L'album Enigma met en scène un comte de Champignac à priori dans la trentaine ou quarantaine, en pleine Seconde Guerre Mondiale. On le retrouve souriant et débonnaire, avec son petit côté fantasque et sa passion pour la science et les champignons. Derrière sa moustache ici encore brune, on retrouve bien le personnage des aventures de Spirou, juste en un peu plus jeune.
Il devra ici quitter son château annexé par les soldats nazis et rejoindre l'Angleterre et plus précisément le site de Bletchley Park où se déroulent en secret les tentatives anglaises de décryptage des communications de l'armée Allemande. Il côtoiera alors une part de la Grande Histoire, auprès du fameux Alan Turing notamment. Et il y fera aussi la rencontre d'une jolie écossaise, à l'esprit aussi vif et curieux que le sien, dont il tombera vite sous le charme.
Ceux qui connaissent un peu le parcours du décryptage du Code Enigma et la vie d'Alan Turing ne seront pas dépaysés. Le scénario comporte bien des points communs avec celui du film The Imitation Game, avec Benedict Cumberbatch, ou encore avec le roman de Neal Stephenson, Cryptonomicon. J'ai néanmoins pris plaisir à l'explication bien plus didactique et claire du fonctionnement du décryptage et de la machine Enigma en particulier que celle du-dit Cryptonomicon où à l'époque de ma lecture je n'avais pas compris grand chose. L'explication avec des dessins permet de bien mieux comprendre.
Cette partie didactique très présente lors de la première moitié de l'album et qui peut surprendre laisse cependant heureusement vite la place à un récit plus léger, mêlant aventure, humour et une part de romance. Et le fameux Alan Turing n'est ici qu'un personnage secondaire car c'est bien le souriant et aimable Champignac que l'on suit avant tout, et ce avec plaisir.
D'autant plus que le dessin est proprement superbe. Les planches sont travaillées, belles, élégantes et dynamiques à la fois. Et la couleur est suffisamment sobre pour nous rappeler qu'il s'agit d'un récit s'inscrivant en partie dans la réalité historique, et joyeuse pour ne pas oublier que c'est une histoire légère et propre à amener le sourire.
Je ne regrette que quelques clins d'oeil un peu trop lourdement appuyés, notamment celui à Ian Fleming. Mais j'imagine que c'est un choix réalisé dans l'optique d'un lectorat grand public pas forcément au courant du nom de l'auteur de James Bond.
J'ai beaucoup aimé cet album. Champignac est annoncé pour le moment comme un one-shot mais si une suite pouvait être de cette qualité, j'apprécierais volontiers que cela devienne une série.
Bon, ce n’est certes pas le bouquin de MAM le plus réussi et qui m’a le plus plu et/ou surpris. Mais c’est quand même pas mal, et en tout cas intéressant.
Les habitués de l’auteur y retrouveront quelques constantes. Graphiques, visuelles d’abord, puisque MAM use encore d’un Noir et Blanc (et de nuances de gris), d’un trait tranché et froid dans son rendu, décors et personnages étant à la fois statiques et quasi impersonnels.
Comme d’autres de ses œuvres – mais là par rapport à d’autres critères, puisqu’il n’y a, fait exceptionnel, aucune expérimentation esthétique ou narrative –, c’est un album dont la lecture est relativement exigeante. En effet, le texte est abondant, et fourmille de saillies, de réflexions plus ou moins philosophiques (autour de Dieu, de son existence, de la façon de l’appréhender – dans tous les sens du terme, puisqu’il a droit à un procès).
Au milieu de tout ça, de façon assez discrète je trouve, mais le plus souvent bien vue, MAM glisse quelques traits d’humour. Un humour noir ou absurde bien entendu, qui pimente certains dialogues.
MAM passe donc en revue la notion de Dieu – et son incarnation, essentiellement chrétienne ici, même si la plupart des réflexions peuvent être valables pour d’autres religions, surtout monothéistes.
Un petit exercice de style plutôt ludique, qui se laisse lire avec plaisir.
Cette bd a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent.
En ce qui me concerne, j’ai pris une petite claque. Cette bd m’a interpellé comme rarement. C’est ce contraste entre un début banal, une mort absurde et une réaction à l’opposé de toute logique qui donne tout le sel à ce récit. Le dénouement se joue dès les premières pages. Et le reste ? La suite (3/4 du récit) s’attarde sur les réactions post-traumatiques de la compagne du décapité qui s’emmure dans un déni flagrant en faisant comme si de rien n’était. C’est choquant mais pas si incongru que cela. Personnellement, j’ai été bluffé par l’histoire et pas déçu pour le coup même si la narration est lente et parsemée de futilités (pas si innocentes que cela d’ailleurs).
Sans doute le meilleur Trondheim qu’il m’ait été donné de lire.
Voilà ce que j'appelle un très bon comics.
L'histoire de base, cette petite ville de l'Oregon, toujours sous les trombes d'eau, est tristement célèbre pour être le berceau de 16 serial killers. Une agent du FBI enquêtant sur cette "anomalie" suite au non lieu de l'un d'eux va disparaître et plonger son ami, agent de la NSA à sa recherche.
Celui-ci va s'associer avec la shérif locale pour résoudre cette enquête.
Les personnages sont intéressants, de Finch, spécialiste es torture pour la NSA, attendant son procès pour avoir malencontreusement tué son dernier patient, à Crane, shérif(e) acariâtre qui a entretenu une liaison avec l'un d'eux, en passant par tous les protagonistes qui disparaîtront progressivement avec leur folie et leurs secrets.
C'est très bien conduit, la narration est efficace. On est entre Seven pour le côté serial killers et Walking Dead pour les personnages barrés et le côté survival.
Le dessin est typique comics mais très bien réalisé. Les ambiances sont bonnes. Un poil plus de détail dans les décors aurait pu donner une plus grande immersion. Mais ne boudons pas notre plaisir, c'est du tout bon.
Je mets un tout petit bémol, je trouve les enquêteurs trop souvent surpris et presque naïfs alors qu'au moins Finch devrait être aguerri. Une facilité pour dérouler le scénario, pas trop gênante pour autant.
Les auteurs nous tiennent en haleine jusqu'au bout.
Le mot qui me vient après cette lecture: quelle maîtrise!
Le rythme de l'intrigue (complexe mais toujours lisible et compréhensible, un sacré tour de force) nous emporte tout du long. Due de s'arrêter...
Et puis visuellement, y a pas à tergiverser, c'est beau.
Merci aux auteurs, ils nous ont fait un beau cadeau.
Belle réussite!
Autant l'histoire, les dialogues, le dessin, la couleur retranscrivent d'une belle manière ce far west de notre imaginaire. Un peu crade, trop violent, mettant en scène une diversité de caractères qui se télescopent.
Les plus pour moi ici sont la qualité des découpages et le fait d'aller de surprise en surprise niveau scénario.
Si le 3ème tome est aussi bon que les 2 premiers, je pense qu'on a là un futur classique du western!
*************************
Après lecture du tome 3
Malheureusement le tome 3 finit largement en dessous des 2 premiers. Je me suis même ennuyé à sa lecture. C'est dire...
Le scénario n'est plus du tout à la hauteur. Ici on se contente d'une méga tuerie en mode Q. Tarentino le talent en moins et pendant les 3/4 de la BD.
Quelle déception après ces 2 premiers tomes!
J'ai mis plusieurs jours à venir à bout de ce pavé mais j'y suis arrivé. Je dois dire que ma lecture a plutôt été assez agréable mais il m'a fallu des temps de pause pour reprendre. Sans doute avais-je envie d'apprécier pleinement en prenant pour une fois mon temps.
Il est vrai également que je ne suis pas très fan de la montagne et de ses alpinistes qui risquent leur vie pour un gros rocher. Il est vrai que les secours coûtent plutôt assez cher à la collectivité pour des personnes qui se mettent volontairement en danger. D'autres diront que c'est un hobby de riches mais pas forcément quand on voit l'origine social de certains jeunes alpinistes. En tous les cas, c'est un sport très dangereux. Cependant, quand l'esprit de la passion l'emporte...
Pour autant, j'ai fortement apprécié ce récit car j'ai été tout d'abord assez impressionné qu'un jeune puisse grimper aussi haut alors qu'il n'est pas encore un adulte. Il s'agit en l'occurrence de l'auteur qui est finalement devenu dessinateur de bande dessinée mais qui aurait pu très bien au niveau de ses compétences être un guide de haute montagne.
Il a croisé le destin de pas mal de grimpeurs de renom dont certains ne sont malheureusement plus vivant pour cause d'accident. Il faut dire que la montagne ne fait pas de quartier. On tremblera à de nombreuses reprises pour lui tant les conditions sont parfois difficiles. Il faut dire que l'insouciance de la jeunesse fait faire des choses parfois extraordinaires.
Oui, j'ai été captivé parce que c'est une excellente bd qui fait d'ailleurs partie de la sélection officielle d'Angoulême et qui mérite certainement un prix. On comprend également ce qu'Ailefroide représente pour l'auteur ayant changé de voie. Tout sonne juste dans ce récit. Que dire également du dessin qui possède une grande puissance évocatrice du monde de la montagne ? Sublime.
Ahlala ... Ahlala ... Comment passer à côté de cette BD et de cette couverture ? Comment faire pour ne pas lire ce qui semble être une belle histoire d'amour à deux mains ? Évidemment que je n'ai pas tenu plus de dix secondes, évidemment que ça m'a plu, et bien évidemment je vous la recommande.
Cette BD c'est un concentré de tout ce que j'aime, et j'aurais du mal à faire une critique qui ne sera pas trop dithyrambique. Déjà, je dois souligner que l'objet en lui-même est très bon : un beau pavé à belle couverture. Mais également dans l'idée de base du livre : faire une histoire à deux mains en alternant les pages. C'est une belle idée qui peut vite capoter faute d'un traitement bien suivi. Et là, je dois reconnaitre que le duo d'auteure à fonctionné à merveille. C'est finement réalisé dans le dessin tout comme dans la pagination. Les pages se répondent en faisant écho du même moment, du même ressenti ou de la différence entre les deux protagonistes. Je pourrais multiplier les exemples, mais rien que dans l'idée des smileys qui parsèment l’œuvre et qui sont différents selon la personne qui les tape, je trouve ça brillant. L'une utilisant des smileys personnels voire carrément obscurs pour les autres rendant à merveille le caractère plus renfermé et artistique, tandis que la deuxième reste dans des smileys conventionnels soulignant autant sa bonhomie que son conformisme non-voulu.
A ce niveau là, je dois m'attarder sur les dessins, puisqu'un duo d'auteures signifie un duo de dessinatrices. Et je dois bien reconnaître que les deux styles se marient à merveille, entre le noir et blanc et la couleur, un dessin qui semble s'étirer dans les cases avec des petits détails tandis que l'autre a un style plus cartoon et moins détaillé, sachant pourtant se faire précis lorsqu'il le faut (et notamment dans les paysages). Le mariage des deux se fait tout naturellement, et rien qu'en relisant cet avis je suis déjà en train de remarquer d'autres détails dans le dessin. Comme quoi, il y aurait encore à en dire.
Et puis l'histoire, quoi !! Une belle histoire d'amour ... Faut vraiment que je justifie encore ? Bon, dans les grandes lignes c'est une histoire d'amour avec quelques touches d'originalité dans le scénario (notamment le fait que POUR UNE FOIS on n'insiste pas du tout sur le caractère homosexuel de la relation, ce qui fait un bien fou ! D'ailleurs à aucun moment il n'est fait mention du terme "Lesbienne"). Mais dans les détails il y a quelques petites notions éveillant encore plus mon intérêt, comme le fait que quasiment toutes les interactions des filles vont passer par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux si souvent conspués. Mais sans faire de condamnation unilatérale, on a enfin le droit ici à une histoire qui montre que toute cette technologie peut aussi rapprocher les êtres humains, et cela d'autant plus lorsque l'on se sent facilement mal à l'aise en public. C'est tout simple et bête comme idée, mais ça fait plaisir à lire.
Je rajouterais que ENFIN on a une histoire qui se finit bien ET qui traite d'homosexualité ! (peut-être la fin de la fatalité pour ces couples !)
Alors certes, on pourra taxer cette histoire de fleur bleue rose bonbon, d'une fin trop happy end (même la maman sévère semble bien prendre le choix de carrière), mais ça fait du bien. Nom de dieu que ça fait du bien que enfin ça se passe bien, et ça ne semble pas incohérent pour un sou. C'est agréable et frais, bourré d'idées géniales (et je me répète, mais dans la mise en page et les cadrages j'ai déniché pas mal de pépites), une histoire qui est à la fois très jolie et tout à fait dans ce que je voulais lire ... Oui, c'est du bon et je l'assume totalement. De la douceur dans ce monde, un peu de poésie et de l'amour. Je dis oui, mille fois oui. Je ne peux que la recommander chaudement, ce petit coup de cœur de début d'année !
Recueil de gags en une demi-page qui s’enchaînent pour former une histoire complète en trois tomes, cette série parodie les séries télévisées romantiques à rallonge sur le ton décalé et absurde cher à Fabcaro. Il n’est donc pas tout à fait idiot de voir là une sorte de préliminaire à « Et si l'amour c'était aimer ? » du même Fabcaro.
La galerie de personnage est magnifique et les auteurs parviennent à rendre vivantes et touchantes ces caricatures sur pattes pourvues des pires dons de l’humanité (mauvaise foi, bêtise, arrogance, prétention et autres joyeusetés). Les dialogues fourmillent de petites perles. L’humour se cache au détour d’un titre de magazine (et honnêtement « caissière du Lidl à moitié nue magazine », je le vois quelque part dans une librairie, je l’achète, moi !!) ou lors d'une répartie sortie de nulle part. L’absurde règne en maître, qu’il s’agisse d’adopter un enfant ou de se faire remodeler les seins.
Et puis il y a ce fil narratif, cette intrigue idiote (qui parviendra à hériter de la CX diesel du paternel ?) qui crée un suspense et tient en haleine tout du long des trois albums. Car oui, même si on s’en doute un peu, on ne peut s’empêcher de se demander comment tout cela va se terminer.
Enfin, l’usage d’animaux anthropomorphes en guise de personnages est une bonne idée. Elle permet de créer un visuel plus caricatural et expressif à ceux-ci sans rien enlever à leur pitoyable (et délectable) humanité.
J’ai lu la série dans sa version intégrale en format à l’italienne, ce qui, je trouve, lui convient parfaitement.
Une très bonne bande dessinée qui me donne bien envie de lire les autres œuvres de cet auteur que je n'ai pas lues. Autant je fus déçu par son Pereira prétend, autant j'ai trouvé que ce Malaterre était captivant.
Les deux points forts sont clairement le dessin et le personnage de Gabriel. Le dessin, tout d'abord, est non seulement un des styles de dessins que j'aime le plus, mais il est maîtrisé de main de maître par Gomont. C'est dynamique, expressif et les couleurs sont excellentes. Ensuite, le personnage de Gabriel est effectivement un personnage intéressant même s'il est au final assez détestable, notamment dans la manière dont il traite ses enfants. Le scénario est prenant et bien maîtrisé du début jusqu'à la fin.
Pour moi un des meilleurs albums sortis en 2018.
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Champignac
L'album Enigma met en scène un comte de Champignac à priori dans la trentaine ou quarantaine, en pleine Seconde Guerre Mondiale. On le retrouve souriant et débonnaire, avec son petit côté fantasque et sa passion pour la science et les champignons. Derrière sa moustache ici encore brune, on retrouve bien le personnage des aventures de Spirou, juste en un peu plus jeune. Il devra ici quitter son château annexé par les soldats nazis et rejoindre l'Angleterre et plus précisément le site de Bletchley Park où se déroulent en secret les tentatives anglaises de décryptage des communications de l'armée Allemande. Il côtoiera alors une part de la Grande Histoire, auprès du fameux Alan Turing notamment. Et il y fera aussi la rencontre d'une jolie écossaise, à l'esprit aussi vif et curieux que le sien, dont il tombera vite sous le charme. Ceux qui connaissent un peu le parcours du décryptage du Code Enigma et la vie d'Alan Turing ne seront pas dépaysés. Le scénario comporte bien des points communs avec celui du film The Imitation Game, avec Benedict Cumberbatch, ou encore avec le roman de Neal Stephenson, Cryptonomicon. J'ai néanmoins pris plaisir à l'explication bien plus didactique et claire du fonctionnement du décryptage et de la machine Enigma en particulier que celle du-dit Cryptonomicon où à l'époque de ma lecture je n'avais pas compris grand chose. L'explication avec des dessins permet de bien mieux comprendre. Cette partie didactique très présente lors de la première moitié de l'album et qui peut surprendre laisse cependant heureusement vite la place à un récit plus léger, mêlant aventure, humour et une part de romance. Et le fameux Alan Turing n'est ici qu'un personnage secondaire car c'est bien le souriant et aimable Champignac que l'on suit avant tout, et ce avec plaisir. D'autant plus que le dessin est proprement superbe. Les planches sont travaillées, belles, élégantes et dynamiques à la fois. Et la couleur est suffisamment sobre pour nous rappeler qu'il s'agit d'un récit s'inscrivant en partie dans la réalité historique, et joyeuse pour ne pas oublier que c'est une histoire légère et propre à amener le sourire. Je ne regrette que quelques clins d'oeil un peu trop lourdement appuyés, notamment celui à Ian Fleming. Mais j'imagine que c'est un choix réalisé dans l'optique d'un lectorat grand public pas forcément au courant du nom de l'auteur de James Bond. J'ai beaucoup aimé cet album. Champignac est annoncé pour le moment comme un one-shot mais si une suite pouvait être de cette qualité, j'apprécierais volontiers que cela devienne une série.
Dieu en personne
Bon, ce n’est certes pas le bouquin de MAM le plus réussi et qui m’a le plus plu et/ou surpris. Mais c’est quand même pas mal, et en tout cas intéressant. Les habitués de l’auteur y retrouveront quelques constantes. Graphiques, visuelles d’abord, puisque MAM use encore d’un Noir et Blanc (et de nuances de gris), d’un trait tranché et froid dans son rendu, décors et personnages étant à la fois statiques et quasi impersonnels. Comme d’autres de ses œuvres – mais là par rapport à d’autres critères, puisqu’il n’y a, fait exceptionnel, aucune expérimentation esthétique ou narrative –, c’est un album dont la lecture est relativement exigeante. En effet, le texte est abondant, et fourmille de saillies, de réflexions plus ou moins philosophiques (autour de Dieu, de son existence, de la façon de l’appréhender – dans tous les sens du terme, puisqu’il a droit à un procès). Au milieu de tout ça, de façon assez discrète je trouve, mais le plus souvent bien vue, MAM glisse quelques traits d’humour. Un humour noir ou absurde bien entendu, qui pimente certains dialogues. MAM passe donc en revue la notion de Dieu – et son incarnation, essentiellement chrétienne ici, même si la plupart des réflexions peuvent être valables pour d’autres religions, surtout monothéistes. Un petit exercice de style plutôt ludique, qui se laisse lire avec plaisir.
Je vais rester
Cette bd a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent. En ce qui me concerne, j’ai pris une petite claque. Cette bd m’a interpellé comme rarement. C’est ce contraste entre un début banal, une mort absurde et une réaction à l’opposé de toute logique qui donne tout le sel à ce récit. Le dénouement se joue dès les premières pages. Et le reste ? La suite (3/4 du récit) s’attarde sur les réactions post-traumatiques de la compagne du décapité qui s’emmure dans un déni flagrant en faisant comme si de rien n’était. C’est choquant mais pas si incongru que cela. Personnellement, j’ai été bluffé par l’histoire et pas déçu pour le coup même si la narration est lente et parsemée de futilités (pas si innocentes que cela d’ailleurs). Sans doute le meilleur Trondheim qu’il m’ait été donné de lire.
Nailbiter
Voilà ce que j'appelle un très bon comics. L'histoire de base, cette petite ville de l'Oregon, toujours sous les trombes d'eau, est tristement célèbre pour être le berceau de 16 serial killers. Une agent du FBI enquêtant sur cette "anomalie" suite au non lieu de l'un d'eux va disparaître et plonger son ami, agent de la NSA à sa recherche. Celui-ci va s'associer avec la shérif locale pour résoudre cette enquête. Les personnages sont intéressants, de Finch, spécialiste es torture pour la NSA, attendant son procès pour avoir malencontreusement tué son dernier patient, à Crane, shérif(e) acariâtre qui a entretenu une liaison avec l'un d'eux, en passant par tous les protagonistes qui disparaîtront progressivement avec leur folie et leurs secrets. C'est très bien conduit, la narration est efficace. On est entre Seven pour le côté serial killers et Walking Dead pour les personnages barrés et le côté survival. Le dessin est typique comics mais très bien réalisé. Les ambiances sont bonnes. Un poil plus de détail dans les décors aurait pu donner une plus grande immersion. Mais ne boudons pas notre plaisir, c'est du tout bon. Je mets un tout petit bémol, je trouve les enquêteurs trop souvent surpris et presque naïfs alors qu'au moins Finch devrait être aguerri. Une facilité pour dérouler le scénario, pas trop gênante pour autant. Les auteurs nous tiennent en haleine jusqu'au bout.
L'Homme gribouillé
Le mot qui me vient après cette lecture: quelle maîtrise! Le rythme de l'intrigue (complexe mais toujours lisible et compréhensible, un sacré tour de force) nous emporte tout du long. Due de s'arrêter... Et puis visuellement, y a pas à tergiverser, c'est beau. Merci aux auteurs, ils nous ont fait un beau cadeau.
Stern
Belle réussite! Autant l'histoire, les dialogues, le dessin, la couleur retranscrivent d'une belle manière ce far west de notre imaginaire. Un peu crade, trop violent, mettant en scène une diversité de caractères qui se télescopent. Les plus pour moi ici sont la qualité des découpages et le fait d'aller de surprise en surprise niveau scénario. Si le 3ème tome est aussi bon que les 2 premiers, je pense qu'on a là un futur classique du western! ************************* Après lecture du tome 3 Malheureusement le tome 3 finit largement en dessous des 2 premiers. Je me suis même ennuyé à sa lecture. C'est dire... Le scénario n'est plus du tout à la hauteur. Ici on se contente d'une méga tuerie en mode Q. Tarentino le talent en moins et pendant les 3/4 de la BD. Quelle déception après ces 2 premiers tomes!
Ailefroide - Altitude 3954
J'ai mis plusieurs jours à venir à bout de ce pavé mais j'y suis arrivé. Je dois dire que ma lecture a plutôt été assez agréable mais il m'a fallu des temps de pause pour reprendre. Sans doute avais-je envie d'apprécier pleinement en prenant pour une fois mon temps. Il est vrai également que je ne suis pas très fan de la montagne et de ses alpinistes qui risquent leur vie pour un gros rocher. Il est vrai que les secours coûtent plutôt assez cher à la collectivité pour des personnes qui se mettent volontairement en danger. D'autres diront que c'est un hobby de riches mais pas forcément quand on voit l'origine social de certains jeunes alpinistes. En tous les cas, c'est un sport très dangereux. Cependant, quand l'esprit de la passion l'emporte... Pour autant, j'ai fortement apprécié ce récit car j'ai été tout d'abord assez impressionné qu'un jeune puisse grimper aussi haut alors qu'il n'est pas encore un adulte. Il s'agit en l'occurrence de l'auteur qui est finalement devenu dessinateur de bande dessinée mais qui aurait pu très bien au niveau de ses compétences être un guide de haute montagne. Il a croisé le destin de pas mal de grimpeurs de renom dont certains ne sont malheureusement plus vivant pour cause d'accident. Il faut dire que la montagne ne fait pas de quartier. On tremblera à de nombreuses reprises pour lui tant les conditions sont parfois difficiles. Il faut dire que l'insouciance de la jeunesse fait faire des choses parfois extraordinaires. Oui, j'ai été captivé parce que c'est une excellente bd qui fait d'ailleurs partie de la sélection officielle d'Angoulême et qui mérite certainement un prix. On comprend également ce qu'Ailefroide représente pour l'auteur ayant changé de voie. Tout sonne juste dans ce récit. Que dire également du dessin qui possède une grande puissance évocatrice du monde de la montagne ? Sublime.
La Fille dans l'écran
Ahlala ... Ahlala ... Comment passer à côté de cette BD et de cette couverture ? Comment faire pour ne pas lire ce qui semble être une belle histoire d'amour à deux mains ? Évidemment que je n'ai pas tenu plus de dix secondes, évidemment que ça m'a plu, et bien évidemment je vous la recommande. Cette BD c'est un concentré de tout ce que j'aime, et j'aurais du mal à faire une critique qui ne sera pas trop dithyrambique. Déjà, je dois souligner que l'objet en lui-même est très bon : un beau pavé à belle couverture. Mais également dans l'idée de base du livre : faire une histoire à deux mains en alternant les pages. C'est une belle idée qui peut vite capoter faute d'un traitement bien suivi. Et là, je dois reconnaitre que le duo d'auteure à fonctionné à merveille. C'est finement réalisé dans le dessin tout comme dans la pagination. Les pages se répondent en faisant écho du même moment, du même ressenti ou de la différence entre les deux protagonistes. Je pourrais multiplier les exemples, mais rien que dans l'idée des smileys qui parsèment l’œuvre et qui sont différents selon la personne qui les tape, je trouve ça brillant. L'une utilisant des smileys personnels voire carrément obscurs pour les autres rendant à merveille le caractère plus renfermé et artistique, tandis que la deuxième reste dans des smileys conventionnels soulignant autant sa bonhomie que son conformisme non-voulu. A ce niveau là, je dois m'attarder sur les dessins, puisqu'un duo d'auteures signifie un duo de dessinatrices. Et je dois bien reconnaître que les deux styles se marient à merveille, entre le noir et blanc et la couleur, un dessin qui semble s'étirer dans les cases avec des petits détails tandis que l'autre a un style plus cartoon et moins détaillé, sachant pourtant se faire précis lorsqu'il le faut (et notamment dans les paysages). Le mariage des deux se fait tout naturellement, et rien qu'en relisant cet avis je suis déjà en train de remarquer d'autres détails dans le dessin. Comme quoi, il y aurait encore à en dire. Et puis l'histoire, quoi !! Une belle histoire d'amour ... Faut vraiment que je justifie encore ? Bon, dans les grandes lignes c'est une histoire d'amour avec quelques touches d'originalité dans le scénario (notamment le fait que POUR UNE FOIS on n'insiste pas du tout sur le caractère homosexuel de la relation, ce qui fait un bien fou ! D'ailleurs à aucun moment il n'est fait mention du terme "Lesbienne"). Mais dans les détails il y a quelques petites notions éveillant encore plus mon intérêt, comme le fait que quasiment toutes les interactions des filles vont passer par les nouvelles technologies et les réseaux sociaux si souvent conspués. Mais sans faire de condamnation unilatérale, on a enfin le droit ici à une histoire qui montre que toute cette technologie peut aussi rapprocher les êtres humains, et cela d'autant plus lorsque l'on se sent facilement mal à l'aise en public. C'est tout simple et bête comme idée, mais ça fait plaisir à lire. Je rajouterais que ENFIN on a une histoire qui se finit bien ET qui traite d'homosexualité ! (peut-être la fin de la fatalité pour ces couples !) Alors certes, on pourra taxer cette histoire de fleur bleue rose bonbon, d'une fin trop happy end (même la maman sévère semble bien prendre le choix de carrière), mais ça fait du bien. Nom de dieu que ça fait du bien que enfin ça se passe bien, et ça ne semble pas incohérent pour un sou. C'est agréable et frais, bourré d'idées géniales (et je me répète, mais dans la mise en page et les cadrages j'ai déniché pas mal de pépites), une histoire qui est à la fois très jolie et tout à fait dans ce que je voulais lire ... Oui, c'est du bon et je l'assume totalement. De la douceur dans ce monde, un peu de poésie et de l'amour. Je dis oui, mille fois oui. Je ne peux que la recommander chaudement, ce petit coup de cœur de début d'année !
Amour, passion et CX diesel
Recueil de gags en une demi-page qui s’enchaînent pour former une histoire complète en trois tomes, cette série parodie les séries télévisées romantiques à rallonge sur le ton décalé et absurde cher à Fabcaro. Il n’est donc pas tout à fait idiot de voir là une sorte de préliminaire à « Et si l'amour c'était aimer ? » du même Fabcaro. La galerie de personnage est magnifique et les auteurs parviennent à rendre vivantes et touchantes ces caricatures sur pattes pourvues des pires dons de l’humanité (mauvaise foi, bêtise, arrogance, prétention et autres joyeusetés). Les dialogues fourmillent de petites perles. L’humour se cache au détour d’un titre de magazine (et honnêtement « caissière du Lidl à moitié nue magazine », je le vois quelque part dans une librairie, je l’achète, moi !!) ou lors d'une répartie sortie de nulle part. L’absurde règne en maître, qu’il s’agisse d’adopter un enfant ou de se faire remodeler les seins. Et puis il y a ce fil narratif, cette intrigue idiote (qui parviendra à hériter de la CX diesel du paternel ?) qui crée un suspense et tient en haleine tout du long des trois albums. Car oui, même si on s’en doute un peu, on ne peut s’empêcher de se demander comment tout cela va se terminer. Enfin, l’usage d’animaux anthropomorphes en guise de personnages est une bonne idée. Elle permet de créer un visuel plus caricatural et expressif à ceux-ci sans rien enlever à leur pitoyable (et délectable) humanité. J’ai lu la série dans sa version intégrale en format à l’italienne, ce qui, je trouve, lui convient parfaitement.
Malaterre
Une très bonne bande dessinée qui me donne bien envie de lire les autres œuvres de cet auteur que je n'ai pas lues. Autant je fus déçu par son Pereira prétend, autant j'ai trouvé que ce Malaterre était captivant. Les deux points forts sont clairement le dessin et le personnage de Gabriel. Le dessin, tout d'abord, est non seulement un des styles de dessins que j'aime le plus, mais il est maîtrisé de main de maître par Gomont. C'est dynamique, expressif et les couleurs sont excellentes. Ensuite, le personnage de Gabriel est effectivement un personnage intéressant même s'il est au final assez détestable, notamment dans la manière dont il traite ses enfants. Le scénario est prenant et bien maîtrisé du début jusqu'à la fin. Pour moi un des meilleurs albums sortis en 2018.