Le premier tome est vraiment spécial, avec ses grands dessins pleine page, mais c'est probablement celui que j'ai le plus aimé. Non Téhi ne raconte pas grand-chose sur 60 pages mais il le fait diablement bien! L'action omniprésente sur ces 4 tomes vient en complément d'une intrigue extrêmement bien posée, dans un univers apocalyptique réfléchi à l'organisation sociale, religieuse et politique bien établie, ce qui permet de dérouler l'histoire avec une grande cohérence.
Le travail graphique (dessin, design, couleur, ...) est superbe et m'a scotché du début à la fin. Les pleines pages sont incroyablement belles. Au final une BD assez peu abordable mais qui, dans le genre SF, tranche avec 90% de la production habituelle, de qualité bien plus incertaine.
"HK" est une BD que j'ai découverte récemment et qui m'a totalement emballée. Le premier cycle est notamment absolument excellent, scénaristiquement très dense et finalement assez noir. J'aime beaucoup la patte de Trantkat mais pour avoir lu les nouvelles versions du 1.1 en deux tomes (recolorisation impeccable et nécessaire, cases rajoutées pour coller au nouveau format quand ce ne sont pas des pages rajoutées ou montées différemment), j'ai la très nette impression qu'on va atteindre une dimension qualitative très supérieure.
Si je mets 5, c'est notamment par rapport à ce futur prometteur parce que je dois reconnaitre que le tome 2.1 m'a un peu déçu. Passons sur la scène de cul qui n'apporte rien mais qui est absolument superbe et diablement osée. Non, ce qui ma chagrine, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ce "Massilia"... HK était plus intéressant en délinquant un peu collabo qu'en bidasse moyen sur le vieux port. J'espère que la barre sera redressée pour la suite. Et chapeau pour cette réédition qui pour une fois se justifie complétement.
Dethan allie ici un dessin toujours aussi somptueux à une histoire moins anodine que ses autres oeuvres. Sur les traces de sa famille maternelle, "évadée" de ce qui allait devenir la R.D.A., Dethan nous raconte la fin de la guerre, la souffrance d'Allemands qui ne comprenaient pas forcément grand-chose à ce qu'il se passait (et ce n'est pas être négationniste que de reconnaître qu'il y en avait), sans pour autant tous les dédouaner (le voisin membre du parti national socialiste). Le résultat est brillant, subtile alliance entre sujet sérieux et situations anodines de l'enfance, servi par un dessin de toute beauté. Une évidente réussite.
Ah, Isabelle Dethan... C'est beau, c'est frais, c'est construit sur plein de petits riens, de situations anodines, de souvenirs d'enfance. Alors non, il ne se passe pas grand chose, on n'est pas happé par l'intrigue, emporté dans des aventures improbables mais j'ai par contre été totalement envoûté par cet univers empli de nostalgie et d'une poésie évidente.
Le dessin est magnifique, il est presque dommage qu'il n'y ait pas de couleur, comme sur "Eva aux mains bleues", tant le résultat serait somptueux.
Dans le genre totalement inutile et complètement indispensable, "Tante Henriette ou l'éloge de l'avarice" est à ne pas manquer.
Ce recueil, d'environ 200 pages, regroupe un ensemble de 8 nouvelles réalisées entre mai et août 1993 par Taniguchi. Il s'agit d'adaptations en bande dessinée d'oeuvres de Utsumi. L'orme du caucase qui donne son nom au recueil est la première nouvelle. Il y a d'un côté un sentiment qu'on peut ressentir à la lecture de L'Homme qui marche à savoir l'émerveillement pour peu de choses. Ou du moins pour des choses qui ne nous paraissent pas valoir le coup de s'y attarder ou encore qu'on ne prend pas le temps d'apprécier. C'est ce qu'on ressent devant ces deux hommes face à l'orme du Caucase majestueux. Il était là bien avant tout le monde mais il gêne le voisinage, donc il faut se résoudre à l'abattre car les gens ne pensent qu'à eux et pas à l'arbre qui lui n'a rien demandé.
Je dirais que le dénominateur commun de la majorité des nouvelles est la famille. Les relations dans une famille entre 2 frères, entre une femme et sa belle-fille ou autre sont très bien décrites et cet album est plein de bons sentiments. Il déborde de gentillesse comme le dit le romancier Yoshikawa dans sa postface, pas de violence mais de la tranquillité et de l'apaisement.
Les dessins sont très bons comme d'habitude avec Taniguchi, vraiment très fins même si on pourra lui reprocher de dessiner souvent des visages très semblables.
Pour conclure, on peut dire que voilà encore un très bel ouvrage de Taniguchi à se procurer.
Ca y est, ce bon vieux Julius m'est enfin passé entre les mains, et après avoir eu des avis divers sur cette série au fil des tomes, je me suis mis d'accord avec moi-même en refermant le cinquième.
En effet, les différents opus de la série sont assez inégaux : le premier tome exploite une idée tout bonnement géniale, mais j'ai eu quelque peu l'impression que l'auteur se reposait sur l'originalité facile de son fil conducteur. Toutefois, tant de trouvailles font de "L'origine" un excellent album. Le deuxième tome n'a malheureusement fait que confirmer l'impression du tome 1 : MAM exploite à fond l'univers décalé qu'il a créé, sans s'intéresser assez, ici, à ses personnages. Le tome 3, lui, est clairement incontournable ; alors que l'on pense avoir compris le petit jeu de l'auteur, il bouscule toutes les règles d'un monde sans règles, et la fin cyclique déconcerte tant on se rend compte de la cohérence parfaite de l'oeuvre. Le tome du miroir est très intéressant, ne serait-ce que pour l'intérêt de l'exercice de style, mais je n'ai pas vraiment pris de plaisir à le lire, le déclic n'a pas fonctionné pleinement.
Le dernier tome, tout récent, est quant à lui tout à fait indispensable, à l'égal du tome 3, autant par son scénario (point de fuite et consorts sont brillamment utilisés pour fabriquer un scénario prenant malgré son absurdité brute) que par les petites surprises (forcément plaisantes) qui parcourent l'album, tel que le passage en 3D, avec lunettes et tout (la classe).
Bref, Mathieu est incroyablement doué, même si j'ai eu l'impression (peut-être pleine d'espoir) qu'il pouvait encore faire beaucoup mieux si l'originalité primait moins sur les personnages et le scénario.
Je partage entièrement l'avis d'elveen.
Ce one shot retrace le destin tragique de Gwynplaine, jeune homme au visage hilare abandonné par une bande de comprachicos repentis. Le visage déformé de Gwynplaine (bouche fendue et gencives dénudées) est animé d'un rire perpétuel, d'où le surnom de "l'homme qui rit".
De Felipe centre son récit autour d'un trio marginalisé mais fortement uni : Gwynplaine (le personnage central), Ursus (philosophe nomade, mi-guérisseur, mi-saltimbanque) accompagné de Homo (le loup) et Déa (nourrisson aveugle devenue jeune femme).
La trame de l’histoire est relativement simple mais le récit pèse par les propos sombres mis en avant par l’auteur. En effet, De Felipe s’applique à retranscrire les souffrances et l’espoir de l’homme qui rit sous un trait en parfaite adéquation avec la noirceur du récit. L’alternance des tons chauds et froids participe grandement à l’ambiance glauque mais captivante qui se dégage des planches. J’ai donc apprécié le graphisme et j’ai suivi le récit avec intérêt grâce à des dialogues percutants. Un regret peut être : les desseins de Lord Bellew à l’égard de l’homme qui rit ne sont pas dévoilés mais cela n’est que secondaire après tout . . .
Une bd vite lue (une deuxième lecture est d’ailleurs vivement conseillée) mais elle vaut le détour !
Le Décalogue 4/5
Chaque album ayant un dessinateur et des personnages différents, je vais aviser chaque album.
Tome 1 – Le manuscrit
Ayant lu ce tome après les deux suivants, j’ai eu une drôle d’impression en le lisant, comme du « déjà lu ». Il me semble d’ailleurs avoir vu une prépublication quelque part (Bo doï ?). Bref, j’ai trouvé cette histoire très prenante, une bonne introduction au reste de la série. Je trouve le dessin de Béhé un peu académique (normal, il est prof de dessin !) mais il est bien agréable.
Tome 2 – La Fatwa
Pas grand-chose à dire, si ce n’est que c’est un très bon album, très intéressant. Giroud commence à esquisser ce qui fera le sujet de son Décalogue. L’histoire est très intéressante, bien servie par le dessin fort plaisant de Giulio de Vita.
Tome 3 – Le Météore
J’ai été étonné par deux éléments dans cet opus. Premièrement, le cadre de l’intrigue, les météores, cadre a priori peu en rapport avec la religion musulmane ; cependant, on y retrouve d’autres éléments, l’érudition et la bibliophilie en particulier. Le deuxième élément qui m’a étonné, c’est l’identité du tueur.
--SPOILER—
Ami lecteur, ce n’est pas le Colonel Moutarde qui a fait le coup.
--FIN SPOILER—
L’histoire n’est pas trop mal menée, mais n’est pas vraiment originale. Le mauvais point vient du dessin de JF Charles, assez médiocre à mon goût.
Tome 4 – Le Serment
D’emblée, j’ai été frappé par le dessin de TBC ; il contraste fortement avec les autres dessinateurs de la série. Un encrage plus épais, un style un poil moins réaliste… qui finalement fait plaisir à l’œil. Le choix de TBC n’est pas innocent, car les racines du récit sont en Yougoslavie, pays dont il est originaire. Ce récit, cependant, m’a semblé un peu faiblard par rapport aux trois premiers tomes de la série. Je ne sais pas pourquoi… Mais ça reste très distrayant.
Tome 5 – Le Vengeur
Une histoire trouble qui plonge au cœur du conflit des Balkans et de leurs conséquences multiples au début du 20ème siècle. Très intéressant pour ce qui est des moments inconnus de l’Histoire (comme souvent chez Giroud) et instructif. L’histoire, celle d’une manipulation, est bien menée. J’ai un peu de mal avec le trait de Rocco, que je trouve un peu léger, même s’il s’apparente à celui de Jean Giraud sur nombre de points.
Tome 6 – L’Echange
Bof bof… Peut-être l’album le moins intéressant à mon goût. Les histoires de bébés échangés donnent rarement des chefs-d’œuvre. Celle-ci n’échappe pas à la règle. C’est téléphoné, lent et on se lasse vite de l’histoire. Le dessin de Mounier est moche, trop dénué de fantaisie à mon goût.
Tome 7 – Les Conjurés
Légère déception pour ce tome 7. L’histoire d’une égérie se jetant à corps perdu dans un idéal pour ne pas céder à un amour impossible a déjà été largement traité dans Sambre. le seul véritable intérêt de l’histoire réside dans le tournant essentiel dans l’histoire de Nahik. Paul Gillon est un vieux routard de la BD. Mais j’ai vraiment du mal avec son style et son découpage, qui n’ont pas évolué depuis 40 ans.
Tome 8 – Nahik
Histoire courte montrant comment Nahik peut rendre fou, ce 8ème tome est un peu supérieur aux précédents dans la mesure où on décroche moins du scénario, axé sur cette descente dans la folie. Le dessin de Rollin n’est pas super-super, n’améliorant pas l’intérêt de ce tome 8.
Tome 9 – Nahik
L’un des meilleurs albums du Décalogue. Un vrai parfum d’aventure, une ambiance exotique et un destin tragique assortis d’une histoire d’amour impossible, les bons ingrédients sont là, servis par le dessin nerveux et « historique » de Faure. Un album fort plaisant.
Tome 10 – La dernière Sourate
La série se conclue sur un magnifique album, qui est aussi le dernier du regretté Franz. Celui-ci nous offre le meilleur de son dessin, tout en nervosité et en richesse de détails. Le scénario nous plonge dans le Moyen Age du monde musulman, période méconnue. La recension du Coran a-t-elle réellement existé ? En tous les cas l’album est très intéressant, cohérent et passionnant.
Au total, on peut dire que Le décalogue est une série qui marquera la BD franco-belge par l’originalité de son concept. Evoquer un texte fondamental au travers de périodes charnières de l’Histoire et des mésaventures de ses possesseurs successifs, c’est fort. Faire illustrer chacun des segments par un dessinateur différent, c’est osé, mais cela permet à chacun des dessinateurs de s’approprier les personnages et l’époque à laquelle ils appartiennent.
Quant au choix de ces artistes, je reste mitigé. Certains ont un trait fort plaisant qui –parfois- sauve l’album du simple intérêt poli. D’autres peuvent le plomber par manque de fantaisie, d’énergie. Cependant les scenarii sont souvent bien menés, nous permettant de prendre connaissance de points inconnus ou obscurs de notre Histoire, spécialité de Frank Giroud.
J'ai vraiment bien aimé cette bd entrecoupée de courtes nouvelles très bien pensées. Je suis assez friand de science-fiction en général et ces nouvelles "inventées" mais en fait basées sur la réalité du futur par cet homme qui en vient sont intéressantes. Même si on pourra leur reprocher certains clichés sur le monde tel qu'il sera dans le futur, on les suit volontiers et leur chute est souvent originale.
Le dessin, par le même auteur que les derniers SODA, est très bon et les couleurs bien choisies.
Le scénario est assez limité: il ne se passe pas grand chose et c'est prévisible. Cependant, le dessin est d'une telle qualité que je mets un 4/5.
De Felipe nous offre des planches superbes. Les pleines pages sont particulièrement magnifiques. Ce dessin de caractère est mis en relief par de très belles couleurs, dans des tons froids le plus souvent. Cela donne à l'histoire une ambiance de misère qui lui convient bien.
Quand en plus la mise en page est si bien faite... Du grand art!
Je vous conseille donc cette BD pour les dessins de Fernando De Felipe. Ceux qui ont lu Hugo auront peut-être en plus le plaisir de retrouver cette histoire, mais la force de l'album n'est pas là.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Yiu
Le premier tome est vraiment spécial, avec ses grands dessins pleine page, mais c'est probablement celui que j'ai le plus aimé. Non Téhi ne raconte pas grand-chose sur 60 pages mais il le fait diablement bien! L'action omniprésente sur ces 4 tomes vient en complément d'une intrigue extrêmement bien posée, dans un univers apocalyptique réfléchi à l'organisation sociale, religieuse et politique bien établie, ce qui permet de dérouler l'histoire avec une grande cohérence. Le travail graphique (dessin, design, couleur, ...) est superbe et m'a scotché du début à la fin. Les pleines pages sont incroyablement belles. Au final une BD assez peu abordable mais qui, dans le genre SF, tranche avec 90% de la production habituelle, de qualité bien plus incertaine.
HK
"HK" est une BD que j'ai découverte récemment et qui m'a totalement emballée. Le premier cycle est notamment absolument excellent, scénaristiquement très dense et finalement assez noir. J'aime beaucoup la patte de Trantkat mais pour avoir lu les nouvelles versions du 1.1 en deux tomes (recolorisation impeccable et nécessaire, cases rajoutées pour coller au nouveau format quand ce ne sont pas des pages rajoutées ou montées différemment), j'ai la très nette impression qu'on va atteindre une dimension qualitative très supérieure. Si je mets 5, c'est notamment par rapport à ce futur prometteur parce que je dois reconnaitre que le tome 2.1 m'a un peu déçu. Passons sur la scène de cul qui n'apporte rien mais qui est absolument superbe et diablement osée. Non, ce qui ma chagrine, c'est qu'il ne se passe pas grand chose dans ce "Massilia"... HK était plus intéressant en délinquant un peu collabo qu'en bidasse moyen sur le vieux port. J'espère que la barre sera redressée pour la suite. Et chapeau pour cette réédition qui pour une fois se justifie complétement.
Ingrid
Dethan allie ici un dessin toujours aussi somptueux à une histoire moins anodine que ses autres oeuvres. Sur les traces de sa famille maternelle, "évadée" de ce qui allait devenir la R.D.A., Dethan nous raconte la fin de la guerre, la souffrance d'Allemands qui ne comprenaient pas forcément grand-chose à ce qu'il se passait (et ce n'est pas être négationniste que de reconnaître qu'il y en avait), sans pour autant tous les dédouaner (le voisin membre du parti national socialiste). Le résultat est brillant, subtile alliance entre sujet sérieux et situations anodines de l'enfance, servi par un dessin de toute beauté. Une évidente réussite.
Tante Henriette ou l'Eloge de l'Avarice
Ah, Isabelle Dethan... C'est beau, c'est frais, c'est construit sur plein de petits riens, de situations anodines, de souvenirs d'enfance. Alors non, il ne se passe pas grand chose, on n'est pas happé par l'intrigue, emporté dans des aventures improbables mais j'ai par contre été totalement envoûté par cet univers empli de nostalgie et d'une poésie évidente. Le dessin est magnifique, il est presque dommage qu'il n'y ait pas de couleur, comme sur "Eva aux mains bleues", tant le résultat serait somptueux. Dans le genre totalement inutile et complètement indispensable, "Tante Henriette ou l'éloge de l'avarice" est à ne pas manquer.
L'Orme du Caucase
Ce recueil, d'environ 200 pages, regroupe un ensemble de 8 nouvelles réalisées entre mai et août 1993 par Taniguchi. Il s'agit d'adaptations en bande dessinée d'oeuvres de Utsumi. L'orme du caucase qui donne son nom au recueil est la première nouvelle. Il y a d'un côté un sentiment qu'on peut ressentir à la lecture de L'Homme qui marche à savoir l'émerveillement pour peu de choses. Ou du moins pour des choses qui ne nous paraissent pas valoir le coup de s'y attarder ou encore qu'on ne prend pas le temps d'apprécier. C'est ce qu'on ressent devant ces deux hommes face à l'orme du Caucase majestueux. Il était là bien avant tout le monde mais il gêne le voisinage, donc il faut se résoudre à l'abattre car les gens ne pensent qu'à eux et pas à l'arbre qui lui n'a rien demandé. Je dirais que le dénominateur commun de la majorité des nouvelles est la famille. Les relations dans une famille entre 2 frères, entre une femme et sa belle-fille ou autre sont très bien décrites et cet album est plein de bons sentiments. Il déborde de gentillesse comme le dit le romancier Yoshikawa dans sa postface, pas de violence mais de la tranquillité et de l'apaisement. Les dessins sont très bons comme d'habitude avec Taniguchi, vraiment très fins même si on pourra lui reprocher de dessiner souvent des visages très semblables. Pour conclure, on peut dire que voilà encore un très bel ouvrage de Taniguchi à se procurer.
Julius Corentin Acquefacques
Ca y est, ce bon vieux Julius m'est enfin passé entre les mains, et après avoir eu des avis divers sur cette série au fil des tomes, je me suis mis d'accord avec moi-même en refermant le cinquième. En effet, les différents opus de la série sont assez inégaux : le premier tome exploite une idée tout bonnement géniale, mais j'ai eu quelque peu l'impression que l'auteur se reposait sur l'originalité facile de son fil conducteur. Toutefois, tant de trouvailles font de "L'origine" un excellent album. Le deuxième tome n'a malheureusement fait que confirmer l'impression du tome 1 : MAM exploite à fond l'univers décalé qu'il a créé, sans s'intéresser assez, ici, à ses personnages. Le tome 3, lui, est clairement incontournable ; alors que l'on pense avoir compris le petit jeu de l'auteur, il bouscule toutes les règles d'un monde sans règles, et la fin cyclique déconcerte tant on se rend compte de la cohérence parfaite de l'oeuvre. Le tome du miroir est très intéressant, ne serait-ce que pour l'intérêt de l'exercice de style, mais je n'ai pas vraiment pris de plaisir à le lire, le déclic n'a pas fonctionné pleinement. Le dernier tome, tout récent, est quant à lui tout à fait indispensable, à l'égal du tome 3, autant par son scénario (point de fuite et consorts sont brillamment utilisés pour fabriquer un scénario prenant malgré son absurdité brute) que par les petites surprises (forcément plaisantes) qui parcourent l'album, tel que le passage en 3D, avec lunettes et tout (la classe). Bref, Mathieu est incroyablement doué, même si j'ai eu l'impression (peut-être pleine d'espoir) qu'il pouvait encore faire beaucoup mieux si l'originalité primait moins sur les personnages et le scénario.
L'Homme qui rit
Je partage entièrement l'avis d'elveen. Ce one shot retrace le destin tragique de Gwynplaine, jeune homme au visage hilare abandonné par une bande de comprachicos repentis. Le visage déformé de Gwynplaine (bouche fendue et gencives dénudées) est animé d'un rire perpétuel, d'où le surnom de "l'homme qui rit". De Felipe centre son récit autour d'un trio marginalisé mais fortement uni : Gwynplaine (le personnage central), Ursus (philosophe nomade, mi-guérisseur, mi-saltimbanque) accompagné de Homo (le loup) et Déa (nourrisson aveugle devenue jeune femme). La trame de l’histoire est relativement simple mais le récit pèse par les propos sombres mis en avant par l’auteur. En effet, De Felipe s’applique à retranscrire les souffrances et l’espoir de l’homme qui rit sous un trait en parfaite adéquation avec la noirceur du récit. L’alternance des tons chauds et froids participe grandement à l’ambiance glauque mais captivante qui se dégage des planches. J’ai donc apprécié le graphisme et j’ai suivi le récit avec intérêt grâce à des dialogues percutants. Un regret peut être : les desseins de Lord Bellew à l’égard de l’homme qui rit ne sont pas dévoilés mais cela n’est que secondaire après tout . . . Une bd vite lue (une deuxième lecture est d’ailleurs vivement conseillée) mais elle vaut le détour !
Le Décalogue
Le Décalogue 4/5 Chaque album ayant un dessinateur et des personnages différents, je vais aviser chaque album. Tome 1 – Le manuscrit
Ayant lu ce tome après les deux suivants, j’ai eu une drôle d’impression en le lisant, comme du « déjà lu ». Il me semble d’ailleurs avoir vu une prépublication quelque part (Bo doï ?). Bref, j’ai trouvé cette histoire très prenante, une bonne introduction au reste de la série. Je trouve le dessin de Béhé un peu académique (normal, il est prof de dessin !) mais il est bien agréable.
Tome 2 – La Fatwa
Pas grand-chose à dire, si ce n’est que c’est un très bon album, très intéressant. Giroud commence à esquisser ce qui fera le sujet de son Décalogue. L’histoire est très intéressante, bien servie par le dessin fort plaisant de Giulio de Vita.
Tome 3 – Le Météore
J’ai été étonné par deux éléments dans cet opus. Premièrement, le cadre de l’intrigue, les météores, cadre a priori peu en rapport avec la religion musulmane ; cependant, on y retrouve d’autres éléments, l’érudition et la bibliophilie en particulier. Le deuxième élément qui m’a étonné, c’est l’identité du tueur.
--SPOILER—
Ami lecteur, ce n’est pas le Colonel Moutarde qui a fait le coup.
--FIN SPOILER—
L’histoire n’est pas trop mal menée, mais n’est pas vraiment originale. Le mauvais point vient du dessin de JF Charles, assez médiocre à mon goût.
Tome 4 – Le Serment
D’emblée, j’ai été frappé par le dessin de TBC ; il contraste fortement avec les autres dessinateurs de la série. Un encrage plus épais, un style un poil moins réaliste… qui finalement fait plaisir à l’œil. Le choix de TBC n’est pas innocent, car les racines du récit sont en Yougoslavie, pays dont il est originaire. Ce récit, cependant, m’a semblé un peu faiblard par rapport aux trois premiers tomes de la série. Je ne sais pas pourquoi… Mais ça reste très distrayant.
Tome 5 – Le Vengeur
Une histoire trouble qui plonge au cœur du conflit des Balkans et de leurs conséquences multiples au début du 20ème siècle. Très intéressant pour ce qui est des moments inconnus de l’Histoire (comme souvent chez Giroud) et instructif. L’histoire, celle d’une manipulation, est bien menée. J’ai un peu de mal avec le trait de Rocco, que je trouve un peu léger, même s’il s’apparente à celui de Jean Giraud sur nombre de points.
Tome 6 – L’Echange
Bof bof… Peut-être l’album le moins intéressant à mon goût. Les histoires de bébés échangés donnent rarement des chefs-d’œuvre. Celle-ci n’échappe pas à la règle. C’est téléphoné, lent et on se lasse vite de l’histoire. Le dessin de Mounier est moche, trop dénué de fantaisie à mon goût.
Tome 7 – Les Conjurés
Légère déception pour ce tome 7. L’histoire d’une égérie se jetant à corps perdu dans un idéal pour ne pas céder à un amour impossible a déjà été largement traité dans Sambre. le seul véritable intérêt de l’histoire réside dans le tournant essentiel dans l’histoire de Nahik. Paul Gillon est un vieux routard de la BD. Mais j’ai vraiment du mal avec son style et son découpage, qui n’ont pas évolué depuis 40 ans.
Tome 8 – Nahik
Histoire courte montrant comment Nahik peut rendre fou, ce 8ème tome est un peu supérieur aux précédents dans la mesure où on décroche moins du scénario, axé sur cette descente dans la folie. Le dessin de Rollin n’est pas super-super, n’améliorant pas l’intérêt de ce tome 8.
Tome 9 – Nahik
L’un des meilleurs albums du Décalogue. Un vrai parfum d’aventure, une ambiance exotique et un destin tragique assortis d’une histoire d’amour impossible, les bons ingrédients sont là, servis par le dessin nerveux et « historique » de Faure. Un album fort plaisant.
Tome 10 – La dernière Sourate
La série se conclue sur un magnifique album, qui est aussi le dernier du regretté Franz. Celui-ci nous offre le meilleur de son dessin, tout en nervosité et en richesse de détails. Le scénario nous plonge dans le Moyen Age du monde musulman, période méconnue. La recension du Coran a-t-elle réellement existé ? En tous les cas l’album est très intéressant, cohérent et passionnant.
Au total, on peut dire que Le décalogue est une série qui marquera la BD franco-belge par l’originalité de son concept. Evoquer un texte fondamental au travers de périodes charnières de l’Histoire et des mésaventures de ses possesseurs successifs, c’est fort. Faire illustrer chacun des segments par un dessinateur différent, c’est osé, mais cela permet à chacun des dessinateurs de s’approprier les personnages et l’époque à laquelle ils appartiennent.
Quant au choix de ces artistes, je reste mitigé. Certains ont un trait fort plaisant qui –parfois- sauve l’album du simple intérêt poli. D’autres peuvent le plomber par manque de fantaisie, d’énergie. Cependant les scenarii sont souvent bien menés, nous permettant de prendre connaissance de points inconnus ou obscurs de notre Histoire, spécialité de Frank Giroud.
Des lendemains sans nuage
J'ai vraiment bien aimé cette bd entrecoupée de courtes nouvelles très bien pensées. Je suis assez friand de science-fiction en général et ces nouvelles "inventées" mais en fait basées sur la réalité du futur par cet homme qui en vient sont intéressantes. Même si on pourra leur reprocher certains clichés sur le monde tel qu'il sera dans le futur, on les suit volontiers et leur chute est souvent originale. Le dessin, par le même auteur que les derniers SODA, est très bon et les couleurs bien choisies.
L'Homme qui rit
Le scénario est assez limité: il ne se passe pas grand chose et c'est prévisible. Cependant, le dessin est d'une telle qualité que je mets un 4/5. De Felipe nous offre des planches superbes. Les pleines pages sont particulièrement magnifiques. Ce dessin de caractère est mis en relief par de très belles couleurs, dans des tons froids le plus souvent. Cela donne à l'histoire une ambiance de misère qui lui convient bien. Quand en plus la mise en page est si bien faite... Du grand art! Je vous conseille donc cette BD pour les dessins de Fernando De Felipe. Ceux qui ont lu Hugo auront peut-être en plus le plaisir de retrouver cette histoire, mais la force de l'album n'est pas là.