, j'aime assez peu la colorisation toute personnelle de cet album. Mais après cet aspect objectif, il y a mon ressenti à la lecture et celui-ci est très mitigé. Mitigé sur le sujet même tel qu'il est abordé, réfléchi puis magnifié par moment. Comme on le voit intelligemment raconté à certains passages, l'esprit de l'auteur hésite entre le fait d'occulter ces faits qu'une partie de lui trouve quasiment "négligeables" pris dans leur ensemble, et réagir avec force haine et colère, donnant une intensité accrue au traumatisme, force qui semble chez lui avoir grandement augmenté avec l'âge. Et c'est un peu ça qui m'ennuie, cette impression d'avoir sublimé le traumatisme, comme si son exorcisme avait eu pour effet de le rendre encore plus grave qu'il n'était dans son jeune esprit. Je crois que davantage que l'attouchement qu'il a eu à subir, c'est surtout la trahison d'un ami qui est ici dénoncée, mais de telle manière que cet ancien ami est rabaissé largement au-delà de ce qu'il a fait. C'est bien simple, le titre est là pour le dire, l'auteur voudrait tuer l'homme qui lui a fait cela, il semble vouloir qu'il souffre au point de se suicider, et cela surtout parce qu'il a trahi son amitié : c'est ainsi que je l'ai ressenti. Bref, c'est bien l'impression que l'âge a attisé la haine que sa jeunesse avait plus ou moins occultée qui m'a dérangé dans cette lecture : pourquoi se tourner vers son passé ainsi si c'est pour en souffrir et pour haïr. Je devrais moi-même haïr encore davantage des gens de mon passé pour ce que j'ai vécu, mais je ne me prends pas la tête du tout avec ça. Cependant, à la très honorable décharge de l'auteur, son récit montre avec une grande justesse sa sincérité, et le fait qu'il n'avait précisément pas la même façon de penser étant jeune qu'une fois devenu un adulte bien installé dans la vie. C'est cet aspect de la réflexion sur son propre état d'esprit et la véracité avec laquelle il est rapporté au lecteur qui m'a le plus intéressé dans ma lecture. J'ai par exemple été agréablement surpris de voir les auteurs retourner sur les lieux des faits en fin d'album et surtout ce que cela implique et la façon dont ils ont eu à réagir. Car pour le reste, je n'ai pas accroché. Pas accroché dans le sens où ce n'est pas ce que je recherche dans la lecture d'une BD. De la même manière que je n'ai pas accroché à Maus que la majorité des gens adorent, pas plus qu'à tous ces récits de souffrance et de noirceur, aussi bien racontés soient-ils. Et puis il y a le fait que ce soit des personnages réels, des lieux réels, des photos permettant de reconnaître les lieux et donc le tout permettant de dénoncer vraiment qui a commis quoi aux yeux de ceux qui le connaissent, détruisant sa vie (s'il vit encore) de manière implacable. Nous sommes ici au niveau de la dénonciation pénale et effectivement on peut se dire que l'auteur a le droit de faire ça vu ce qu'il a subi et qu'il n'aurait aucun recours judiciaire s'il voulait en chercher un (ce qu'il ne semble pas vouloir), mais cela me dérange cependant très fortement. Sans doute car j'aime à ce qu'une BD reste dans le domaine de la romance, pas du réel comme un objet à même d'affecter la vie des uns ou des autres. Mais nous sommes là dans un nouveau débat. Et il n'y a pas de débat me concernant tout personnellement : je n'ai que très moyennement apprécié ma lecture même si j'en reconnais les qualités tant narratives que graphiques et surtout dans la force du sujet et ce qu'il implique au niveau réflexion mais aussi au niveau de l'action résultante.
Certains l'aiment noir
Un recueil d'histoires courtes de Foerster parues dans Fluide Glacial, histoires où il mêle fantastique, horreur, humour noir et une dose de sadisme. Il en a publié un bon petit nombre de telles histoires et de tels recueils, faire la différence entre les uns et les autres n'est donc pas évident. Ici, les histoires sont sympathiques, avec juste ce qu'il faut pour marquer les esprits, captiver et faire passer un bon moment de lecture en profitant des sombres idées et du dessin typé de Foerster. Moi j'aime, même si je n'en fais pas une passion.
Les 3 petits cochons
Tarek reprend l’essence du conte des "trois petits cochons" pour en fournir sa version toute personnelle et libre qu’elle soit. Le loup originel se dédouble en deux, Shalom et Salam, pour qui leur religion respective (juive et musulmane) leur interdit de manger du porc. Ce qui n’est pas sans poser de difficultés au conteur qui souhaite restituer la véritable histoire des trois petits cochons . . . Une entrée en la matière intéressante qui donne un petit coup de dépoussiérage à ce conte en faisant preuve d’un certain dynamisme et d’une belle inventivité. Les dessins de Morinière sont sympathiques, à mi-chemin entre le réalisme et le cartoon, avec des couleurs assez vives (sans doute trop vive diront certains). Que ceux qui seraient outrés par une adaptation libre d’un des contes les plus connus passent leur chemin, ils ne trouveront pas leur compte (conte ?) dans cette bd au demeurant très recommandable pour les autres dont je fais partie.
Approximativement
Dans cette œuvre autobiographique, Trondheim nous livre un certain nombre de souvenirs, d’opinions ou de considérations ; ça pourrait paraître prise de tête, mais finalement, ça passe assez bien. Il ne faut pas croire qu’il se dévoile intégralement car on n’apprend rien de très important sur sa vie intime. Par exemple, il ne fait aucune référence à son mariage qui a du avoir lieu dans ces années. Il y a des scènes sympathiques, comme la fête de l’Association qui m’a beaucoup fait rire. Toujours amusant de retrouver les auteurs de l’association et surtout de voir les portraits que Lewis dresse de ses confrères. A la fin de l’ouvrage, les auteurs cités ont droit à la parole et c’est plutôt intéressant. On voit que Lewis arrange peut-être un peu la réalité ! Alors, sur le fond, ce n’est pas mon livre préféré de Trondheim, mais c’est peut-être celui qui marqua les premières fondations d’une œuvre aujourd’hui incontournable. Rien que pour cela, ce livre mérite qu’on s’y attarde. Mais attention, ce n’est pas son ouvrage le plus accessible et je pense qu’il faut bien aimer l’auteur pour l’apprécier à sa juste valeur.
L'Anneau des 7 Mondes
Je n'ai lu que les 2 premiers tomes de cette série alors que le 3e vient tout juste de sortir. Mais je ne suis pas totalement convaincu pour le moment. Cela faisait un moment que je tournais autour de cette série mais son dessin me rebutait et m'empêchait de l'acheter jusqu'à présent. En effet, je n'aimais ni son aspect proche du manga ni ce que je considère comme une certaine épure des traits, formant à mon goût certaines cases et visages trop grands et trop vides. Pourtant en cours de lecture, je m'y suis très vite fait, jusqu'à le trouver très agréable à lire et joli à regarder. Seul reproche, certains décors de villes ou scènes d'action à base de vaisseaux et objets volants me sont parfois un petit peu difficiles à déchiffrer du fait, je crois, de la trop grande simplicité de certaines formes. Mais pour le reste, j'aime bien. Je trouve d'ailleurs qu'il y a beaucoup d'influences de l'esthétique des oeuvres de Miyazaki dans cette série, décors, véhicules volants, tenues de combats, etc. J'aime bien d'autant que c'est une influence assez bien assimilée ici. J'ai eu un peu de mal avec les couleurs ceci dit. Elles sont souvent bien choisies et leur application informatique est soignée. Mais leur aspect artificiel m'apparaît parfois un peu froid, et inversement une forte utilisation des contrastes lumineux éblouit mon regard à d'autres moments. Venons-en maintenant à l'intrigue, je la trouve assez classique mais sympathique. L'abondance de factions en conflit autour de buts mystérieux fait légèrement déjà-vu à mes yeux. Par contre, le fait que les unes et les autres soient sincères dans leurs actions et ne sachent pas trop ce que veulent les autres est bien rendu et intéressant. Je ne suis donc pas vraiment captivé par cette histoire et l'assez banale fuite en avant de deux jeunes héros, un gentil garçon et une jolie fille, mais je lirais la suite avec plaisir.
La perdida
Jessica Abel... Un nom qu'il va falloir retenir. Car son premier ouvrage publié en France est un joli "coup". A l'heure où le président américain a l'intention de faire dresser un mur entre son pays et le Mexique, l'éclairage que donne l'auteur de la vie au sud du Rio Grande, et surtout de la façon dont les Américains y sont perçus, nous permet d'appréhender certains enjeux internationaux. "La Perdida", est, comme son nom l'indique, l'histoire d'une jeune fille qui a voulu se perdre dans la culture mexicaine, et s'y retrouve encore plus isolée qu'elle ne le pensait. Pire, elle aboutit à un point de non-retour, au milieu d'une sombre affaire due à des incompréhensions et des jalousies inter-communautaires. L'histoire racontée par Jessiaca Abel est touchante, sinon poignante, et l'on a besoin de deux ou trois lectures pour saisir toute la complexité de son propos. Son trait, qui rappelle celui de Craig Thompson (influence revendiquée par l'éditeur), est très expressif, contrairement à ce qu'on eût pu croire au simple feuilletage de l'album. Une nouvelle découverte, avec un bel album à la clé.
Samuel et le Mange-Mots
Samuel et le Mange-Mots est une oeuvre dédiée à la jeunesse, sans doute plus particulièrement aux enfants un peu turbulents à qui il faut apprendre la valeur des mots et de la lecture. C'est une gentille histoire où un enfant se retrouve confronté à une drôle de créature silencieuse et fourbe, qui se colle à sa tête et lui "mange" ses mots, d'abord ses gros mots puis davantage tandis qu'elle grossit. Le scénario est sympathique quoiqu'un peu naïf pour un lectorat adulte. Le dessin quant à lui est plaisant en ce qui concerne les visages des personnages mais manque nettement de maîtrise pour le reste. Véhicules, corps et décors ont une touche franchement amateur, sans être moche pour autant. De même, les couleurs, même si leur palette est agréable, ne sont pas d'un niveau professionnel à mes yeux. Une BD sympathique que des adultes achèteront avec plaisir à leurs enfants mais qui leur reste tout de même réservée.
Davy Crockett
Davy Crockett... un nom qui tinte encore dans l'esprit de très nombreux lecteurs, ou d'amateurs de cinéma. Le lectorat francophone le découvre dans l'hebdo Vaillant, n° 633 du 30 Juin 1957. Son canoë emprunte une dernière courbe dans "Vaillant - Le journal de Pif" n° 1232 du 12 Janvier 1969. Sa traduction française suit de très près sa création aux Etats-Unis, laquelle date de 1955. Personnellement, je l'ai découvert -milieu des années 60- dans des "albums" édités par la SPE. Albums ?... En réalité des "récits complets", format A4, d'une trentaine de pages chacun, noir (ou bleu foncé) et blanc. J'en possède toujours quelques-uns. Le graphisme ?... Chaque opus est différent d'un autre ; en effet -mais ça je l'ai su plus tard- car ayant été réalisés par un collectif de dessinateurs non crédités. Néanmoins, c'est du "style De La fuente" ; à savoir -à chaque fois- un trait nerveux, précis, réaliste. Les histoires ?... Scénarios "limpides" pour une lecture aisée. Mais tous contiennent leur lot d'attaques, de bagarres, d'embuscades ; le tout d'une bonne intensité dramatique. Les années passant, j'ai eu la chance de trouver les albums Vaillant, dessinés par Coehlo (Robin des Bois, Yves le Loup, Ragnar le Viking, ...). Du tout bon, quoi. Ces opus bénéficient d'un très beau graphisme, dynamique et réaliste. Les histoires ?... Toujours celles du "bon" contre les "mauvais. La différence par rapport aux albums de la SPE, c'est qu'ici -scénarisé par Ollivier- le héros développe un fort humanisme, ainsi qu'un antiracisme peu habituels dans les productions d'époque. Davy Crockett ?... une bonne série qui met en scène ce très célèbre trappeur, combattant de l'injustice et qui -rapidement- se "mettra" du côté des (bons) indiens. Les albums : La SPE, de 1956 à 1957, en a édité 16 d'un coup. Ce ne sont pas des albums tels qu'on peut le concevoir de nos jours, mais plutôt des "récits complets" (de longues histoires d'une trentaine de pages agrafées). Editions Vaillant : 3 albums, ce 1960 à 1964. Hachette éditera, en 1976, "Davy Crockett contre les Comanches". Il s'agit du tome 2 de la SPE (de 1956), autre titre MAIS même couverture ! Notes auteurs, diffusion dans périodiques divers (Vaillant, L'Intrépide, Hurrah, etc...) voir fenêtre "série".
Chevalier Ardent
Ardent, fils d'Eleuthère de Walburge, fait son apparition dans l'hebdo Tintin n° 1, 21ème année, du 4 Janvier 1966. J'avais 12 ans, adorais les histoires de chevalerie... Vous pensez bien si j'ai plongé dans cette série avec délices. De grands combats (pas trop) courtois, de fantastiques duels, des chevauchées, des attaques, des embuscades... En un mot : sluuuurp !... Jusqu'au jour où Craenhals a fait intervenir fantastique, mysticisme. Que l'on fasse ressentir ces mystères tout comme les croyances au Moyen-Age, d'accord, mais balancer de la quasi science-fiction dans certains opus : non !... Néanmoins, j'ai senti que Craenhals a dû prendre bien du plaisir à "travailler" sur cette épopée. Ardent, au début, est une sorte de grand adolescent. Tout comme le graphisme de l'auteur, il va devenir plus réaliste, se bonifier. Qui plus est, en plus d'une importante documentation qui confère à la série une sorte "d'authenticité", Craenhals traite très bien par son trait la description des sentiments. En quelques traits, le personnage vous fait comprendre ce qu'il ressent ; et ça, ce n'est pas donné à tout le monde de le réussir par le dessin. Ardent ?... C'est la geste d'un grand adolescent qui rêve d'accéder à la cour du roi Arthus. C'est une grande et belle série au style "d'hier", certes, mais qui arrive encore à me charmer à la lecture de certains opus. J'aurais voulu mettre "4". Mais les diverses incursions dans le fantastique -qui ne me plaisent pas- ont justifié ma note finale. Drôlement bien foutu, quand même !...
Lune de guerre
On pouvait s’attendre à du lourd avec l’association, pour la première fois, d’Hermann et de Van Hamme. A mon avis, cela a accouché d’un album honnête, mais vraiment pas inoubliable. Le scénario réussit la prouesse de réunir et de développer 30 personnages dans un one shot d’une soixante de pages. C’est bien, à mon avis, le seul exploit de ce livre. J’aime bien le dessin d’Hermann, mais je trouve que les personnages ont tous les mêmes gueules et il en fait des tonnes dans le côté hideux. Le scénario m’a paru gros, comment croire qu’une affaire de tomates aux crevettes pas fraîches puisse dégénérer en mini guérilla, lors d’un mariage ? Van Hamme prend d’ailleurs soin de préciser que l’histoire est vraie, jusqu’à la 5ème page ! Quant à la conclusion de l’histoire, elle est expéditive et sans grand intérêt. On a l’impression que Van Hamme avait préparé ce one shot et le réservait à Hermann, seul capable de traduire cette tension et cette montée en puissance de la violence dans un album. Malheureusement, sans être un échec total, cet album ne restera pas dans les annales.