Dans la catégorie "auteurs de comics sérieux et politiquement engagés", Sacco est totalement éclipsé par son collègue Spiegelman aux yeux du grand public. Il faut dire que faire des BDs sur le sort misérable du peuple palestinien ou les tragédies vécues par les civils maltais sous Mussolini vous offre une couverture médiatique moins importante que si vous choisissez des sujets plus vendeurs comme la Shoah ou les attentats du 11 septembre. Du coup, Sacco reste dans l’ombre… Mais bon, ça n’enlève rien à son talent et, à défaut de s’être fait des couilles en or et un piédestal en marbre de Grand Auteur de Bandes Dessinées, Sacco a quand même toute mon estime et mon admiration ce qui, vous en conviendrez, n’est quand même pas de la gnognotte.
Tantôt drôle, tantôt tragique, passant des anecdotes débiles sur la vie de rockers ratés en tournée à des planches glaçantes sur les bombardements sur des populations civiles, l’album montre l’étendue de la palette de Sacco, à mes yeux l’un des plus grands auteurs de comics actuels, moins pour sa plume de dessinateur (vu que son style n’est pas super beau, pour ne pas dire moche) que pour sa plume d’écrivain-reporter, son regard lucide et ironique sur le monde, son humour, sa modestie…
Soyons clair : si vous n’avez pas aimé Palestine ou Gorazde, ce n’est pas le Journal d’un défaitiste qui vous réconciliera avec cet auteur. En revanche, si vous ne le connaissez pas du tout, c’est le meilleur moyen de découvrir son œuvre (et de savoir tout de suite si vous aimerez ou non ses autres bouquins). Et si vous êtes fan, c’est carrément un titre indispensable.
Certains chapitres sont quand même plus faibles que d’autres. Autre défaut : il faut avouer que c’est un peu un mix de tout et n’importe quoi ; l’album manque donc un peu de cohésion. Du coup, il passe à côté de la note maximale.
Cela dit, ça reste un excellent livre, qui vaut bien ses 21 euros.
Une des BDs les plus noires que j'ai jamais lue. Il est difficile de trouver dans l'ensemble de ce bien bel ouvrage une case qui respire autre chose que le désenchantement, la noirceur ou le pessimisme. Tout cela est glauque et cynique à souhait : bref, ça fait froid dans le dos (brrrr!!)
L'histoire, quant à elle, est une sorte de "resucée" (po joli comme terme, mais j'en trouve pas d'autre...) de 1984, remise au goût du jour (m'enfin, tout cela reste excessivement intemporel tout de même). Moore a réussi à éviter le piège du canevas classique "héros gentil et sa belle qui veulent sauver le monde du totalitarisme", en insufflant au personnage principal un aspect sombre et inquiétant aussi bien dans son attitude que dans ses actes : moi j'aime beaucoup son côté "on ne peut pas faire la révolution sans faire péter quelques monuments", ça doit être mon petit côté Arlette qui ressort.
Concernant le dessin, je trouve qu'il est en parfaite adéquation avec le message délivré, rien à redire là-dessus pour ma part ; même si ce n'est pas le plus beau coup de crayon qui soit, il est très expressif et singulièrement angoissant.
Une lecture vivement conseillée donc, même si j'ai décroché une ou deux fois du récit. Un ouvrage qui doit, à mon sens, se trouver dans toute bonne BDthèque qui se respecte.
Franchement, vu le résumé qui est fait sur la fiche et sans avoir lu les avis des différents lecteurs, j'aurais mis ma main à couper que c'était un bon gros nanar. Comme "Sophia" quoi sauf que là j'avais raison. Si j'étais tombé par hasard dessus chez mon libraire, il lui aurait fallu des tonnes de persuasion pour me convaincre d'acheter ce bouquin, le photoshopage extrème n'étant pas, de plus, mon sport préféré. Donc forcément, en attaquant la lecture de l'ovni et malgré la lecture des différents avis, j'étais toujours un peu circonspect je vous l'avouerais. Mais bon, Kael m'avait juré qu'il y avait du cul donc ça devait se lire pas trop mal quand même.
Petite déception, du cul y en a pas tant que ça. Alors oui, certes, Lola est une pute et continue de mener une vie de bayadère même après avoir été enlevée par les extraterrestres mais c'est plus du cul marrant, notamment par la teneur des dialogues, qu'un défilé de chair gironde. Satisfaction: le graphisme, quand même vachement particulier, ne m'a pas fait plus souffrir que ça au contraire; il faut dire que le découpage est magistral, d'une originalité rarement vue en bande dessinée une fois que l'on a mis Andréas de côté.
Le scénar est complétement déjanté; Qwak est dans un trip interstellaire et il nous y entraine avec brio. Toujours à la lisière du nanar de par les différentes inventions extraterrestres (une nana se baladant dans l'espace en taille Galactus X Rocco et respirant l'air des planètes qu'elle croise, est-ce encore un scénario?), Qwak échappe miraculeusement à la culbute fatale sauf peut-être vers la fin et cette planche avec Chirac (habillé tout de même, on n'est pas à Brégançon) qui est vraiment de trop. Le côté déjanté et complétement décousu, tel un Blier sous acide, m'a au final totalement séduit, de même que la fin, pas forcément très originale pourtant (elle suit un peu le même principe que tous les films traitant de la théorie du chaos en fait). Mais bon on est loin du culte tout de même. On tient là une bonne BD, originale, et c'est déjà pas mal!
La lecture du premier opus, lors de sa sortie, ne m’avait pas franchement emballé, la faute à un récit qui ne m’avait pas captivé outre mesure malgré la qualité des planches de Sorel.
Une lecture récente des deux premiers tomes m’a fait revoir mon jugement. Bigre, comment ai-je pu passé à côté d’un tel récit ? Certes, le voile n’est pas entièrement levé, le côté fantastique de l’histoire gardant une part de mystère (la signification des lapins et des pies m’a aussi échappé, tout comme Ro). Toutefois, ces non-dits ne gênent en rien le plaisir de lecture, ni la compréhension de l’histoire, centralisée sur ce curieux petit bonhomme accompagnant William. De plus, la narration est vraiment prenante. Quant aux planches, elles parlent d’elles-mêmes !
J’attends la sortie du tome 4 pour commencer le second cycle. :)
Les BDs de Cabu, très imprégnées de l’esprit de l’époque à laquelle elles ont été écrites, tombent petit à petit dans un oubli quasi-total.
Pourtant Mon Beauf’, s’il représente clairement le Français moyen-minable de la France de De Gaulle, Pompidou et Giscard, le Dupont-Lajoie poujado des années 60-70, n’a pas tant vieilli que ça. D’ailleurs le mot lui-même, popularisé par Cabu justement, est rentré dans le français courant et s’utilise encore très couramment aujourd’hui. Et des beaufs semblables au beau-frère de Duduche, on en rencontre encore par paquets de 12 n’importe où, dans le métro, dans les troquets, dans les réunions de famille, à la télé. On les voit même fièrement relever la tête depuis quelques années, dans cette France réac qui a envoyé Le Pen au second tour des présidentielles 2002, qui mettra sans doute Sarkozy sur le trône en 2007, cette vieille France catho bien à droite qui envoie les CRS tabasser les lycéens qui manifestent, qui n’aime pas les Arabes, qui met en avant la "laïcité" quand il s'agit d'emmerder les musulmans puis, en bonne chrétienne, se prosterne officiellement quand le pape claque, qui n’aime pas les jeunes, qui aime son petit confort et sa sécurité, bref cette France qui a fini par arrêter de jouer au "pays des droits de l’Homme" pour s’assumer comme la mère-patrie des beaufs imbéciles et fachos dessinés par Cabu et chantés par Renaud.
Bref, dans le fond la France d’aujourd’hui et celle de Mon Beauf’ ne sont pas si différentes.
Du coup, la caricature vacharde (et pas toujours hyper subtile) de Cabu fait encore souvent mouche, même si depuis Cabu, le personnage du beauf a été maintes et maintes fois réutilisé en BD, à la télévision et au cinéma. Il faut néanmoins savoir que, si l’on a bien affaire à une BD d’humour et qu’il y a pas mal de bons gags bien sentis, il y a aussi quelques passages quasi "documentaires" plutôt sordides, ce qui fait qu’on ne rit pas toujours aux éclats face à Mon Beauf’. Un peu comme face à vrai beauf’ finalement : évidemment, il est si con que ça peut être drôle de l’écouter débiter ses débilités, et en même temps, c’est effrayant, parce qu’on sait que des comme lui, il y en a des millions d’autres, et que même ceux qui n’ont pas de fusil et de berger allemand chez eux ont sans doute, en revanche, une carte d’électeur.
Bref, voilà, personnellement je trouve que c’est une BD qu’il est bon de redécouvrir aujourd’hui (évidemment, c’est épuisé, pas réédité, donc il faudra fouiller chez les bouquinistes et sur le net).
En règle générale, je ne suis pas hyper-fan de BD-documentaires. Je suis même souvent très agacé par les consensus autour de BD "sérieuses" comme Rural ! ou Pilules bleues, persuadé que les gens les encensent non pas pour récompenser leur qualité, mais simplement pour témoigner leur sympathie à la cause traitée dans ces albums.
C'est donc avec un a priori plutôt négatif que j'ai ouvert Le Photographe (je précise néanmoins que je ne suis pas maso et que je n'ai pas décidé de le lire pour le plaisir de me faire du mal : c'était une obligation professionnelle).
J'ai été agréablement surpris, et j'ai dévoré les 2 tomes sans m'arrêter, comme une passionnante série d'aventures.
Le dessin de Guibert et les photos se complètent parfaitement. Le propos est intelligent, instructif, lucide, jamais larmoyant, ne verse pas dans la glorification à outrance des héros-qui-vouent-leur-vie-à-aider-les-autres.
Le périple de cette caravane se suit avec intérêt, on ne s'ennuie pas un instant. Bref, j'ai hâte que le tome 3 sorte.
Voilà une BD bien drôle comme je les aime... Se moquer gentiment des altermondialistes sans tomber dans une lourde parodie tout juste bonne à faire rire le MEDEF et les lecteurs du Figaro, telle est la grande réussite de cet album.
La caricature est franchement bien vue, certains gags m'ont carrément fait éclater de rire (la mascotte du mouvement ATTAC, l'arme absolue de José Bové, la visite à la boutique altermondialiste...), bref j'ai passé un très bon moment avec cette BD.
Devant tant d’avis dithyrambiques, j’ai profité d’une visite chez mon libraire pour me le procurer, et merci…
C’est génial ce truc. Et pourtant, ça cumule les handicaps (à mon sens), du photoshop en veux-tu ? En voila… et un scénario qui, mis entre les mains de n’importe qui, aurait pu donner un des pires nanars jamais vu.
Mais Qwak domine tout de A à Z sans la moindre fausse note, le dessin est traité avec beaucoup de brio, variation du trait et du style, mis en page donnant un vrai rythme aux dessins et le scénario est super bétonné.
On y croit… on n’y croit pas… on y croit à son histoire à Lola. Qwak nous emmène là où il veut et on se laisse faire, parce que ça fonctionne très bien et que c’est taillé au millimètre.
Bon, c’est clair, il y a du cul, mais en même temps c’est l’histoire d’une pute, et qui sait se servir de son « fond de commerce » pour obtenir tout ce qu’elle veut. Y compris sauver la terre (ou plutôt ses copines) de la destruction totale.
La première phrase donne effectivement le ton. Mais il n’y a rien de trop, c’est pas de la fesse pour de la fesse, ça s'inscrit dans une vrai logique scénaristique et ça ne tombe pas comme un cheveux (à défaut d’autre chose) dans la soupe. Bon, je n’irais pas l’offrir à mon petit neveu, non plus…
C’est absolument à lire, c’est la bd du moment, et je crois même qu’elle restera une référence…
Du même auteur, je n'avais rien lu ou presque, juste un début du Bibendum céleste qui m'avait très vite gavé. Je me suis quand même laissé tenter par la lecture de Salvatore, juste à cause de sa chouette couverture, mais je n'en attendais pas grand'chose de bon, je craignais même une mauvaise imitation de Betty Blues dans le genre "histoire d'amour animalier", avec un dessin un peu dans le même style "un peu gribouillis mais mignon quand même".
Et finalement, j'ai été plus qu'agréablement surpris. C'est original, c'est joli, l'auteur pratique un humour pince-sans-rire que j'aime beaucoup... Bref, un album franchement très sympa.
Je ne conseille pas encore l'achat parce qu'un seul tome est sorti pour l'instant et que j'attends de voir si Salvatore se confirme réellement comme une bonne série sur la durée.
Mais en attendant la suite, Transports amoureux est un 1er tome très réussi dont je conseille fortement la lecture.
Il y a des albums, on passe à côté sans même les voir (il faut dire que la couverture fait plutôt penser au dessin animé), et c'est un tort énorme.
Publié un an après le magistral et cultissime Batman - Dark Knight, Batman - Year One bénéficie des qualités de son grand frère. Ici encore Miller signe un scénario sombre et empreint d'une grande force, toujours à la limite de la violence. Cette force imprègne chaque page, qu'elle émane du personnage de Batman lui-même, de Gordon, Selina, ou même des personnages secondaires. On peut dire sans exagérer qu'elle fait partie des fondations de l'ouvrage.
Le Batman que l'on voit ici est encore Bruce Wayne. Physiquement exceptionnel, il n'est cependant pas encore un super-héros. Déjà doté de ses gadgets, ce qui lui manque c'est non seulement la connaissance de Gotham, de ses bas-fonds, de ses criminels et des rouages de la politique locale, mais aussi et surtout un esprit. On le comprend bien lors de ses premières expériences, maladroites et qui tournent presque à la catastrophe, non seulement pour lui-même mais aussi pour les autres. L'inspiration lui viendra sous la forme d'une révélation et d'une chauve-souris. Inspirer la crainte, paralyser l'ennemi, voilà la voie qu'il va suivre.
Pourtant, Batman n'est pas le personnage principal ici. En terme d'espace, Gordon apparaît sans doute plus souvent. Et ses débuts sont eux aussi difficiles, parmi une police corrompue, pourrie, au service des politiques véreux. Il va devoir gagner sa place à la dure. Au fil des pages on comprend les intérêts qui vont le lier à Batman, le cheminement qui les amène à se connaître et "faire équipe". Le personnage est assez loin d'être monolithique. Miller parvient à lui donner un côté très droit, tout en nuançant largement le personnage.
Apparaissent également, quoique dans une moindre mesure, Selina (la future CatWoman) et Harvey Dent (le futur Double Face).
Côté réalisation, Mazzuccheli est bon, très bon ! Son dessin peut plaire ou non (les couleurs en particulier, sont très vieillottes), mais sa mise en scène est impeccable, d'une excellente fluidité mais aussi et surtout d'une force remarquable ! De même que dans Dark Knight, certaines cases ou scènes donnent carrément des frissons.
Un album assez dense donc, qui remet en scène la naissance de Batman de façon magistrale. Suffisamment riche à mon avis pour que quelques relectures soient les bienvenues.
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Journal d'un défaitiste
Dans la catégorie "auteurs de comics sérieux et politiquement engagés", Sacco est totalement éclipsé par son collègue Spiegelman aux yeux du grand public. Il faut dire que faire des BDs sur le sort misérable du peuple palestinien ou les tragédies vécues par les civils maltais sous Mussolini vous offre une couverture médiatique moins importante que si vous choisissez des sujets plus vendeurs comme la Shoah ou les attentats du 11 septembre. Du coup, Sacco reste dans l’ombre… Mais bon, ça n’enlève rien à son talent et, à défaut de s’être fait des couilles en or et un piédestal en marbre de Grand Auteur de Bandes Dessinées, Sacco a quand même toute mon estime et mon admiration ce qui, vous en conviendrez, n’est quand même pas de la gnognotte. Tantôt drôle, tantôt tragique, passant des anecdotes débiles sur la vie de rockers ratés en tournée à des planches glaçantes sur les bombardements sur des populations civiles, l’album montre l’étendue de la palette de Sacco, à mes yeux l’un des plus grands auteurs de comics actuels, moins pour sa plume de dessinateur (vu que son style n’est pas super beau, pour ne pas dire moche) que pour sa plume d’écrivain-reporter, son regard lucide et ironique sur le monde, son humour, sa modestie… Soyons clair : si vous n’avez pas aimé Palestine ou Gorazde, ce n’est pas le Journal d’un défaitiste qui vous réconciliera avec cet auteur. En revanche, si vous ne le connaissez pas du tout, c’est le meilleur moyen de découvrir son œuvre (et de savoir tout de suite si vous aimerez ou non ses autres bouquins). Et si vous êtes fan, c’est carrément un titre indispensable. Certains chapitres sont quand même plus faibles que d’autres. Autre défaut : il faut avouer que c’est un peu un mix de tout et n’importe quoi ; l’album manque donc un peu de cohésion. Du coup, il passe à côté de la note maximale. Cela dit, ça reste un excellent livre, qui vaut bien ses 21 euros.
V pour Vendetta
Une des BDs les plus noires que j'ai jamais lue. Il est difficile de trouver dans l'ensemble de ce bien bel ouvrage une case qui respire autre chose que le désenchantement, la noirceur ou le pessimisme. Tout cela est glauque et cynique à souhait : bref, ça fait froid dans le dos (brrrr!!) L'histoire, quant à elle, est une sorte de "resucée" (po joli comme terme, mais j'en trouve pas d'autre...) de 1984, remise au goût du jour (m'enfin, tout cela reste excessivement intemporel tout de même). Moore a réussi à éviter le piège du canevas classique "héros gentil et sa belle qui veulent sauver le monde du totalitarisme", en insufflant au personnage principal un aspect sombre et inquiétant aussi bien dans son attitude que dans ses actes : moi j'aime beaucoup son côté "on ne peut pas faire la révolution sans faire péter quelques monuments", ça doit être mon petit côté Arlette qui ressort. Concernant le dessin, je trouve qu'il est en parfaite adéquation avec le message délivré, rien à redire là-dessus pour ma part ; même si ce n'est pas le plus beau coup de crayon qui soit, il est très expressif et singulièrement angoissant. Une lecture vivement conseillée donc, même si j'ai décroché une ou deux fois du récit. Un ouvrage qui doit, à mon sens, se trouver dans toute bonne BDthèque qui se respecte.
Apocalypse selon Lola (Lola Cordova)
Franchement, vu le résumé qui est fait sur la fiche et sans avoir lu les avis des différents lecteurs, j'aurais mis ma main à couper que c'était un bon gros nanar. Comme "Sophia" quoi sauf que là j'avais raison. Si j'étais tombé par hasard dessus chez mon libraire, il lui aurait fallu des tonnes de persuasion pour me convaincre d'acheter ce bouquin, le photoshopage extrème n'étant pas, de plus, mon sport préféré. Donc forcément, en attaquant la lecture de l'ovni et malgré la lecture des différents avis, j'étais toujours un peu circonspect je vous l'avouerais. Mais bon, Kael m'avait juré qu'il y avait du cul donc ça devait se lire pas trop mal quand même. Petite déception, du cul y en a pas tant que ça. Alors oui, certes, Lola est une pute et continue de mener une vie de bayadère même après avoir été enlevée par les extraterrestres mais c'est plus du cul marrant, notamment par la teneur des dialogues, qu'un défilé de chair gironde. Satisfaction: le graphisme, quand même vachement particulier, ne m'a pas fait plus souffrir que ça au contraire; il faut dire que le découpage est magistral, d'une originalité rarement vue en bande dessinée une fois que l'on a mis Andréas de côté. Le scénar est complétement déjanté; Qwak est dans un trip interstellaire et il nous y entraine avec brio. Toujours à la lisière du nanar de par les différentes inventions extraterrestres (une nana se baladant dans l'espace en taille Galactus X Rocco et respirant l'air des planètes qu'elle croise, est-ce encore un scénario?), Qwak échappe miraculeusement à la culbute fatale sauf peut-être vers la fin et cette planche avec Chirac (habillé tout de même, on n'est pas à Brégançon) qui est vraiment de trop. Le côté déjanté et complétement décousu, tel un Blier sous acide, m'a au final totalement séduit, de même que la fin, pas forcément très originale pourtant (elle suit un peu le même principe que tous les films traitant de la théorie du chaos en fait). Mais bon on est loin du culte tout de même. On tient là une bonne BD, originale, et c'est déjà pas mal!
Algernon Woodcock
La lecture du premier opus, lors de sa sortie, ne m’avait pas franchement emballé, la faute à un récit qui ne m’avait pas captivé outre mesure malgré la qualité des planches de Sorel. Une lecture récente des deux premiers tomes m’a fait revoir mon jugement. Bigre, comment ai-je pu passé à côté d’un tel récit ? Certes, le voile n’est pas entièrement levé, le côté fantastique de l’histoire gardant une part de mystère (la signification des lapins et des pies m’a aussi échappé, tout comme Ro). Toutefois, ces non-dits ne gênent en rien le plaisir de lecture, ni la compréhension de l’histoire, centralisée sur ce curieux petit bonhomme accompagnant William. De plus, la narration est vraiment prenante. Quant aux planches, elles parlent d’elles-mêmes ! J’attends la sortie du tome 4 pour commencer le second cycle. :)
Mon Beauf'
Les BDs de Cabu, très imprégnées de l’esprit de l’époque à laquelle elles ont été écrites, tombent petit à petit dans un oubli quasi-total. Pourtant Mon Beauf’, s’il représente clairement le Français moyen-minable de la France de De Gaulle, Pompidou et Giscard, le Dupont-Lajoie poujado des années 60-70, n’a pas tant vieilli que ça. D’ailleurs le mot lui-même, popularisé par Cabu justement, est rentré dans le français courant et s’utilise encore très couramment aujourd’hui. Et des beaufs semblables au beau-frère de Duduche, on en rencontre encore par paquets de 12 n’importe où, dans le métro, dans les troquets, dans les réunions de famille, à la télé. On les voit même fièrement relever la tête depuis quelques années, dans cette France réac qui a envoyé Le Pen au second tour des présidentielles 2002, qui mettra sans doute Sarkozy sur le trône en 2007, cette vieille France catho bien à droite qui envoie les CRS tabasser les lycéens qui manifestent, qui n’aime pas les Arabes, qui met en avant la "laïcité" quand il s'agit d'emmerder les musulmans puis, en bonne chrétienne, se prosterne officiellement quand le pape claque, qui n’aime pas les jeunes, qui aime son petit confort et sa sécurité, bref cette France qui a fini par arrêter de jouer au "pays des droits de l’Homme" pour s’assumer comme la mère-patrie des beaufs imbéciles et fachos dessinés par Cabu et chantés par Renaud. Bref, dans le fond la France d’aujourd’hui et celle de Mon Beauf’ ne sont pas si différentes. Du coup, la caricature vacharde (et pas toujours hyper subtile) de Cabu fait encore souvent mouche, même si depuis Cabu, le personnage du beauf a été maintes et maintes fois réutilisé en BD, à la télévision et au cinéma. Il faut néanmoins savoir que, si l’on a bien affaire à une BD d’humour et qu’il y a pas mal de bons gags bien sentis, il y a aussi quelques passages quasi "documentaires" plutôt sordides, ce qui fait qu’on ne rit pas toujours aux éclats face à Mon Beauf’. Un peu comme face à vrai beauf’ finalement : évidemment, il est si con que ça peut être drôle de l’écouter débiter ses débilités, et en même temps, c’est effrayant, parce qu’on sait que des comme lui, il y en a des millions d’autres, et que même ceux qui n’ont pas de fusil et de berger allemand chez eux ont sans doute, en revanche, une carte d’électeur. Bref, voilà, personnellement je trouve que c’est une BD qu’il est bon de redécouvrir aujourd’hui (évidemment, c’est épuisé, pas réédité, donc il faudra fouiller chez les bouquinistes et sur le net).
Le Photographe
En règle générale, je ne suis pas hyper-fan de BD-documentaires. Je suis même souvent très agacé par les consensus autour de BD "sérieuses" comme Rural ! ou Pilules bleues, persuadé que les gens les encensent non pas pour récompenser leur qualité, mais simplement pour témoigner leur sympathie à la cause traitée dans ces albums. C'est donc avec un a priori plutôt négatif que j'ai ouvert Le Photographe (je précise néanmoins que je ne suis pas maso et que je n'ai pas décidé de le lire pour le plaisir de me faire du mal : c'était une obligation professionnelle). J'ai été agréablement surpris, et j'ai dévoré les 2 tomes sans m'arrêter, comme une passionnante série d'aventures. Le dessin de Guibert et les photos se complètent parfaitement. Le propos est intelligent, instructif, lucide, jamais larmoyant, ne verse pas dans la glorification à outrance des héros-qui-vouent-leur-vie-à-aider-les-autres. Le périple de cette caravane se suit avec intérêt, on ne s'ennuie pas un instant. Bref, j'ai hâte que le tome 3 sorte.
Il faut tuer José Bové
Voilà une BD bien drôle comme je les aime... Se moquer gentiment des altermondialistes sans tomber dans une lourde parodie tout juste bonne à faire rire le MEDEF et les lecteurs du Figaro, telle est la grande réussite de cet album. La caricature est franchement bien vue, certains gags m'ont carrément fait éclater de rire (la mascotte du mouvement ATTAC, l'arme absolue de José Bové, la visite à la boutique altermondialiste...), bref j'ai passé un très bon moment avec cette BD.
Apocalypse selon Lola (Lola Cordova)
Devant tant d’avis dithyrambiques, j’ai profité d’une visite chez mon libraire pour me le procurer, et merci… C’est génial ce truc. Et pourtant, ça cumule les handicaps (à mon sens), du photoshop en veux-tu ? En voila… et un scénario qui, mis entre les mains de n’importe qui, aurait pu donner un des pires nanars jamais vu. Mais Qwak domine tout de A à Z sans la moindre fausse note, le dessin est traité avec beaucoup de brio, variation du trait et du style, mis en page donnant un vrai rythme aux dessins et le scénario est super bétonné. On y croit… on n’y croit pas… on y croit à son histoire à Lola. Qwak nous emmène là où il veut et on se laisse faire, parce que ça fonctionne très bien et que c’est taillé au millimètre. Bon, c’est clair, il y a du cul, mais en même temps c’est l’histoire d’une pute, et qui sait se servir de son « fond de commerce » pour obtenir tout ce qu’elle veut. Y compris sauver la terre (ou plutôt ses copines) de la destruction totale. La première phrase donne effectivement le ton. Mais il n’y a rien de trop, c’est pas de la fesse pour de la fesse, ça s'inscrit dans une vrai logique scénaristique et ça ne tombe pas comme un cheveux (à défaut d’autre chose) dans la soupe. Bon, je n’irais pas l’offrir à mon petit neveu, non plus… C’est absolument à lire, c’est la bd du moment, et je crois même qu’elle restera une référence…
Salvatore
Du même auteur, je n'avais rien lu ou presque, juste un début du Bibendum céleste qui m'avait très vite gavé. Je me suis quand même laissé tenter par la lecture de Salvatore, juste à cause de sa chouette couverture, mais je n'en attendais pas grand'chose de bon, je craignais même une mauvaise imitation de Betty Blues dans le genre "histoire d'amour animalier", avec un dessin un peu dans le même style "un peu gribouillis mais mignon quand même". Et finalement, j'ai été plus qu'agréablement surpris. C'est original, c'est joli, l'auteur pratique un humour pince-sans-rire que j'aime beaucoup... Bref, un album franchement très sympa. Je ne conseille pas encore l'achat parce qu'un seul tome est sorti pour l'instant et que j'attends de voir si Salvatore se confirme réellement comme une bonne série sur la durée. Mais en attendant la suite, Transports amoureux est un 1er tome très réussi dont je conseille fortement la lecture.
Batman - Année Un (Year One)
Il y a des albums, on passe à côté sans même les voir (il faut dire que la couverture fait plutôt penser au dessin animé), et c'est un tort énorme. Publié un an après le magistral et cultissime Batman - Dark Knight, Batman - Year One bénéficie des qualités de son grand frère. Ici encore Miller signe un scénario sombre et empreint d'une grande force, toujours à la limite de la violence. Cette force imprègne chaque page, qu'elle émane du personnage de Batman lui-même, de Gordon, Selina, ou même des personnages secondaires. On peut dire sans exagérer qu'elle fait partie des fondations de l'ouvrage. Le Batman que l'on voit ici est encore Bruce Wayne. Physiquement exceptionnel, il n'est cependant pas encore un super-héros. Déjà doté de ses gadgets, ce qui lui manque c'est non seulement la connaissance de Gotham, de ses bas-fonds, de ses criminels et des rouages de la politique locale, mais aussi et surtout un esprit. On le comprend bien lors de ses premières expériences, maladroites et qui tournent presque à la catastrophe, non seulement pour lui-même mais aussi pour les autres. L'inspiration lui viendra sous la forme d'une révélation et d'une chauve-souris. Inspirer la crainte, paralyser l'ennemi, voilà la voie qu'il va suivre. Pourtant, Batman n'est pas le personnage principal ici. En terme d'espace, Gordon apparaît sans doute plus souvent. Et ses débuts sont eux aussi difficiles, parmi une police corrompue, pourrie, au service des politiques véreux. Il va devoir gagner sa place à la dure. Au fil des pages on comprend les intérêts qui vont le lier à Batman, le cheminement qui les amène à se connaître et "faire équipe". Le personnage est assez loin d'être monolithique. Miller parvient à lui donner un côté très droit, tout en nuançant largement le personnage. Apparaissent également, quoique dans une moindre mesure, Selina (la future CatWoman) et Harvey Dent (le futur Double Face). Côté réalisation, Mazzuccheli est bon, très bon ! Son dessin peut plaire ou non (les couleurs en particulier, sont très vieillottes), mais sa mise en scène est impeccable, d'une excellente fluidité mais aussi et surtout d'une force remarquable ! De même que dans Dark Knight, certaines cases ou scènes donnent carrément des frissons. Un album assez dense donc, qui remet en scène la naissance de Batman de façon magistrale. Suffisamment riche à mon avis pour que quelques relectures soient les bienvenues.