Cette série aurait pu largement bénéficier d’une petite rallonge, je trouve que le dernier tome avance trop vite par rapport aux deux premiers, ça donne un petit déséquilibre au récit et une fin qui arrive bien trop vite, même si tout est parfaitement beau et émouvant de la première à la dernière planche. Par ailleurs ce tome nous aurait permis de passer plus de temps avec ces trois êtres d’exception.
Mon coup de cœur va en grande partie à Ferdinand, c’est rare de voir un animal rester tout au long d’un récit et en plus y garder une place privilégiée, j’ai aimé son caractère joyeux et insouciant, même pas triste d’avoir perdu son Aimé puisqu’il retrouve son Martinien ! Brave bête !
La touche fantastique n’est là que comme exutoire à la fatalité ou encore comme le lien qui unis ces deux amis dans leur passion commune des œuvres fantastiques, les seules choses « extraordinaires » de ce récit sont sa simplicité et l'amour indicible qui unit ces trois personnages.
Le ton est toujours juste, une parfaite composition de sentiments et de comportements humains, à aucun moment Bec ne force la main du lecteur en ajoutant une couche de larmoyante geignardise et préfère rester dans l’optimisme, montrant toujours le bon côté des choses, c’est une bouffée d’air frais dans le trop-plein de productions pleurnichardes qui n’arrivent qu’à me rebuter.
Par contre, j’émettrais bien quelques réserves sur le graphisme. Bien que la bd soit informatisée et colorisée avec soin et que le résultat soit globalement plaisant, je lui trouve tout de même un petit côté artificiel, les couleurs manquent de texture, c’est trop vaporeux. De plus le lettrage est un poil petit, une série à lire dans une phase d’éveil intense pour ne pas en repartir avec les yeux dans les poches.
Excellent volume de la collection Le Casse.
Mis à part « Soulman », cette collection m’a globalement déçu. Je n’attendais pas particulièrement cet opus, ma surprise est donc amplifiée.
« Gold Rush » est un pur Western avec un récit proche de la série télé les mystères de l’ouest.
Le canevas est classique mais l’histoire est un pur concentré de divertissement.
C’est dense et structuré, il y avait matière à développer plus mais le compromis est plus qu’acceptable. Les personnages ont de fortes personnalités, l’équipe se monte de façon non linéaire mais avec brio du point de vue scénaristique. Il y a des évidences mais aussi des surprises dans la lecture. J’ai aimé cette histoire de bout en bout.
La partie graphique est également haut de gamme. Le dessin est réaliste et détaillé, la mise en couleur est également minutieuse et de bon goût. C’est propre et beau, je ne vois pas ce que l’on peut lui reprocher.
Il ne faut pas assimiler ce one shot à sa collection qui a du décourager plus d’un avec ses albums inégaux. Celui-ci est incontournable et a sa place dans toute bonne bibliothèque.
Je dois avouer que j'étais bien impatient de lire ce Wilson.
En fait la dernière fois que j'avais lu Daniel Clowes c'était : Le rayon de la mort
... qui m'avait à la fois laissé sur ma faim et en même temps tout de suite éclairé sur le talent de cet auteur.
Ici, on est d'abord surpris. Il s'agit en fait de planches indépendantes avec une chute en bas de page, systématiquement. Et il suffit de 2 pages pour être déjà perturbé. L'angoisse est immédiate.
Car le thème est encore et toujours celui de la misanthropie.
Wilson est tout de suite drôle, c'est vrai, mais on ne peut pas parler d'humour. On est bien trop loin, on a passé les frontières de l'humour noir ou du cynisme.
On peut en rire bien sûr, car certaines planches sont hilarantes.
... On peut aussi se laisser emporter. Car plus Wilson remonte la pente plus on a l'impression d'une descente aux enfers. Son détachement est celui du sociopathe, il peut s'enfoncer à outrance, le plus difficile serait de le suivre.
J'ai encore du mal à comprendre ce qui m'a plu mais j'ai n'ai aucun mal à reconnaître un certain génie.
Le système Clowes est une fois encore extraordinairement bien foutu. Ça fonctionne vraiment. Et le graphisme porte toujours cet étrange décalage, capable de déranger un peu plus.
Tantôt réaliste et à fleur de peau ; tantôt caricatural, comme pour nous laisser souffler, Wilson véhicule le mal de vivre avec brio, et pour de rire en somme ...
Alim le tanneur est une série ayant pour cadre un pseudo-monde oriental où religion et pouvoir se partage un empire. Ce mélange entre fantasy et orient est tout à fait original dans le monde de la BD. Un rythme soutenu et des personnages attachants concourent à la réussite de cette série. Elle est particulièrement intéressante car elle pose une réflexion sur les dérives d’une religion à travers son fanatisme et obscurantisme.
Les dessins sont sublimes, les couleurs très agréables, les décors sont fouillés… Une très bonne série très prometteuse avec une véritable poésie du trait et d'utilisation subtile de la colorisation. Le coup de foudre a d'ailleurs été immédiat. Elle marque pour moi une espèce d'évolution un peu plus marquée de la bd moderne qui s'aventure aux frontières des religions sur des sujets pas très faciles d'accès et souvent assez polémiques. Les tomes se succèdent et ne se ressemblent pas !
Tome 1: Le secret des eaux
Le premier tome apporte un vrai moment de lecture rafraichissante avec une histoire traitée de manière intelligente. Les personnages sont souvent touchants et émouvants. Bref, l'alchimie opère avec le lecteur.
Tome 2: Le vent de l'exil
Le second tome a réussi le coup d'essai avec un final époustouflant. On suit l'exil des personnages en proie à une nature un peu hostile. C'est comme une espèce de course-poursuite. Les couleurs chatoyantes du premier tome laissent la place au blanc froid. Oui, il y a une véritable évolution avec un dessin qui reste toujours aussi beau. On ne peut que souffrir avec les personnages devant tant d'injustice et d'intolérance.
Tome 3: La terre du prophète pâle
Le troisième est un véritable bonheur tant au niveau de l'intrigue que de celui des paysages magnifiques à la vue des couleurs pastelles si bien choisies. Le thème est toujours celui de la dérive du pouvoir théocratique telle que la colonisation et l'asservissement des peuples. Il marque également une rupture certaine car l'action se passe bien des années après. On a perdu de vue certains personnages et pas des moindres. Est-ce que cela sera pour mieux les retrouver ? On suit toujours Alim dans sa nouvelle vie mais en proie avec son passé.
Tome 4: Là où brûlent les regards
Le dernier tome était le plus attendue pour marquer le final de cette saga extraordinaire. Le décors change encore. Bref, la linéarité ne sera pas de mise. L'évolution de cette histoire aura de quoi nous surprendre. Le résultat final sera bien à la hauteur de nos espérances. Alim va rentrer dans la légende d'une certaine bd plus adulte et plus mâture.
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
Le premier volet de ce diptyque ne manque pas de charme.
En effet il nous propose une enquête policière dans les milieux bourgeois d'il y a environ 100 ans. Une famille bourgeoise, mais des personnages tout en nuances qui sont assez intéressants. On notera particulièrement la tante Alma et l'inspecteur Lestrade, véritables figures typiques de cette époque et de ce type de récit, qui ont leur part d'ombre. Comme l'ont souligné certains le récit n'est pas très original, mais Cyril Bonin a réussi à introduire une atmosphère réussie, avec un dessin très particulier mais aussi très adapté au decorum de l'époque. Personnellement j'aime bien.
J'attends de lire la seconde partie pour me faire un avis définitif, mais pour l'heure cette chambre obscure est un petit rayon de soleil.
« Les Grands Soldats » c’est avant tout un coup de cœur graphique, j’adore le coup de crayon d‘Olivier Tallec, son dessin épuré et en même temps plein de mouvement, ses personnages expressifs aux démarches rigolotes, mais qui sait tout aussi bien faire passer la tension dramatique. Les couleurs sont belles et gaies, combinées avec goût, elles ne sont jamais criardes et s’adaptent à chaque scène, lui donnant un degré supplémentaire d’humour ou au contraire de drame.
Côté scénario, on peut dire que c’est presque de l’Histoire pure, le résumé des faits historiques que met Laurent Rivelaygue en fin d’ouvrage reprend exactement le contenu du récit, en dehors des quelques personnages fictifs et de l‘intrigue qui s‘y attache. C’est plutôt intéressant, d’autant que je ne connaissais pas l’histoire de Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, voilà qui a aiguisé ma curiosité. Le récit surfe tout de même sur la vague du polar plus que sur celui de l’aventure, j’aurais aimé voir ce géant roux courir le pays, batailler, se mettre en mauvaise posture et s’en sortir, etc. peut-être est-ce pour la suite, qui elle semble nettement plus aventureuse.
La chute un peu trop brutale me donne à penser qu’il y aura une suite, le mot « fin » est absent, mais aucune précision n’est apportée nulle part, espérons qu’il y en aura bien une, dans tous les cas je l’attends, car je me suis régalée en compagnie de tous ces personnages hauts en couleurs et drôles, d’ailleurs certaines questions restent en suspend et il serait dommage de ne pas y répondre.
Je note donc la série « en cours » en attendant confirmation ou infirmation.
Originaire des Deux-Sèvres (79), j'attendais avec impatience cet ouvrage concernant un haut fait des habitants de mon départements (eh oui, c'est assez rare). A la fin des années 80, le gouvernement choisit d'implanter un site de stockage de déchets radioactifs en Deux-Sèvres. Mais la résistance et l'opiniatreté des habitants a fini par faire reculer les politiques. Ne connaissant pas les tenants et les aboutissants de cette histoire, j'étais trop jeune à l'époque, je me suis délecté de cette histoire et du combat de ces gens qui ont su dépasser leurs idéaux politiques pour assurer le bien-être et l'image de leur département et de leur commune.
Le dessin minimaliste est typique des séries des deux auteurs mais malgé tout il reste expressif et l'on sourit de nombreuses fois devant les postures et les gestes des personnages. Le passage résumant la politique nucléaire de la France depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale est particulièrement savoureux. Le seul bémol concernerait le texte qui fait peut être plus de cet ouvrage un roman illustré qu'une BD. En effet, le texte est omniprésent et j'ai trouvé qu'il alourdissait parfois les pages.
En tout cas, c'est un très bon documentaire que je conseille à tous car cet évènement prouve que l'on peut changer une décision politique losque l'on sait se mettre d'accord et mener une action commune (et par les temps qui courent, réforme des retraites, c'est un bon exemple).
Voici un étrange opus que nous propose Trondheim. Un homme se lève un matin et va soudain se retrouver en communication simultanée avec l’ensemble de la planète. C'est-à-dire que tout le monde entend que qu’il entend, voit ce qu’il voit (et sent ce qu’il sent).
Et là c’est le drame… De cette idée saugrenue, Trondheim créé un scénario très intéressant avec les variations sur le thème de la communication universelle supportée par un individu. De prime abord, notre héros ne peut plus vivre une vie libre puisqu’il est perpétuellement connecté à tout le monde. La curiosité humaine voudra en savoir plus et même profiter de ce nouvel espace de communication planétaire (pour faire passer des messages, peut-on trouver mieux ?) De fait, notre héros va devoir se protéger d’autrui et se retrancher pour ne pas donner d’information sur où il est. De vrais amis vont l’aider dans cette fuite perpétuelle.
Mais, face à ce phénomène, la société s’organise… Vient alors l’idée à notre équipe de vendre les services de notre héros. La scène d’enchère sur les toits de Paris est magique. La convoitise attire les malfrats malins et les petites frappes, notre héros séquestré transformera l’opinion publique jusqu’alors curieuse en sensible. Devant le malheur, le monde entier se sent maltraité. Mais ce sentiment d’empathie ne durent guère chez l’humain et viendra ensuite le rejet. D’une part les autorités entendent mettre un terme à toute cette perturbation et, d’autre part, les gens se trouvent maintenant franchement hostiles car dérangés d’être eux aussi obligés de partager le quotidien de notre héros. Tout cela s’achèvera en possible drame. L’ouverture finale laisse son lot de mystère et d’ouvertures au lecteur.
Rempli d’humour (parfois un peu scato comme sur la planche illustrée ici pendant laquelle notre héros est aux toilettes), l’album n’en demeure pas moins une jolie réflexion sur la communication mondialisée. Pas si naïf donc, d’autant qu’il illustre l’évolution du comportement humain face à un événement nouveau (curiosité-profit-volonté de cadrer-appropriation-répression).
Graphiquement Bonhomme fait un travail fantastique. Dans une bichromie noire et bleue, les traits dynamiques illustrent parfaitement l’évolution de la réaction civile. Les ambiances et les plans étudiés avec talent forment un cadre crédible permettant au lecteur de suivre le cœur du scénario. Parfaite maîtrise des mouvements et plans, découpage dynamique, jeu d’encrage mettant en relief l’ambiance. Joli boulot.
Au final l’album me parait vraiment bien pour son côté sociologique, la narration rythmée et la mise en graphique réussie en font une vraie bonne BD. Maintenant, le côté exercice de style un peu trop présent et quelques légères longueurs m’empêchent d’y voir un chef-d’œuvre. A lire et relire pour réfléchir aux conséquences de la communication à outrance dans notre société mondialisée. Vrai coup de cœur socio-philosophico-artistique.
Moi j'aime bien ce que font les Flamand père et fils. Après des Vacances à Saint-Prix un peu mouvementées, on retrouve Kiki, alias Christian, qui revient à Auxerre avec ses parents, à l'époque où sa vocation artistique commence à s'exprimer. C'est raconté de façon très sympathique, sans fard (on apprend par exemple que Christian a un peu piqué de l'argent dans le sac de son père), mais toujours avec ces touches d'humour bon enfant qui donnent un parfum authentique à l'histoire.
Son fils Julien, qui assure la partie graphique, a bien su saisir le regard et les expressions si particuliers de Christian, tout en gardant son dessin rondelet, typique d'une école franco-belge qui se rapproche un peu, par moments, du Petit Spirou.
Bref, encore un chouette petit album.
Voilà une série qui commence fort et bien !
Des personnages bien campés, des dialogues travaillés, on se laisse promener avec bonheur dans cette Vienne "fin de siècle", où se tissent de sombres destins. Le dessin de Corboz y est pour beaucoup. Il sait donner la vie à ses personnages. (Klement, notamment, est un personnage intriguant, dont la présence plane sur le récit).
Vivement la suite !
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Carême
Cette série aurait pu largement bénéficier d’une petite rallonge, je trouve que le dernier tome avance trop vite par rapport aux deux premiers, ça donne un petit déséquilibre au récit et une fin qui arrive bien trop vite, même si tout est parfaitement beau et émouvant de la première à la dernière planche. Par ailleurs ce tome nous aurait permis de passer plus de temps avec ces trois êtres d’exception. Mon coup de cœur va en grande partie à Ferdinand, c’est rare de voir un animal rester tout au long d’un récit et en plus y garder une place privilégiée, j’ai aimé son caractère joyeux et insouciant, même pas triste d’avoir perdu son Aimé puisqu’il retrouve son Martinien ! Brave bête ! La touche fantastique n’est là que comme exutoire à la fatalité ou encore comme le lien qui unis ces deux amis dans leur passion commune des œuvres fantastiques, les seules choses « extraordinaires » de ce récit sont sa simplicité et l'amour indicible qui unit ces trois personnages. Le ton est toujours juste, une parfaite composition de sentiments et de comportements humains, à aucun moment Bec ne force la main du lecteur en ajoutant une couche de larmoyante geignardise et préfère rester dans l’optimisme, montrant toujours le bon côté des choses, c’est une bouffée d’air frais dans le trop-plein de productions pleurnichardes qui n’arrivent qu’à me rebuter. Par contre, j’émettrais bien quelques réserves sur le graphisme. Bien que la bd soit informatisée et colorisée avec soin et que le résultat soit globalement plaisant, je lui trouve tout de même un petit côté artificiel, les couleurs manquent de texture, c’est trop vaporeux. De plus le lettrage est un poil petit, une série à lire dans une phase d’éveil intense pour ne pas en repartir avec les yeux dans les poches.
Le Casse - Gold Rush
Excellent volume de la collection Le Casse. Mis à part « Soulman », cette collection m’a globalement déçu. Je n’attendais pas particulièrement cet opus, ma surprise est donc amplifiée. « Gold Rush » est un pur Western avec un récit proche de la série télé les mystères de l’ouest. Le canevas est classique mais l’histoire est un pur concentré de divertissement. C’est dense et structuré, il y avait matière à développer plus mais le compromis est plus qu’acceptable. Les personnages ont de fortes personnalités, l’équipe se monte de façon non linéaire mais avec brio du point de vue scénaristique. Il y a des évidences mais aussi des surprises dans la lecture. J’ai aimé cette histoire de bout en bout. La partie graphique est également haut de gamme. Le dessin est réaliste et détaillé, la mise en couleur est également minutieuse et de bon goût. C’est propre et beau, je ne vois pas ce que l’on peut lui reprocher. Il ne faut pas assimiler ce one shot à sa collection qui a du décourager plus d’un avec ses albums inégaux. Celui-ci est incontournable et a sa place dans toute bonne bibliothèque.
Wilson
Je dois avouer que j'étais bien impatient de lire ce Wilson. En fait la dernière fois que j'avais lu Daniel Clowes c'était : Le rayon de la mort ... qui m'avait à la fois laissé sur ma faim et en même temps tout de suite éclairé sur le talent de cet auteur. Ici, on est d'abord surpris. Il s'agit en fait de planches indépendantes avec une chute en bas de page, systématiquement. Et il suffit de 2 pages pour être déjà perturbé. L'angoisse est immédiate. Car le thème est encore et toujours celui de la misanthropie. Wilson est tout de suite drôle, c'est vrai, mais on ne peut pas parler d'humour. On est bien trop loin, on a passé les frontières de l'humour noir ou du cynisme. On peut en rire bien sûr, car certaines planches sont hilarantes. ... On peut aussi se laisser emporter. Car plus Wilson remonte la pente plus on a l'impression d'une descente aux enfers. Son détachement est celui du sociopathe, il peut s'enfoncer à outrance, le plus difficile serait de le suivre. J'ai encore du mal à comprendre ce qui m'a plu mais j'ai n'ai aucun mal à reconnaître un certain génie. Le système Clowes est une fois encore extraordinairement bien foutu. Ça fonctionne vraiment. Et le graphisme porte toujours cet étrange décalage, capable de déranger un peu plus. Tantôt réaliste et à fleur de peau ; tantôt caricatural, comme pour nous laisser souffler, Wilson véhicule le mal de vivre avec brio, et pour de rire en somme ...
Alim le tanneur
Alim le tanneur est une série ayant pour cadre un pseudo-monde oriental où religion et pouvoir se partage un empire. Ce mélange entre fantasy et orient est tout à fait original dans le monde de la BD. Un rythme soutenu et des personnages attachants concourent à la réussite de cette série. Elle est particulièrement intéressante car elle pose une réflexion sur les dérives d’une religion à travers son fanatisme et obscurantisme. Les dessins sont sublimes, les couleurs très agréables, les décors sont fouillés… Une très bonne série très prometteuse avec une véritable poésie du trait et d'utilisation subtile de la colorisation. Le coup de foudre a d'ailleurs été immédiat. Elle marque pour moi une espèce d'évolution un peu plus marquée de la bd moderne qui s'aventure aux frontières des religions sur des sujets pas très faciles d'accès et souvent assez polémiques. Les tomes se succèdent et ne se ressemblent pas ! Tome 1: Le secret des eaux Le premier tome apporte un vrai moment de lecture rafraichissante avec une histoire traitée de manière intelligente. Les personnages sont souvent touchants et émouvants. Bref, l'alchimie opère avec le lecteur. Tome 2: Le vent de l'exil Le second tome a réussi le coup d'essai avec un final époustouflant. On suit l'exil des personnages en proie à une nature un peu hostile. C'est comme une espèce de course-poursuite. Les couleurs chatoyantes du premier tome laissent la place au blanc froid. Oui, il y a une véritable évolution avec un dessin qui reste toujours aussi beau. On ne peut que souffrir avec les personnages devant tant d'injustice et d'intolérance. Tome 3: La terre du prophète pâle Le troisième est un véritable bonheur tant au niveau de l'intrigue que de celui des paysages magnifiques à la vue des couleurs pastelles si bien choisies. Le thème est toujours celui de la dérive du pouvoir théocratique telle que la colonisation et l'asservissement des peuples. Il marque également une rupture certaine car l'action se passe bien des années après. On a perdu de vue certains personnages et pas des moindres. Est-ce que cela sera pour mieux les retrouver ? On suit toujours Alim dans sa nouvelle vie mais en proie avec son passé. Tome 4: Là où brûlent les regards Le dernier tome était le plus attendue pour marquer le final de cette saga extraordinaire. Le décors change encore. Bref, la linéarité ne sera pas de mise. L'évolution de cette histoire aura de quoi nous surprendre. Le résultat final sera bien à la hauteur de nos espérances. Alim va rentrer dans la légende d'une certaine bd plus adulte et plus mâture. Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
Chambre Obscure
Le premier volet de ce diptyque ne manque pas de charme. En effet il nous propose une enquête policière dans les milieux bourgeois d'il y a environ 100 ans. Une famille bourgeoise, mais des personnages tout en nuances qui sont assez intéressants. On notera particulièrement la tante Alma et l'inspecteur Lestrade, véritables figures typiques de cette époque et de ce type de récit, qui ont leur part d'ombre. Comme l'ont souligné certains le récit n'est pas très original, mais Cyril Bonin a réussi à introduire une atmosphère réussie, avec un dessin très particulier mais aussi très adapté au decorum de l'époque. Personnellement j'aime bien. J'attends de lire la seconde partie pour me faire un avis définitif, mais pour l'heure cette chambre obscure est un petit rayon de soleil.
Les Grands Soldats
« Les Grands Soldats » c’est avant tout un coup de cœur graphique, j’adore le coup de crayon d‘Olivier Tallec, son dessin épuré et en même temps plein de mouvement, ses personnages expressifs aux démarches rigolotes, mais qui sait tout aussi bien faire passer la tension dramatique. Les couleurs sont belles et gaies, combinées avec goût, elles ne sont jamais criardes et s’adaptent à chaque scène, lui donnant un degré supplémentaire d’humour ou au contraire de drame. Côté scénario, on peut dire que c’est presque de l’Histoire pure, le résumé des faits historiques que met Laurent Rivelaygue en fin d’ouvrage reprend exactement le contenu du récit, en dehors des quelques personnages fictifs et de l‘intrigue qui s‘y attache. C’est plutôt intéressant, d’autant que je ne connaissais pas l’histoire de Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, voilà qui a aiguisé ma curiosité. Le récit surfe tout de même sur la vague du polar plus que sur celui de l’aventure, j’aurais aimé voir ce géant roux courir le pays, batailler, se mettre en mauvaise posture et s’en sortir, etc. peut-être est-ce pour la suite, qui elle semble nettement plus aventureuse. La chute un peu trop brutale me donne à penser qu’il y aura une suite, le mot « fin » est absent, mais aucune précision n’est apportée nulle part, espérons qu’il y en aura bien une, dans tous les cas je l’attends, car je me suis régalée en compagnie de tous ces personnages hauts en couleurs et drôles, d’ailleurs certaines questions restent en suspend et il serait dommage de ne pas y répondre. Je note donc la série « en cours » en attendant confirmation ou infirmation.
Village toxique
Originaire des Deux-Sèvres (79), j'attendais avec impatience cet ouvrage concernant un haut fait des habitants de mon départements (eh oui, c'est assez rare). A la fin des années 80, le gouvernement choisit d'implanter un site de stockage de déchets radioactifs en Deux-Sèvres. Mais la résistance et l'opiniatreté des habitants a fini par faire reculer les politiques. Ne connaissant pas les tenants et les aboutissants de cette histoire, j'étais trop jeune à l'époque, je me suis délecté de cette histoire et du combat de ces gens qui ont su dépasser leurs idéaux politiques pour assurer le bien-être et l'image de leur département et de leur commune. Le dessin minimaliste est typique des séries des deux auteurs mais malgé tout il reste expressif et l'on sourit de nombreuses fois devant les postures et les gestes des personnages. Le passage résumant la politique nucléaire de la France depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale est particulièrement savoureux. Le seul bémol concernerait le texte qui fait peut être plus de cet ouvrage un roman illustré qu'une BD. En effet, le texte est omniprésent et j'ai trouvé qu'il alourdissait parfois les pages. En tout cas, c'est un très bon documentaire que je conseille à tous car cet évènement prouve que l'on peut changer une décision politique losque l'on sait se mettre d'accord et mener une action commune (et par les temps qui courent, réforme des retraites, c'est un bon exemple).
Omni-Visibilis
Voici un étrange opus que nous propose Trondheim. Un homme se lève un matin et va soudain se retrouver en communication simultanée avec l’ensemble de la planète. C'est-à-dire que tout le monde entend que qu’il entend, voit ce qu’il voit (et sent ce qu’il sent). Et là c’est le drame… De cette idée saugrenue, Trondheim créé un scénario très intéressant avec les variations sur le thème de la communication universelle supportée par un individu. De prime abord, notre héros ne peut plus vivre une vie libre puisqu’il est perpétuellement connecté à tout le monde. La curiosité humaine voudra en savoir plus et même profiter de ce nouvel espace de communication planétaire (pour faire passer des messages, peut-on trouver mieux ?) De fait, notre héros va devoir se protéger d’autrui et se retrancher pour ne pas donner d’information sur où il est. De vrais amis vont l’aider dans cette fuite perpétuelle. Mais, face à ce phénomène, la société s’organise… Vient alors l’idée à notre équipe de vendre les services de notre héros. La scène d’enchère sur les toits de Paris est magique. La convoitise attire les malfrats malins et les petites frappes, notre héros séquestré transformera l’opinion publique jusqu’alors curieuse en sensible. Devant le malheur, le monde entier se sent maltraité. Mais ce sentiment d’empathie ne durent guère chez l’humain et viendra ensuite le rejet. D’une part les autorités entendent mettre un terme à toute cette perturbation et, d’autre part, les gens se trouvent maintenant franchement hostiles car dérangés d’être eux aussi obligés de partager le quotidien de notre héros. Tout cela s’achèvera en possible drame. L’ouverture finale laisse son lot de mystère et d’ouvertures au lecteur. Rempli d’humour (parfois un peu scato comme sur la planche illustrée ici pendant laquelle notre héros est aux toilettes), l’album n’en demeure pas moins une jolie réflexion sur la communication mondialisée. Pas si naïf donc, d’autant qu’il illustre l’évolution du comportement humain face à un événement nouveau (curiosité-profit-volonté de cadrer-appropriation-répression). Graphiquement Bonhomme fait un travail fantastique. Dans une bichromie noire et bleue, les traits dynamiques illustrent parfaitement l’évolution de la réaction civile. Les ambiances et les plans étudiés avec talent forment un cadre crédible permettant au lecteur de suivre le cœur du scénario. Parfaite maîtrise des mouvements et plans, découpage dynamique, jeu d’encrage mettant en relief l’ambiance. Joli boulot. Au final l’album me parait vraiment bien pour son côté sociologique, la narration rythmée et la mise en graphique réussie en font une vraie bonne BD. Maintenant, le côté exercice de style un peu trop présent et quelques légères longueurs m’empêchent d’y voir un chef-d’œuvre. A lire et relire pour réfléchir aux conséquences de la communication à outrance dans notre société mondialisée. Vrai coup de cœur socio-philosophico-artistique.
Quand je serai grand
Moi j'aime bien ce que font les Flamand père et fils. Après des Vacances à Saint-Prix un peu mouvementées, on retrouve Kiki, alias Christian, qui revient à Auxerre avec ses parents, à l'époque où sa vocation artistique commence à s'exprimer. C'est raconté de façon très sympathique, sans fard (on apprend par exemple que Christian a un peu piqué de l'argent dans le sac de son père), mais toujours avec ces touches d'humour bon enfant qui donnent un parfum authentique à l'histoire. Son fils Julien, qui assure la partie graphique, a bien su saisir le regard et les expressions si particuliers de Christian, tout en gardant son dessin rondelet, typique d'une école franco-belge qui se rapproche un peu, par moments, du Petit Spirou. Bref, encore un chouette petit album.
L'Assassin qu'elle mérite
Voilà une série qui commence fort et bien ! Des personnages bien campés, des dialogues travaillés, on se laisse promener avec bonheur dans cette Vienne "fin de siècle", où se tissent de sombres destins. Le dessin de Corboz y est pour beaucoup. Il sait donner la vie à ses personnages. (Klement, notamment, est un personnage intriguant, dont la présence plane sur le récit). Vivement la suite !