Je n'ai pas simplement aimé Jazz Maynard ; j'ai véritablement adoré ! Au début, on ne sait pas quelle direction va prendre cette histoire entre vengeance, prostitution et vol en haute voltige. Il y a une réelle fluidité du scénario qu'on n'observe que dans les grandes bandes dessinées. Chapeau pour une telle maîtrise narrative ! Et dire que la couverture ainsi que le titre m'avaient un peu rebuté au début.
La scène d'ouverture en flash-back du second tome est d'anthologie. Ce second tome arrive à placer la barre encore plus haute que le premier volume déjà excellent. Quelques défauts cependant mais au niveau du dessin : le visage de Jazz est réellement rachitique. Ceux des méchants sont presque dignes d'un film d'horreur genre Frankenstein. On se demande si ce n'est pas fait exprès. Globalement, j'ai bien aimé ce trait particulier qui s'accommode à merveille aux les scènes d'action. La colorisation est d'ailleurs très séduisante... Ah, cette ville de Barcelone by night !
Je dois cependant modérer quelque peu mon ardeur après la lecture des 3 tomes car au fur et à mesure, cela perdait un petit peu en qualité au niveau scénaristique. Cela devient de la baston loin de l'aspect psychologique qui m'avait séduit au premier abord. Je m'étais résolu à m'arrêter au bout du 3ème tome de ce que je considérais comme une trilogie mais voilà que le 4ème tome semble relancer l'histoire de manière un peu inattendue. Je ne me suis pas réconcilié avec la série qui a perdu un peu de son attrait.
Note Dessin: 3/5 - Note Scénario: 3/5 - Note Globale: 3/5
Tome 1
Manu Larcenet a osé, il nous a, une nouvelle fois après Le Combat ordinaire, concocté un chef d'oeuvre. Dans un format assez inhabituel pour la saison, Larcenet nous offre les aventures de Polza, ou plutôt ses mésaventures.
Prévu entre 3 et 5 tomes (selon que l'on se fie à l'auteur ou à l'éditeur), cette bd mérite que l'on s'y attarde à plus d'un titre.
Dessinée au lavis, cette histoire (pourtant prévue en couleur) n'en est que plus poignante car le personnage de Polza, s'il n'est pas sympathique à première vue (d'ailleurs on se demande quel crime il a commis pour être en garde à vue), se révèle être assez mystérieux, voire misanthrope (voir son attitude avec les réfugiés planqués dans la fôret).
Mais ce qui m'a le plus attiré dans ce dernier opus de Manu Larcenet c'est le chemin parcouru depuis ....pfff...je ne sais plus.
"Blast" est la résultante d'un album , tant décrié à l'époque mais que j'avais adoré, Ex Abrupto et de sa série phare Le Combat ordinaire qui d'ailleurs sont très proches par les thèmes abordés : la mort du père, une sociabilisation difficile, l'incompréhension et une peur de l'autre.
Bref, "Blast" est à ce jour l'album le plus abouti d'un auteur tant controversé, si ce n'est le plus controversé" du net depuis quelques années.
Chapeau bas.
Merci Manu.
tome 2
Album très attendu, en tout cas pour moi.
Après un premier opus décoiffant et étonnant, Larcenet nous amène dans un univers plus glauque, où Mancini cotoie la lie de la sociéte. Album noir, sombre qui donne parfois la nausée tant l'histoire de Polza nous prend aux tripes.
Si l'enquête policière avance à travers les confessions de Polza, j'ai tout de même l'impression que le Blast s'éloigne de notre écrivain-clochard, même sous l'emprise de substance illicite.
En effet, le personnage, Saint Jacky, qui donne le titre à ce second opus, occupe une grande majeure partie de l'album.
Mais c'est surtout la beauté et l'originalité du graphisme de Larcenet qui éclate à chaque page.
Mélant dessin en noir et blanc, à la couleur,pleines pages et" gaufrier", cadres panoramiques et cadre rectangulaires, il nous livre là une fantastique palette de son talent.
A dévorer évidement.
Stimulant ! Je viens de refermer l’album ; soufflé et ravi, je me sens soudain beaucoup moins con. Ce petit pavé vient de me faire explorer des continents spirituels qu’en maître-penseur de bazar pourtant gourmand et hardi, je n’aurais jamais eu l’audace d’approcher. Cela valait bien que je me sorte les doigts ! Choper prestement mon netbook (c’est pas malin, maintenant y’a le clavier qui sent) et restituer mon enthousiasme encore frais pour vous convaincre de risquer le voyage.
Que ce soit clair : cette œuvre est avant tout une oeuvre cérébrale (mais pas que). Non pas qu’elle déborde d’un intellectualisme abscons ou d’une métaphysique inabordable. Certes, il y a matière à faire phosphorer la cafetière, mais le contenu reste accessible, d’autant que lorsque l’on flirte dangereusement avec le mais-de-quoi-il-cause-?, déboule, ipso facto, une métaphore limpide et salvatrice. Non, c’est surtout sa dimension introspective qui flatte l’esprit. Devant nos yeux captivés, les auteurs deviennent acteurs et s’interrogent sur la légitimité de leur création, débattent des approches à envisager, de voies à emprunter afin que le propos se la joue moins obscur et plus séduisant.
Car, au départ, le pari était ambitieux et osé : initier à la Logique par l’intermédiaire du médium Bande dessinée. Résumer en cases et en bulles la naissance d’un langage figuratif et ses concepts abstraits pour mettre en lumière une discipline cabalistique pondue par les cerveaux de logiciens philosophes qui s’entêtaient à désosser les fondements de la reine des sciences. Ces mathématiques au cul posé sur un socle fragile, façonné de sacro-saintes vérités impalpables, d’axiomes nourris de l’intuition nous affirmant que, infailliblement, un et un feront toujours deux… Sans jamais arriver à le prouver. Intolérable pour les Ayatollahs du cartésianisme !
Mais, vulgariser ne suffirait pas. Au mieux s’augurait un exposé didactique, au pire, une brique de trois cents pages d’un ennui cauchemardesque. Aussi fallait-il entreprendre des chemins supplémentaires. En s’attachant à l’un de ces éminents penseurs en particulier. Ce sera Bertrand Russell. Retracer sa biographie, ou plutôt, en un fil conducteur romanesque, le laisser se raconter, nous dire soixante ans de sa vie. Celle d’un homme comme un autre avec sa moralité et ses angoisses, ses histoires d’enfance, ses histoires de fesses et de cœur compliquées. Par quelques latitudes anachroniques, autoriser des heurts fictionnels entre sommités ; confrontations palpitantes de discours et de personnalités. Enfin, suggérer l’aventure dramatique, invoquer le souffle de la tragédie. En dédiant la majeure partie de son existence à ses idées, la passion confine à l’obsession, à la névrose. L’aspiration à une Logique absolue, forçant le dépassement de soi, accouchant des manières de raisonner totalement vierges et téméraires, mue l’homme en globe-trotter des limbes de l’esprit. Un explorateur qui au terme de sa quête périlleuse et utopique finira héros… Ou fou.
Restait à tirer le feu d’artifice, expérimenter le jeu de la mise en abyme. L’auto mise en scène d’auteurs s’accordant des apparitions rafraichissantes en autant de gloses bienvenues, puis interprétant le spectacle de la genèse de l’œuvre, de sa déconstruction. Au-delà d’un effet de manche, une vraie réflexion. Puissante, généreuse. Habiller l’ensemble d’un dessin aux accents ligne claire efficace, neutre au commencement, de plus en plus séduisant au long des pages, puis pareil à des jongleurs-architectes de génie, enchâsser les trames, alterner les fils, et par l’ajout subtil de codes graphiques, édifier la narration imparable d’une histoire complexe, fluide et passionnante dont il manquait le titre qui tue : Logicomix ! Maintenant, sa pertinence m’apparaît totalement.
Tout ce que j’aime.
La couverture m'a tout de suite tapée dans l'œil, elle n'est pas spécialement belle mais recèle un étrange pouvoir d'attraction qui m'a obligée à feuilleter la bd. Très bel ouvrage, un noir et blanc simple mais sublime, des visages d'une rare expressivité, une ambiance glauque mais propre, tout y est en ordre et chaque chose semble prendre une place bien précise. En même temps le malaise du roman graphique, style que j'abhorre, me prend l'estomac. Voyons voir qui est l'auteur… Larcenet… je n'aime pas. Voilà qui va trancher dans mon indécision à lire ou pas cette bd.
Le lendemain j'arrive à ma libraire et me dirige d'un pas hypnotique vers ce fameux Blast et en prends un exemplaire. J'ai un peu honte à le dire et malgré tous mes a priori, mais j'ai le sentiment d'avoir trouvé un petit trésor.
Par où commencer ? Tout d'abord c'est à mi-chemin entre le roman graphique et le polar, il y a donc une bonne petite intrigue de fond, qui, il est vrai et je dois bien l'admettre est là pour étaler toute la pensée intérieure de Polza, notre protagoniste obèse. S'il a été arrêté c'est qu'il a fait du mal à Sylvie, mais quoi on ne sait pas, l'intrigue est lancée et bien lancée, car de l'éventuel crime on n'en apprendra guère.
Ce qui me plaît ici, c'est le ton désabusé qu'emploie Larcenet, ce n'est pas moralisateur et il n'y a pas de jugement porté à aucun moment. Il nous raconte, un peu à la manière d'un superbe monologue, la vie d'un homme hors-norme physiquement et qui l'est tout autant mentalement. Sa philosophie est souvent juste, parfois décalée, mais c'est un personnage qui reste très attachant, malgré ses défauts et son addiction à l'alcool. D'ailleurs tous les personnages sont intéressants, j'ai eu un vrai coup de cœur pour le père de Polza et pour Bojan, un poète… à sa manière. C'est un récit tout aussi triste qu'il peut être drôle et l'humour tombe toujours lorsqu'on ne s'y attend pas, ce qui le rend encore plus fabuleux. La narration est merveilleusement juste et sa lecture un pur moment de bonheur.
Une des meilleures œuvres de l'année.
Tome 2
Autant j’ai été ravie par le premier tome, autant le second a fini par m’ennuyer voire même par m’énerver. Tout d’abord l’humour est quasiment absent. Ensuite Polza, toujours aussi philosophe et agréable dans sa façon de s’exprimer devient carrément haïssable dans ses actes, crade et surtout totalement irrespectueux des affaires des autres, squattant des habitations et laissant sa merde derrière lui. Beaucoup de son charme s’est envolé par l’usage immodéré des drogues et d’alcool. Par ailleurs il a tendance a beaucoup s'apitoyer sur lui-même, et ça c'est gavant.
De plus, on est loin du blast du premier tome, qui est ici souvent atteint par des sniffettes de drogue. Larcenet joue sur les antagonismes, rendant ses personnages aussi attachants qu’haïssables, même les flics à la base plutôt sympathiques et presque compréhensifs deviennent un poil violents et méchants.
C’est certainement une montée dans la déchéance et la violence, mais les histoires de clochardise m’horripilent et sur ce second tome on est en plein dedans. Voici un tome un peu artificiel et à rallonge.
L’enquête policière par contre se révèle de plus en plus intéressante, juste pour ça et le graphisme toujours aussi beau, je lirai la suite, mais je passe ma note de 4 à 2, j'enlève aussi l'option d'achat car le prix est trop élevé, même s'il y a beaucoup de planches, sur 5 tomes c'est excessif, surtout que ce tome est pour moitié inutile.
On retrouve dans cette nouvelle série les qualités et les défauts des oeuvres d'Urasawa.
Au rayon des défauts, des visages un peu mornes, très similaires à ceux des personnages de ses autres oeuvres et pas très charismatiques. Autre défaut, une recherche d'amplification permanente du mystère et du suspens, jusqu'à atteindre par-ci par-là les limites de taille de la ficelle scénaristique. C'est ce qui m'avait déplu dans Monster et que j'avais plus ou moins accepté dans 20th Century Boys. Je le retrouve un peu ici : on sent que le scénariste donne des coups de pouce réguliers à ses mystérieux méchants pour réussir leurs coups de façon la plus théâtrale possible. Ca sonne parfois trop artificiel.
Mais sinon, les qualités sont nombreuses.
Je ne suis pas fan d'Astro mais Pluto brille tant par l'hommage formidable rendu à l'oeuvre de Tezuka que par sa propre personnalité et sa construction.
Le dessin est excellent, les décors très détaillés, les mises en scènes parfaites.
Le monde imaginé par Tezuka et ramené à la vie par Urasawa est assez fascinant avec des robots et des humains qui coexistent presque sur un pied d'égalité. C'est un point qui m'a d'ailleurs surpris et un peu décontenancé de voir ces robots au physique strictement humain tandis que d'autres ont le physique "boite de conserve" des machines antiques.
L'intrigue est particulièrement prenante, mais ça c'est le point fort classique d'Urasawa. Le mystère est captivant et on a assez envie de savoir la suite et de comprendre la clé de ce qui apparait comme être plusieurs énigmes différentes, entre les meurtres en série d'hommes et de robots mais aussi concernant le passé effacé de l'enquêteur Gesicht.
Malheureusement, au fil des tomes, je me suis mis à décrocher peu à peu. La faute à une narration qui devient assez confuse sur la fin. Mais aussi à un côté gnan-gnan des robots qui est devenu assez lourd car trop présent à la longue. On a l'impression au final que presque tous les robots, surtout les plus forts du monde, sont de grands mélancoliques qui aiment la paix, les enfants et les petits oiseaux. Et tandis que le mystère se dévoile, l'intérêt retombe inéluctablement car les choses se révèlent finalement assez faciles, sur le plan des ficelles scénaristiques.
Malheureusement, comme dans la plupart de ses séries, Urasawa a autant de facilités à mettre en place une intrigue prenante et mystérieuse qu'il a de mal à la terminer sans sombrer dans un côté artificiel et décevant. La toute fin gâche en ce sens la série car non seulement elle présente quelques facilités franchement manifestes mais en plus elle s'achève sur une morale qui apparait comme simplette et vite expédiée. En outre, le personnage d'Astro n'a franchement aucun charisme comparé à celui de Gesicht.
Malgré tout, cette série reste quand même une bonne lecture, prenante, originale et bien foutue sur ses deux premiers tiers, quoique malheureusement décevante sur la fin.
Malgré toutes les bonnes appréciations et coups de cœur que cette bd a pu obtenir je m’en suis toujours tenue à l’écart, pensant avoir affaire à un énième roman graphique proliférant de bons sentiments... bon, il faut bien l’avouer, c’est un peu le cas, ça fait bien verser une petite larme.
Camille, cette maman dont le bébé meurt, sombre dans une douce folie, faisant revivre sa fille Lydie dans son esprit dérangé, pourrait-on dire par facilité bien que je préfère le terme "tourmenté". Ce qui démarque cette histoire des autres du même genre, c’est qu’elle s’aventure tout doucement sur le chemin détourné du conte et prend un air presque féérique et qui touche au merveilleux dans sa chute.
Malgré le malheur qui frappe cette femme et son entourage, les personnages ne se laissent pas submerger par la douleur et prennent l‘initiative de la combattre. Le ralliement de tout un village et l’émerveillement qu’ils affichent devant une Lydie invisible apporte une très jolie petite touche d’humour. Benoît Zidrou nous gâte en plus avec une belle palette de personnalités qui apporte une grande richesse au scénario et aux scènes du quotidien, qui pour le coup sortent totalement de l’ordinaire, devenues soudainement totalement pittoresques.
Sans oublier le graphisme, fin et enchanteur, aux couleurs douces et apaisantes. J’espère que Jordi Lafevre va bientôt récidiver et nous offrir non pas un album, mais une série propre à ravir nos mirettes.
Je fais partie de ceux qui n'ont guère apprécié les précédents livres de Bastien Vivès.
Aucune émotion n'était ressortie du Le Goût du chlore ou encore de Dans mes yeux.
Je reconnaissais à ce jeune auteur encensé pourtant par une certaine critique, un seul talent ; celui de maitriser parfaitement le dessin.
J'ai donc, malgré tout, succombé à l'attrait d'un nouveau Vivès, eu égard aux bonnes critiques lues ici ou là.
Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un album touchant, émouvant et surtout parfaitement maitrisé.
Cette aventure qui s'étale sur plusieurs années m'a littéralement envouté alors que le thème traité, le monde de la danse classique, m'est complétement hermétique.
Il faut le tour de force d'un grand auteur pour pouvoir captiver le lecteur parfaitement profane que je suis (et je ne pense pas être le seul) dans une aventure somme toute banale.
Mais ce qui fait l'atout de ce pavé, c'est le superbe dessin de Bastien Vivès, un dessin en noir et blanc, tout en mouvement et qui allie à la fois la précision dans les gestes et le flou dans les visages.
Ce mariage est une réussitte totale.
Avec plus de 200 pages, nous nous attachons aux personnages, en particulier à Polina et son enigmatique mentor, Bojinski. J'ai souffert avec Polina, j'ai ressenti ses déceptions et ses peines mais aussi j'ai été très heureux de l'avoir accompagnée dans ses années d'apprentissage de la danse mais aussi de la vie.
Merci à l'auteur pour cet ouvrage qui relève à la fois d'un récit sur le monde de la danse, et d'un témoignage plus large sur la création artistisque.
Véritable petite surprise que ce premier tome d'Horacio d'Alba.
J'étais pourtant assez sceptique avant que mon libraire (loué soit son nom !) m'en conseille la lecture.
Bien sûr dès les premières pages, on ressent l'univers de Lauffray, d'Alex Alice mais, fort heureusement, le dessin de Nicolas Siner, tout en s'inspirant, possède des qualités propres et intrinsèques. En privilégiant les personnages par rapport au décor (les fonds des cases sont souvent exempts de décors), Nicolas Siner nous oblige à nous focaliser sur ces hommes et femmes, tous dévoués aux duels, et sur l'intrigue.
Entre uchronie et récit historique, Jérôme Le Gris arrive à nous livrer un scénario original et parfaitement maîtrisé. L'univers choisi, entre Empire romain et Renaissance, (sans oublier l'autorité pontificale) est criant de vérité.
Il fallait oser camper des personnages aussi forts en couleur.
Car ces duellistes sont assez charismatiques et j'avoue qu'à la dernière page, j'ai eu hâte de connaître la suite car la dernière case est vraiment belle et surtout nous laisse dans une situation angoissante.
Bref, une petite pépite que je conseille vivement.
Note 3,5.
Voici une jolie fable écologique traitée avec humour et légèreté malgré la gravité du sujet, qui de ce fait peut être lue à tout âge, ce n‘est ni puéril ni trop sérieux, elle se positionne juste au milieu.
Après une sécheresse indescriptible, arrive une subite montée des eaux qui surprend nos deux petits protagonistes, Soizic et Eno, mais Soizic a son idée sur les causes de tous ces bouleversements. Ils partiront donc à la recherche des origines du désastre, mais le voyage s'annonce périlleux, d’autant plus qu’Eno est extraordinairement maladroit et tout peut vite prendre des airs de catastrophe à son contact. Heureusement l’inverse est aussi probable, n’ayant aucune prise sur ce qui lui arrive.
Eno est drôle, attachant et est plein de bonne volonté. Les autres personnages ne sont pas en reste, mais il est vrai que mon coup de cœur lui est adressé directement, à lui et à toute la ménagerie qu’ils amassent sur leur bateau, avec en particulier le chien, nommé « Le Chien », qui apporte lui aussi son lot d’humour.
A savoir qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, par exemple comment peuvent-ils nourrir toutes ces bêtes pendant tant de jours avec si peu de foin, ou comment arrivent-elles à survivre dans le grand Nord, ou encore comment les carnivores ne bouffent-ils pas les herbivores, ce sont des questions que l’on peut se poser, mais ce n’est pas le sujet, car comme je le dis plus haut c’est à mi-chemin entre l’aventure et la fable et cette dernière ne s’encombre pas de précisions domestiques, mais s’attarde plus sur le message qu’elle véhicule.
La fin est sympathique bien qu’un peu conventionnelle, évidemment je ne peux vous en dévoiler plus, mais elle est bien tournée et rehaussée par des personnages hauts en couleur.
Graphiquement ça me fait penser à du Basil et Victoria, mais avec une colorisation nettement plus gaie. Les décors sont assez légers, mais le récit tout est porté par les personnages très expressifs au style rond et amusant.
On notera que le second tome est sorti en auto-édition, les auteurs ont pris un risque mais n’ont pas voulu laisser leur lectorat sur leur faim. De plus le dos de la bd est la même que celui du premier tome, hormis le logo du premier éditeur qui est absent, on peut remercier les auteurs de ne pas avoir dépareillé les bds qui trôneront fièrement l’une à côté de l’autre sans se jurer dessus.
La quête de l'Atlantide, rien que ça. Il n'en fallait pas moins pour me ruer sur le tome 1 de Dossier A.
Je ne suis pas un "expert" dans les mangas, que je découvre peu a peu, après 20th Century Boys, Manhole, et Ikigami - Préavis de mort, dans un tout autre style. Allons droit au but : ce dossier A pèche déjà par son style graphique, et son dessin, que je considérerais comme mauvais. Les personnages ont un graphisme laid, ridicule (l'enfant), le héros, nez patate, traits japonais, est ridicule au possible, l'héroïne, avec ses deux yeux comme deux soucoupes semble sortir tout droit d'un livre sur les ET. Les poses sont figées, les personnages se tiennent difficilement, les proportions sont hasardeuses, le tout est très maladroit, le dessinateur semble empêtré par son crayon, gauche, et besogneux. Bref c'est plutôt mauvais. Les décors sont plus réussis, c'est tout de suite moins compliqué quand on retouche des photos... Mais ce traité correspond bien à la teneur historique du récit, et on n’est pas mécontent de retrouver Dubrovnik, par exemple, très réaliste, ça appuie le propos en plus de nous rappeler des souvenirs (si on y est allés, évidemment).
Ce qui fait la force de Dossier A ne se trouvera donc pas dans son style, mais plutôt dans sa rigueur de documentation. Quelle entrée brillante dans ce mythe ! Références, auteurs, archéologues, pays, histoires, légendes, toutes les pages vous donnent envie d'aller feuilleter l'encyclopédie, ou d'aller chez le bouquiniste du coin vous chercher les livres cités pour approfondir le sujet. C'est vraiment prenant, fidèle historiquement, et plutôt bien amené dans la trame générale. Dommage que le style narratif ne suive pas, ce n'est pas très enlevé, et hors les propos historiques, tout ce qui se rapporte au comportement "émotif" des personnages, est plutôt maladroit et souvent niais.
A part une digression assez étrange au 3/4 de l'ouvrage, qui annonce un peu un étirage de mayonnaise sur les 15 volumes par le biais d'histoirettes pas palpitantes, l'ouvrage s'avale sans mal, éveillant souvent notre intérêt, et nous donnant toujours envie d'en savoir plus.
Il est vraiment dommage que le style graphique soit si raté (les véhicules ! la typo ! les visages ! ) et que la composition des cases soit si "scolaire" (quand on sort d'un 20th Century Boys, ça fait un choc) ça aurait pu être une série culte. A défaut d'arriver jusqu'à cela, Dossier A, possède quand même assez d'atouts pour nous donner raison de s'y plonger.
Modification d'avis (Lecture du tome 7)
Je passe la note a 4/5, et coup de coeur.
Au fil des tomes, le déroulement de l'histoire prend encore plus de corps, les réferences se font toujours plus nombreuses, et l'envie de se documenter soi-même devient une manie. Le dessin très moyen sur les premiers tomes, se paye le luxe de s'améliorer, ce n'est pas très "créatif" ni stylé, mais ça devient bien plus détaillé et fin, les personnages sont plus campés, le tout tire vers plus de réalisme.
Le coté petites histoires parallèles est bien là, comme soupçonné dès le départ, certaines ne sont là que pour meubler, d'autres sont reliées pas forcement de façon très habile a la trame principale. Il y a hélas quelques longueurs, mais tous ces petits intermèdes restent frais, avec une morale assez jolie, (on pourra même trouver ça souvent niais) respect des anciens, poursuivre ses rêves etc. etc. L'auteur aurait pu éviter d'en rajouter des tonnes, mais ça passe tout de même, même si ça rend un peu le récit fragmentaire - J'avoue avoir été un peu paumé parfois.
Les tomes ne sont pas tous égaux en qualité, et certain sortent du lot (le tome 7 par exemple, avec une très belle scène d'espionnage/thriller, maline et bien racontée/mis en scène) - Cette série, donc en plus d'être intéressante de bout en bout, réserve quelques surprises...
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Jazz Maynard
Je n'ai pas simplement aimé Jazz Maynard ; j'ai véritablement adoré ! Au début, on ne sait pas quelle direction va prendre cette histoire entre vengeance, prostitution et vol en haute voltige. Il y a une réelle fluidité du scénario qu'on n'observe que dans les grandes bandes dessinées. Chapeau pour une telle maîtrise narrative ! Et dire que la couverture ainsi que le titre m'avaient un peu rebuté au début. La scène d'ouverture en flash-back du second tome est d'anthologie. Ce second tome arrive à placer la barre encore plus haute que le premier volume déjà excellent. Quelques défauts cependant mais au niveau du dessin : le visage de Jazz est réellement rachitique. Ceux des méchants sont presque dignes d'un film d'horreur genre Frankenstein. On se demande si ce n'est pas fait exprès. Globalement, j'ai bien aimé ce trait particulier qui s'accommode à merveille aux les scènes d'action. La colorisation est d'ailleurs très séduisante... Ah, cette ville de Barcelone by night ! Je dois cependant modérer quelque peu mon ardeur après la lecture des 3 tomes car au fur et à mesure, cela perdait un petit peu en qualité au niveau scénaristique. Cela devient de la baston loin de l'aspect psychologique qui m'avait séduit au premier abord. Je m'étais résolu à m'arrêter au bout du 3ème tome de ce que je considérais comme une trilogie mais voilà que le 4ème tome semble relancer l'histoire de manière un peu inattendue. Je ne me suis pas réconcilié avec la série qui a perdu un peu de son attrait. Note Dessin: 3/5 - Note Scénario: 3/5 - Note Globale: 3/5
Blast
Tome 1 Manu Larcenet a osé, il nous a, une nouvelle fois après Le Combat ordinaire, concocté un chef d'oeuvre. Dans un format assez inhabituel pour la saison, Larcenet nous offre les aventures de Polza, ou plutôt ses mésaventures. Prévu entre 3 et 5 tomes (selon que l'on se fie à l'auteur ou à l'éditeur), cette bd mérite que l'on s'y attarde à plus d'un titre. Dessinée au lavis, cette histoire (pourtant prévue en couleur) n'en est que plus poignante car le personnage de Polza, s'il n'est pas sympathique à première vue (d'ailleurs on se demande quel crime il a commis pour être en garde à vue), se révèle être assez mystérieux, voire misanthrope (voir son attitude avec les réfugiés planqués dans la fôret). Mais ce qui m'a le plus attiré dans ce dernier opus de Manu Larcenet c'est le chemin parcouru depuis ....pfff...je ne sais plus. "Blast" est la résultante d'un album , tant décrié à l'époque mais que j'avais adoré, Ex Abrupto et de sa série phare Le Combat ordinaire qui d'ailleurs sont très proches par les thèmes abordés : la mort du père, une sociabilisation difficile, l'incompréhension et une peur de l'autre. Bref, "Blast" est à ce jour l'album le plus abouti d'un auteur tant controversé, si ce n'est le plus controversé" du net depuis quelques années. Chapeau bas. Merci Manu. tome 2 Album très attendu, en tout cas pour moi. Après un premier opus décoiffant et étonnant, Larcenet nous amène dans un univers plus glauque, où Mancini cotoie la lie de la sociéte. Album noir, sombre qui donne parfois la nausée tant l'histoire de Polza nous prend aux tripes. Si l'enquête policière avance à travers les confessions de Polza, j'ai tout de même l'impression que le Blast s'éloigne de notre écrivain-clochard, même sous l'emprise de substance illicite. En effet, le personnage, Saint Jacky, qui donne le titre à ce second opus, occupe une grande majeure partie de l'album. Mais c'est surtout la beauté et l'originalité du graphisme de Larcenet qui éclate à chaque page. Mélant dessin en noir et blanc, à la couleur,pleines pages et" gaufrier", cadres panoramiques et cadre rectangulaires, il nous livre là une fantastique palette de son talent. A dévorer évidement.
Logicomix
Stimulant ! Je viens de refermer l’album ; soufflé et ravi, je me sens soudain beaucoup moins con. Ce petit pavé vient de me faire explorer des continents spirituels qu’en maître-penseur de bazar pourtant gourmand et hardi, je n’aurais jamais eu l’audace d’approcher. Cela valait bien que je me sorte les doigts ! Choper prestement mon netbook (c’est pas malin, maintenant y’a le clavier qui sent) et restituer mon enthousiasme encore frais pour vous convaincre de risquer le voyage. Que ce soit clair : cette œuvre est avant tout une oeuvre cérébrale (mais pas que). Non pas qu’elle déborde d’un intellectualisme abscons ou d’une métaphysique inabordable. Certes, il y a matière à faire phosphorer la cafetière, mais le contenu reste accessible, d’autant que lorsque l’on flirte dangereusement avec le mais-de-quoi-il-cause-?, déboule, ipso facto, une métaphore limpide et salvatrice. Non, c’est surtout sa dimension introspective qui flatte l’esprit. Devant nos yeux captivés, les auteurs deviennent acteurs et s’interrogent sur la légitimité de leur création, débattent des approches à envisager, de voies à emprunter afin que le propos se la joue moins obscur et plus séduisant. Car, au départ, le pari était ambitieux et osé : initier à la Logique par l’intermédiaire du médium Bande dessinée. Résumer en cases et en bulles la naissance d’un langage figuratif et ses concepts abstraits pour mettre en lumière une discipline cabalistique pondue par les cerveaux de logiciens philosophes qui s’entêtaient à désosser les fondements de la reine des sciences. Ces mathématiques au cul posé sur un socle fragile, façonné de sacro-saintes vérités impalpables, d’axiomes nourris de l’intuition nous affirmant que, infailliblement, un et un feront toujours deux… Sans jamais arriver à le prouver. Intolérable pour les Ayatollahs du cartésianisme ! Mais, vulgariser ne suffirait pas. Au mieux s’augurait un exposé didactique, au pire, une brique de trois cents pages d’un ennui cauchemardesque. Aussi fallait-il entreprendre des chemins supplémentaires. En s’attachant à l’un de ces éminents penseurs en particulier. Ce sera Bertrand Russell. Retracer sa biographie, ou plutôt, en un fil conducteur romanesque, le laisser se raconter, nous dire soixante ans de sa vie. Celle d’un homme comme un autre avec sa moralité et ses angoisses, ses histoires d’enfance, ses histoires de fesses et de cœur compliquées. Par quelques latitudes anachroniques, autoriser des heurts fictionnels entre sommités ; confrontations palpitantes de discours et de personnalités. Enfin, suggérer l’aventure dramatique, invoquer le souffle de la tragédie. En dédiant la majeure partie de son existence à ses idées, la passion confine à l’obsession, à la névrose. L’aspiration à une Logique absolue, forçant le dépassement de soi, accouchant des manières de raisonner totalement vierges et téméraires, mue l’homme en globe-trotter des limbes de l’esprit. Un explorateur qui au terme de sa quête périlleuse et utopique finira héros… Ou fou. Restait à tirer le feu d’artifice, expérimenter le jeu de la mise en abyme. L’auto mise en scène d’auteurs s’accordant des apparitions rafraichissantes en autant de gloses bienvenues, puis interprétant le spectacle de la genèse de l’œuvre, de sa déconstruction. Au-delà d’un effet de manche, une vraie réflexion. Puissante, généreuse. Habiller l’ensemble d’un dessin aux accents ligne claire efficace, neutre au commencement, de plus en plus séduisant au long des pages, puis pareil à des jongleurs-architectes de génie, enchâsser les trames, alterner les fils, et par l’ajout subtil de codes graphiques, édifier la narration imparable d’une histoire complexe, fluide et passionnante dont il manquait le titre qui tue : Logicomix ! Maintenant, sa pertinence m’apparaît totalement. Tout ce que j’aime.
Blast
La couverture m'a tout de suite tapée dans l'œil, elle n'est pas spécialement belle mais recèle un étrange pouvoir d'attraction qui m'a obligée à feuilleter la bd. Très bel ouvrage, un noir et blanc simple mais sublime, des visages d'une rare expressivité, une ambiance glauque mais propre, tout y est en ordre et chaque chose semble prendre une place bien précise. En même temps le malaise du roman graphique, style que j'abhorre, me prend l'estomac. Voyons voir qui est l'auteur… Larcenet… je n'aime pas. Voilà qui va trancher dans mon indécision à lire ou pas cette bd. Le lendemain j'arrive à ma libraire et me dirige d'un pas hypnotique vers ce fameux Blast et en prends un exemplaire. J'ai un peu honte à le dire et malgré tous mes a priori, mais j'ai le sentiment d'avoir trouvé un petit trésor. Par où commencer ? Tout d'abord c'est à mi-chemin entre le roman graphique et le polar, il y a donc une bonne petite intrigue de fond, qui, il est vrai et je dois bien l'admettre est là pour étaler toute la pensée intérieure de Polza, notre protagoniste obèse. S'il a été arrêté c'est qu'il a fait du mal à Sylvie, mais quoi on ne sait pas, l'intrigue est lancée et bien lancée, car de l'éventuel crime on n'en apprendra guère. Ce qui me plaît ici, c'est le ton désabusé qu'emploie Larcenet, ce n'est pas moralisateur et il n'y a pas de jugement porté à aucun moment. Il nous raconte, un peu à la manière d'un superbe monologue, la vie d'un homme hors-norme physiquement et qui l'est tout autant mentalement. Sa philosophie est souvent juste, parfois décalée, mais c'est un personnage qui reste très attachant, malgré ses défauts et son addiction à l'alcool. D'ailleurs tous les personnages sont intéressants, j'ai eu un vrai coup de cœur pour le père de Polza et pour Bojan, un poète… à sa manière. C'est un récit tout aussi triste qu'il peut être drôle et l'humour tombe toujours lorsqu'on ne s'y attend pas, ce qui le rend encore plus fabuleux. La narration est merveilleusement juste et sa lecture un pur moment de bonheur. Une des meilleures œuvres de l'année. Tome 2 Autant j’ai été ravie par le premier tome, autant le second a fini par m’ennuyer voire même par m’énerver. Tout d’abord l’humour est quasiment absent. Ensuite Polza, toujours aussi philosophe et agréable dans sa façon de s’exprimer devient carrément haïssable dans ses actes, crade et surtout totalement irrespectueux des affaires des autres, squattant des habitations et laissant sa merde derrière lui. Beaucoup de son charme s’est envolé par l’usage immodéré des drogues et d’alcool. Par ailleurs il a tendance a beaucoup s'apitoyer sur lui-même, et ça c'est gavant. De plus, on est loin du blast du premier tome, qui est ici souvent atteint par des sniffettes de drogue. Larcenet joue sur les antagonismes, rendant ses personnages aussi attachants qu’haïssables, même les flics à la base plutôt sympathiques et presque compréhensifs deviennent un poil violents et méchants. C’est certainement une montée dans la déchéance et la violence, mais les histoires de clochardise m’horripilent et sur ce second tome on est en plein dedans. Voici un tome un peu artificiel et à rallonge. L’enquête policière par contre se révèle de plus en plus intéressante, juste pour ça et le graphisme toujours aussi beau, je lirai la suite, mais je passe ma note de 4 à 2, j'enlève aussi l'option d'achat car le prix est trop élevé, même s'il y a beaucoup de planches, sur 5 tomes c'est excessif, surtout que ce tome est pour moitié inutile.
Pluto
On retrouve dans cette nouvelle série les qualités et les défauts des oeuvres d'Urasawa. Au rayon des défauts, des visages un peu mornes, très similaires à ceux des personnages de ses autres oeuvres et pas très charismatiques. Autre défaut, une recherche d'amplification permanente du mystère et du suspens, jusqu'à atteindre par-ci par-là les limites de taille de la ficelle scénaristique. C'est ce qui m'avait déplu dans Monster et que j'avais plus ou moins accepté dans 20th Century Boys. Je le retrouve un peu ici : on sent que le scénariste donne des coups de pouce réguliers à ses mystérieux méchants pour réussir leurs coups de façon la plus théâtrale possible. Ca sonne parfois trop artificiel. Mais sinon, les qualités sont nombreuses. Je ne suis pas fan d'Astro mais Pluto brille tant par l'hommage formidable rendu à l'oeuvre de Tezuka que par sa propre personnalité et sa construction. Le dessin est excellent, les décors très détaillés, les mises en scènes parfaites. Le monde imaginé par Tezuka et ramené à la vie par Urasawa est assez fascinant avec des robots et des humains qui coexistent presque sur un pied d'égalité. C'est un point qui m'a d'ailleurs surpris et un peu décontenancé de voir ces robots au physique strictement humain tandis que d'autres ont le physique "boite de conserve" des machines antiques. L'intrigue est particulièrement prenante, mais ça c'est le point fort classique d'Urasawa. Le mystère est captivant et on a assez envie de savoir la suite et de comprendre la clé de ce qui apparait comme être plusieurs énigmes différentes, entre les meurtres en série d'hommes et de robots mais aussi concernant le passé effacé de l'enquêteur Gesicht. Malheureusement, au fil des tomes, je me suis mis à décrocher peu à peu. La faute à une narration qui devient assez confuse sur la fin. Mais aussi à un côté gnan-gnan des robots qui est devenu assez lourd car trop présent à la longue. On a l'impression au final que presque tous les robots, surtout les plus forts du monde, sont de grands mélancoliques qui aiment la paix, les enfants et les petits oiseaux. Et tandis que le mystère se dévoile, l'intérêt retombe inéluctablement car les choses se révèlent finalement assez faciles, sur le plan des ficelles scénaristiques. Malheureusement, comme dans la plupart de ses séries, Urasawa a autant de facilités à mettre en place une intrigue prenante et mystérieuse qu'il a de mal à la terminer sans sombrer dans un côté artificiel et décevant. La toute fin gâche en ce sens la série car non seulement elle présente quelques facilités franchement manifestes mais en plus elle s'achève sur une morale qui apparait comme simplette et vite expédiée. En outre, le personnage d'Astro n'a franchement aucun charisme comparé à celui de Gesicht. Malgré tout, cette série reste quand même une bonne lecture, prenante, originale et bien foutue sur ses deux premiers tiers, quoique malheureusement décevante sur la fin.
Lydie
Malgré toutes les bonnes appréciations et coups de cœur que cette bd a pu obtenir je m’en suis toujours tenue à l’écart, pensant avoir affaire à un énième roman graphique proliférant de bons sentiments... bon, il faut bien l’avouer, c’est un peu le cas, ça fait bien verser une petite larme. Camille, cette maman dont le bébé meurt, sombre dans une douce folie, faisant revivre sa fille Lydie dans son esprit dérangé, pourrait-on dire par facilité bien que je préfère le terme "tourmenté". Ce qui démarque cette histoire des autres du même genre, c’est qu’elle s’aventure tout doucement sur le chemin détourné du conte et prend un air presque féérique et qui touche au merveilleux dans sa chute. Malgré le malheur qui frappe cette femme et son entourage, les personnages ne se laissent pas submerger par la douleur et prennent l‘initiative de la combattre. Le ralliement de tout un village et l’émerveillement qu’ils affichent devant une Lydie invisible apporte une très jolie petite touche d’humour. Benoît Zidrou nous gâte en plus avec une belle palette de personnalités qui apporte une grande richesse au scénario et aux scènes du quotidien, qui pour le coup sortent totalement de l’ordinaire, devenues soudainement totalement pittoresques. Sans oublier le graphisme, fin et enchanteur, aux couleurs douces et apaisantes. J’espère que Jordi Lafevre va bientôt récidiver et nous offrir non pas un album, mais une série propre à ravir nos mirettes.
Polina
Je fais partie de ceux qui n'ont guère apprécié les précédents livres de Bastien Vivès. Aucune émotion n'était ressortie du Le Goût du chlore ou encore de Dans mes yeux. Je reconnaissais à ce jeune auteur encensé pourtant par une certaine critique, un seul talent ; celui de maitriser parfaitement le dessin. J'ai donc, malgré tout, succombé à l'attrait d'un nouveau Vivès, eu égard aux bonnes critiques lues ici ou là. Et quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un album touchant, émouvant et surtout parfaitement maitrisé. Cette aventure qui s'étale sur plusieurs années m'a littéralement envouté alors que le thème traité, le monde de la danse classique, m'est complétement hermétique. Il faut le tour de force d'un grand auteur pour pouvoir captiver le lecteur parfaitement profane que je suis (et je ne pense pas être le seul) dans une aventure somme toute banale. Mais ce qui fait l'atout de ce pavé, c'est le superbe dessin de Bastien Vivès, un dessin en noir et blanc, tout en mouvement et qui allie à la fois la précision dans les gestes et le flou dans les visages. Ce mariage est une réussitte totale. Avec plus de 200 pages, nous nous attachons aux personnages, en particulier à Polina et son enigmatique mentor, Bojinski. J'ai souffert avec Polina, j'ai ressenti ses déceptions et ses peines mais aussi j'ai été très heureux de l'avoir accompagnée dans ses années d'apprentissage de la danse mais aussi de la vie. Merci à l'auteur pour cet ouvrage qui relève à la fois d'un récit sur le monde de la danse, et d'un témoignage plus large sur la création artistisque.
Horacio d'Alba
Véritable petite surprise que ce premier tome d'Horacio d'Alba. J'étais pourtant assez sceptique avant que mon libraire (loué soit son nom !) m'en conseille la lecture. Bien sûr dès les premières pages, on ressent l'univers de Lauffray, d'Alex Alice mais, fort heureusement, le dessin de Nicolas Siner, tout en s'inspirant, possède des qualités propres et intrinsèques. En privilégiant les personnages par rapport au décor (les fonds des cases sont souvent exempts de décors), Nicolas Siner nous oblige à nous focaliser sur ces hommes et femmes, tous dévoués aux duels, et sur l'intrigue. Entre uchronie et récit historique, Jérôme Le Gris arrive à nous livrer un scénario original et parfaitement maîtrisé. L'univers choisi, entre Empire romain et Renaissance, (sans oublier l'autorité pontificale) est criant de vérité. Il fallait oser camper des personnages aussi forts en couleur. Car ces duellistes sont assez charismatiques et j'avoue qu'à la dernière page, j'ai eu hâte de connaître la suite car la dernière case est vraiment belle et surtout nous laisse dans une situation angoissante. Bref, une petite pépite que je conseille vivement.
Eno One
Note 3,5. Voici une jolie fable écologique traitée avec humour et légèreté malgré la gravité du sujet, qui de ce fait peut être lue à tout âge, ce n‘est ni puéril ni trop sérieux, elle se positionne juste au milieu. Après une sécheresse indescriptible, arrive une subite montée des eaux qui surprend nos deux petits protagonistes, Soizic et Eno, mais Soizic a son idée sur les causes de tous ces bouleversements. Ils partiront donc à la recherche des origines du désastre, mais le voyage s'annonce périlleux, d’autant plus qu’Eno est extraordinairement maladroit et tout peut vite prendre des airs de catastrophe à son contact. Heureusement l’inverse est aussi probable, n’ayant aucune prise sur ce qui lui arrive. Eno est drôle, attachant et est plein de bonne volonté. Les autres personnages ne sont pas en reste, mais il est vrai que mon coup de cœur lui est adressé directement, à lui et à toute la ménagerie qu’ils amassent sur leur bateau, avec en particulier le chien, nommé « Le Chien », qui apporte lui aussi son lot d’humour. A savoir qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre, par exemple comment peuvent-ils nourrir toutes ces bêtes pendant tant de jours avec si peu de foin, ou comment arrivent-elles à survivre dans le grand Nord, ou encore comment les carnivores ne bouffent-ils pas les herbivores, ce sont des questions que l’on peut se poser, mais ce n’est pas le sujet, car comme je le dis plus haut c’est à mi-chemin entre l’aventure et la fable et cette dernière ne s’encombre pas de précisions domestiques, mais s’attarde plus sur le message qu’elle véhicule. La fin est sympathique bien qu’un peu conventionnelle, évidemment je ne peux vous en dévoiler plus, mais elle est bien tournée et rehaussée par des personnages hauts en couleur. Graphiquement ça me fait penser à du Basil et Victoria, mais avec une colorisation nettement plus gaie. Les décors sont assez légers, mais le récit tout est porté par les personnages très expressifs au style rond et amusant. On notera que le second tome est sorti en auto-édition, les auteurs ont pris un risque mais n’ont pas voulu laisser leur lectorat sur leur faim. De plus le dos de la bd est la même que celui du premier tome, hormis le logo du premier éditeur qui est absent, on peut remercier les auteurs de ne pas avoir dépareillé les bds qui trôneront fièrement l’une à côté de l’autre sans se jurer dessus.
Dossier A.
La quête de l'Atlantide, rien que ça. Il n'en fallait pas moins pour me ruer sur le tome 1 de Dossier A. Je ne suis pas un "expert" dans les mangas, que je découvre peu a peu, après 20th Century Boys, Manhole, et Ikigami - Préavis de mort, dans un tout autre style. Allons droit au but : ce dossier A pèche déjà par son style graphique, et son dessin, que je considérerais comme mauvais. Les personnages ont un graphisme laid, ridicule (l'enfant), le héros, nez patate, traits japonais, est ridicule au possible, l'héroïne, avec ses deux yeux comme deux soucoupes semble sortir tout droit d'un livre sur les ET. Les poses sont figées, les personnages se tiennent difficilement, les proportions sont hasardeuses, le tout est très maladroit, le dessinateur semble empêtré par son crayon, gauche, et besogneux. Bref c'est plutôt mauvais. Les décors sont plus réussis, c'est tout de suite moins compliqué quand on retouche des photos... Mais ce traité correspond bien à la teneur historique du récit, et on n’est pas mécontent de retrouver Dubrovnik, par exemple, très réaliste, ça appuie le propos en plus de nous rappeler des souvenirs (si on y est allés, évidemment). Ce qui fait la force de Dossier A ne se trouvera donc pas dans son style, mais plutôt dans sa rigueur de documentation. Quelle entrée brillante dans ce mythe ! Références, auteurs, archéologues, pays, histoires, légendes, toutes les pages vous donnent envie d'aller feuilleter l'encyclopédie, ou d'aller chez le bouquiniste du coin vous chercher les livres cités pour approfondir le sujet. C'est vraiment prenant, fidèle historiquement, et plutôt bien amené dans la trame générale. Dommage que le style narratif ne suive pas, ce n'est pas très enlevé, et hors les propos historiques, tout ce qui se rapporte au comportement "émotif" des personnages, est plutôt maladroit et souvent niais. A part une digression assez étrange au 3/4 de l'ouvrage, qui annonce un peu un étirage de mayonnaise sur les 15 volumes par le biais d'histoirettes pas palpitantes, l'ouvrage s'avale sans mal, éveillant souvent notre intérêt, et nous donnant toujours envie d'en savoir plus. Il est vraiment dommage que le style graphique soit si raté (les véhicules ! la typo ! les visages ! ) et que la composition des cases soit si "scolaire" (quand on sort d'un 20th Century Boys, ça fait un choc) ça aurait pu être une série culte. A défaut d'arriver jusqu'à cela, Dossier A, possède quand même assez d'atouts pour nous donner raison de s'y plonger. Modification d'avis (Lecture du tome 7) Je passe la note a 4/5, et coup de coeur. Au fil des tomes, le déroulement de l'histoire prend encore plus de corps, les réferences se font toujours plus nombreuses, et l'envie de se documenter soi-même devient une manie. Le dessin très moyen sur les premiers tomes, se paye le luxe de s'améliorer, ce n'est pas très "créatif" ni stylé, mais ça devient bien plus détaillé et fin, les personnages sont plus campés, le tout tire vers plus de réalisme. Le coté petites histoires parallèles est bien là, comme soupçonné dès le départ, certaines ne sont là que pour meubler, d'autres sont reliées pas forcement de façon très habile a la trame principale. Il y a hélas quelques longueurs, mais tous ces petits intermèdes restent frais, avec une morale assez jolie, (on pourra même trouver ça souvent niais) respect des anciens, poursuivre ses rêves etc. etc. L'auteur aurait pu éviter d'en rajouter des tonnes, mais ça passe tout de même, même si ça rend un peu le récit fragmentaire - J'avoue avoir été un peu paumé parfois. Les tomes ne sont pas tous égaux en qualité, et certain sortent du lot (le tome 7 par exemple, avec une très belle scène d'espionnage/thriller, maline et bien racontée/mis en scène) - Cette série, donc en plus d'être intéressante de bout en bout, réserve quelques surprises... Alors, amateur d'aventure, de mythes et de légendes de tout continent, Dossier A c'est pour vous !