Ça y est, la série du Cycle de Cyann est terminée, je peux enfin me forger un avis sur sa totalité.
C'était il y a 20 ans que j'étais complètement tombé sous le charme de la planète Olh et de sa civilisation fouillée et détaillée présentée dans le premier tome de la série, la SOurce et la SOnde. Un graphisme incroyable, un monde on ne peut plus fouillé et détaillé, un scénario à l'échelle humaine, bien construit et agréable, des dessins grandioses, des personnages attachants et une fin poignante. J'attendais la suite avec impatience.
3 ans plus tard, l'essai était transformé avec le second tome, Six Saisons sur IlO, avec la découverte d'une nouvelle planète et une intensification du récit avec la révélation du Grand Orbe qui allait être au cœur de l'intrigue du reste de la série, le tout approfondi par le hors-série encyclopédique qu'était la Clé des Confins.
Sur ces deux albums, le graphisme était superbe, totalement abouti techniquement et présentant un soin et un travail de recherche assez énormes.
Il a fallu ensuite attendre 8 ans pour voir sortir Aieia d'Aldaal et pour que je commence à douter un peu. J'y appréciais la découverte d'une nouvelle planète, très originale et intéressante cette fois encore, le graphisme était toujours aussi beau, mais le récit plus linéaire et sa fin un peu embrouillée lui donnaient moins de charme qu'aux tomes précédents. Il laissait le goût d'un album de transition.
2 ans plus tard, la couverture du tome les Couleurs de Marcade m'a largement refroidi. Elle a été modifiée depuis la première édition mais je la trouve toujours aussi décevante en comparaison de celles des tomes précédents. Le graphisme des planches lui aussi m'a soudainement déçu. J'y découvrais en effet un tic graphique que François Bourgeon allait utiliser également dans ses tomes suivants, à savoir ce qui me semble être une utilisation de l'informatique pour placer les éléments de son dessin, personnages ou décors, avec quelques copier-coller et des effets de zoom desquels résulte un encrage parfois très différent d'une case à la suivante, voire dans la même case : parfois très gros, comme trop rapproché ou grossier, parfois très fin. Je trouve cette inégalité de trait inesthétique, surtout quand on fait la comparaison avec la beauté des premiers tomes.
Quant au scénario, il devenait soudain beaucoup plus confus, plus complexe, et je commençais à m'y perdre.
5 ans plus tard, les Couloirs de l'Entretemps me faisait quasiment le même effet. Encore une fois assez déçu même si je suivais toujours les aventures de Cyann avec intérêt et curiosité et si j'étais heureux de la voir revenir sur des éléments et dans des lieux rencontrés dans le premier tome qui m'avait tant séduit. Mais je commençais à être sérieusement perdu dans le scénario.
Et voilà qu'aujourd'hui est sorti le 6e et dernier tome de cette saga. Ma première lecture fut appréciable. J'y retrouvais les petits défauts du nouveau style graphique de Bourgeon mais la visite de la fameuse Aldalarann m'a bien plu sur le plan visuel. Au niveau du scénario, après une entame dans la continuité des deux tomes précédents avec retour sur la planète Marcade, on assiste à une longue et belle mise en place de la conclusion de la saga. Et cette conclusion m'a totalement satisfait sur le coup.
J'ai alors pris le temps et le plaisir de relire la série dans son ensemble et d'enfin constater que tous les éléments qui me paraissaient confus et obscurs dans les 4e et 5e tomes s'assemblaient parfaitement avec le reste pour former quelque chose de cohérent et captivant malgré une réelle complexité (ce qui est chose assez courante dans les récits mettant en scène des voyages dans le temps). Bref, le scénario tient vraiment la route et balaie mes déceptions et doutes le concernant.
Je salue avec cette série la beauté et l'aspect fouillé de son univers intensément travaillé et imaginé par ses auteurs, ses planètes que l'on visite et qui sont si différentes et si intéressantes, la grande beauté de son graphisme, surtout sur les deux premiers tomes et malgré les défauts des tomes 4 et 5 à mes yeux, et enfin la façon dont le scénario s'agence et fait preuve d'originalité et de complexité.
Une grande oeuvre et un univers merveilleusement fignolé auxquels Bourgeon et Lacroix auront su donner vie et forme de bout en bout. Chapeau !
« Il se pourrait que Le Complot soit aux Protocoles ce que Maus fut à l’Holocauste » peut-on lire en dos de couverture. Il se pourrait, oui, mais malheureusement cette œuvre testamentaire du maître Eisner parue en 2005 n’a jusqu’à ce jour jamais eu l'audience qu’elle méritait. Je suis moi-même assez frustré d’être complètement passé à côté lors de sa sortie. A vrai dire, je n’avais que vaguement entendu parler des fameux Protocoles sans m’y intéresser plus que ça. Mais l’auteur montre bien la grosseur des ficelles, de façon très méthodique, et avec le double talent de conteur et de dessinateur dont il sait faire preuve pour rendre captivant un sujet en apparence fastidieux.
Montés de toute pièce par la police secrète russe pour le Tsar qui souhaitait alimenter une haine anti-juive, les Protocoles des Sages de Sion ne sont en fait que le vulgaire plagiat du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu conversation imaginaire écrite par Maurice Joly en 1854 pour dénoncer indirectement le régime autoritaire de Napoléon III.
Cette sinistre farce aurait pu paraître drôle si elle n’avait pas inspiré Hitler quelques années plus tard, avec les conséquences dévastatrices que l’on sait. Le problème, c’est que le mythe continue à se diffuser et à se développer, notamment dans les pays arabes, étayé par la politique agressive d’Israël et l’influence des milieux juifs américains sur la politique US vis-à-vis du Proche-Orient, deux réalités parmi d’autres qui ne font qu’apporter de l’eau au moulin conspirationniste, comme l’avait fait en son temps la création du Conseil sioniste.
C’est une œuvre majeure et salutaire que nous a légué Will Eisner juste avant de tirer sa révérence, peut-être la plus emblématique parmi sa bibliographie. Passionné par son travail, ce fils d’immigré juif qui avait souffert de l’antisémitisme de ses camarades à l’école, savait utiliser son fantastique don d’observation pour casser les clichés sur ses pairs, ce qu’il a fait en particulier durant la seconde partie de sa carrière. Peu porté sur la religion mais fier de sa culture, il révèle dans Le Complot son ardent désir de vérité, guidé par l’humanisme un peu désabusé qui transparait dans ses romans graphiques.
Un grand merci, Monsieur Eisner, où que vous soyez !
Que dire qui n'ait été déjà dit ? Voilà une série mythique qui nous a offert le meilleur. Les premiers albums ont encore beaucoup de texte et peuvent rebuter un jeune lectorat aussi je conseillerais des cycles plus récents pour débuter. Il n'empêche, ce premier cycle de cinq albums, c'est quand même du tout bon. A ce propos je ne peux que penser aux soirées du ciné club ou à la dernière séance ou l'on voyait ces westerns de la belle époque. Nous étions chez Blueberry !
Les auteurs ont réussi a créer une véritable ambiance qui retranscrit cette époque. D'accord je n'y étais pas, mais ils arrivent pas un je-ne-sais-quoi de magique à nous faire rentrer dedans. On marche dans la neige avec les Indiens, on transpire dans les Mesas, on sent l'odeur du saloon, je pourrais dérouler les exemples à l'infini mais je crois que ça s'appelle juste le talent.
Alors que dire sinon que les scénarios sont parfaits, voir "La mine de l'allemand perdu" et "Le spectre aux balles d'or", en fait tous !
Et puis le dessin qui transcende les mots du scénariste. Les gueules sont géniales !
Je m'arrête là, et simplement un immense, véritable, grand et sincère merci pour toutes les heures fabuleuses que j'ai passées en vous lisant. Et je vous relirai !
J'arrive donc pour poser le 136ème avis. Les gouttes de sueur perlent à mon front!
Tintin est un monument. Bien sûr qu'il est culte mais pour des raisons qui diffèrent selon le posteur. Dit comme ça, cela ne veut rien dire et pourtant!
Le lecteur de Tintin pourrait à mon sens se distinguer en deux catégories principales, ne vous fâchez pas!
Les premiers:
Ceux qui, comme ils le disent, ont appris à lire avec lui, ceux qui sont nés et ont eu la possibilité de lire les albums au moment de leur sortie ou du moins de n'être pas trop vieux pour les découvrir dans leur presque époque. Ceux là resteront à jamais des inconditionnels et Messieurs Dames, oh combien je vous comprends.
Soyons clair, vous découvriez la BD : des cases savamment ordonnées, des personnages sympathiques et rigolos et de l'aventure. Un auteur vous emmenait au pays des Soviets, en Amérique, au Congo et même sur la Lune. J'avoue que comme diraient des jeunes d'aujourd'hui dont je ne suis plus: "Ca déchirais grave".
Les seconds:
Ils ont découvert Tintin à une époque ou la plupart des albums historiques, indispensables, étaient déjà parus. Leur sens critique, et n'y voyez rien de désobligeant de ma part, n'était plus le même que le vôtre. Le monde avait évolué, l'histoire du monde avait changé et quelques événements majeurs avaient eu lieu.
Alors oui, Tintin est culte car il a apporté à la BD un souffle, une dimension que l'on n'avait jamais vu auparavant. Il n'a rien renouvelé, il à crée un style dont on sait qu'il à fait quelques émules.
Avouons objectivement qu'il y a des albums moins bons que d'autres, que l'humour n'est pas la qualité première de notre héros et j'en passe point n'est besoin de trop insister sur tout ça.
Juste un petit point concernant un commentaire précédent qui nous dit concernant "Tintin au Congo", que le racisme de Hergé est parfaitement excusable car il vivait " à son époque". Spécieux l'argument! je vous laisse mouliner du neurone.
Au final, ben j'ai pris du plaisir à lire Tintin , mais comme dit plus haut pas tout. Aujourd'hui, vraiment à l'occasion je relis : les mêmes. Pis bon rien à voir, mais comme il y a eu la guerre des Stones Vs les Beatles, je préfère Astérix.
Merci Tintin!
Excellent manga qui reprend la vie d'un jeune garçon tout à fait normal et innocent obligé de tuer pour pouvoir survivre à cause du jeu qu'il a téléchargé sur son téléphone. De nombreux mystères tourneront autour de l'organisation de ce jeu et de certains détails durant les meurtres qui paraissent impossibles.
Ce manga de Yuki Takahata ressemble énormément à King's Game, une autre série déjà terminée, car elle reprend de nombreux concepts comme par exemple l'utilisation du portable. Et si vous avez aimé ou même que vous adorez King's Game vous ne devez pas passer à côté de cette nouvelle série.
C'est pourquoi je vous conseille ce manga ou cette future série.
J'ai tout simplement adoré. J'ai toujours été assez admiratif de ces auteurs qui arrivent à raconter une histoire complète au travers de strips de trois cases qui possèdent chacun leur propre chute. Et dans ce genre difficile, cet album est sans doute le meilleur que j'aie jamais lu. J'aime beaucoup aussi le dessin tout en rondeur de Fabrice Erre. Un must.
Nous ne parlons pas ici de l'oeuvre de London, mais bien de la magistrale adaptation qu'en fait Riff Reb's. Que dire qui n'est déjà été dit?
Par son trait, Riff Reb's a su saisir toute la puissance du roman et surtout de son personnage principal. Puissance physique mais aussi intellectuelle car c'est bien là, entre autres, que réside la force de Loup Larsen. Il a appris à "jouer" avec ses hommes et le pauvre van Weyden, pas si pauvre que cela d'ailleurs car en lui c'est aussi toute la lâcheté, la veulerie de l'homme qui nous est présentée. Non Loup Larsen n'est pas qu'une brute épaisse voire sadique, il a lu des romans, il connait les philosophes, ses avis sont éclairés sur l'état du monde et de la société de son temps. De ces deux personnages j'avoue ne pas faire de choix pour savoir qui est le bon, qui est le méchant, d'ailleurs y a-t-il à choisir, Larsen et van Weyden sont sans doute les deux faces d'une même pièce.
Par son dessin Riff Reb's magnifie cette histoire, il peint la mer calme ou déchaînée en fonction de l'ambiance à bord du Fantôme. C'est sans afféterie qu'il dessine également ses marins en ne tombant pas dans la classique trogne de vieux loup de mer. Comme avec son précédent ouvrage, l'auteur hisse ces deux romans classiques d'aventure, A bord de l'Etoile Matutine et "Le loup des mers", à des hauteurs qui en font des classiques, mais maintenant de la BD.
Indispensable.
Et voilà, on avise, on avise et on en oublie l'essentiel, car oui cette BD est pour moi essentielle. Elle fait partie de mon top 10. Que d'images elle suggère, voilà un récit qui fait voyager. Je vous l'accorde la compagnie n'est pas des plus raffinée, mais quel destin, quelles histoires individuelles.
On est assez loin des histoires habituelles où de beaux pirates abordent les navires anglais, ici le quotidien de ces marins nous est décrit sans fard, il nous montre des hommes qui boivent, qui s'ennuient. Un quotidien finalement assez routinier entrecoupé de quelques épisodes marquants mais au bout du compte assez vain. Vers où vont ces hommes? Une hypothétique fortune, l'envie un jour de poser leurs sacs. Dans cette histoire au travers des différentes péripéties, on voit bien que ce qui compte en réalité c'est de naviguer, d'être sur la mer, après le reste importe peu.
Le très grand talent de Riff Reb's et avant lui de P. Mac Orlan c'est de nous montrer que ces pirates, ces forbans sont avant tout des hommes, placés certes dans un contexte particulier, et que les actions qu'ils mènent ne sont qu'une fuite en avant. On peut à leur sujet parler de panache mais ce serait oublier la cruauté et le manque de pitié dont ils font preuve.
Au talent du conteur vient s'ajouter celui du dessinateur. Quelles planches, mais quelles planches! Peut être parce que je fait du bateau, mais ça parle! (je n'ai pas encore attaqué d'autres voiliers). Case principale de la page 25 et bien d'autres! Tout cela a un grand pouvoir d'évocation. Et puis n'oublions pas ces trognes, les gens sont normaux!
Oui alors pour un texte magnifique, intelligemment mis en valeur et pour un dessin et des couleurs juste parfait, je cultissime cet ouvrage.
*Je le possède en deux exemplaires, donc un que je prête et je n'ai que de bon retours
Bon, les trois premiers "Broussaille" sont des chefs-d'œuvre absolus. Je me souviens encore de mon émerveillement à la lecture des Baleines publiques ; je n'avais rien lu de pareil, tout en ayant l'impression que j'avais toujours connu ce personnage et sa drôle de façon de voir la vie (qui le lui rendra bien!). Il y a une grâce toute particulière dans les albums scénarisés par Bom, un équilibre. Après, je trouve que ça tourne à vide, c'est forcé. Mais ce n'est pas grave, Brou continue à chaque relecture à m'embarquer dans sa réalité magique. Merci Frank !
Allz hop, n'ayons pas peur et mettons cette série au pinacle. Vraiment tout est bien, une histoire qui tient la route et arrive à nous dire des choses profondes sur le pouvoir et les rapports humains. Sous des dehors où le comique est présent mais d'une grande subtilité, Turf assène quelques vérités bien senties. Bien sûr la poésie est présente tout du long de ces tomes et elle s'exprime aussi bien par les situations que le dessin. Cette série est tout bonnement grandiose voire magique (Azimut me semble être dans la même veine).
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Le Cycle de Cyann
Ça y est, la série du Cycle de Cyann est terminée, je peux enfin me forger un avis sur sa totalité. C'était il y a 20 ans que j'étais complètement tombé sous le charme de la planète Olh et de sa civilisation fouillée et détaillée présentée dans le premier tome de la série, la SOurce et la SOnde. Un graphisme incroyable, un monde on ne peut plus fouillé et détaillé, un scénario à l'échelle humaine, bien construit et agréable, des dessins grandioses, des personnages attachants et une fin poignante. J'attendais la suite avec impatience. 3 ans plus tard, l'essai était transformé avec le second tome, Six Saisons sur IlO, avec la découverte d'une nouvelle planète et une intensification du récit avec la révélation du Grand Orbe qui allait être au cœur de l'intrigue du reste de la série, le tout approfondi par le hors-série encyclopédique qu'était la Clé des Confins. Sur ces deux albums, le graphisme était superbe, totalement abouti techniquement et présentant un soin et un travail de recherche assez énormes. Il a fallu ensuite attendre 8 ans pour voir sortir Aieia d'Aldaal et pour que je commence à douter un peu. J'y appréciais la découverte d'une nouvelle planète, très originale et intéressante cette fois encore, le graphisme était toujours aussi beau, mais le récit plus linéaire et sa fin un peu embrouillée lui donnaient moins de charme qu'aux tomes précédents. Il laissait le goût d'un album de transition. 2 ans plus tard, la couverture du tome les Couleurs de Marcade m'a largement refroidi. Elle a été modifiée depuis la première édition mais je la trouve toujours aussi décevante en comparaison de celles des tomes précédents. Le graphisme des planches lui aussi m'a soudainement déçu. J'y découvrais en effet un tic graphique que François Bourgeon allait utiliser également dans ses tomes suivants, à savoir ce qui me semble être une utilisation de l'informatique pour placer les éléments de son dessin, personnages ou décors, avec quelques copier-coller et des effets de zoom desquels résulte un encrage parfois très différent d'une case à la suivante, voire dans la même case : parfois très gros, comme trop rapproché ou grossier, parfois très fin. Je trouve cette inégalité de trait inesthétique, surtout quand on fait la comparaison avec la beauté des premiers tomes. Quant au scénario, il devenait soudain beaucoup plus confus, plus complexe, et je commençais à m'y perdre. 5 ans plus tard, les Couloirs de l'Entretemps me faisait quasiment le même effet. Encore une fois assez déçu même si je suivais toujours les aventures de Cyann avec intérêt et curiosité et si j'étais heureux de la voir revenir sur des éléments et dans des lieux rencontrés dans le premier tome qui m'avait tant séduit. Mais je commençais à être sérieusement perdu dans le scénario. Et voilà qu'aujourd'hui est sorti le 6e et dernier tome de cette saga. Ma première lecture fut appréciable. J'y retrouvais les petits défauts du nouveau style graphique de Bourgeon mais la visite de la fameuse Aldalarann m'a bien plu sur le plan visuel. Au niveau du scénario, après une entame dans la continuité des deux tomes précédents avec retour sur la planète Marcade, on assiste à une longue et belle mise en place de la conclusion de la saga. Et cette conclusion m'a totalement satisfait sur le coup. J'ai alors pris le temps et le plaisir de relire la série dans son ensemble et d'enfin constater que tous les éléments qui me paraissaient confus et obscurs dans les 4e et 5e tomes s'assemblaient parfaitement avec le reste pour former quelque chose de cohérent et captivant malgré une réelle complexité (ce qui est chose assez courante dans les récits mettant en scène des voyages dans le temps). Bref, le scénario tient vraiment la route et balaie mes déceptions et doutes le concernant. Je salue avec cette série la beauté et l'aspect fouillé de son univers intensément travaillé et imaginé par ses auteurs, ses planètes que l'on visite et qui sont si différentes et si intéressantes, la grande beauté de son graphisme, surtout sur les deux premiers tomes et malgré les défauts des tomes 4 et 5 à mes yeux, et enfin la façon dont le scénario s'agence et fait preuve d'originalité et de complexité. Une grande oeuvre et un univers merveilleusement fignolé auxquels Bourgeon et Lacroix auront su donner vie et forme de bout en bout. Chapeau !
Le Complot
« Il se pourrait que Le Complot soit aux Protocoles ce que Maus fut à l’Holocauste » peut-on lire en dos de couverture. Il se pourrait, oui, mais malheureusement cette œuvre testamentaire du maître Eisner parue en 2005 n’a jusqu’à ce jour jamais eu l'audience qu’elle méritait. Je suis moi-même assez frustré d’être complètement passé à côté lors de sa sortie. A vrai dire, je n’avais que vaguement entendu parler des fameux Protocoles sans m’y intéresser plus que ça. Mais l’auteur montre bien la grosseur des ficelles, de façon très méthodique, et avec le double talent de conteur et de dessinateur dont il sait faire preuve pour rendre captivant un sujet en apparence fastidieux. Montés de toute pièce par la police secrète russe pour le Tsar qui souhaitait alimenter une haine anti-juive, les Protocoles des Sages de Sion ne sont en fait que le vulgaire plagiat du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu conversation imaginaire écrite par Maurice Joly en 1854 pour dénoncer indirectement le régime autoritaire de Napoléon III. Cette sinistre farce aurait pu paraître drôle si elle n’avait pas inspiré Hitler quelques années plus tard, avec les conséquences dévastatrices que l’on sait. Le problème, c’est que le mythe continue à se diffuser et à se développer, notamment dans les pays arabes, étayé par la politique agressive d’Israël et l’influence des milieux juifs américains sur la politique US vis-à-vis du Proche-Orient, deux réalités parmi d’autres qui ne font qu’apporter de l’eau au moulin conspirationniste, comme l’avait fait en son temps la création du Conseil sioniste. C’est une œuvre majeure et salutaire que nous a légué Will Eisner juste avant de tirer sa révérence, peut-être la plus emblématique parmi sa bibliographie. Passionné par son travail, ce fils d’immigré juif qui avait souffert de l’antisémitisme de ses camarades à l’école, savait utiliser son fantastique don d’observation pour casser les clichés sur ses pairs, ce qu’il a fait en particulier durant la seconde partie de sa carrière. Peu porté sur la religion mais fier de sa culture, il révèle dans Le Complot son ardent désir de vérité, guidé par l’humanisme un peu désabusé qui transparait dans ses romans graphiques. Un grand merci, Monsieur Eisner, où que vous soyez !
Blueberry
Que dire qui n'ait été déjà dit ? Voilà une série mythique qui nous a offert le meilleur. Les premiers albums ont encore beaucoup de texte et peuvent rebuter un jeune lectorat aussi je conseillerais des cycles plus récents pour débuter. Il n'empêche, ce premier cycle de cinq albums, c'est quand même du tout bon. A ce propos je ne peux que penser aux soirées du ciné club ou à la dernière séance ou l'on voyait ces westerns de la belle époque. Nous étions chez Blueberry ! Les auteurs ont réussi a créer une véritable ambiance qui retranscrit cette époque. D'accord je n'y étais pas, mais ils arrivent pas un je-ne-sais-quoi de magique à nous faire rentrer dedans. On marche dans la neige avec les Indiens, on transpire dans les Mesas, on sent l'odeur du saloon, je pourrais dérouler les exemples à l'infini mais je crois que ça s'appelle juste le talent. Alors que dire sinon que les scénarios sont parfaits, voir "La mine de l'allemand perdu" et "Le spectre aux balles d'or", en fait tous ! Et puis le dessin qui transcende les mots du scénariste. Les gueules sont géniales ! Je m'arrête là, et simplement un immense, véritable, grand et sincère merci pour toutes les heures fabuleuses que j'ai passées en vous lisant. Et je vous relirai !
Les Aventures de Tintin
J'arrive donc pour poser le 136ème avis. Les gouttes de sueur perlent à mon front! Tintin est un monument. Bien sûr qu'il est culte mais pour des raisons qui diffèrent selon le posteur. Dit comme ça, cela ne veut rien dire et pourtant! Le lecteur de Tintin pourrait à mon sens se distinguer en deux catégories principales, ne vous fâchez pas! Les premiers: Ceux qui, comme ils le disent, ont appris à lire avec lui, ceux qui sont nés et ont eu la possibilité de lire les albums au moment de leur sortie ou du moins de n'être pas trop vieux pour les découvrir dans leur presque époque. Ceux là resteront à jamais des inconditionnels et Messieurs Dames, oh combien je vous comprends. Soyons clair, vous découvriez la BD : des cases savamment ordonnées, des personnages sympathiques et rigolos et de l'aventure. Un auteur vous emmenait au pays des Soviets, en Amérique, au Congo et même sur la Lune. J'avoue que comme diraient des jeunes d'aujourd'hui dont je ne suis plus: "Ca déchirais grave". Les seconds: Ils ont découvert Tintin à une époque ou la plupart des albums historiques, indispensables, étaient déjà parus. Leur sens critique, et n'y voyez rien de désobligeant de ma part, n'était plus le même que le vôtre. Le monde avait évolué, l'histoire du monde avait changé et quelques événements majeurs avaient eu lieu. Alors oui, Tintin est culte car il a apporté à la BD un souffle, une dimension que l'on n'avait jamais vu auparavant. Il n'a rien renouvelé, il à crée un style dont on sait qu'il à fait quelques émules. Avouons objectivement qu'il y a des albums moins bons que d'autres, que l'humour n'est pas la qualité première de notre héros et j'en passe point n'est besoin de trop insister sur tout ça. Juste un petit point concernant un commentaire précédent qui nous dit concernant "Tintin au Congo", que le racisme de Hergé est parfaitement excusable car il vivait " à son époque". Spécieux l'argument! je vous laisse mouliner du neurone. Au final, ben j'ai pris du plaisir à lire Tintin , mais comme dit plus haut pas tout. Aujourd'hui, vraiment à l'occasion je relis : les mêmes. Pis bon rien à voir, mais comme il y a eu la guerre des Stones Vs les Beatles, je préfère Astérix. Merci Tintin!
Darwin's Game
Excellent manga qui reprend la vie d'un jeune garçon tout à fait normal et innocent obligé de tuer pour pouvoir survivre à cause du jeu qu'il a téléchargé sur son téléphone. De nombreux mystères tourneront autour de l'organisation de ce jeu et de certains détails durant les meurtres qui paraissent impossibles. Ce manga de Yuki Takahata ressemble énormément à King's Game, une autre série déjà terminée, car elle reprend de nombreux concepts comme par exemple l'utilisation du portable. Et si vous avez aimé ou même que vous adorez King's Game vous ne devez pas passer à côté de cette nouvelle série. C'est pourquoi je vous conseille ce manga ou cette future série.
Mars !
J'ai tout simplement adoré. J'ai toujours été assez admiratif de ces auteurs qui arrivent à raconter une histoire complète au travers de strips de trois cases qui possèdent chacun leur propre chute. Et dans ce genre difficile, cet album est sans doute le meilleur que j'aie jamais lu. J'aime beaucoup aussi le dessin tout en rondeur de Fabrice Erre. Un must.
Le Loup des Mers
Nous ne parlons pas ici de l'oeuvre de London, mais bien de la magistrale adaptation qu'en fait Riff Reb's. Que dire qui n'est déjà été dit? Par son trait, Riff Reb's a su saisir toute la puissance du roman et surtout de son personnage principal. Puissance physique mais aussi intellectuelle car c'est bien là, entre autres, que réside la force de Loup Larsen. Il a appris à "jouer" avec ses hommes et le pauvre van Weyden, pas si pauvre que cela d'ailleurs car en lui c'est aussi toute la lâcheté, la veulerie de l'homme qui nous est présentée. Non Loup Larsen n'est pas qu'une brute épaisse voire sadique, il a lu des romans, il connait les philosophes, ses avis sont éclairés sur l'état du monde et de la société de son temps. De ces deux personnages j'avoue ne pas faire de choix pour savoir qui est le bon, qui est le méchant, d'ailleurs y a-t-il à choisir, Larsen et van Weyden sont sans doute les deux faces d'une même pièce. Par son dessin Riff Reb's magnifie cette histoire, il peint la mer calme ou déchaînée en fonction de l'ambiance à bord du Fantôme. C'est sans afféterie qu'il dessine également ses marins en ne tombant pas dans la classique trogne de vieux loup de mer. Comme avec son précédent ouvrage, l'auteur hisse ces deux romans classiques d'aventure, A bord de l'Etoile Matutine et "Le loup des mers", à des hauteurs qui en font des classiques, mais maintenant de la BD. Indispensable.
A bord de l'Etoile Matutine
Et voilà, on avise, on avise et on en oublie l'essentiel, car oui cette BD est pour moi essentielle. Elle fait partie de mon top 10. Que d'images elle suggère, voilà un récit qui fait voyager. Je vous l'accorde la compagnie n'est pas des plus raffinée, mais quel destin, quelles histoires individuelles. On est assez loin des histoires habituelles où de beaux pirates abordent les navires anglais, ici le quotidien de ces marins nous est décrit sans fard, il nous montre des hommes qui boivent, qui s'ennuient. Un quotidien finalement assez routinier entrecoupé de quelques épisodes marquants mais au bout du compte assez vain. Vers où vont ces hommes? Une hypothétique fortune, l'envie un jour de poser leurs sacs. Dans cette histoire au travers des différentes péripéties, on voit bien que ce qui compte en réalité c'est de naviguer, d'être sur la mer, après le reste importe peu. Le très grand talent de Riff Reb's et avant lui de P. Mac Orlan c'est de nous montrer que ces pirates, ces forbans sont avant tout des hommes, placés certes dans un contexte particulier, et que les actions qu'ils mènent ne sont qu'une fuite en avant. On peut à leur sujet parler de panache mais ce serait oublier la cruauté et le manque de pitié dont ils font preuve. Au talent du conteur vient s'ajouter celui du dessinateur. Quelles planches, mais quelles planches! Peut être parce que je fait du bateau, mais ça parle! (je n'ai pas encore attaqué d'autres voiliers). Case principale de la page 25 et bien d'autres! Tout cela a un grand pouvoir d'évocation. Et puis n'oublions pas ces trognes, les gens sont normaux! Oui alors pour un texte magnifique, intelligemment mis en valeur et pour un dessin et des couleurs juste parfait, je cultissime cet ouvrage. *Je le possède en deux exemplaires, donc un que je prête et je n'ai que de bon retours
Broussaille
Bon, les trois premiers "Broussaille" sont des chefs-d'œuvre absolus. Je me souviens encore de mon émerveillement à la lecture des Baleines publiques ; je n'avais rien lu de pareil, tout en ayant l'impression que j'avais toujours connu ce personnage et sa drôle de façon de voir la vie (qui le lui rendra bien!). Il y a une grâce toute particulière dans les albums scénarisés par Bom, un équilibre. Après, je trouve que ça tourne à vide, c'est forcé. Mais ce n'est pas grave, Brou continue à chaque relecture à m'embarquer dans sa réalité magique. Merci Frank !
La Nef des fous
Allz hop, n'ayons pas peur et mettons cette série au pinacle. Vraiment tout est bien, une histoire qui tient la route et arrive à nous dire des choses profondes sur le pouvoir et les rapports humains. Sous des dehors où le comique est présent mais d'une grande subtilité, Turf assène quelques vérités bien senties. Bien sûr la poésie est présente tout du long de ces tomes et elle s'exprime aussi bien par les situations que le dessin. Cette série est tout bonnement grandiose voire magique (Azimut me semble être dans la même veine). Lisez et faite connaitre.