Les derniers avis (7366 avis)

Par crac
Note: 5/5
Couverture de la série Martha Washington - Le Rêve américain (Liberty, un rêve américain)
Martha Washington - Le Rêve américain (Liberty, un rêve américain)

J'ai lu cette BD ado, quand elle est sortie en France, avant de savoir qui étaient les deux auteurs. Effet boeuf, décoiffage total. En la relisant, même si le sujet paraît moins original, je trouve que c'est toujours aussi réussi. On est dans une série de genre: l'anticipation dystopique avec les constantes qui en font sa spécificité. Ce qui en fait une bonne BD, c'est tout simplement que c'est très bien fait. On ne s'ennuie jamais, le scénario est impeccablement ficelé, l'univers dans lequel on évolue est bien décrit et approfondi de façon à satisfaire notre curiosité. Le dessin et les couleurs ont le côté "à l'arrache" de la tradition Marvel à l'américaine. Quand on est de culture BD européenne, on ne trouve pas forcément ça très beau mais le tout fonctionne admirablement pour un résultat passionnant. Si on aime Watchmen, on aime Martha Washington aussi.

13/08/2014 (modifier)
Par crac
Note: 5/5
Couverture de la série Druuna
Druuna

Oui, c'est une BD de genre. A côté de l'heroic fantasy et du vengeur masqué, il y a aussi l'érotique pervers. Et, étant donné le nombre de BD dans cette veine qui se vendent, il semble que ce soit un goût finalement assez répandu. Il faut prendre les choses avec humour, notamment quand Serpieri fait dire à un personnage: "mais pourquoi es-tu si allergique aux vêtements, Druuna?" La perversité de Serpieri est plus subtile qu'on ne pourrait le croire. Le corps plantureux et ultra-sain de l'héroïne se découpe sur un univers de cauchemar en ménageant un contraste extrême entre couleurs chaudes et froides, ses rondeurs parfaites et les monstruosités (visuelles et psychologiques) qui l'entourent. Serpieri associe le dessin le plus classique à des éléments qui susciteront autant le dégoût que les meilleurs films d'horreur (on peut penser aussi à Cronenberg); le tout avec une technique si irréprochable qu'on se sent mal à l'aise de se laisser envoûter par tant d'atrocités. Les monstres sont abominablement laids à la mesure d'un dessin abominablement virtuose et magnifique dans sa précision et sa grâce. L'intrigue dépasse très largement le maigre scénario de la gamme porno de base. On connaît des BD de SF sans érotisme qui ne font pas mieux. Je dirai même que cette BD se laisse lire pour son histoire, même si cette dernière a parfois tendance à partir un peu dans toutes les directions et que Serpieri ne recule pas toujours devant certaines facilités narratives et les raccords tirés par les cheveux. Toutefois, on admirera le travail de l'artiste qui écrit et qui dessine, ce qui n'est pas si habituel. Un style bien à lui qui choque et qui marque. Tout cela permet à cette BD de figurer parmi les chefs-d'oeuvre du genre.

13/08/2014 (modifier)
Couverture de la série Julius Corentin Acquefacques
Julius Corentin Acquefacques

A l’occasion de la lecture du sixième opus, « Le décalage », je reviens mettre à jour mon avis sur cette série extraordinaire (dans tous les sens du terme !), pour crier – que dis-je ? pour hurler au génie, et éventuellement tenter de lui mettre une sixième étoile !!! Car c’est encore et toujours le même émerveillement qui est au rendez-vous. Et c’est – encore et toujours ! – surprenant. Il y a là l’humour noir qui attirait André Breton ou Marcel Duchamp. Quelle claque ! De celles qui réveillent en donnant la pêche ! En effet, voilà le type même de bande dessinée qui courait le risque de tomber dans la prise de tête intello, la performance accessible aux happy few capables d’en saisir les tenants et aboutissants, et par là-même d’être inintelligible. Et ce du fait même que l’auteur s’impose des contraintes, plus ou moins fortes, dans la construction de chaque album de la série. Dans la lignée de l’oubapo, M.A.M. donne à réfléchir sur ce qu’est une bande dessinée, un espace, le temps… C’est une des plus fortes et brillantes réflexions sur le médium BD, ses possibilités. Et une merveilleuse démonstration du potentiel de cet outil au service d’une imagination débordante ! Mais la véritable performance, ce qui est somme toute bluffant, c’est qu’en plus de l’exploit « technique » (différent et réussi pour chacun des albums de la série), les qualités de conteur de M.A.M. sont indéniables. L’histoire n’est pas sacrifiée, loin de là. Julius évolue dans un univers oppressant, au milieu d’une architecture et d’une « domotique » fonctionnelles, fascisantes (ou staliniennes) et fascinantes. On y retrouve l’univers de « 1984 », de « Brazil » ou de Kafka, Julius ajoutant à ce côté absurde mais angoissant une faculté à ne pas dévier du chemin tracé pour lui par d’autres. Il est fonctionnaire – dans toute l’acceptation caricaturale que l’on donne souvent (à tort !?) à ce terme, un rouage d’un monde qui traque les grains de sable. Si certaines histoires m’ont un peu plus emballé que d’autres, j’ai vraiment beaucoup aimé l’ensemble des albums de la série, qui se renouvelle, qui surprend toujours – et agréablement. C’est brillant, cela donne à réfléchir, c’est à lire absolument (chaque tome est indépendant des autres). Culte, oui, pour l’ambition, et pour sa réalisation, qui « donnent à voir », au sens où l’entendaient Eluard et les surréalistes.

05/11/2012 (MAJ le 06/08/2014) (modifier)
Par graveen
Note: 5/5
Couverture de la série Canardo
Canardo

Sokal a bâti un (anti) héros de manière structurée. Attachant, paumé, intelligent, ce Columbo loser n'en est pas moins charismatique. L'univers se renforce au fil des albums, avec de véritables points d'ancrages (chez Freddo, le Belgambourg, l'Amerzone, la plage de Porniche...) agrementés de détails inter-histoires, anecdotiques mais bien réels. Le traitement 'animaux humains' donne, comme dans Blacksad (avec cependant un graphisme plus franco-belge), une supplément de caractère aux protagonistes: le rat vicieux, le lapin stupide, le redneck sanglier... Et finalement un composant phare de l'univers de Sokal. Les histoires du début montrent un Canardo qui subit, les histoires suivantes en font progressivement un acteur. Humour ravageur, cynisme, alcool, bas-fonds sont la marque de fabrique de cette série. Pour moi l'apogée est atteinte après de 12eme album, où les dialogues rendent croustillant un scénario polar souvent original (l'affaire belge, un misérable petit tas de secrets, etc...), mais cette apogée est justement là parce que les 3 ou 4 premières histoires ont défini 'Canardo'. Excepté 'Premières Enquêtes', qui est une succession de strips / d'histoires courtes, le reste est vraiment bon. Bref. Je recommande chaudement !

05/08/2014 (modifier)
Par Jérem
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Quai d'Orsay
Quai d'Orsay

Je suis habituellement peu sensible aux albums de chroniques que je trouve souvent ennuyeux. Et bien la lecture de Quai d’Orsay m’a mis une sacrée claque. Ca fait bien longtemps qu’une BD ne m’avait pas autant tenu en haleine. Il faut dire que cette série est incroyable. Le lecteur est plongé dans le quotidien du Quai d’Orsay, au plus près du ministre Alexandre Taillard de Vorms, alias Dominique de Villepin et de ses différents collaborateurs. Les personnages sont délicieusement croqués, notamment le ministre, sorte de géant hyperactif, à la fois Grand Homme visionnaire et enfant gâté de la pire espèce. Une vraie réussite ! Les dialogues et les situations sont incroyablement drôles et ne tombent jamais dans la parodie ; les auteurs réussissant le tour de force de rendre avec justesse et pédagogie la vie du ministère (avec ses crises diplomatiques incessantes), tout en mélangeant habilement fiction et réalité, le tout réalisé avec un humour féroce. Je redécouvre à cette occasion le trait si particulier de Blain. Et on peut dire qu'il s'est surpassé : les dessins sont extrêmement dynamiques et expressifs. Ils donnent une sacrée pêche au récit. Les situations sont limpides (même pour des novices en diplomatie) et la mise en scène est parfaitement rythmée ; impossible de poser l’album avant la fin. Quai d’Orsay est une très, très grande réussite ; une série que je n’hésite pas à qualifier de culte. Un immense bravo aux auteurs !

02/08/2014 (modifier)
Par PAco
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Blast
Blast

J'ai toujours été amateur de Larcenet, que ce soit pour son humour (avec des séries comme Nic Oumouk, Bill Baroud ou La Loi des Series), ou sa série la plus connue Le Combat ordinaire. Bon y'a bien quelques accidents de parcours du genre Guide de la survie en entreprise, mais dans l'ensemble ça se tient, tout en travaillant sur une large palette, tant dans les genres, les publics (Superbes Cosmonautes du futur !) que graphiquement, avec le surprenant Presque de 1998. C'est là que "Blast" tombe. On croyait connaître l'étendue du talent de Larcenet, et voilà qu'il nous pond une œuvre hors norme. Hors norme, oui c'est vraiment l'expression qui me semble coller parfaitement à cet OVNI. Tout d'abord l'objet. Une couverture qui interpelle et qui est un véritable appel à la lecture. Vient ensuite le traitement graphique : tout simplement sublime ; un encrage qui convient à merveille à l'ambiance sombre et profonde de ce récit, avec ce Blast et ses bulles de couleur qui font véritablement l'effet d'un arc-en-ciel un jour d'orage : à n'importe quel âge, ça reste magique ! Et puis, il y a ces planches pleine page qui jalonnent le tout et ajoutent encore à sa beauté. Ensuite, réaliser un premier tome de 200 pages où au final il ne s'y passe pas grand chose, ce n'est pas donné à tout le monde : quelle narration ! On ne quittera pas cette salle de garde à vue, et pourtant quel voyage dans ce récit... C'est l'incertitude qui nous tient en haleine et sera le moteur de ce premier tome. Quel est le crime de notre prévenu ? Nous n'en sauront rien pour le moment... mais on s'en fout, même si on ne sait que penser de ce personnage parfois sympathique, parfois dérangeant. Rien n'est pour l'instant définitif... Hors norme enfin, de par le fond même de cette BD : son protagoniste Polza, bien sûr, mais aussi tous les étranges personnages qu'il va croiser. Sans tomber dans la sociologie de bas étage, Larcenet nous propose à travers Polza une vision acérée et décalée de notre société qui ne supporte pas les écarts et de ce qui ne rentre pas dans ses cases. Fondus dans notre quotidien, une part de ce qui nous entoure nous échappe... ou plutôt, fermer les yeux sur ce qui nous dérange est souvent plus facile. La meute ne supporte pas la différence : soit elle l'abandonne, soit elle l'achève. C'est le constat de la vie de Polza, qui à la mort de son père baisse la garde et décide de lâcher prise face à ce combat ordinaire des personnes qui ne rentrent pas dans les modèles imposés par nos sociétés. On ne sait pas où nous mènera ce Blast, mais il est certain que ce premier tome très déroutant est une des grande BD de cette année, et que Larcenet a décidément beaucoup de talent. Sans s'assoir sur une renommée établie, il sait se renouveler et apporter beaucoup au 9e art : chapeau ! ***Après lecture des 3 autres tomes*** Voilà c'est fait. Je viens de me relire les trois premiers tomes et le dernier que je n'avais pas encore lu. J'ai fini "Blast"... Et quel coup de massue !!! Je crois que rarement une série BD m'aura autant travaillé, retourné et emmené aussi loin. Que ce soit graphiquement ou dans le récit qu'il construit, Manu Larcenet nous hypnotise sur plus de 800 pages. Il sait appuyer là où ça fait mal, sans faire semblant. A chaque tome on se dit que ça ne pourra pas être pire ; on se dit qu'il ne pourra pas nous entraîner plus loin... Si. Cette descente en enfer ou dans les abîmes de la folie d'un homme et de tout ce qui l'aura conduit à tout ça est juste hallucinante... N'est-ce pas d'ailleurs ce que recherche Polza ? Ce Blast. Cet instant où son corps ne lui appartient plus et où il n'est plus qu'esprit et ne fait plus qu'un avec la nature... Sauf que cette quête n'est pas gratuite, que ce soit pour lui ou les rares personnes qu'il va croiser. Moi qui après son premier tome me demandait vers où Manu Marcenet allait nous embarquer, j'avoue ne pas avoir été déçu... On frôle le traumatisme là ! L'adage dit que c'est le voyage qui compte et pas la destination... Yep ! Larcenet nous prouve ici qu'il a tout compris du bad trip... Alors, oui je comprends que certains resteront définitivement hermétique à cette série, que ce soit à cause de son graphisme si marqué ou de son contenu à la noirceur sans nom, mais rien que pour être allé jusqu'au bout de cet enfer, moi je dis chapeau m'sieur Larcenet ! "Blast" rejoint donc tranquillement le petit panthéon de mes quelques BD que je considère comme "cultes" et dont je ne peux évidement que vous conseiller la lecture, tout en sachant que beaucoup se demanderont certainement pourquoi et comment on peut apprécier un tel album. Ca ne s'explique pas ; ça se vit dans les tripes.

18/12/2009 (MAJ le 31/07/2014) (modifier)
Couverture de la série Idées Noires
Idées Noires

Les Idées Noires sont, étaient celles de Franquin à un moment de sa vie et à une époque donnée, qui s'éloigne de nous. Il y a fait passer son blues et ses convictions, et les débats de son époque. Ce qui fait la force de Franquin, c'est que, pas mal d'années après, ces Idées Noires font autant rire qu'au temps de leur publication. Il y a là la preuve d'un génie, qui traverse le temps et les catégories puisque, sans être trash, il donne dans un humour sacrément noir en gardant son coup de crayon, génial et reconnaissable entre tous - même au milieu de ses nombreux imitateurs. On y retrouve beaucoup d'idées déjà traitées dans Gaston, mais dans une perspective plus agressive, sans bien sûr qu'il soit question ici d'établir une hiérarchie: les deux font partie de mes souvenirs d'enfance et d'adolescence, souvenirs que j'entretiens par une relecture de ces petits chefs-d’œuvre d'humour. L'ensemble est inégal, mais d'un niveau toujours élevé, que ce soit pour traiter d'un thème sérieux ou d'une absurdité profonde. J'en recommande très fortement la lecture, sans modération ! Et ce d'autant plus qu'une récente et énième relecture me pousse à lui attribuer les cinq étoiles que cette série mérite vraiment !

01/11/2012 (MAJ le 30/07/2014) (modifier)
Par SkAmby
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Vieux Fourneaux
Les Vieux Fourneaux

Sans aucun doute un des meilleurs scénarios de Lupano. Le Singe de Hartlepool était déjà juste magique. Là, on se retrouve avec des dialogues dignes des "tontons flingueurs". Tous les personnages sont absolument humains, avec des défauts finalement communs. Des fous rires, des coups de sang, une vraie amitié entre amis d'enfance. Voilà les ingrédients simples d'une recette savoureuse à souhait. L'histoire de chacun d'entre eux mériterait une histoire. On veut rapidement en savoir plus, mieux les connaitre. Un vieux qui peine à sortir d'une voiture trop basse, "rabaissée par un fossé qui s'est jeté sur la voiture" se révèle être plus tatoué qu'un yakuza et son passé pourrait faire pâlir bien des aventuriers. Un autre vieux fourneaux est un ancien syndicaliste prêt à faire ruer la société dans ses brancards juste pour le plaisir de la secouer comme par exemple en s'incrustant avec un gang d'handicapés à des soirées mondaines. La cohérence du scénario est parfaite, les rebondissements inattendus donnent un rythme haletant à ce début de série plus que prometteur. Un ouvrage à recommander aux ex soixante-huitards et à tous les autres. A consommer sans modération !

22/07/2014 (modifier)
Par Cusanno
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Les Naufragés du temps
Les Naufragés du temps

"Les naufragés du temps" est vraiment ma série SF préférée. Le dessin de Gillon est vraiment génial, les courbes féminines sont les plus réussies que je connaisse, on voit bien le dessinateur qui a appris la BD sans couleur, simplement en jouant entre les contrastes de traits noirs sur blanc. Selon les éditions et numéro la série a été colorisée et permet de décrire un univers SF d'une richesse absolue. Cette série porte en elle toute l'histoire de la technique BD. L'histoire sur l'ensemble de toute la série est un peu chaotique, dans un multivers d'une imagination incroyable, pour ma part certaines idées m'ont fait rêver.

19/07/2014 (modifier)
Couverture de la série Isabelle - La Louve de France
Isabelle - La Louve de France

Cette collection les Reines de sang semble être amenée dans les années à venir à devenir une référence en matière de BD historique, car tout y est soigné et précis ; l'attente fut longue pour Aliénor, la légende noire, mais ça valait le détour, et ici, enfin le tome 2 arrive et ne me déçoit pas. Pour avoir été bercé très jeune par la diffusion à la télé du feuilleton les Rois Maudits (l'original de 1972 pas le remake incolore de 2005) et la lecture du roman de Maurice Druon dont il était adapté, j'ai sans doute approfondi ma passion du Moyen Age et surtout de ses turpitudes politico-sentimentalo-sanglantes, spécialement celles de cette période de fin XIIIème siècle-début XIVème, avec le règne du "roi de fer" Philippe le Bel, les déboires territoriaux de Robert d'Artois avec sa catin de tante Mahaut, le scandale des brus du roi et de la Tour de Nesle, le règne du chétif Louis le Hutin, et les débuts de la guerre de Cent Ans. Et Isabelle dans tout ça qui fait son trou à force d'intrigues de palais et de poigne de fer, jouant un rôle bien plus ferme et masculin que son piètre époux Edouard II, elle reste même imperturbable devant les supplices des personnes qui lui ont nui, savourant sa vengeance et affichant un caractère fort hérité de son père. Je ne pouvais donc que m'émerveiller à la lecture de ce tome 1 qui reprend la trame historique et l'intrigue développée par les Rois Maudits ; les événements sont riches, il y a matière à traiter une histoire forte, et quand le dessin est à la hauteur de l'histoire, que demander de plus ? Calderon fait preuve d'une très grande maîtrise graphique, son dessin est somptueux, décors et costumes très fidèles, malgré quelques raccourcis narratifs et la vision bien soft du supplice des frères d'Aunay (qui dans une Bd plus mordante, aurait sans doute été beaucoup plus crue, car ce supplice fut dans la réalité d'une atrocité sans nom). De même que le portrait d'Edouard II est ici plus viril et bien trop flatteur ; ce ne fut pas un grand roi, peu doué en politique comme le fut son père Edouard Ier, il n'a fait qu'affaiblir le royaume, d'où sa fin piteuse. Le tome 2 est certainement encore plus réussi, le dosage entre scènes de bataille et scènes de palais est bien dosé, on s'aperçoit que la politique est toujours au coeur des problèmes, et surtout tous les faits sont exacts, les scénaristes ne faisant que suivre le cours de l'Histoire et l'intrigue des "Rois Maudits". Il n'y a qu'un détail qui n'est pas forcément vrai, c'est la cause de la guerre de Cent Ans (qui éclate à la fin du tome), beaucoup d'auteurs de BD se laissent emporter par la thèse non officielle qui est l'ambition d'Edouard III à réclamer la couronne de France grâce à son lignage (héritier direct par sa mère Isabelle) ; en fait, c'est un prétexte, la vraie raison étant de récupérer la Guyenne pour ne plus avoir à rendre l'hommage simple au roi de France, cette position de vassal étant perçue comme humiliante. Graphiquement, Calderon se surpasse, c'est toujours aussi beau ; lorsque je l'ai rencontré en dédicace sur Les Voies du Seigneur, il m'a avoué adorer cette période moyenâgeuse, et ça se sent quand on voit la justesse des costumes, des armures (sauf certaines épées qui sont plutôt XVème siècle) et la précision sur les pierres des édifices et des salles de châteaux, ou les éléments de décor. Là encore, comme pour le supplice des frères d'Aunay, celui d'Edouard II est montré sobrement, je m'y attendais, car il est trop horrible ; le supplice de Despenser est également à peine montré. Je trouve que Calderon réussit mieux ses visages tels ceux d'Isabelle, de Mortimer, d'Edouard III ou Robert d'Artois... En tout cas, c'est passionnant, magnifique et bien conté sans ennui car ça ne vise pas qu'un public d'initiés ou de médiévistes, c'est de la grande Histoire et ça donne envie de s'y intéresser. Un splendide diptyque qui mérite les 5 étoiles.

06/08/2013 (MAJ le 01/07/2014) (modifier)