Le Baron noir, c'est simple et efficace : des gags courts, des dessins et décors efficaces, et une satyre de la société croustillante et finalement très fine. Le baron noir, aigle de son état, surplombe et dominé les moutons, soutenus (passivement) par les autres animaux moins vulnérables, comme l'éléphant. Et que dire des rhinocéros policiers, grands adeptes de la "bavure".
Bref, de l'humour noir et acéré qui fait mouche à tous les coups. Le type d'album à avoir chez soi et à feuilleter de temps en temps pour retrouver (ou pas) le moral. Car c'est pas optimiste de fou quand même.
Un peu difficile à trouver, mais pas impossible, il existe une compilation que j'ai personnellement trouvée d'occasion.
J’ai lu les deux tomes, mais j’ai trouvé le second plutôt dispensable. Mon conseil d’achat ne vaut donc que pour le premier, où l’humour fonctionne mieux sur des histoires courtes, généralement de quatre cases (une page). C’est en tout cas le seul que j’ai acheté.
Bon, c’est sûr, le dessin est moche (volontairement semble-t-il, car Tronchet a fait nettement mieux ailleurs), avec des personnages nus et bedonnants. L’humour n’est vraiment pas fin, c’est même parfois débile…
Oui, mais voilà, c’est généralement assez drôle. L’humour con, un peu noir, de Tronchet est souvent jouissif. Il revisite certains passages obligés de la geste christique, avec une bonne dose de dérision, voire de cynisme.
Bref, c’est con, mais c’est bon, donc, pourquoi ne pas jeter plus qu’un coup d’œil sur ce défouloir de potache ?
Note réelle 3,5/5.
Ce récit est un peu l’histoire de Robinson … sauf qu’ils étaient 80, que c’étaient des esclaves et que leur île était particulièrement inhospitalière (petite, 1 km² environ, quasi sans relief et sans arbre et avec très peu d’eau potable). Bref, l’enfer.
Et pourtant, des hommes et surtout des femmes y ont survécu de longues années.
Le récit croisé du naufrage et de la mission scientifique (qui, 250 ans plus tard, tente de retrouver des traces des naufragés) est très intéressant. Sylvain Savoia alterne bien les deux parties du récit en adaptant son style graphique. Certes, l’histoire est assez peu mouvementée - à part le naufrage initial – mais l’intérêt de cet album réside plus dans le témoignage et la recherche historique que dans l’action.
Certaines longueurs du récit sont nécessaires pour bien apprécier la situation vécue par ces naufragés et, dans une moindre mesure, pour l’équipe archéologique du XXIème siècle. Tout au long de la lecture, on ne peut s’empêcher de se transporter sur cet îlot perdu de l’océan Indien en se posant mille questions sur la façon dont les naufragés ont dû s’organiser pour survivre tant physiquement, que socialement ou psychologiquement.
La partie documentaire n’est pas sans rappeler les magnifiques albums d’Emmanuel Lepage.
Album à recommander vivement tant pour des raisons historiques que comme preuve de l’esprit de lucre qui mène à se comporter d’une manière ignominieuse. Malheureusement, à ce point de vue, le monde ne semble pas avoir beaucoup changé en 250 ans.
Je me retrouve dans les autres avis… « La Tristesse de l'éléphant » débute comme une histoire d’amour classique, naïve (voire mièvre) et à ce titre se rapproche plutôt du genre « conte pour enfant »… pourtant la vie étant ce qu’elle est, l’histoire prend un tournant beaucoup plus sombre sur la deuxième moitié de l’album, avec un dénouement que j’ai trouvé très joli.
Le dessin de Nina Jacqmin est très réussi, le style « crayons de couleur » colle parfaitement au ton de l’histoire, et les touches de bleu et surtout de rouge ajoutent vraiment du cachet à l’ensemble.
Un chouette moment de lecture…
Franchement bien pour ce qui va venir. Je sais ça parait stupide de noter une série qui n'a pas encore vu le jour. D'aucun pourrait penser que je signe bêtement les yeux fermés, mais j'ai vu un tel potentiel dans ce premier opus qu'à moins d'un désastre je ne vois pas ce qui pourrait infléchir ma note.
Rencontrés à Rouans puis à Angoulême cette année, les auteurs toujours aussi sympathiques, sont partis avec ce titre pour une véritable saga qui devrait compter pas moins de douze volumes suivant les périples de Tancrède, (amené à devenir un grand de la BD), celui-ci partant de la Sicile donc, puis vers Constantinople, remonter par la Volga vers la mer Baltique avant une redescente vers le sud et l'Espagne musulmane. Pfiou!!, mazette. Moi la simple énonciation du projet me fait kiffer grave.
En effet ce que messieurs Brugeas et Toulhoat construisent là n'est rien moins qu'une odyssée. Je retrouve des accents vus auparavant dans Le Troisième Testament, ce qui vous l'avouerez n'est pas la plus mince des références. J'ai entièrement confiance en Vincent Brugeas pour mener à bien son scénario, l'homme me semble posséder un grain de folie mâtiné de rigueur. Cette faconde ses personnages un peu hors normes s'en nourrisse. Pour les plus sceptiques il n'est que de voir son imaginaire à l’œuvre dans la production antérieure des deux compères.
Pour ce qui est du dessinateur Ronan Toulhoat, je plussoie l'avis du Grand A sur le fait que le bonhomme monte en régime, en puissance. Dans les ambiances brumeuses, sombres de Block 109, du "Roy des Ribauds", il faisait déjà son petit effet. Le voir ici se coltiner des paysages beaucoup plus lumineux que ce à quoi il nous avait habitué est un pur régal pour les yeux.
Pour en revenir tout de même à ce premier tome disons qu'il recèle moult promesses. Est ce moi mais je lui trouve des accents déjà vu en Heroic fantasy, ce qui est loin d'être une critique , sans doute ce sentiment me vient 'il des costumes, des armes, que sais je ? Je ne sais si des éléments de ce genre viendront poindre le bout de leurs nez mais j'ai confiance et le climat proposé là me convient parfaitement. allez un petit bémol tout de même le légat du pape, Etienne, le légat pas le pape me semble un peu freluquet, jeune pour le rôle.
Si d'aventure les auteurs venaient à passer par ce beau site, qu'ils sachent donc que j'attends maintenant avec impatience la suite de cette saga. Encore un dernier mot pour dire: merci pour la dédicace, Ronan tu assures grave.
Après Block 109 et ses séries dérivées, Chaos Team suivi de Le Roy des Ribauds, le duo d’inséparables Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat se retrouvent plus en forme que jamais pour une quatrième collaboration. À l’image de la dernière en date on reste à l’époque du Moyen-Âge, quelques siècles en arrière et 50 ans avant l’appel du pape Urbain II à la première croisade. Sauf qu’on quitte les intrigues de palais et les coups tordus en scred d’étrangleur ottoman des bas-fonds parisiens pour les grands espaces ensoleillés de la Sicile, terre en proie à des conflits politiques internes en ce XIème siècle.
Tour à tour colonie grecque, conquête carthaginoise, longtemps satellite de l’empire romain avant que vandales et ostrogoths ne viennent brièvement squatter les lieux, puis partagée entre Byzance et Émirat arabo-berbère ; la Trinacria en a vu passer de l’envahisseur. Tandis que les musulmans s’entre-déchirent dans des querelles dynastiques mettant en danger leur domination sur le territoire, les byzantins tentent un ultime coup de force et s’emparer de Taormine. C’est sans compter sur les farouches normands qui déboulent en foule dans le sud de l’Europe, Guillaume « Bras-de-fer » a déjà conquis le sud de l’Italie et entend bien lui aussi s’accaparer la convoitée et stratégique Sicile. C’est là que débarque un légat du pape, le jeune moine Etienne qui accompagne l’intriguant Tancrède, personnage phare entouré d’un voile mystérieux. Chez lui aussi coule le sang des conquérants vikings de Normandie, et il entend bien mettre à mal les plans de tout ce petit monde, prendre le beurre, l’argent du beurre et le cul de la sicilienne.
De nouveau les auteurs nous concocte un récit épique aventureux faisant coïncider la petite histoire avec la grande Histoire, où tout en racontant la formation du vrai royaume normand de Sicile au travers de combats guerriers brutaux et de cités assiégées, ils nous plongent dans des coulisses imaginaires plus romanesques révélant les conflits intimes de la famille Hauteville, les fondateurs de ce royaume normand sicilien qui imposa sa domination près d’un siècle. Car qui est ce Tancrède qui semble vouloir à tout prix masquer son véritable nom et qui noue en son cœur des plans de vengeance ? Les divers flash-back entrecoupant le récit dévoile un personnage bafoué dans son honneur, trahit par ses proches, oublié et laissé pour compte. Cette histoire sent bon la reprise médiévale du plus célèbre des prisonniers clamant vengeance : Le Comte de Monte Cristo. La vengeance est un plat qui se mange froid, avis aux amateurs.
Mais pour le moment de nombreuses questions jalonnent ce premier acte dont on attend déjà impatiemment la suite. Vincent Brugeas planifierait son histoire sur plusieurs cycles si le succès est au rendez-vous, c’est tout le mal que je lui souhaite. En attendant on pourra rester un peu en arrière et admirer les dessins de Toulhoat qui ne cesse de monter en régime à mon sens. Les cadrages sont inspirés et immersifs, les dessins sont fouillés, le trait est gras comme je l’apprécie. Les couleurs rentrent de même davantage dans ma zone de confort que dans Le Roy des Ribauds où là c’était vraiment très sombre et glauque. Et puis j’aime bien la reprise du chara-design du protagoniste d’une série à l’autre, Tancrède a les mêmes yeux de prédateurs que Tristan du Roy des… et du coup ça colle impeccable avec la description du célèbre Bob G. aux « yeux d’un bleu très clair, la voix puissante, un regard vif mais qui inquiète... » (selon Anne Comnène).
« Normands ! Vos exploits sont parvenus à nos yeux !!! »
Après la lecture des 18 tomes de la série.
Autant le dire tout de suite, 100 Bullets est une grande réussite. J’ai rarement vu un scénario de polar aussi ambitieux et bien construit. Risso prend son temps pour amener ses nombreux personnages (très réussis pour la plupart) et surtout développer très, très progressivement une intrigue extrêmement dense et complexe, qui pourtant accroche le lecteur dès les premières pages pour ne plus le lâcher. Suspense, révélations, rebondissements, tout est habilement dosé et l’on avale avec délectation tous les volumes jusqu’au feu d’artifice final.
Graphiquement, pas grand-chose à redire : c’est parfaitement illustré. L’ambiance sombre et paranoïaque est très justement rendue par un trait percutant et dynamique.
Série culte alors ? Malgré la grande qualité de la saga, certains défauts ont quand même sensiblement atténués mon plaisir. En vrac : la redondance de certaines situations, un manque d’explications sur certaines intrigues secondaires, une colorisation un peu criarde et surtout le côté quasiment invincible, pour ne pas dire surnaturel, des Minutemen.
100 Bullets est une série brillante.
A découvrir absolument !
C'est sur les conseils d'un ami que je me suis lancé dans cette lecture, et je ne regrette rien du tout !
Malgré mes lacunes dans l'univers de Mutafukz (je n'ai toujours pas lu la série mère), j'ai été très pris par ce one-shoot. On entre de plein fouet dans cet univers très américain, dans l'univers des gangs, des prisons et des mafias. C'est bourrin, parfois tendre, souvent violent. Mais surtout, les auteurs ont rajoutés des petits détails qui font mouche : les textes informatifs sur les inspirations de ce que vit le personnages, plusieurs répliques faisant mouches au-delà de la BD, et des idées vraiment fortes autour de l'accomplissement personnel ou du destin de l'humain. C'est bien fichu, d'un bout à l'autre, avec de la tension et de l'action. Une Bd vraiment pêchue et bien réalisée !
Niveau dessin, je n'en attendais pas moins de Neyef, qui réalise quelque chose de précis et coloré, avec un dessin détaillé qui retranscrit à merveille les ambiances chaudes et sèches de ces régions arides. On est dans l'ambiance tout au long des six chapitres, et c'est plaisant à lire. Et le personnage de Jesus est excellent, un vrai personnage héroïque pour le coup.
Cette BD m'a vraiment donné envie de me pencher sur l'univers de Mutafukaz, et c'est déjà un bon début. Mais en plus, il faut reconnaitre que cette BD est vraiment excellente. J'ai pris un plaisir fou à la lire et je suis motivé à retrouver les deux auteurs. Largement suffisante à elle-même, je vous la recommande tout à fait !
Au milieu de la médiocrité des mangas actuels, il peut se révéler un joyau qui surpasse nettement la qualité des autres. Cette série en fait incontestablement partie. Certes, le titre fait une référence quasi biblique au premier couple de l’humanité mais il ne sera pas du tout question de cet aspect du moins au début. On joue plutôt dans la cour du parrain au milieu de ces yakuzas avec une grosse dose d’homme invisible prêt à en découdre assez violement.
Le premier tome commence comme un huis clos assez passionnant où chaque action va être décortiquée pour notre plus grand plaisir. Là aussi, on peut se gausser sur l’invraisemblance des situations mais cela passe grâce à un incontestable talent dans la façon de raconter ce scénario. Bref, la lecture est réellement prenante. Par ailleurs, le dessin assez clair et précis ajoute encore une touche de qualité pour ne pas dire de beauté au milieu de ce carnage.
A la fin de ce premier tome, on n’a qu’une seule hâte à savoir connaitre absolument la suite d’autant qu’il n’y a que 2 tomes qui paraissent d'ailleurs en même temps. Voilà que cela tranche avec tout ce que j’ai pu lire dernièrement. Il faut en lire 10 mauvais pour dénicher le bon.
Tiens, je pensais avoir avisé cet album depuis longtemps, moi qui suis un très grand fan de Lécroart !? Je m’y colle donc de ce pas.
On retrouve ici les trois personnages habituels des publications de l’Auteur dans cette collection Mimolette, à savoir les deux professeurs et Anne, leur assistante.
Ici, Lécroart les embarque dans une nouvelle aventure, avec pour but de découvrir un moyen pour captiver le lecteur, relancer l’intérêt d’une histoire. Pour cela, il faut tout tenter, changer de style (Lécroart use alors d’un trait classique, abandonnant ces personnages rondouillards, qui revêtent momentanément une apparence « mannequinesque », puis l’enquête se poursuit au Japon, pour découvrir le secret de la réussite des mangas – amusante utilisation d’une particularité du manga par Lécroart d’ailleurs…).
Dans cet opus, Lécroart use de plusieurs « trucs » oubapiens, mais va aussi parfois vers les détournements situationnistes : ces passages, avec un langage plus ou moins faussement technique, linguistique et en tout cas très abscons dans ce contexte, peuvent éventuellement barber certains lecteurs.
Mais, comme toujours, derrière les décors faussement sérieux (ce sont des « professeurs » qui font des expériences !), le délire n’est pas loin, et l’humour perce quand même !
Mais, même si je l’ai trouvé un chouia moins bon que les deux autres opus de Lécroart dans la même collection, j’ai quand même bien aimé ma lecture, et vous la recommande.
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Le Baron Noir
Le Baron noir, c'est simple et efficace : des gags courts, des dessins et décors efficaces, et une satyre de la société croustillante et finalement très fine. Le baron noir, aigle de son état, surplombe et dominé les moutons, soutenus (passivement) par les autres animaux moins vulnérables, comme l'éléphant. Et que dire des rhinocéros policiers, grands adeptes de la "bavure". Bref, de l'humour noir et acéré qui fait mouche à tous les coups. Le type d'album à avoir chez soi et à feuilleter de temps en temps pour retrouver (ou pas) le moral. Car c'est pas optimiste de fou quand même. Un peu difficile à trouver, mais pas impossible, il existe une compilation que j'ai personnellement trouvée d'occasion.
Sacré Jésus !
J’ai lu les deux tomes, mais j’ai trouvé le second plutôt dispensable. Mon conseil d’achat ne vaut donc que pour le premier, où l’humour fonctionne mieux sur des histoires courtes, généralement de quatre cases (une page). C’est en tout cas le seul que j’ai acheté. Bon, c’est sûr, le dessin est moche (volontairement semble-t-il, car Tronchet a fait nettement mieux ailleurs), avec des personnages nus et bedonnants. L’humour n’est vraiment pas fin, c’est même parfois débile… Oui, mais voilà, c’est généralement assez drôle. L’humour con, un peu noir, de Tronchet est souvent jouissif. Il revisite certains passages obligés de la geste christique, avec une bonne dose de dérision, voire de cynisme. Bref, c’est con, mais c’est bon, donc, pourquoi ne pas jeter plus qu’un coup d’œil sur ce défouloir de potache ? Note réelle 3,5/5.
Les Esclaves oubliés de Tromelin
Ce récit est un peu l’histoire de Robinson … sauf qu’ils étaient 80, que c’étaient des esclaves et que leur île était particulièrement inhospitalière (petite, 1 km² environ, quasi sans relief et sans arbre et avec très peu d’eau potable). Bref, l’enfer. Et pourtant, des hommes et surtout des femmes y ont survécu de longues années. Le récit croisé du naufrage et de la mission scientifique (qui, 250 ans plus tard, tente de retrouver des traces des naufragés) est très intéressant. Sylvain Savoia alterne bien les deux parties du récit en adaptant son style graphique. Certes, l’histoire est assez peu mouvementée - à part le naufrage initial – mais l’intérêt de cet album réside plus dans le témoignage et la recherche historique que dans l’action. Certaines longueurs du récit sont nécessaires pour bien apprécier la situation vécue par ces naufragés et, dans une moindre mesure, pour l’équipe archéologique du XXIème siècle. Tout au long de la lecture, on ne peut s’empêcher de se transporter sur cet îlot perdu de l’océan Indien en se posant mille questions sur la façon dont les naufragés ont dû s’organiser pour survivre tant physiquement, que socialement ou psychologiquement. La partie documentaire n’est pas sans rappeler les magnifiques albums d’Emmanuel Lepage. Album à recommander vivement tant pour des raisons historiques que comme preuve de l’esprit de lucre qui mène à se comporter d’une manière ignominieuse. Malheureusement, à ce point de vue, le monde ne semble pas avoir beaucoup changé en 250 ans.
La Tristesse de l'éléphant
Je me retrouve dans les autres avis… « La Tristesse de l'éléphant » débute comme une histoire d’amour classique, naïve (voire mièvre) et à ce titre se rapproche plutôt du genre « conte pour enfant »… pourtant la vie étant ce qu’elle est, l’histoire prend un tournant beaucoup plus sombre sur la deuxième moitié de l’album, avec un dénouement que j’ai trouvé très joli. Le dessin de Nina Jacqmin est très réussi, le style « crayons de couleur » colle parfaitement au ton de l’histoire, et les touches de bleu et surtout de rouge ajoutent vraiment du cachet à l’ensemble. Un chouette moment de lecture…
Ira Dei
Franchement bien pour ce qui va venir. Je sais ça parait stupide de noter une série qui n'a pas encore vu le jour. D'aucun pourrait penser que je signe bêtement les yeux fermés, mais j'ai vu un tel potentiel dans ce premier opus qu'à moins d'un désastre je ne vois pas ce qui pourrait infléchir ma note. Rencontrés à Rouans puis à Angoulême cette année, les auteurs toujours aussi sympathiques, sont partis avec ce titre pour une véritable saga qui devrait compter pas moins de douze volumes suivant les périples de Tancrède, (amené à devenir un grand de la BD), celui-ci partant de la Sicile donc, puis vers Constantinople, remonter par la Volga vers la mer Baltique avant une redescente vers le sud et l'Espagne musulmane. Pfiou!!, mazette. Moi la simple énonciation du projet me fait kiffer grave. En effet ce que messieurs Brugeas et Toulhoat construisent là n'est rien moins qu'une odyssée. Je retrouve des accents vus auparavant dans Le Troisième Testament, ce qui vous l'avouerez n'est pas la plus mince des références. J'ai entièrement confiance en Vincent Brugeas pour mener à bien son scénario, l'homme me semble posséder un grain de folie mâtiné de rigueur. Cette faconde ses personnages un peu hors normes s'en nourrisse. Pour les plus sceptiques il n'est que de voir son imaginaire à l’œuvre dans la production antérieure des deux compères. Pour ce qui est du dessinateur Ronan Toulhoat, je plussoie l'avis du Grand A sur le fait que le bonhomme monte en régime, en puissance. Dans les ambiances brumeuses, sombres de Block 109, du "Roy des Ribauds", il faisait déjà son petit effet. Le voir ici se coltiner des paysages beaucoup plus lumineux que ce à quoi il nous avait habitué est un pur régal pour les yeux. Pour en revenir tout de même à ce premier tome disons qu'il recèle moult promesses. Est ce moi mais je lui trouve des accents déjà vu en Heroic fantasy, ce qui est loin d'être une critique , sans doute ce sentiment me vient 'il des costumes, des armes, que sais je ? Je ne sais si des éléments de ce genre viendront poindre le bout de leurs nez mais j'ai confiance et le climat proposé là me convient parfaitement. allez un petit bémol tout de même le légat du pape, Etienne, le légat pas le pape me semble un peu freluquet, jeune pour le rôle. Si d'aventure les auteurs venaient à passer par ce beau site, qu'ils sachent donc que j'attends maintenant avec impatience la suite de cette saga. Encore un dernier mot pour dire: merci pour la dédicace, Ronan tu assures grave.
Ira Dei
Après Block 109 et ses séries dérivées, Chaos Team suivi de Le Roy des Ribauds, le duo d’inséparables Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat se retrouvent plus en forme que jamais pour une quatrième collaboration. À l’image de la dernière en date on reste à l’époque du Moyen-Âge, quelques siècles en arrière et 50 ans avant l’appel du pape Urbain II à la première croisade. Sauf qu’on quitte les intrigues de palais et les coups tordus en scred d’étrangleur ottoman des bas-fonds parisiens pour les grands espaces ensoleillés de la Sicile, terre en proie à des conflits politiques internes en ce XIème siècle. Tour à tour colonie grecque, conquête carthaginoise, longtemps satellite de l’empire romain avant que vandales et ostrogoths ne viennent brièvement squatter les lieux, puis partagée entre Byzance et Émirat arabo-berbère ; la Trinacria en a vu passer de l’envahisseur. Tandis que les musulmans s’entre-déchirent dans des querelles dynastiques mettant en danger leur domination sur le territoire, les byzantins tentent un ultime coup de force et s’emparer de Taormine. C’est sans compter sur les farouches normands qui déboulent en foule dans le sud de l’Europe, Guillaume « Bras-de-fer » a déjà conquis le sud de l’Italie et entend bien lui aussi s’accaparer la convoitée et stratégique Sicile. C’est là que débarque un légat du pape, le jeune moine Etienne qui accompagne l’intriguant Tancrède, personnage phare entouré d’un voile mystérieux. Chez lui aussi coule le sang des conquérants vikings de Normandie, et il entend bien mettre à mal les plans de tout ce petit monde, prendre le beurre, l’argent du beurre et le cul de la sicilienne. De nouveau les auteurs nous concocte un récit épique aventureux faisant coïncider la petite histoire avec la grande Histoire, où tout en racontant la formation du vrai royaume normand de Sicile au travers de combats guerriers brutaux et de cités assiégées, ils nous plongent dans des coulisses imaginaires plus romanesques révélant les conflits intimes de la famille Hauteville, les fondateurs de ce royaume normand sicilien qui imposa sa domination près d’un siècle. Car qui est ce Tancrède qui semble vouloir à tout prix masquer son véritable nom et qui noue en son cœur des plans de vengeance ? Les divers flash-back entrecoupant le récit dévoile un personnage bafoué dans son honneur, trahit par ses proches, oublié et laissé pour compte. Cette histoire sent bon la reprise médiévale du plus célèbre des prisonniers clamant vengeance : Le Comte de Monte Cristo. La vengeance est un plat qui se mange froid, avis aux amateurs. Mais pour le moment de nombreuses questions jalonnent ce premier acte dont on attend déjà impatiemment la suite. Vincent Brugeas planifierait son histoire sur plusieurs cycles si le succès est au rendez-vous, c’est tout le mal que je lui souhaite. En attendant on pourra rester un peu en arrière et admirer les dessins de Toulhoat qui ne cesse de monter en régime à mon sens. Les cadrages sont inspirés et immersifs, les dessins sont fouillés, le trait est gras comme je l’apprécie. Les couleurs rentrent de même davantage dans ma zone de confort que dans Le Roy des Ribauds où là c’était vraiment très sombre et glauque. Et puis j’aime bien la reprise du chara-design du protagoniste d’une série à l’autre, Tancrède a les mêmes yeux de prédateurs que Tristan du Roy des… et du coup ça colle impeccable avec la description du célèbre Bob G. aux « yeux d’un bleu très clair, la voix puissante, un regard vif mais qui inquiète... » (selon Anne Comnène). « Normands ! Vos exploits sont parvenus à nos yeux !!! »
100 bullets
Après la lecture des 18 tomes de la série. Autant le dire tout de suite, 100 Bullets est une grande réussite. J’ai rarement vu un scénario de polar aussi ambitieux et bien construit. Risso prend son temps pour amener ses nombreux personnages (très réussis pour la plupart) et surtout développer très, très progressivement une intrigue extrêmement dense et complexe, qui pourtant accroche le lecteur dès les premières pages pour ne plus le lâcher. Suspense, révélations, rebondissements, tout est habilement dosé et l’on avale avec délectation tous les volumes jusqu’au feu d’artifice final. Graphiquement, pas grand-chose à redire : c’est parfaitement illustré. L’ambiance sombre et paranoïaque est très justement rendue par un trait percutant et dynamique. Série culte alors ? Malgré la grande qualité de la saga, certains défauts ont quand même sensiblement atténués mon plaisir. En vrac : la redondance de certaines situations, un manque d’explications sur certaines intrigues secondaires, une colorisation un peu criarde et surtout le côté quasiment invincible, pour ne pas dire surnaturel, des Minutemen. 100 Bullets est une série brillante. A découvrir absolument !
Mutafukaz - Puta Madre
C'est sur les conseils d'un ami que je me suis lancé dans cette lecture, et je ne regrette rien du tout ! Malgré mes lacunes dans l'univers de Mutafukz (je n'ai toujours pas lu la série mère), j'ai été très pris par ce one-shoot. On entre de plein fouet dans cet univers très américain, dans l'univers des gangs, des prisons et des mafias. C'est bourrin, parfois tendre, souvent violent. Mais surtout, les auteurs ont rajoutés des petits détails qui font mouche : les textes informatifs sur les inspirations de ce que vit le personnages, plusieurs répliques faisant mouches au-delà de la BD, et des idées vraiment fortes autour de l'accomplissement personnel ou du destin de l'humain. C'est bien fichu, d'un bout à l'autre, avec de la tension et de l'action. Une Bd vraiment pêchue et bien réalisée ! Niveau dessin, je n'en attendais pas moins de Neyef, qui réalise quelque chose de précis et coloré, avec un dessin détaillé qui retranscrit à merveille les ambiances chaudes et sèches de ces régions arides. On est dans l'ambiance tout au long des six chapitres, et c'est plaisant à lire. Et le personnage de Jesus est excellent, un vrai personnage héroïque pour le coup. Cette BD m'a vraiment donné envie de me pencher sur l'univers de Mutafukaz, et c'est déjà un bon début. Mais en plus, il faut reconnaitre que cette BD est vraiment excellente. J'ai pris un plaisir fou à la lire et je suis motivé à retrouver les deux auteurs. Largement suffisante à elle-même, je vous la recommande tout à fait !
Adam et Eve
Au milieu de la médiocrité des mangas actuels, il peut se révéler un joyau qui surpasse nettement la qualité des autres. Cette série en fait incontestablement partie. Certes, le titre fait une référence quasi biblique au premier couple de l’humanité mais il ne sera pas du tout question de cet aspect du moins au début. On joue plutôt dans la cour du parrain au milieu de ces yakuzas avec une grosse dose d’homme invisible prêt à en découdre assez violement. Le premier tome commence comme un huis clos assez passionnant où chaque action va être décortiquée pour notre plus grand plaisir. Là aussi, on peut se gausser sur l’invraisemblance des situations mais cela passe grâce à un incontestable talent dans la façon de raconter ce scénario. Bref, la lecture est réellement prenante. Par ailleurs, le dessin assez clair et précis ajoute encore une touche de qualité pour ne pas dire de beauté au milieu de ce carnage. A la fin de ce premier tome, on n’a qu’une seule hâte à savoir connaitre absolument la suite d’autant qu’il n’y a que 2 tomes qui paraissent d'ailleurs en même temps. Voilà que cela tranche avec tout ce que j’ai pu lire dernièrement. Il faut en lire 10 mauvais pour dénicher le bon.
L'Elite à la portée de tous
Tiens, je pensais avoir avisé cet album depuis longtemps, moi qui suis un très grand fan de Lécroart !? Je m’y colle donc de ce pas. On retrouve ici les trois personnages habituels des publications de l’Auteur dans cette collection Mimolette, à savoir les deux professeurs et Anne, leur assistante. Ici, Lécroart les embarque dans une nouvelle aventure, avec pour but de découvrir un moyen pour captiver le lecteur, relancer l’intérêt d’une histoire. Pour cela, il faut tout tenter, changer de style (Lécroart use alors d’un trait classique, abandonnant ces personnages rondouillards, qui revêtent momentanément une apparence « mannequinesque », puis l’enquête se poursuit au Japon, pour découvrir le secret de la réussite des mangas – amusante utilisation d’une particularité du manga par Lécroart d’ailleurs…). Dans cet opus, Lécroart use de plusieurs « trucs » oubapiens, mais va aussi parfois vers les détournements situationnistes : ces passages, avec un langage plus ou moins faussement technique, linguistique et en tout cas très abscons dans ce contexte, peuvent éventuellement barber certains lecteurs. Mais, comme toujours, derrière les décors faussement sérieux (ce sont des « professeurs » qui font des expériences !), le délire n’est pas loin, et l’humour perce quand même ! Mais, même si je l’ai trouvé un chouia moins bon que les deux autres opus de Lécroart dans la même collection, j’ai quand même bien aimé ma lecture, et vous la recommande.