Les derniers avis (38553 avis)

Couverture de la série Fritz Haber
Fritz Haber

Deux choses sautent aux yeux à la lecture de cette série. D’abord le parti pris esthétique. En effet, l’aspect graphique est assez original. Un rendu proche de vieilles photos floutées, mouillées, retravaillées parfois, avec d’autres passages plus nets (et des interludes entre les différents chapitres qui s’inspirent des légendes et de l’antique histoire allemandes). Les dominantes sombres, le rendu pas toujours très clair (sans doute cela peut-il gêner la lecture, mais ça n’a pas été le cas pour moi) s’accordent parfaitement à l’intrigue, mais aussi à l’histoire qui lui sert de cadre : c’est effectivement très sombre, et l’on touche là la noirceur de l’âme humaine, comme de l’Histoire. Ensuite, ce qui est notable, c’est l’ambition de David Vandermeulen ! C’est en effet une vision de l’histoire de l’Allemagne du dernier quart du XIXème siècle au premier tiers du suivant qui nous est contée, en plus d’une vision intéressante de certains conflits (génocide des Hereros en Afrique, et surtout Première guerre mondiale). C’est aussi le parcours étonnant de Haber que nous suivons, dans une sorte de pacte faustien : ambitieux (il veut diriger son institut), travailleur (il fait froid dans le dos lorsqu’il teste ses produits, son gaz, avec une vision uniquement commerciale et dépassionnée alors qu’il parle d’une arme potentiellement hyper dangereuse ! - quant à la façon dont il laisse sa femme de côté...), nationaliste, il essaye de faire oublier sa judéité, alors même que ses adversaires ne cesseront de la lui rappeler – dans une époque et en des lieux où cette question est des plus sensibles ! Autour de ces thèmes, l’évolution du mouvement sioniste (et les projets de fondation d'un Etat juif), la personnalité pacifiste d’Einstein, etc. Bref, on a là quelque chose de très dense et très bien mené. Œuvre ambitieuse et réussie, qui plus est avec des choix esthétiques forts pour la porter, nous avons là une série des plus recommandables ! J’ai lu les 4 albums déjà parus – mais le dernier date de 2014 et s’arrête en 1917, c’est dire qu’il y a encore matière à au moins deux tomes ! Et j’espère que cette série n’est pas abandonnée !

21/04/2021 (modifier)
Couverture de la série La Fin du monde
La Fin du monde

Impossible de se tromper sur le dessin de Tirabosco. Qu'on aime ou pas, l'aspect de crayon gras dû à la technique du monotype employée, ses formes douces qui passent facilement pour du dessin jeunesse, lui confèrent une personnalité sur laquelle on peut difficilement se tromper. Et ici la bichromie avec ce bleu rend cet album particulier entre tous ceux de Tirabosco. Personnellement j'aime beaucoup, même si le dessin en question ne convient peut-être pas pour tous les types d'histoires. La fin du monde est de prime abord une histoire étrange. En tout cas si on pense lire une véritable histoire de fin du monde. Mais bien sûr, il ne s'agit pas de cela. La fin du monde raconte un secret de famille, un non-dit, qui reste en suspens au milieu des membres de cette famille, et qui, loin de disparaître, fermente, se désseche, mais reste là, bloqué, suspendu, piégé et piégeant tout le monde. Notre héroïne - qui ne sera jamais nommée, comme si elle n'avait pas d'identité - est prise dans ses rets sans le savoir, elle ne se débat pas, elle reste allongée sur son plancher, anesthésiée. Et puis elle retourne dans la maison de son enfance, et avec des compagnons assez particuliers - un chat et une vieille dame - elle part à la découverte. Sous l'apparence d'un voyage à la Alice au pays des merveilles, elle va découvrir son passé et ce secret. Sous des dessous d'aventure bizarre et d'un titre apocalyptique, La fin du monde raconte une aventure intérieure, une naissance. Car parfois, pour pouvoir revivre, il faut accepter de faire son deuil, et peut-être, telle la chenille qui devient papillon, accepter de mourir. Chaque fois qu'un homme meurt, c'est pour lui la fin du monde, peut-être cela peut-il donner une clé de lecture de ce titre. Histoire contenant des éléments autobiographiques, son aspect très onirique lui confère un caractère étrange, fascinant et lancinant. L'athmosphère de ce récit est particulièrement réussie. Pas étouffante, pas inquiétante, non, mais pourtant on n'en est jamais loin. Ce qui est sûr, c'est que cet album est envoûtant, et fait ressentir une palette d'émotions assez impressionnante. On en ressort des questions et des images plein la tête. Très bonne lecture. Egalement de Tirabosco et dans un genre proche : Le Colporteur.

21/04/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Le Révérend
Le Révérend

J’ai la chance d’avoir de terribles lacunes dans l'univers western dans la BD. Mon plan est de lire quelques histoires qui s’offrent à moi avant d’attaquer vraiment le graal immanquable, Blueberry, dont j’ai de trop vagues souvenirs. Bref, j’ai pris l’opportunité de démarrer par Le Révérend… Et boum, voilà une su-per surprise. L’intrigue se révèle sans cesse du début à la fin parallèlement aux actions qui, elles aussi, s’enchaînent. Chaque personnage a son lot de charisme et une personnalité profondément travaillée, même si on retrouve à peu près le casting classique du western US. La jeune femme a du toupet et je reste poli. Son rôle pourrait être sous-estimé, pourtant c’est bien elle en plus du Révérend qui permet à l’histoire d’avoir tous ces retournements de situation et toute cette complexité… Et franchement, chapeau aux auteurs pour avoir créé une intrigue aussi « efficace ». Ca démarre comme il faut, l’histoire monte en puissance continuellement pour finalement atteindre une grande intensité au moment de l’épilogue. Il pourrait ne pas y avoir de suite que je serai encore plus ravi. Je trouve ces dernières bulles absolument parfaites, totalement calibrées par rapport au thème principal du récit, où l’auteur nous explique ce que l’expression « faire justice soi-même » veut dire. Peut-être aussi cherche-t-il à offrir à son héros une réponse à la question suivante : de quoi te venges-tu? Difficile de ne pas aimer le dessin et les couleurs qui permet à l’ensemble d’avoir un dynamisme de folie… La réussite de la gestuelle et des mouvements m’a permis de dévorer le bouquin. Mais j’ai essayé de réduire mon rythme pour ne pas perdre une miette sur les détails présents dans l’environnement, ni sur la qualité des ambiances dégagées par les couleurs, qu’elle que soit l’heure ou même le climat (nuit étoilée, aube, pluie, neige, ciel bleu…). C'est un exercice graphique largement réussi ! Je ne peux que conseiller la lecture aussi bien que l’achat. Quand j’aurais un peu plus de place, je pense bien en faire l’acquisition. De mon point de vue, c’est vraiment un super beau travail !

20/04/2021 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
Couverture de la série Thermae Romae
Thermae Romae

Dans les pas de Lucius Modestus, architecte romain spécialisé dans les thermes, nous plongeons dans l’eau chaude pour nous retrouver dans des bains japonais à notre époque. Comme le dit Lucius : au "pays des visages plats". Si au départ Lucius ne comprend pas ce qui lui arrive, au fil des pages, il commence à apprécier ses voyages dans le temps et y trouve tellement de sources d’inspiration qu’il devient célèbre à Rome et proche de l’empereur auquel il apporte des idées raffinées pour créer des bains originaux et bienfaisants. Lucius ne demande qu’à apprendre de nouvelles techniques. Partagé entre sa fierté d’être romain et son humilité face à ce peuple inconnu qui maîtrise à la perfection les bains thermaux, Lucius nous fait découvrir la vie quotidienne à Rome, sous l’empereur Hadrien. C’est curieux, intéressant, et le lien qui est établi entre deux époques éloignées de près de 2000 ans est original. Les deux premiers tomes, s’ils semblent répétitifs du fait du va et vient un peu systématique entre Rome et le Japon, sont suivis de tomes où l’histoire évolue et devient captivante. Le dessin de Mari Yamazaki est particulièrement réussi pour toutes les scènes et personnages qui sont à Rome mais un peu moins pour les Japonais qui sont moins travaillés. C’est rythmé, original, un peu long peut-être.

20/04/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
Couverture de la série Dans mon village, on mangeait des chats
Dans mon village, on mangeait des chats

Je suis devant le présentoir des « coups de cœurs » du moment de la médiathèque de mon village. La couverture est séduisante et attire mon œil avide de nouvelles émotions visuelles. Je prends. Je vais faire confiance aux avis des charmantes bibliothécaires. Nous sommes sur le parcours initiatique d’un gamin qui plonge peu à peu dans le grand banditisme. Il va avancer dans la vie en franchissant alégrement toutes les étapes qui vont le métamorphoser du jeune gamin d’une maison de correction à un parrain toulousain à la tête d’une entreprise mafieuse. Le scénario nous tient en haleine même si nous savons que cela se finira dans un bain de sang. C’est noir et poisseux. La narration est froide mais bien tranchante. Le narrateur s’adresse au lecteur. Un peu comme au cinéma ! Visuellement c’est terrible. Le trait semi-réaliste est brut. La colorisation met bien en avant les différentes époques. L’atmosphère est oppressante de bout en bout. Mais que c’est bon cette spirale violente. On passe ainsi de la de la petite délinquance au grand banditisme. On ne lâche pas l’album pour une petite pause. Non non. Cela ne peut se lire que d’une seule traite. Une BD bien noire et violente comme j’aime. Un polar digne de ce nom. Ame délicate s’abstenir !

20/04/2021 (modifier)
Par Barbara
Note: 5/5
Couverture de la série Noël et Marie
Noël et Marie

J'étais à la recherche du titre de cette série, pour mon fils de 10 ans qui travaille sur la Révolution. J'avais ADORE les lire quand j'étais ado. Je trouve les précédents commentaires injustes. On est plongé dans l'ambiance de la révolution via deux adolescents que les différents événements vont faire mûrir. Peut-être que les faits historiques ne sont pas tous suffisamment circonstanciés, mais il y a vraiment tout ce qu'il faut pour faire comprendre les enjeux et le déroulé de la période, avec quand même quelques réflexions qui ne sont pas si binaires. Cette BD m'a fait m'intéresser à la Révolution et à mes cours d'histoire, donc je trouve ça plutôt positif ! Effectivement, je confirme qu'elle est à destination d'un public jeune.

20/04/2021 (modifier)
Couverture de la série Richard
Richard

Richard et les quasars Voulant rendre service, Richard accepte de relire la bande dessinée d'un ami. Bien évidemment, c'est sans compter sur la nature profonde dudit Richard, auprès duquel le plus poilu des trolls fait figure d'ange. On le sait, Trondheim maîtrise à la perfection l'art de la contrainte, les récits courts, les dialogues décalés et l'absurde pince sans rire. Tous ces éléments sont réunis dans cet opuscule. Et en maître troll, Richard puise dans l'astronomie et la psychanalyse pour pousser à bout son interlocuteur. Sa logique sera à la fois absurde et implacable. J'ai eu le bonheur de retrouver ici du très bon Trondheim, simple, efficace et incisif. Et sur les 24 pages de ce Patte de Mouche, j'ai éclaté de rire plusieurs fois, ce qui pour les fans de mesurable donne un ratio rire / page ou rire / euro très appréciable. Bref, j'aime !

20/04/2021 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
Couverture de la série Dans la nuit noire
Dans la nuit noire

David Small est un auteur américain surtout connu pour ses livres illustrés pour enfants, qu’il réalise seul ou en partenariat avec d’autres auteurs (dont sa femme, Sarah Stewart). Ses incursions dans la BD sont rares, et surtout à des années lumières de son travail habituel. Les thèmes y sont sombres, notamment dans sa première BD, Sutures, parue en 2009. Son nouvel album « Dans la nuit noire » parle d’adolescence difficile : une mère qui s’en va, un père qui boit, un déracinement forcé, et surtout l’intégration à l’école… le mal que les autres lui font, mais surtout le mal qu’il fait aux autres, pour impressionner ses potes. Russel a parfaitement conscience des erreurs qu’il commet, mais manque cruellement de repères, de soutien à la maison. Je ne suis pas spécialement fan de la thématique « adolescence difficile », mais je dois avouer que cet album m’a beaucoup touché (la deuxième partie, notamment). La réalisation est par ailleurs exemplaire, avec notamment une narration super fluide et légère : grandes cases aérées, peu de textes, passages muets et contemplatifs – voir à titre d’exemple le prologue (dans la galerie). J’ai avalé les 400 pages d’une traite, sans effort. Voilà, si vous êtes allergique aux « romans graphiques » un peu miséreux, ne vous infligez pas la lecture de « Dans la nuit noire »… mais les amateurs (dont je fais partie) devrait apprécier cet album à sa juste valeur.

20/04/2021 (modifier)
Par Gaendoul
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Heart Gear
Heart Gear

J'ai commencé cette série après en avoir lu le début distribué gratuitement et qui m'avait intrigué... Bien m'en a pris... L'univers post apocalyptique de ce manga se met en place petit à petit, avec de faux airs de Casshern Sins. Le dessin est très bon et dynamique, il me rappelle des mangas comme Blame et Biomega mais en plus lisible. Les personnages principaux sont attachants et l'intrigue est bien amenée. Ce manga est très bon et pourrait basculer sur un 5/5 à l'avenir selon le déroulement de la suite... Bref, à lire!!

19/04/2021 (modifier)
Couverture de la série L'Aimant
L'Aimant

L’objet est d’abord agréable. Le travail éditorial (très grand format, couverture et papier épais) et les choix esthétiques (dessin ligne claire moderne, colorisation franche), on a là quelque chose de sympa, d’aéré : on entre avec plaisir dans cette histoire. Histoire qui garde certains de ses mystères après lecture, et qui vaut presque autant, voire plus, pour son ambiance que pour ses péripéties. La façon avec laquelle l’étrange, un certain fantastique, s’immiscent dans la narration se fait de façon fluide, sans faire de vague. La lecture est de ce fait rapide (on est captivé, et il n’y a pas beaucoup de texte finalement), et l’on accepte aisément de ne pas avoir toutes les réponses. Voilà une histoire originale, que je vous encourage à découvrir.

19/04/2021 (modifier)