Enfin le troisième tome de la série est arrivé pour agrémenter nos vacances.
Une bd fraîche et pleine d'humour pour tous les amateurs ou non de cyclisme, un grand moment de décontraction et de détente.
Des personnages dans lesquels on se retrouve !!!
Ils sont vraiment très forts pour nous faire rire.
Ceux qui pensaient que le gentil Denver serait le dernier dinosaure n’ont jamais affronté la terreur de la forêt. Loin de la vision du genre de La Geste des Chevaliers Dragons, "Raghnarok" allie tout ce que l’on souhaite d’une bd : De l’action, du rire, des frissons, et surtout un dessin inattendu dans l’heroïc fantasy.
Le premier tome pose les bases d’une nouvelle ère clownesque. Les ambiances sont travaillées, et collent parfaitement au style recherché, cependant le trait des personnages m’a un peu déçu. Mais c’était avant la révélation du cinquième tome.
Alors que les premiers dessins prennent vie par la mise en couleur de la bd, ce dernier album se suffirait en noir et blanc. Boulet a atteint un stade qui propulse le jeune dragon à un niveau d’où j’espère, il saura prendre son envol.
Fans d’humour décalé, laissons-nous happer par la fantasy de cette série, qui, pour révolutionner le genre, prend le parti du dragon.
Un comics étonnant : le concept de base n'a l'air de rien mais il permet l'utilisation d'un personnage vraiment spécial, à la morale toute particulière. Résultat, une enquête assez standard au départ suit un déroulement surprenant, prenant, novateur dans ses implications. C'est difficile à exprimer.
Ce qu'il faut comprendre, c'est le postulat de base : Mickael Jones a subi un an de torture très développées, il a été laissé éveillé en permanence, souffrant à en mourir 24h sur 24, et absorbant un flot ininterrompu de données horribles et douloureuses. Il a survécu mais est désormais totalement insensible : plus d'émotion, plus d'envie, plus de douleur, mais un esprit toujours aussi vif et une vraie hargne dans son comportement.
Du coup, cet homme n'a plus du tout la même morale que le reste de l'humanité. La vie l'indiffère, il peut plonger droit dans les dangers sans aucune crainte. Ceux avec qui il travaille peuvent bien mourir, ça ne ferait que l'ennuyer mais ne le toucherait strictement pas. Et quand il est menacé, sa réaction est immédiate : il cherche tout de suite à tuer celui qui pourrait lui nuire que ce soit maintenant ou plus tard. La logique de survie poussée à l'extrême dans un sens, mais également une froideur qui n'a rien d'animale.
Et pourtant Jones n'est pas un méchant : il est sympathique avec son entourage, il a de vrais amis, il est prêt à aider son prochain et favorisera toujours le démuni contre le puissant. Il est dans le camp des gentils. Mais c'est le genre de gentil qu'on rêve de pouvoir être, celui qui n'aura jamais peur de rien même pas de perdre des proches, celui qui n'a pas de limites, celui qui n'hésitera pas une seconde à tuer celui qui l'emmerde, que ce soit son propre employeur, une jolie jeune fille ou un tueur lancé à ses trousses. Bref, l'intouchable au service de la justice (expéditive).
Résultat, Desolation Jones est un comics violent. Ce n'est vraiment pas une lecture pour les enfants. Dans le premier album paru chez Panini, nous suivons une enquête pour retrouver des vidéos porno tournées par Adolf Hitler. Un sujet assez rocambolesque amené ainsi, mais il cache bien sûr beaucoup de choses bien plus complexes. Il n'empêche qu'il nous fera entrer dans ce que Los Angeles connaît de plus sordide, découvrir le milieu du porno glauque, écouter le récit de l'expérience d'une actrice qui connaît bien le système et en profite, avoir un aperçu des pires magouilles des services secrets américains, et au milieu de tout ça bien sûr beaucoup de morts violentes.
Et pourtant, tout passe facilement, rien n'est là pour choquer, juste pour faire le constat réfléchi de comment une enquête se déroulerait avec un limier sans aucune émotion. Et c'est à la fois intelligent, prenant et parfois jouissif. Etonnant en effet de devoir admettre qu'un petit maigrelet peut se révéler bien plus dangereux et efficace que le plus balaise des tueurs juste parce qu'il s'en fout de souffrir physiquement comme mentalement, et n'aurait aucun remords à massacrer son ennemi.
Bref, malgré quelques petits soucis de clarté et complexité de l'enquête, malgré l'aspect glauque et violent du récit, j'ai été vraiment captivé par ma lecture. La narration est très bonne, les dialogues réussis, le dessin excellent, la mise en page parfois juste un peu embrouillée (notamment parce qu'elle est parfois en double page parfois pas et que je m'y suis un peu perdu par moment). Et surtout, l'ambiguïté et l'intelligence du traitement de ce héros très original et de ses réactions font toute la force et l'intérêt de ce comics.
Bref, c'est une très bonne BD. Warren Ellis (Nextwave, Planetary, Transmetropolitan) devient vraiment l'un de mes auteurs préférés.
Aude Picault est une dessinatrice absolument géniale. Le moindre de ses traits, la moindre de ses mises en scène fait preuve d'une intelligence et d'une sensibilité rares. Elle le montre presque quotidiennement à travers ses planches de Chicou-chicou, où elle incarne une Claude trash, drôlatique et blasée.
Bref, je l'adore.
Avant Chicou-chicou, il y avait ce "Papa", dont le sujet, très dur, étonne, de la part d'une auteur plutôt habituée à l'humour. Elle traite ici d'un sujet intime (trop ?), et sait le transmettre avec beaucoup d'émotion, contenue tant dans les textes que dans les images...
Son style graphique n'est pas encore aussi mûr qu'il l'est maintenant, mais l'intelligence du trait est déjà là.
Un très beau livre, donc, très émouvant, mais malheureusement assez cher.
Alors là, sincèrement, je me suis déjà posé pas mal de questions.
Petit historique d'abord :
Cette série a été prépubliée dans l'hebdo "Coq Hardi" de 1946 à 1948. On retrouve la première histoire publiée dans "Samedi-Jeunesse" dans le n° 18 de 1959.
A la tête de cette série : Marijac et Liquois, deux "très grands" de la BD française des années 30 à 50.
Le problème ?... pour autant qu'il y en ait un :
C'est le parallélisme flagrant entre cette série et (l'immense) Blake et Mortimer.
Le postulat ?...
Pour ainsi dire le même : ici, les Japonais (et les Martiens) partent ensemble à la conquête de la Terre. Les deux premiers albums EGALEMENT de Blake et Mortimer (Le secret de l'espadon) traitent de la même chose : une grande nation d'Orient veut SA suprématie sur terre.
La création :
Cette "Guerre à la Terre" et Blake et Mortimer paraissent quasi ensemble la même année : en 1946 (Le secret de l'espadon le 26 Septembre 1946 dans l'hebdo Tintin).
Le scénario :
Je ne dis pas qu'il est commun, mais chacune de ces histoire relate une troisième guerre mondiale avec des Jaunes qui veulent devenir maîtres de la planète.
Les héros ?...
Un "soldat" et un professeur anglais pour Blake et Mortimer ; un capitaine français pour ce "Guerre à la Terre".
Les albums ?...
Une longue histoire traitée en chacun deux volumes.
Les "méchants" ?...
Vous remplacez les Martiens par Olrik, le pire ennemi de Blake et Mortimer, et vous obtenez une réelle dualité dans les scénarios et développements des histoires.
Les auteurs ?...
Une véritable "pointure" pour Blake et Mortimer : Edgar-Pierre Jacobs.
Deux grosses pointures également pour "Guerre à la Terre" : Marijac et Auguste Liquois, deux incontournables des années 30 à 50.
Alors ?...
Ces auteurs se sont-ils éventuellement rencontrés un jour ?... Ont-ils éventuellement discuté à bâtons rompus de cette histoire ?... L'un ou l'autre ont-ils utilisé des éléments de discussion pour construire chacun leur histoire ?...
Je ne sais... et je pense qu'on ne le saura jamais.
"Guerre à la Terre" ?... Une vraiment curieuse série, au graphisme réaliste et vraiment expressionniste car Liquois n'avait pas son pareil pour dessiner de grands mouvements de foules.
A noter que le second opus a été dessiné par Dut qui fait montre d'un très beau trait réaliste également.
"In fine" : une vraiment bien belle série aux intrigues très bien construites, aux graphismes et à la mise en pages séduisants et qui -tout comme pour les deux premiers Blake et Mortimer- joue du fort ressentiment qu'avaient à l'époque les européens pour les "méchants jaunes".
Bon, c'est très rare à trouver. Mais si vous avez cette chance, plongez d'un vrai bon coeur dans cette "Guerre à la Terre". Elle mérite votre détour !
C'est terrible !
Oui, terrible de tomber presque par hasard sur une BD d'un excellent niveau, alors qu'elle n'est franchement pas soignée par l'éditeur. Regardez-moi cette couverture ! C'est rouge, c'est orange ? Et le bonhomme, là, il n'a pas l'air un peu coincé, quelque part ? Et puis c'est quoi cette BD de 100 pages en format souple ? Ca sort d'où ?
Et puis vous lisez l'avis de Ro, ça vous titille un peu derrière l'oreille (ou sous les aisselles, chacun son style). Vous avez l'occasion de lire l'album et là ! Gros coup de poing !
Je dois avouer que je n'ai pas forcément compris de quoi parlait la BD. Le gars est une espèce d'effaceur-exorciste-dératiseur, dont la vie est probablement menacée par des entités pas très ragoûtantes. Mais je m'en foutais de l'histoire.
Tout ce qui m'intéressait, c'est le dessin. Fantastique, un peu dans le style de Frederik Peeters, mais en plus dynamique, en plus dérangé aussi. Dérangé le style de dessin, surtout quand Hiti se met à faire des paysages cyclopéens, marmoréens, monumentaux. C'est quelque chose ces vues de cités, non ? Et ces vues en plongée, en contre-plongée (et même depuis l'intérieur d'un sac, à un moment, ça m'a soufflé !), c'est pas la classe, ça ?
Alors bien sûr, une deuxième lecture est nécessaire. On essuie sa bouche pleine de bave, et on reprend, avec les neurones cette fois-ci, en regardant moins les dessins que les étranges petits symboles qui se pressent dans les bulles... Ca devient un peu plus clair, et l'on se rend compte que cette série est très ambitieuse, plutôt complexe, et qu'elle fera bientôt partie de votre best-of personnel si elle continue comme ça.
Voici un diptyque à posséder ne serait-ce que pour le dessin et la mise en couleur de Lepage, mais le scénario n'est pas en reste.
On suit le parcours initiatique d'un jeune dignitaire ecclésiastique (pour ne pas reprendre le terme de prélat) très doué pour le dessin, dans la dureté de la jungle du Nicaragua. L'auteur lui fait vivre des aventures très mouvementées qui vont l'endurcir et l'affirmer : dénonciation, poursuite, politique, amitié, trahison, révolution, amour... Magnifique !
Du très grande Lepage sur toute la ligne avec une réalisation technique à couper le souffle. Son dessin est toujours aussi bon, voire même meilleur que sur ces précédentes réalisations, mais ici la mise en couleur à l'aquarelle prend toute son ampleur : elle donne vie à la jungle et nous emmène avec le jeune Gabriel au fin fond du Nicaragua.
Indispensable !
Après 6 tomes de cette série, le niveau a toujours été le même, c'est-à-dire excellent.
Dufaux nous offre une BD sur la Rome antique sur une base historique très bien documentée même s'il modifie quelques éléments pour servir son récit. Toute la dureté de cette époque est parfaitement rendue : luttes pour le pouvoir, complots, jeux, sexualité, tous les éléments sonnent juste. Il y a également un vrai travail sur les personnages et leur psychologie, et on est content de voir que Murena commence à prendre davantage d'importance dans le 6ème tome.
Delaby nous fait profiter de tous ses talents pour mettre en image ce scénario : visages, habits, décors, tout est de très grande qualité. La mise en couleur y est également pour beaucoup.
Pour moi, c'est une oeuvre incontournable.
Une BD.
Une grande BD...
C'est en 1941, dans le n° 6 de l'hebdo Spirou, que débute cette grande aventure graphique. Elle se termine dans le n° 52 de 1942.
Aux commandes ?.. Joseph Gillain, dit Jijé. Il a décidé de mettre en chantier ce que je considère comme une de ses oeuvres maîtresses.
"Don Bosco" ?... c'est tout simple, c'est la biographie romancée et dessinée d'un prêtre qui a passé sa vie à aider les enfants les plus démunis.
Cette première histoire paraît en noir et blanc et sera éditée -en 1944- sous forme d'un tome de 110 pages au format "à l'italienne"- (que je ne possède pas, grrr !...)
Diverses adaptations et même transformations seront faites car, fin des années 40, Jijé voyage quelques semaines en Italie, accompagné d'un père-abbé de la confrérie des dits Salésiens.
Suite à ce voyage, aux nouvelles informations qu'il reçoit ou constate, il a décidé de redessiner complètement l'histoire. Ainsi fut fait.
Ce "nouvel" album, de 106 pages, paraît en 1950 en format normal (je l'ai !...) après parution hebdomadaire -entre 1948 et 1949 dans l'hebdo "Le Moustique".
"Don Bosco" ?... c'est beau, interpellant, superbement mis en scène par le dessin réaliste d'un des plus grands auteurs de la BD francophone.
Rien à jeter. Du grand art.
Un 4,5/5 vraiment mérité.
Voilà un album qui promet, avec cette histoire d'archéologue qui part sur les traces du mystérieux Cassio, qui a vécu deux mille ans plus tôt dans la Rome antique. Mystérieux, car ce personnage était devenu rapidement influent, et qu'il connut une fin brutale. C'est d'ailleurs sur cette fin que s'ouvre l'album...
Car Desberg brouille intelligemment les cartes : cette scène de la mort de Cassio permet d'entrer directement dans l'action, puis au hasard des fouilles de la jeune archéologue de retracer le destin de Cassio, voire d'imaginer qu'il aurait pu survivre à cet assassinat...
Le récit ne souffre d'aucune faiblesse, l'intérêt est constamment relancé, d'autant que le lecteur n'est jamais dans la position confortable d'imaginer ce qui va se passer. La cohabitation de séquences contemporaines et de séquences antiques se fait sans heurts, les personnages sont bien sentis. L'histoire de Cassio par exemple est originale, et fait la part belle à des psychologies torturées. Vraiment, du très très beau travail.
Le dessin de Reculé est très beau, souple, élégant. Il ne souffre pas de défauts majeurs, et se révèle toujours équilibré et maîtrisé, en parfait accord avec une mise en couleur aux teintes agréables. C'est vrai que le graphisme rappelle parfois vraiment celui de Marini, sans aller jusqu'au mimétisme, ce qui gêne un peu. A force qu'on le lui reproche, Reculé tentera bien d'y remédier, il n'attend plus que de gagner son propre caractère pour trouver sa totale maturité.
Bref, un album très prometteur, à la construction scénaristique vraiment séduisante, qui mérite la découverte. La lecture permet de juger le travail sur le récit de Reculé, qu'il serait vraiment injuste de réduire à un simple ersatz d'oeuvres à succès. A découvrir sans hésiter.
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Les vélo maniacs
Enfin le troisième tome de la série est arrivé pour agrémenter nos vacances. Une bd fraîche et pleine d'humour pour tous les amateurs ou non de cyclisme, un grand moment de décontraction et de détente. Des personnages dans lesquels on se retrouve !!! Ils sont vraiment très forts pour nous faire rire.
Raghnarok
Ceux qui pensaient que le gentil Denver serait le dernier dinosaure n’ont jamais affronté la terreur de la forêt. Loin de la vision du genre de La Geste des Chevaliers Dragons, "Raghnarok" allie tout ce que l’on souhaite d’une bd : De l’action, du rire, des frissons, et surtout un dessin inattendu dans l’heroïc fantasy. Le premier tome pose les bases d’une nouvelle ère clownesque. Les ambiances sont travaillées, et collent parfaitement au style recherché, cependant le trait des personnages m’a un peu déçu. Mais c’était avant la révélation du cinquième tome. Alors que les premiers dessins prennent vie par la mise en couleur de la bd, ce dernier album se suffirait en noir et blanc. Boulet a atteint un stade qui propulse le jeune dragon à un niveau d’où j’espère, il saura prendre son envol. Fans d’humour décalé, laissons-nous happer par la fantasy de cette série, qui, pour révolutionner le genre, prend le parti du dragon.
Desolation Jones
Un comics étonnant : le concept de base n'a l'air de rien mais il permet l'utilisation d'un personnage vraiment spécial, à la morale toute particulière. Résultat, une enquête assez standard au départ suit un déroulement surprenant, prenant, novateur dans ses implications. C'est difficile à exprimer. Ce qu'il faut comprendre, c'est le postulat de base : Mickael Jones a subi un an de torture très développées, il a été laissé éveillé en permanence, souffrant à en mourir 24h sur 24, et absorbant un flot ininterrompu de données horribles et douloureuses. Il a survécu mais est désormais totalement insensible : plus d'émotion, plus d'envie, plus de douleur, mais un esprit toujours aussi vif et une vraie hargne dans son comportement. Du coup, cet homme n'a plus du tout la même morale que le reste de l'humanité. La vie l'indiffère, il peut plonger droit dans les dangers sans aucune crainte. Ceux avec qui il travaille peuvent bien mourir, ça ne ferait que l'ennuyer mais ne le toucherait strictement pas. Et quand il est menacé, sa réaction est immédiate : il cherche tout de suite à tuer celui qui pourrait lui nuire que ce soit maintenant ou plus tard. La logique de survie poussée à l'extrême dans un sens, mais également une froideur qui n'a rien d'animale. Et pourtant Jones n'est pas un méchant : il est sympathique avec son entourage, il a de vrais amis, il est prêt à aider son prochain et favorisera toujours le démuni contre le puissant. Il est dans le camp des gentils. Mais c'est le genre de gentil qu'on rêve de pouvoir être, celui qui n'aura jamais peur de rien même pas de perdre des proches, celui qui n'a pas de limites, celui qui n'hésitera pas une seconde à tuer celui qui l'emmerde, que ce soit son propre employeur, une jolie jeune fille ou un tueur lancé à ses trousses. Bref, l'intouchable au service de la justice (expéditive). Résultat, Desolation Jones est un comics violent. Ce n'est vraiment pas une lecture pour les enfants. Dans le premier album paru chez Panini, nous suivons une enquête pour retrouver des vidéos porno tournées par Adolf Hitler. Un sujet assez rocambolesque amené ainsi, mais il cache bien sûr beaucoup de choses bien plus complexes. Il n'empêche qu'il nous fera entrer dans ce que Los Angeles connaît de plus sordide, découvrir le milieu du porno glauque, écouter le récit de l'expérience d'une actrice qui connaît bien le système et en profite, avoir un aperçu des pires magouilles des services secrets américains, et au milieu de tout ça bien sûr beaucoup de morts violentes. Et pourtant, tout passe facilement, rien n'est là pour choquer, juste pour faire le constat réfléchi de comment une enquête se déroulerait avec un limier sans aucune émotion. Et c'est à la fois intelligent, prenant et parfois jouissif. Etonnant en effet de devoir admettre qu'un petit maigrelet peut se révéler bien plus dangereux et efficace que le plus balaise des tueurs juste parce qu'il s'en fout de souffrir physiquement comme mentalement, et n'aurait aucun remords à massacrer son ennemi. Bref, malgré quelques petits soucis de clarté et complexité de l'enquête, malgré l'aspect glauque et violent du récit, j'ai été vraiment captivé par ma lecture. La narration est très bonne, les dialogues réussis, le dessin excellent, la mise en page parfois juste un peu embrouillée (notamment parce qu'elle est parfois en double page parfois pas et que je m'y suis un peu perdu par moment). Et surtout, l'ambiguïté et l'intelligence du traitement de ce héros très original et de ses réactions font toute la force et l'intérêt de ce comics. Bref, c'est une très bonne BD. Warren Ellis (Nextwave, Planetary, Transmetropolitan) devient vraiment l'un de mes auteurs préférés.
Papa
Aude Picault est une dessinatrice absolument géniale. Le moindre de ses traits, la moindre de ses mises en scène fait preuve d'une intelligence et d'une sensibilité rares. Elle le montre presque quotidiennement à travers ses planches de Chicou-chicou, où elle incarne une Claude trash, drôlatique et blasée. Bref, je l'adore. Avant Chicou-chicou, il y avait ce "Papa", dont le sujet, très dur, étonne, de la part d'une auteur plutôt habituée à l'humour. Elle traite ici d'un sujet intime (trop ?), et sait le transmettre avec beaucoup d'émotion, contenue tant dans les textes que dans les images... Son style graphique n'est pas encore aussi mûr qu'il l'est maintenant, mais l'intelligence du trait est déjà là. Un très beau livre, donc, très émouvant, mais malheureusement assez cher.
Guerre à la Terre
Alors là, sincèrement, je me suis déjà posé pas mal de questions. Petit historique d'abord : Cette série a été prépubliée dans l'hebdo "Coq Hardi" de 1946 à 1948. On retrouve la première histoire publiée dans "Samedi-Jeunesse" dans le n° 18 de 1959. A la tête de cette série : Marijac et Liquois, deux "très grands" de la BD française des années 30 à 50. Le problème ?... pour autant qu'il y en ait un : C'est le parallélisme flagrant entre cette série et (l'immense) Blake et Mortimer. Le postulat ?... Pour ainsi dire le même : ici, les Japonais (et les Martiens) partent ensemble à la conquête de la Terre. Les deux premiers albums EGALEMENT de Blake et Mortimer (Le secret de l'espadon) traitent de la même chose : une grande nation d'Orient veut SA suprématie sur terre. La création : Cette "Guerre à la Terre" et Blake et Mortimer paraissent quasi ensemble la même année : en 1946 (Le secret de l'espadon le 26 Septembre 1946 dans l'hebdo Tintin). Le scénario : Je ne dis pas qu'il est commun, mais chacune de ces histoire relate une troisième guerre mondiale avec des Jaunes qui veulent devenir maîtres de la planète. Les héros ?... Un "soldat" et un professeur anglais pour Blake et Mortimer ; un capitaine français pour ce "Guerre à la Terre". Les albums ?... Une longue histoire traitée en chacun deux volumes. Les "méchants" ?... Vous remplacez les Martiens par Olrik, le pire ennemi de Blake et Mortimer, et vous obtenez une réelle dualité dans les scénarios et développements des histoires. Les auteurs ?... Une véritable "pointure" pour Blake et Mortimer : Edgar-Pierre Jacobs. Deux grosses pointures également pour "Guerre à la Terre" : Marijac et Auguste Liquois, deux incontournables des années 30 à 50. Alors ?... Ces auteurs se sont-ils éventuellement rencontrés un jour ?... Ont-ils éventuellement discuté à bâtons rompus de cette histoire ?... L'un ou l'autre ont-ils utilisé des éléments de discussion pour construire chacun leur histoire ?... Je ne sais... et je pense qu'on ne le saura jamais. "Guerre à la Terre" ?... Une vraiment curieuse série, au graphisme réaliste et vraiment expressionniste car Liquois n'avait pas son pareil pour dessiner de grands mouvements de foules. A noter que le second opus a été dessiné par Dut qui fait montre d'un très beau trait réaliste également. "In fine" : une vraiment bien belle série aux intrigues très bien construites, aux graphismes et à la mise en pages séduisants et qui -tout comme pour les deux premiers Blake et Mortimer- joue du fort ressentiment qu'avaient à l'époque les européens pour les "méchants jaunes". Bon, c'est très rare à trouver. Mais si vous avez cette chance, plongez d'un vrai bon coeur dans cette "Guerre à la Terre". Elle mérite votre détour !
La Fin des Temps
C'est terrible ! Oui, terrible de tomber presque par hasard sur une BD d'un excellent niveau, alors qu'elle n'est franchement pas soignée par l'éditeur. Regardez-moi cette couverture ! C'est rouge, c'est orange ? Et le bonhomme, là, il n'a pas l'air un peu coincé, quelque part ? Et puis c'est quoi cette BD de 100 pages en format souple ? Ca sort d'où ? Et puis vous lisez l'avis de Ro, ça vous titille un peu derrière l'oreille (ou sous les aisselles, chacun son style). Vous avez l'occasion de lire l'album et là ! Gros coup de poing ! Je dois avouer que je n'ai pas forcément compris de quoi parlait la BD. Le gars est une espèce d'effaceur-exorciste-dératiseur, dont la vie est probablement menacée par des entités pas très ragoûtantes. Mais je m'en foutais de l'histoire. Tout ce qui m'intéressait, c'est le dessin. Fantastique, un peu dans le style de Frederik Peeters, mais en plus dynamique, en plus dérangé aussi. Dérangé le style de dessin, surtout quand Hiti se met à faire des paysages cyclopéens, marmoréens, monumentaux. C'est quelque chose ces vues de cités, non ? Et ces vues en plongée, en contre-plongée (et même depuis l'intérieur d'un sac, à un moment, ça m'a soufflé !), c'est pas la classe, ça ? Alors bien sûr, une deuxième lecture est nécessaire. On essuie sa bouche pleine de bave, et on reprend, avec les neurones cette fois-ci, en regardant moins les dessins que les étranges petits symboles qui se pressent dans les bulles... Ca devient un peu plus clair, et l'on se rend compte que cette série est très ambitieuse, plutôt complexe, et qu'elle fera bientôt partie de votre best-of personnel si elle continue comme ça.
Muchacho
Voici un diptyque à posséder ne serait-ce que pour le dessin et la mise en couleur de Lepage, mais le scénario n'est pas en reste. On suit le parcours initiatique d'un jeune dignitaire ecclésiastique (pour ne pas reprendre le terme de prélat) très doué pour le dessin, dans la dureté de la jungle du Nicaragua. L'auteur lui fait vivre des aventures très mouvementées qui vont l'endurcir et l'affirmer : dénonciation, poursuite, politique, amitié, trahison, révolution, amour... Magnifique ! Du très grande Lepage sur toute la ligne avec une réalisation technique à couper le souffle. Son dessin est toujours aussi bon, voire même meilleur que sur ces précédentes réalisations, mais ici la mise en couleur à l'aquarelle prend toute son ampleur : elle donne vie à la jungle et nous emmène avec le jeune Gabriel au fin fond du Nicaragua. Indispensable !
Murena
Après 6 tomes de cette série, le niveau a toujours été le même, c'est-à-dire excellent. Dufaux nous offre une BD sur la Rome antique sur une base historique très bien documentée même s'il modifie quelques éléments pour servir son récit. Toute la dureté de cette époque est parfaitement rendue : luttes pour le pouvoir, complots, jeux, sexualité, tous les éléments sonnent juste. Il y a également un vrai travail sur les personnages et leur psychologie, et on est content de voir que Murena commence à prendre davantage d'importance dans le 6ème tome. Delaby nous fait profiter de tous ses talents pour mettre en image ce scénario : visages, habits, décors, tout est de très grande qualité. La mise en couleur y est également pour beaucoup. Pour moi, c'est une oeuvre incontournable.
Don Bosco
Une BD. Une grande BD... C'est en 1941, dans le n° 6 de l'hebdo Spirou, que débute cette grande aventure graphique. Elle se termine dans le n° 52 de 1942. Aux commandes ?.. Joseph Gillain, dit Jijé. Il a décidé de mettre en chantier ce que je considère comme une de ses oeuvres maîtresses. "Don Bosco" ?... c'est tout simple, c'est la biographie romancée et dessinée d'un prêtre qui a passé sa vie à aider les enfants les plus démunis. Cette première histoire paraît en noir et blanc et sera éditée -en 1944- sous forme d'un tome de 110 pages au format "à l'italienne"- (que je ne possède pas, grrr !...) Diverses adaptations et même transformations seront faites car, fin des années 40, Jijé voyage quelques semaines en Italie, accompagné d'un père-abbé de la confrérie des dits Salésiens. Suite à ce voyage, aux nouvelles informations qu'il reçoit ou constate, il a décidé de redessiner complètement l'histoire. Ainsi fut fait. Ce "nouvel" album, de 106 pages, paraît en 1950 en format normal (je l'ai !...) après parution hebdomadaire -entre 1948 et 1949 dans l'hebdo "Le Moustique". "Don Bosco" ?... c'est beau, interpellant, superbement mis en scène par le dessin réaliste d'un des plus grands auteurs de la BD francophone. Rien à jeter. Du grand art. Un 4,5/5 vraiment mérité.
Cassio
Voilà un album qui promet, avec cette histoire d'archéologue qui part sur les traces du mystérieux Cassio, qui a vécu deux mille ans plus tôt dans la Rome antique. Mystérieux, car ce personnage était devenu rapidement influent, et qu'il connut une fin brutale. C'est d'ailleurs sur cette fin que s'ouvre l'album... Car Desberg brouille intelligemment les cartes : cette scène de la mort de Cassio permet d'entrer directement dans l'action, puis au hasard des fouilles de la jeune archéologue de retracer le destin de Cassio, voire d'imaginer qu'il aurait pu survivre à cet assassinat... Le récit ne souffre d'aucune faiblesse, l'intérêt est constamment relancé, d'autant que le lecteur n'est jamais dans la position confortable d'imaginer ce qui va se passer. La cohabitation de séquences contemporaines et de séquences antiques se fait sans heurts, les personnages sont bien sentis. L'histoire de Cassio par exemple est originale, et fait la part belle à des psychologies torturées. Vraiment, du très très beau travail. Le dessin de Reculé est très beau, souple, élégant. Il ne souffre pas de défauts majeurs, et se révèle toujours équilibré et maîtrisé, en parfait accord avec une mise en couleur aux teintes agréables. C'est vrai que le graphisme rappelle parfois vraiment celui de Marini, sans aller jusqu'au mimétisme, ce qui gêne un peu. A force qu'on le lui reproche, Reculé tentera bien d'y remédier, il n'attend plus que de gagner son propre caractère pour trouver sa totale maturité. Bref, un album très prometteur, à la construction scénaristique vraiment séduisante, qui mérite la découverte. La lecture permet de juger le travail sur le récit de Reculé, qu'il serait vraiment injuste de réduire à un simple ersatz d'oeuvres à succès. A découvrir sans hésiter.