"Les naufragés du temps" est vraiment ma série SF préférée.
Le dessin de Gillon est vraiment génial, les courbes féminines sont les plus réussies que je connaisse, on voit bien le dessinateur qui a appris la BD sans couleur, simplement en jouant entre les contrastes de traits noirs sur blanc. Selon les éditions et numéro la série a été colorisée et permet de décrire un univers SF d'une richesse absolue. Cette série porte en elle toute l'histoire de la technique BD.
L'histoire sur l'ensemble de toute la série est un peu chaotique, dans un multivers d'une imagination incroyable, pour ma part certaines idées m'ont fait rêver.
Cette collection les Reines de sang semble être amenée dans les années à venir à devenir une référence en matière de BD historique, car tout y est soigné et précis ; l'attente fut longue pour Aliénor, la légende noire, mais ça valait le détour, et ici, enfin le tome 2 arrive et ne me déçoit pas.
Pour avoir été bercé très jeune par la diffusion à la télé du feuilleton les Rois Maudits (l'original de 1972 pas le remake incolore de 2005) et la lecture du roman de Maurice Druon dont il était adapté, j'ai sans doute approfondi ma passion du Moyen Age et surtout de ses turpitudes politico-sentimentalo-sanglantes, spécialement celles de cette période de fin XIIIème siècle-début XIVème, avec le règne du "roi de fer" Philippe le Bel, les déboires territoriaux de Robert d'Artois avec sa catin de tante Mahaut, le scandale des brus du roi et de la Tour de Nesle, le règne du chétif Louis le Hutin, et les débuts de la guerre de Cent Ans. Et Isabelle dans tout ça qui fait son trou à force d'intrigues de palais et de poigne de fer, jouant un rôle bien plus ferme et masculin que son piètre époux Edouard II, elle reste même imperturbable devant les supplices des personnes qui lui ont nui, savourant sa vengeance et affichant un caractère fort hérité de son père.
Je ne pouvais donc que m'émerveiller à la lecture de ce tome 1 qui reprend la trame historique et l'intrigue développée par les Rois Maudits ; les événements sont riches, il y a matière à traiter une histoire forte, et quand le dessin est à la hauteur de l'histoire, que demander de plus ? Calderon fait preuve d'une très grande maîtrise graphique, son dessin est somptueux, décors et costumes très fidèles, malgré quelques raccourcis narratifs et la vision bien soft du supplice des frères d'Aunay (qui dans une Bd plus mordante, aurait sans doute été beaucoup plus crue, car ce supplice fut dans la réalité d'une atrocité sans nom). De même que le portrait d'Edouard II est ici plus viril et bien trop flatteur ; ce ne fut pas un grand roi, peu doué en politique comme le fut son père Edouard Ier, il n'a fait qu'affaiblir le royaume, d'où sa fin piteuse.
Le tome 2 est certainement encore plus réussi, le dosage entre scènes de bataille et scènes de palais est bien dosé, on s'aperçoit que la politique est toujours au coeur des problèmes, et surtout tous les faits sont exacts, les scénaristes ne faisant que suivre le cours de l'Histoire et l'intrigue des "Rois Maudits". Il n'y a qu'un détail qui n'est pas forcément vrai, c'est la cause de la guerre de Cent Ans (qui éclate à la fin du tome), beaucoup d'auteurs de BD se laissent emporter par la thèse non officielle qui est l'ambition d'Edouard III à réclamer la couronne de France grâce à son lignage (héritier direct par sa mère Isabelle) ; en fait, c'est un prétexte, la vraie raison étant de récupérer la Guyenne pour ne plus avoir à rendre l'hommage simple au roi de France, cette position de vassal étant perçue comme humiliante.
Graphiquement, Calderon se surpasse, c'est toujours aussi beau ; lorsque je l'ai rencontré en dédicace sur Les Voies du Seigneur, il m'a avoué adorer cette période moyenâgeuse, et ça se sent quand on voit la justesse des costumes, des armures (sauf certaines épées qui sont plutôt XVème siècle) et la précision sur les pierres des édifices et des salles de châteaux, ou les éléments de décor. Là encore, comme pour le supplice des frères d'Aunay, celui d'Edouard II est montré sobrement, je m'y attendais, car il est trop horrible ; le supplice de Despenser est également à peine montré. Je trouve que Calderon réussit mieux ses visages tels ceux d'Isabelle, de Mortimer, d'Edouard III ou Robert d'Artois...
En tout cas, c'est passionnant, magnifique et bien conté sans ennui car ça ne vise pas qu'un public d'initiés ou de médiévistes, c'est de la grande Histoire et ça donne envie de s'y intéresser. Un splendide diptyque qui mérite les 5 étoiles.
Une sacrée histoire que celle de Paul Grappe ! Curieusement, ce n’est qu’en refermant la dernière page que j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une histoire vraie. Et pourtant je ne doute pas qu’un scénariste brillant ait pu concevoir un récit aussi incroyable, aussi dérangeant, aussi fascinant. Un gros pavé dans la mare fétide des opposants au mariage gay et autres paranoïaques redoutant un enseignement du plus « mauvais genre »… Et quand je dis « gros pavé », surtout ne pas se méprendre ! Car si pavé il y a, celui-ci est tout en finesse, servi par un joli dessin au pastel à dominante gris sépia parsemé de touches de rouge, pour évoquer d’une part le sang de la boucherie 14-18 et d’autre part la relation passionnelle et tumultueuse entre Louise et Paul ou encore la séduction un brin provocante. Au niveau du trait, on est presque plus dans l’esquisse, le but étant de faire ressortir les ambiances, les attitudes et les expressions des personnages, ce que Chloé Cruchaudet réussit avec énormément de talent. C’est vraiment très très beau à regarder et on se dit que les contours des cases auraient été superflus dans une histoire sur la relativité du genre…
Par ailleurs inspirée d’un roman, cette BD nous fait vivre la transformation physique et morale d’un homme qui au départ se travestissait uniquement pour sortir de la clandestinité. Un rien macho au départ, Paul va peu à peu découvrir sa part de féminité qu’il finira par assumer totalement et mettre en valeur en devenant la star des soirées olé-olé du Bois de Boulogne. Du coup, on se dit que ce n’est peut-être pas tout à fait par hasard si on disait de ces années qu’elles étaient « folles »… L’humour n’est pas absent et vient judicieusement contrebalancer la dureté de certaines scènes évoquant la Grande guerre au début de l’album, une guerre où par chance Paul n’aura (délibérément) laissé qu’un doigt pour éviter d’y laisser le reste.
Il va sans dire que « Mauvais Genre » est un énorme coup de cœur pour moi, et incontestablement une des meilleures productions de l’année 2013.
Planète est à mon plus qu'humble avis une des oeuvres de SF marquante de ce siècle!
Bien que je doute d'actes terroristes en ligne dans des installations spatiales, ceux dans l'espace sont bien réels. Ce manga est un recueil de tout ce que l'espace nous offre en poésie, humilité et émerveillement qu'un astronaute peut vivre. L'extraterrestre de reticulus résume bien toute la signification de l'exploration et son but premier ; venir voir ! Ce passage est d'une sérénité et d'une beauté plus que métaphysique. Et ce capitaine qui tient à écrire un discours digne de la mission au point d'en devenir dingue, jouissif! C'est très profond et fait paraître le film Gravity plutôt vide.
Urban Comics conclut la publication de cette série en beauté.
Cet arc est considéré par beaucoup comme le meilleur de l’univers « Avant Watchmen », j’ai donc entamé ma lecture fébrilement… et le début m’a vraiment fait peur. J’ai trouvé le premier épisode rébarbatif au possible, avec ces discussions obscures autour de la physique quantique qui me sont complètement passées au-dessus de la tête. Et puis les dernières planches proposent un retournement de situation intriguant qui lance vraiment l’intrigue de cette mini-série.
L’histoire accomplit parfaitement son rôle de prequel. Elle est intéressante et prenante, tout en nous faisant découvrir des bribes de la jeunesse du personnage. Elle s’intègre aussi habilement à l’histoire originale grâce à un dénouement extrêmement bien vu qui parvient à se juxtaposer au dénouement original, à nous en apprendre plus sur la fameuse machination sans trahir le travail d’Alan Moore.
La mise en images d’Adam Hughes contribue d’ailleurs largement à ces prouesses narratives, avec des trouvailles graphiques ingénieuses et un découpage impeccable. Les planches sont belles, ce qui ne gâche rien.
Une réussite sur tous les points !
Une atmosphère crade & poisseuse, des personnage plongés dans une spirale infernale (sans jeu de mot).
En matière de BD, rares sont celles qui donnent la nausée. C'est le cas de Spirale. Cette petite ville coupée du monde où des événement viennent troubler le quotidien de ville.
Le seul bémol que j'ai trouvé à ce récit, c'est qu'il n'y a ni policiers ni enquêteurs qui sont dépêchés pour enquêter sur les premiers cas surnaturels ce qui à mon sens aurait donné plus de crédibilité au récit.
Sur le plan graphique, ça ressemble au style de Kentaro Miura, l'auteur de Berserk.
Voilà une œuvre à ne pas laisser entre toutes les mains. Sans en faire de trop, on nous présente malgré tout la réalité des enfants soldats, sans concession. Les meurtres de leurs propres familles qui déshumanisent les enfants, les rapts dans les villages, la manipulation de ces mêmes enfants ; leurs faisant croire qu’ils combattent pour la liberté puis leurs promettant richesses et pouvoir. L’itinéraire de ses deux frères, dont l’un est tout simplement vendu aux rebelles nous permet de comprendre faute d’excuser les exactions et les massacres perpétrés par des âmes qui sont encore en devenir. Sans vous en révéler plus ce one-shot aborde un sujet rarement exploré de la misère de ce monde avec réalisme et sensibilité.
Le dessin de Chris Alliel, bien que reconnaissable, semble basculer dans une autre dimension. Comme si il avait fallu plus de sérieux pour traiter le sujet sensible de Clément Baloup. Loin de SpyNest on découvre un trait plus sombre, des visages qui portent la douleur des épreuves et des environnements, soucieux du détail. Le Phocéen n’a pas manqué les quartiers troubles de sa ville qui offre un contraste marqué avec les forêts de l’Afrique.
Les passages entre mysticisme chamanique et réalité des villes nord-africaine rythment la lecture comme dans un état second. Ivre de la fumée et des drogues injectées dans les corps encore adolescents. Les scènes de viol, d’exécution sont ici retranscrits avec la pudeur nécessaire qui sert le scénario et nous permet de ne pas tomber dans le voyeurisme. Un exercice qui devrait ouvrir de nouveaux horizons à Chris qui n’en manquait pas.
Les couleurs de l’album de Sebastian Facio sont superbement bien inspirées. Je dois reconnaitre que je n’étais pas fan de la couverture en numérique, mais une fois en main celle-ci est hypnotique. Les aplats nous permettent de nous concentrer sur l’essentiel : les personnages.
Vous l’avez compris : un one-shot qui s’impose donc. Je me suis demandé tout au long de l’histoire comment celle-ci pouvait se conclure. Je vous défie de le deviner avant les dernières planches. Seul reproche, « la période française », un peu courte à mon goût.
Après le week-end à Rome, voici une nuit à Rome. A croire qu'on ne reste pas très longtemps à Rome malgré le fait que tous les chemins y mènent. Trêve de plaisanterie, passons aux choses sérieuses. Le comportement de deux protagonistes Raphael et Marie laisse franchement à désirer.
Cependant, on pourra s'embarquer aisément dans cette histoire d'amour qui ne sera peut-être pas à l'eau de rose. La conclusion s'avère quelque peu dramatique selon les premières pages d'introduction. Bref, on connaît la fin d'emblée.
Avoir 20 ans et s'amuser puis avoir 40 ans, ce n'est plus la même chose. La vie et les rencontres nous façonnent. Cependant, est-ce qu'au fond, on ne reste pas le même ? Cette nuit à Rome relève d'un pari fou mais qui est la réalisation d'une promesse éternelle. Une jolie bd qui ne doit pas tomber dans les mains de votre femme et épouse au risque de vous donner des idées.
Je rehausse la note à la suite de la lecture du second tome qui semble clore cette histoire. Un scénario simple mais une histoire prenante au travers du questionnement des principaux personnages qui sont attachants de réalisme. La rencontre de Marie et de Raphaël a enfin lieu et tout va s'enchaîner assez rapidement dans une nuit un peu folle comme on rêve d'en avoir.
En effet, derrière le choix d'une existence de famille paisible peut se cacher un véritable démon conduisant à la passion et donc une espèce de folie. J'ai franchement aimé cette histoire et je ne vois pas pourquoi cela mériterait moins de 4 étoiles. Bref, la fin est réellement brillante en comblant toutes mes attentes.
Maintenant, j’avoue ne pas comprendre le débat vis-à-vis de l’identification et de porter un jugement sur le comportement moralement douteux de celui qui cède à la tentation de l’amour de jeunesse. Si on devait faire la liste de toutes les bds où sévit un héros au comportement douteux, il faudrait par exemple descendre Le Tueur qui est pourtant une série culte (et à juste titre). En effet, celui qui approuve de tels actes aurait un sérieux problème. Et puis, n’entrons pas dans un débat s’il vaut mieux être un bobo parisien qu’une racaille des cités. Le propos ne se situe pas à ce niveau de caniveau. C’est un peu comme si on rejetait la musique du groupe Noir Désir parce que Cantat a commis un homicide sur sa compagne et poussant une autre à un acte désespéré. Visiblement, cela ne l’empêche pas de se produire et d’avoir le succès en raison de qualités musicales intrinsèques.
Non, une nuit à Rome est une magnifique bd qui prend un thème jusqu’ici pas exploité : est-ce que l’on peut oublier son premier amour ? Est-ce suffisant pour balayer ce que l’on a construit tout le long de la vie ? La démonstration qui est faite par l’auteur est magistrale.
Je ne vois pas ce qu'on peut demander de plus à une BD.
Le scénario de ce western est sur le mode tragique, sans rebondissements incessants, juste le drame et rien que lui, et tout à son service, dans un déroulement implacable. Contrairement à Shutter Island, où l'angoisse absurde mène le bal, et où, de mon point de vue, on n'a pas vraiment de prise, puisque la situation est totalement insensée, ici au contraire, chaque situation découle d'une précédente, qui n'a rien d'impossible, voire qui est défendable par chacune des parties. C'est aussi un drame qui met en jeu des inquiétudes intemporelles (la filiation, le mensonge, le pouvoir de l'argent...) ce qui lui donne une portée qui ne vieillira pas.
Ce scénario cohérent est servi par un dessin au crayon, extrêmement fin dans les visages, ce qui permet de ressentir très précisément les nuances de l'expression des personnages.(des expressions qui peuvent être le reflet de la pensée, ou au contraire un art de la dissimulation de celle-ci) Cette finesse en noir et blanc, associée à une certaine lenteur, remarquée par d'autres lecteurs, contribue à rappeler les films de John Ford. (évidement c'est plutôt une référence de vieillard, mais qu'à cela ne tienne...) Les décors sont, eux, traité avec une certaine rugosité, des hachures grossières au crayon gras, des trames en surimpression, et un fond doux, façon papier jauni. Les traces de rouge n'apportent rien mais elle ne nuisent pas non plus à la force de l'assemblage.
J'insiste encore sur la précision des expressions, leur beauté tragique mais aussi leur duplicité ou leur candeur (tout le contraire de Servitudes, par exemple, aussi en noir et blanc, mais avec des statues de sels à la place des personnages) C'est vraiment un bijou de compréhension de "l'âme humaine". C'est peut-être un cliché, mais le cliché, c'est ce qui nous est commun.
La vision de Bacchus est tout simplement un chef d’œuvre à mon sens. Nous sommes justement dans le milieu de la Renaissance italienne avec les tableaux des plus grands maîtres de l’époque (Antonello de Messine, Giorgione, Bellini…). Nous avons un peintre qui se meurt de la peste et qui souhaitait réaliser l’œuvre de sa vie en incarnant la grâce absolue. Il s’agissait de rendre vivant le personnage du tableau à savoir une jeune belle femme dont la nudité évoque le désir charnel. Plus que de l’art, de la passion !
C’est la seconde œuvre de ce jeune auteur qui semble avoir beaucoup de talent. Il nous dépeint une Venise faite de rivalités entre les peintres tels que nous ne l’avons jamais connu. Bref, il apporte un regard plus qu’intéressant. Il y a tout un travail de recherches minutieuses quant aux différents tableaux qui seront évoqués. Cela sera un portrait sans concession qui sera fait. L’envers du décor sera fait de petites tricheries en tout genre comme l’utilisation des miroirs. Il s’agit d’éblouir les mécènes.
J’ai littéralement adoré cette bd. Les dialogues sont parfaitement ciselés. Les cadrages soulignent la beauté des arts dans une ambiance de la Sérénissime presque authentique. Le jeu d’ombres et de lumière atteint un paroxysme presque inégalé dans le processus de création (différentiel entre les toiles en train de se peindre et les toiles achevées). Que dire également de l’intrigue qu’on ne lâchera pas jusqu’à la toute dernière image?
Au final, nous avons droit à une brillante évocation biographique d’un des peintres majeurs de la Renaissance. Bref, une vision de Bacchus qui ne manquera pas de nous enivrer pour de bon.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.25/5
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Les Naufragés du temps
"Les naufragés du temps" est vraiment ma série SF préférée. Le dessin de Gillon est vraiment génial, les courbes féminines sont les plus réussies que je connaisse, on voit bien le dessinateur qui a appris la BD sans couleur, simplement en jouant entre les contrastes de traits noirs sur blanc. Selon les éditions et numéro la série a été colorisée et permet de décrire un univers SF d'une richesse absolue. Cette série porte en elle toute l'histoire de la technique BD. L'histoire sur l'ensemble de toute la série est un peu chaotique, dans un multivers d'une imagination incroyable, pour ma part certaines idées m'ont fait rêver.
Isabelle - La Louve de France
Cette collection les Reines de sang semble être amenée dans les années à venir à devenir une référence en matière de BD historique, car tout y est soigné et précis ; l'attente fut longue pour Aliénor, la légende noire, mais ça valait le détour, et ici, enfin le tome 2 arrive et ne me déçoit pas. Pour avoir été bercé très jeune par la diffusion à la télé du feuilleton les Rois Maudits (l'original de 1972 pas le remake incolore de 2005) et la lecture du roman de Maurice Druon dont il était adapté, j'ai sans doute approfondi ma passion du Moyen Age et surtout de ses turpitudes politico-sentimentalo-sanglantes, spécialement celles de cette période de fin XIIIème siècle-début XIVème, avec le règne du "roi de fer" Philippe le Bel, les déboires territoriaux de Robert d'Artois avec sa catin de tante Mahaut, le scandale des brus du roi et de la Tour de Nesle, le règne du chétif Louis le Hutin, et les débuts de la guerre de Cent Ans. Et Isabelle dans tout ça qui fait son trou à force d'intrigues de palais et de poigne de fer, jouant un rôle bien plus ferme et masculin que son piètre époux Edouard II, elle reste même imperturbable devant les supplices des personnes qui lui ont nui, savourant sa vengeance et affichant un caractère fort hérité de son père. Je ne pouvais donc que m'émerveiller à la lecture de ce tome 1 qui reprend la trame historique et l'intrigue développée par les Rois Maudits ; les événements sont riches, il y a matière à traiter une histoire forte, et quand le dessin est à la hauteur de l'histoire, que demander de plus ? Calderon fait preuve d'une très grande maîtrise graphique, son dessin est somptueux, décors et costumes très fidèles, malgré quelques raccourcis narratifs et la vision bien soft du supplice des frères d'Aunay (qui dans une Bd plus mordante, aurait sans doute été beaucoup plus crue, car ce supplice fut dans la réalité d'une atrocité sans nom). De même que le portrait d'Edouard II est ici plus viril et bien trop flatteur ; ce ne fut pas un grand roi, peu doué en politique comme le fut son père Edouard Ier, il n'a fait qu'affaiblir le royaume, d'où sa fin piteuse. Le tome 2 est certainement encore plus réussi, le dosage entre scènes de bataille et scènes de palais est bien dosé, on s'aperçoit que la politique est toujours au coeur des problèmes, et surtout tous les faits sont exacts, les scénaristes ne faisant que suivre le cours de l'Histoire et l'intrigue des "Rois Maudits". Il n'y a qu'un détail qui n'est pas forcément vrai, c'est la cause de la guerre de Cent Ans (qui éclate à la fin du tome), beaucoup d'auteurs de BD se laissent emporter par la thèse non officielle qui est l'ambition d'Edouard III à réclamer la couronne de France grâce à son lignage (héritier direct par sa mère Isabelle) ; en fait, c'est un prétexte, la vraie raison étant de récupérer la Guyenne pour ne plus avoir à rendre l'hommage simple au roi de France, cette position de vassal étant perçue comme humiliante. Graphiquement, Calderon se surpasse, c'est toujours aussi beau ; lorsque je l'ai rencontré en dédicace sur Les Voies du Seigneur, il m'a avoué adorer cette période moyenâgeuse, et ça se sent quand on voit la justesse des costumes, des armures (sauf certaines épées qui sont plutôt XVème siècle) et la précision sur les pierres des édifices et des salles de châteaux, ou les éléments de décor. Là encore, comme pour le supplice des frères d'Aunay, celui d'Edouard II est montré sobrement, je m'y attendais, car il est trop horrible ; le supplice de Despenser est également à peine montré. Je trouve que Calderon réussit mieux ses visages tels ceux d'Isabelle, de Mortimer, d'Edouard III ou Robert d'Artois... En tout cas, c'est passionnant, magnifique et bien conté sans ennui car ça ne vise pas qu'un public d'initiés ou de médiévistes, c'est de la grande Histoire et ça donne envie de s'y intéresser. Un splendide diptyque qui mérite les 5 étoiles.
Mauvais genre
Une sacrée histoire que celle de Paul Grappe ! Curieusement, ce n’est qu’en refermant la dernière page que j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une histoire vraie. Et pourtant je ne doute pas qu’un scénariste brillant ait pu concevoir un récit aussi incroyable, aussi dérangeant, aussi fascinant. Un gros pavé dans la mare fétide des opposants au mariage gay et autres paranoïaques redoutant un enseignement du plus « mauvais genre »… Et quand je dis « gros pavé », surtout ne pas se méprendre ! Car si pavé il y a, celui-ci est tout en finesse, servi par un joli dessin au pastel à dominante gris sépia parsemé de touches de rouge, pour évoquer d’une part le sang de la boucherie 14-18 et d’autre part la relation passionnelle et tumultueuse entre Louise et Paul ou encore la séduction un brin provocante. Au niveau du trait, on est presque plus dans l’esquisse, le but étant de faire ressortir les ambiances, les attitudes et les expressions des personnages, ce que Chloé Cruchaudet réussit avec énormément de talent. C’est vraiment très très beau à regarder et on se dit que les contours des cases auraient été superflus dans une histoire sur la relativité du genre… Par ailleurs inspirée d’un roman, cette BD nous fait vivre la transformation physique et morale d’un homme qui au départ se travestissait uniquement pour sortir de la clandestinité. Un rien macho au départ, Paul va peu à peu découvrir sa part de féminité qu’il finira par assumer totalement et mettre en valeur en devenant la star des soirées olé-olé du Bois de Boulogne. Du coup, on se dit que ce n’est peut-être pas tout à fait par hasard si on disait de ces années qu’elles étaient « folles »… L’humour n’est pas absent et vient judicieusement contrebalancer la dureté de certaines scènes évoquant la Grande guerre au début de l’album, une guerre où par chance Paul n’aura (délibérément) laissé qu’un doigt pour éviter d’y laisser le reste. Il va sans dire que « Mauvais Genre » est un énorme coup de cœur pour moi, et incontestablement une des meilleures productions de l’année 2013.
Planètes
Planète est à mon plus qu'humble avis une des oeuvres de SF marquante de ce siècle! Bien que je doute d'actes terroristes en ligne dans des installations spatiales, ceux dans l'espace sont bien réels. Ce manga est un recueil de tout ce que l'espace nous offre en poésie, humilité et émerveillement qu'un astronaute peut vivre. L'extraterrestre de reticulus résume bien toute la signification de l'exploration et son but premier ; venir voir ! Ce passage est d'une sérénité et d'une beauté plus que métaphysique. Et ce capitaine qui tient à écrire un discours digne de la mission au point d'en devenir dingue, jouissif! C'est très profond et fait paraître le film Gravity plutôt vide.
Before Watchmen - Dr Manhattan
Urban Comics conclut la publication de cette série en beauté. Cet arc est considéré par beaucoup comme le meilleur de l’univers « Avant Watchmen », j’ai donc entamé ma lecture fébrilement… et le début m’a vraiment fait peur. J’ai trouvé le premier épisode rébarbatif au possible, avec ces discussions obscures autour de la physique quantique qui me sont complètement passées au-dessus de la tête. Et puis les dernières planches proposent un retournement de situation intriguant qui lance vraiment l’intrigue de cette mini-série. L’histoire accomplit parfaitement son rôle de prequel. Elle est intéressante et prenante, tout en nous faisant découvrir des bribes de la jeunesse du personnage. Elle s’intègre aussi habilement à l’histoire originale grâce à un dénouement extrêmement bien vu qui parvient à se juxtaposer au dénouement original, à nous en apprendre plus sur la fameuse machination sans trahir le travail d’Alan Moore. La mise en images d’Adam Hughes contribue d’ailleurs largement à ces prouesses narratives, avec des trouvailles graphiques ingénieuses et un découpage impeccable. Les planches sont belles, ce qui ne gâche rien. Une réussite sur tous les points !
Spirale
Une atmosphère crade & poisseuse, des personnage plongés dans une spirale infernale (sans jeu de mot). En matière de BD, rares sont celles qui donnent la nausée. C'est le cas de Spirale. Cette petite ville coupée du monde où des événement viennent troubler le quotidien de ville. Le seul bémol que j'ai trouvé à ce récit, c'est qu'il n'y a ni policiers ni enquêteurs qui sont dépêchés pour enquêter sur les premiers cas surnaturels ce qui à mon sens aurait donné plus de crédibilité au récit. Sur le plan graphique, ça ressemble au style de Kentaro Miura, l'auteur de Berserk.
Le Ventre de la Hyène
Voilà une œuvre à ne pas laisser entre toutes les mains. Sans en faire de trop, on nous présente malgré tout la réalité des enfants soldats, sans concession. Les meurtres de leurs propres familles qui déshumanisent les enfants, les rapts dans les villages, la manipulation de ces mêmes enfants ; leurs faisant croire qu’ils combattent pour la liberté puis leurs promettant richesses et pouvoir. L’itinéraire de ses deux frères, dont l’un est tout simplement vendu aux rebelles nous permet de comprendre faute d’excuser les exactions et les massacres perpétrés par des âmes qui sont encore en devenir. Sans vous en révéler plus ce one-shot aborde un sujet rarement exploré de la misère de ce monde avec réalisme et sensibilité. Le dessin de Chris Alliel, bien que reconnaissable, semble basculer dans une autre dimension. Comme si il avait fallu plus de sérieux pour traiter le sujet sensible de Clément Baloup. Loin de SpyNest on découvre un trait plus sombre, des visages qui portent la douleur des épreuves et des environnements, soucieux du détail. Le Phocéen n’a pas manqué les quartiers troubles de sa ville qui offre un contraste marqué avec les forêts de l’Afrique. Les passages entre mysticisme chamanique et réalité des villes nord-africaine rythment la lecture comme dans un état second. Ivre de la fumée et des drogues injectées dans les corps encore adolescents. Les scènes de viol, d’exécution sont ici retranscrits avec la pudeur nécessaire qui sert le scénario et nous permet de ne pas tomber dans le voyeurisme. Un exercice qui devrait ouvrir de nouveaux horizons à Chris qui n’en manquait pas. Les couleurs de l’album de Sebastian Facio sont superbement bien inspirées. Je dois reconnaitre que je n’étais pas fan de la couverture en numérique, mais une fois en main celle-ci est hypnotique. Les aplats nous permettent de nous concentrer sur l’essentiel : les personnages. Vous l’avez compris : un one-shot qui s’impose donc. Je me suis demandé tout au long de l’histoire comment celle-ci pouvait se conclure. Je vous défie de le deviner avant les dernières planches. Seul reproche, « la période française », un peu courte à mon goût.
Une nuit à Rome
Après le week-end à Rome, voici une nuit à Rome. A croire qu'on ne reste pas très longtemps à Rome malgré le fait que tous les chemins y mènent. Trêve de plaisanterie, passons aux choses sérieuses. Le comportement de deux protagonistes Raphael et Marie laisse franchement à désirer. Cependant, on pourra s'embarquer aisément dans cette histoire d'amour qui ne sera peut-être pas à l'eau de rose. La conclusion s'avère quelque peu dramatique selon les premières pages d'introduction. Bref, on connaît la fin d'emblée. Avoir 20 ans et s'amuser puis avoir 40 ans, ce n'est plus la même chose. La vie et les rencontres nous façonnent. Cependant, est-ce qu'au fond, on ne reste pas le même ? Cette nuit à Rome relève d'un pari fou mais qui est la réalisation d'une promesse éternelle. Une jolie bd qui ne doit pas tomber dans les mains de votre femme et épouse au risque de vous donner des idées. Je rehausse la note à la suite de la lecture du second tome qui semble clore cette histoire. Un scénario simple mais une histoire prenante au travers du questionnement des principaux personnages qui sont attachants de réalisme. La rencontre de Marie et de Raphaël a enfin lieu et tout va s'enchaîner assez rapidement dans une nuit un peu folle comme on rêve d'en avoir. En effet, derrière le choix d'une existence de famille paisible peut se cacher un véritable démon conduisant à la passion et donc une espèce de folie. J'ai franchement aimé cette histoire et je ne vois pas pourquoi cela mériterait moins de 4 étoiles. Bref, la fin est réellement brillante en comblant toutes mes attentes. Maintenant, j’avoue ne pas comprendre le débat vis-à-vis de l’identification et de porter un jugement sur le comportement moralement douteux de celui qui cède à la tentation de l’amour de jeunesse. Si on devait faire la liste de toutes les bds où sévit un héros au comportement douteux, il faudrait par exemple descendre Le Tueur qui est pourtant une série culte (et à juste titre). En effet, celui qui approuve de tels actes aurait un sérieux problème. Et puis, n’entrons pas dans un débat s’il vaut mieux être un bobo parisien qu’une racaille des cités. Le propos ne se situe pas à ce niveau de caniveau. C’est un peu comme si on rejetait la musique du groupe Noir Désir parce que Cantat a commis un homicide sur sa compagne et poussant une autre à un acte désespéré. Visiblement, cela ne l’empêche pas de se produire et d’avoir le succès en raison de qualités musicales intrinsèques. Non, une nuit à Rome est une magnifique bd qui prend un thème jusqu’ici pas exploité : est-ce que l’on peut oublier son premier amour ? Est-ce suffisant pour balayer ce que l’on a construit tout le long de la vie ? La démonstration qui est faite par l’auteur est magistrale.
Rouge comme la neige
Je ne vois pas ce qu'on peut demander de plus à une BD. Le scénario de ce western est sur le mode tragique, sans rebondissements incessants, juste le drame et rien que lui, et tout à son service, dans un déroulement implacable. Contrairement à Shutter Island, où l'angoisse absurde mène le bal, et où, de mon point de vue, on n'a pas vraiment de prise, puisque la situation est totalement insensée, ici au contraire, chaque situation découle d'une précédente, qui n'a rien d'impossible, voire qui est défendable par chacune des parties. C'est aussi un drame qui met en jeu des inquiétudes intemporelles (la filiation, le mensonge, le pouvoir de l'argent...) ce qui lui donne une portée qui ne vieillira pas. Ce scénario cohérent est servi par un dessin au crayon, extrêmement fin dans les visages, ce qui permet de ressentir très précisément les nuances de l'expression des personnages.(des expressions qui peuvent être le reflet de la pensée, ou au contraire un art de la dissimulation de celle-ci) Cette finesse en noir et blanc, associée à une certaine lenteur, remarquée par d'autres lecteurs, contribue à rappeler les films de John Ford. (évidement c'est plutôt une référence de vieillard, mais qu'à cela ne tienne...) Les décors sont, eux, traité avec une certaine rugosité, des hachures grossières au crayon gras, des trames en surimpression, et un fond doux, façon papier jauni. Les traces de rouge n'apportent rien mais elle ne nuisent pas non plus à la force de l'assemblage. J'insiste encore sur la précision des expressions, leur beauté tragique mais aussi leur duplicité ou leur candeur (tout le contraire de Servitudes, par exemple, aussi en noir et blanc, mais avec des statues de sels à la place des personnages) C'est vraiment un bijou de compréhension de "l'âme humaine". C'est peut-être un cliché, mais le cliché, c'est ce qui nous est commun.
La Vision de Bacchus
La vision de Bacchus est tout simplement un chef d’œuvre à mon sens. Nous sommes justement dans le milieu de la Renaissance italienne avec les tableaux des plus grands maîtres de l’époque (Antonello de Messine, Giorgione, Bellini…). Nous avons un peintre qui se meurt de la peste et qui souhaitait réaliser l’œuvre de sa vie en incarnant la grâce absolue. Il s’agissait de rendre vivant le personnage du tableau à savoir une jeune belle femme dont la nudité évoque le désir charnel. Plus que de l’art, de la passion ! C’est la seconde œuvre de ce jeune auteur qui semble avoir beaucoup de talent. Il nous dépeint une Venise faite de rivalités entre les peintres tels que nous ne l’avons jamais connu. Bref, il apporte un regard plus qu’intéressant. Il y a tout un travail de recherches minutieuses quant aux différents tableaux qui seront évoqués. Cela sera un portrait sans concession qui sera fait. L’envers du décor sera fait de petites tricheries en tout genre comme l’utilisation des miroirs. Il s’agit d’éblouir les mécènes. J’ai littéralement adoré cette bd. Les dialogues sont parfaitement ciselés. Les cadrages soulignent la beauté des arts dans une ambiance de la Sérénissime presque authentique. Le jeu d’ombres et de lumière atteint un paroxysme presque inégalé dans le processus de création (différentiel entre les toiles en train de se peindre et les toiles achevées). Que dire également de l’intrigue qu’on ne lâchera pas jusqu’à la toute dernière image? Au final, nous avons droit à une brillante évocation biographique d’un des peintres majeurs de la Renaissance. Bref, une vision de Bacchus qui ne manquera pas de nous enivrer pour de bon. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.25/5