C'est la dernière série de l'univers Incal mettant en vedette John Difool que j'avais à lire et c'est aussi celle que j'ai le plus appréciée. Oui, j'ai préféré cette préquel à la série originale car elle possède toutes les qualités et aucun des défauts de la série mère.
Tout d'abord, il n'y a pas les scènes mystiques qui m'emmerdaient dans L'Incal. C'est de l'aventure pure dans un univers totalement dérangé avec des personnages intéressants. Ensuite, je ne m'étais pas attaché à John Difool qui était juste un type ordinaire embarqué dans une histoire compliquée bien malgré lui. Ici, il est plus attachant et j'ai trouvé son histoire vraiment tragique.
Toutefois, ce que j'ai aimé le plus c'est de voir à quel point le scénariste maîtrise son histoire. Même si le récit part dans tous les sens, il s'intègre parfaitement à la série originale et il nous permet de mieux comprendre les personnages de L'Incal. Chapeau l'artiste.
Tiens ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un comic de Michael Turner... Pourtant j'aime bien son dessin, que je trouve fluide, enchanteur, délié... C'est encore le cas avec ce "Soulfire", où il fait également preuve d'une belle virtuosité, où ses personnages féminins, bien que parfois relativement peu vêtus, n'en ont pas pour autant des attributs mammaires surdéveloppés. Ici de nouvelles créatures se rajoutent à son univers : des dragons. Dans le premier tome ils ne sont pas envahissants mais leur présence est quand même relativement importante, permettant au dessinateur de faire admirer sa technique impressionnante.
Pour développer cette histoire, Turner s'est allié à la "star" Jeph Loeb, mais aussi à T.J. Krul (inconnu au bataillon). Pour l'heure ce n'est pas très original ; au milieu d'une résurgence imprévue de dragons (dont un squelette est retrouvé de nos jours - vive Jurassic Park !), un jeune homme, à la fois innocent et "dur à la vie" (orphelin, quoi) va se retrouver l'objet de toutes les convoitises. Rajoutez un industriel ambitieux aux pouvoirs étranges, des créatures ailées aux origines mystérieuses ainsi que des sages au destin tragique et vous aurez la recette d'un récit sans grande originalité mais qui fonctionne plutôt bien.
La fin, disons l'achèvement du tome 2 laisse à désirer. Pas sûr que Turner l'aurait vue comme ça. Je ne sais pas si la suite a réellement vu le jour et si Delcourt a l'intention de la publier, mais si le style est trop éloigné de celui de Turner, je ne suis pas sûr d'avoir envie de la lire.
Très jolie découverte avec cette série. Bien sûr, je connaissais le travail de Yukimura sur Planètes, et là encore j'ai bien apprécié, malgré la différence de style.
Je ne m'étendrai pas trop sur les qualités de ce manga, mes camarades ont bien su les cerner. Je parlerai cependant du fait que j'ai été surpris à plusieurs reprises. Le récit prend plusieurs tours inattendus, et même si je ne suis pas sûr que la cohérence historique soit présente, j'ai vraiment apprécié ma lecture avec ce petit plus.
Ma note n'est pas définitive, j'attends de lire la fin avant de me prononcer finalement, mais pour l'heure c'est vraiment pas mal.
La note maximale ! Sans la moindre hésitation !!!
‘100 bullets’ est la série qui m’a convaincu que les comics ne se limitent pas à de la bande dessinée de qualité inférieure.
Caïds, flics, joueurs et bookmakers, voleurs, tueurs psychopathes et assassins, junkies, barmen et strip-teaseuses, détective privé, taulards… C’est finalement toute la faune des bas fonds urbains que les auteurs ont décidé de mettre en scène.
Le concept de base de ‘100 bullets’ est bien connu : le mystérieux agent Graves révèle à une personne l’identité d’un tiers qui lui a causé du tort et lui offre la possibilité d’une vengeance impunie, en lui fournissant une arme de poing et une centaine de cartouches non identifiables. Ainsi, dans différents récits, indépendants en apparence, le petit jeu de Graves permet d’exposer des losers en tout genre à un choix des plus cornéliens.
Il importe toutefois de ne pas s’y méprendre : l’agent Graves et sa fameuse mallette ne sont que le point de départ. Toutes ces histoires sont imbriquées et interconnectées. La compréhension de la série réclame d’ailleurs un véritable investissement de la part du lecteur. Personnellement, je dois avouer que, sans une relecture attentive et diverses clés de lecture glanées auprès d’autres lecteurs, je serais sans doute passé à côté de différents éléments de l’intrigue. ‘100 bullets’, ce n’est pas du tout le genre de bouquin dont on se dit, après l’avoir lu, que jamais plus on ne l’ouvrira, puisqu’on en connaît à présent la chute. Pas du tout ! Même après une dizaine de lectures de ce comic book, on est susceptible de tomber sur un détail, un raccord qui ne saute pas aux yeux de prime abord, une information d’apparence anodine mais qui prend tout son sens avec une vue d’ensemble.
N’ayons pas peur des mots : Brian Azzarello est un génie ! Au fur et à mesure des épisodes, il tisse soigneusement une toile immense, par le biais d’indices soigneusement parsemés, d’intrigues enchevêtrées et de scènes simultanées. La trame de fond se développe au fil des épisodes et amène progressivement réponse aux questions, que tant les protagonistes que le lecteur se posent : qui est l’agent Graves ? Pourquoi s’intéresse-t-il à tous ces laissés pour compte ? Comment peut-il être à ce point au-dessus des lois ? Qui sont les minutemen ? Qu’est-ce qui a foiré à Atlantic City ?
Concernant Risso, j’ai toujours trouvé son dessin incroyablement classe et élégant. Son graphisme est à la fois épuré et expressif. Ses cadrages sont souvent originaux. Ainsi, il propose, par exemple, au lecteur le point de vue d’un crâne qui rencontre une balle, d’un tableau sur lequel on peint, d’une bouche sur le point d’engouffrer un hotdog, du fond d’une mallette qu’on ouvre, etc. Le dessin de Risso est relativement sombre, ce qui contraste intelligemment avec les couleurs dynamiques qui le rehaussent.
Azzarello et Risso forment un binôme exemplaire. Ces deux-là sont plus que complémentaires : on dirait franchement qu’ils ne font qu’un !
En conclusion, ‘100 bullets’, « c’est de l’art, sous sa forme la plus vitale, la plus vibrante… une forme qui défie toute définition. C’est indescriptible. C’est bruyant, sanglant, extrême et ça repousse les limites fixées par le genre. C’est à la fois un terreau de théorie du complot, une odyssée mafieuse, une saga de justice urbaine ».(*) Pour ce qui me concerne, ‘100 bullets’ est tout simplement la meilleure série de comics et le meilleur polar qui soient ! A découvrir de toute urgence, si ce n’est déjà fait !!!
(*) : Rob Elder, introduction du tome 7.
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M.A.J. 11.XI.2010 – après lecture des tomes 9 et 10
On m’a offert il y a quelques semaines les deux derniers tomes de ‘100 bullets’. J’ai résisté à l’envie de les dévorer sur le champ, en me disant que j’en profiterais encore davantage si je relisais les premiers tomes de la série avant de les attaquer. Ce qui m’a donc permis de redécouvrir tous les personnages et de me rappeler comment chacun d’eux est relié aux autres.
[SPOILER]
Le tome 9 se déroule en prison où on retrouve Loop (qu’on avait abandonné à la fin du tome 4) qui, malgré sa réputation de taulard réglo, a réussi à se mettre à dos un des caïds locaux. Les relations de Loop avec le gardien en chef ne sont par ailleurs pas des plus cordiales. Il ne manquait donc plus que l’arrivée d’une vieille connaissance pour achever de noircir le tableau.
Le tome 10, quant à lui, se concentre, au départ, sur Jack (qu’on avait quitté dans le tome 5). Ce dernier se rend à Atlantic City avec son pote Mike. Les deux junkies vont toutefois faire une halte chez Garv’, le cousin de Mike, qui gagne sa vie grâce à un zoo peu commun.
Le quatrième chapitre du tome 10, enfin, met en scène de nouveaux personnages, à savoir une bande de braqueurs, et offre de nombreuses réponses quant aux origines du Trust et des Minutemen.
[/SPOILER]
Je persiste et signe : ‘100 bullets’ est le meilleur comic book qui soit ! À la fois rythmé et intelligent, il s’agit incontestablement du polar le plus efficace que j’aie jamais lu !!! ::
Bien sûr achat conseillé,
Très bonne ambiance :
Pour ceux qui ont lu la trilogie "Nikpol" : Horus est de retour !
Pour les autres à découvrir car un nouveau mégalo est décidé à devenir maître du monde au pays de Yakari (également à découvrir par Job et Derib pour les plus petits).
Ici derrière un dessin qui peut sembler simpliste à certains, mais qui ne l'est pas car non expurgé de ses repentirs, se déroule une trame adulte et sensible.
Dessin et textes à l'unisson, plus jolis effets de mouvements de l'aigle.
Bravo monsieur Sokal je reste un de vos grands fans depuis Sibéria.
PS : Miranda tu as remonté ta note car tu l'as relu ?
Il était une fois une bd franchement bien.
Malgré la formule bien connue des lecteurs contenue dans le titre, cette bd n'a rien d'un conte. Le lecteur est plongé dans la réalité sordide de l'occupation, ses règlements de compte mesquins, ses magouilles détestables et ses petits arrangements entre "amis" qui comptent parmi les pages les plus sombres de l'Histoire.
Il était une fois en France, c'est l'histoire d'un anti-héros Joseph Joanovici qui selon les mots de l'auteur "choisit le pouvoir plutôt que la vie". Toujours selon Fabien Nury, il fait partie de ces personnages "qui portent en eux-mêmes leur malédiction, qui sont prêts à tuer pour sauver leur famille mais qui sont incapables de vivre avec...".
Joseph Joanovici a de toute évidence une intelligence supérieure à la moyenne et une réactivité qui lui permet d'inverser le cours de son histoire pourtant toute tracée. Malgré les obstacles nombreux, ce personnage en apparence sympathique mais capable de colères terribles, n'hésite pas à employer les grands moyens pour parvenir à ses fins et sauver sa famille de l'anéantissement. Son arme principale est la matière grise, la ruse et le petit ferrailleur juif va bâtir tout seul un empire au cœur de l'occupation, une organisation tentaculaire qui n'hésite pas à rendre service s'il le faut à la gestapo pour mieux s'assurer de sa docilité. Mais J. Joanovici, grisé par ses exploits, perd pied peu à peu et les tomes 3 et 4 sont de ce point de vue ci, particulièrement réussis. Ce personnage qui avait toujours un coup d'avance voit les dangers se multiplier, les alliances se défaire et sa belle assurance se fissurer, ce qui l'oblige à prendre toujours plus de risques.
L'engrenage est diabolique, le scénario parfaitement huilé.
Messieurs les auteurs, svp faites une fin digne du destin de Joseph Joanovici. :)
Alef Thau, c'est tout d'abord le regard naïf de l'imaginaire qui s'oppose à la noirceur du monde réel. Tout est en apesanteur dans cette histoire. Si l'on a trop les pieds sur terre, la série risque vite de lasser. C'est étrange comme ce récit est captivant par ce qu'il ne dit pas. Accepter la réalité est aussi comprendre l'ailleurs, l'imagination, le passé.
Tout commence dans un village de gnomes assez idylique, presque enfantin. Le décor est joli, les couleurs vives, attrayantes, et le dessin minutieux. Et soudain tout bascule dans le cauchemar. Des monstres enlèvent tous les gentils habitants pour leur extirper leur essence vitale, et les faire vieillir en quelques secondes. La mère d'Alef Thau aura juste le temps d'accoucher avant que de mourir. Et Alef Thau, l'enfant tronc est né.
Bien sur, on peut lire cette histoire au pied et à la lettre. La quête d'Alef Thau pour récupérer ses 4 membres est assez bien construite et se laisse lire agréablement. Il y découvrira les sentiments, l'amour et ses dangers, la jalousie, la colère, jusqu'à devenir "complet".
Mais il faut prendre garde aux scénarios de Jodorowski. Ils ne sont pas aussi simples qu'ils n'y paraissent. Cette petite plongée dans l'héroïque fantasy est loin d'être seulement l'histoire d'Alef Thau. C'est bien de l'adolescence dont parlent les auteurs, du passage à l'âge adulte, avec une poésie presque naïve, mais combien réjouissante. Alef Thau est un conte, raconté comme un conte, avec cette fascinante simplicité qu'ont les conteurs, mais qui vous emmènent bien au delà de ce qu'on vous raconte.
Et ce n'est pas un hasard qu'Arno soit le dessinateur de cette histoire. Arno, éternelle adolescent perdu dans les affres de la dope, qui résista à sa manière à ses démons, en dessinant à outrance des personnages au trait épuré, toujours avec une sensibilité à fleur de peau, sans le fard et les nuances des ombres et des traits hachurés. La simplicité de son trait ne laisse pas imaginer le travail rigoureux auquel il s'est astreint pour composer ses planches. On peut souvent les analyser à travers des lignes de force qui posent l'ensemble des cases dans une construction parfaite. L'oeil suit le mouvement de l'action pour tomber précisément là où le dessinateur désirait nous conduire, soulignant ainsi une montée dramatique, ou bien le climax de la situation.
Alef Thau, c'est l'Art de la simplicité. Mais une simplicité qui vous rappelle les difficultés de la vie, avec le bonheur de suivre un récit riche en rebondissements. Cette bande dessinée peut être lu par les enfants, bien évidement, mais elle s'adresse aux adultes qui souhaitent réfléchir sur ce qu'ils sont devenus à travers la souffrance de l'adolescence, à travers le souvenir de ce qu'ils ont été.
Alef Thau, c'est une petite bande dessinée conduite par deux très grands auteurs.
Je ne peux pas encore trop m'engager sur cette BD puisque seul le tome 1 est sorti mais en tous cas je peux affirmer que je l'ai beaucoup apprécié.
Je trouve le dessin très sympa et c'est bien la première fois que j'aime des couleurs faites sous Photoshop. Celles-ci sont vraiment excellentes et très rafraichissantes.
Quant à l'histoire, ce n'est pour le moment qu'une introduction à mes yeux, je ne peux donc pas encore vraiment savoir ce qu'elle vaudra. Le contexte est sympa et le décor oriental (est-ce une ville indienne comme Madras qui a inspiré ce décor ?) est original et bien dépeint. Je trouve l'histoire assez intelligente et la narration très réussie. Maintenant, je ne peux pas dire que j'ai été complètement captivé ni que ce que je vois de l'histoire pour le moment me semble vraiment original. C'est sympa, voire très sympa, mais je ne sais pas encore si la série entière sera vraiment excellente. Quoiqu'il en soit, ce premier tome est très engageant et si la suite est du même niveau, nous aurons une série incontournable.
Après lecture du tome 2 :
Excellent ! Le tome 2 me parait presque meilleur que le premier que j'avais un peu oublié entretemps.
La première chose que j'ai regardée sur ce second tome, c'était si les couleurs étaient aussi belles et originales que dans le premier. J'ai failli être déçu quand j'ai vu qu'on ne trouvait plus ces teintes roses et pastels qui m'avaient tant marqué dans le tome 1, mais au final, les couleurs m'ont encore une fois paru véritablement réussies et très belles, même si un peu moins originales.
Et de toute manière, le dessin et la composition des images est tellement excellente que... que c'est vraiment une très belle BD.
Quant au scénario, il est assez court et simplement résumé, mais il prend une tournure qui me plait encore davantage que le premier tome. A la fin du tome 1, je ne savais pas trop vers où le récit allait partir, je n'étais pas plus que ça motivé à l'idée de lire la suite. Là, au contraire, je suis maintenant accroché et je veux voir la suite qui parait très bien lancée.
Vraiment une série amenée à devenir un immanquable du monde de la BD d'aventure-fantasy !
Après lecture de l'ensemble de la série :
J'ai été décontenancé par le tome 3. Moi qui prenais plaisir à suivre ce père et sa fille, j'ai été déçu par la séparation imposée et le fait qu'on perd la trace de la fille. Pourtant, quand on achève le tome 4, on réalise que c'est en cela que tient toute la spécificité du scénario et qui amène à la conclusion choisie par les auteurs. Néanmoins, cette rupture a un peu brisé le charme que j'éprouvais pour cette série. L'intrigue elle-même se modifie à partir de ce troisième tome, la fuite en avant devenant une relativement brusque association avec l'ancien ennemi vers un but nouveau, à une époque nouvelle.
Du coup, même si la chute de l'histoire est assez forte et intelligente, le récit y a perdu pour moi la saveur que lui amenait le gentille ambiance familiale du couple père-fille du début. Il est devenu plus froid, plus implacable, un peu moins plaisant et moins capable de se démarquer de nombre des autres productions à mes yeux.
Malgré ce léger ressenti, ça n'est reste pas moins une très bonne BD, au dessin excellent, qui mérite clairement la lecture.
"Par les marvelous gonades de la papesse Jeanne, j'en appelle à toi..."
Ainsi débute cette bande-dessinée, véritable hommage à la littérature populaire. On pense à Gaboriau, à Rocambole, à Poe évidemment.
Nous suivons deux enquêtes parallèles qui se déroulent à Paris : la première, menée par Auguste Dupin, enquêteur phénoménologue débonnaire, et Georges Nimber, inspecteur quelque peu phallocrate et bêta, consiste à retrouver Kathy Wuthering, une naine, devineresse extralucide. La seconde est prise en main par Flora Vernet, une jeune femme pimpante, désinvolte, un peu peste, au fort caractère, joueuse d'échec, major de Polytechnique et qui désire surtout devenir détective. Tout ça dans le but avoué de montrer à la gente masculine que les femmes valent autant qu'elle, si ce n'est mieux. Logée chez Dupin, elle court-circuite ce dernier en prenant en charge une enquête d'agression et de bric-brac.
Les auteurs n'ont pas voulu s'ancrer dans une période très précise de Paris. L'action se situe dans une zone très large entre la fin XIXe et le tout début du XXe. Ils se sont donc permis de placer certains détails qui n'ont en réalité jamais coexisté ensemble. Ainsi, ils s'allouent toute latitude pour les prochaines enquêtes et ne seront pas prisonniers d'un carcan historique précis. (Merci à Jacques Montagne qui a bien voulu éclairer ma lanterne sur ce point).
Ne vous étonnez donc pas de voir des maisons haussmanniennes côtoyer le Vieux Paris, un métropolitain en construction (p22) pour l'expo universelle de 1900 alors que le méchant Moldoror (seigneur de la coterie des camelots du crime) évoque Azathoth (p25), démon qui n'apparaîtra qu'en 1926 dans l'Appel de Cthulhu de Lovecraft. Ce même seigneur a pour emblème un poulpe qui, comme le montrent certaines cases, évoque bien sûr 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne.
Le régal absolu de cette BD est la richesse des références, des détails et des décors qu'on y trouve : un portrait de Poe sur un mur de salon, un dodo empaillé dans un laboratoire, une enseigne avec un chat noir borgne qui rappellera incontestablement le chat noir d'Albert Robida pour la cabaret du même nom (sauf que ce dernier était pendu). D'ailleurs les chats semblent intéresser beaucoup le dessinateur. Du chat de Dupin, pouilleux et balafré aux chats des rues, on en croise pas mal. Le scénario de Gloris permet de nous faire découvrir au travers de la progression des enquêtes toute la vie quotidienne de ce Paris fin de siècle et plus précisément celui des quartiers populaires : les marchés, les tanneries de la Bièvre, les spectacles ambulants jusque dans la cour de Versailles, les diseuses de bonne aventure, le Grand Guignol. Eugène Sue et Émile Zola ne sont pas bien loin.
Au final une bande-dessinée ambitieuse par son aspect documenté et captivante par la densité de ce premier volet plein de trouvailles, d'aventures, de détection, de mystères et de fantastiques. Une étrangeté qui ravira autant les ados que les adultes.
Ma note s'approche plus du 4,9/5. Si je ne mets pas 5/5 c'est que je me réserve un peu pour le dénouement avec le tome 2. Il se passe pleins de choses mais au niveau de l'intrique c'est encore un peu flou. Je mettrai la note maxi si le second volet est à la hauteur du premier et surtout si cela se termine comme je l'espère en apothéose ;) .
Visuellement les deux tomes sont superbes, les visages anguleux sont expressifs et ont été bien vieillis, on reconnaît les personnages du premier coup d'œil ; les corps bougent avec aisance et les décors sont très fouillés. Le dessin présente quelques petites disproportions, mais là où certains y verront un défaut je n'y vois que du charme. Les couleurs ont la gaieté de l'enfance dans le premier tome et deviennent sombres dans le deuxième, plus tragique.
Les planches orangées qui apparaissent au fil des pages sont véritablement saisissantes de beauté.
Le seul regret concerne le visage de Lisa adulte, pas très féminin, il manque de douceur, trop masculin, trop dur, mais peut-être est-ce voulu par les auteurs pour marquer un peu plus sa souffrance.
Le premier opus, préféré par le plus grand nombre de par sa légèreté, son ambiance de bord de mer apaisante et imprégnée de l'insouciance de l'enfance, nous transporte nous aussi sur ces lieux paradisiaques, bien que certains évènements tragiques viennent bouleverser toute cette sérénité. Dans la deuxième partie l'histoire change radicalement de direction et prend un ton dramatique et ésotérique très prononcé.
La narration est tout simplement belle, sans fioriture, enchanteresse. La force de ce récit réside dans ce lien indéfectible qui existe entre les personnages, lien de vie et de mort, d'amour et d'amitié. La fin submergée d'émotion ne finit pas l'histoire, mais au contraire, l'ouvre sur d'anciennes retrouvailles… d'autres lieux… d'autres vies…
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C'est la dernière série de l'univers Incal mettant en vedette John Difool que j'avais à lire et c'est aussi celle que j'ai le plus appréciée. Oui, j'ai préféré cette préquel à la série originale car elle possède toutes les qualités et aucun des défauts de la série mère. Tout d'abord, il n'y a pas les scènes mystiques qui m'emmerdaient dans L'Incal. C'est de l'aventure pure dans un univers totalement dérangé avec des personnages intéressants. Ensuite, je ne m'étais pas attaché à John Difool qui était juste un type ordinaire embarqué dans une histoire compliquée bien malgré lui. Ici, il est plus attachant et j'ai trouvé son histoire vraiment tragique. Toutefois, ce que j'ai aimé le plus c'est de voir à quel point le scénariste maîtrise son histoire. Même si le récit part dans tous les sens, il s'intègre parfaitement à la série originale et il nous permet de mieux comprendre les personnages de L'Incal. Chapeau l'artiste.
Soulfire
Tiens ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un comic de Michael Turner... Pourtant j'aime bien son dessin, que je trouve fluide, enchanteur, délié... C'est encore le cas avec ce "Soulfire", où il fait également preuve d'une belle virtuosité, où ses personnages féminins, bien que parfois relativement peu vêtus, n'en ont pas pour autant des attributs mammaires surdéveloppés. Ici de nouvelles créatures se rajoutent à son univers : des dragons. Dans le premier tome ils ne sont pas envahissants mais leur présence est quand même relativement importante, permettant au dessinateur de faire admirer sa technique impressionnante. Pour développer cette histoire, Turner s'est allié à la "star" Jeph Loeb, mais aussi à T.J. Krul (inconnu au bataillon). Pour l'heure ce n'est pas très original ; au milieu d'une résurgence imprévue de dragons (dont un squelette est retrouvé de nos jours - vive Jurassic Park !), un jeune homme, à la fois innocent et "dur à la vie" (orphelin, quoi) va se retrouver l'objet de toutes les convoitises. Rajoutez un industriel ambitieux aux pouvoirs étranges, des créatures ailées aux origines mystérieuses ainsi que des sages au destin tragique et vous aurez la recette d'un récit sans grande originalité mais qui fonctionne plutôt bien. La fin, disons l'achèvement du tome 2 laisse à désirer. Pas sûr que Turner l'aurait vue comme ça. Je ne sais pas si la suite a réellement vu le jour et si Delcourt a l'intention de la publier, mais si le style est trop éloigné de celui de Turner, je ne suis pas sûr d'avoir envie de la lire.
Vinland Saga
Très jolie découverte avec cette série. Bien sûr, je connaissais le travail de Yukimura sur Planètes, et là encore j'ai bien apprécié, malgré la différence de style. Je ne m'étendrai pas trop sur les qualités de ce manga, mes camarades ont bien su les cerner. Je parlerai cependant du fait que j'ai été surpris à plusieurs reprises. Le récit prend plusieurs tours inattendus, et même si je ne suis pas sûr que la cohérence historique soit présente, j'ai vraiment apprécié ma lecture avec ce petit plus. Ma note n'est pas définitive, j'attends de lire la fin avant de me prononcer finalement, mais pour l'heure c'est vraiment pas mal.
100 bullets
La note maximale ! Sans la moindre hésitation !!! ‘100 bullets’ est la série qui m’a convaincu que les comics ne se limitent pas à de la bande dessinée de qualité inférieure. Caïds, flics, joueurs et bookmakers, voleurs, tueurs psychopathes et assassins, junkies, barmen et strip-teaseuses, détective privé, taulards… C’est finalement toute la faune des bas fonds urbains que les auteurs ont décidé de mettre en scène. Le concept de base de ‘100 bullets’ est bien connu : le mystérieux agent Graves révèle à une personne l’identité d’un tiers qui lui a causé du tort et lui offre la possibilité d’une vengeance impunie, en lui fournissant une arme de poing et une centaine de cartouches non identifiables. Ainsi, dans différents récits, indépendants en apparence, le petit jeu de Graves permet d’exposer des losers en tout genre à un choix des plus cornéliens. Il importe toutefois de ne pas s’y méprendre : l’agent Graves et sa fameuse mallette ne sont que le point de départ. Toutes ces histoires sont imbriquées et interconnectées. La compréhension de la série réclame d’ailleurs un véritable investissement de la part du lecteur. Personnellement, je dois avouer que, sans une relecture attentive et diverses clés de lecture glanées auprès d’autres lecteurs, je serais sans doute passé à côté de différents éléments de l’intrigue. ‘100 bullets’, ce n’est pas du tout le genre de bouquin dont on se dit, après l’avoir lu, que jamais plus on ne l’ouvrira, puisqu’on en connaît à présent la chute. Pas du tout ! Même après une dizaine de lectures de ce comic book, on est susceptible de tomber sur un détail, un raccord qui ne saute pas aux yeux de prime abord, une information d’apparence anodine mais qui prend tout son sens avec une vue d’ensemble. N’ayons pas peur des mots : Brian Azzarello est un génie ! Au fur et à mesure des épisodes, il tisse soigneusement une toile immense, par le biais d’indices soigneusement parsemés, d’intrigues enchevêtrées et de scènes simultanées. La trame de fond se développe au fil des épisodes et amène progressivement réponse aux questions, que tant les protagonistes que le lecteur se posent : qui est l’agent Graves ? Pourquoi s’intéresse-t-il à tous ces laissés pour compte ? Comment peut-il être à ce point au-dessus des lois ? Qui sont les minutemen ? Qu’est-ce qui a foiré à Atlantic City ? Concernant Risso, j’ai toujours trouvé son dessin incroyablement classe et élégant. Son graphisme est à la fois épuré et expressif. Ses cadrages sont souvent originaux. Ainsi, il propose, par exemple, au lecteur le point de vue d’un crâne qui rencontre une balle, d’un tableau sur lequel on peint, d’une bouche sur le point d’engouffrer un hotdog, du fond d’une mallette qu’on ouvre, etc. Le dessin de Risso est relativement sombre, ce qui contraste intelligemment avec les couleurs dynamiques qui le rehaussent. Azzarello et Risso forment un binôme exemplaire. Ces deux-là sont plus que complémentaires : on dirait franchement qu’ils ne font qu’un ! En conclusion, ‘100 bullets’, « c’est de l’art, sous sa forme la plus vitale, la plus vibrante… une forme qui défie toute définition. C’est indescriptible. C’est bruyant, sanglant, extrême et ça repousse les limites fixées par le genre. C’est à la fois un terreau de théorie du complot, une odyssée mafieuse, une saga de justice urbaine ».(*) Pour ce qui me concerne, ‘100 bullets’ est tout simplement la meilleure série de comics et le meilleur polar qui soient ! A découvrir de toute urgence, si ce n’est déjà fait !!! (*) : Rob Elder, introduction du tome 7. ------------- M.A.J. 11.XI.2010 – après lecture des tomes 9 et 10 On m’a offert il y a quelques semaines les deux derniers tomes de ‘100 bullets’. J’ai résisté à l’envie de les dévorer sur le champ, en me disant que j’en profiterais encore davantage si je relisais les premiers tomes de la série avant de les attaquer. Ce qui m’a donc permis de redécouvrir tous les personnages et de me rappeler comment chacun d’eux est relié aux autres. [SPOILER] Le tome 9 se déroule en prison où on retrouve Loop (qu’on avait abandonné à la fin du tome 4) qui, malgré sa réputation de taulard réglo, a réussi à se mettre à dos un des caïds locaux. Les relations de Loop avec le gardien en chef ne sont par ailleurs pas des plus cordiales. Il ne manquait donc plus que l’arrivée d’une vieille connaissance pour achever de noircir le tableau. Le tome 10, quant à lui, se concentre, au départ, sur Jack (qu’on avait quitté dans le tome 5). Ce dernier se rend à Atlantic City avec son pote Mike. Les deux junkies vont toutefois faire une halte chez Garv’, le cousin de Mike, qui gagne sa vie grâce à un zoo peu commun. Le quatrième chapitre du tome 10, enfin, met en scène de nouveaux personnages, à savoir une bande de braqueurs, et offre de nombreuses réponses quant aux origines du Trust et des Minutemen. [/SPOILER] Je persiste et signe : ‘100 bullets’ est le meilleur comic book qui soit ! À la fois rythmé et intelligent, il s’agit incontestablement du polar le plus efficace que j’aie jamais lu !!! ::
Kraa
Bien sûr achat conseillé, Très bonne ambiance : Pour ceux qui ont lu la trilogie "Nikpol" : Horus est de retour ! Pour les autres à découvrir car un nouveau mégalo est décidé à devenir maître du monde au pays de Yakari (également à découvrir par Job et Derib pour les plus petits). Ici derrière un dessin qui peut sembler simpliste à certains, mais qui ne l'est pas car non expurgé de ses repentirs, se déroule une trame adulte et sensible. Dessin et textes à l'unisson, plus jolis effets de mouvements de l'aigle. Bravo monsieur Sokal je reste un de vos grands fans depuis Sibéria. PS : Miranda tu as remonté ta note car tu l'as relu ?
Il était une fois en France
Il était une fois une bd franchement bien. Malgré la formule bien connue des lecteurs contenue dans le titre, cette bd n'a rien d'un conte. Le lecteur est plongé dans la réalité sordide de l'occupation, ses règlements de compte mesquins, ses magouilles détestables et ses petits arrangements entre "amis" qui comptent parmi les pages les plus sombres de l'Histoire. Il était une fois en France, c'est l'histoire d'un anti-héros Joseph Joanovici qui selon les mots de l'auteur "choisit le pouvoir plutôt que la vie". Toujours selon Fabien Nury, il fait partie de ces personnages "qui portent en eux-mêmes leur malédiction, qui sont prêts à tuer pour sauver leur famille mais qui sont incapables de vivre avec...". Joseph Joanovici a de toute évidence une intelligence supérieure à la moyenne et une réactivité qui lui permet d'inverser le cours de son histoire pourtant toute tracée. Malgré les obstacles nombreux, ce personnage en apparence sympathique mais capable de colères terribles, n'hésite pas à employer les grands moyens pour parvenir à ses fins et sauver sa famille de l'anéantissement. Son arme principale est la matière grise, la ruse et le petit ferrailleur juif va bâtir tout seul un empire au cœur de l'occupation, une organisation tentaculaire qui n'hésite pas à rendre service s'il le faut à la gestapo pour mieux s'assurer de sa docilité. Mais J. Joanovici, grisé par ses exploits, perd pied peu à peu et les tomes 3 et 4 sont de ce point de vue ci, particulièrement réussis. Ce personnage qui avait toujours un coup d'avance voit les dangers se multiplier, les alliances se défaire et sa belle assurance se fissurer, ce qui l'oblige à prendre toujours plus de risques. L'engrenage est diabolique, le scénario parfaitement huilé. Messieurs les auteurs, svp faites une fin digne du destin de Joseph Joanovici. :)
Alef-Thau
Alef Thau, c'est tout d'abord le regard naïf de l'imaginaire qui s'oppose à la noirceur du monde réel. Tout est en apesanteur dans cette histoire. Si l'on a trop les pieds sur terre, la série risque vite de lasser. C'est étrange comme ce récit est captivant par ce qu'il ne dit pas. Accepter la réalité est aussi comprendre l'ailleurs, l'imagination, le passé. Tout commence dans un village de gnomes assez idylique, presque enfantin. Le décor est joli, les couleurs vives, attrayantes, et le dessin minutieux. Et soudain tout bascule dans le cauchemar. Des monstres enlèvent tous les gentils habitants pour leur extirper leur essence vitale, et les faire vieillir en quelques secondes. La mère d'Alef Thau aura juste le temps d'accoucher avant que de mourir. Et Alef Thau, l'enfant tronc est né. Bien sur, on peut lire cette histoire au pied et à la lettre. La quête d'Alef Thau pour récupérer ses 4 membres est assez bien construite et se laisse lire agréablement. Il y découvrira les sentiments, l'amour et ses dangers, la jalousie, la colère, jusqu'à devenir "complet". Mais il faut prendre garde aux scénarios de Jodorowski. Ils ne sont pas aussi simples qu'ils n'y paraissent. Cette petite plongée dans l'héroïque fantasy est loin d'être seulement l'histoire d'Alef Thau. C'est bien de l'adolescence dont parlent les auteurs, du passage à l'âge adulte, avec une poésie presque naïve, mais combien réjouissante. Alef Thau est un conte, raconté comme un conte, avec cette fascinante simplicité qu'ont les conteurs, mais qui vous emmènent bien au delà de ce qu'on vous raconte. Et ce n'est pas un hasard qu'Arno soit le dessinateur de cette histoire. Arno, éternelle adolescent perdu dans les affres de la dope, qui résista à sa manière à ses démons, en dessinant à outrance des personnages au trait épuré, toujours avec une sensibilité à fleur de peau, sans le fard et les nuances des ombres et des traits hachurés. La simplicité de son trait ne laisse pas imaginer le travail rigoureux auquel il s'est astreint pour composer ses planches. On peut souvent les analyser à travers des lignes de force qui posent l'ensemble des cases dans une construction parfaite. L'oeil suit le mouvement de l'action pour tomber précisément là où le dessinateur désirait nous conduire, soulignant ainsi une montée dramatique, ou bien le climax de la situation. Alef Thau, c'est l'Art de la simplicité. Mais une simplicité qui vous rappelle les difficultés de la vie, avec le bonheur de suivre un récit riche en rebondissements. Cette bande dessinée peut être lu par les enfants, bien évidement, mais elle s'adresse aux adultes qui souhaitent réfléchir sur ce qu'ils sont devenus à travers la souffrance de l'adolescence, à travers le souvenir de ce qu'ils ont été. Alef Thau, c'est une petite bande dessinée conduite par deux très grands auteurs.
Alim le tanneur
Je ne peux pas encore trop m'engager sur cette BD puisque seul le tome 1 est sorti mais en tous cas je peux affirmer que je l'ai beaucoup apprécié. Je trouve le dessin très sympa et c'est bien la première fois que j'aime des couleurs faites sous Photoshop. Celles-ci sont vraiment excellentes et très rafraichissantes. Quant à l'histoire, ce n'est pour le moment qu'une introduction à mes yeux, je ne peux donc pas encore vraiment savoir ce qu'elle vaudra. Le contexte est sympa et le décor oriental (est-ce une ville indienne comme Madras qui a inspiré ce décor ?) est original et bien dépeint. Je trouve l'histoire assez intelligente et la narration très réussie. Maintenant, je ne peux pas dire que j'ai été complètement captivé ni que ce que je vois de l'histoire pour le moment me semble vraiment original. C'est sympa, voire très sympa, mais je ne sais pas encore si la série entière sera vraiment excellente. Quoiqu'il en soit, ce premier tome est très engageant et si la suite est du même niveau, nous aurons une série incontournable. Après lecture du tome 2 : Excellent ! Le tome 2 me parait presque meilleur que le premier que j'avais un peu oublié entretemps. La première chose que j'ai regardée sur ce second tome, c'était si les couleurs étaient aussi belles et originales que dans le premier. J'ai failli être déçu quand j'ai vu qu'on ne trouvait plus ces teintes roses et pastels qui m'avaient tant marqué dans le tome 1, mais au final, les couleurs m'ont encore une fois paru véritablement réussies et très belles, même si un peu moins originales. Et de toute manière, le dessin et la composition des images est tellement excellente que... que c'est vraiment une très belle BD. Quant au scénario, il est assez court et simplement résumé, mais il prend une tournure qui me plait encore davantage que le premier tome. A la fin du tome 1, je ne savais pas trop vers où le récit allait partir, je n'étais pas plus que ça motivé à l'idée de lire la suite. Là, au contraire, je suis maintenant accroché et je veux voir la suite qui parait très bien lancée. Vraiment une série amenée à devenir un immanquable du monde de la BD d'aventure-fantasy ! Après lecture de l'ensemble de la série : J'ai été décontenancé par le tome 3. Moi qui prenais plaisir à suivre ce père et sa fille, j'ai été déçu par la séparation imposée et le fait qu'on perd la trace de la fille. Pourtant, quand on achève le tome 4, on réalise que c'est en cela que tient toute la spécificité du scénario et qui amène à la conclusion choisie par les auteurs. Néanmoins, cette rupture a un peu brisé le charme que j'éprouvais pour cette série. L'intrigue elle-même se modifie à partir de ce troisième tome, la fuite en avant devenant une relativement brusque association avec l'ancien ennemi vers un but nouveau, à une époque nouvelle. Du coup, même si la chute de l'histoire est assez forte et intelligente, le récit y a perdu pour moi la saveur que lui amenait le gentille ambiance familiale du couple père-fille du début. Il est devenu plus froid, plus implacable, un peu moins plaisant et moins capable de se démarquer de nombre des autres productions à mes yeux. Malgré ce léger ressenti, ça n'est reste pas moins une très bonne BD, au dessin excellent, qui mérite clairement la lecture.
Aspic Détectives de l'étrange
"Par les marvelous gonades de la papesse Jeanne, j'en appelle à toi..." Ainsi débute cette bande-dessinée, véritable hommage à la littérature populaire. On pense à Gaboriau, à Rocambole, à Poe évidemment. Nous suivons deux enquêtes parallèles qui se déroulent à Paris : la première, menée par Auguste Dupin, enquêteur phénoménologue débonnaire, et Georges Nimber, inspecteur quelque peu phallocrate et bêta, consiste à retrouver Kathy Wuthering, une naine, devineresse extralucide. La seconde est prise en main par Flora Vernet, une jeune femme pimpante, désinvolte, un peu peste, au fort caractère, joueuse d'échec, major de Polytechnique et qui désire surtout devenir détective. Tout ça dans le but avoué de montrer à la gente masculine que les femmes valent autant qu'elle, si ce n'est mieux. Logée chez Dupin, elle court-circuite ce dernier en prenant en charge une enquête d'agression et de bric-brac. Les auteurs n'ont pas voulu s'ancrer dans une période très précise de Paris. L'action se situe dans une zone très large entre la fin XIXe et le tout début du XXe. Ils se sont donc permis de placer certains détails qui n'ont en réalité jamais coexisté ensemble. Ainsi, ils s'allouent toute latitude pour les prochaines enquêtes et ne seront pas prisonniers d'un carcan historique précis. (Merci à Jacques Montagne qui a bien voulu éclairer ma lanterne sur ce point). Ne vous étonnez donc pas de voir des maisons haussmanniennes côtoyer le Vieux Paris, un métropolitain en construction (p22) pour l'expo universelle de 1900 alors que le méchant Moldoror (seigneur de la coterie des camelots du crime) évoque Azathoth (p25), démon qui n'apparaîtra qu'en 1926 dans l'Appel de Cthulhu de Lovecraft. Ce même seigneur a pour emblème un poulpe qui, comme le montrent certaines cases, évoque bien sûr 20 000 lieues sous les mers de Jules Verne. Le régal absolu de cette BD est la richesse des références, des détails et des décors qu'on y trouve : un portrait de Poe sur un mur de salon, un dodo empaillé dans un laboratoire, une enseigne avec un chat noir borgne qui rappellera incontestablement le chat noir d'Albert Robida pour la cabaret du même nom (sauf que ce dernier était pendu). D'ailleurs les chats semblent intéresser beaucoup le dessinateur. Du chat de Dupin, pouilleux et balafré aux chats des rues, on en croise pas mal. Le scénario de Gloris permet de nous faire découvrir au travers de la progression des enquêtes toute la vie quotidienne de ce Paris fin de siècle et plus précisément celui des quartiers populaires : les marchés, les tanneries de la Bièvre, les spectacles ambulants jusque dans la cour de Versailles, les diseuses de bonne aventure, le Grand Guignol. Eugène Sue et Émile Zola ne sont pas bien loin. Au final une bande-dessinée ambitieuse par son aspect documenté et captivante par la densité de ce premier volet plein de trouvailles, d'aventures, de détection, de mystères et de fantastiques. Une étrangeté qui ravira autant les ados que les adultes. Ma note s'approche plus du 4,9/5. Si je ne mets pas 5/5 c'est que je me réserve un peu pour le dénouement avec le tome 2. Il se passe pleins de choses mais au niveau de l'intrique c'est encore un peu flou. Je mettrai la note maxi si le second volet est à la hauteur du premier et surtout si cela se termine comme je l'espère en apothéose ;) .
Où le regard ne porte pas...
Visuellement les deux tomes sont superbes, les visages anguleux sont expressifs et ont été bien vieillis, on reconnaît les personnages du premier coup d'œil ; les corps bougent avec aisance et les décors sont très fouillés. Le dessin présente quelques petites disproportions, mais là où certains y verront un défaut je n'y vois que du charme. Les couleurs ont la gaieté de l'enfance dans le premier tome et deviennent sombres dans le deuxième, plus tragique. Les planches orangées qui apparaissent au fil des pages sont véritablement saisissantes de beauté. Le seul regret concerne le visage de Lisa adulte, pas très féminin, il manque de douceur, trop masculin, trop dur, mais peut-être est-ce voulu par les auteurs pour marquer un peu plus sa souffrance. Le premier opus, préféré par le plus grand nombre de par sa légèreté, son ambiance de bord de mer apaisante et imprégnée de l'insouciance de l'enfance, nous transporte nous aussi sur ces lieux paradisiaques, bien que certains évènements tragiques viennent bouleverser toute cette sérénité. Dans la deuxième partie l'histoire change radicalement de direction et prend un ton dramatique et ésotérique très prononcé. La narration est tout simplement belle, sans fioriture, enchanteresse. La force de ce récit réside dans ce lien indéfectible qui existe entre les personnages, lien de vie et de mort, d'amour et d'amitié. La fin submergée d'émotion ne finit pas l'histoire, mais au contraire, l'ouvre sur d'anciennes retrouvailles… d'autres lieux… d'autres vies…