Fastermarket

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Une femme égorgée près du Fastermarket. Et alors ? Qui ça intéresse ? Le Chef de la police et son adjoint enquêtent mais sans conviction, ils ont mieux à faire...


Séries avec un unique avis

Quant aux employés du supermarché, ils n'ont ni le temps ni l'envie de s' émouvoir. Le commerce n'attend pas. A chacun sa vie, ses problèmes et ses vices. Les meurtres s'enchaînent, l'enquête piétine et tout le monde devient suspect.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Janvier 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Fastermarket © Les Enfants rouges 2014
Les notes
Note: 4/5
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05/02/2014 | Jetjet
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Par Jetjet
Note: 4/5
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Attention notez bien ce petit bouquin édité élégamment à l’italienne car il risque de vous passer complètement sous le nez comme ce fut le cas pour moi sans le recours d’un petit encart publicitaire de 4 pages qui m’ont donné envie d’en savoir davantage. Et ce serait bien dommage car Fastermarket sera à coup sur très recherché dans quelques années lorsque son auteur Jérémy Le Corvaisier dont c’est ici la première œuvre sera enfin reconnu comme un auteur culte… Remarquez il risque bien de le devenir dès cet intriguant bouquin dont la couverture anxiogène au possible risque d’en décourager certains…. Et pourtant il s’agit d’une de ces découvertes surprise dont on se tape volontiers les épaules d’en être ! Tout commence par le meurtre sordide de Jocelyne Rideau dans des conditions épouvantables derrière le supermarché Fastermarket dans une ville (américaine, européenne ?) bordée de montagnes, d’immeubles et de désert comme la ville d’Albuquerque de Breaking Bad comme pour mieux en situer l’isolement. Deux flics vont enquêter en portant leurs soupçons sur le personnel de cet antre de la consommation. Attention d’autres meurtres vont être accomplis d’ici peu mais l’auteur semble s’en éloigner assez rapidement pour dresser un portrait sans fards ni équivoque sur les neuf employés et ces deux flics…. Et de nous transporter via des allers-retours impressionnants autour de ces loosers qui semblent tous cacher un peu d’humanité et beaucoup de détresse une fois leur intimité percée…. Un peu d’Albert Dupontel pour le côté glauque et noir et beaucoup de American Beauty de Sam Mendes pour les portraits pris au télescope, chacun des personnages mis en scène autour de ce supermarché va être étoffé, pathétique, drôle et cruellement tragique au final. Le tour de force de Le Corvaisier est d’offrir un panel inédit de « sales gueules » dans un trait qui rappelle fortement Pierre la Police et des décors dépouillés mais bien présents. La couleur jaune/marron omniprésente dans du rouge et du noir impose une atmosphère lourde appropriée. Il y a quelques scènes vu du dessus qui m'ont rappelé la charte graphique du premier GTA et des jeux vidéo des années 90... :) Le découpage est assez malin et invite à une lecture agréable. L’ensemble est assez subtil pour étoffer rapidement cette joyeuse équipe de bras cassés entre le travesti amoureux de son collègue, la trentenaire seule en quête d’amour et de reconnaissance sociale, le gentil flic limite incestueux avec sa vieille maman étouffante, le manager voyeur ou la vieille acariâtre martyrisant son chien. Sans oublier le personnage de Marc Poutre qui mériterait presque un spin off tant il m’a éclaté, envoyé de dieu pour expier les femmes en les forniquant et doté d’un look moustache et coupe de cheveux mulet du plus beau genre ! Il y a également ce vieux flic désabusé de tout et à la recherche de mots pour écrire un joli poème à présenter en concours « policier »… Le ou les meurtres seront résolus de façon surprenante et inédite mais en dire davantage serait dévoiler le chaos régnant sur la dernière partie et laisse le lecteur sur le carreau devant tant d’humour noir et de situations pathétiques. Jouant sur le même registre de l’incommunicabilité des individus façon « Requiem for a Dream » ou « Le roi des mouches », voici un trip inoubliable et incroyablement maitrisé pour une première œuvre… Ne passez pas à côté de ce diamant noir.

05/02/2014 (modifier)