Lune de guerre

Note: 3.29/5
(3.29/5 pour 58 avis)

Un mariage qui tourne mal... (c'est le moins que l'on puisse dire)


Aire Libre BDs adaptées en film Petits villages perdus Secrets de famille... Van Hamme

Deux familles, les Maillard et les Cazeville, vont s'unir par l'intermédiaire de Dominique et Jérôme, pour le meilleur et surtout pour le pire Tout le monde se retrouve à "la ferme du gaucher", un restaurant bien coté de la région... Mais un petit soucis va déclencher une dispute: les crevettes ne sont pas fraîche! Le ton monte et on finit par sortir les fusils... et là commence l'histoire d'un mariage d'amour qui se termine en bataille rangée pleine de haine et de rancoeur, qui va permettre de révélé les personnalités de chacun, mais également quelques secrets de famille...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 2000
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Lune de guerre © Dupuis 2000
Les notes
Note: 3.29/5
(3.29/5 pour 58 avis)
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Par Présence
Note: 2/5
L'avatar du posteur Présence

Ce qui dans son cas, n’est pas une insulte mais une évidence. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2000, il a bénéficié d’une réédition en 2013. Il a été réalisé par Jean Van Hamme pour le scénario, et par Hermann Huppen pour les dessins et les couleurs. Il comprend cinquante-quatre planches de bande dessinée. Il s’ouvre avec une introduction d’une page rédigée par le scénariste, évoquant la longue genèse du projet, dix ans d’attente avant que le dessinateur lui dise oui. Puis les trente personnages, y compris le chien, sont présentés à raison de cinq par pages, avec un visage extrait d’une case et un texte en colonne en dessous. Enfin un entrefilet du journal local qui titre : Une tomate aux crevettes fait quatre morts, cinq blessés et des millions de francs de dégâts. Quelque part dans la province française, l’hostellerie La ferme du Gaucher reçoit une noce, pour un repas, ainsi que quelques clients. Jean Maillard, le pater familias, souhaite la bienvenue à Dominique Cazeville qui vient d’épouser Jérôme Maillard, et intègre ainsi leur famille. Le grand-père Émilien Lantier, père d’Adrienne épouse de Jean, fait observer au marié qu’il épouse là un joli brin de fille, et il lui demande s’il a jeté un coup d’œil à la poitrine de la mère de la mariée. Fernand Cazeville, le père de la mariée, se lamente auprès de son épouse Suzanne qu’avec ou sans jaquette des paysans resteront toujours des paysans. Celle-ci lui fait observer qu’il s’agit de paysans qui possèdent deux mille hectares et qui font la pluie et le beau temps dans la région. Elle appellerait plutôt ça des propriétaires terriens, et elle lui conseille de se rappeler que ce sont eux qui payent le mariage. Georges Cazeville, le frère de Dominique, se présente à Laurence, la cousine de Jérôme, qui lui souhaite la bienvenue chez les ploucs. Toujours pendant le vin d’honneur, un peu plus loin, Freddy le contremaître de la propriété Maillard, demande à Catherine Maillard, pourquoi son père refuse d’assécher le marais de Cœur-Bois, car ça ferait pourtant une bonne pâture. Finalement, Franz Berger, le propriétaire de l’hostellerie et le cuisinier, indique que la mariée est servie. Toute la noce passe à table et le cuisinier annonce le menu : une tomate aux crevettes pour s’ouvrir les papilles, un pâté de cailles aux raisons, un sorbet de champagne comme trou normand et un civet de marcassin aux pleurotes et aux pêches. À une autre table, deux clients, Marcel Pellerin et Marie-Paule, regrettent que ce coin tranquille soit troublé par une noce. Une fois tout le monde assis, Jean Maillard félicite sa voisine Suzanne Cazeville pour ce mariage, tout en lui caressant fermement la cuisse. À une autre table, le major Bertram Willoughby et son épouse Mildred rappellent à leurs enfants Linda et Jimmy de ne pas dévisager les convives des autres tables. Alors que le repas commence, la mariée dit tout haut que les crevettes sont mauvaises. Jean Maillard exige qu’on appelle le patron et il lui intime de changer cette première entrée, ce que Franz Berger accepte tout en l’informant qu’il lui comptera un supplément. Le riche propriétaire ne l’entend pas de cette oreille, et ordonne que toute la noce quitte la table pour aller dans un autre restaurant… Dans l’édition de 2013, le lecteur commence par découvrir le court de texte de présentation de chacun des trente personnages, y compris le chien Riesling. Il s’attend alors à une intrigue bien fournie qui développera chacun de ces individus. Il se rend vite compte que chaque présentation synthétise la quasi-totalité des informations réparties dans les différentes scènes. En revenant sur cette introduction de la distribution, il remarque la note de l’éditeur qui précise que la description des personnages est reprise en partie de ce que le scénariste avait rédigé à l’attention du dessinateur. En conséquence de quoi, il réajuste son horizon d’attente, passant d’une étude de personnages à un récit tout en tension au fur et à mesure que l’affrontement devient inéluctable et qu’il prend des proportions de massacre. Cela produit un effet un peu étrange : le lecteur s’attendait à ce que leur psychologie soit étoffée, et finalement tout est dit dans ces présentations. Par exemple, pour François Jeannot professeur de philosophie et amateur de randonnées à vélo : la deuxième caractéristique explique sa présence dans la ferme du Gaucher, la première sa réaction consistant à accepter ce qu’il ne peut changer. D’une certaine manière, pour pleinement apprécier le récit, il vaut mieux éviter de lire ces portraits. Faisant fi de ces fiches sur les membres de la noce, les membres du staff et les clients, le lecteur entame la bande dessinée proprement dite. Il apprécie que le casus belli surgisse dès la troisième planche et que la situation dérape dès la suivante. L’une des fiches mentionne un récit se déroulant en vingt-quatre heures : il suffit d’un rien pour que la fierté des deux coqs soit entachée, que l’orgueil et la vanité deviennent mauvaises conseillères, et que deux hommes s’opposent, l’un et l’autre voulant imposer sa volonté dans un conflit d’intérêts, une opposition irréconciliable entre deux intérêts opposés. Le premier, Jean Maillard, commande et on obéit, s’opposer à lui c’est lui déclarer la guerre, déclencher un conflit. Il a payé pour deux entrées, et il ne peut pas laisser passer le fait qu’une entrée servie à un convive, qui plus est la mariée, soit de mauvaise qualité. C’est une question d’honneur, et c’est également une question de domination, de position dominante, une question de principe. En face, le propriétaire de l’hostellerie se montre tout aussi buté : c’est pour lui aussi une question de principe, toute prestation est payante car il a des emprunts à rembourser, et il ne se laissera pas intimider chez lui, par un individu despotique et belliqueux. Sur ces prémices, le lecteur consent volontiers à suspendre sa crédulité et à accepter que la situation dégénère, s’envenime et tourne au conflit armé. De son côté, le dessinateur accomplit une narration visuelle impressionnante. Il sait faire en sorte que chaque personnage présente une particularité qui le rende immédiatement identifiable, malgré la distribution importante. Il donne à chacun, soit une coupe de cheveux différente, soit une tenue vestimentaire spécifique, soit une morphologie personnelle, et souvent un ensemble de chacune de ces caractéristiques. Le lecteur distingue sans difficultés les uns et les autres, grâce à leur âge, leur langage corporel, leur tenue, leur expression de visage, autant d’éléments participant à montrer leur caractère propre. Ses qualités de metteur en scène participent également à savoir qui est qui en fonction de l’endroit où il se trouve, de sa réaction à tel ou tel autre protagoniste. Il opte pour une direction d’acteurs majoritairement naturaliste, renforçant ainsi la plausibilité de ce que découvre le lecteur. De temps à autre, il s’amuse avec une expression un peu révélatrice : la formidable assurance de Marie-Paule face à Freddy, le flegme très britannique du major Willoughby observant les moutons à la jumelle, ou encore le contentement de Suzanne Cazeville réajustant sa boucle d’oreille, en descendant l’escalier après une séance de jambes en l’air. Le lecteur admire également la clarté des prises de vue. L’artiste doit gérer deux huis clos : l’une dans la ferme du Gaucher, l’autre dans une résidence secondaire investie par le clan des Maillard. Il gère avec habileté la spatialisation des différentes pièces dans l’un et l’autre bâtiment, le lecteur comprenant immédiatement qui se trouve où. C’est également un vrai plaisir visuel que de pouvoir se dégourdir les jambes dans la campagne ou dans les bois, avec une mise en couleurs en noir & blanc avec nuances de gris une fois la nuit tombée. Hermann utilise des effets spéciaux avec parcimonie pour une grande efficacité : des onomatopées en rouge pour deux coups de feu, des silhouettes en ombre chinoise quand le commando Maillard s’approche de l’hostellerie de nuit, l’ambiance lumineuse sépia pour une scène du passé, l’effet de déchiquetage lors de l’explosion d’une grenade. Il sait manier le sous-entendu pour éviter le voyeurisme, en particulier lors d’une séance de viol abjecte. Il ne parvient pas toujours à ramener dans un registre réaliste, des actions moins probables comme les coups de feu tirés qui sectionnent les fils téléphoniques du premier coup. Le lecteur comprend dès les dix premières planches, même s’il n’a pas lu les fiches des personnages, que cette confrontation va connaître une escalade aussi meurtrière qu’absurde, et qu’il n’y aura pas beaucoup de survivants. Ce type de récit s’inscrit dans un sous-genre, entre suspense et montée de la violence, pour aboutir à un jeu de massacre. Le scénariste oppose deux clans, chacun mené par un homme dans la force de l’âge, étant parvenu à sa position soit par la force économique et une forme d’emprise sur sa famille, soit en travaillant dur pour monter sa propre entreprise, en acceptant des compromis à contrecœur. Dans les deux camps en faction, il y a des individus entièrement acquis à la cause de ces meneurs, il y a des suiveurs, et il y a ceux qui voudraient bien rester à l’écart du conflit, sans oublier les clients qui se retrouvent pris dans ce conflit pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Bien vite, le lecteur se trouve entraîné par cette mécanique implacable et finement réglée, tout en ayant conscience que le sort des uns et des autres devient totalement arbitraire, en fonction des caprices de l’auteur. Il constate que les confrontations n’apportent pas plus de consistance aux personnages. Il regrette que les auteurs ne poussent pas alors la folie de leurs personnages vers des actions encore plus radicales, jusqu’à l’absurde. Il regarde les uns et les autres se massacrer, presque mécaniquement, sentant son détachement grandir de manière inversement proportionnelle au déchaînement de violence. Un petit grain de sable, et tout part en sucette, jusqu’à se transformer en guerre ouverte entre deux clans, jusqu’à l’extermination. Le scénariste a imaginé un point de départ propice à l’escalade des confrontations, le dessinateur réalise une mise en scène vive, élégante et convaincante. Pourtant, petit à petit, la mécanique du massacre prend le dessus sur les personnages, la machine narrative fonctionnant avec une efficacité remarquable, écrasant les uns et les autres qui agissent eux aussi par automatismes conventionnels spécifiques à ce genre, jusqu’à la fin attendue et anticipée.

27/09/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Steftheone

A la vue du duo annoncé et de la présence de Van Hamme dont j'apprécie assez souvent les scénarios, je dois dire que je sors assez déçu de ma lecture. Cette Lune de guerre qui aurait du tourner normalement au miel est en effet peu crédible. L'idée de départ était pourtant bonne. Comme indiqué dans la préface, en partant d'un fait divers, raconté lors d'un diner mondain, le duo d'auteurs s'est amusé à imaginer ce qu'aurait été l'issue si les événements s'étaient envenimés. Comme certains autres avis, le premier reproche concerne la présentation des trente personnages en début d'ouvrage. Si l'idée est louable au vu du nombre important de convives, pourquoi ne pas s'être contenté de présenter un arbre généalogique avec les futurs mariés en place centrale plutôt que de divulguer les 3/4 de l'intrigue avant que le lecteur n'ait lu la moindre page ? Dans ce cas, il aurait été plus judicieux de le positionner en fin d'ouvrage afin que le lecteur y accède au besoin à mesure qu'il lit l'histoire. Étrange choix éditorial. De plus, comme indiqué précédemment, les auteurs ont tellement poussé loin ce vaudeville que les personnages sont trop tranchés et deviennent de véritables caricatures d'eux-mêmes : le patriarche violent qui se tape la belle-mère, le papy déjanté et vicieux, la cousine qui ne dit jamais non, le raciste, la serveuse gentillette, etc. L'enchainement des événements parait en outre vraiment peu réaliste, le summum étant atteint quand le papy arrive avec ses grenades de la guerre 39-45 pour une histoire de crevettes pas fraîches... Peu crédible on a dit ? Au niveau du dessin, j'ai trouvé les visages, et particulièrement ceux du genre féminin, plutôt laids mais c'est peut être volontaires. Les ombrages sont trop prononcés à mon goût. La mise en couleur, avec des teintes très douces reste toutefois agréable à l’œil. Un 2,5 que je ramène à 2/5 compte-tenu de ma déception. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 5/10 NOTE GLOBALE : 10/20

15/02/2025 (modifier)
Par Titanick
Note: 3/5
L'avatar du posteur Titanick

J’ai attendu longtemps avant de relire cette lune de guerre. Je dois dire que j’avais vraiment aimé la découverte de cette histoire et que je craignais d’y voir des défauts une fois la progression de l’intrigue éventée. Les points positifs d’abord. Je trouve que, comme d’habitude, Van Hamme « raconte bien ». Il a pour lui une imagination débordante, partant d’un fait divers de crevettes pas fraîches, et un art d’embarquer son lecteur par sa narration (en tout cas, moi, il m’embarque). J’ai particulièrement aimé la présentation des personnages, très réussie. Il dévoile presque l’histoire… mais pas trop, juste ce qu’il faut pour donner envie. Tout au long du récit, le suspense est quand même présent, en première lecture c’est parfait, surtout avec le dessin d’Hermann, j’adore. Mais voila, maintenant, je vois les défauts. C’est gros quand même. Improbable. Surtout les réactions, curieuses, des autres clients étrangers à la fête de mariage. Tant de bêtise pour si peu. Et un dénouement improbable également avec les employés du restaurant. Cela dit, j’ai quand même passé un bon moment. Mais je ne sais pas si je vais le garder. À donner plutôt à quelqu’un qui découvrira l’histoire.

16/12/2023 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

Un mix entre le film Festen et les comédies noires du cinéma français des années 60-70. Un duo Hermann-Van Hamme attendu de beaucoup, ça laissait présager du bon et c'est bien le cas. Une belle montée en tension à partir d'une anedocte cocasse (une annulation suite à cause d'une entrée bof-bof et une stupide question de fiertés) qui part dans la bétise la plus profonde mais qui embarque tous les protagonistes dans une spirale de violence qui ne semble avoir aucune issue. La présentation des personnages en préambule fait penser que nous allons assister à une pièce de théâtre et ça a fait mouche pour moi. Et le gros avantage, ça m'a permis de mieux les cerner car Herrmann a tendance à croquer la même tronche de boxeur à plusieurs protagonistes. J'ai pris un énorme plaisir à suivre l'action et le destins de chaque personnage même s'il y a malheureusement beaucoup de spoilers dans le préambule.

30/04/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
L'avatar du posteur gruizzli

Première BD de Hermann que je lis, cet opus en one-shot ne me convainc pas véritablement. Bâti sur une idée qui pourrait être bonne, le récit est assez laborieux et malheureusement un peu trop brouillon à mon gout. Déjà, l'histoire est dévoilée rapidement au début par un article de journal résumant les faits, mais aussi par des portraits commentés qui refont l'intégralité des personnages, brossant ainsi le tableau des relations que l'on verra ensuite. C'est une semi-bonne idée : d'un côté on ne se perd pas, de l'autre la moitié de l'intrigue est ainsi éventée. Bien sur, on peut passer outre, mais l'abondance de texte dans les premières pages nous incite grandement à le lire. D'autre part, le récit avance rapidement vers son élément déclencheur et la suite s'emballe. Un peu trop à mon gout. J'ai du mal à croire dans la façon d'être de certains et surtout la rapidité des liens qui se tissent. Notamment sur le jeune extra et la serveuse ou le britannique bien trop impliqué pour un type en vacances. Ça part dans tout les sens comme une vendetta peut l'être, mais finalement j'ai du mal à comprendre autre chose qu'un défilé d'imbéciles butés et de violence omniprésente (notamment dans les rapports de genre). C'est sans doute la volonté de l'auteur, mais de fait je suis plutôt circonspect à la lecture de la BD. D'autre part, j'ai eu un petit souci avec le trait de Hermann, que je ne connais donc pas du tout. A mon sens, les têtes se ressemblent un peu trop entre certains personnages, ajoutés à l'ambiance nocturne qui point assez vite et j'ai eu du mal à comprendre certaines interactions, devant souvent retourner au début pour comprendre qui était qui et les interactions entre personnages. Bref, c'est une BD que j'aurais voulu plus aimer, d'ailleurs ça n'a pas été une lecture désagréable pour être tout à fait honnête, mais je ne me suis pas dit que j'allais la relire de sitôt. Niveau mariage qui tourne mal, et dans des idées un peu similaire, j'ai largement préféré "Je ne mourrai pas gibier" qui a su bien plus installer une ambiance lourde et anxiogène jusqu'à une fin en apothéose.

06/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Voilà une série qui collectionne les avis très positifs et qui m'a fortement déplu. La notoriété des auteurs en est peut être la cause tellement on peut attendre monts et merveilles de la part de ces cadors. Avant tout j'ai été rebuté par Van Hamme qui nous vend son scénario sur une anecdote de buffet mondain ; Cela m'a laissé dubitatif sur le contrôle des sources. Ensuite cette photo des deux auteurs autour d'une minable tomate aux crevettes, je trouve cela prétentieux. Enfin ces 30 fiches signalétiques des différents personnages sont rebutantes et ennuyeuses à mes yeux. Le reste du scénario est pour moi du même calibre. Rien ne colle sauf le parti pris du départ : une dispute minime qui devient disproportionnée. Un Caïd régional qui marie son fils dans une auberge minable, (qu'il ne loue même pas) avec un menu minable (une tomate aux crevettes surgelées, c'est la cantine du resto d'entreprise !) avec seulement 15 convives. Plus "cheap" c'est pas possible. Mais c'est un scénario qui permet d'exposer une violence bête et gratuite avec un poil de sexe (Lol) pour pimenter le tout et des raccourcis invraisemblables qui font durer le récit. Pour le graphisme, je préfère, et de loin, le Hermann des années 70. Même si la maîtrise technique est incontestable, je trouve ses personnages laids avec des couleurs qui ne me plaisent pas. Je n'ai même pas fini tellement ce n'est pas mon goût.

13/08/2022 (modifier)
Par Yann135
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Yann135

Roulement de tambour s’il vous plaît et trompettes ! Hermann et Jean Van Hamme se sont mariés pour le meilleur ou pour le ... meilleur. Une association magique ! Un peu comme si au cinéma nous avions, réunis sur la même affiche, Clint Eastwood et Harisson Ford ! Le génie de Van Hamme au scénario et le talent d’Hermann au dessin … quelle coopération extraordinaire ! Sur le papier tous les signaux sont au vert pour un album cultissime ! Cela valait le coup que ce projet murisse durant quelques années entre ces deux dinosaures de la bande dessinée. Le rendu est parfait. Je vous l’annonce d’ores et déjà, cette BD ne vous laissera pas indifférent. Jour de fête. Champagne et rires. Rien n’annonce le déchainement de haine, les explosions de rage. Jour de colère. Deux hommes s’opposent pour une broutille. Personne ne veut céder. Les mots sont crachés. La fureur prend le mors aux dents. Les menaces fusent. Tout s’emballe. Et nous voilà au milieu d’un déchainement de violence. Le sang coule … jusqu’à la mort. Un scénario parfait qui nous tient en haleine jusqu’à la fin, magnifié par un dessin sombre et glaçant en adéquation avec le climat suffocant de l’histoire. Le rythme va crescendo pour s’emballer sur les dernières pages. C’est juste sublime. Voilà sans doute ma BD d’Hermann que je préfère. Un petit bijou à lire et à relire.

05/05/2020 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Plusieurs réflexions après la lecture de cet album. Quand deux grands noms de la bande dessinée s'associent, l'on peut avoir trop d'attente et placer la barre très haute. Ici même si je ne crie pas au génie je doit dire que nous sommes en face d'un truc assez balaise . Van Hamme nous croque une galerie de personnages assez fabuleux, et sans tomber dans la caricature facile, il nous montre des beaufs ordinaires qui ne sont pas sans rappeler certains rôles vus dans le cinéma de Chabrol. Quelle "magnifique" peinture de la connerie humaine! ou de sentiments aussi vains que l’orgueil mal placé. Après avoir lu cette histoire que l'on ne s'étonne pas que des guerres soient déclenchées dans le monde. Un scénario parfaitement calibré, pro, bien huilé ou la tension monte crescendo, des évènements à priori anodins sont amenés qui trouveront leur place dans le puzzle final. Pour reproduire ces caractères humains, Hermann au dessin est comme à son habitude très à l'aise, au pire pourrait on lui reprocher cet aspect anguleux dans les visages féminins mais là je chipote Tout ça est vraiment bon, tient plus que la route ( prouve que lorsque Hermann possède un bon scénario il fait des étincelles). A lire pour se rappeler que vivre ensemble est un combat de tous les jours et qu'il y a encore du boulot.

08/05/2015 (modifier)
Par Jérem
Note: 3/5

L’idée de départ de cet album est séduisante ; un conflit mineur entre un patriarche autoritaire et un aubergiste borné dégénère en une véritable bataille rangée. La noce se transforme en drame et Van Hamme, en scénariste expérimenté, fait progressivement monter la tension et la violence à son paroxysme. L’histoire est intéressante et très bien menée mais le très grand nombre de personnages est pour moi un petit défaut qui nuit un peu à la parfaite fluidité de la trame. De plus, certains d’entre eux sont à peine esquissés, d’autres sont peu travaillés et deviennent de fait trop stéréotypés. C’est dommage. Les dessins de Hermann sont une fois encore magnifiques. L’action est claire et limpide mais certains personnages sont difficiles à différencier. Lune de guerre est un album prenant qui oscille pour moi entre 3 et 4 étoiles.

05/03/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Avant tout, ce one-shot marque la rencontre de 2 grands auteurs de BD. L'un a illustré un huis-clos sauvage et fulgurant, l'autre a échafaudé un scénario tellement ahurissant et tellement extrême que le lecteur en reste secoué. Secoué surtout devant la stupidité aveuglante de l'homme, qui révèle dans ce récit ses plus bas instincts, en accomplissant la synthèse de toutes les guerres qu'il a engendrées. Et souvent pour de futiles raisons, on en a un exemple frappant ici, avec cette histoire de crevettes. Et ça donne une opposition due à un banal incident qui aurait pu se régler à l'amiable, entre un paysan enrichi et imbu de lui-même, devant qui tout doit plier, et un aubergiste vexé, impulsif et preneur d'otages. Tous deux se cabrent, les mots se durcissent, c'est l'explosion. Dès lors, on assiste au sein de ce décor unique à un siège en règle, où la tension monte au fil des pages et où la violence agit comme un révélateur de la nature humaine ; la vérité de chacun apparaît alors, l'affrontement vire au carnage où la mort fauche aveuglément des innocents. Malgré un trop grand nombre de personnages (29 exactement plus 1 chien), on s'y perd un peu au début et il faut du temps pour identifier tout le monde ; certains sont sacrifiés et trop vite brossés, mais ces défauts sont rattrapés par la peinture des caractères qu'en fait Van Hamme (même si la plupart sont peu nuancés) et le dessin remarquable de Hermann qui ici, n'utilise que des couleurs tristes donnant un aspect sombre et tragique au récit. Personnellement, je le trouve plus à l'aise dans les grands paysages ensoleillés de Comanche ou les voyages exotiques de Bernard Prince, mais son génie graphique s'exprime quand même bien ici. On peut regretter une fin un peu trop hâtive, mais cet album inégalé, dont l'escalade de la violence paraît excessive et fait penser à celle en crescendo du film de Spike Lee "Do the right thing", est d'après la préface de Van Hamme, inspiré d'un fait réel (heureusement conclu de façon plus raisonnable), c'est dire si les auteurs démontrent avec acuité que l'homme est un fléau pour lui-même, qu'il est capable des pires horreurs et jusqu'où la folie peut mener ; un constat amer qui laisse pensif.

22/10/2013 (modifier)