3.5
Jean-Sébastien Bérubé, l'auteur québécois de Radisson a eu envie de devenir moine bouddhiste, mais comme le titre le montre cela ne va pas se faire.
On suit Bérubé au Canada lorsqu'il pratique le bouddhisme et ensuite lorsqu'il fait un voyage au Népal et au Tibet avec l'intention de devenir un moine. Évidemment il va voir que la réalité n'est pas ce qu'il imaginait et on voit son évolution psychologique durant ce voyage. C'est un excellent album où j'ai appris plusieurs choses sur le bouddhisme, le Népal et le Tibet. La narration est fluide et cela se lit sans aucun problème. J'aime bien aussi le dessin de Bérubé qui a d'ailleurs du changer sa manière de dessiner après avoir eu un problème à la main.
En gros, si vous aimez les carnets de bords, c'est à lire absolument !
Frais, voila le premier terme qui me vient à l'esprit pour décrire mon ressenti après ma lecture de l'histoire de cette mystérieuse princesse. C'est en grande partie au dessin que je dois cette impression, dans l'ensemble des couleurs chaudes qui se marient bien au côté exotique de la dame et de ses origines supposées.
Cette histoire nous montre un choc des cultures, sans trop en dire, cela déflorerait tout, ici il n'est question au final que de l'acceptation de l'autre, différent dans sa manière d'être et d'agir, qui plus est dans une société anglaise victorienne , corsetée et rigide. Si certains aspects de cette histoire peuvent prêter à sourire au final tout cela est bien triste et l'on ne souhaiterai que connaitre la suite des aventures de notre princesse.
Pour le plaisir simple que m'a procuré ma lecture je suis très enclin à conseiller l'achat, sans avoir l'air d'y toucher cela en dit plus qu'une lecture rapide ne le laisserait paraître.
C'est franchement un très bon premier album qui nous plonge tout de suite au coeur de cette intrigue. Pour un début en la matière, c'est parfaitement réussi avec une présentation du groupe efficace. On sait que Léo a rarement déçu ses lecteurs. Je pense que la suite sera une grande montée en puissance. Cela m'a d'ailleurs rappelé la série Lost par bien des aspects. J'ai pris réellement du plaisir à lire cette nouvelle aventure que je conseille vivement à ceux qui ont aimé les mondes d'Aldébaran.
J'aurais cependant quatre bémols à formuler en ma qualité de fan mais disposant d'un avis éclairé :
Il y a peu de flores et de faunes vraiment extraordinaires alors que nous sommes sur une planète étrangère. Pour l'instant, cela ressemble trop à la terre de l'époque des dinosaures. C'est pourtant la marque de fabrique de notre auteur de science-fiction préféré. Où sont donc passé ces animaux étranges et inquiétants?
Par ailleurs, on sait qu'on va mettre l'accent sur une héroïne sachant bien manier les armes à savoir la belle Manon. C'est un peu le pendant de Kim mais version blonde platine tout de même ! Cependant, je trouve que l'accent est plutôt mis sur Max et Alex qui est également le narrateur. Cela me rappelle que Marc tenait également le haut de l'affiche dans Aldébaran avant d'être détrôné par l'agaçante et pulpeuse Kim.
Je suis également surpris par la tournure de certains évènements. Quand on rencontre des extraterrestres aussi charmants, je ne comprends pas que ces derniers ne font pas de l'accompagnement jusqu'au bout pour mener à une destination car visiblement, ils en avaient les moyens techniques ! Il n'y a aucune explication donnée par l'auteur alors que cela saute pourtant aux yeux. Pour ma part, je n'irais jamais me balader dans une jungle hostile au risque de ne plus être un survivant mais un mourant en sursis. Mais bon, dans l'ensemble, le récit est plutôt bien construit.
Enfin, l'auteur ne se creuse plus les méninges pour nous donner un sous-titre par album de depuis sa série Antarès. C'est dommage d'intituler avec sobriété "épisode 1".
En conclusion, une très bonne série à découvrir grâce au talent de conteur de l'auteur qui nous surprendra toujours!
Après lecture de l'épisode 2 :
Ce tome est surprenant à plus d'un titre. On assiste enfin à l'émergence de Manon comme la meneuse du groupe de rescapés. Il y aura également une réelle surprise de taille qui va changer toutes les données du récit. C'est plutôt audacieux car complètement inattendu au détour d'une case. On aura également droit à des réponses à certains des mystères laissées en suspend dans le premier tome. Cette nouvelle série sur les mondes d'Aldébaran mérite franchement le détour.
Après lecture de l'épisode 3 :
C'est un tome de transition où l'action a pratiquement disparu sauf dans les dernières pages pour relancer l'intrigue sur les mystères d'anomalies quantiques. On termine sur un gros cliffhanger qui nous donne envie de connaître la suite du style combien d'années ont encore passé ? Je me suis cru dans un soap movie pour jeune ado du genre Hélène et les garçons. Cela frise parfois l'indigestion ou le pathétique. Je ne comprends pas cette orientation prise alors que c'est justement ce que les lecteurs reprochent à l'auteur. Le groupe se retrouve et c'est le moment des règlements de comptes amoureux. Cependant, la fin fait directement le lien avec les mondes d'Aldébaran. Cela gagne sans aucun doute en profondeur. Bref, en dépit de tout, cela reste passionnant à suivre.
Après lecture de l'épisode 4 :
Encore un épisode où il ne se passe pas grand chose malgré l'irruption d'une violence qui pour l'instant était absente des autres épisodes. Pour autant, c'est toujours passionnant à suivre. Il y a certes de nouvelles aventures mais cela devient un peu répétitif. La spécificité de ce tome vient de la réapparition de la Mantrice qui rappelle les débuts de la série Aldébaran. C'est sympathique avec tout ce bestiaire exotique mais il manque la nouveauté et les innovations.
Après lecture de l'épisode 5 :
C'est vrai que cela commençait à s'essouffler un peu et c'est bien que cela se termine par de grandes explications venues de l'espace. Cela a le mérite de combiner les différentes séries du monde d'Aldébaran dans une certaine cohérence. Il n'y aura pas l'élan tant attendu. Les facilités pourront déconcerter pas mal de lecteurs. Tout tombe du ciel ! Cette fin laisse quand même présager d'autres aventures avec notre nouvelle héroïne.
Note Dessin: 4/5 - Note scénario: 3.5/5 - Note Globale: 3.75/5
Aquablue est une série à l'univers marin et au message écologique crée par Thierry Cailleteau et Olivier Vatine. Elle a connu un incontestable succès dans les années 90 car c'était le must de la création pour l'époque en matière de science-fiction.
Pour ma part, je trouve que l'univers décrit est un cran en dessous des séries de Léo (Aldébaran, Betelgeuse) qui possède le talent de décrire au mieux la faune et la flore et de les mettre en valeur. C'est un peu dommage de ne pas avoir exploité ce potentiel pour les créatures marines.
L'histoire demeure très intéressante jusqu’au tome 5 d'un point de vue scénaristique (cela forme le premier cycle). Les deux auteurs qui sont alors en mésentente vont se séparer ce qui aura un fort impact sur la suite.
Le second cycle sous la houlette de Cailleteau (album 6 et 7) passe encore car on revient sur les origines de Nao. Tota remplace Vatine au dessin et cela se sent tant les univers graphique de ces deux dessinateurs sont différents. Cela deviendra très "commercial" par la suite et pour tout dire sans grand intérêt pour le lecteur. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une référence pour les amateurs du genre.
Je trouve personnellement que le dessin va en s'améliorant au gré de la succession des différents dessinateurs sur cette série ce qui lui confère un caractère très inégal par rapport à la baisse de la qualité scénaristique. Certes, beaucoup de lecteur regretteront le départ de Vatine qui conférait une véritable âme à chaque personnage grâce à un style particulier. On reprochera à Tota d'avoir transformé Nao en espèce de super héros bodybuildé aux antipodes de ce qu'il était à l'origine.
Ce n'est plus une série intime et mâture : c'est le moins qu'on puisse dire surtout au vu des derniers tomes où Nao est devenu une espèce de justicier écologique interplanétaire qui n'hésite pas à tromper sa pauvre femme. Aquablue a beaucoup perdu de son charme notamment au niveau de son scénario qui sombre dans le manichéisme le plus total. Il s'agirait véritablement d'arrêter le massacre à l'avenir. C'est un véritable gâchis!!!
J'ai décidé de revenir sur ma note et de mettre un 4 étoiles tout en précisant que cela concerne que les 7 premiers tomes où l'achat sera conseillé. La série Astérix a connu également les mêmes déboires. Néanmoins, cela reste un classique. Pareil pour Aquablue qui a quand même marqué le monde de la bande dessinée moderne. Si on fait la moyenne, cela reste confortable.
Fort heureusement, le 12ème tome semble tirer les leçons des derniers échecs avec ce retour aux sources. Une nouvelle équipe d'auteurs a prit le relai. Le dessin ressemble à un montage photo informatique mais je dois bien avouer que le résultat est franchement réaliste. C'est moderne dans le concept et je doute que cela plaise aux puristes de la première heure. Il s'agira de voir si la suite tient ses promesses au niveau du scénario.
Cela ne sera pas vraiment le cas avec un 13ème tome qui joue à Star Wars et qui semble un peu plat au niveau de l'intrigue. Le 14ème tome développe le concept de la série Golden City. Il y aura un fait dramatique d'importance mais on a l'impression qu'il n'y a que cela. Le scénario semble manquer d'inventivité. Ce cycle compte déjà 4 tomes et n'est pas à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre. Le rendu graphique devient très mauvais au fil des tomes. Certes, la faute à l'informatisation des images qui l'éloigne un peu plus de son passé glorieux. Le pire étant qu'il manque cruellement une intrigue digne de ce nom. Et pourtant, le nouveau cycle semble s'étirer artificiellement sans nous apporter l'essence. Aquablue n'est plus ce qu'il était. La série aurait dû s'arrêter. Voilà, c'est dit.
Pour résumer, voici le détail de mes notes selon les tomes:
Tome 1: Nao
Tome 2: Planete Bleue
Tome 3: Le Megophias
Tome 4: Corail Noir
Tome 5: Projet Atalanta
Tome 6: Etoile Blanche Part 1
Tome 7: Etoile Blanche Part 2
Tome 8: Fondation Aquablue
Tome 9: Le Totem des Cynos
Tome 10: Le baiser d'Arakh
Tome 11: La Forteresse de sable
Tome 12: Retour aux sources
Tome 13: Septentrion
Tome 14: Standard-Island
Tome 15: Gan Eden
Tome 16: Rakahanga
Note Dessin: 3/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 3.5/5
Une série chez les Arènes, c'est nouveau, puisque cet éditeur s'était contenté jusque-là de one-shots.
Et celle-ci est ambitieuse, puisqu'elle nous propose de plonger dans les remous de l'Histoire, la tourmente des trente Glorieuses. Laquelle trouve son origine dans la société française sous l'Occupation, où tout n'est ni blanc ni noir, mais bien gris, avec ces collabos qui retournent leurs vestes, les résistants qui se tirent dans les pattes en prévision d'une place dans le futur gouvernement, et même certaines personnes très haut placées qui ne semblent pas franches du collier... Un vrai panier de crabes, où ça se bat à mort, y compris dans le deuxième tome.
On ne présente plus Didier Convard, auteur de multiples séries à succès, qui s'associe pour l'occasion à Pierre Boisserie, lui aussi scénariste de séries historiques et à portée économico-politique. Leur récit est solide, s'attachant à l'histoire d'un quatuor qui cache de nombreux secrets. Au pinceaux, Stéphane Douay, au trait fragile mais qui prend peu à peu -un peu lentement quand même- ses marques. Son travail sur les véhicules et les décors est remarquable, au contraire des personnages, quis emblent changer au fil des pages...
Une série qui se pose un peu dans le même créneau que Il était une fois en France. L'avenir nous dira si le résultat est aussi réussi.
Quand le Western rencontre Michel Vaillant et Joe Bar Team, ça donne Streamliner. Un récit original et bien mené qui nous plonge dans une histoire de course automobile sauvage en plein milieu d'un désert.
Le premier tome de ce diptyque regorge d'éléments qui devraient lui permettre de séduire un public plus large que les simples amateurs de courses automobiles. Tout d'abord l'ambiance est une vraie réussite. L'histoire se passe en 1973, mais les lieux et l'ambiance donnent l'impression qu'on est 100 ans plus tôt. Les voitures ont des look rétros mais des moteurs si puissants que les voitures actuelles leur envieraient volontiers. Bref les repères sont brouillés et cela créé une ambiguïté spacio-temporelle tout à fait agréable.
Le coté cow-boys des temps modernes est bien mis en scène. Les personnages ont des bonnes gueules, des bons looks et des caractères bien trempés qui font des étincelles. Il y a d'amusants clins d'oeil à des références du western, Calamity Jane et Billy The Kid par exemple.
Tout cela nous offre un background solide et très plaisant. On rentre plus que bien dans ce récit, dont la construction est efficace. L'intrigue prend tout son temps pour se mettre en place et se développer petit à petit. Découverte des lieux, de l'histoire des personnages, des règles de cette course spéciale. Le tout est saupoudré de quelques petits rebondissements bienvenus. Au bout de 150 pages on est à peine sur la ligne de départ mais cette longue préparation est tout sauf ennuyante.
Le visuel est en parfaite harmonie avec le scénario. Le dessin est très chouette, les personnages bien que nombreux sont tous réussis. Déjà on ne les confond pas malgré leur nombre, et petite réussite supplémentaire, dès le premier coup d'oeil on peut cerner leur caractère rien qu'à leur dégaine. Les décors et les différents véhicules ne sont pas en reste, le dessinateur s'est fait plaisir ça se sent. La palette de couleurs chaudes qui dominent dans la majeure partie des planches de l'album nous transporte dans ce désert et renforce l'immersion dans le récit.
Vivement la suite.
Que voilà un album original !
Par le sujet d’abord, ambitieux, puisqu’il brasse des sujets « sérieux » (jusqu’où un savant est-il maître de ses découvertes ? La science doit-elle être au service du pouvoir ?, etc.), qui plus est dans une époque peu souvent utilisée, la fin du moyen-âge et le début de la Renaissance.
Ajoutons à cela un quasi huis-clos, puisque toute l’intrigue se déroule quasiment dans un château italien, appartenant à l’Empereur (surnommé « La Stupeur du Monde »).
Et pourtant, la lecture est captivante, on ne s’ennuie pas, car Néjib (dont je découvre le travail avec cet album) n’a pas fait ici un pensum. On a même droit pendant quelques pages à une petite enquête policière digne de Gaston Leroux ou de Poe !
Quant au dessin, très moderne, en esquisses, je l’ai trouvé lui aussi réussi, à la fois simple et original. Idem pour la colorisation, très tranchée.
C’est vraiment un album que je vous recommande, car il sort agréablement des sentiers battus.
C’est la quatrième des « chroniques « de Delisle que je lis, et, une nouvelle fois, c’est avec un très grand plaisir. Ce « Jérusalem » est même un très bon cru, ma préférée avec le Pyongyang.
On y retrouve ce qui fait la patte de Delisle, à savoir un don d’observation, de mise en avant de petits faits du quotidien, qui finissent par faire sens par leur accumulation, par ce qui finit par les lier.
C’est donc par petites touches que nous approchons de cette réalité des territoires occupés – même si c’est centré sur Jérusalem. Avec l’air de ne pas y toucher, Delisle démontre l’absurdité des situations, mais aussi l’enfer quotidien vécu par les Palestiniens, dépossédés de leurs terres et de leurs droits.
Comme pour ses Chroniques Birmanes, Delisle accompagne sa femme qui travaille pour MSF, et passe une longue période sur place, ce qui lui permet d’approfondir sa découverte du pays, et de développer certains running gags – même si l’humour est à la fois très présent et aussi en sourdine.
Delisle produit là quelque chose de complémentaire des albums de Joe Sacco, mais, s’il est peut-être moins « militant », il n’en est pas moins efficace dans sa dénonciation d’un état de fait à la fois dénoncé par la « communauté internationale » (les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU restant hélas sans effet), mais aussi toléré par passivité ou lâcheté.
C’est en tout cas un album hautement recommandable !
J’ai été touché par le témoignage de cet ex-otage. Je ne savais pas que les conditions de détention pouvaient être extrêmement difficiles quand on est seul et enfermé dans une pièce attaché à un chauffage par le poignet de manière quasi-continuelle. Là, il n’a pas le droit de voir le soleil, de se balader dehors ou même de discuter, de faire sa toilette quand il le souhaite. D’autres otages ont eu des conditions un peu moins difficiles même si c’est une situation globalement désagréable. Etre privé de liberté est sans doute la pire des choses pour un être humain. Cela dépend également de quelle liberté il s’agit. On ne parle même pas de la liberté de voter pour le candidat que l’on souhaite durant des élections. On parle de la liberté de déplacement.
On entre totalement dans la peau de cet otage ce qui était le but de cette œuvre. Les scènes seront malheureusement trop répétitives comme pour insister qu’il ne se passe rien pendant des mois. Etait-ce alors la peine de nous pondre un gros pavé comme pour accentuer cette idée ? C’est certainement le gros défaut de cette bd longue et angoissante. Cependant, celle-ci a le mérite d’exister et de nous confier une expérience peu commune. Et puis, c’est cette insistance qui nous fait comprendre bien des choses sur les conditions d’être un otage. C’est vrai qu’il est dit que dans une prison classique, on peut comprendre. Là, c’est pire comme épreuve et je veux bien le croire.
Toutes les questions pertinentes seront posées. Ce qui est réellement injuste, c’est que des hommes comme Christophe André s’engage dans une ONG médicale c’est à dire humanitaire et se font enlever de par leur « condition » occidentale pour de l’argent. On se demande si cela vaut la peine de les aider pour mériter au final un tel sort. Oui, on se doit de poser ce genre de question sans se mettre des oeillères. Cet ex-otage a décidé de poursuivre dans l’humanitaire après son enlèvement comme une chose faisant partie des risques du métier. Il a été très courageux. Je n’aurais sans doute pas fais la même chose. Je n’ai plus très envie en ce moment d’aider des peuples qui nous font du mal car ils ne nous aiment pas. C’est ainsi car je n’ai plus envie de tendre la joue gauche. Mais bon, je respecte les décisions de chacun. La démocratie, c’est également respecter un avis contraire au sien.
Il faut comprendre et voir ce qu’a vécu cet otage pour se rendre compte de l’horreur d’une telle situation même si cela pouvait être pire. Les racailles n’ont sans doute aucunes limites. Cette bd m’a touchée car elle est juste. J’aime de toute façon le style de Guy Delisle qui s’essaye pour une fois à quelque chose de différent c’est-à-dire non centré sur sa personne et son environnement exotique. La narration ainsi que le découpage sont vraiment parfaitement réussi pour nous procurer une aisance dans la lecture. C’est tout simplement juste et impeccable.
Une fois n’est pas coutume, je dédicace cet avis à Lionel, un passionné de bd, qui a eu la gentillesse de me prêter cette bd pour me la faire découvrir. On se rend compte que pour la liberté, il faut se battre.
Cette biographie retrace les grandes étapes de la vie de l’homme qui révolutionna la peinture au XIXe siècle. On y assiste à sa rencontre avec Eugène Boudin, qui lui transmit sa passion pour cet art, puis avec ses frères d’armes, Renoir, Bazille, Sisley, Cézanne et Pissaro, avec qui il fonda le groupe des Impressionnistes. Pour Monet, il fallait se rebeller contre la dictature de l’Académie, qui voulait maintenir la peinture cloitrée dans les ateliers. Lui, il estimait nécessaire de l’amener au grand air et à la lumière naturelle, d’y faire jaillir les couleurs, mais aussi de privilégier la sensation visuelle au détriment du détail. Malheureusement, ces « révolutionnaires » se heurtaient à la morgue des Académiciens qui les laissaient à la porte du salon des Arts officiel, les empêchant ainsi d’accéder à la notoriété. Mais Monet ne renia jamais son style, convaincu d’être dans le sens de l’Histoire, qui lui donna raison par la suite. Pourtant, sur le moment, il dût faire face à la précarité tout en s’endettant pour subvenir à ses besoins. Il connut des périodes difficiles, notamment avec la perte de son épouse Camille, emportée par la maladie.
Plutôt bien construit, le récit, dominé par la voix off du peintre, s’ouvre sur les derniers moments de sa vie avant d’enchaîner sur un long flashback depuis l’enfance. Salva Rubio s’attache à l’homme en tentant de cerner la passion qui l’animait, car il l’a bien compris : Monet était voué corps et âme à son art. Cette biographie, fidèle à la vérité historique, est davantage une réussite sur la forme. Le traitement graphique est magnifiquement réalisé, s’imposant comme un hommage brillant au peintre impressionniste, dont le style et les toiles sont souvent évoqués avec brio, sans que soit négligé pour autant un certain réalisme. On a parfois l’impression d’être immergé dans les œuvres du peintre, mais Efa, qui visiblement sait rester modeste, évite de singer bêtement la patte de l’auteur des Nymphéas, ce qui d’ailleurs aurait pu se révéler épineux dans le cadre d’une bande dessinée biographique.
Avec « Monet, nomade de la lumière », c’est la lune de miel entre la peinture et le neuvième art qui perdure, et de fort belle manière. Si l’on en croit la préface, l’ouvrage est en outre validé par Hugues Gall, directeur de la Fondation Claude Monet et du musée de Giverny. Des auteurs à découvrir pour (re)découvrir un des plus grands peintres du XIXe siècle dont les œuvres ont conservé toute leur modernité et sont désormais admirées dans le monde entier.
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Comment je ne suis pas devenu moine
3.5 Jean-Sébastien Bérubé, l'auteur québécois de Radisson a eu envie de devenir moine bouddhiste, mais comme le titre le montre cela ne va pas se faire. On suit Bérubé au Canada lorsqu'il pratique le bouddhisme et ensuite lorsqu'il fait un voyage au Népal et au Tibet avec l'intention de devenir un moine. Évidemment il va voir que la réalité n'est pas ce qu'il imaginait et on voit son évolution psychologique durant ce voyage. C'est un excellent album où j'ai appris plusieurs choses sur le bouddhisme, le Népal et le Tibet. La narration est fluide et cela se lit sans aucun problème. J'aime bien aussi le dessin de Bérubé qui a d'ailleurs du changer sa manière de dessiner après avoir eu un problème à la main. En gros, si vous aimez les carnets de bords, c'est à lire absolument !
Princesse Caraboo
Frais, voila le premier terme qui me vient à l'esprit pour décrire mon ressenti après ma lecture de l'histoire de cette mystérieuse princesse. C'est en grande partie au dessin que je dois cette impression, dans l'ensemble des couleurs chaudes qui se marient bien au côté exotique de la dame et de ses origines supposées. Cette histoire nous montre un choc des cultures, sans trop en dire, cela déflorerait tout, ici il n'est question au final que de l'acceptation de l'autre, différent dans sa manière d'être et d'agir, qui plus est dans une société anglaise victorienne , corsetée et rigide. Si certains aspects de cette histoire peuvent prêter à sourire au final tout cela est bien triste et l'on ne souhaiterai que connaitre la suite des aventures de notre princesse. Pour le plaisir simple que m'a procuré ma lecture je suis très enclin à conseiller l'achat, sans avoir l'air d'y toucher cela en dit plus qu'une lecture rapide ne le laisserait paraître.
Survivants - Anomalies quantiques
C'est franchement un très bon premier album qui nous plonge tout de suite au coeur de cette intrigue. Pour un début en la matière, c'est parfaitement réussi avec une présentation du groupe efficace. On sait que Léo a rarement déçu ses lecteurs. Je pense que la suite sera une grande montée en puissance. Cela m'a d'ailleurs rappelé la série Lost par bien des aspects. J'ai pris réellement du plaisir à lire cette nouvelle aventure que je conseille vivement à ceux qui ont aimé les mondes d'Aldébaran. J'aurais cependant quatre bémols à formuler en ma qualité de fan mais disposant d'un avis éclairé : Il y a peu de flores et de faunes vraiment extraordinaires alors que nous sommes sur une planète étrangère. Pour l'instant, cela ressemble trop à la terre de l'époque des dinosaures. C'est pourtant la marque de fabrique de notre auteur de science-fiction préféré. Où sont donc passé ces animaux étranges et inquiétants? Par ailleurs, on sait qu'on va mettre l'accent sur une héroïne sachant bien manier les armes à savoir la belle Manon. C'est un peu le pendant de Kim mais version blonde platine tout de même ! Cependant, je trouve que l'accent est plutôt mis sur Max et Alex qui est également le narrateur. Cela me rappelle que Marc tenait également le haut de l'affiche dans Aldébaran avant d'être détrôné par l'agaçante et pulpeuse Kim. Je suis également surpris par la tournure de certains évènements. Quand on rencontre des extraterrestres aussi charmants, je ne comprends pas que ces derniers ne font pas de l'accompagnement jusqu'au bout pour mener à une destination car visiblement, ils en avaient les moyens techniques ! Il n'y a aucune explication donnée par l'auteur alors que cela saute pourtant aux yeux. Pour ma part, je n'irais jamais me balader dans une jungle hostile au risque de ne plus être un survivant mais un mourant en sursis. Mais bon, dans l'ensemble, le récit est plutôt bien construit. Enfin, l'auteur ne se creuse plus les méninges pour nous donner un sous-titre par album de depuis sa série Antarès. C'est dommage d'intituler avec sobriété "épisode 1". En conclusion, une très bonne série à découvrir grâce au talent de conteur de l'auteur qui nous surprendra toujours! Après lecture de l'épisode 2 : Ce tome est surprenant à plus d'un titre. On assiste enfin à l'émergence de Manon comme la meneuse du groupe de rescapés. Il y aura également une réelle surprise de taille qui va changer toutes les données du récit. C'est plutôt audacieux car complètement inattendu au détour d'une case. On aura également droit à des réponses à certains des mystères laissées en suspend dans le premier tome. Cette nouvelle série sur les mondes d'Aldébaran mérite franchement le détour. Après lecture de l'épisode 3 : C'est un tome de transition où l'action a pratiquement disparu sauf dans les dernières pages pour relancer l'intrigue sur les mystères d'anomalies quantiques. On termine sur un gros cliffhanger qui nous donne envie de connaître la suite du style combien d'années ont encore passé ? Je me suis cru dans un soap movie pour jeune ado du genre Hélène et les garçons. Cela frise parfois l'indigestion ou le pathétique. Je ne comprends pas cette orientation prise alors que c'est justement ce que les lecteurs reprochent à l'auteur. Le groupe se retrouve et c'est le moment des règlements de comptes amoureux. Cependant, la fin fait directement le lien avec les mondes d'Aldébaran. Cela gagne sans aucun doute en profondeur. Bref, en dépit de tout, cela reste passionnant à suivre. Après lecture de l'épisode 4 : Encore un épisode où il ne se passe pas grand chose malgré l'irruption d'une violence qui pour l'instant était absente des autres épisodes. Pour autant, c'est toujours passionnant à suivre. Il y a certes de nouvelles aventures mais cela devient un peu répétitif. La spécificité de ce tome vient de la réapparition de la Mantrice qui rappelle les débuts de la série Aldébaran. C'est sympathique avec tout ce bestiaire exotique mais il manque la nouveauté et les innovations. Après lecture de l'épisode 5 : C'est vrai que cela commençait à s'essouffler un peu et c'est bien que cela se termine par de grandes explications venues de l'espace. Cela a le mérite de combiner les différentes séries du monde d'Aldébaran dans une certaine cohérence. Il n'y aura pas l'élan tant attendu. Les facilités pourront déconcerter pas mal de lecteurs. Tout tombe du ciel ! Cette fin laisse quand même présager d'autres aventures avec notre nouvelle héroïne. Note Dessin: 4/5 - Note scénario: 3.5/5 - Note Globale: 3.75/5
Aquablue
Aquablue est une série à l'univers marin et au message écologique crée par Thierry Cailleteau et Olivier Vatine. Elle a connu un incontestable succès dans les années 90 car c'était le must de la création pour l'époque en matière de science-fiction. Pour ma part, je trouve que l'univers décrit est un cran en dessous des séries de Léo (Aldébaran, Betelgeuse) qui possède le talent de décrire au mieux la faune et la flore et de les mettre en valeur. C'est un peu dommage de ne pas avoir exploité ce potentiel pour les créatures marines. L'histoire demeure très intéressante jusqu’au tome 5 d'un point de vue scénaristique (cela forme le premier cycle). Les deux auteurs qui sont alors en mésentente vont se séparer ce qui aura un fort impact sur la suite. Le second cycle sous la houlette de Cailleteau (album 6 et 7) passe encore car on revient sur les origines de Nao. Tota remplace Vatine au dessin et cela se sent tant les univers graphique de ces deux dessinateurs sont différents. Cela deviendra très "commercial" par la suite et pour tout dire sans grand intérêt pour le lecteur. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une référence pour les amateurs du genre. Je trouve personnellement que le dessin va en s'améliorant au gré de la succession des différents dessinateurs sur cette série ce qui lui confère un caractère très inégal par rapport à la baisse de la qualité scénaristique. Certes, beaucoup de lecteur regretteront le départ de Vatine qui conférait une véritable âme à chaque personnage grâce à un style particulier. On reprochera à Tota d'avoir transformé Nao en espèce de super héros bodybuildé aux antipodes de ce qu'il était à l'origine. Ce n'est plus une série intime et mâture : c'est le moins qu'on puisse dire surtout au vu des derniers tomes où Nao est devenu une espèce de justicier écologique interplanétaire qui n'hésite pas à tromper sa pauvre femme. Aquablue a beaucoup perdu de son charme notamment au niveau de son scénario qui sombre dans le manichéisme le plus total. Il s'agirait véritablement d'arrêter le massacre à l'avenir. C'est un véritable gâchis!!! J'ai décidé de revenir sur ma note et de mettre un 4 étoiles tout en précisant que cela concerne que les 7 premiers tomes où l'achat sera conseillé. La série Astérix a connu également les mêmes déboires. Néanmoins, cela reste un classique. Pareil pour Aquablue qui a quand même marqué le monde de la bande dessinée moderne. Si on fait la moyenne, cela reste confortable. Fort heureusement, le 12ème tome semble tirer les leçons des derniers échecs avec ce retour aux sources. Une nouvelle équipe d'auteurs a prit le relai. Le dessin ressemble à un montage photo informatique mais je dois bien avouer que le résultat est franchement réaliste. C'est moderne dans le concept et je doute que cela plaise aux puristes de la première heure. Il s'agira de voir si la suite tient ses promesses au niveau du scénario. Cela ne sera pas vraiment le cas avec un 13ème tome qui joue à Star Wars et qui semble un peu plat au niveau de l'intrigue. Le 14ème tome développe le concept de la série Golden City. Il y aura un fait dramatique d'importance mais on a l'impression qu'il n'y a que cela. Le scénario semble manquer d'inventivité. Ce cycle compte déjà 4 tomes et n'est pas à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre. Le rendu graphique devient très mauvais au fil des tomes. Certes, la faute à l'informatisation des images qui l'éloigne un peu plus de son passé glorieux. Le pire étant qu'il manque cruellement une intrigue digne de ce nom. Et pourtant, le nouveau cycle semble s'étirer artificiellement sans nous apporter l'essence. Aquablue n'est plus ce qu'il était. La série aurait dû s'arrêter. Voilà, c'est dit. Pour résumer, voici le détail de mes notes selon les tomes: Tome 1: Nao
Tome 2: Planete Bleue
Tome 3: Le Megophias
Tome 4: Corail Noir
Tome 5: Projet Atalanta
Tome 6: Etoile Blanche Part 1
Tome 7: Etoile Blanche Part 2
Tome 8: Fondation Aquablue
Tome 9: Le Totem des Cynos
Tome 10: Le baiser d'Arakh
Tome 11: La Forteresse de sable
Tome 12: Retour aux sources
Tome 13: Septentrion
Tome 14: Standard-Island
Tome 15: Gan Eden
Tome 16: Rakahanga
Note Dessin: 3/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 3.5/5
La France de l'ombre (Les Années rouge & noir)
Une série chez les Arènes, c'est nouveau, puisque cet éditeur s'était contenté jusque-là de one-shots. Et celle-ci est ambitieuse, puisqu'elle nous propose de plonger dans les remous de l'Histoire, la tourmente des trente Glorieuses. Laquelle trouve son origine dans la société française sous l'Occupation, où tout n'est ni blanc ni noir, mais bien gris, avec ces collabos qui retournent leurs vestes, les résistants qui se tirent dans les pattes en prévision d'une place dans le futur gouvernement, et même certaines personnes très haut placées qui ne semblent pas franches du collier... Un vrai panier de crabes, où ça se bat à mort, y compris dans le deuxième tome. On ne présente plus Didier Convard, auteur de multiples séries à succès, qui s'associe pour l'occasion à Pierre Boisserie, lui aussi scénariste de séries historiques et à portée économico-politique. Leur récit est solide, s'attachant à l'histoire d'un quatuor qui cache de nombreux secrets. Au pinceaux, Stéphane Douay, au trait fragile mais qui prend peu à peu -un peu lentement quand même- ses marques. Son travail sur les véhicules et les décors est remarquable, au contraire des personnages, quis emblent changer au fil des pages... Une série qui se pose un peu dans le même créneau que Il était une fois en France. L'avenir nous dira si le résultat est aussi réussi.
Streamliner
Quand le Western rencontre Michel Vaillant et Joe Bar Team, ça donne Streamliner. Un récit original et bien mené qui nous plonge dans une histoire de course automobile sauvage en plein milieu d'un désert. Le premier tome de ce diptyque regorge d'éléments qui devraient lui permettre de séduire un public plus large que les simples amateurs de courses automobiles. Tout d'abord l'ambiance est une vraie réussite. L'histoire se passe en 1973, mais les lieux et l'ambiance donnent l'impression qu'on est 100 ans plus tôt. Les voitures ont des look rétros mais des moteurs si puissants que les voitures actuelles leur envieraient volontiers. Bref les repères sont brouillés et cela créé une ambiguïté spacio-temporelle tout à fait agréable. Le coté cow-boys des temps modernes est bien mis en scène. Les personnages ont des bonnes gueules, des bons looks et des caractères bien trempés qui font des étincelles. Il y a d'amusants clins d'oeil à des références du western, Calamity Jane et Billy The Kid par exemple. Tout cela nous offre un background solide et très plaisant. On rentre plus que bien dans ce récit, dont la construction est efficace. L'intrigue prend tout son temps pour se mettre en place et se développer petit à petit. Découverte des lieux, de l'histoire des personnages, des règles de cette course spéciale. Le tout est saupoudré de quelques petits rebondissements bienvenus. Au bout de 150 pages on est à peine sur la ligne de départ mais cette longue préparation est tout sauf ennuyante. Le visuel est en parfaite harmonie avec le scénario. Le dessin est très chouette, les personnages bien que nombreux sont tous réussis. Déjà on ne les confond pas malgré leur nombre, et petite réussite supplémentaire, dès le premier coup d'oeil on peut cerner leur caractère rien qu'à leur dégaine. Les décors et les différents véhicules ne sont pas en reste, le dessinateur s'est fait plaisir ça se sent. La palette de couleurs chaudes qui dominent dans la majeure partie des planches de l'album nous transporte dans ce désert et renforce l'immersion dans le récit. Vivement la suite.
Stupor Mundi
Que voilà un album original ! Par le sujet d’abord, ambitieux, puisqu’il brasse des sujets « sérieux » (jusqu’où un savant est-il maître de ses découvertes ? La science doit-elle être au service du pouvoir ?, etc.), qui plus est dans une époque peu souvent utilisée, la fin du moyen-âge et le début de la Renaissance. Ajoutons à cela un quasi huis-clos, puisque toute l’intrigue se déroule quasiment dans un château italien, appartenant à l’Empereur (surnommé « La Stupeur du Monde »). Et pourtant, la lecture est captivante, on ne s’ennuie pas, car Néjib (dont je découvre le travail avec cet album) n’a pas fait ici un pensum. On a même droit pendant quelques pages à une petite enquête policière digne de Gaston Leroux ou de Poe ! Quant au dessin, très moderne, en esquisses, je l’ai trouvé lui aussi réussi, à la fois simple et original. Idem pour la colorisation, très tranchée. C’est vraiment un album que je vous recommande, car il sort agréablement des sentiers battus.
Chroniques de Jérusalem
C’est la quatrième des « chroniques « de Delisle que je lis, et, une nouvelle fois, c’est avec un très grand plaisir. Ce « Jérusalem » est même un très bon cru, ma préférée avec le Pyongyang. On y retrouve ce qui fait la patte de Delisle, à savoir un don d’observation, de mise en avant de petits faits du quotidien, qui finissent par faire sens par leur accumulation, par ce qui finit par les lier. C’est donc par petites touches que nous approchons de cette réalité des territoires occupés – même si c’est centré sur Jérusalem. Avec l’air de ne pas y toucher, Delisle démontre l’absurdité des situations, mais aussi l’enfer quotidien vécu par les Palestiniens, dépossédés de leurs terres et de leurs droits. Comme pour ses Chroniques Birmanes, Delisle accompagne sa femme qui travaille pour MSF, et passe une longue période sur place, ce qui lui permet d’approfondir sa découverte du pays, et de développer certains running gags – même si l’humour est à la fois très présent et aussi en sourdine. Delisle produit là quelque chose de complémentaire des albums de Joe Sacco, mais, s’il est peut-être moins « militant », il n’en est pas moins efficace dans sa dénonciation d’un état de fait à la fois dénoncé par la « communauté internationale » (les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU restant hélas sans effet), mais aussi toléré par passivité ou lâcheté. C’est en tout cas un album hautement recommandable !
S'enfuir
J’ai été touché par le témoignage de cet ex-otage. Je ne savais pas que les conditions de détention pouvaient être extrêmement difficiles quand on est seul et enfermé dans une pièce attaché à un chauffage par le poignet de manière quasi-continuelle. Là, il n’a pas le droit de voir le soleil, de se balader dehors ou même de discuter, de faire sa toilette quand il le souhaite. D’autres otages ont eu des conditions un peu moins difficiles même si c’est une situation globalement désagréable. Etre privé de liberté est sans doute la pire des choses pour un être humain. Cela dépend également de quelle liberté il s’agit. On ne parle même pas de la liberté de voter pour le candidat que l’on souhaite durant des élections. On parle de la liberté de déplacement. On entre totalement dans la peau de cet otage ce qui était le but de cette œuvre. Les scènes seront malheureusement trop répétitives comme pour insister qu’il ne se passe rien pendant des mois. Etait-ce alors la peine de nous pondre un gros pavé comme pour accentuer cette idée ? C’est certainement le gros défaut de cette bd longue et angoissante. Cependant, celle-ci a le mérite d’exister et de nous confier une expérience peu commune. Et puis, c’est cette insistance qui nous fait comprendre bien des choses sur les conditions d’être un otage. C’est vrai qu’il est dit que dans une prison classique, on peut comprendre. Là, c’est pire comme épreuve et je veux bien le croire. Toutes les questions pertinentes seront posées. Ce qui est réellement injuste, c’est que des hommes comme Christophe André s’engage dans une ONG médicale c’est à dire humanitaire et se font enlever de par leur « condition » occidentale pour de l’argent. On se demande si cela vaut la peine de les aider pour mériter au final un tel sort. Oui, on se doit de poser ce genre de question sans se mettre des oeillères. Cet ex-otage a décidé de poursuivre dans l’humanitaire après son enlèvement comme une chose faisant partie des risques du métier. Il a été très courageux. Je n’aurais sans doute pas fais la même chose. Je n’ai plus très envie en ce moment d’aider des peuples qui nous font du mal car ils ne nous aiment pas. C’est ainsi car je n’ai plus envie de tendre la joue gauche. Mais bon, je respecte les décisions de chacun. La démocratie, c’est également respecter un avis contraire au sien. Il faut comprendre et voir ce qu’a vécu cet otage pour se rendre compte de l’horreur d’une telle situation même si cela pouvait être pire. Les racailles n’ont sans doute aucunes limites. Cette bd m’a touchée car elle est juste. J’aime de toute façon le style de Guy Delisle qui s’essaye pour une fois à quelque chose de différent c’est-à-dire non centré sur sa personne et son environnement exotique. La narration ainsi que le découpage sont vraiment parfaitement réussi pour nous procurer une aisance dans la lecture. C’est tout simplement juste et impeccable. Une fois n’est pas coutume, je dédicace cet avis à Lionel, un passionné de bd, qui a eu la gentillesse de me prêter cette bd pour me la faire découvrir. On se rend compte que pour la liberté, il faut se battre.
Monet - Nomade de la lumière
Cette biographie retrace les grandes étapes de la vie de l’homme qui révolutionna la peinture au XIXe siècle. On y assiste à sa rencontre avec Eugène Boudin, qui lui transmit sa passion pour cet art, puis avec ses frères d’armes, Renoir, Bazille, Sisley, Cézanne et Pissaro, avec qui il fonda le groupe des Impressionnistes. Pour Monet, il fallait se rebeller contre la dictature de l’Académie, qui voulait maintenir la peinture cloitrée dans les ateliers. Lui, il estimait nécessaire de l’amener au grand air et à la lumière naturelle, d’y faire jaillir les couleurs, mais aussi de privilégier la sensation visuelle au détriment du détail. Malheureusement, ces « révolutionnaires » se heurtaient à la morgue des Académiciens qui les laissaient à la porte du salon des Arts officiel, les empêchant ainsi d’accéder à la notoriété. Mais Monet ne renia jamais son style, convaincu d’être dans le sens de l’Histoire, qui lui donna raison par la suite. Pourtant, sur le moment, il dût faire face à la précarité tout en s’endettant pour subvenir à ses besoins. Il connut des périodes difficiles, notamment avec la perte de son épouse Camille, emportée par la maladie. Plutôt bien construit, le récit, dominé par la voix off du peintre, s’ouvre sur les derniers moments de sa vie avant d’enchaîner sur un long flashback depuis l’enfance. Salva Rubio s’attache à l’homme en tentant de cerner la passion qui l’animait, car il l’a bien compris : Monet était voué corps et âme à son art. Cette biographie, fidèle à la vérité historique, est davantage une réussite sur la forme. Le traitement graphique est magnifiquement réalisé, s’imposant comme un hommage brillant au peintre impressionniste, dont le style et les toiles sont souvent évoqués avec brio, sans que soit négligé pour autant un certain réalisme. On a parfois l’impression d’être immergé dans les œuvres du peintre, mais Efa, qui visiblement sait rester modeste, évite de singer bêtement la patte de l’auteur des Nymphéas, ce qui d’ailleurs aurait pu se révéler épineux dans le cadre d’une bande dessinée biographique. Avec « Monet, nomade de la lumière », c’est la lune de miel entre la peinture et le neuvième art qui perdure, et de fort belle manière. Si l’on en croit la préface, l’ouvrage est en outre validé par Hugues Gall, directeur de la Fondation Claude Monet et du musée de Giverny. Des auteurs à découvrir pour (re)découvrir un des plus grands peintres du XIXe siècle dont les œuvres ont conservé toute leur modernité et sont désormais admirées dans le monde entier.