Chevrotine, c'est l'histoire d'une sorcière élevant seule sa marmaille, une flopée d'enfants issus de pères différents, vivant une vie très atypique, avançant et bravant les obstacles avec un flegme à toute épreuve. Ah, et aussi elle tue parfois des touristes pour les manger ensuite, et le chien parle, et il y a des histoires de voyages dans le temps, de tueurs à gages télépathes, de personnages quasiment immortels, … Vous l'aurez compris, ici le récit tend vers l'absurde.
Ici, les prospecteurs creusent pour trouver le sens de la vie, le cancer est littéralement un crabe parlant et parfaitement insupportable, la poétesse se déplace de ville en ville pour livrer ses poèmes avec l'aide de son cafard. On mélange les genres, le fantastique, la SF, le comique, le tragique, avec un brin de poésie pour la forme. C'est con, mais les dialogues assez bien construits, vraiment toniques, font marcher le tout et donnent une très belle forme à l'œuvre.
Beaucoup de jeux de mots, quelques métaphores, une pincée de références, des répliques qui s'enchaînent avec peps et rythme, une désinvolture presque absurde face aux évènements, … Il n'y a pas à dire, la formule est atypique mais marquante.
Il y a aussi le dessin de Nicolas Gaignard, que je ne connaissais pas avant cela, mais que j'ai trouvé très joli. Les personnages ont tous une apparence marquée et le joli travail de noir et blanc contrasté avec quelques touches de pastel est vraiment beau.
Allez, coup de cœur !
(Note réelle 3,5)
Je commencerai par le seul « reproche » que j’ai à faire à cette BD… et je mets bien « reproche » entre guillemets, puisqu’il s’agit plus d’une remarque : cet album est sombre, très sombre. Si vous lisez des BDs pour vous divertir ou vous évader de cette triste réalité, passez votre chemin. Mais c’est selon moi la seule raison de ne pas lire ce chef-d’œuvre.
L’histoire du roman de Gaël Faye (dont est tirée la BD), a priori « pas autobiographique, mais inspirée de sa propre histoire » (source : Wikipédia), nous est contée via les yeux d’un enfant, Gaby. Cette approche narrative est judicieuse, sa vision naïve et son incompréhension face à l’horreur donnent beaucoup de force au récit. La dernière partie m’a bouleversé et beaucoup marqué.
La réalisation de l’album est exemplaire, on sent que Sylvain Savoia et Marzena Sowa ont l’habitude de travailler ensemble (voir Marzi). L’entente est parfaite, la narration limpide, et le graphisme parvient à juxtaposer la beauté du Burundi et de sa population, et les horreurs des massacres.
Je me retrouve complètement incapable de justifier une note autre que 5/5. Un album parfait dans le genre.
Autant le dire dès le début mais si vous cherchez une BD pour vous distraire et vous remonter le moral, passez directement votre chemin. Cette œuvre est froide, âpre, dure et sans espoir.
Cette nouvelle adaptation d'un roman par Larcenet est une nouvelle fois une réussite, après l'excellent Le Rapport de Brodeck qui m'avait également emballé (peut-être un poil plus d'ailleurs). Pourtant, au contraire de cette dernière œuvre, il semblait beaucoup plus difficile d'adapter le livre de Mc Carthy tant les émotions passent essentiellement par les silences entre un père et son fils et les descriptions de ce monde désolé. Cette BD est d'autant plus réussie que Larcenet arrive à s'approprier l'ouvrage initial tout en restant fidèle à l'histoire. A cet effet, la fin très ouverte qui rejoint à quelques détails près celle du film, reste pour moi la meilleure manière de finir cette histoire.
Ainsi, Larcenet arrive de très belle manière, par le dessin essentiellement, à transcrire cette amour entre un père et son fils dans un monde post-apocalyptique et déshumanisé ne laissant plus beaucoup de place à l'espoir. Les "alors d'accord" concluant chaque réponse du père aux questions parfois naïves mais toujours touchantes de son fils agissent comme autant de pincements au cœur du lecteur. Le sujet du suicide est également traité amenant chacun à se questionner sur ce qu'il ferait à pareille place.
Mais c'est bien par le dessin que cette œuvre de Larcenet mérite à mon sens la note ultime. Tout comme dans "Le rapport Bordeck", le trait est fin et soigné et le monde fourmille de détails. Les corps sont décharnés et les visages presque morts. Les teintes de gris nuancées parfois de rouge, de jaune, de mauve et d'ocre sont vraiment du plus bel effet et transcrivent de très belle manière le côté poussiéreux de cette Terre dévorée par les flammes et suffoquant de ses cendres.
Une œuvre magnifique qui a su me toucher. Le cœur me dit donc de réhausser ma note à 5/5.
SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10
GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10
NOTE GLOBALE : 17,5/20
Énorme coup de cœur pour La plus belle couleur du monde de Golo Zhao. Dès les premières pages, j’ai été happé par l’atmosphère délicate et intimiste de ce manhua, qui nous plonge dans le quotidien d’un jeune collégien chinois des années 90.
Nous suivons Rucheng, un adolescent passionné de dessin qui rêve d’intégrer les Beaux-Arts. Talentueux mais en quête de cette étincelle qui le fera progresser, il partage ses journées entre ses amis, ses cours de dessin du week-end et son amour naissant pour Yun, une camarade aussi douée que mystérieuse. Mais Yun est également proche de Wen Jun, le beau gosse issu d’une famille aisée, ce qui attise la jalousie et les rivalités. À cela s’ajoutent les préoccupations typiques de l’adolescence : les jeux de cartes à collectionner, les petites mesquineries, les rumeurs et même une affaire de racket qui, d’abord anodine, prend une tournure plus sérieuse…
Ce qui frappe avant tout, c’est la justesse du récit. Ici, pas d’esbroufe ni de rebondissements spectaculaires, mais une tranche de vie où chaque émotion sonne vrai. Les doutes, les questionnements, les élans de tendresse et les maladresses de l’adolescence sont retranscrits avec une finesse remarquable. L’écriture est douce, presque contemplative, et nous laisse savourer chaque instant aux côtés des personnages qui gagnent en profondeur au fil des pages.
Graphiquement, La plus belle couleur du monde est une merveille. Les illustrations à l’aquarelle sont sublimes, jouant avec les nuances et la lumière pour magnifier les ambiances et les émotions. Entre les chapitres, de superbes illustrations pleine page viennent renforcer cette impression de poésie visuelle. Chaque couleur semble avoir une signification, donnant à l’ensemble une touche encore plus immersive.
Avec ses 584 pages, cet album est une lecture à savourer chez soi, en prenant le temps d’apprécier chaque détail. Un récit ample et maîtrisé qui capture avec brio les tourments et les émerveillements de l’adolescence. Que vous soyez adolescent ou adulte, cette œuvre vous touchera en plein cœur.
C'est presque par hasard que j'ai découvert cette bande-dessinée. En la feuilletant, j'ai retrouvé mes souvenirs quand je lisais ces western en petit format et en noir& blanc. J'ai donc rapidement cédé , et j'avoue avoir bien fait.
Les éditons Paquet ont eu en effet la très bonne idée de rééditer cette saga illustrée et surtout dirigée par Gino d'Antonio, auteur que j'ai découvert à cette occasion.
Malgré ses près de 310 pages, j'ai lu ce premier volume d'une traite. C'est passionnant et surtout prenant.Même si parfois les personnages sont caricaturaux,je me suis laissé embarqué dans les aventures de Brett Mac Donald. Pour les plus vieux d'entre-nous, il vous rappellera sans nul doute la série éponyme de la fin des années 70 " la conquête de l'Ouest" avec le fameux Zébulon, qui retraçait les aventures de la famille des Macahan.
Pour les cinéphiles, l'esprit du film "la conquête de l'Ouest" de John Ford et compagnie (pas un de ses meilleurs) est bien présent dans cette série.
Les dessins de Gino d'Antonio et des autres dessinateurs sont parfaits, et j'ai songé, parfois en tournant les pages, à cette série que j'achetais, et que j'ai pieusement conservé, lorsque j'étais enfant "l'histoire du Far-West en bande dessinée Larousse".
En découvrant la préface, j'ai noté que cette saga qui compte près de 75 épisodes ( cette présente intégrale regroupe les trois premiers épisodes) a connu pas mal de soubresauts dans l'histoire de son édition.
Espérons que les éditions Paquet puissent aller au bout de cette aventure éditoriale qui devrait compter plus de vingt volumes.
En tout cas, le format choisi, et la mise en couleur font de cette intégrale une de mes meilleures découvertes du patrimoine éditorial de la bande dessinée.
A redécouvrir d'urgence.
Et je rejoins tous les camarades qui m'ont précédé. En effet, superbement dessiné. On reste dans le style des précédents albums. C'est vif, coloré, beau.
Les personnages sont à peine crédibles, juste assez pour nous maintenir dans le rythme de l'histoire.
Cette mise en image du far "est" de la Russie des années 1990 est juste une dinguerie à découvrir.
Encore une histoire touchante où cette fois la narratrice se fait diagnostiquer épileptique, puis entame avec ses parents un long parcours de lutte contre cette maladie. Outre la force de ce récit, j'ai aussi particulièrement apprécié les mises en image, en page du mal, des journées répétitives, des dessins du moment... Tout autant un beau récit de lutte qu'un beau geste artistique.
Inimaginable
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Ce tome relate la vie d’Edward Gein (1906-1924) en bande dessinée. La première édition VO date de 2021. Elle a été réalisée par Harold Schechter pour le scénario, et par Eric Powell pour les dessins et les couleurs. C’est un récit en noir & blanc avec des nuances de gris, qui comportent un peu plus de deux cents pages. Il se termine avec deux pages précisant la source de certains faits, un premier appendice constitué d’une interview de George Arndt, et d’une deuxième constitué d’une interview d’Irene Hill Bailey. Le scénariste est un écrivain qui avait déjà consacré un ouvrage à ce tueur en série, au début de sa carrière : Deviant: The True Story of Ed Gein, the Original Psycho, paru en 1998.
Basé sur une histoire vraie. On ne peut pas appliquer des critères de moralité à un fou. Le 16 juin 1960, sort le nouveau film du réalisateur Alfred Hitchcock. Après La mort aux trousses, il a fait le pari d’adapter un court roman de Robert Bloch : Psychose, paru en 1959. Le sujet était tellement violent que les studios Paramount ont refusé de la financer et que le réalisateur a dû le financer sur ses fonds propres. Il avait également interdit l’accès aux salles de projections, aux retardataires, et enjoint aux spectateurs de ne pas révéler la fin. Interrogé, il se défendait que son film soit à l’origine de meurtres sur des femmes, car il fallait le regarder avec une touche d’humour, en tout cas il lui en avait fallu pour le faire. Il ajoutait qu’il savait que l’histoire avait été écrite à partir d’un fait réel survenu dans le Wisconsin. Dans le cimetière de Plainfield, situé dans cet état, en 1957, l’équipe du coroner se livre à la tâche peu enviable de rouvrir un cercueil, après avoir établi un cordon de police pour empêcher les curieux et les journalistes d’approcher. Ils répriment un frisson de dégout en découvrant que le cercueil ne contient plus qu’un pied de biche usagé.
Mauvais départ : la mère d’Ed lui promet qu’il ne deviendra pas comme les autres hommes, et Dieu lui en est témoin, elle s’en assurera. À la Crosse, dans le Wisconsin en 1904, Augusta Wilhelmine est agenouillée et prie le Seigneur pour son enfant à venir soit une fille. Elle fait l’effort de s’avilir pour se coucher avec son pari George, un bon à rien, et elle se sent trop seule. Elle souhaite avoir une fille pour pouvoir l’élever dans la Foi. Le vingt-sept août 1904, elle accouche d’Edward Theodore Gein. Elle indique à la sage-femme que ce n’est pas la peine d’aller le présenter à son père qui ne saurait pas comment réagir. Elle fait la promesse solennelle de l’élever dans le respect de la parole de Dieu, afin qu’il ne devienne pas un pécheur comme tous les autres hommes. Il a un frère plus âgé : Henry, né en 1901. Dans un premier temps, le couple Gein s’installe dans la petite ville de La Crosse, et parvient à acheter une petite épicerie, qui est mise au nom d’Augusta. Sa façon de juger ses clientes ne va pas dans le sens commerçant. Son époux passe le balai et s’occupe des tâches manuelles, tout en se réconfortant régulièrement avec une lampée d’alcool.
L’exercice de la biographie en bande dessinée, n’est pas un exercice facile : doser une reconstruction pas trop académique, mais pas trop dans l’invention, et effectuer une reconstitution historique, exacte, sans qu’elle ne prenne le pas sur la vie de l’individu passé à la postérité. Pour ouvrir leur récit, les auteurs contextualisent la notoriété de ce tueur : il a inspiré, par un roman interposé, le personnage de Norman Bates dans Psychose, film qui a prouvé qu’une histoire consacrée à un assassin dérangé pouvait faire un carton. Dans ces trois pages d’ouverture, le lecteur relève la première avec une reproduction fidèle et précise de la façade du cinéma Demille à New York, à la première dudit film. Savant dosage entre la précision descriptive des traits et l’ambiance apportée par les nuances de gris. La seconde page comporte trois cases, avec un texte assez fourni. Et la troisième est constituée de cinq cases, chacune étant un gros plan sur le bas du visage d’Alfred Hitchcock, de son col de chemise à son cou, les phylactères reprenant ses réponses à un journaliste sur le mauvais exemple que constitue un film et les critiques négatives, réponses très savoureuses. Une façon assez élégante de le mettre en scène en focalisant l’attention du lecteur sur ce qu’il dit, avec ce bas de visage aisément reconnaissable, plutôt que sur son apparence médiatique célèbre au point d’une faire une icône. Deuxième scène introductive trois ans avant lors de l’enquête policière après l’arrestation du tueur. Puis passage au deuxième chapitre en reprenant les choses au début, c’est-à-dire la présentation de la famille Gein et la naissance du benjamin Edward.
L’ouvrage se compose de neuf chapitres, avec un prologue et un épilogue. Une fois passé le prologue, ils suivent un ordre chronologique. Dans le premier appendice, le scénariste apporte une précision d’un élément qu’il a modifié pour une raison de dramaturgie, et il indique que le reporter a été créé pour donner un point de focalisation dans la narration. Pour le reste, il s’agit d’un ouvrage basé sur des recherches rigoureuses, indiquant quand il existe plusieurs versions d’un même fait (les causes du décès du frère aîné Henry) ou quand les déclarations d’Ed Gein sont sujettes à caution. Il n’y a pas de volonté de dramatisation pour rendre le criminel plus abject, ou les crimes plus sensationnalistes. Le scénariste s’appuie sur les témoignages d’époque, les archives d’interrogatoire et de procès, les nombreuses déclarations du tueur lui-même, parfois contradictoires entre elles. Les images ne viennent pas démentir ou confirmer des hypothèses, elles participent à rendre compte de cet état de fait. Par la force des choses, il y a beaucoup de gens en train de parler, à la police, au reporter, aux enquêteurs, au juge. L’artiste utilise alors des cadrages allant du plan taille au gros plan. Il a un don pour croquer une gueule avec une émotion ou un état d’esprit. Il évite de forcer le trait pour tomber dans la caricature, tout en insufflant une vraie personnalité à chacun. D’un point de vue purement de narration visuelle, ces cases de têtes en train de parler peuvent induire une forme de pauvreté graphique malgré la qualité des portraits. Cependant, ils correspondent à la situation dans laquelle ces témoignages ont été recueillis. Enfin ce type de plan correspond à moins de vingt pourcents de la pagination.
D’un côté, il est vrai que le scénariste a beaucoup d’informations à intégrer à cette reconstitution. De l’autre côté, la narration visuelle donne vie aux individus impliqués, montrent les lieux. Elle place le lecteur aux côtés des policiers qui pénètrent pour la première fois dans la maison du tueur, puis aux côtés d’Ed Gein lorsqu’il donne sa version des faits, pour une reconstitution. Comme le scénariste, le dessinateur ne se complaît pas dans le gore ou dans les détails voyeuristes. Toutefois, il montre ce qui relève des aspects barbares des trophées conservés par cet homme jugé fou. Il ne s’applique pas à transcrire la texture de la peau pour l’abat-jour, mais il représente la ceinture faite de tétons. Le lecteur peut ainsi se projeter dans cette ferme éloignée de la petite ville, participer à une partie de pêche et accrocher son hameçon, aider les voisins pour des petites choses, pleurer sur une tombe à minuit, découvrir les objets macabres et monstrueux dans la maison des Gein, etc. Il se rend compte que les moments les plus monstrueux ne sont pas forcément les actes de barbarie, peu représentés, mais l’expression d’émotions contre nature, comme lorsque le fils aide la mère à s’habiller, ou qu’il se met à saliver devant des photographies de sévices physiques.
Au fur et à mesure, se pose la question de fond : Ed Gein était-il fou ? Cela le rendait-il irresponsable de ses actes ? Dans les deux premiers tiers, l’auteur s’en tient aux faits, indiquant quand un doute plane sur l’un d’eux. Il a choisi une interprétation de la personnalité de Augusta Wilhelmine : lui et Powell mettent en scène son autorité et sa ferveur religieuse, ainsi que la faiblesse de caractère de son époux. Au fur et à mesure, il apparaît qu’ils développent une interprétation psychanalytique tranchée. Comme tout être humain, Ed Gein est le fruit de son éducation, des personnes qui l’ont élevé, des adultes qui lui ont servi de modèle, de milieu socio-économique et culturel dans lequel il a grandi. Ils établissent des liens directs de cause à effet, entre certains événements de sa vie, et certains actes qu’il a commis. Le lecteur peut trouver ça évident, ou estimer que la réalité est forcément plus compliquée que ça, que les processus psychiques ne peuvent pas être aussi simples. Dans le même temps, ils ne décrivent pas le mécanisme qui a conduit cet homme à transgresser des tabous au cœur de chaque société humaine. Il y a des conditions qui sont réunies pour que sa façon d’interpréter la réalité soit faussée et orienté, pour qu’il sache comment tanner et conserver une peau, pour se montrer rusé et prudent, pour concevoir des envies monstrueuses. Mais il n'y a pas d’explication du passage à l’acte. Il y a une pulsion irrépressible que Ed Gein ne sait pas gérer autrement que par s’y adonner.
Raconter la vie d’un tueur immonde sous la forme d’une bande dessinée : un pari très risqué car ce média peut s’avérer très littéral dans sa manière de raconter, très descriptif au point de sous-entendre que les faits se sont bien passés comme ils sont dessinés qu’ils sont réductibles à ce qui est montré. Un amateur de bande dessinée peut trouver certains passages un peu lourds en texte, ou statiques en termes de mise en scène. Dans le même temps, il est rapidement impressionné par la capacité de l’artiste à insuffler de la vie dans chaque personnage, sans les caricaturer, à reconstituer une époque et un environnement, dans un savant équilibre évitant la description figée, et l’évocation sans substance. Même s’il n’est pas entièrement convaincu par la façon de d’expliquer une partie des pulsions de Ed Gein, le lecteur est vite fasciné par la reconstitution de sa vie, par l’horreur de ce que découvrent les enquêteurs, par la question insoluble de la santé mentale de cet individu. Il en ressort à la fois écœuré par la nature des meurtres et la confection d’objets macabres, et très déstabilisé par le questionnement sur la responsabilité de cet individu.
Une fois de plus, je partage l'avis de Noirdésir ! ;-)
J'ai passé un très bon moment avec ce western moderne. Certes, il y a quelques redondances avec les échanges entre le protagoniste et son petit compagnon, mais ça passe bien, ça vient ponctuer comme une morale chaque péripétie (ça reste du Matz quand même, il faut bien qu'il fasse quelques grandes phrases) et l'animal a une bonne bouille...
L'histoire est intéressante et instructive (avec cet historique de la protection des témoins), la tension est palpable et l'action, si on met de côté les flash-back, est finalement ramassée (quelques jours qui se concentrent autour du procès).
J'ai apprécié le découpage cinématographique, les clins d'oeil réjouissants au fil des pages, l'ambiance réussie des années 60-70 avec des marqueurs de l'époque habilement parsemés ici ou là, des personnages consistants et un dessin que personnellement j'ai beaucoup aimé (les paysages notamment sont superbes, la compagne de Giu' aussi) c'était chouette !
Certains ont évoqué une histoire qui s'étirait un peu, mais pour ma part, j'aurais pu suivre encore le parcours du camping-car de Giu' dans ces grands espaces lumineux et arides, même si là encore, je trouve la conclusion très satisfaisante.
A chaque fois c’est pareil ! Quand je vais au festival d’Angoulême, pas moyen de trouver une seule personne durant les 4 jours du festival, adepte du génialissime Léo. Pas grave au final car je vais rester sur mes positions et je ne vais surtout pas renier mes goûts.
N’en déplaise donc à mes détracteurs – j’ai les noms – avec Centaurus nous voilà de nouveau dans un monde imaginé par Léo et son colistier habituel Rodolphe. Petite précision sur cette série Léo n’est pas au dessin mais au scénario avec son complice. Les illustrations ont été confiées à Zoran Janjetov qui reprend habilement le style Léo.
Le décor est planté dés le premier album. Nous sommes transportés dans un futur où l'humanité, à bord d'un gigantesque vaisseau-monde, cherche une nouvelle planète habitable après la destruction de la Terre.
"Terre promise" : Le premier tome nous plonge immédiatement dans une intrigue palpitante et les défis auxquels les personnages doivent faire face. Le vaisseau-monde arrive enfin à proximité de Vera, une planète potentiellement habitable. L'équipage est envoyé en reconnaissance, découvrant un monde mystérieux et dangereux
"Terre étrangère" : L'équipe d'exploration découvre que Vera est peuplée de créatures étranges et hostiles. Ils doivent naviguer dans cet environnement inconnu tout en essayant de maintenir la communication avec le vaisseau-monde.
"Terre de folie" : Les tensions montent à bord du vaisseau-monde alors que les explorateurs rapportent des découvertes troublantes. Les mystères de Vera commencent à se dévoiler, révélant des secrets qui pourraient changer le cours de l'humanité.
"Terre d'angoisse" : Les explorateurs font face à des dangers encore plus grands alors qu'ils approfondissent leurs recherches sur Vera. Le suspense est à son comble alors que les personnages luttent pour survivre et comprendre les mystères de cette nouvelle planète.
"Terre de mort" : Le dernier tome de la série est un crescendo d'action et de révélations. Les explorateurs doivent faire face à des défis mortels pour sauver l'humanité et découvrir la vérité derrière les mystères de Vera.
Vous ne pouvez lire ces 5 albums d’une seule traite. L’exaltation est bien présente. Que dire des paysages fantastiques et de sa faune mystérieuse. Un régal pour les yeux.
Le suspens est bien là tout au long de votre lecture. La fin nous invite à découvrir encore et encore de nouveaux mondes.
C’est de nouveau un chef-d’œuvre de la science-fiction, qui saura toucher les lecteurs les plus exigeants et les passionnés de récits interstellaires.
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Chevrotine, c'est l'histoire d'une sorcière élevant seule sa marmaille, une flopée d'enfants issus de pères différents, vivant une vie très atypique, avançant et bravant les obstacles avec un flegme à toute épreuve. Ah, et aussi elle tue parfois des touristes pour les manger ensuite, et le chien parle, et il y a des histoires de voyages dans le temps, de tueurs à gages télépathes, de personnages quasiment immortels, … Vous l'aurez compris, ici le récit tend vers l'absurde. Ici, les prospecteurs creusent pour trouver le sens de la vie, le cancer est littéralement un crabe parlant et parfaitement insupportable, la poétesse se déplace de ville en ville pour livrer ses poèmes avec l'aide de son cafard. On mélange les genres, le fantastique, la SF, le comique, le tragique, avec un brin de poésie pour la forme. C'est con, mais les dialogues assez bien construits, vraiment toniques, font marcher le tout et donnent une très belle forme à l'œuvre. Beaucoup de jeux de mots, quelques métaphores, une pincée de références, des répliques qui s'enchaînent avec peps et rythme, une désinvolture presque absurde face aux évènements, … Il n'y a pas à dire, la formule est atypique mais marquante. Il y a aussi le dessin de Nicolas Gaignard, que je ne connaissais pas avant cela, mais que j'ai trouvé très joli. Les personnages ont tous une apparence marquée et le joli travail de noir et blanc contrasté avec quelques touches de pastel est vraiment beau. Allez, coup de cœur ! (Note réelle 3,5)
Petit pays
Je commencerai par le seul « reproche » que j’ai à faire à cette BD… et je mets bien « reproche » entre guillemets, puisqu’il s’agit plus d’une remarque : cet album est sombre, très sombre. Si vous lisez des BDs pour vous divertir ou vous évader de cette triste réalité, passez votre chemin. Mais c’est selon moi la seule raison de ne pas lire ce chef-d’œuvre. L’histoire du roman de Gaël Faye (dont est tirée la BD), a priori « pas autobiographique, mais inspirée de sa propre histoire » (source : Wikipédia), nous est contée via les yeux d’un enfant, Gaby. Cette approche narrative est judicieuse, sa vision naïve et son incompréhension face à l’horreur donnent beaucoup de force au récit. La dernière partie m’a bouleversé et beaucoup marqué. La réalisation de l’album est exemplaire, on sent que Sylvain Savoia et Marzena Sowa ont l’habitude de travailler ensemble (voir Marzi). L’entente est parfaite, la narration limpide, et le graphisme parvient à juxtaposer la beauté du Burundi et de sa population, et les horreurs des massacres. Je me retrouve complètement incapable de justifier une note autre que 5/5. Un album parfait dans le genre.
La Route
Autant le dire dès le début mais si vous cherchez une BD pour vous distraire et vous remonter le moral, passez directement votre chemin. Cette œuvre est froide, âpre, dure et sans espoir. Cette nouvelle adaptation d'un roman par Larcenet est une nouvelle fois une réussite, après l'excellent Le Rapport de Brodeck qui m'avait également emballé (peut-être un poil plus d'ailleurs). Pourtant, au contraire de cette dernière œuvre, il semblait beaucoup plus difficile d'adapter le livre de Mc Carthy tant les émotions passent essentiellement par les silences entre un père et son fils et les descriptions de ce monde désolé. Cette BD est d'autant plus réussie que Larcenet arrive à s'approprier l'ouvrage initial tout en restant fidèle à l'histoire. A cet effet, la fin très ouverte qui rejoint à quelques détails près celle du film, reste pour moi la meilleure manière de finir cette histoire. Ainsi, Larcenet arrive de très belle manière, par le dessin essentiellement, à transcrire cette amour entre un père et son fils dans un monde post-apocalyptique et déshumanisé ne laissant plus beaucoup de place à l'espoir. Les "alors d'accord" concluant chaque réponse du père aux questions parfois naïves mais toujours touchantes de son fils agissent comme autant de pincements au cœur du lecteur. Le sujet du suicide est également traité amenant chacun à se questionner sur ce qu'il ferait à pareille place. Mais c'est bien par le dessin que cette œuvre de Larcenet mérite à mon sens la note ultime. Tout comme dans "Le rapport Bordeck", le trait est fin et soigné et le monde fourmille de détails. Les corps sont décharnés et les visages presque morts. Les teintes de gris nuancées parfois de rouge, de jaune, de mauve et d'ocre sont vraiment du plus bel effet et transcrivent de très belle manière le côté poussiéreux de cette Terre dévorée par les flammes et suffoquant de ses cendres. Une œuvre magnifique qui a su me toucher. Le cœur me dit donc de réhausser ma note à 5/5. SCENARIO (Originalité, Histoire, personnages) : 8,5/10 GRAPHISME (Dessin, colorisation) : 9/10 NOTE GLOBALE : 17,5/20
La plus belle couleur du monde
Énorme coup de cœur pour La plus belle couleur du monde de Golo Zhao. Dès les premières pages, j’ai été happé par l’atmosphère délicate et intimiste de ce manhua, qui nous plonge dans le quotidien d’un jeune collégien chinois des années 90. Nous suivons Rucheng, un adolescent passionné de dessin qui rêve d’intégrer les Beaux-Arts. Talentueux mais en quête de cette étincelle qui le fera progresser, il partage ses journées entre ses amis, ses cours de dessin du week-end et son amour naissant pour Yun, une camarade aussi douée que mystérieuse. Mais Yun est également proche de Wen Jun, le beau gosse issu d’une famille aisée, ce qui attise la jalousie et les rivalités. À cela s’ajoutent les préoccupations typiques de l’adolescence : les jeux de cartes à collectionner, les petites mesquineries, les rumeurs et même une affaire de racket qui, d’abord anodine, prend une tournure plus sérieuse… Ce qui frappe avant tout, c’est la justesse du récit. Ici, pas d’esbroufe ni de rebondissements spectaculaires, mais une tranche de vie où chaque émotion sonne vrai. Les doutes, les questionnements, les élans de tendresse et les maladresses de l’adolescence sont retranscrits avec une finesse remarquable. L’écriture est douce, presque contemplative, et nous laisse savourer chaque instant aux côtés des personnages qui gagnent en profondeur au fil des pages. Graphiquement, La plus belle couleur du monde est une merveille. Les illustrations à l’aquarelle sont sublimes, jouant avec les nuances et la lumière pour magnifier les ambiances et les émotions. Entre les chapitres, de superbes illustrations pleine page viennent renforcer cette impression de poésie visuelle. Chaque couleur semble avoir une signification, donnant à l’ensemble une touche encore plus immersive. Avec ses 584 pages, cet album est une lecture à savourer chez soi, en prenant le temps d’apprécier chaque détail. Un récit ample et maîtrisé qui capture avec brio les tourments et les émerveillements de l’adolescence. Que vous soyez adolescent ou adulte, cette œuvre vous touchera en plein cœur.
La Conquête de l'Ouest (Histoire de l'Ouest)
C'est presque par hasard que j'ai découvert cette bande-dessinée. En la feuilletant, j'ai retrouvé mes souvenirs quand je lisais ces western en petit format et en noir& blanc. J'ai donc rapidement cédé , et j'avoue avoir bien fait. Les éditons Paquet ont eu en effet la très bonne idée de rééditer cette saga illustrée et surtout dirigée par Gino d'Antonio, auteur que j'ai découvert à cette occasion. Malgré ses près de 310 pages, j'ai lu ce premier volume d'une traite. C'est passionnant et surtout prenant.Même si parfois les personnages sont caricaturaux,je me suis laissé embarqué dans les aventures de Brett Mac Donald. Pour les plus vieux d'entre-nous, il vous rappellera sans nul doute la série éponyme de la fin des années 70 " la conquête de l'Ouest" avec le fameux Zébulon, qui retraçait les aventures de la famille des Macahan. Pour les cinéphiles, l'esprit du film "la conquête de l'Ouest" de John Ford et compagnie (pas un de ses meilleurs) est bien présent dans cette série. Les dessins de Gino d'Antonio et des autres dessinateurs sont parfaits, et j'ai songé, parfois en tournant les pages, à cette série que j'achetais, et que j'ai pieusement conservé, lorsque j'étais enfant "l'histoire du Far-West en bande dessinée Larousse". En découvrant la préface, j'ai noté que cette saga qui compte près de 75 épisodes ( cette présente intégrale regroupe les trois premiers épisodes) a connu pas mal de soubresauts dans l'histoire de son édition. Espérons que les éditions Paquet puissent aller au bout de cette aventure éditoriale qui devrait compter plus de vingt volumes. En tout cas, le format choisi, et la mise en couleur font de cette intégrale une de mes meilleures découvertes du patrimoine éditorial de la bande dessinée. A redécouvrir d'urgence.
Slava
Et je rejoins tous les camarades qui m'ont précédé. En effet, superbement dessiné. On reste dans le style des précédents albums. C'est vif, coloré, beau. Les personnages sont à peine crédibles, juste assez pour nous maintenir dans le rythme de l'histoire. Cette mise en image du far "est" de la Russie des années 1990 est juste une dinguerie à découvrir.
La Parenthèse
Encore une histoire touchante où cette fois la narratrice se fait diagnostiquer épileptique, puis entame avec ses parents un long parcours de lutte contre cette maladie. Outre la force de ce récit, j'ai aussi particulièrement apprécié les mises en image, en page du mal, des journées répétitives, des dessins du moment... Tout autant un beau récit de lutte qu'un beau geste artistique.
Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série
Inimaginable - Ce tome relate la vie d’Edward Gein (1906-1924) en bande dessinée. La première édition VO date de 2021. Elle a été réalisée par Harold Schechter pour le scénario, et par Eric Powell pour les dessins et les couleurs. C’est un récit en noir & blanc avec des nuances de gris, qui comportent un peu plus de deux cents pages. Il se termine avec deux pages précisant la source de certains faits, un premier appendice constitué d’une interview de George Arndt, et d’une deuxième constitué d’une interview d’Irene Hill Bailey. Le scénariste est un écrivain qui avait déjà consacré un ouvrage à ce tueur en série, au début de sa carrière : Deviant: The True Story of Ed Gein, the Original Psycho, paru en 1998. Basé sur une histoire vraie. On ne peut pas appliquer des critères de moralité à un fou. Le 16 juin 1960, sort le nouveau film du réalisateur Alfred Hitchcock. Après La mort aux trousses, il a fait le pari d’adapter un court roman de Robert Bloch : Psychose, paru en 1959. Le sujet était tellement violent que les studios Paramount ont refusé de la financer et que le réalisateur a dû le financer sur ses fonds propres. Il avait également interdit l’accès aux salles de projections, aux retardataires, et enjoint aux spectateurs de ne pas révéler la fin. Interrogé, il se défendait que son film soit à l’origine de meurtres sur des femmes, car il fallait le regarder avec une touche d’humour, en tout cas il lui en avait fallu pour le faire. Il ajoutait qu’il savait que l’histoire avait été écrite à partir d’un fait réel survenu dans le Wisconsin. Dans le cimetière de Plainfield, situé dans cet état, en 1957, l’équipe du coroner se livre à la tâche peu enviable de rouvrir un cercueil, après avoir établi un cordon de police pour empêcher les curieux et les journalistes d’approcher. Ils répriment un frisson de dégout en découvrant que le cercueil ne contient plus qu’un pied de biche usagé. Mauvais départ : la mère d’Ed lui promet qu’il ne deviendra pas comme les autres hommes, et Dieu lui en est témoin, elle s’en assurera. À la Crosse, dans le Wisconsin en 1904, Augusta Wilhelmine est agenouillée et prie le Seigneur pour son enfant à venir soit une fille. Elle fait l’effort de s’avilir pour se coucher avec son pari George, un bon à rien, et elle se sent trop seule. Elle souhaite avoir une fille pour pouvoir l’élever dans la Foi. Le vingt-sept août 1904, elle accouche d’Edward Theodore Gein. Elle indique à la sage-femme que ce n’est pas la peine d’aller le présenter à son père qui ne saurait pas comment réagir. Elle fait la promesse solennelle de l’élever dans le respect de la parole de Dieu, afin qu’il ne devienne pas un pécheur comme tous les autres hommes. Il a un frère plus âgé : Henry, né en 1901. Dans un premier temps, le couple Gein s’installe dans la petite ville de La Crosse, et parvient à acheter une petite épicerie, qui est mise au nom d’Augusta. Sa façon de juger ses clientes ne va pas dans le sens commerçant. Son époux passe le balai et s’occupe des tâches manuelles, tout en se réconfortant régulièrement avec une lampée d’alcool. L’exercice de la biographie en bande dessinée, n’est pas un exercice facile : doser une reconstruction pas trop académique, mais pas trop dans l’invention, et effectuer une reconstitution historique, exacte, sans qu’elle ne prenne le pas sur la vie de l’individu passé à la postérité. Pour ouvrir leur récit, les auteurs contextualisent la notoriété de ce tueur : il a inspiré, par un roman interposé, le personnage de Norman Bates dans Psychose, film qui a prouvé qu’une histoire consacrée à un assassin dérangé pouvait faire un carton. Dans ces trois pages d’ouverture, le lecteur relève la première avec une reproduction fidèle et précise de la façade du cinéma Demille à New York, à la première dudit film. Savant dosage entre la précision descriptive des traits et l’ambiance apportée par les nuances de gris. La seconde page comporte trois cases, avec un texte assez fourni. Et la troisième est constituée de cinq cases, chacune étant un gros plan sur le bas du visage d’Alfred Hitchcock, de son col de chemise à son cou, les phylactères reprenant ses réponses à un journaliste sur le mauvais exemple que constitue un film et les critiques négatives, réponses très savoureuses. Une façon assez élégante de le mettre en scène en focalisant l’attention du lecteur sur ce qu’il dit, avec ce bas de visage aisément reconnaissable, plutôt que sur son apparence médiatique célèbre au point d’une faire une icône. Deuxième scène introductive trois ans avant lors de l’enquête policière après l’arrestation du tueur. Puis passage au deuxième chapitre en reprenant les choses au début, c’est-à-dire la présentation de la famille Gein et la naissance du benjamin Edward. L’ouvrage se compose de neuf chapitres, avec un prologue et un épilogue. Une fois passé le prologue, ils suivent un ordre chronologique. Dans le premier appendice, le scénariste apporte une précision d’un élément qu’il a modifié pour une raison de dramaturgie, et il indique que le reporter a été créé pour donner un point de focalisation dans la narration. Pour le reste, il s’agit d’un ouvrage basé sur des recherches rigoureuses, indiquant quand il existe plusieurs versions d’un même fait (les causes du décès du frère aîné Henry) ou quand les déclarations d’Ed Gein sont sujettes à caution. Il n’y a pas de volonté de dramatisation pour rendre le criminel plus abject, ou les crimes plus sensationnalistes. Le scénariste s’appuie sur les témoignages d’époque, les archives d’interrogatoire et de procès, les nombreuses déclarations du tueur lui-même, parfois contradictoires entre elles. Les images ne viennent pas démentir ou confirmer des hypothèses, elles participent à rendre compte de cet état de fait. Par la force des choses, il y a beaucoup de gens en train de parler, à la police, au reporter, aux enquêteurs, au juge. L’artiste utilise alors des cadrages allant du plan taille au gros plan. Il a un don pour croquer une gueule avec une émotion ou un état d’esprit. Il évite de forcer le trait pour tomber dans la caricature, tout en insufflant une vraie personnalité à chacun. D’un point de vue purement de narration visuelle, ces cases de têtes en train de parler peuvent induire une forme de pauvreté graphique malgré la qualité des portraits. Cependant, ils correspondent à la situation dans laquelle ces témoignages ont été recueillis. Enfin ce type de plan correspond à moins de vingt pourcents de la pagination. D’un côté, il est vrai que le scénariste a beaucoup d’informations à intégrer à cette reconstitution. De l’autre côté, la narration visuelle donne vie aux individus impliqués, montrent les lieux. Elle place le lecteur aux côtés des policiers qui pénètrent pour la première fois dans la maison du tueur, puis aux côtés d’Ed Gein lorsqu’il donne sa version des faits, pour une reconstitution. Comme le scénariste, le dessinateur ne se complaît pas dans le gore ou dans les détails voyeuristes. Toutefois, il montre ce qui relève des aspects barbares des trophées conservés par cet homme jugé fou. Il ne s’applique pas à transcrire la texture de la peau pour l’abat-jour, mais il représente la ceinture faite de tétons. Le lecteur peut ainsi se projeter dans cette ferme éloignée de la petite ville, participer à une partie de pêche et accrocher son hameçon, aider les voisins pour des petites choses, pleurer sur une tombe à minuit, découvrir les objets macabres et monstrueux dans la maison des Gein, etc. Il se rend compte que les moments les plus monstrueux ne sont pas forcément les actes de barbarie, peu représentés, mais l’expression d’émotions contre nature, comme lorsque le fils aide la mère à s’habiller, ou qu’il se met à saliver devant des photographies de sévices physiques. Au fur et à mesure, se pose la question de fond : Ed Gein était-il fou ? Cela le rendait-il irresponsable de ses actes ? Dans les deux premiers tiers, l’auteur s’en tient aux faits, indiquant quand un doute plane sur l’un d’eux. Il a choisi une interprétation de la personnalité de Augusta Wilhelmine : lui et Powell mettent en scène son autorité et sa ferveur religieuse, ainsi que la faiblesse de caractère de son époux. Au fur et à mesure, il apparaît qu’ils développent une interprétation psychanalytique tranchée. Comme tout être humain, Ed Gein est le fruit de son éducation, des personnes qui l’ont élevé, des adultes qui lui ont servi de modèle, de milieu socio-économique et culturel dans lequel il a grandi. Ils établissent des liens directs de cause à effet, entre certains événements de sa vie, et certains actes qu’il a commis. Le lecteur peut trouver ça évident, ou estimer que la réalité est forcément plus compliquée que ça, que les processus psychiques ne peuvent pas être aussi simples. Dans le même temps, ils ne décrivent pas le mécanisme qui a conduit cet homme à transgresser des tabous au cœur de chaque société humaine. Il y a des conditions qui sont réunies pour que sa façon d’interpréter la réalité soit faussée et orienté, pour qu’il sache comment tanner et conserver une peau, pour se montrer rusé et prudent, pour concevoir des envies monstrueuses. Mais il n'y a pas d’explication du passage à l’acte. Il y a une pulsion irrépressible que Ed Gein ne sait pas gérer autrement que par s’y adonner. Raconter la vie d’un tueur immonde sous la forme d’une bande dessinée : un pari très risqué car ce média peut s’avérer très littéral dans sa manière de raconter, très descriptif au point de sous-entendre que les faits se sont bien passés comme ils sont dessinés qu’ils sont réductibles à ce qui est montré. Un amateur de bande dessinée peut trouver certains passages un peu lourds en texte, ou statiques en termes de mise en scène. Dans le même temps, il est rapidement impressionné par la capacité de l’artiste à insuffler de la vie dans chaque personnage, sans les caricaturer, à reconstituer une époque et un environnement, dans un savant équilibre évitant la description figée, et l’évocation sans substance. Même s’il n’est pas entièrement convaincu par la façon de d’expliquer une partie des pulsions de Ed Gein, le lecteur est vite fasciné par la reconstitution de sa vie, par l’horreur de ce que découvrent les enquêteurs, par la question insoluble de la santé mentale de cet individu. Il en ressort à la fois écœuré par la nature des meurtres et la confection d’objets macabres, et très déstabilisé par le questionnement sur la responsabilité de cet individu.
Le Serpent et le Coyote
Une fois de plus, je partage l'avis de Noirdésir ! ;-) J'ai passé un très bon moment avec ce western moderne. Certes, il y a quelques redondances avec les échanges entre le protagoniste et son petit compagnon, mais ça passe bien, ça vient ponctuer comme une morale chaque péripétie (ça reste du Matz quand même, il faut bien qu'il fasse quelques grandes phrases) et l'animal a une bonne bouille... L'histoire est intéressante et instructive (avec cet historique de la protection des témoins), la tension est palpable et l'action, si on met de côté les flash-back, est finalement ramassée (quelques jours qui se concentrent autour du procès). J'ai apprécié le découpage cinématographique, les clins d'oeil réjouissants au fil des pages, l'ambiance réussie des années 60-70 avec des marqueurs de l'époque habilement parsemés ici ou là, des personnages consistants et un dessin que personnellement j'ai beaucoup aimé (les paysages notamment sont superbes, la compagne de Giu' aussi) c'était chouette ! Certains ont évoqué une histoire qui s'étirait un peu, mais pour ma part, j'aurais pu suivre encore le parcours du camping-car de Giu' dans ces grands espaces lumineux et arides, même si là encore, je trouve la conclusion très satisfaisante.
Centaurus
A chaque fois c’est pareil ! Quand je vais au festival d’Angoulême, pas moyen de trouver une seule personne durant les 4 jours du festival, adepte du génialissime Léo. Pas grave au final car je vais rester sur mes positions et je ne vais surtout pas renier mes goûts. N’en déplaise donc à mes détracteurs – j’ai les noms – avec Centaurus nous voilà de nouveau dans un monde imaginé par Léo et son colistier habituel Rodolphe. Petite précision sur cette série Léo n’est pas au dessin mais au scénario avec son complice. Les illustrations ont été confiées à Zoran Janjetov qui reprend habilement le style Léo. Le décor est planté dés le premier album. Nous sommes transportés dans un futur où l'humanité, à bord d'un gigantesque vaisseau-monde, cherche une nouvelle planète habitable après la destruction de la Terre. "Terre promise" : Le premier tome nous plonge immédiatement dans une intrigue palpitante et les défis auxquels les personnages doivent faire face. Le vaisseau-monde arrive enfin à proximité de Vera, une planète potentiellement habitable. L'équipage est envoyé en reconnaissance, découvrant un monde mystérieux et dangereux "Terre étrangère" : L'équipe d'exploration découvre que Vera est peuplée de créatures étranges et hostiles. Ils doivent naviguer dans cet environnement inconnu tout en essayant de maintenir la communication avec le vaisseau-monde. "Terre de folie" : Les tensions montent à bord du vaisseau-monde alors que les explorateurs rapportent des découvertes troublantes. Les mystères de Vera commencent à se dévoiler, révélant des secrets qui pourraient changer le cours de l'humanité. "Terre d'angoisse" : Les explorateurs font face à des dangers encore plus grands alors qu'ils approfondissent leurs recherches sur Vera. Le suspense est à son comble alors que les personnages luttent pour survivre et comprendre les mystères de cette nouvelle planète. "Terre de mort" : Le dernier tome de la série est un crescendo d'action et de révélations. Les explorateurs doivent faire face à des défis mortels pour sauver l'humanité et découvrir la vérité derrière les mystères de Vera. Vous ne pouvez lire ces 5 albums d’une seule traite. L’exaltation est bien présente. Que dire des paysages fantastiques et de sa faune mystérieuse. Un régal pour les yeux. Le suspens est bien là tout au long de votre lecture. La fin nous invite à découvrir encore et encore de nouveaux mondes. C’est de nouveau un chef-d’œuvre de la science-fiction, qui saura toucher les lecteurs les plus exigeants et les passionnés de récits interstellaires.