Les derniers avis (39388 avis)

Par Gaendoul
Note: 5/5
Couverture de la série Long John Silver
Long John Silver

Epique ! C'est le mot que j'utiliserais si je devais décrire cette bd exceptionnelle. Long John Silver démarre pourtant doucement avant d'arriver à des sommets à sa conclusion. Le rythme est très bon et nous laisse le temps de nous familiariser avec l'univers et les personnages avant de nous entraîner dans des péripéties mémorables. C'est sans doute ce qui fait la force de ce récit. Il n'y a "que" 4 tomes et on a pourtant l'impression d'avoir lu une bd deux fois plus longue tant c'est maîtrisé. Le dessin est superbe et il est vraiment plaisant de ne pas être déçu après avoir vu les superbes couvertures (comme c'est malheureusement trop souvent le cas). Que dire d'autre qui n'ait déjà été dit? C'est sans doute une des meilleures bandes dessinées d'aventure que j'aie pu lire. Si vous aimez l'aventure, les histoires de pirate, vous découvrirez un univers unique qui vous marquera très certainement à tout jamais.

04/10/2019 (modifier)
Par Gaendoul
Note: 4/5
Couverture de la série Spoogue
Spoogue

Spoogue... On ne peut pas traîner sur bdtheque depuis aussi longtemps sans avoir entendu parler de cette série. Puisqu'elle était dispo en bibliothèque, j'ai décidé de lire cette bd qui semblait vraiment appréciée. Et j'ai découvert un univers totalement déjanté certes original mais surtout très bien construit. Alors oui, le scénar part dans tous les sens (surtout dans le dernier tome) mais l'originalité de l'ensemble est tellement rafraichissante que c'en est un vrai plaisir de lire ces 3 tomes. Et l'humour omniprésent est vraiment drôle, en tout cas, ça fonctionne sur moi :D il s'agit d'une des rares BD qui m'ont vraiment fait rire. Le tome 3 est un peu en dessous, ce qui m'empêche de mettre un 5/5 mais c'est assurément une série qui vaut le coup d'être lue. Vous saurez rapidement si vous accrochez ou pas...

04/10/2019 (modifier)
Par Raoul
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Là où nos pas nous mènent
Là où nos pas nous mènent

Dans un monde où des hommes à tête d'oiseaux ou de chats vivent comme aux temps préhistoriques, un clan va partir sur les routes. Ce qu'ils trouvent en chemin ce sont d'autres clans avec lesquels les personnage discutent et partagent leurs connaissances. À travers cette marche et ces différents clans, ce sont des pas en avant technologiques qu'ils découvrent, avec leurs avantages mais aussi leurs inconvénients jusqu'à tomber sur un clan qui a inventé la notion de frontières... Cette BD est intéressante et se lit vite, le style de dessin est assez simple (noir et blanc) mais il est efficace et sied bien à l'ingénuité des personnages.

03/10/2019 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Invincible
Invincible

Avis initial datant d'Avril 2006 : J'ai acheté le tome 1 de cette série sans grande motivation, pensant juste passer un moment agréable parce que j'aime assez les histoires de super-héros même s'il est rare d'en trouver qui casse vraiment des briques. Mais j'ai eu une très agréable surprise à la lecture et j'ai passé un vrai bon moment. Le dessin est tout simple, un peu carré comme pas mal de comics américains récents. Ce n'est pas franchement beau mais ça se lit très bien. Quant au scénario, il commence assez vite avec un jeune héros qui acquiert en quelques pages des super-pouvoirs dignes de Superman : j'étais un peu déçu sur le coup car je pensais que cette BD allait plus s'attarder sur cette découverte des pouvoirs et je pensais aussi que le jeune Invincible et son père seraient les deux seuls super-héros sur Terre. Au lieu de ça, et c'est justement là dessus que joue le scénario d'Invincible, tout est traité comme si avoir des super-pouvoirs était complètement banal ("oui, c'est bien, tu reprendras encore un peu de patates ?") et les super-héros sont regroupés en petites bandes organisées tout en restant amateurs. Tout est raconté sur un ton léger, avec un humour beaucoup plus fin et pince-sans-rire que je l'imaginais. Cette série est très agréable à lire et le rire surgit souvent alors même qu'on lit des histoires purement super-héroïques qui, en elles-mêmes, sont très classiques mais pas inintéressantes pour autant. Bref, un vrai bon moment de lecture qui m'a largement donné envie de m'acheter la suite. Ajout 13 ans plus tard : Wow ! Je ne me rappelais pas avoir laissé un avis sur le seul 1er tome de la série alors que j'ai depuis lu quasiment tous les tomes jusqu'au tout final qui va paraître dans quelques jours. Depuis ce premier avis, la suite de ma lecture m'a convaincu de la qualité de la série, avec une accroche énorme de tome en tome qui fait que les albums se dévorent comme un très bon divertissement. Au fil des albums, tandis que des chapitres plus ou moins indépendants où Invincible et ses proches affrontent régulièrement de nouveaux dangers ou d'anciens ennemis revenus à la charge, il se forme plusieurs plus grandes intrigues sur la longueur. Il y a d'abord la vie intime du héros et sa romance avec Atom Eve. Il y a sa relation complexe avec son père et sa famille en général. Il y a la menace de l'Empire Viltrumite. Et il y a quelques ennemis vraiment récurrents, voire même un ami de longue date devenu ennemi à un moment donné. L'auteur n'hésite pas à souvent faire fortement évoluer les choses, avec parfois plusieurs mois ou années qui passent d'un coup. Ou encore des catastrophes à l'échelle planétaire et aux conséquences véritables... du moins le temps de quelques chapitres puisque nous sommes tout de même dans un comics de super-héros donc tout finit par revenir plus ou moins à la "normale". Et il y a donc la vie du héros, Invincible, qui évolue lentement mais sûrement, tome après tome, avec presque trop de péripéties intimes ou familiales pour pouvoir être résumées en quelques mots. En définitive, Invincible, c'est un feuilleton de super-héros très accrocheur et divertissant, qui change des super-héros lissés dont l'univers n'évolue quasiment jamais.

22/04/2006 (MAJ le 02/10/2019) (modifier)
Par Vautour2B
Note: 4/5
Couverture de la série Double 7
Double 7

Lu et apprécié ... déjà pour son absence de manichéisme sur les deux camps, mais aussi, et avant tout, parce que c'est une belle histoire ! J'ai bien quelques réserves ... certaines scènes sont un peu trop bavardes et, sur l'aspect aéronautique (un de mes dadas), quelques erreurs : Les chasseurs Polikarkov I-16 de la bd (les avions pilotés par le héros & ses amis) sont dessinés comme des versions I-16 types 10 (cockpit découvert, carénages de mitrailleuses de capot protubérants et collimateur à réflexion PAK-1), ce qui est anachronique vu que l'histoire est censée se passer "à la fin de 1936" et que les premiers "Type 10" ne sont arrivés en Espagne qu'en 1938. En 1936 c'était encore la version I-16 Type 5 (cockpit à verrière coulissante, carénages de mitrailleuses non protubérantes et viseur tubulaire OP-1), il y a aussi la grosse boulette du bombardier Heinkel He-111 au nez entièrement vitré englobant les postes du pilote et du bombardier, une version qui n'existait pas encore à l'époque... Autre erreur, les avions qui mitraillent parfois leurs cibles d'un peu trop près et négligent le tir en déflexion... Par contre, bien vu pour les Junker Ju-52, version bombardier (dommage que la "corbeille" du mitrailleur ventral ait été oubliée), escortés par des Heinkel He-51, bombardant Madrid en 1936... c'est les bons avions dans la bonne période. Les avions sont dans l'ensemble bien dessinés. J'ai aussi apprécié les "baroques" automitrailleuses artisanales de la CNT et la Citroën Traction 7 "roadsters" du pilote français, elles aussi bien reproduites. J'ai trouvé les villes, villages, paysages et personnages d'époque convaincants, joliment dessinés avec de belles couleurs. Quant à l'histoire, elle m'a vraiment emballé : le couple de héros est attachant, tout comme leurs amis... et même les pires crapules sont intéressantes. Il n'y a que la scène finale du musée auquel je n'ai pas du tout accroché... Tant qu'à faire une scène ironique d'après-guerre, j'aurais préféré que Yann et Julliard nous représentent la visite que De Gaulle avait faite à Franco en 1970 pour lui lécher les bottes... cela aurait eu le mérite de rééquilibrer les choses après les diatribes (excessives) de certains personnages contre Léon Blum - après tout, contrairement à De Gaulle, Blum n'a ni flagorné, ni fourni d'armes à des dictateurs cathos de droite (Salazar et Franco)... et, n'en déplaise à une idée reçue, Léon Blum a fourni des avions aux républicaines espagnoles en 1936 (à l'instigation de son ministre de l'air Pierre Cot). Cela n'a hélas pas duré à cause des pressions des partis de droite et du gouvernement Britannique. Matériels livrés : une vingtaine de chasseurs Dewoitine D.371 et D.372 ; une quinzaine de chasseurs Dewoitine D.501 et D.510 ; six chasseurs Loire 46 ; une vingtaine de bombardiers potez 540, 542 & 544 (ceux de l'escadrille d'André Malraux - voir le film "L'Espoir" et les p.126, 162, 163 et 164 de la version "strip" [format "italien' de la bd) ; trois prototypes Breguet (le bombardier Breguet 460 "Vultur" et les avions de transports Breguet 470 T. "Fulgur" et Breguet-Wibaut 670 T) et, peut-être, des avions dont j'ignore les modèles et les quantités... (pour l'armement terrestre, j'ignore s'il y en a eu de livré par le Front Populaire). On peut reprocher à Léon Blum d'avoir cédé, mais on ne peut pas l'accuser de n'avoir rien fait ! (Ces livraisons françaises sont d’ailleurs évoquées dans la bd "L'ombre du condor" de Gerardo Balsa). Ne pas oublier aussi qu'une partie des livraisons russes transiteront par le territoire français avec la bienveillance discrète de Blum et Cot, et cela, même après l’instauration de l'embargo - c'est seulement après la chute du gouvernement du Front Populaire que la France deviendra réellement hostile au camp républicain.

02/10/2019 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
Couverture de la série Mes années hétéro
Mes années hétéro

Cette BD s’ouvre en avril 2013 sur le vote du mariage pour tous par l’Assemblée, après des mois de débats houleux et de manifestations outrancières initiées par la frange la plus réactionnaire de la communauté catholique. Alors que pour beaucoup, cette victoire avait un goût amer, Rémi, un homme peu expansif et plutôt discret, déclare ne pas se sentir concerné, n’ayant pas « pris part à la conquête des droits des gays, trop longtemps isolé et englué dans [ses] difficultés personnelles ». Ainsi, celui-ci va nous narrer son histoire, depuis son enfance rouennaise où la vie était exclusivement centrée autour du magasin de ses parents, jusqu’à son union avec Brigitte puis son divorce, et enfin sa rencontre avec son compagnon Pascal dans les années 80. Le lecteur se fait ainsi témoin de ce senior presque apaisé racontant le quotidien du jeune gay qu’il était dans les années 60-70, désireux de se plier à la norme sociale pour satisfaire ses géniteurs, au détriment de ses propres désirs ravalés dans la culpabilité et la frustration. Si intéressante soit-elle, cette histoire pourrait presque sembler d’une banalité affligeante pour nombre d’homosexuels, qui pourtant se reconnaîtront aisément dans ce portrait. Son mérite principal réside dans la sincérité d’un témoignage qui, évitant tout pathos, décrit avec simplicité une vie ordinaire loin des clichés, celle d’un « monsieur tout le monde » évoquant ses « années hétéro », permettant au lecteur lambda – donc majoritairement attiré par le sexe opposé - d’actionner ses ressorts empathiques. Comme d’habitude, la simplicité du trait minimaliste de Barthe ne fait pas dans l’esbroufe, visant seulement à raconter des tranches de vie ordinaires. Ordinaires, oui, car si l’auteur de « Dans la peau d’un jeune homo » a choisi le personnage de Rémi, c’est sans doute en partie pour sortir des caricatures auxquelles souvent le pédé est associé, bien souvent de son plein gré d’ailleurs. Ici, pas question de se rincer l’œil : les rares scènes de cul restent peu explicites, et on y voit que peu d’adonis en petite tenue. L’auteur préfère aborder de façon subtile des sujets plus sérieux qui finalement concernent tout un chacun comme l’importance du lien filial, la pesanteur hypocrite des normes sociales ou encore la vieillesse. Hugues Barthe nous propose ainsi une œuvre « post-mariage pour tous » très mature, évitant l’angélisme benêt ou l’acrimonie revancharde envers les opposants homophobes d’un autre siècle. A travers ce personnage introspectif qu’est Rémi et son parcours, il préfère montrer comment les mentalités ont évolué, terminant son récit comme il avait commencé, sur la célébration « en famille » (Rémi s’étant réconcilié avec son ex…) du vote du mariage gay. Le livre se clôt ainsi sur l’image de ces deux hommes ordinaires, heureux d’être ensemble, affichant un sourire incrédule devant leur « millénial » de petit-fils lorsqu’il leur demande, de la façon la plus naturelle, s’ils envisagent de se marier.

01/10/2019 (modifier)
Par Gaendoul
Note: 4/5
Couverture de la série Magasin général
Magasin général

Ayant lu des critiques, le synopsis et aimant pourtant d'autres BD de M. Loisel, je n'étais pas convaincu. J'avais fait l'impasse sur cette BD. Toutefois, puisqu'elle trônait dans la médiathèque locale, j'ai décidé de lui donner une chance...et grand bien m'en a pris! J'ai vraiment été emporté dans cette histoire et me suis pris d'affection pour les personnages...tous autant qu'ils sont. Car c'est bien là une des forces de cette série, tous les personnages sont développés et il n'y a pas "le gentil", "la mesquine", etc. mais tous ont leurs motivations et on finit par faire partie du village tant on connaît les uns et les autres. C'en devient même presque étrange et, une fois la lecture terminée, on éprouve un petit pincement du fait de les quitter et les laisser vivre leurs aventures, sans nous. Je trouve que le procédé de dessin est une vraie bonne idée, Loisel étant à la mise en scène/storyboards et Tripp à la finition. Le résultat est bluffant et a une vraie identité, le tout étant bien dynamique. Cette qualité de dessin et de mise en page aide à nous entraîner dans les aventures de Serge, Marie et les autres (dont les ti'culs!). J'hésite même entre 4 et 5...on va dire un bon 4,5 / 5 ^^ Une vraie surprise, donc et assurément un très bon moment passé dans cette campagne québécoise.

30/09/2019 (modifier)
Par Gaendoul
Note: 5/5
Couverture de la série Akira
Akira

Aaaah Akira. Symbole de toute une époque. Que dire qui n'ait pas déjà été dit à propos de ce chef d'oeuvre toujours pas égalé ? Que sa mise en page et son découpage sont sensationnels ? Que son scénario aux petits oignons vous tiendra en haleine du début à la fin ? Vous l'aurez compris, j'adore cette bd qui, pour moi, transcende son format et est à lire absolument, que vous aimiez ou pas le manga, que vous aimiez ou pas l'anticipation, le Japon ou la bande dessinée. La définition même de CULTE.

30/09/2019 (modifier)
Par LuluZifer
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Prince et la Couturière
Le Prince et la Couturière

Petit plaisir coupable (ou non coupable) que je me suis fait en me procurant cette très belle BD de Jen Wang, publiée par Akiléos. Le livre est fortement joli, relié, tranche fil et belle dorure. C’est un très bel objet. D’un simple coup d’œil j’ai craqué tout en ne connaissant pas cette dessinatrice/scénariste. J’ai lu la C4 et là je me suis dit petite pépite. Ça en est bien une ! Une pépite pétillante, 'mignonnesque' et rigolote. Pourtant, à travers tous ces adjectifs jolis, il se cache derrière une véritable histoire émouvante. 296 pages de pur plaisir exquis pour les yeux et l’humeur. C’est de la jeunesse je dois vous prévenir mais cela ne gâche en rien le ravissement de lecture en découvrant cette histoire charmante. Nous allons suivre l’histoire extravagante du Prince Sébastien qui, imposé par ses parents Le Roi et la Reine de Belgique, doit absolument se choisir une épouse. C’est à Paris que défile alors un nombre considérable de jeunes filles, de bonne famille, mais qui l’indiffèrent totalement. Et pourquoi ? Et bien parce que le Prince Sébastien n’a qu’une passion dans la vie ce sont les belles et élégantes toilettes féminines, les chaussures, le maquillage et les perruques. C’est par le biais de son majordome, qui connaît son secret, que le Prince Sébastien va rencontrer la jeune et timide Francès, coutière de son métier. Et c’est grâce au talent atypique et brillant de Francès que le Prince Sébastien va devenir Lady Crystallia, qui deviendra l’icône de mode la plus courue de la Capitale. Une capitale en plein changement durant ces années folles. Mais voilà, peu a peu, cette merveilleuse aventure va-t-elle durer ? Le Prince Sébastien pourra s’absoudre de ses devoirs de princier et Francès pourra-t-elle également rester dans l’ombre de cette supercherie qui l’empêche d’avancer dans ses grands rêves de haute couture ? Vous le saurez en lisant Le Prince et La Couturière. Jen Wang nous livre une histoire magique, pleine de finesse et soutenue par un style graphique somptueux et frais. De par son trait et le design de ses décors très recherchés, de par les expressions des visages de ses personnages ou de par le choix de sa palette graphique, tout est réellement extraordinaire et précieux. Et du plus bel effet, Jen Wang nous raconte une histoire formidable et émouvante. Une belle histoire. De plus, le dénouement est totalement inoubliable et inattendu. J’en reste encore émerveillée et imprégnée. Et cela fait du bien ! <3

30/09/2019 (modifier)
Par LuluZifer
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Mademoiselle Else
Mademoiselle Else

Mademoiselle Else, d’après le roman d’Arthur Schnitzler. Adapté par Manuele Fior :D J'ai lu Mademoiselle Else il y a quelques temps déjà. Publié en 2009 dans la collection Mirages des Éditions Delcourt. Inspiré d’un court roman, ou presque une nouvelle je dirais, de l’auteur viennois Arthur Schnitzler et publié 1924, ce texte est souvent qualifié comme étant l’un des plus beaux exercices de style de la littérature contemporaine. Je n’écris que ce que j’ai lu par-ci, par-là car je n’ai pas encore eu le plaisir de lire ce texte. Et il faut avouer que depuis que j’ai lu l’adaptation de Manuele Fior en bande dessinée, je n’arrête pas d’y penser. Else est une jeune fille de 19 ans en vacances avec sa tante et son cousin. Elle évolue avec maladresse et un désarroi qu’on ressent tout de suite au milieu de cette bourgeoisie viennoise symptomatique de non-dits, de convenances, et de bienséance ennuyeuse et tatillonne. Il faut dire que ce poids est très lourd à porter par cette jeune fille qui n’arrive pas à s'en accommoder. Else porte le poids de sa famille également, qui rencontre des problèmes pécuniaires, car son père, avocat de métier, cumule dette sur dette. Else va donc être forcée de faire une chose qu’elle ne veut pas suite à la réception d’un télégramme angoissant envoyé par sa mère. Cela la dérange énormément. Elle doit emprunter de l’argent à une connaissance familiale, Mr. Dorsday. Mais rien n’est gratuit et surtout quand on traite avec un marchand d’art obséquieux et pervers. Pourtant elle va s’y plier, et malgré tout, en essayant de se rebeller. Mais face à la morale viennoise en plein changement, Else va se retrouver prise au piège jusqu’à l’irréparable. Manuele Fior ajuste son trait de manière à coller à la peinture viennoise des années 1900 , un somptueux mélange graphique entre du Egon Schiele et du Klimt. Manuele Fior réalise un album sulfureux, malsain, fantomatique, sombre où se mêlent des silhouettes parfois hagardes et obscènes à la limite de l’insalubrité mentale. Il est fort. Il adapte son trait et sa palette de couleurs à ce récit terrible, et tellement noir, que cela en devient obsédant. Mademoiselle Else est une histoire totalement tragique, un soliloque désespéré où Else oscille entre envie, désir, réflexion et angoisse. Une jeune femme bloquée entre sa famille, les convenances et son désir d’émancipation. Comme la société viennoise de cette époque où la modernité fait face à une morale bourgeoise hautaine, et grotesque, qui se déchire entre hésitation et fantasmes. Je n’ai donc qu’une envie : c’est que vous lisiez cet album car c’est une pépite et moi je n’ai qu’une envie c’est de lire le texte d’Arthur Schnitzler. De découvrir cet auteur, adapté d’ailleurs au cinéma par Kubrick avec son dernier ‘sulfureux’ long métrage Eyes Wide shot.

30/09/2019 (modifier)