Ce qui frappe d’entrée, c’est la richesse de l’univers développé par Nancy peña. En effet, en déterminant dès le départ les caractéristiques de chacun des peuples de ce monde, elle s’impose un cadre précis et structuré, un véritable canevas, qui rend son univers très cohérent. Son graphisme, délicieusement fantasy, donne à la série un cachet très agréable, à la fois touchant et inventif.
Nancy Peña commence à broder un vêtement au maillage astucieux, au motif qui est encore à l’état d’ébauche, mais qui promet. C’est de la belle ouvrage.
Les Protocoles des sages de Sion sont une supercherie, on le répète. Pourtant ils continuent d’être publiés et d’être une référence, un point d’ancrage pour les antisémites et tous ceux pour lesquels la thèse du complot juif est une idée séduisante.
Will Eisner reste, malgré sa disparition récente, un auteur éminemment important, ayant une carrière de plus d’un demi-siècle. Il a fait du patrimoine juif américain le sujet de nombre de ses ouvrages, sans toutefois en faire son fonds de commerce, à l’instar d’un Woody Allen par exemple, avec l’humour juif new-yorkais.
Le Complot se présente comme le testament de cet immense auteur ; c’est un ouvrage sur lequel il a travaillé par intermittences pendant 20 ans. Il est donc logique que cet ouvrage parle d’un sujet qui lui tienne à cœur.
Malheureusement ce testament est un peu en-deça du vibrant plaidoyer que l’on était en droit d’attendre. Cela ressemble plutôt à un catalogue impressionnant des différentes éditions des Protocoles.
On aurait aimé qu’Eisner s’implique plus fortement dans son enquête, on aurait aimé ressentir sa colère, sa frustration, son dégoût face à l’attitude irrationnelle de bon nombre de gens. Mais il ne faut oublier qu’il avait déjà plus de 60 ans quand il a commencé à travailler à son Complot, et qu’il en avait presque 90 lorsqu’il l’a achevé. Sans doute la lassitude et le poids des ans ont-ils adouci, édulcoré son amertume.
Il n’empêche que c’est un livre passionnant, qui retrace TOUTES les étapes de la vie d’un livre qui a compté et compte encore dans l’imaginaire et la conscience collectifs. Graphiquement, le style d’Eisner est encore intact, et son dessin presque européen rend son récit fort agréable.
J'aime bien Rabaté, ses albums sont surprenants, pour celui là, rien que la couverture a définitivement motivé mon achat, et je n'ai pas été déçu!
Le sujet tout en étant simple est des plus originaux, prendre un vieux pour héros et lui consacrer 94 pages tout en pondant une histoire plaisante, émouvante et souvent drôle, ça me paraît assez rare dans le paysage de la BD.
Emile notre héros va vivre des moments très forts à l'instant ou il pensait sa vie terminée; c'est une idée que j'aime beaucoup et Rabaté la met parfaitement en scène.
L'histoire est contée de façon douce, pourtant les passages intenses ne manquent pas, ça commence très paisiblement et s'achève de même façon.
Un album qui a de quoi séduire, je conseille.
JJJ
Les nouvelles aventures du chat botté vues par Nancy Peña. C'est très réjouissant, burlesque, déjanté, poétique, truffé de jeux de bons mots. Voilà une petite oeuvre vite achetée, vite lue, vite relue et rerelue... Mettez vos plus belles bottes et courrez donc l'acheter à grandes enjambées!
Voici une série dont j'ai déjà pu lire les 7 premiers tomes et qui s'annonce bien prometteuse. En bref, un navire ultramoderne d'une force de défense (style ONU) « le Mirai » se retrouve par un hasard météorologique projeté dans le conflit de la 2ème guerre mondiale.
Cette histoire a déjà plus ou moins été traitée dans un film « Nimitz retour vers l'enfer » mais qui traitait le sujet du côté de ces « bons » Américains. Ici, l'origine japonaise de l'auteur oriente le débat dans un tout autre sens : Primo, la guerre est plutôt vue du côté du pays du soleil levant (mais sans jamais de connotation patriotique) et pour nous autres petits occidentaux, ce n'est pas banal. Il s'attache par exemple à décrire les qualités humaines ou stratégiques de certaines figures japonaises de la guerre, chose rarement relevée dans une production Hollywoodienne.
Deusio, l'auteur choisi d'envoyer dans le passé un navire « Japonais » mais appartenant à une force de « défense », c'est à dire voué à faire la paix plus que la guerre. L'évolution de l'état d'esprit de l'équipage et des principaux personnages est très bien décrite : perte de tous points de repères, peur de ne pas rentrer chez soi, coupure vis à vis de la hiérarchie militaire, volonté de rester impartial dans le conflit, tentative de limiter les pertes humaines, etc...)
Tertio, le scénario permet à l'auteur de petit à petit réécrire l'histoire et ainsi créer un suspense grandissant.
Par ailleurs, les motivations de l'entrée en guerre du Japon, pour l'acquisition des ressources énergétiques sont évoquées avec finesse. Même si nous sommes en présence d'une oeuvre militaire (je sais, il faut aimer) dans laquelle les combats prennent une large place, de nombreux ingrédients sont ainsi mis en place pour enrichir le propos. C'est en tous cas une belle façon de revisiter cette triste page de l'histoire
Pour l'heure, les problèmes liés aux paradoxes spatio-temporels ne sont pas vraiment traités. On s'éloigne petit à petit de la réalité historique sans savoir jusqu'où l'auteur compte nous emmener. J'attends de voir comment il va traiter tout ça en espérant une suite originale, intelligente et crédible (reste quand même à accepter le voyage dans le temps)!
Petits bémols : Déjà 8 tomes parus en France, 23 au Japon. Forcément, ça fait un peu peur et très mal au portefeuille. Je trouve par ailleurs que de nombreux personnages se ressemblent (pas facile avec les uniformes) et je me suis parfois perdu dans les méandres de l'histoire.
Qu'il est bien ce magasin général, que l'ambiance y est douce...
Je ne peux pas passer à côté d'une BD de Loisel, j'adore ce qu'il fait, je suis un fan de Peter Pan... La statuette de Clochette posée sur mon bureau, m'offrant en ce moment son joli regard mutin me le rappelle sans cesse...
Je m'égare, revenons au magasin, les dessins sont une réussite absolue, l'association artistique entre Loisel et Tripp est fantastique. Que c'est beau! Lorsque j'ai acheté cet album, en rentrant chez moi je ne pouvais m'empêcher de le feuilleter sans cesse, m'arrêtant brusquement sur un regard, m'attardant sur une courbe...
Encore maintenant il m'arrive souvent de prendre cet album juste pour le plaisir de regarder. Rien que pour cette raison l'achat se justifie à mes yeux.
Pour ce qui est de l'histoire, cela se déroule sans heurt, tranquillement, en douceur, le point de départ étant le drame de Marie, la suite nous montre la vie d'un petit village, la continuité de la vie de Marie dans ce village, la nécessité de son rôle au sein de cette petite communauté paisible.
Effectivement il ne se passe pas grand chose dans ce village, pas de grande aventure, pas de grande énigme, juste Marie face à sa destinée toute simple, pourtant à la lecture de ce seul album il est facile de voir que cette femme n'est pas ordinaire.
J'attends la suite avec impatience, pour moi ce premier tome de magasin général est bien plus qu'une simple mise en place, c'est un grand moment de poésie et de beauté, et au vu de sa seule lecture, j'affirme sans crainte de me tromper, que cette série s'annonce comme un futur chef-d’œuvre!
JJJ
Les histoires écrites par Jeph Loeb sont souvent passionnantes, on y trouve toujours une pléiade de personnages célèbres, ce qui fait plaisir. Jeph Loeb s'amuse à réécrire et redéfinir ces personnages, vu que c'est fait avec talent respect et brio, c'est un plaisir supplémentaire.
Quant aux dessins de Tim Sale, comment ne pas les aimer? Même s’il est vrai qu'au premier coup d’œil son style peut paraître étrange. Tant mieux ! Un peu de personnalité ne nuit pas...
Pour cette aventure mettant en scène Batman, c'est réussi une fois de plus. Intrigue passionnante, enquête délicate, pistes multiples, personnages torturés, alliances improbables... Un vrai plaisir qui ne cesse de passionner le long des quatre tomes pour déboucher sur une fin magnifique.
Le seul point noir est que la série Batman - Un long Halloween, l'histoire qui précède Dark Victory, n'a jamais eu l'honneur d'être éditée en album, il est difficile de lui mettre la main dessus...
J'ai lu les deux et il me semble difficile d'apprécier totalement Dark Victory sans être passé par la case Un long Halloween.
Mais l'essentiel est là, à savoir que Dark Victory est une très bonne aventure de Batman, j'en conseille la lecture même si je lui trouve Un long Halloween supérieur d'une courte tête.
JJJ
Comment souhaiter « bonne santé » à ses patients quand on est médecin dans un service de cancérologie et qu’on fait sa tournée le jour du nouvel an ? Charles Masson présente dans son dernier album six histoires de chirurgiens racontant leurs mensonges, leurs échecs, leur impuissance et leur désarroi face à la mort, ainsi que la manière dont ils se servent d’un humour potache et cynique pour se créer une carapace face au désespoir et à la misère humaine. C’est noir. Très noir. Même la dernière histoire, censée finir bien, ne le fait qu’à moitié. C’est très poignant également. Je ne connais pas d’autre album de BD ayant parlé de la mort avec autant de force. Le seul aspect qui m’a un peu gêné à la lecture est le décalage entre le monologue du médecin et les images, qui se focalisent souvent sur le médecin en train de raconter plutôt que sur les événements de l’histoire qu’il raconte. Ce décalage est sans doute voulu et contribue à éviter le misérabilisme de situations dramatiques, mais l’effet n’est malheureusement pas toujours des plus réussi. On sent que l’auteur est à la recherche de la bonne formule mais que sa quête n’a pas encore abouti – le choix de la BD comme medium pour raconter ces histoires n’est pas encore vraiment convainquant. Cela reste néanmoins un très bon album, rempli d’émotions, et qui fait réfléchir sur des divers sujets comme les relations humaines avec les patients, la médecine comme vocation, la douleur consécutive à la perte d’un être cher, l’accompagnement des mourants et l’euthanasie.
C'est par XIII que j'ai commencé à lire de la BD moderne. Je ne peux donc qu'attribuer la note maximale. Le scénario tellement inattendu et surprenant de Van Hamme en fait une série culte sur plusieurs générations à venir. C'est peut être la bd qui a lancé tout le processus que l'on connaît.
Gotham Central est une bonne série policière, pour certains des ses aspects c'est une série que l'on peut même qualifier de remarquable.
L'univers est l'immense ville de Gotham, un lieu ou il ne fait pas tellement bon vivre quand on est simple flic, parmi la foule de criminel sévissant dans la cité se trouvent des psychopathes comme le Joker, Mr Freeze ou encore Pile et Face... Pour les policiers il n'est pas toujours évident ni possible de demander de l'aide au Batman, le légendaire justicier/croquemitaine. Une situation difficile pour ces hommes et femmes qui essaient tant bien que mal de résoudre les enquêtes en cours, faire face aux nouveaux crimes, s'opposer à des forces politiques corrompues et garder la vie sauve.
Les intrigues ne sont pas de la plus grande complexité, mais leur déroulement est bien construit, cela ne manque pas de suspense, pour faire simple c'est très correct.
Les nombreux personnages ont tous un comportement différent, leurs liens ou rivalités, leur cohabitation parfois difficile, leurs rapports qui évoluent et l'épaisseur donnée à chacun d'entre eux, sont autant d'éléments qui leur donnent profondeur et sensibilité. Le tout est traité avec subtilité et sur autant de personnages, cela n'en est que plus remarquable.
Un des points fort de la série.
Enfin l'ambiance est très bien rendue, on a l'impression d'être au cœur des meilleures séries policières, et bien que cela se passe dans un univers totalement fictif l'effet de réalisme est saisissant.
Peut-être que la noirceur se fait parfois un peu trop écrasante, mais le style de la série est ainsi.
Les dessins collent parfaitement à l'ambiance, personnellement j'apprécie le style de Larks, affaire de goût...
Après lecture des trois premiers tomes, je suis (vous l'aurez compris!) globalement très satisfait par cette série, mon préféré étant le deuxième et celui que j'apprécie le moins le premier.
Si Gotham Central vous tente, et même s’il est vrai que la lecture des épisodes (un ou deux par tome) se laisse apprécier indépendamment, je vous conseille d'en lire la totalité pour en apprécier pleinement la profondeur.
JJJ
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La Guilde de la mer
Ce qui frappe d’entrée, c’est la richesse de l’univers développé par Nancy peña. En effet, en déterminant dès le départ les caractéristiques de chacun des peuples de ce monde, elle s’impose un cadre précis et structuré, un véritable canevas, qui rend son univers très cohérent. Son graphisme, délicieusement fantasy, donne à la série un cachet très agréable, à la fois touchant et inventif. Nancy Peña commence à broder un vêtement au maillage astucieux, au motif qui est encore à l’état d’ébauche, mais qui promet. C’est de la belle ouvrage.
Le complot
Les Protocoles des sages de Sion sont une supercherie, on le répète. Pourtant ils continuent d’être publiés et d’être une référence, un point d’ancrage pour les antisémites et tous ceux pour lesquels la thèse du complot juif est une idée séduisante. Will Eisner reste, malgré sa disparition récente, un auteur éminemment important, ayant une carrière de plus d’un demi-siècle. Il a fait du patrimoine juif américain le sujet de nombre de ses ouvrages, sans toutefois en faire son fonds de commerce, à l’instar d’un Woody Allen par exemple, avec l’humour juif new-yorkais. Le Complot se présente comme le testament de cet immense auteur ; c’est un ouvrage sur lequel il a travaillé par intermittences pendant 20 ans. Il est donc logique que cet ouvrage parle d’un sujet qui lui tienne à cœur. Malheureusement ce testament est un peu en-deça du vibrant plaidoyer que l’on était en droit d’attendre. Cela ressemble plutôt à un catalogue impressionnant des différentes éditions des Protocoles. On aurait aimé qu’Eisner s’implique plus fortement dans son enquête, on aurait aimé ressentir sa colère, sa frustration, son dégoût face à l’attitude irrationnelle de bon nombre de gens. Mais il ne faut oublier qu’il avait déjà plus de 60 ans quand il a commencé à travailler à son Complot, et qu’il en avait presque 90 lorsqu’il l’a achevé. Sans doute la lassitude et le poids des ans ont-ils adouci, édulcoré son amertume. Il n’empêche que c’est un livre passionnant, qui retrace TOUTES les étapes de la vie d’un livre qui a compté et compte encore dans l’imaginaire et la conscience collectifs. Graphiquement, le style d’Eisner est encore intact, et son dessin presque européen rend son récit fort agréable.
Les Petits Ruisseaux
J'aime bien Rabaté, ses albums sont surprenants, pour celui là, rien que la couverture a définitivement motivé mon achat, et je n'ai pas été déçu! Le sujet tout en étant simple est des plus originaux, prendre un vieux pour héros et lui consacrer 94 pages tout en pondant une histoire plaisante, émouvante et souvent drôle, ça me paraît assez rare dans le paysage de la BD. Emile notre héros va vivre des moments très forts à l'instant ou il pensait sa vie terminée; c'est une idée que j'aime beaucoup et Rabaté la met parfaitement en scène. L'histoire est contée de façon douce, pourtant les passages intenses ne manquent pas, ça commence très paisiblement et s'achève de même façon. Un album qui a de quoi séduire, je conseille. JJJ
Les Nouvelles aventures du Chat Botté
Les nouvelles aventures du chat botté vues par Nancy Peña. C'est très réjouissant, burlesque, déjanté, poétique, truffé de jeux de bons mots. Voilà une petite oeuvre vite achetée, vite lue, vite relue et rerelue... Mettez vos plus belles bottes et courrez donc l'acheter à grandes enjambées!
Zipang
Voici une série dont j'ai déjà pu lire les 7 premiers tomes et qui s'annonce bien prometteuse. En bref, un navire ultramoderne d'une force de défense (style ONU) « le Mirai » se retrouve par un hasard météorologique projeté dans le conflit de la 2ème guerre mondiale. Cette histoire a déjà plus ou moins été traitée dans un film « Nimitz retour vers l'enfer » mais qui traitait le sujet du côté de ces « bons » Américains. Ici, l'origine japonaise de l'auteur oriente le débat dans un tout autre sens : Primo, la guerre est plutôt vue du côté du pays du soleil levant (mais sans jamais de connotation patriotique) et pour nous autres petits occidentaux, ce n'est pas banal. Il s'attache par exemple à décrire les qualités humaines ou stratégiques de certaines figures japonaises de la guerre, chose rarement relevée dans une production Hollywoodienne. Deusio, l'auteur choisi d'envoyer dans le passé un navire « Japonais » mais appartenant à une force de « défense », c'est à dire voué à faire la paix plus que la guerre. L'évolution de l'état d'esprit de l'équipage et des principaux personnages est très bien décrite : perte de tous points de repères, peur de ne pas rentrer chez soi, coupure vis à vis de la hiérarchie militaire, volonté de rester impartial dans le conflit, tentative de limiter les pertes humaines, etc...) Tertio, le scénario permet à l'auteur de petit à petit réécrire l'histoire et ainsi créer un suspense grandissant. Par ailleurs, les motivations de l'entrée en guerre du Japon, pour l'acquisition des ressources énergétiques sont évoquées avec finesse. Même si nous sommes en présence d'une oeuvre militaire (je sais, il faut aimer) dans laquelle les combats prennent une large place, de nombreux ingrédients sont ainsi mis en place pour enrichir le propos. C'est en tous cas une belle façon de revisiter cette triste page de l'histoire Pour l'heure, les problèmes liés aux paradoxes spatio-temporels ne sont pas vraiment traités. On s'éloigne petit à petit de la réalité historique sans savoir jusqu'où l'auteur compte nous emmener. J'attends de voir comment il va traiter tout ça en espérant une suite originale, intelligente et crédible (reste quand même à accepter le voyage dans le temps)! Petits bémols : Déjà 8 tomes parus en France, 23 au Japon. Forcément, ça fait un peu peur et très mal au portefeuille. Je trouve par ailleurs que de nombreux personnages se ressemblent (pas facile avec les uniformes) et je me suis parfois perdu dans les méandres de l'histoire.
Magasin général
Qu'il est bien ce magasin général, que l'ambiance y est douce... Je ne peux pas passer à côté d'une BD de Loisel, j'adore ce qu'il fait, je suis un fan de Peter Pan... La statuette de Clochette posée sur mon bureau, m'offrant en ce moment son joli regard mutin me le rappelle sans cesse... Je m'égare, revenons au magasin, les dessins sont une réussite absolue, l'association artistique entre Loisel et Tripp est fantastique. Que c'est beau! Lorsque j'ai acheté cet album, en rentrant chez moi je ne pouvais m'empêcher de le feuilleter sans cesse, m'arrêtant brusquement sur un regard, m'attardant sur une courbe... Encore maintenant il m'arrive souvent de prendre cet album juste pour le plaisir de regarder. Rien que pour cette raison l'achat se justifie à mes yeux. Pour ce qui est de l'histoire, cela se déroule sans heurt, tranquillement, en douceur, le point de départ étant le drame de Marie, la suite nous montre la vie d'un petit village, la continuité de la vie de Marie dans ce village, la nécessité de son rôle au sein de cette petite communauté paisible. Effectivement il ne se passe pas grand chose dans ce village, pas de grande aventure, pas de grande énigme, juste Marie face à sa destinée toute simple, pourtant à la lecture de ce seul album il est facile de voir que cette femme n'est pas ordinaire. J'attends la suite avec impatience, pour moi ce premier tome de magasin général est bien plus qu'une simple mise en place, c'est un grand moment de poésie et de beauté, et au vu de sa seule lecture, j'affirme sans crainte de me tromper, que cette série s'annonce comme un futur chef-d’œuvre! JJJ
Batman - Amère victoire (Dark Victory)
Les histoires écrites par Jeph Loeb sont souvent passionnantes, on y trouve toujours une pléiade de personnages célèbres, ce qui fait plaisir. Jeph Loeb s'amuse à réécrire et redéfinir ces personnages, vu que c'est fait avec talent respect et brio, c'est un plaisir supplémentaire. Quant aux dessins de Tim Sale, comment ne pas les aimer? Même s’il est vrai qu'au premier coup d’œil son style peut paraître étrange. Tant mieux ! Un peu de personnalité ne nuit pas... Pour cette aventure mettant en scène Batman, c'est réussi une fois de plus. Intrigue passionnante, enquête délicate, pistes multiples, personnages torturés, alliances improbables... Un vrai plaisir qui ne cesse de passionner le long des quatre tomes pour déboucher sur une fin magnifique. Le seul point noir est que la série Batman - Un long Halloween, l'histoire qui précède Dark Victory, n'a jamais eu l'honneur d'être éditée en album, il est difficile de lui mettre la main dessus... J'ai lu les deux et il me semble difficile d'apprécier totalement Dark Victory sans être passé par la case Un long Halloween. Mais l'essentiel est là, à savoir que Dark Victory est une très bonne aventure de Batman, j'en conseille la lecture même si je lui trouve Un long Halloween supérieur d'une courte tête. JJJ
Bonne santé
Comment souhaiter « bonne santé » à ses patients quand on est médecin dans un service de cancérologie et qu’on fait sa tournée le jour du nouvel an ? Charles Masson présente dans son dernier album six histoires de chirurgiens racontant leurs mensonges, leurs échecs, leur impuissance et leur désarroi face à la mort, ainsi que la manière dont ils se servent d’un humour potache et cynique pour se créer une carapace face au désespoir et à la misère humaine. C’est noir. Très noir. Même la dernière histoire, censée finir bien, ne le fait qu’à moitié. C’est très poignant également. Je ne connais pas d’autre album de BD ayant parlé de la mort avec autant de force. Le seul aspect qui m’a un peu gêné à la lecture est le décalage entre le monologue du médecin et les images, qui se focalisent souvent sur le médecin en train de raconter plutôt que sur les événements de l’histoire qu’il raconte. Ce décalage est sans doute voulu et contribue à éviter le misérabilisme de situations dramatiques, mais l’effet n’est malheureusement pas toujours des plus réussi. On sent que l’auteur est à la recherche de la bonne formule mais que sa quête n’a pas encore abouti – le choix de la BD comme medium pour raconter ces histoires n’est pas encore vraiment convainquant. Cela reste néanmoins un très bon album, rempli d’émotions, et qui fait réfléchir sur des divers sujets comme les relations humaines avec les patients, la médecine comme vocation, la douleur consécutive à la perte d’un être cher, l’accompagnement des mourants et l’euthanasie.
XIII
C'est par XIII que j'ai commencé à lire de la BD moderne. Je ne peux donc qu'attribuer la note maximale. Le scénario tellement inattendu et surprenant de Van Hamme en fait une série culte sur plusieurs générations à venir. C'est peut être la bd qui a lancé tout le processus que l'on connaît.
Gotham Central
Gotham Central est une bonne série policière, pour certains des ses aspects c'est une série que l'on peut même qualifier de remarquable. L'univers est l'immense ville de Gotham, un lieu ou il ne fait pas tellement bon vivre quand on est simple flic, parmi la foule de criminel sévissant dans la cité se trouvent des psychopathes comme le Joker, Mr Freeze ou encore Pile et Face... Pour les policiers il n'est pas toujours évident ni possible de demander de l'aide au Batman, le légendaire justicier/croquemitaine. Une situation difficile pour ces hommes et femmes qui essaient tant bien que mal de résoudre les enquêtes en cours, faire face aux nouveaux crimes, s'opposer à des forces politiques corrompues et garder la vie sauve. Les intrigues ne sont pas de la plus grande complexité, mais leur déroulement est bien construit, cela ne manque pas de suspense, pour faire simple c'est très correct. Les nombreux personnages ont tous un comportement différent, leurs liens ou rivalités, leur cohabitation parfois difficile, leurs rapports qui évoluent et l'épaisseur donnée à chacun d'entre eux, sont autant d'éléments qui leur donnent profondeur et sensibilité. Le tout est traité avec subtilité et sur autant de personnages, cela n'en est que plus remarquable. Un des points fort de la série. Enfin l'ambiance est très bien rendue, on a l'impression d'être au cœur des meilleures séries policières, et bien que cela se passe dans un univers totalement fictif l'effet de réalisme est saisissant. Peut-être que la noirceur se fait parfois un peu trop écrasante, mais le style de la série est ainsi. Les dessins collent parfaitement à l'ambiance, personnellement j'apprécie le style de Larks, affaire de goût... Après lecture des trois premiers tomes, je suis (vous l'aurez compris!) globalement très satisfait par cette série, mon préféré étant le deuxième et celui que j'apprécie le moins le premier. Si Gotham Central vous tente, et même s’il est vrai que la lecture des épisodes (un ou deux par tome) se laisse apprécier indépendamment, je vous conseille d'en lire la totalité pour en apprécier pleinement la profondeur. JJJ