Très très agréablement surpris par cette BD. Déjà, la couverture toute colorée de vert au design psychédélique donne le ton. C'est joli et on imagine qu'on va suivre une histoire en plein Flower Power, teintée d'ambiance musicale propre au genre et ça, j'aime bien.
Sauf que sous un titre à l'apparence léger, l'intrigue va partir dans une toute autre direction et se révéler plus grave que je ne le pensais.
L'auteur va prendre le temps de décrire pas à pas la vie de Bibow, un personnage singulier, imprévisible qui a la faculté de n'avoir peur de rien, un don qui va le sortir de son trou perdu de l'illinois et qui va intéresser les hautes instances de sécurités américaines. S'ensuivra un long périple qui passera par la guerre du Vietnam jusqu'à un poste d'agent de la CIA.
Hélàs, on a beau avoir peur de rien mais l'humain reste une machine à émotions qui peut parfois s'enrayer...Quelques drames et désillusions seront au rendez-vous et on comprendra que le titre de l'album est finalement plutôt ironique.
Bien aimé ce one-shot que je vous invite à découvrir, d'autant plus que l'écriture est remarquablement fluide avec parfois quelques répliques bien senties.
Deuxième parution de l’année pour Pandolfo et Risbjerg, « Sousbrouillard » vient nous rassurer après un « Don de Rachel » un poil décevant. On retrouve ici tous les éléments qui pourraient définir le travail des deux auteurs : une histoire intrigante avec des personnages bien campés, le tout dans une atmosphère un peu inquiétante magnifiquement mis en image par Terkel Risbjerg.
Si la narration est plutôt touffue, avec plusieurs histoires dans l’histoire et un grand nombre de protagonistes, Anne-Caroline Pandolfo a su la rendre parfaitement fluide, ce qui n’était pas gagné étant donné le grand nombre de protagonistes. Il fallait donc le talent de cette scénariste qui n’a pas choisi ce métier par hasard, tant celle-ci, on le sent bien, adore conter des histoires et emmener ses lecteurs dans des univers où l’ordinaire se fait extraordinaire. De même, Pandolfo s’intéresse aux gens, qu’ils soient puissants ou tout en bas de l’échelle, et pour elle, chaque anonyme contient les bases d’un récit passionnant.
C’est le cas de Sara, personnage central du livre, sans passé et sans histoire… Lorsque cette jeune orpheline débarque dans le village de Sousbrouillard, guidée par un mystérieux bout de tissu mentionnant le nom de la localité et que lui a confié Tante Fine, sa mère adoptive, avant de mourir, le lecteur ne s’attend pas vraiment aux développements qui vont suivre, seulement intrigué par l’ambiance un peu glauque de cette petite cité perdue, au bord d’un lac que les habitants qualifient de « maudit »,et pour cause… Dès son arrivée, le village est confronté à la disparition inquiétante d’un jeune couple dans les eaux sombres du lac… Au fil de ses rencontres avec les habitants, Sara finira par découvrir des vérités sur son passé, l’occasion pour le lecteur de découvrir une galerie de personnages, tous représentés sur la couverture, du plus extravagant au plus insignifiant, chacun avec un rôle ou une histoire à raconter.
Empreint de poésie majestueuse, le dessin de Risbjerg magnifie comme toujours l’histoire par ses ambiances nocturnes et, fort logiquement dans le cas présent, brumeuses à souhait.
On pourra juste regretter que « Sousbrouillard », « feel-good mélancolique » comme indiqué en quatrième de couverture, n’atteigne pas la force de Serena ou du « Roi des scarabées ». L’histoire, qui peut paraître invraisemblable, n’a au fond pas si grande importance, car ce dont parle le livre, c’est l’amour des histoires et des personnages, avec une variation sur les fluctuations de la mémoire, si bien que l’on se demande à la fin, dans ce final sublimement poétique, s’ils ont vraiment existé… Comme le dit Sara : « Plus j’y pense, plus je comprends que la mémoire est une fiction. Et mieux, je comprends ceci : tout ce que j’ai inventé m’est vraiment arrivé. »
Troisième ouvrage de Gou Tanabe sur H.P. Lovecraft que j'ai lu, cela reste constant en terme de qualité. Le dessin est encore une fois d'un incroyable réalisme. On a dans cette histoire un fermier qui se retrouve assailli par une sorte de météorite tombé du ciel qui contamine à petit feu ses animaux, ses terres et sa famille tel un matériau radioactif. Son voisin assiste à tout cela impuissant essayant d'apporter son aide, en vain. C'est juste dommage que cela parle de couleur tombée du ciel et que tout soit en noir et blanc ah ah.
Lower Crowchurch est un petit coin perdu dans la campagne anglaise des années 30. Quand Fawkes, l’ivrogne notoire de la bourgade débarque paniqué à la petite réunion des habitants de Lower Crowchurch en annonçant que son camarade de débauche vient de se faire cramer par une chose tombée du ciel, il n'arrange pas sa réputation... Ce n’est pourtant que le début d’une lutte sans merci entre ces habitants et ces étranges choses venues de l’espace…
Très inspirée du célèbre roman d’H. G. Wells « La Guerre des mondes », « Wild’s End » nous propose de nous replonger dans la stupéfaction d’une population confrontée à l’inconnu. Qui plus est, un inconnu « fatal » et pour qui le mot « sommation » semble ne pas exister. Moi qui ne partais pas spécialement conquis suite au feuilletage de l’album, j’ai rapidement accroché au récit pour ne plus lâcher ces deux premiers tomes tant la tension et la narration nous captivent. Sous ce dessin assez naïf tant dans le trait que dans la colorisation et des personnages animaliers qui pourraient donner l’impression d’un album destiné à un jeune public, on est très vite pris par la tournure de l’histoire. D’autant que les personnages très différents mais complémentaires sont plutôt attachants. Mais face à cette menace, tous n’auront pas la chance de survivre, et quand on le réalise cela ne fait qu’augmenter la tension et le suspens de notre lecture… Tout devient possible, même le pire…
Vivement le 3e et dernier tome !
Si vous ne le savez pas encore, le danger peut surgir de n’importe où ! Prenons cet album. L’histoire se situe dans une zone résidentielle d’une ville quelconque. Il y a des rues larges, des familles avec des enfants qui jouent dans le jardin, des commerces de proximité … Banalité du quotidien. On imagine mal dans un décor aussi ordinaire qu’un malheur puisse se produire. Et pourtant … c’est dans un quartier de ce type qu’un cauchemar va poindre le bout de son nez !
April Walters est une mère de famille. Son existence n’est pas très épanouissante mais elle s’écoule plutôt paisiblement. Du moins jusqu’au jour où sa fille disparait. Deux options s’offrent à elle. S’en remettre à la police ou agir de son côté. Vous avez sûrement compris celle qu’elle va choisir ! Au fil des pages, elle va plonger de plus en plus profondément au cœur d’un monde inconnu dont elle ignore les règles et dominé par une reine du crime.
La violence est bien présente. Ca valse dans tous les sens. La maman est prête à tout pour retrouver sa progéniture … et elle sera impitoyable. On ne touche pas à sa gamine ! Les recoins les plus obscurs sont explorés. Vous aurez votre dose de sang bien évidemment. Ca déménage. Suspens garanti même si au final le scénario n’est pas très original.
Le graphisme est au top. Ca déchire ! Le découpage est rythmé. Les scènes d’actions sont impressionnantes.
C’est du très bon au final cette BD. L’amour d’une mère est sans limite ! Et je peux vous assurer que vous ne verrez plus les quartiers résidentiels de la même manière. Cette virée vengeresse est à découvrir rapidement.
Pour la troisième fois, Emmanuel Lepage (et son frère François, photographe!) n'en finit pas d'émerveiller.
Cap sur l'Antarctique.
Alors qu'il compile et publie cette BD après coup, c'est comme si nous étions en train de vivre l'itinéraire à ses côtés. J'exagère, mais le sentiment d'impression est hyper présent, c'est tout à fait jouissif en soi.
J'ai eu bonheur à lire Un printemps à Tchernobyl ou encore (et surtout) Voyage aux îles de la Désolation. Là encore, je ne peux que sortir émerveillé de ce que j'ai parcouru. Cette-fois, je trouve que l'auteur a concentré son "ressenti" sur l'organisation et la collectivité humaine plutôt que sur l'environnement. Les dessins parlent d'eux-mêmes bien sûr et l'Antarctique se trouve à chaque planche, mais disons que le texte ou les pensées de l'auteur tendaient plus vers les personnes accompagnantes ou vers ses propres réflexions plutôt que sur la notion d'observation contemplative. Comme si ce continent immaculé, absent de flore et de faune avaient altéré la narration de l'auteur (en comparaison à mes deux lecture citées plus haut)
Et vous savez quoi ? Ca ne change en rien ma satisfaction! On découvre des choses, on saisit le pragmatisme propre au carnet de voyage, on "ressent" les sentiments de l'auteur, on s'extasie devant les dessins. L'ensemble est d'une homogénéité sans égal. Et l'évolution reste peu ou prou la même vis-à-vis de mes précédentes lectures: Emmanuel présente factuellement le voyage et ses préparations, les membres de la communauté scientifique qui l'entourent. Il nous fait part de ses doutes, de ses appréhensions et idées reçues. Et puis peu à peu, il se laisse aller, il saute le pas pour vivre l'aventure comme il la perçoit tout en gardant le rôle de ce pour quoi il intègre le Raid.
Les rappels historiques (systématiquement inscrits dans chacun des récits de l'auteur) peuvent sembler anecdotiques. Pourtant ils créent une cohérence en fer forgé entre le lointain passé et le présent. C'est tout de même vertigineux de penser qu'il y a plus de 100 ans, des êtres humains ont pu atteindre une terre si lointaine alors que les morts accidentels durant les raids sont encore d'actualité de nos jours. Personnellement, je comprends l'attrait mais j'hésite entre être époustouflé ou apeuré par la curiosité humaine... Jusqu'où irons-nous pour comprendre l'origine de toute chose?
Cette question n'est qu'un exemple de toutes celles qui sont posées par l'auteur, volontairement ou malgré lui. Ce genre de roman graphique est un puit sans fond, où chacun peut s'arrêter un instant sur une planche plutôt que sur une autre. Par contre, nous nous arrêterons tous sur les illustrations pleines pages d'Emmanuel Lepage, ou sur les superbes instants d'éternités saisis par son frère, François. Les photographies sont à couper le souffle! Dans ma critique d'un printemps à Tchernobyl, j'ai fais un rapprochement que je pensais douteux entre Emmanuel Lepage et Vincent Munier (photographe animalier), mais je suis en fait doublement convaincu de mon approche maintenant que son frère a collaboré à l'élaboration de cette œuvre: il y a définitivement quelque chose d'éternel derrière ces planches, quelque chose d'aussi puissant que la photographie.
Je ne sais pas quel est le niveau de popularité d'Emmanuel Lepage, mais il mérite bien plus que ça. BD à offrir, à lire et à relire sans cesse. Encore une bouffée d'oxygène qui permet de garder espoir.
Je me suis procuré cet album les yeux fermés. Fan absolu du duo Ed Brubaker et de Sean Philipps, je ne pouvais me tromper. Et si je rajoute les avis dithyrambiques du trio magique Alix, Paco et Sloane, je savais par avance que j’allais me régaler.
Petite déception cependant. L’album est moins épais que d’habitude (- de 70 planches).
Max Winter est un vieil homme. Il vend des histoires pour le magazine « Six guns » à deux cents le mot ! Son héros, Red River Kid est apprécié. Le public en redemande. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ce personnage n’est pas une invention ! En effet Max Winter relate sa jeunesse tumultueuse et aventureuse lors du crépuscule de la grande époque du Far West. Les problèmes se réglaient avec un colt !
Son employeur va le remplacer prochainement par des petits jeunes moins gourmands. La misère le guette. Il ne reste donc à Max qu’a redevenir l’homme qu’il était car il n’a pas froid aux yeux le bougre. Il va préparer un nouveau braquage …
Ca tient la route. Nombreux allers et retours entre le genre western et ses hors la loi, et polar bien noir à l’époque de la montée du nazisme à New York. C’est prenant. Il y a du suspens. L’atmosphère est glauque et bien visqueuse. Le dernier round est magnifique. Tout va se finir par un bain de sang aux petits oignons.
L’alchimie a encore fonctionné. C’est une tuerie cette BD mais cela se lit trop rapidement.
Dans la perspective d’écrire un scénario, Benoit Cohen, en mal d’inspirations, décide de devenir chauffeur de taxi. Pas n’importe où ! A New-York ! Pour pouvoir vivre au plus près, depuis l’intérieur, le rêve américain ! Sa licence en poche, il va sillonner la ville de long en large au gré des rencontres. Celles-ci vont alimenter la synopsis de son ouvrage qu’il va agrémenter de réflexions personnelles.
C’est du bon Chabouté ! On monte avec plaisir dans le yellow cab. On (re)découvre big apple à travers le pare-brise d’un taxi. La trépidante Manhattan est à l’honneur. Nous suivons Benoit Cohen dans son quotidien. Belles galeries de ses passagers. Pas besoin de mots. C’est délicat et sensible. Les histoires s’entrechoquent. Notre taxi driver n’est qu’un observateur de ces vies intermittentes.
Le graphisme est reconnaissable entre mille. Pour cet album, Chabouté aurait dû cependant rajouter quelques touches de jaune de ci de là. Cela reste propre. Visuellement c’est une réussite. Belle maitrise de la dualité ombre et lumière.
Je ferme cet album en imaginant le film qu’aurait pu tirer Benoit Cohen de cette expérience. Sans détour, je conseille l’achat de cet album particulièrement plaisant.
Très très bonne bande dessinée qui nous raconte une famille partie d'Irlande . Passionnant. Hâte de lire la suite et ce mystère de la clé. Et les aventures au Canada...
Profitant de ces quelques jours de congés de Toussaint, je me replonge dans ma bibliothèque pour redécouvrir des titres que je n'ai pas relu depuis leur parution, et cet opus de "Secrets" fait partie de ceux-là.
Avant tout, c'est qui m'a émerveillé à la lecture, c'est le Paris de Montmartre, et de ses beaux quartiers du début du XXème siècle, parfaitement illustré par Ruben Pellejro, qui signe là un de ses meilleurs albums, à mon avis.
Mais le scénario de Giroud et de Florent Germaine n'est pas en reste, tant il est prenant.
En nous offrant une histoire s'étalant de la fin de la commune à 1921, il nous plonge dans un drame familial complexe mais facile à suivre, dans le milieu de la peinture qui va des bas fonds de Montmartre aux galeries des grands boulevards. Je n'ai pas lâché les deux volumes avant d'en connaître l'issue, pourtant je l'avais déjà lu en 2007, mais le charme opère toujours.
Les dessins sont tout simplement somptueux, magnifiques, et l'histoire est passionnante, bref un titre phare pour cette série.
A lire ou à relire en tout cas.
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La Drôle de vie de Bibow Bradley
Très très agréablement surpris par cette BD. Déjà, la couverture toute colorée de vert au design psychédélique donne le ton. C'est joli et on imagine qu'on va suivre une histoire en plein Flower Power, teintée d'ambiance musicale propre au genre et ça, j'aime bien. Sauf que sous un titre à l'apparence léger, l'intrigue va partir dans une toute autre direction et se révéler plus grave que je ne le pensais. L'auteur va prendre le temps de décrire pas à pas la vie de Bibow, un personnage singulier, imprévisible qui a la faculté de n'avoir peur de rien, un don qui va le sortir de son trou perdu de l'illinois et qui va intéresser les hautes instances de sécurités américaines. S'ensuivra un long périple qui passera par la guerre du Vietnam jusqu'à un poste d'agent de la CIA. Hélàs, on a beau avoir peur de rien mais l'humain reste une machine à émotions qui peut parfois s'enrayer...Quelques drames et désillusions seront au rendez-vous et on comprendra que le titre de l'album est finalement plutôt ironique. Bien aimé ce one-shot que je vous invite à découvrir, d'autant plus que l'écriture est remarquablement fluide avec parfois quelques répliques bien senties.
Sousbrouillard
Deuxième parution de l’année pour Pandolfo et Risbjerg, « Sousbrouillard » vient nous rassurer après un « Don de Rachel » un poil décevant. On retrouve ici tous les éléments qui pourraient définir le travail des deux auteurs : une histoire intrigante avec des personnages bien campés, le tout dans une atmosphère un peu inquiétante magnifiquement mis en image par Terkel Risbjerg. Si la narration est plutôt touffue, avec plusieurs histoires dans l’histoire et un grand nombre de protagonistes, Anne-Caroline Pandolfo a su la rendre parfaitement fluide, ce qui n’était pas gagné étant donné le grand nombre de protagonistes. Il fallait donc le talent de cette scénariste qui n’a pas choisi ce métier par hasard, tant celle-ci, on le sent bien, adore conter des histoires et emmener ses lecteurs dans des univers où l’ordinaire se fait extraordinaire. De même, Pandolfo s’intéresse aux gens, qu’ils soient puissants ou tout en bas de l’échelle, et pour elle, chaque anonyme contient les bases d’un récit passionnant. C’est le cas de Sara, personnage central du livre, sans passé et sans histoire… Lorsque cette jeune orpheline débarque dans le village de Sousbrouillard, guidée par un mystérieux bout de tissu mentionnant le nom de la localité et que lui a confié Tante Fine, sa mère adoptive, avant de mourir, le lecteur ne s’attend pas vraiment aux développements qui vont suivre, seulement intrigué par l’ambiance un peu glauque de cette petite cité perdue, au bord d’un lac que les habitants qualifient de « maudit »,et pour cause… Dès son arrivée, le village est confronté à la disparition inquiétante d’un jeune couple dans les eaux sombres du lac… Au fil de ses rencontres avec les habitants, Sara finira par découvrir des vérités sur son passé, l’occasion pour le lecteur de découvrir une galerie de personnages, tous représentés sur la couverture, du plus extravagant au plus insignifiant, chacun avec un rôle ou une histoire à raconter. Empreint de poésie majestueuse, le dessin de Risbjerg magnifie comme toujours l’histoire par ses ambiances nocturnes et, fort logiquement dans le cas présent, brumeuses à souhait. On pourra juste regretter que « Sousbrouillard », « feel-good mélancolique » comme indiqué en quatrième de couverture, n’atteigne pas la force de Serena ou du « Roi des scarabées ». L’histoire, qui peut paraître invraisemblable, n’a au fond pas si grande importance, car ce dont parle le livre, c’est l’amour des histoires et des personnages, avec une variation sur les fluctuations de la mémoire, si bien que l’on se demande à la fin, dans ce final sublimement poétique, s’ils ont vraiment existé… Comme le dit Sara : « Plus j’y pense, plus je comprends que la mémoire est une fiction. Et mieux, je comprends ceci : tout ce que j’ai inventé m’est vraiment arrivé. »
La Couleur tombée du ciel
Troisième ouvrage de Gou Tanabe sur H.P. Lovecraft que j'ai lu, cela reste constant en terme de qualité. Le dessin est encore une fois d'un incroyable réalisme. On a dans cette histoire un fermier qui se retrouve assailli par une sorte de météorite tombé du ciel qui contamine à petit feu ses animaux, ses terres et sa famille tel un matériau radioactif. Son voisin assiste à tout cela impuissant essayant d'apporter son aide, en vain. C'est juste dommage que cela parle de couleur tombée du ciel et que tout soit en noir et blanc ah ah.
Wild's End
Lower Crowchurch est un petit coin perdu dans la campagne anglaise des années 30. Quand Fawkes, l’ivrogne notoire de la bourgade débarque paniqué à la petite réunion des habitants de Lower Crowchurch en annonçant que son camarade de débauche vient de se faire cramer par une chose tombée du ciel, il n'arrange pas sa réputation... Ce n’est pourtant que le début d’une lutte sans merci entre ces habitants et ces étranges choses venues de l’espace… Très inspirée du célèbre roman d’H. G. Wells « La Guerre des mondes », « Wild’s End » nous propose de nous replonger dans la stupéfaction d’une population confrontée à l’inconnu. Qui plus est, un inconnu « fatal » et pour qui le mot « sommation » semble ne pas exister. Moi qui ne partais pas spécialement conquis suite au feuilletage de l’album, j’ai rapidement accroché au récit pour ne plus lâcher ces deux premiers tomes tant la tension et la narration nous captivent. Sous ce dessin assez naïf tant dans le trait que dans la colorisation et des personnages animaliers qui pourraient donner l’impression d’un album destiné à un jeune public, on est très vite pris par la tournure de l’histoire. D’autant que les personnages très différents mais complémentaires sont plutôt attachants. Mais face à cette menace, tous n’auront pas la chance de survivre, et quand on le réalise cela ne fait qu’augmenter la tension et le suspens de notre lecture… Tout devient possible, même le pire… Vivement le 3e et dernier tome !
Bad mother
Si vous ne le savez pas encore, le danger peut surgir de n’importe où ! Prenons cet album. L’histoire se situe dans une zone résidentielle d’une ville quelconque. Il y a des rues larges, des familles avec des enfants qui jouent dans le jardin, des commerces de proximité … Banalité du quotidien. On imagine mal dans un décor aussi ordinaire qu’un malheur puisse se produire. Et pourtant … c’est dans un quartier de ce type qu’un cauchemar va poindre le bout de son nez ! April Walters est une mère de famille. Son existence n’est pas très épanouissante mais elle s’écoule plutôt paisiblement. Du moins jusqu’au jour où sa fille disparait. Deux options s’offrent à elle. S’en remettre à la police ou agir de son côté. Vous avez sûrement compris celle qu’elle va choisir ! Au fil des pages, elle va plonger de plus en plus profondément au cœur d’un monde inconnu dont elle ignore les règles et dominé par une reine du crime. La violence est bien présente. Ca valse dans tous les sens. La maman est prête à tout pour retrouver sa progéniture … et elle sera impitoyable. On ne touche pas à sa gamine ! Les recoins les plus obscurs sont explorés. Vous aurez votre dose de sang bien évidemment. Ca déménage. Suspens garanti même si au final le scénario n’est pas très original. Le graphisme est au top. Ca déchire ! Le découpage est rythmé. Les scènes d’actions sont impressionnantes. C’est du très bon au final cette BD. L’amour d’une mère est sans limite ! Et je peux vous assurer que vous ne verrez plus les quartiers résidentiels de la même manière. Cette virée vengeresse est à découvrir rapidement.
La Lune est blanche
Pour la troisième fois, Emmanuel Lepage (et son frère François, photographe!) n'en finit pas d'émerveiller. Cap sur l'Antarctique. Alors qu'il compile et publie cette BD après coup, c'est comme si nous étions en train de vivre l'itinéraire à ses côtés. J'exagère, mais le sentiment d'impression est hyper présent, c'est tout à fait jouissif en soi. J'ai eu bonheur à lire Un printemps à Tchernobyl ou encore (et surtout) Voyage aux îles de la Désolation. Là encore, je ne peux que sortir émerveillé de ce que j'ai parcouru. Cette-fois, je trouve que l'auteur a concentré son "ressenti" sur l'organisation et la collectivité humaine plutôt que sur l'environnement. Les dessins parlent d'eux-mêmes bien sûr et l'Antarctique se trouve à chaque planche, mais disons que le texte ou les pensées de l'auteur tendaient plus vers les personnes accompagnantes ou vers ses propres réflexions plutôt que sur la notion d'observation contemplative. Comme si ce continent immaculé, absent de flore et de faune avaient altéré la narration de l'auteur (en comparaison à mes deux lecture citées plus haut) Et vous savez quoi ? Ca ne change en rien ma satisfaction! On découvre des choses, on saisit le pragmatisme propre au carnet de voyage, on "ressent" les sentiments de l'auteur, on s'extasie devant les dessins. L'ensemble est d'une homogénéité sans égal. Et l'évolution reste peu ou prou la même vis-à-vis de mes précédentes lectures: Emmanuel présente factuellement le voyage et ses préparations, les membres de la communauté scientifique qui l'entourent. Il nous fait part de ses doutes, de ses appréhensions et idées reçues. Et puis peu à peu, il se laisse aller, il saute le pas pour vivre l'aventure comme il la perçoit tout en gardant le rôle de ce pour quoi il intègre le Raid. Les rappels historiques (systématiquement inscrits dans chacun des récits de l'auteur) peuvent sembler anecdotiques. Pourtant ils créent une cohérence en fer forgé entre le lointain passé et le présent. C'est tout de même vertigineux de penser qu'il y a plus de 100 ans, des êtres humains ont pu atteindre une terre si lointaine alors que les morts accidentels durant les raids sont encore d'actualité de nos jours. Personnellement, je comprends l'attrait mais j'hésite entre être époustouflé ou apeuré par la curiosité humaine... Jusqu'où irons-nous pour comprendre l'origine de toute chose? Cette question n'est qu'un exemple de toutes celles qui sont posées par l'auteur, volontairement ou malgré lui. Ce genre de roman graphique est un puit sans fond, où chacun peut s'arrêter un instant sur une planche plutôt que sur une autre. Par contre, nous nous arrêterons tous sur les illustrations pleines pages d'Emmanuel Lepage, ou sur les superbes instants d'éternités saisis par son frère, François. Les photographies sont à couper le souffle! Dans ma critique d'un printemps à Tchernobyl, j'ai fais un rapprochement que je pensais douteux entre Emmanuel Lepage et Vincent Munier (photographe animalier), mais je suis en fait doublement convaincu de mon approche maintenant que son frère a collaboré à l'élaboration de cette œuvre: il y a définitivement quelque chose d'éternel derrière ces planches, quelque chose d'aussi puissant que la photographie. Je ne sais pas quel est le niveau de popularité d'Emmanuel Lepage, mais il mérite bien plus que ça. BD à offrir, à lire et à relire sans cesse. Encore une bouffée d'oxygène qui permet de garder espoir.
Pulp
Je me suis procuré cet album les yeux fermés. Fan absolu du duo Ed Brubaker et de Sean Philipps, je ne pouvais me tromper. Et si je rajoute les avis dithyrambiques du trio magique Alix, Paco et Sloane, je savais par avance que j’allais me régaler. Petite déception cependant. L’album est moins épais que d’habitude (- de 70 planches). Max Winter est un vieil homme. Il vend des histoires pour le magazine « Six guns » à deux cents le mot ! Son héros, Red River Kid est apprécié. Le public en redemande. Ce qu’il ne sait pas, c’est que ce personnage n’est pas une invention ! En effet Max Winter relate sa jeunesse tumultueuse et aventureuse lors du crépuscule de la grande époque du Far West. Les problèmes se réglaient avec un colt ! Son employeur va le remplacer prochainement par des petits jeunes moins gourmands. La misère le guette. Il ne reste donc à Max qu’a redevenir l’homme qu’il était car il n’a pas froid aux yeux le bougre. Il va préparer un nouveau braquage … Ca tient la route. Nombreux allers et retours entre le genre western et ses hors la loi, et polar bien noir à l’époque de la montée du nazisme à New York. C’est prenant. Il y a du suspens. L’atmosphère est glauque et bien visqueuse. Le dernier round est magnifique. Tout va se finir par un bain de sang aux petits oignons. L’alchimie a encore fonctionné. C’est une tuerie cette BD mais cela se lit trop rapidement.
Yellow Cab
Dans la perspective d’écrire un scénario, Benoit Cohen, en mal d’inspirations, décide de devenir chauffeur de taxi. Pas n’importe où ! A New-York ! Pour pouvoir vivre au plus près, depuis l’intérieur, le rêve américain ! Sa licence en poche, il va sillonner la ville de long en large au gré des rencontres. Celles-ci vont alimenter la synopsis de son ouvrage qu’il va agrémenter de réflexions personnelles. C’est du bon Chabouté ! On monte avec plaisir dans le yellow cab. On (re)découvre big apple à travers le pare-brise d’un taxi. La trépidante Manhattan est à l’honneur. Nous suivons Benoit Cohen dans son quotidien. Belles galeries de ses passagers. Pas besoin de mots. C’est délicat et sensible. Les histoires s’entrechoquent. Notre taxi driver n’est qu’un observateur de ces vies intermittentes. Le graphisme est reconnaissable entre mille. Pour cet album, Chabouté aurait dû cependant rajouter quelques touches de jaune de ci de là. Cela reste propre. Visuellement c’est une réussite. Belle maitrise de la dualité ombre et lumière. Je ferme cet album en imaginant le film qu’aurait pu tirer Benoit Cohen de cette expérience. Sans détour, je conseille l’achat de cet album particulièrement plaisant.
O'Sullivan
Très très bonne bande dessinée qui nous raconte une famille partie d'Irlande . Passionnant. Hâte de lire la suite et ce mystère de la clé. Et les aventures au Canada...
Secrets - L'écorché
Profitant de ces quelques jours de congés de Toussaint, je me replonge dans ma bibliothèque pour redécouvrir des titres que je n'ai pas relu depuis leur parution, et cet opus de "Secrets" fait partie de ceux-là. Avant tout, c'est qui m'a émerveillé à la lecture, c'est le Paris de Montmartre, et de ses beaux quartiers du début du XXème siècle, parfaitement illustré par Ruben Pellejro, qui signe là un de ses meilleurs albums, à mon avis. Mais le scénario de Giroud et de Florent Germaine n'est pas en reste, tant il est prenant. En nous offrant une histoire s'étalant de la fin de la commune à 1921, il nous plonge dans un drame familial complexe mais facile à suivre, dans le milieu de la peinture qui va des bas fonds de Montmartre aux galeries des grands boulevards. Je n'ai pas lâché les deux volumes avant d'en connaître l'issue, pourtant je l'avais déjà lu en 2007, mais le charme opère toujours. Les dessins sont tout simplement somptueux, magnifiques, et l'histoire est passionnante, bref un titre phare pour cette série. A lire ou à relire en tout cas.