Mauvais genre

Note: 3.53/5
(3.53/5 pour 17 avis)

2014 : Prix ACBD. Angoulême 2014 : Prix du public Cultura Lauréat du Prix Landerneau de la BD 2013 L'histoire vraie d'un déserteur de la 1ere guerre mondiale devenue une femme pour ne plus être obligé de vivre caché.


1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Adaptations de romans en BD Angoulême : récapitulatif des séries primées Grands prix de la Critique ACBD La BD au féminin Mirages Paris Prix Landerneau Procès Travestissement

Paul et Louise s'aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l'enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d'identité, se travestir. Désormais il sera... Suzanne.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Septembre 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mauvais genre © Delcourt 2013
Les notes
Note: 3.53/5
(3.53/5 pour 17 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

23/09/2013 | pol
Modifier


L'avatar du posteur bamiléké

Il faut avouer que la couverture ne m'incitait pas à me ruer sur cette série. C'est un peu par hasard que j'ai lu cet album et je ne le regrette pas. J'ai été captivé par l'ambiance du livre dès les premières pages. Tout au long du récit l'excellente mise en scène de Chloé Cruchaudet m'a tenu dans le récit par les différentes péripéties du couple Paul (Suzy)/Louise. L'autrice nous propose une adaptation vraiment réussie d'une histoire très originale. Elle arrive avec succès à enchaîner des épisodes tendres, cocasses, dramatiques et imprévus. C'est aussi une réflexion assez originale sur le genre et la liberté des moeurs possibles dans les années 20. La mise en couleur est assez austère faite des gris pour l'ambiance générale et des éléments rouges pour le passionnel ou le tragique. Cruchaudet ne fait pas de compromis dans ses scènes de guerre ou ses scènes de sexe. Dans les deux cas point de voyeurisme mais une ambiance qui tombe juste. L'autrice nous conduit jusqu'à une fin assez inattendue bien pensée grâce à la construction du récit. Une très bonne surprise de lecture pour ce roman intime qui change de l'ordinaire.

14/11/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
L'avatar du posteur Benjie

Tout commence par un procès, celui de Paul Grappe… A l’époque, ce fait divers avait fait grand bruit. Mais reprenons les faits : un jeune couple est brusquement séparé par la Première Guerre mondiale qui vient d’éclater. Traumatisé par l’enfer des tranchés, Paul Grappe finit par se mutiler puis déserte. Vivre dans la clandestinité a ses limites. Pour pouvoir sortir, il devient Suzanne et s’habille en femme. Inspiré de La Garçonne et l’Assassin des historiens Fabrice Virgili et Danièle Voldman, le très bel album de Chloé Cruchaudet déroule tout en sensibilité cette histoire à la fois belle et tragique. La transformation de Paul en Suzanne est poignante, le désarroi de sa jeune épouse est émouvant, le plaisir grandissant de Paul est bouleversant. On sent que la transformation de Paul risque d’aller au-delà de la simple tenue vestimentaire… Quelle est la part du choc post traumatique dû à la violence de la guerre ? Quelle est la part de féminité profondément ancrée en Paul ? Le sujet est sérieux, le traitement, intelligent. On passe par toutes la gamme des émotions : amour, complicité, effroi, violence, trahison... Le découpage est réussi et porte l’histoire avec subtilité. Le dessin, tout en lavis, réinterprète les images du début du XXe siècle en en conservant l’esprit. Un vrai coup de cœur.

19/02/2021 (modifier)
Par gruizzli
Note: 3/5
L'avatar du posteur gruizzli

Ce que je retiens avant tout de ma lecture, c'est que la société de l'époque avait vraiment d'autres façons d'agir et de vivre. Et je ne dis pas ça par rapport à l'histoire du personnage principal, mais parce que j'en retiens surtout la condition des femmes, le travail harassant et l'alcool à gogo dans les ménages. Et je me rends compte que si c'est ce qui m'a le plus marqué, c'est peut-être aussi que l'histoire n'en a pas fait autant. C'est pour le moins une histoire étonnante qui est racontée, et je crois bien que c'est la première fois que j'ai entendu parler de personnes travesties pour échapper aux recherches. L'ambiance de début du XXème siècle, puis celle des années folles est bien retranscrite, et j'ai beaucoup aimé cette peinture de mœurs des petites gens. Cependant, le couple m'a moins intéressé. Les émotions qu'ils traversent sont très bien ressenties, notamment dans la première partie, mais j'ai trouvé la suite un peu plus faible. Les relations changent, les comportements aussi, et parfois il manque un peu pour rendre tout cela plus consistant. Il manque un peu de corps pour que je sois complètement investi dedans. Et c'est dommage, parce que c'est justement là-dessus que repose l'histoire selon moi. D'autre part la résurgence soudaine du traumatisme lié à la guerre m'a semblé un peu trop artificiel, alors qu'il avait été éclipsé depuis un bon moment. Le dessin est très agréable, bien que ce ne soit pas tout à fait mon style. Les visages sont très expressifs, autant que les postures, et les rares touches de couleurs ajoutent à l'ensemble. En fin de compte, je crois que c'est plus sur les personnalités et les relations que j'ai eu un peu de mal avec cette BD. Elle parle de beaucoup ce choses, et peut-être m'aurait-il fallu un peu plus pour rentrer dedans de façon certaine. Un peu plus de temps pour parler d'eux et de ce qu'ils ressentent. C'est dommage, surtout que l'histoire m'a surpris à défaut de m'intéresser complètement. Cela dit ça reste une histoire que je recommande à la lecture.

09/11/2019 (modifier)
Par Pierig
Note: 4/5
L'avatar du posteur Pierig

Que ne ferait-on pas pour échapper aux affres de la Grande Guerre : Se tirer une balle dans la main ou … se travestir en femme ! C’est ce qui arriva à Paul. Oui mais voilà, quand la guerre prend fin, Paul ne peut reprendre sa physionomie d’avant car les déserteurs ne sont pas encore amnistiés (il faudra attendre 10 ans pour cela). Et puis, Paul n’en a pas trop envie non plus, il y a pris goût et son personnage aux talons hauts lui permet de faire des rencontres qu’il n’aurait pu faire autrement. Finalement, la grande guerre n’est qu’un prétexte, un élément déclencheur, qui permet à Paul de se découvrir. Et c’est ce cheminement qui nous est conté de manière habile. Car, du personnage emblématique, je ne connaissais rien, et encore moins de son destin tragique. Et le récit se la joue finement en alternant bribes d’un procès et les avatars de Paul en robe. L’ambiguïté du personnage, déjà pressentie avec le titre, est perceptible tout au long du récit. Côté dessin, la touche féminine est bien présente avec un trait plein de grâce et de légèreté. La colorisation apporte une identité visuelle forte avec ces touches de rouge qui rappellent à la fois le sang versé dans les tranchées et la passion amoureuse. A lire !

29/02/2016 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue Boy

Une sacrée histoire que celle de Paul Grappe ! Curieusement, ce n’est qu’en refermant la dernière page que j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une histoire vraie. Et pourtant je ne doute pas qu’un scénariste brillant ait pu concevoir un récit aussi incroyable, aussi dérangeant, aussi fascinant. Un gros pavé dans la mare fétide des opposants au mariage gay et autres paranoïaques redoutant un enseignement du plus « mauvais genre »… Et quand je dis « gros pavé », surtout ne pas se méprendre ! Car si pavé il y a, celui-ci est tout en finesse, servi par un joli dessin au pastel à dominante gris sépia parsemé de touches de rouge, pour évoquer d’une part le sang de la boucherie 14-18 et d’autre part la relation passionnelle et tumultueuse entre Louise et Paul ou encore la séduction un brin provocante. Au niveau du trait, on est presque plus dans l’esquisse, le but étant de faire ressortir les ambiances, les attitudes et les expressions des personnages, ce que Chloé Cruchaudet réussit avec énormément de talent. C’est vraiment très très beau à regarder et on se dit que les contours des cases auraient été superflus dans une histoire sur la relativité du genre… Par ailleurs inspirée d’un roman, cette BD nous fait vivre la transformation physique et morale d’un homme qui au départ se travestissait uniquement pour sortir de la clandestinité. Un rien macho au départ, Paul va peu à peu découvrir sa part de féminité qu’il finira par assumer totalement et mettre en valeur en devenant la star des soirées olé-olé du Bois de Boulogne. Du coup, on se dit que ce n’est peut-être pas tout à fait par hasard si on disait de ces années qu’elles étaient « folles »… L’humour n’est pas absent et vient judicieusement contrebalancer la dureté de certaines scènes évoquant la Grande guerre au début de l’album, une guerre où par chance Paul n’aura (délibérément) laissé qu’un doigt pour éviter d’y laisser le reste. Il va sans dire que « Mauvais Genre » est un énorme coup de cœur pour moi, et incontestablement une des meilleures productions de l’année 2013.

25/06/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Cela semble s’inspirer d’une histoire vraie, qui pour le coup est assez incroyable, et je me demande pourquoi elle n’a pas déjà été adaptée au cinéma (il y a là matière à faire un bon scénario !) – à moins que cela n’ait déjà été fait… Un homme donc déserte pendant la grande guerre, pour fuir l’horreur et retrouver sa femme. Pour pouvoir sortir, il commence à se déguiser en femme, puis prend goût à ce travestissement, au point qu’une personnalité assez schizophrénique se développe, source de tension dans le couple. C’est plutôt bien écrit, et le dessin est assez original, avec quelques côtés Sempé je trouve, dans la manière de représenter les choses et les personnes en douceur, par petites touches. Il est question d’amour et de haine, d’acceptation des autres et de soi, de la différence et de l’indifférence, et c’est généralement bien vu. « Amusant », c'est-à-dire écœurant de voir le jugement de la « bonne société » - au tribunal – de ce qu’elle considère comme une déviance (l’homosexualité et plus généralement tout amour libre) alors même que les mêmes dirigeants viennent d’envoyer entre 1914 et 1918 des millions d’hommes s’entretuer ! Enfin, on ne peut s’empêcher de voir une résonnance des questions évoquées dans cet album dans certains événements et débats récents… Lecture et achat recommandés !

14/06/2014 (modifier)
Par Canarde
Note: 4/5
L'avatar du posteur Canarde

Cette bande dessinée m'a vraiment plu, avec des moments déconcertants et d'autre drôles, qui laissent un goût de poivre et de miel, une sorte de nostalgie devant cette expérience inattendue. Cette histoire d'un citoyen lambda qui part à la guerre la fleur au fusil et se rend compte sur le champ de bataille que c'est beaucoup trop pour lui, cela n'a rien d'original au début. Mais c'est déjà extrêmement réussi : les dessins des tranchées, dans une brume boueuse rendent présents le froid, l'humidité, l'inconfort, et surtout la PEUR. C'est drôle comme une femme a mieux réussi que tous les autres (nombreux) que j'ai lus sur le même thème. L'avant-guerre aussi et vraiment sympathique, avec des dialogues et des contrastes qui semblent sortir d'un film de Louis Jouvet. Là où ça devient virtuose c'est lorsqu'il se retrouve caché chez sa femme, et qu'il ne voit pas d'autre solution pour vivre vraiment, que de sortir habillé en femme. Comment il se prend au jeu, mène une vie d'ouvrière, séduit ses collègues, tant et si bien que sa femme en devient jalouse... et cela devient intenable, et au travail, et à la maison. Il se met donc à sortir la nuit, déambule, et... c'est l'étonnement, le parcours du garçon déguisé en femme prend un tour moins innocent, mais c'est montré d'une façon extrêmement délicate et drôle, on s'identifie tout-à-fait à lui, on le comprend, on le suit... Bravo vraiment pour cette finesse, cette tendresse au sourire en coin qui nous fait comprendre ce qui est loin de nous.

05/06/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

J’ai beaucoup apprécié le début du récit. La période d’avant-guerre, insouciante, durant laquelle l’humour prévaut. La période des tranchées en elle-même avec son horreur. Ce début m’a tellement bien accroché que j’ai lu tout l’album sur ma lancée. Puis vient la désertion et le quotidien, qui n’a rien d’ordinaire. Mais là, le charme a moins opéré. J’ai vraiment apprécié certains passages tandis que d’autres me semblaient inutiles, longs, limite chiants. Mon attention a alors eu tendance à jouer aux montagnes russes sans que je pense à abandonner ma lecture pour autant, mais en me disant à certains moments « vivement la fin ». Et puis vient un final que je n’avais pas senti venir, qui vient à nouveau titiller mon attention. Je termine donc cette lecture sur une bonne impression. Ma cote, elle, oscille entre le 3/5 et le 4/5. Plus que « pas mal » mais peut-être pas « franchement bien »… bien tout court, en somme et un achat que je ne déconseillerai certainement pas (sauf si vous êtes prude, car certains passages sont quand même gaiement olé olé).

23/04/2014 (modifier)
Par montane
Note: 4/5
L'avatar du posteur montane

Il est étonnant de voir comment à partir d'un même thème des auteurs peuvent nous proposer un traitement totalement différent. Le point de départ de l'histoire est un peu le même que celui du "Sursis" de Gibrat où une personne est contrainte de se cacher pour échapper à la guerre. Mais là où le héros de Gibrat décide de se cacher et de contempler l'histoire qui se joue sans lui, le personnage de Chloé Cruchaudet qui a fuit les tranchées ne supporte plus l'enfermement et décide de se travestir en femme pour regagner le monde extérieur. Peu à peu, il va prendre goût à sa nouvelle vie, et deviendra un des piliers des nuits animées du bois de Boulogne. Il verse progressivement dans l'homosexualité, dans la prostitution au point que sa vie de couple n'y résistera pas. Je vous laisse le soin de lire ce récit pour en découvrir la fin. J'avoue ne pas avoir toujours été très à l'aise avec certains passages de la nouvelle vie de cet ancien soldat, ni avec un certain vocabulaire un peu trop cru à mon goût. Chloé Cruchaudet tombe d'ailleurs dans un travers dont sont coutumiers certains cinéastes de films historiques, à savoir qu'ils utilisent un vocabulaire moderne dans la bouche de personnages qui évoluent à de lointaines époques ce qui nuit à la crédibilité du récit. Néanmoins, force est de constater que cette histoire est une vraie réussite, comme nous en proposent souvent les éditions Delcourt, avec de superbes planches dessinées dans des tons noir, gris et blanc, tout juste agrémentées du rouge de la couleur d'une robe ou d'un rouge à lèvre. Je conçois que cette histoire ne plaira sûrement pas à tout le monde, mais elle mérite le succès critique qui fut le sien à sa sortie tout comme sa place dans la sélection du dernier festival d'Angoulême.

19/04/2014 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

J'ai lu l'album parce que je trouvais le sujet intéressant : un type déserte et il se déguise en femme pour se cacher. Je pensais lire une histoire formidable, mais même si je trouve le récit bon, je n'ai pas réussi à le trouver passionnant. J'ai un peu de la difficulté à trouver le récit crédible même si c'est basé sur une histoire vraie (j'aimerai bien lire la vraie historie qui a inspiré cet album). L'homme se fait passer un peu trop facilement pour une femme et je me demande pourquoi il n'y a aucun militaire qui va voir sa femme après qu'il s'évade. En tout cas moi, j'aurais été vérifier si le déserteur se cache chez elle. Et puis la seconde partie est moins intéressante que la première et le personnage principal devient de plus en plus insupportable. Heureusement, les dernières pages sont très bonnes.

07/04/2014 (modifier)