Je suis étonnée qu’avec tous les lecteurs de manga qui trainent sur le site aucun n’ait encore lu cette série. Passons. Tout d’abord une précision sur son classement en lecture pour adulte, ce n’est pas ce qu’on trouve habituellement dans le genre à vocation érectile et parsemé de petite chattes mouillées, non on est en pleine dérision et humour noir, certaines choses pourraient déranger certains comme la façon de parler du viol par exemple, mais c’est à prendre au troisième degré, d’ailleurs le graphisme indique clairement cet état de fait.
Kouzou le personnage principal a eu du mal à garder son zizi dans son pantalon face aux deux superbes femelles (mère et fille) de son employeur yakuza, grossière erreur, ces japonais on une imagination intarissable en matière de vengeance… Et voilà notre Kouzou transformée en Lady, hi hi hi…, c’est un sujet un peu à la mode en ce moment, sauf qu'ici ça se veut surtout humoristique agrémenté d’un suspense immodéré, car notre toute nouvelle Lady va se retrouver sur une île complètement seule si ce n’est la présence des pires criminels sexuels du pays, s’en sortira… s’en sortira pas… si vous lisez vous saurez, ah ah ah ! Je n'ai pas tout dit évidemment je vous laisse découvrir les détails par vous-mêmes.
Le graphisme est en accord parfait avec le récit, très beau, très travaillé aux innombrables détails, le dessinateur a un foutu talent car tous ces visages asiatiques sont très différences les uns des autres et immédiatement reconnaissables surtout pour nous européens, il nous a grandement facilité la lecture.
Je dirais à lire et surtout à posséder évidemment.
Eh bien non, cet album n’est pas le énième surfant sur vague commémorative de la Grande guerre ! Même si ça y castagne, massacre et saigne dur.
L’intrigue se déroule dans un endroit et une époque indéterminés (une sorte d’Europe vaguement médiévale ?), dans une ambiance qui rappelle par certains côtés les violences et pillages perpétrés par les Grandes Compagnies aux XIIe et XIIIe siècles.
Traversée par des personnages picaresques, l’histoire est à la fois très violente et très noire, mêlant des effets fantastiques (tête qui vit et parle, ou rêveries de « l’Indien » par exemple) à un univers plus classique de guerre pour le pouvoir au milieu d’une société plutôt classique. J’ai en tout cas bien aimé l’ambiance de cet album – que je ne trouve pas proche de celle des Donjons, contrairement à ce que j’ai lu dans un avis précédent (même si le dessin peut faire penser au jeune Sfar ou à Trondheim, mais on peut y trouver du Gippi aussi).
Si l’histoire est parfois décousue, loufoque (quelques traits d’humour épars), c’est surtout le traitement graphique qui la distingue je trouve. Et qui peut clairement rebuter certains lecteurs. En effet, le trait est très simple, brouillon – même si certaines planches fourmillent de détails (les villes en particulier). C’est aussi très noir, et l’alliance de ce Noir et Blanc gras (avec des dégradés de gris) et de ce dessin presque « enfantin » parfois (tailles et proportions des animaux et personnages sont souvent atypiques) sont à la fois la force et la faiblesse de cet album très original dans son traitement.
Si vous êtes réticent à ce style, passez outre, car cet album en vaut la peine. Relativement épais (180 pages environ), il demande un certain investissement (temps, concentration) pour être savouré à sa juste valeur.
C’est une belle découverte, et je vous encourage à en faire autant !
J’ai été étonné au début, d’apprendre que cet album avait été primé à Angoulême, mais finalement, Ralf König a quand même réussi ici à nous conter une histoire très actuelle, très moderne, avec un langage et un imaginaire assez crus, naturels : cela détonne dans la production main stream, et c’est sans doute cela, en plus des qualités réelles du scénario, que le jury a sans doute voulu saluer.
J’ai en tout cas bien aimé cet album, dans lequel König a glissé ses thèmes habituels : l’homosexualité – et ses rapports plus ou moins tendus avec l’hétérosexualité, et plus généralement le rôle moteur du sexe dans la vie. Mais il a su créer un bon casting pour incarner ces questions : les deux voisins (un hétéro et un homo), tous deux plus ou moins largués par leur ex, sont à la croisée des chemins. Autour d’eux gravitent hommes et femmes à la personnalité typée, qui se croisent dans des moments parfois bien poilants.
En effet, comme toujours, il y a une bonne dose d’humour : le passage de l’émission de télé débile, et celui de la venue de la mère du voisin homo sont vraiment très drôles, dans des registres différents.
Pas forcément pour les plus jeunes (la couverture, à la fois marrante et rentre dedans, est révélatrice d’un « intérieur » assez cru, même si ce n’est pas à réserver aux adultes, il n’y a rien de pornographique ni de trop explicite), c’est une lecture que je vous recommande. Ralf König est un auteur atypique et intéressant. C’est en tout cas pour le moment probablement mon album préféré de cet auteur.
Voici un récit qui se déroule sur deux périodes comprenant deux histoires qui auront on s’en doute un lien à découvrir au fil des tomes. La plus récente est la plus abordable et son délicieux effet boomerang : tu vends des armes tu sautes sur une mine, la vie est cruelle parfois, ah ah ah ! Par contre la seconde et la plus longue sur ce tome est aussi la plus nébuleuse et la plus mystérieuse, elle se pose doucement sans vouloir rien révéler trop rapidement, Zidrou prend son temps mais nous en donne suffisamment pour nous accrocher définitivement. Les personnages sont intéressants et bien travaillés psychologiquement.
Le tout est magnifiquement illustré par Homs qui ne lésine pas sur les détails, la finesse du trait, les couleurs douces, un visuel parfait qui nous fait faire un saut dans le temps et c’est un vrai plaisir.
J’espère uniquement que les quatre tomes prévus seront tous dessinés par Homs, sinon je risque d’être très très déçue.
3.5
Un roman graphique assez spécial. C'est un genre de satire de la vie américaine familiale. Une famille est heureuse et unie et le père est un célèbre dessinateur, mais tout part en morceau après la mort de la mère de ce dernier.
J'ai été un peu dérouté au début parce que je ne savais pas trop si l'histoire était sérieuse ou non. Le truc c'est que si les personnages font souvent des trucs bizarres, c'est traité de manière sérieuse. Ce n'est pas une histoire satirique remplie de gags comme la série Les Simpsons par exemple. On se moque de la famille américaine et de quelques autres trucs, mais ce n'est pas fait de manière à faire rire. En tout cas, à aucun moment j'ai eu l'impression que je devais rire.
L'histoire est déroutante, mais vite prenante. La galerie de personnages présente dans l'album est intéressante et il se passe tellement de choses que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer ne serait-ce qu'une seule fois. L'histoire est aussi imprévisible et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. J'aime quand un récit me surprend comme ça ! Il y a aussi des moments assez touchants et la fin est plutôt triste.
Un bon one-shot quoique je ne pense pas que tout le monde va rentrer dans le délire de l'auteur.
Je suis un grand fan de la série Le Vagabond des Limbes qui est pour moi la meilleure série de science-fiction en BD et je voulais lire cet album qui raconte la jeunesse de Musky qui est selon moi le meilleur personnage de la série.
C'est certes une série abandonnée avec un second tome annoncé qui n'est jamais sorti. C'est dommage car le personnage de Musky a beaucoup de potentiel, mais au moins je peux prendre du plaisir à lire ce premier tome qui peut se lire comme un one-shot. On retrouve l'imagination de Godard et il y a des idées excellentes dignes des meilleurs albums de la série mère. Il y a des thèmes philosophiques traités de manière intéressante et plusieurs scènes m'ont marqué, surtout une sur la dernière page.
Toutefois, si j'aime bien le scénario, j'ai un petit problème avec le dessin de Gimenez. Il est bon, mais un peu différent du trait de Ribera (c'est plus un mélange de comique et de réalisme alors que Ribera est 100% réaliste). J'ai vraiment de la difficulté avec comment Gimenez dessine Musky. Le design de la princesse/le prince ressemble trop à un personnage comique et cela lui fait perdre la subtilité de ce personnage.
Comme d'habitude : chapeau l'artiste, pour Catel (et son co-équipier !)
N'hésitez pas à les lire tous, ce sont des sommes d'information et en général d'énergie en pages, qui donnent la pêche et éblouissent par leur malice puissante :
Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, Benoîte Groult et Joséphine Baker, 4 femmes époustouflantes décortiquées avec sympathie et précision. Un cadre un peu toujours le même, mais très efficace, où les lieux de la vie forment des chapitres du livre et des étapes du parcours.
Ces albums resteront comme une encyclopédie des femmes bien plus vivante et édifiante que toutes celles écrites jusque-là.
On pourra reprocher ce caractère systématique, voire monotone :toujours des femmes, les scénarios chronologiques, les cours chapitres très nombreux, le trait vif et épais, dans un noir et blanc sans variations, les destins féminins héroïques avec souvent une sorte de glissade finale où la lumière des grandes heures finit par décroître. Mais il faut bien comprendre que ce n'est pas une simple BD, c'est un travail documentaire indispensable qui n'a jamais été fait, qui ne tait pas les moments difficiles à défendre et considère le personnage avec empathie.
Bravo !
Dorison est un scénariste prolifique, éclectique, mais très inégal. Il a pourtant réussi avec ce diptyque à créer une série intéressante et qui sort des sentiers passablement battus par les productions surfant sur le centenaire de la Grande guerre.
L’action se situe dans un moment de rupture de cette guerre, en avril 1917, alors que les mutineries se succèdent suite aux massacres inutiles engendrés par les attaques aberrantes lancées par des chefs comme Nivelle. Voilà bien un type qui mériterait d’être jeté dans les poubelles de l’histoire, à l’heure où l’on parle de réhabiliter des mutins fusillés.
Toujours est-il que la boucherie (les assauts eux-mêmes, de tranchées à tranchées) et que les bouchers comme Nivelle sont quasi absents de cette histoire, même s’ils en forment le décor et le ressort principal.
La folle équipée de ces soldats, qui fuient l’horreur des tranchées pour porter une pétition à l’Assemblée, qui pourrait mettre fin à la carrière de Nivelle et aux attaques meurtrières est bien menée. Poursuivi par des « gendarmes », déjouant leur peur et leur destin, ils cherchent à mener à bien cette mission quasi sacrée.
Un diptyque d’aventure, mais aussi dans lequel les relations humaines (avec toutes les ambiguïtés qui peuvent faire se mouvoir et s’émouvoir des hommes) jouent un rôle important.
J’ajoute que j’ai plutôt bien aimé le dessin et la colorisation de Cédric Babouche.
Un diptyque que je vous recommande (note réelle 3,5/5).
Menace sur mirage F1
Tout d'abord, je dois dire que je ne suis guère un fan des aventures de Tanguy et Laverdure qui ont mal vieilli, à mon avis. D'ailleurs je ne possède que les 3 premières intégrales, celles signées Uderzo & Charlier.
C'est juste à l'occasion de la sortie d'une édition spéciale d'une aventure "classic" du dernier Buck Danny (sous forme de fourreau comprenant le Buck Danny, le Tanguy & Laverdure et un album de 16 pages en n&b "la rencontre", bd inédite) que j'ai découvert cet album.
Et bien, je dois avouer que j'ai bien été surpris sur la qualité de cette aventure. Le scénario est riche en rebondissements et les dialogues nombreux. Normal car nous avons affaire à du J.-M. Charlier aussi étonnement que cela puisse paraître. En effet, cet album est l'adaptation d'un roman de Charlier "L'avion qui tuait les pilotes", adapté ici par Patrice Buendia.
Outre un scénario bien ficelé (la dernière page de l'album donne furieusement envie de connaître la suite, en tous cas moi j’achèterai le second volume), le dessin de Matthieu Durand ne souffre d'aucun défaut : scènes aériennes, ou celles sur le Centre d'essai en Vol sont en tout point réussies.
Dessin, couleurs, ambiance, scénario, tout fait de cet album une reprise plus que correcte voire réussie d'une série que je pensais dépassée.
L'avion qui tuait ses pilotes
"L'avion qui tuait ses pilotes" vient conclure le diptyque débuté avec "Menace sur Mirage F1", d'après un roman signé Charlier.
Et bien, je dois dire que cet album, toujours scénarisé par le regretté JM Charlier, mérite toute votre attention.
Fort bien mené, nous suivons une intrigue riche en rebondissements, où les séquences aériennes sont un peu moins nombreuses au profit de l'enquête dirigée par Michel Tanguy.
On échappe ici au traditionnel Ernest Laverdure gaffeur, ce qui fait du bien, pour se plonger dans l'atmosphère digne d'un roman d'espionnage de la grande époque.
Et que dire du dessin de Durand, qui sans plagier ses illustres prédécesseurs, rend hommage à cette série, que je pensais honnêtement, tombée en désuétude.
Cette reprise est assurément une réussite pour les Editions Zephir et, offre aux lecteurs, un moment de nostalgie rafraichissante.
L'appel du grand large, de l'aventure. Le moins que l'on puisse dire c'est que Narcisse Pelletier a été servi. Jeune garçon qui vit dans un petit port de pêche de la côte Atlantique, il a entendu l'appel du large, le cadeau qui lui est fait d'un talisman porte bonheur d'origine lointaine et enfin un destin tout tracé et sûr mais peu enthousiasmant, il n'en fallait pas plus pour donner à notre héros l'envie irrépressible d'aller voir de l'autre côté, de prendre les vagues une par une jusqu'au bout du monde.
Ce qui frappe d’emblée dans ce récit c'est avant tout le dessin, lumineux, des navires dont on voudrait arpenter le pont, entendre claquer les voiles et la coque frapper l'océan. Si je voulais pinailler un peu je dirais qu'effectivement certain fond de case sont un peu édulcorés mais ne boudons pas notre plaisir et nous aussi laissons nous embarquer. Allez tant que je suis dans les bémols ajoutons celui d'être un poil trop à l'écart de la vie de ces aborigènes pas encore dénaturés par la civilisation et ses bienfaits !
Ces deux premiers tomes sont tout de même puissants de part l'histoire qu'ils racontent. A certes un vers de Baudelaire en exergue aurait été le bienvenu mais finalement imaginons un instant ce récit dans les mains d'un réalisateur inspiré : les belles images que cela aurait donné. Plus je rédige cet avis et plus je me dis que je suis finalement très fan de cette histoire. L'auteur, Chanouga, au demeurant fort sympathique prévoit le troisième tome pour la fin de cette année et nul doute que le retour de Narcisse dans son pays natal sera l'occasion d'une belle confrontation entre ceux qui restent et ceux qui larguent les amarres.
Ce récit mérite le détour, pour ma part j'y ai trouvé toutes satisfactions, un destin tel que celui ci méritait bien cet hommage.
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Ladyboy vs Yakuzas - L'ïle du désespoir
Je suis étonnée qu’avec tous les lecteurs de manga qui trainent sur le site aucun n’ait encore lu cette série. Passons. Tout d’abord une précision sur son classement en lecture pour adulte, ce n’est pas ce qu’on trouve habituellement dans le genre à vocation érectile et parsemé de petite chattes mouillées, non on est en pleine dérision et humour noir, certaines choses pourraient déranger certains comme la façon de parler du viol par exemple, mais c’est à prendre au troisième degré, d’ailleurs le graphisme indique clairement cet état de fait. Kouzou le personnage principal a eu du mal à garder son zizi dans son pantalon face aux deux superbes femelles (mère et fille) de son employeur yakuza, grossière erreur, ces japonais on une imagination intarissable en matière de vengeance… Et voilà notre Kouzou transformée en Lady, hi hi hi…, c’est un sujet un peu à la mode en ce moment, sauf qu'ici ça se veut surtout humoristique agrémenté d’un suspense immodéré, car notre toute nouvelle Lady va se retrouver sur une île complètement seule si ce n’est la présence des pires criminels sexuels du pays, s’en sortira… s’en sortira pas… si vous lisez vous saurez, ah ah ah ! Je n'ai pas tout dit évidemment je vous laisse découvrir les détails par vous-mêmes. Le graphisme est en accord parfait avec le récit, très beau, très travaillé aux innombrables détails, le dessinateur a un foutu talent car tous ces visages asiatiques sont très différences les uns des autres et immédiatement reconnaissables surtout pour nous européens, il nous a grandement facilité la lecture. Je dirais à lire et surtout à posséder évidemment.
Le Poilu
Eh bien non, cet album n’est pas le énième surfant sur vague commémorative de la Grande guerre ! Même si ça y castagne, massacre et saigne dur. L’intrigue se déroule dans un endroit et une époque indéterminés (une sorte d’Europe vaguement médiévale ?), dans une ambiance qui rappelle par certains côtés les violences et pillages perpétrés par les Grandes Compagnies aux XIIe et XIIIe siècles. Traversée par des personnages picaresques, l’histoire est à la fois très violente et très noire, mêlant des effets fantastiques (tête qui vit et parle, ou rêveries de « l’Indien » par exemple) à un univers plus classique de guerre pour le pouvoir au milieu d’une société plutôt classique. J’ai en tout cas bien aimé l’ambiance de cet album – que je ne trouve pas proche de celle des Donjons, contrairement à ce que j’ai lu dans un avis précédent (même si le dessin peut faire penser au jeune Sfar ou à Trondheim, mais on peut y trouver du Gippi aussi). Si l’histoire est parfois décousue, loufoque (quelques traits d’humour épars), c’est surtout le traitement graphique qui la distingue je trouve. Et qui peut clairement rebuter certains lecteurs. En effet, le trait est très simple, brouillon – même si certaines planches fourmillent de détails (les villes en particulier). C’est aussi très noir, et l’alliance de ce Noir et Blanc gras (avec des dégradés de gris) et de ce dessin presque « enfantin » parfois (tailles et proportions des animaux et personnages sont souvent atypiques) sont à la fois la force et la faiblesse de cet album très original dans son traitement. Si vous êtes réticent à ce style, passez outre, car cet album en vaut la peine. Relativement épais (180 pages environ), il demande un certain investissement (temps, concentration) pour être savouré à sa juste valeur. C’est une belle découverte, et je vous encourage à en faire autant !
Comme des Lapins
J’ai été étonné au début, d’apprendre que cet album avait été primé à Angoulême, mais finalement, Ralf König a quand même réussi ici à nous conter une histoire très actuelle, très moderne, avec un langage et un imaginaire assez crus, naturels : cela détonne dans la production main stream, et c’est sans doute cela, en plus des qualités réelles du scénario, que le jury a sans doute voulu saluer. J’ai en tout cas bien aimé cet album, dans lequel König a glissé ses thèmes habituels : l’homosexualité – et ses rapports plus ou moins tendus avec l’hétérosexualité, et plus généralement le rôle moteur du sexe dans la vie. Mais il a su créer un bon casting pour incarner ces questions : les deux voisins (un hétéro et un homo), tous deux plus ou moins largués par leur ex, sont à la croisée des chemins. Autour d’eux gravitent hommes et femmes à la personnalité typée, qui se croisent dans des moments parfois bien poilants. En effet, comme toujours, il y a une bonne dose d’humour : le passage de l’émission de télé débile, et celui de la venue de la mère du voisin homo sont vraiment très drôles, dans des registres différents. Pas forcément pour les plus jeunes (la couverture, à la fois marrante et rentre dedans, est révélatrice d’un « intérieur » assez cru, même si ce n’est pas à réserver aux adultes, il n’y a rien de pornographique ni de trop explicite), c’est une lecture que je vous recommande. Ralf König est un auteur atypique et intéressant. C’est en tout cas pour le moment probablement mon album préféré de cet auteur.
SHI
Voici un récit qui se déroule sur deux périodes comprenant deux histoires qui auront on s’en doute un lien à découvrir au fil des tomes. La plus récente est la plus abordable et son délicieux effet boomerang : tu vends des armes tu sautes sur une mine, la vie est cruelle parfois, ah ah ah ! Par contre la seconde et la plus longue sur ce tome est aussi la plus nébuleuse et la plus mystérieuse, elle se pose doucement sans vouloir rien révéler trop rapidement, Zidrou prend son temps mais nous en donne suffisamment pour nous accrocher définitivement. Les personnages sont intéressants et bien travaillés psychologiquement. Le tout est magnifiquement illustré par Homs qui ne lésine pas sur les détails, la finesse du trait, les couleurs douces, un visuel parfait qui nous fait faire un saut dans le temps et c’est un vrai plaisir. J’espère uniquement que les quatre tomes prévus seront tous dessinés par Homs, sinon je risque d’être très très déçue.
La Famille Fun
3.5 Un roman graphique assez spécial. C'est un genre de satire de la vie américaine familiale. Une famille est heureuse et unie et le père est un célèbre dessinateur, mais tout part en morceau après la mort de la mère de ce dernier. J'ai été un peu dérouté au début parce que je ne savais pas trop si l'histoire était sérieuse ou non. Le truc c'est que si les personnages font souvent des trucs bizarres, c'est traité de manière sérieuse. Ce n'est pas une histoire satirique remplie de gags comme la série Les Simpsons par exemple. On se moque de la famille américaine et de quelques autres trucs, mais ce n'est pas fait de manière à faire rire. En tout cas, à aucun moment j'ai eu l'impression que je devais rire. L'histoire est déroutante, mais vite prenante. La galerie de personnages présente dans l'album est intéressante et il se passe tellement de choses que je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer ne serait-ce qu'une seule fois. L'histoire est aussi imprévisible et je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. J'aime quand un récit me surprend comme ça ! Il y a aussi des moments assez touchants et la fin est plutôt triste. Un bon one-shot quoique je ne pense pas que tout le monde va rentrer dans le délire de l'auteur.
Une enfance éternelle
Je suis un grand fan de la série Le Vagabond des Limbes qui est pour moi la meilleure série de science-fiction en BD et je voulais lire cet album qui raconte la jeunesse de Musky qui est selon moi le meilleur personnage de la série. C'est certes une série abandonnée avec un second tome annoncé qui n'est jamais sorti. C'est dommage car le personnage de Musky a beaucoup de potentiel, mais au moins je peux prendre du plaisir à lire ce premier tome qui peut se lire comme un one-shot. On retrouve l'imagination de Godard et il y a des idées excellentes dignes des meilleurs albums de la série mère. Il y a des thèmes philosophiques traités de manière intéressante et plusieurs scènes m'ont marqué, surtout une sur la dernière page. Toutefois, si j'aime bien le scénario, j'ai un petit problème avec le dessin de Gimenez. Il est bon, mais un peu différent du trait de Ribera (c'est plus un mélange de comique et de réalisme alors que Ribera est 100% réaliste). J'ai vraiment de la difficulté avec comment Gimenez dessine Musky. Le design de la princesse/le prince ressemble trop à un personnage comique et cela lui fait perdre la subtilité de ce personnage.
Joséphine Baker
Comme d'habitude : chapeau l'artiste, pour Catel (et son co-équipier !) N'hésitez pas à les lire tous, ce sont des sommes d'information et en général d'énergie en pages, qui donnent la pêche et éblouissent par leur malice puissante : Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, Benoîte Groult et Joséphine Baker, 4 femmes époustouflantes décortiquées avec sympathie et précision. Un cadre un peu toujours le même, mais très efficace, où les lieux de la vie forment des chapitres du livre et des étapes du parcours. Ces albums resteront comme une encyclopédie des femmes bien plus vivante et édifiante que toutes celles écrites jusque-là. On pourra reprocher ce caractère systématique, voire monotone :toujours des femmes, les scénarios chronologiques, les cours chapitres très nombreux, le trait vif et épais, dans un noir et blanc sans variations, les destins féminins héroïques avec souvent une sorte de glissade finale où la lumière des grandes heures finit par décroître. Mais il faut bien comprendre que ce n'est pas une simple BD, c'est un travail documentaire indispensable qui n'a jamais été fait, qui ne tait pas les moments difficiles à défendre et considère le personnage avec empathie. Bravo !
Le Chant du Cygne
Dorison est un scénariste prolifique, éclectique, mais très inégal. Il a pourtant réussi avec ce diptyque à créer une série intéressante et qui sort des sentiers passablement battus par les productions surfant sur le centenaire de la Grande guerre. L’action se situe dans un moment de rupture de cette guerre, en avril 1917, alors que les mutineries se succèdent suite aux massacres inutiles engendrés par les attaques aberrantes lancées par des chefs comme Nivelle. Voilà bien un type qui mériterait d’être jeté dans les poubelles de l’histoire, à l’heure où l’on parle de réhabiliter des mutins fusillés. Toujours est-il que la boucherie (les assauts eux-mêmes, de tranchées à tranchées) et que les bouchers comme Nivelle sont quasi absents de cette histoire, même s’ils en forment le décor et le ressort principal. La folle équipée de ces soldats, qui fuient l’horreur des tranchées pour porter une pétition à l’Assemblée, qui pourrait mettre fin à la carrière de Nivelle et aux attaques meurtrières est bien menée. Poursuivi par des « gendarmes », déjouant leur peur et leur destin, ils cherchent à mener à bien cette mission quasi sacrée. Un diptyque d’aventure, mais aussi dans lequel les relations humaines (avec toutes les ambiguïtés qui peuvent faire se mouvoir et s’émouvoir des hommes) jouent un rôle important. J’ajoute que j’ai plutôt bien aimé le dessin et la colorisation de Cédric Babouche. Un diptyque que je vous recommande (note réelle 3,5/5).
Une aventure « classic » de Tanguy et Laverdure
Menace sur mirage F1 Tout d'abord, je dois dire que je ne suis guère un fan des aventures de Tanguy et Laverdure qui ont mal vieilli, à mon avis. D'ailleurs je ne possède que les 3 premières intégrales, celles signées Uderzo & Charlier. C'est juste à l'occasion de la sortie d'une édition spéciale d'une aventure "classic" du dernier Buck Danny (sous forme de fourreau comprenant le Buck Danny, le Tanguy & Laverdure et un album de 16 pages en n&b "la rencontre", bd inédite) que j'ai découvert cet album. Et bien, je dois avouer que j'ai bien été surpris sur la qualité de cette aventure. Le scénario est riche en rebondissements et les dialogues nombreux. Normal car nous avons affaire à du J.-M. Charlier aussi étonnement que cela puisse paraître. En effet, cet album est l'adaptation d'un roman de Charlier "L'avion qui tuait les pilotes", adapté ici par Patrice Buendia. Outre un scénario bien ficelé (la dernière page de l'album donne furieusement envie de connaître la suite, en tous cas moi j’achèterai le second volume), le dessin de Matthieu Durand ne souffre d'aucun défaut : scènes aériennes, ou celles sur le Centre d'essai en Vol sont en tout point réussies. Dessin, couleurs, ambiance, scénario, tout fait de cet album une reprise plus que correcte voire réussie d'une série que je pensais dépassée. L'avion qui tuait ses pilotes "L'avion qui tuait ses pilotes" vient conclure le diptyque débuté avec "Menace sur Mirage F1", d'après un roman signé Charlier. Et bien, je dois dire que cet album, toujours scénarisé par le regretté JM Charlier, mérite toute votre attention. Fort bien mené, nous suivons une intrigue riche en rebondissements, où les séquences aériennes sont un peu moins nombreuses au profit de l'enquête dirigée par Michel Tanguy. On échappe ici au traditionnel Ernest Laverdure gaffeur, ce qui fait du bien, pour se plonger dans l'atmosphère digne d'un roman d'espionnage de la grande époque. Et que dire du dessin de Durand, qui sans plagier ses illustres prédécesseurs, rend hommage à cette série, que je pensais honnêtement, tombée en désuétude. Cette reprise est assurément une réussite pour les Editions Zephir et, offre aux lecteurs, un moment de nostalgie rafraichissante.
Narcisse
L'appel du grand large, de l'aventure. Le moins que l'on puisse dire c'est que Narcisse Pelletier a été servi. Jeune garçon qui vit dans un petit port de pêche de la côte Atlantique, il a entendu l'appel du large, le cadeau qui lui est fait d'un talisman porte bonheur d'origine lointaine et enfin un destin tout tracé et sûr mais peu enthousiasmant, il n'en fallait pas plus pour donner à notre héros l'envie irrépressible d'aller voir de l'autre côté, de prendre les vagues une par une jusqu'au bout du monde. Ce qui frappe d’emblée dans ce récit c'est avant tout le dessin, lumineux, des navires dont on voudrait arpenter le pont, entendre claquer les voiles et la coque frapper l'océan. Si je voulais pinailler un peu je dirais qu'effectivement certain fond de case sont un peu édulcorés mais ne boudons pas notre plaisir et nous aussi laissons nous embarquer. Allez tant que je suis dans les bémols ajoutons celui d'être un poil trop à l'écart de la vie de ces aborigènes pas encore dénaturés par la civilisation et ses bienfaits ! Ces deux premiers tomes sont tout de même puissants de part l'histoire qu'ils racontent. A certes un vers de Baudelaire en exergue aurait été le bienvenu mais finalement imaginons un instant ce récit dans les mains d'un réalisateur inspiré : les belles images que cela aurait donné. Plus je rédige cet avis et plus je me dis que je suis finalement très fan de cette histoire. L'auteur, Chanouga, au demeurant fort sympathique prévoit le troisième tome pour la fin de cette année et nul doute que le retour de Narcisse dans son pays natal sera l'occasion d'une belle confrontation entre ceux qui restent et ceux qui larguent les amarres. Ce récit mérite le détour, pour ma part j'y ai trouvé toutes satisfactions, un destin tel que celui ci méritait bien cet hommage.