Attention, mon avis sur cette BD prend en compte le fait qu'elle date de la fin des années 70 - début 80. Dans ce contexte, elle touche presque au génie par moments ! Et indubitablement, elle a beaucoup inspiré Alan Moore (et surement beaucoup d'autres dont Garth Ennis, Grant Morrison, Steve Bissette, Neil Gaiman, Michael Zulli et Rick Veitch) car j'ai retrouvé dans cette BD nombre d'éléments et de décors chers à Moore.
Comment décrire cet OVNI dont je n'avais jamais entendu parler avant, ignare que je suis ? Un condensé de science-fiction, fantastique, espionnage et aventure. Une narration innovante. Un dessin qui s'intègre dans le procédé narratif et varie au fil des scènes. Des idées de pure SF très actuelles de nos jours et très innovantes pour l'époque. Une intrigue complexe et très fouillée. Un décor particulièrement original. Un mélange de vieux pulps d'action-SF et de nouvelles de SF débridées des années 70. Et surtout énormément de qualités, d'innovations, d'imagination.
Le dessin n'est pas vraiment le point fort de cette BD à mes yeux même s'il a lui aussi pas mal d'originalité dans son utilisation. Il faut d'abord savoir que cette BD est en noir et blanc. Un dessin parfois vieillot d'aspect mais travaillé même si pas toujours excellent.
Certaines cases sont superbes, construites et dessinées de manière très moderne. D'autres cases sont à l'inverse très teintées années 70, un style que je n'apprécie guère. Et certains dessins, suffisamment rares heureusement, pêchent par manque de maîtrise et sont hélas assez moches.
Mais ce dessin changeant suivant les circonstances est utilisé de manière assez innovante pour l'époque, avec des angles de vues, des effets et des constructions narratives parfois excellents.
Il a en outre une touche assez désuette qui donne un esthétisme antique très appréciable à cette BD, comme un vieil album de gravures.
Quant au scénario, c'est l'exhubérance, la joie d'un amateur de SF. Un multivers, des terres parrallèles variées et étonnantes (on retrouve d'ailleurs en début de récit un univers à mes yeux proche de celui de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires avec une Angleterre Victorienne régnant glorieusement), des situations géopolitiques complexes et intelligentes, de l'action souvent très élégante, des clins d'oeil aux pulps SF (notamment avec Octobriana, pulpeuse Barbarella anti-communiste), des pouvoirs psychiques, des manipulations temporelles et entre mondes parrallèles... C'est assez énorme ! Et le mieux est que le tout est raconté avec talent, sans plonger dans la SF bon marché qui cherche à en mettre plein la vue avec juste du creux derrière. Ici, on sent le monde vraiment travaillé et l'intrigue qui vaut le coup. En début de lecture, je me suis dit que cet auteur avait dû digérer bien des lectures de livres SF et aussi pas mal de l'oeuvre d'Alan Moore, sauf que c'est l'inverse : Bryan Talbot a écrit tout ça avant même que Moore n'entame les Watchmen. Très fort au niveau de l'imagination et de la construction du récit !
Maintenant vient le défaut principal de cette BD à mes yeux, défaut qui rebutera sûrement pas mal de lecteurs : la narration est parfois très ardue à suivre. Plusieurs fils narratifs se suivent sur les mêmes planches par moment, les sauts de lieux, de personnages, sauts chronologiques, d'univers et autres flashbacks se succèdent parfois si vite que le lecteur est très vite dérouté, d'autant plus que le pire a lieu durant le premier chapitre de l'histoire, quand on n'y comprend encore quasiment rien. Dur dur de rentrer dedans. Et encore ensuite, régulièrement au bout d'une période de récit bien linéaire et facile à comprendre, l'auteur nous ressert de nouveau sa narration multiple qui a vraiment de quoi faire décrocher avant de revenir heureusement à quelque chose de plus aisé à suivre.
En outre, les dialogues, même si très bien écrits et souvent beaux, sont fréquemment complexes, ardus à comprendre. Plongeant dans des univers parrallèles très différents mais très fouillés, on se perd facilement dans les noms historiques et divers dont ne voit pas toujours bien le rapport avec l'intrigue.
Cette oeuvre de grande qualité comporte un grand nombre d'éclats de génie mais hélas rebutera par son aspect parfois un peu désuet et par sa narration souvent complexe voire décourageante. Mais cette oeuvre me semble indispensable à lire pour tous les grands amateurs de Alan Moore, Neil Gaiman et autres grands auteurs à l'imagination débordante car elle a été pour eux une vraie source d'inspiration.
"Alim le tanneur", le hors-caste…
Lupano, nous conte l’histoire de Alim, le tanneur de Brahmalem, et de sa très jeune et turbulente fille, Bul. Vivant dans un empire vouant un culte intransigeant et fanatique à Jésameth le sauveur, Alim et Bul font une découverte bouleversante qui pourrait bien remettre en cause leur croyance. Ils sont maintenant en danger, ils sont forcés de fuir et de se cacher, car les hauts dignitaires et représentants du sauveur ont envoyé le puissant et sanglant guerrier Torq Djihid à leur poursuite. Lupano, nous livre une intrigue bien amenée, bien construite, le tout sur un fond de monde oriental et fantastique, où religion et pouvoir mènent la danse.
Les dessins de Augustin sont magnifiques. Des traits d’une finesse irréprochable, qui nous dépeignent des paysages à couper le souffle. Les personnages sont eux aussi très réussis. TOUT BONNEMENT MAGNIFIQUE !!
Les couleurs sont aussi de Augustin en collaboration avec Penloup. Elles sont très jolies. Souvent assez pâles et exotiques, elles se marient à merveille avec le dessin pour au final obtenir des illustrations que je qualifierai de cultes.
A priori j'etais un peu sceptique sur ce cycle où les héros ressemblent à Bruce Willis, Johnny Depp ou William Hurt.
Mais l'histoire est bien ficelée et se limite à 3 tomes !! Ca tient du miracle vu les séries fleuves en ce moment. Le dessin est propre et précis, l'intrigue se met bien en place pour finir en apothéose dans le tome 3. Des hommes emprisonnés dans un sous-marin, on sent un début de claustrophobie qui agit sur notre corps. La noirceur de la BD ne fait qu'augmenter cette angoisse continue.
L'auteur a réussi à accrocher le lecteur. Belle oeuvre à posséder absolument.
Difficile de noter ou même de parler de Cages, ouvrage que j’hésite même à appeler « bande-dessiné », tant on est à des années-lumières de la production grand-public. Pendant 500 pages Dave McKean philosophe sur l’art, son rôle dans la société, sa difficulté, mais aussi sur l’amour, la vie, la mort, la religion…
Et le pire c’est que je n’ai jamais trouvé ça ennuyeux ou prétentieux. Certes certains passages sont un peu plus longuets que d’autres, mais l’ensemble reste très agréable à suivre, et certains chapitres m’ont, je pense, marqué à vie. Je pense par exemple au passage qui raconte la performance sur scène du musicien (« The angel ») le jour où il avait perdu un proche… ou la tirade d’un mari en colère et désespéré par le traumatisme religieux qu’a subi sa femme… ou encore la conversation finale sur la vie, la mort, et ce qui rend cette dernière supportable. Que de moments forts que je me vois relire régulièrement.
Quant au graphisme, il est tout simplement époustouflant. Si vous avez l’occasion de feuilleter Cages dans une boutique, vous découvrirez une variété de styles graphiques incroyable, du dessin en bichromie au dessin photo-réaliste, en passant par de la peinture couleur ou des pages de roman-photos. Le mélange est osé mais jamais indigeste, et l’ensemble est vraiment d’une incroyable beauté.
Une œuvre majeur de la BD (ou devrais-je dire de l’art en général), et que, même si je suis bien conscient que l’on perçoit tous une œuvre d’art différemment, vous vous devez d’avoir lu si vos papilles artistiques sont en manque d’émotions.
"Magasin général", une comédie truculente…
Loisel et Tripp nous content la vie d’une petite paroisse du Québec : Notre Dame-des-lacs. Le scénario ne va pas chercher plus loin, on vie juste les anecdotes, les ragos et la vie au quotidien des villageois dont le magasin général est le poumon de cette communauté. Ça peut paraître un peu léger et rasant pour une série qui doit compter 3 tomes et dont le premier fait déjà 80 pages. Mais non, c’est frais, juste, dépaysant, drôle, émouvant… on ne s’ennuie pas du tout contrairement à ce qu’on pourrait croire de premier abord. Pour les dialogues les auteurs ont collaboré avec Beaulieu pour adapter en québécois compréhensible pour un lecteur français lambda et ça donne un mélange assez savoureux et atypique.
Au dessin, on retrouve Loisel et Tripp. Pour faire vite, je dirais que le premier s’est occupé des crayonnés et le second de l’encrage (Tout est mieux expliqué au début de l’album). Cette collaboration donne un résultat très beau : du Loisel mais en plus… comment dire… caricatural, vous voyez ce que je veux dire ? Non ? Ben lisez l’album, vous ne le regretterez pas (;)).
Les couleurs de Lapierre sont jolies et en parfaite adéquation avec les illustrations et l’ambiance.
Cette BD traite d'ésotérisme. Une bande d'amis s'adonnent à des séances de spiritisme. Ces séances dégénèrent. Nous nous retrouvons alors avec un monstre en liberté et une des membres de ces séances se retrouve possédée par un chasseur de monstre. Tout cela dans le Londres aristocratique de la fin du 19ième siècle.
Willow place est une BD superbe, les dessins sont très beaux, très détaillés et les couleurs sont tout bonnement magnifiques. Mais il y a mieux encore : les dialogues châtiés et délicieusement surannés sont un véritable régal. Seul bémol les polices d'écriture choisies, bien que fort jolies, demandent parfois un petit effort (ou une bonne loupe) tant elles sont petites.
L'histoire, sans être du Agatha Christie, est suffisamment touffue pour tenir le lecteur en haleine.
Mon principal regret? que cette oeuvre soit un one shot et non un pilote de série... A bon entendeur...
Le JBT est une institution, un mythe, une légende chez les motards. Cette série est bourrée de défauts, style caricatural, répétitive, inégale (tout le monde vous le dira, le tome 4 est très en dessous et le tome 1 très au dessus du lot). Le changement de dessinateur n'aide pas non plus.
Et pourtant tous les motards connaissent le JBT. Très peu n'aime pas. Pourquoi ? Parce que cette série a un plus, que peu de BD ont : une âme. L'esprit motard et la passion qui anime les héros anime également les dessinateurs et les lecteurs. Ceci allié à un humour détonnant (même avec un silencieux) et à un style graphique emprunté à Franquin fait de cette série une recette magique. Une alchimie parfaite où le lecteur se sens bien.
Si vous êtes motard (de fait ou d'esprit) lisez les JBT, vous ne pourrez que passer un bon moment.
Très agréable et très réussi. Tout en restant accessible à tous les publics, Simon Hureau impose un style narratif riche et très personnel. Bien au delà d'une nième aventure enfantine "à la bibliothèque rose" comme ont pu l'écrire certains : le travail d'un auteur qu'on savait à la fois voyageur, ouvert sur le monde, et intéressé par les questions sociales et humaines. Cet album là parvient à retrouver tout ça (le goût de l'évasion, de l'exotisme, les valeurs humaines, des questions sociales), en gardant une fraîcheur géniale, que vos enfants aussi apprécieront. J'ai beaucoup aimé quoi...
Locas, ça part dans tous les sens, c’est haché (faute à la parution initiale par épisodes, mais surtout faute à l’imagination pléthorique de l’auteur), souvent outrancier, parfois grotesque, entre catch féminin, superhéros ratés, soap opéra surmaquillé, milliardaires excentriques, réparateurs de soucoupes volantes, exécutions sommaires, sourires ultra-brite et amour à plusieurs… D’abord, Locas, on se dit que c’est un pavé, et qu’on va y passer du temps. Et puis on se dit que ça n’a ni queue ni tête et que – peut-être – finalement, on va jeter l’éponge. Et puis on continue parce que lentement, un peu plus vite, presque étonnamment, il se passe quelque chose, qu’on comparerait facilement à de l’alchimie, mais qui n’est rien d’autre que l’effet du talent de l’auteur. Parce qu’au delà de ce feu d’artifice d’effets narratifs, de grimaces, de coiffures explosives et d’émotions à la truelle, ou plutôt grâce à ce feu d’artifice, s’échafaude page après page un petit monde populaire, modeste, complexe et attachant, qui ressemble à celui de nos quartiers, de nos villages et de nos lycées. Parce qu’au milieu de tout ça, comme au milieu de la photo mal cadrée d’un week-end en famille, il y a Hopey et Maggie, leur affection mutuelle et leurs questionnements profonds.
Grâce soit rendue aux éditeurs de cette merveille d’intégrale de nous avoir permis de redécouvrir ce monument !
Patron, vite, la seconde partie !
Tome 2 - Ils ont retrouvé la voiture Gipi, dont j'ai lu toutes les récentes traductions n'avait pas encore réussi à me souffler, à part quelques passages çà et là. Cette fois-ci je suis emballé ! Un court récit noir, forcément fataliste mais empreint d'humanité. Une conclusion joliment à contrepied pour boucler le tout. Pas un pet de gras dans cette nouvelle là, dessin sobre et impeccable, narration au cordeau. Un des meilleurs albums du début d'année !
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Les Aventures de Luther Arkwright
Attention, mon avis sur cette BD prend en compte le fait qu'elle date de la fin des années 70 - début 80. Dans ce contexte, elle touche presque au génie par moments ! Et indubitablement, elle a beaucoup inspiré Alan Moore (et surement beaucoup d'autres dont Garth Ennis, Grant Morrison, Steve Bissette, Neil Gaiman, Michael Zulli et Rick Veitch) car j'ai retrouvé dans cette BD nombre d'éléments et de décors chers à Moore. Comment décrire cet OVNI dont je n'avais jamais entendu parler avant, ignare que je suis ? Un condensé de science-fiction, fantastique, espionnage et aventure. Une narration innovante. Un dessin qui s'intègre dans le procédé narratif et varie au fil des scènes. Des idées de pure SF très actuelles de nos jours et très innovantes pour l'époque. Une intrigue complexe et très fouillée. Un décor particulièrement original. Un mélange de vieux pulps d'action-SF et de nouvelles de SF débridées des années 70. Et surtout énormément de qualités, d'innovations, d'imagination. Le dessin n'est pas vraiment le point fort de cette BD à mes yeux même s'il a lui aussi pas mal d'originalité dans son utilisation. Il faut d'abord savoir que cette BD est en noir et blanc. Un dessin parfois vieillot d'aspect mais travaillé même si pas toujours excellent. Certaines cases sont superbes, construites et dessinées de manière très moderne. D'autres cases sont à l'inverse très teintées années 70, un style que je n'apprécie guère. Et certains dessins, suffisamment rares heureusement, pêchent par manque de maîtrise et sont hélas assez moches. Mais ce dessin changeant suivant les circonstances est utilisé de manière assez innovante pour l'époque, avec des angles de vues, des effets et des constructions narratives parfois excellents. Il a en outre une touche assez désuette qui donne un esthétisme antique très appréciable à cette BD, comme un vieil album de gravures. Quant au scénario, c'est l'exhubérance, la joie d'un amateur de SF. Un multivers, des terres parrallèles variées et étonnantes (on retrouve d'ailleurs en début de récit un univers à mes yeux proche de celui de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires avec une Angleterre Victorienne régnant glorieusement), des situations géopolitiques complexes et intelligentes, de l'action souvent très élégante, des clins d'oeil aux pulps SF (notamment avec Octobriana, pulpeuse Barbarella anti-communiste), des pouvoirs psychiques, des manipulations temporelles et entre mondes parrallèles... C'est assez énorme ! Et le mieux est que le tout est raconté avec talent, sans plonger dans la SF bon marché qui cherche à en mettre plein la vue avec juste du creux derrière. Ici, on sent le monde vraiment travaillé et l'intrigue qui vaut le coup. En début de lecture, je me suis dit que cet auteur avait dû digérer bien des lectures de livres SF et aussi pas mal de l'oeuvre d'Alan Moore, sauf que c'est l'inverse : Bryan Talbot a écrit tout ça avant même que Moore n'entame les Watchmen. Très fort au niveau de l'imagination et de la construction du récit ! Maintenant vient le défaut principal de cette BD à mes yeux, défaut qui rebutera sûrement pas mal de lecteurs : la narration est parfois très ardue à suivre. Plusieurs fils narratifs se suivent sur les mêmes planches par moment, les sauts de lieux, de personnages, sauts chronologiques, d'univers et autres flashbacks se succèdent parfois si vite que le lecteur est très vite dérouté, d'autant plus que le pire a lieu durant le premier chapitre de l'histoire, quand on n'y comprend encore quasiment rien. Dur dur de rentrer dedans. Et encore ensuite, régulièrement au bout d'une période de récit bien linéaire et facile à comprendre, l'auteur nous ressert de nouveau sa narration multiple qui a vraiment de quoi faire décrocher avant de revenir heureusement à quelque chose de plus aisé à suivre. En outre, les dialogues, même si très bien écrits et souvent beaux, sont fréquemment complexes, ardus à comprendre. Plongeant dans des univers parrallèles très différents mais très fouillés, on se perd facilement dans les noms historiques et divers dont ne voit pas toujours bien le rapport avec l'intrigue. Cette oeuvre de grande qualité comporte un grand nombre d'éclats de génie mais hélas rebutera par son aspect parfois un peu désuet et par sa narration souvent complexe voire décourageante. Mais cette oeuvre me semble indispensable à lire pour tous les grands amateurs de Alan Moore, Neil Gaiman et autres grands auteurs à l'imagination débordante car elle a été pour eux une vraie source d'inspiration.
Alim le tanneur
"Alim le tanneur", le hors-caste… Lupano, nous conte l’histoire de Alim, le tanneur de Brahmalem, et de sa très jeune et turbulente fille, Bul. Vivant dans un empire vouant un culte intransigeant et fanatique à Jésameth le sauveur, Alim et Bul font une découverte bouleversante qui pourrait bien remettre en cause leur croyance. Ils sont maintenant en danger, ils sont forcés de fuir et de se cacher, car les hauts dignitaires et représentants du sauveur ont envoyé le puissant et sanglant guerrier Torq Djihid à leur poursuite. Lupano, nous livre une intrigue bien amenée, bien construite, le tout sur un fond de monde oriental et fantastique, où religion et pouvoir mènent la danse. Les dessins de Augustin sont magnifiques. Des traits d’une finesse irréprochable, qui nous dépeignent des paysages à couper le souffle. Les personnages sont eux aussi très réussis. TOUT BONNEMENT MAGNIFIQUE !! Les couleurs sont aussi de Augustin en collaboration avec Penloup. Elles sont très jolies. Souvent assez pâles et exotiques, elles se marient à merveille avec le dessin pour au final obtenir des illustrations que je qualifierai de cultes.
Sanctuaire
A priori j'etais un peu sceptique sur ce cycle où les héros ressemblent à Bruce Willis, Johnny Depp ou William Hurt. Mais l'histoire est bien ficelée et se limite à 3 tomes !! Ca tient du miracle vu les séries fleuves en ce moment. Le dessin est propre et précis, l'intrigue se met bien en place pour finir en apothéose dans le tome 3. Des hommes emprisonnés dans un sous-marin, on sent un début de claustrophobie qui agit sur notre corps. La noirceur de la BD ne fait qu'augmenter cette angoisse continue. L'auteur a réussi à accrocher le lecteur. Belle oeuvre à posséder absolument.
Cages
Difficile de noter ou même de parler de Cages, ouvrage que j’hésite même à appeler « bande-dessiné », tant on est à des années-lumières de la production grand-public. Pendant 500 pages Dave McKean philosophe sur l’art, son rôle dans la société, sa difficulté, mais aussi sur l’amour, la vie, la mort, la religion… Et le pire c’est que je n’ai jamais trouvé ça ennuyeux ou prétentieux. Certes certains passages sont un peu plus longuets que d’autres, mais l’ensemble reste très agréable à suivre, et certains chapitres m’ont, je pense, marqué à vie. Je pense par exemple au passage qui raconte la performance sur scène du musicien (« The angel ») le jour où il avait perdu un proche… ou la tirade d’un mari en colère et désespéré par le traumatisme religieux qu’a subi sa femme… ou encore la conversation finale sur la vie, la mort, et ce qui rend cette dernière supportable. Que de moments forts que je me vois relire régulièrement. Quant au graphisme, il est tout simplement époustouflant. Si vous avez l’occasion de feuilleter Cages dans une boutique, vous découvrirez une variété de styles graphiques incroyable, du dessin en bichromie au dessin photo-réaliste, en passant par de la peinture couleur ou des pages de roman-photos. Le mélange est osé mais jamais indigeste, et l’ensemble est vraiment d’une incroyable beauté. Une œuvre majeur de la BD (ou devrais-je dire de l’art en général), et que, même si je suis bien conscient que l’on perçoit tous une œuvre d’art différemment, vous vous devez d’avoir lu si vos papilles artistiques sont en manque d’émotions.
Magasin général
"Magasin général", une comédie truculente… Loisel et Tripp nous content la vie d’une petite paroisse du Québec : Notre Dame-des-lacs. Le scénario ne va pas chercher plus loin, on vie juste les anecdotes, les ragos et la vie au quotidien des villageois dont le magasin général est le poumon de cette communauté. Ça peut paraître un peu léger et rasant pour une série qui doit compter 3 tomes et dont le premier fait déjà 80 pages. Mais non, c’est frais, juste, dépaysant, drôle, émouvant… on ne s’ennuie pas du tout contrairement à ce qu’on pourrait croire de premier abord. Pour les dialogues les auteurs ont collaboré avec Beaulieu pour adapter en québécois compréhensible pour un lecteur français lambda et ça donne un mélange assez savoureux et atypique. Au dessin, on retrouve Loisel et Tripp. Pour faire vite, je dirais que le premier s’est occupé des crayonnés et le second de l’encrage (Tout est mieux expliqué au début de l’album). Cette collaboration donne un résultat très beau : du Loisel mais en plus… comment dire… caricatural, vous voyez ce que je veux dire ? Non ? Ben lisez l’album, vous ne le regretterez pas (;)). Les couleurs de Lapierre sont jolies et en parfaite adéquation avec les illustrations et l’ambiance.
Willow place
Cette BD traite d'ésotérisme. Une bande d'amis s'adonnent à des séances de spiritisme. Ces séances dégénèrent. Nous nous retrouvons alors avec un monstre en liberté et une des membres de ces séances se retrouve possédée par un chasseur de monstre. Tout cela dans le Londres aristocratique de la fin du 19ième siècle. Willow place est une BD superbe, les dessins sont très beaux, très détaillés et les couleurs sont tout bonnement magnifiques. Mais il y a mieux encore : les dialogues châtiés et délicieusement surannés sont un véritable régal. Seul bémol les polices d'écriture choisies, bien que fort jolies, demandent parfois un petit effort (ou une bonne loupe) tant elles sont petites. L'histoire, sans être du Agatha Christie, est suffisamment touffue pour tenir le lecteur en haleine. Mon principal regret? que cette oeuvre soit un one shot et non un pilote de série... A bon entendeur...
Joe Bar Team
Le JBT est une institution, un mythe, une légende chez les motards. Cette série est bourrée de défauts, style caricatural, répétitive, inégale (tout le monde vous le dira, le tome 4 est très en dessous et le tome 1 très au dessus du lot). Le changement de dessinateur n'aide pas non plus. Et pourtant tous les motards connaissent le JBT. Très peu n'aime pas. Pourquoi ? Parce que cette série a un plus, que peu de BD ont : une âme. L'esprit motard et la passion qui anime les héros anime également les dessinateurs et les lecteurs. Ceci allié à un humour détonnant (même avec un silencieux) et à un style graphique emprunté à Franquin fait de cette série une recette magique. Une alchimie parfaite où le lecteur se sens bien. Si vous êtes motard (de fait ou d'esprit) lisez les JBT, vous ne pourrez que passer un bon moment.
L'Empire des hauts murs
Très agréable et très réussi. Tout en restant accessible à tous les publics, Simon Hureau impose un style narratif riche et très personnel. Bien au delà d'une nième aventure enfantine "à la bibliothèque rose" comme ont pu l'écrire certains : le travail d'un auteur qu'on savait à la fois voyageur, ouvert sur le monde, et intéressé par les questions sociales et humaines. Cet album là parvient à retrouver tout ça (le goût de l'évasion, de l'exotisme, les valeurs humaines, des questions sociales), en gardant une fraîcheur géniale, que vos enfants aussi apprécieront. J'ai beaucoup aimé quoi...
Locas
Locas, ça part dans tous les sens, c’est haché (faute à la parution initiale par épisodes, mais surtout faute à l’imagination pléthorique de l’auteur), souvent outrancier, parfois grotesque, entre catch féminin, superhéros ratés, soap opéra surmaquillé, milliardaires excentriques, réparateurs de soucoupes volantes, exécutions sommaires, sourires ultra-brite et amour à plusieurs… D’abord, Locas, on se dit que c’est un pavé, et qu’on va y passer du temps. Et puis on se dit que ça n’a ni queue ni tête et que – peut-être – finalement, on va jeter l’éponge. Et puis on continue parce que lentement, un peu plus vite, presque étonnamment, il se passe quelque chose, qu’on comparerait facilement à de l’alchimie, mais qui n’est rien d’autre que l’effet du talent de l’auteur. Parce qu’au delà de ce feu d’artifice d’effets narratifs, de grimaces, de coiffures explosives et d’émotions à la truelle, ou plutôt grâce à ce feu d’artifice, s’échafaude page après page un petit monde populaire, modeste, complexe et attachant, qui ressemble à celui de nos quartiers, de nos villages et de nos lycées. Parce qu’au milieu de tout ça, comme au milieu de la photo mal cadrée d’un week-end en famille, il y a Hopey et Maggie, leur affection mutuelle et leurs questionnements profonds. Grâce soit rendue aux éditeurs de cette merveille d’intégrale de nous avoir permis de redécouvrir ce monument ! Patron, vite, la seconde partie !
Bons baisers de la province (Les Innocents)
Tome 2 - Ils ont retrouvé la voiture Gipi, dont j'ai lu toutes les récentes traductions n'avait pas encore réussi à me souffler, à part quelques passages çà et là. Cette fois-ci je suis emballé ! Un court récit noir, forcément fataliste mais empreint d'humanité. Une conclusion joliment à contrepied pour boucler le tout. Pas un pet de gras dans cette nouvelle là, dessin sobre et impeccable, narration au cordeau. Un des meilleurs albums du début d'année !