La Perdida

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

"La Perdida" raconte les mésaventures d'une jeune américaine exilée à Mexico.


La BD au féminin Mexique et mexicains

Carla, américaine délaissée par son père mexicain part à la recherche de ses racines. Elle commence son périple en rejoignant un ex-petit ami, Harry. Elevée dans la tradition britannique de sa mère, elle décide, à 20 ans, de partir pour Mexico en compagnie de Harry, jeune homme de bonne famille en quête de dépaysement. Depuis leur rupture, Carla a rencontré Oscar, natif de Mexico, s’est immergée dans la culture espagnole et y a découvert ce à quoi elle ne s’attendait certainement pas. Il accueille Carla à bras ouverts jusqu'à ce qu'il réalise qu'elle n'est pas décidée à retourner aux USA.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Octobre 2006
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Perdida © Delcourt 2006
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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18/09/2006 | klechko
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Par Chéreau
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Un album découvert grâce aux libraires du musée de la BD d'Angoulême, véritable caverne d'Ali Baba dont je recommande la visite ! Carla, jeune américaine en conflit avec son identité de métis mexico-étasunienne, part s'installer à Mexico sans parler un mot d'espagnol. Honteuse de ses origines gringo au Mexique, après avoir été honteuse de ses origines mexicaines à Chicago, elle se sépare de son petit ami étasunien, trop "expat" et trop friqué à son goût, et s'accroche à une bande de copains mexicains qui lui paraissent capables de la faire pénetrer dans les cercles de la véritable mexicanité : Memo, un intellectuel révolutionnaire glandeur et dragueur, Oscar, un rêveur à gueule d'ange qui s'imagine DJ aux Etats-Unis et Ricardo, une petite frappe qui deale de l'herbe. A force de se couper de tous ses amis trop "intégrés", fascinée par le discours extrémiste de Memo, Carla va peu à peu perdre pied et se mettre en danger. La constance de Carla à faire systématiquement les mauvais choix paraît parfois un peu forcée, même si la psychologie des personnages est crédible et bien fouillée. Carla semble au fond ne pas être capable de s'aimer. Malade de ses origines, elle croit pouvoir retrouver une sorte de pureté morale en faisant aveuglément sien le discours extreme-gauchiste de Memo, d'autant plus intransigeant avec elle qu'il n'a pas su la mettre dans son lit... Le contenu politique du discours de Memo, puis de ses actes, a le mérite de faire réfléchir sur la relation de domination qui lie les Etats-Unis et le Mexique et sur la situation des pays du tiers-monde. Mais l'histoire est d'abord celle d'un itinéraire intérieur. La réflexion socio-politique reste en arrière-plan et ne l'emporte pas sur les personnages. Jessica Abel nous fait en même temps plonger dans la vie quotidienne de Mexico, entre fêtes de la jet-set, marchés interlopes, cérémonies familiales ou sorties à la montagne... On est loin des clichés d'un Mexique folklorique à l'ancienne, en sandales et sombrero. Précis et lisible bien qu'un peu chargé, dans des pages au format A5, le dessin se lit facilement et s'adapte bien à l'histoire. Le noir et blanc est un peu dommage pour un récit qui a pour cadre la ville si colorée de Mexico. Mais n'oublions pas que Jessica Abel a écrit et dessiné l'ensemble seule ! Bref, j'hésite pour cet album entre 3 et 4. 4 donc pour l'instant, pour la qualité des personnages, la richesse du dessin et le crescendo réussi de l'histoire. Même si le livre m'a paru un chouia long et, encore une fois, manquant d'espace et de couleurs.

29/07/2010 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
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Je pensais que j'allais aimer cette BD. A son résumé, je pensais y découvrir une histoire située quelque part entre L'auberge Espagnole, De mal en pis et un carnet de voyage au Mexique, une histoire que je craignais peut-être d'être futile mais que j'espérais en tout cas attachante et intéressante. Au final, je peux le dire, je n'ai pas aimé cette BD. Au premier coup d'oeil, son dessin fait immédiatement penser au style de Craig Thompson (Blankets - Manteau de neige) par son encrage et son aspect général. Techniquement, il est cependant nettement moins bon, et certaines planches manquent vraiment de clarté et/ou d'esthétisme, c'est selon. Ca n'en reste pas moins bien lisible, si ce n'est quelques difficultés que j'ai éprouvées à différencier certains visages, féminins notamment. Quant au récit... Il débute sur l'équivalent d'un carnet de voyage assez classique, l'arrivée de l'héroïne à Mexico, sa découverte de la ville et de ses habitants, ses petits plans débrouille, ses ratés et ses coups de chance. Mais très vite, j'ai commencé à ne pas apprécier cette héroïne, Carla, cette américaine qui rejette son pays et veut vivre comme une mexicaine qu'elle n'est que par une part de ses origines. Elle a un comportement bobo que je me suis rapidement mis à exécrer, jouant les gentilles avec tout le monde alors qu'elle sème doucement la merde autour d'elle, jouant sa vie comme un rôle existentialiste, estimant normal de jouer la pute avec un ex pour qu'il la loge gratuitement ou de dealer pour payer son loyer, se liant sans réfléchir aux premiers mexicains qui lui ont souri et parlé, cherchant à tout prix à se faire accepter par eux alors qu'elle oscille entre un statut de "touriste passionnée et immersive" et un rôle factice de "mexicaine comme toutes les autres adepte du système D et qui ne craint pas de fréquenter les mecs louches mais en fait tellement sympas si on croit bien les connaître". Je ne sais combien de fois je me suis fait la réflexion suivante : "Mais qu'est-ce qu'elle est conne !?". Et ça empire bien sûr car le récit tourne au drame, drame qu'on voit venir avec des sabots énormes et pour lequel je n'arrive même pas à trouver crédible à quel point la petite Carla joue les idiotes aveuglées et sans volonté. Et tout ça pour finir sur une conclusion où la gentille Carla, un an après son départ dramatique du Mexique, se fait la réflexion... "Mais qu'est-ce que j'étais conne !?". Pas un carnet de voyage puisqu'on ne voit guère du Mexique plus que les habitudes de branleurs d'un petit groupe de paumés citadins, cette BD est le récit "exotique" de la vie d'une fille que j'éviterais soigneusement dans ma propre vie, se concluant par une intrigue très légèrement polar cousue avec de gros fils blancs. Bref, une lecture (longue) qui m'a plutôt ennuyé, voire par moment irrité.

22/04/2007 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

Ce pavé reste une lecture agréable. On suit les aventures d'une jeune femme américaine encore ado qui se cherche. Elle part dans la ville de Mexico sous le prétexte d'y retrouver ses racines. Le dessin en N&B, le cadrage et les scènes sont correctes, lisibles mais trop classiques. Aucune fantaisie graphique ici. On se contente d'illustrer l'histoire. Ce qui est d'autant plus surprenant que l'héroïne fait constamment référence à la peintre mexicaine Frida qui avait un style en peinture extrêmement personnel et engagé. On en est loin dans cette BD. Le scénario, les dialogues, les personnages se tiennent bien dans cette histoire. Tout me laisse une impression de fluidité dans la lecture. Je suis seulement déçu au final, de ne pas avoir appris grand chose sur le Mexique. Alors que, encore une fois, l'héroïne passe son temps à découvrir et visiter ce pays. C'en est paradoxal! Mais bon, c'est tout de même un moment de lecture divertissant.

25/01/2007 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
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Jessica Abel... Un nom qu'il va falloir retenir. Car son premier ouvrage publié en France est un joli "coup". A l'heure où le président américain a l'intention de faire dresser un mur entre son pays et le Mexique, l'éclairage que donne l'auteur de la vie au sud du Rio Grande, et surtout de la façon dont les Américains y sont perçus, nous permet d'appréhender certains enjeux internationaux. "La Perdida", est, comme son nom l'indique, l'histoire d'une jeune fille qui a voulu se perdre dans la culture mexicaine, et s'y retrouve encore plus isolée qu'elle ne le pensait. Pire, elle aboutit à un point de non-retour, au milieu d'une sombre affaire due à des incompréhensions et des jalousies inter-communautaires. L'histoire racontée par Jessiaca Abel est touchante, sinon poignante, et l'on a besoin de deux ou trois lectures pour saisir toute la complexité de son propos. Son trait, qui rappelle celui de Craig Thompson (influence revendiquée par l'éditeur), est très expressif, contrairement à ce qu'on eût pu croire au simple feuilletage de l'album. Une nouvelle découverte, avec un bel album à la clé.

31/10/2006 (modifier)
Par klechko
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Carla, délaissée par son père mexicain, part à la recherche de ses racines. Elle commence son périple en rejoignant un ex-petit ami, Harry, perdu dans les mêmes brumes alcoolisées que ses héros, William S. Burroughs et Jack Kerouac. Au départ et comme toute étrangère ne parlant pas la langue locale, elle fréquente principalement ses concitoyens expatriés jusqu’au jour ou sa relation avec Harry se détériore jusqu’au point de non retour, elle choisit alors de rejeter ce petit monde pour se lancer à la découverte de la véritable culture mexicaine avec le désir de vivre une expérience authentique… Les dessins, très simplistes et en noir et blanc, ne donnent pas très envie de prime abord de se plonger dans le récit, mais après quelques pages de lecture, les ambiances latino étant tellement bien retranscrites que ce qui pouvait être gênant au premier coup d’oeil, en devient simple détail lorsque l’on est plongé dans le récit. Cette prouesse est largement due à l’habile narration de l’auteur, qui a choisi de garder certains dialogues en espagnol (avec sous-titres et lexique à la fin du livre, je vous rassure !) rendant les ambiances très palpables (l'auteur, par la même occasion rend compte de sa vision de Mexico). Ce récit dramatique (non autobiographique) sur la quête de soi de près de 250 pages n’est pas seulement une BD, c’est aussi un véritable roman sur une des façons de se perdre dans lequel tous les amateurs de Burroughs et de Ellis devraient trouver leur compte (ceux qui ont aimé "Blankets" aussi je pense).

18/09/2006 (modifier)