Sutures (Stitches)

Note: 4/5
(4/5 pour 11 avis)

"Autobiographie thérapeutique" d'un célèbre illustrateur du New Yorker sur sa jeunesse dans les années 50...


Auteurs complets Autobiographie Cancer Comix Delcourt Les meilleurs comics Maladies et épidémies One-shots, le best-of [USA] - Middle West

Les années 50. David a dix ans. Pour soigner un kyste au cou, son père, médecin, prescrit à son fils des séances intensives de radiographie. Quelques années plus tard, le garçon se réveille d'une intervention bénigne à la gorge totalement muet. Le kyste de David était devenu un cancer. Entre non-dit coupable, frustration et totale inconséquence, David découvre ses parents sous un autre jour.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Janvier 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Sutures © Delcourt 2010
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 11 avis)
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11/05/2010 | le poulpe
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est une histoire douloureuse (à de nombreux points de vue d’ailleurs), mais qui est racontée avec une certaine légèreté, sans abuser d’un pathos qui aurait sans doute gâché la fragilité de l’équilibre sur lequel est bâti ce récit autobiographique, dans lequel l’auteur met en lumière certains moments cruciaux de sa vie. On peut donner plusieurs sens au titre. Les cicatrices réelles, conséquences des opérations réalisées pour le sauver d’un cancer durant l’adolescence, mais aussi l’aspect cathartique de cet album, peut-être réalisé pour fermer d’autres plaies, plus intérieures. Un père absent, une mère dépressive et montrant peu d’empathie (c’est un euphémisme), l’enfance et l’adolescence de l’auteur n’ont pas été placées sous le signe de l’amour. Et l’utilisation massive des rayons X pour le guérir de maux plus ou moins réels, qui entraine un cancer, sans que jamais cela ne soit verbalisé par les parents, qui au contraire font « trainer les choses », ajoute un autre drame au mal être général. L’attitude de la mère (lorsqu’elle visite son fils à l’hôpital, le croyant « perdu »), ou l’aveu très tardif de son père (c’est lui en tant que médecin qui lui a administré les séances de radiothérapie) sont d’une grande brutalité. L’album traite de l’enfance, mais surtout de quelques années de l’adolescence – pour finir par une conclusion plus optimiste et postérieure, mais cette tranche de vie est très bien amenée par Small. Son dessin, simple, sans fioriture, est fluide, agréable, et contribue à faire passer un récit assez dur. De fait, l’album se lit très vite, malgré l’importante pagination (beaucoup de cases muettes, peu de texte).

21/08/2022 (modifier)
Par Josq
Note: 3/5
L'avatar du posteur Josq

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en ouvrant cette bande dessinée empruntée presque au hasard à la bibliothèque, et j'ai été séduit, tout d'abord par la qualité graphique de l'ensemble. Le trait de David Small est assez pur, très fin avec une touche de naïveté qui colle vraiment bien à l'histoire racontée. Sur le récit en lui-même, c'est intéressant de voir ce triste spectacle d'un enfant dont la vie est sacrifiée par l'inconséquence de deux parents qui n'ont jamais réussi à se rencontrer. L'auteur met bien en scène la complexité des sentiments des uns et des autres, et on en vient à tous les plaindre à un moment ou à un autre, même quand ce sont des personnages assez détestables par ailleurs. Enfin, la manière qu'a l'auteur d'adopter une vision parfois fantaisiste des drames qui ont traversé sa vie (David qui plonge dans son dessin, qui visite son propre corps, le psy qui a pris la tête du lapin d'Alice au pays des merveilles, etc.) introduit un touche d'onirisme et un détachement qui rendent le récit bien plus efficace, grâce à son tragique sens de l'humour. Après, j'avoue que j'ai du mal à m'emballer pour ce genre d'œuvre, pas trop le genre de BD qui me procure un énorme plaisir de lecture, mais je ne me suis jamais ennuyé, et j'ai trouvé ce récit autobiographique intéressant et ponctuellement émouvant, à défaut d'être un chef-d'œuvre. Ceux qui aiment lire des récits purement réalistes en bandes dessinées y trouveront totalement leur compte. 3,5/5

22/03/2021 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ju

C'est sur la base des avis du site que je me suis lancé dans "Sutures". Je n'étais pas spécialement emballé par l'histoire de départ, ni par ma première impression générale lorsque j'ai vu l'album. Mais j'ai fait confiance aux lecteurs unanimes et enthousiastes. Et j'ai drôlement bien fait. "Sutures" est un récit autobiographique. David Small est issu d'une famille plutôt aisée (père médecin radiologue) mais on sent que cela n'a pas toujours été le cas. Il s'agit d'une famille qui semble entrer dans ce nouveau monde, et encore ancrée dans un mode de vie "économique", où l'argent "ne pousse pas sur les arbres", comme il est répété en permanence au petit David. En fait, j'ai eu l'impression d'une famille qui devient bourgeoise mais continue de vivre, et de se voir comme une classe moyenne. Ses parents sont englués dans une vie morne, qui ne leur correspond pas, et où personne ne se dit rien. On sent que Small a souffert de ça, et c'est très bien retranscrit. On ne tombe jamais dans le pathos ni le larmoyant. Il explique seulement la façon dont il a vécu et surmonté les choses. C'est toujours très juste, dans le bon ton. La bande dessinée se lit bien et assez vite, il y a plusieurs pages sans textes ; et c'est là qu'on peut admirer le dessin. Il est très spécial, et quand j'ai vu que David Small était illustrateur notamment au magazine "The New Yorker", cela ne m'a pas étonné. J'ai déjà lu quelques numéros, et ils sont peuplés d'illustrations en noir et blanc, avec des personnages dans des styles parfois différents, mais toujours dans le même esprit. Le dessin de David Small est épuré, les personnages sont longs, ont peu d'expressions, et sont terrifiants de normalité. Il n'y a pas de personnages beaux, ou charismatiques : ils sont désespérément normaux et banals. Quoi de mieux pour illustrer un récit peuplé de non-dits, de gens égoïstes englués dans une vie qu'ils n'aiment pas ou tout simplement rongés par la folie ? Le dessin colle parfaitement au récit, on passe notre récit à avoir envie de se mettre une balle, mais on en sort content pour David Small, qui semble aujourd'hui en paix avec lui-même.

25/05/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Encore un excellent one-shot que je n'aurais sans doute jamais lu sans ce merveilleux site de passionnés de la BD ! Cet album semble être passé un peu inaperçu lors de sa parution en français et c'est dommage car c'est une très bonne auto-biographie où l'auteur montre sa vie d'enfant malheureux. Pour lire cet album, il ne faut pas avoir peur des œuvres noires (il y a des passages plutôt glauques) car non seulement l'auteur va développer un cancer durant son enfance, mais en plus ses parents font preuve d'une grande indifférence à son égard. L'auteur a d'ailleurs une famille assez spéciale, mais je n'en dis pas plus pour ne pas gâcher de surprises. L'histoire se lit assez vite pour un récit avec autant de pages, mais il faut dire que plusieurs pages sont muettes. Le dessin est pas mal et la narration fluide. Une des meilleurs auto-biographies en BD que j'ai lues jusqu'à présent.

09/07/2017 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Violent comme lecture. Enfin, d'une violence particulière, mais marquante. C'est le genre de livre sur lequel je n'avais aucun préjugé, qui trainait dans ma liste d'achats éventuels depuis un moment. Je me le suis pris sur un coup de folie, et je me suis laissé aller à le lire sans même savoir de quoi ça parlait (j'avais juste lu la quatrième de couverture). Et franchement, c'est une baffe que je me suis pris ! Ce récit autobiographique est rehaussé d'un superbe trait, qui va d'un bout à l'autre du livre nous plonger dans les émotions et les sensations du héros. La mise en image est superbe, contenant tellement de petits détails intéressants (le psy en lapin, la tête de la mère) et qui en plus sait être extrèmement précis et pointilleux. Sans parler des ombres, des formes, des pages muettes ... Un véritable régal pour les yeux. Et cette histoire ... Malsaine, glauque, et pourtant réelle. Un enfant pris entre deux parents, qui développe un cancer. C'est horrible d'assister à cette jeunesse. Plus d'un passage est juste glaçant (avec la grand-mère notamment) et plus d'une fois je me sentais estomaqué par le contenu. L'auteur joue d'ailleurs à merveille avec de nombreux passages muets qui se comprennent sans phylactères. Et nom de dieu, qu'est-ce que certains passages sont tristes ! Curieusement, ce livre m'a interpellé, sur la façon dont le personnage principal parle de ses problèmes de communication. Problème inhérent à tellement d'humains ... Mais c'est également un récit familial, un récit sur la jeunesse d'un auteur et sur sa façon de s'en sortir. Un mélange parfaitement dosé, superbement mis en image, avec ce qu'il faut d'émotions et de sensibilité. Une véritable pépite que ce comics.

27/03/2014 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Au début, je trouvais le récit mièvre, sans saveur ni relief particuliers. Et puis d'un coup, lorsque le cancer de David est apparu, mais sans qu'on ne dise son nom, il est entré dans une autre dimension. L'attitude de ses parents devenait franchement suspecte, et David a dû en souffrir terriblement. Ce qui m'a le plus frappé dans cette histoire, c'est l'état de solitude dans lequel se trouve presque en permanence le narrateur. La façon dont ses parents le traitent est presque criminelle, mais David Small, plutôt que d'épaissir le trait, éclaire leur attitude d'un jour nouveau avec de petites touches ; l'histoire de sa mère, sa double vie, l'indifférence de son père, jusqu'au soir où il lui révèle un secret, des années après son opération... Small nous montre que les familles parfaites n'existent pas, et que même dans un entourage apparemment très dur, il y a des choses qui viennent nuancer les impressions premières. C'est très bien monté, l'auteur réussit plus d'une fois à partager son émotion avec le lecteur. Sutures vous marque.

08/02/2012 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

Voici un très bon ouvrage qui malgré ses 300 pages est avalé relativement rapidement. En effet David Small a un style très aéré et pas mal de pages sont sans texte. Il reste que c'est très percutant et poignant. L'auteur raconte son enfance et les séances de radiothérapie prodiguées par son père médecin alors qu'on n'en maîtrisait pas encore les effets secondaires. C'est le récit d'une enfance douloureuse, d'une adolescence solitaire qui ne s'arrange pas lorsqu'il perd sa voix et surtout d'une mère incroyablement distante. C'est très fort à quel point l'auteur arrive à restituer l'absence d'affection qu'il ressentait durant toutes ses années. Bref, un titre qui m'avait interpellé dès sa sortie et qui ne m'a pas déçu lorsque j'ai eu l'occasion de le lire 2 ans plus tard.

05/02/2012 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Je suis surpris, « Sutures » semble être passé un peu inaperçu (malgré une parution chez Delcourt). Il s’agit pourtant d’un « roman graphique » de qualité, sobrement mis en image certes, mais prenant et extrêmement touchant. La narration est fluide, et contient de nombreux passages muets, voire oniriques. Alors c’est sûr, c’est noir. Le cancer chez les enfants, les séances de psy, les familles qui se déchirent, je me doute bien que ce ne sont pas des thèmes pour tout le monde. Cet album ne contient pas un brin d’humour, et très peu d’optimisme (sauf sur la fin). Une œuvre autobiographique coup de poing, qui m’a beaucoup touché. Une chouette découverte en ce qui me concerne.

07/06/2011 (modifier)
Par Kokox
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Je ne saurais trop vous recommander ce témoignage déchirant, intimiste, bouleversant et sublime d'émotion juste, qu'est "Sutures". Les mots me manquent en vérité pour en rajouter plus que cela à ce très beau moment que j'ai passé aux côtés de David Small et de sa jeunesse atrophiée. Je viens de terminer ce "cri respectueux" à six heures du matin. J'écris ces lignes à six heures onze, et tout comme David je reste sans voix. Et ne puis encore qu'écrire : "Merci infiniment !"

05/04/2011 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

Cette BD est une autobiographie exutoire. L'auteur revient sur sa jeunesse, ses rapports particuliers avec ses parents notamment avec sa mère. Son père était médecin et radiologue. L'utilisation à tord et à travers des rayons X est la base de ce récit car sur les recommandations de son père, elle va entrainer chez l'auteur un kyste cancéreux. David Small fait avec ce média une vraie thérapie sans complaisance avec ce parent. Le contenu est fort de sens mais facile à lire grâce à une narration fluide et aérée. Le dessin N&B est lisible et esthétique. Il se base sur des esquisses lissées avec de beaux lavis gris. Il y a un côté documentaire appréciable dans ce projet. L'auteur prend le temps d'expliquer et de développer ses propos. Cette BD est à lire et est même indispensable pour les fans de romans graphiques.

10/07/2010 (modifier)