Taiyou Matsumoto est un auteur avec un grand A.
J'ai hésité entre un "franchement bien" et un "culte", car je ne mets quasiment jamais de note "Culte!". Mais l'hésitation n'a pas été longue, je dirais 2 secondes et 2 brouettes. Des auteurs, des dessinateurs et des univers comme ça il y en a pas par ballots.
Lire Number 5 c'est entrer dans un univers, un dessin et partir assez loin, revenir, et voir qu'on est toujours très loin. Il y a une vraie forme de poésie dans cette oeuvre.
Je vous conseille cette bd si :
-vous aimez la bande-dessinée
-vous aimez la vie et les fleurs
-vous aimez Moebius
Sans même parler du contexte dans lequel le livre a été écrit et de ce qu'il représente dans la BD latine, je recommande à tout amateur de S-F l'achat de cette BD (pour un public adulte et aguerri néanmoins).
Le dessin noir et blanc est magnifique, le rythme convient parfaitement à l'intrigue et les dialogues excellents. Ça démarre en huis clos psychologique pour partir sur une aventure mythique, avec des nouveaux protagonistes qui amènent tous quelque chose (non-humains inclus).
Si il devait y avoir une attaque d'extraterrestres , c'est comme ça que je me la suis toujours imaginé enfant (surtout si vous avez joué à des jeux comme XCOM: UFO quand vous étiez jeune).
Un must à avoir dans sa collection S-F!
Il s'agit d'une vraie tranche de vie pendant la deuxième guerre mondiale, dans un univers isolé; les iles Chausey. L'histoire est une vraie polémique sur le choix d'une communauté coupée du monde entre courage et lâcheté. Le tout est traité avec une narration sobre et efficace du meilleur effet. Les dessins sont contemplatifs, peu de couleurs, mais ils font ressentir la vie des pêcheurs de l'île, et la beauté de l'endroit. On reconnait bien les paysages qui sont représentés de façon fidèle, ce qui ne gâche rien pour un fan du lieu comme moi.
En bref une lecture qui sort de l'ordinaire que je vous recommande.
J’ai littéralement adoré cette lecture de ces jours qui disparaissent chez un jeune garçon abordant la vingtaine. On va le suivre au cours de toute une vie car il lui arrive un phénomène assez mystérieux. En effet, il se réveille en ayant loupé à chaque fois une journée entière qui est occupé par un autre soi totalement différent. Il est bordélique et l’autre soi est maniaque. Il est acrobate dans un cirque et l’autre va faire un métier plus conventionnel et rémunérateur dans l’informatique. Il est très famille et ami alors que l’autre est plus solitaire. Le gentil poète contre le brillant carriériste. La bataille peut commencer !
On pourrait penser qu’il y a une véritable part de fantastique mais on comprend assez vite qu’il s’agit certainement d’un phénomène de dédoublement de la personnalité qui trouve une origine psychologique à savoir la schizophrénie. Il est assez terrifiant de le vivre du point de vue de l’un des personnages qui va disparaître progressivement pour laisser place à l’autre qui est moins rêveur. C’est une véritable quête sur la perte de l’identité qui est mené de main de maître par l’auteur. Je n’avais jamais rien lu de tel.
Il y a véritablement deux parties : celle de la coexistence pacifique et une autre qui correspond à la disparition progressive et dramatique. En effet, il y a une personnalité plus ambitieuse qui va prendre le dessus sur l’autre qui se réveillera moins souvent. C’est bien écrit et bien dessiné avec des planches presque vivantes dans le mouvement. On est littéralement happé par cette intrigue de perte de contrôle qui progresse dans une véritable tragédie psychologique. On a l’impression de vivre un cauchemar du style vertige existentiel avec notre héros. C’est assez poignant par moment. Cela peut nous renvoyer à notre propre rapport au temps, à notre jeunesse, à la vie et à notre mortalité. Ce qui nous touche ne peut que nous faire réfléchir…
Inutile de préciser que cette œuvre concourt pour le grand prix d’Angoulême 2017 ce qui est amplement mérité. C’est véritablement la bd à découvrir de toute urgence pour cette rentrée car ce qui est original est plutôt rare. Voici une lecture pour une expérience unique qu’on n’est pas prêt d’oublier. L'auteur livre une véritable bd inattendue et palpitante.
Note dessin : 4.25/5 – Note Scénario : 4.75/5 – Notre Globale : 4.5/5
5/5 ? Culte ? Achat conseillé ? Coup de coeur ?
Ben ouais, carrément, ça faisait longtemps qu'un peu d'adrénaline n'avait pas envahi mon corps à la lecture d'une BD.
Je ne savais du tout où allait m'emmener ce préquel, j'avais aimé les Mutafukaz auxquels je n'aurais pas mis ces notes dithyrambiques, mais ça restait barré.
Là on est dans une sorte de réalité, du moins dans celle qu'on peut voir dans des séries, des films, des livres et la culture gangsta.
Ne sachant de quoi le livre parlait, ni de quel personnage, je me suis laissé embarquer par l'histoire pour découvrir à la fin la jonction avec Mutafukaz, la cerise.
C'est dur, c'est crash, c'est violent, c'est tendre, j'ai bien accroché au personnage et à toutes ses pérégrinations internes, à sa découverte de lui-même, du courage qu'il trouve, et de sa manière de se sortir de situations difficiles même si parfois c'est la chance qui agit.
De plus on voyage, on se retrouve dans des situations à chaque fois bien différentes, du petit garçon à l'homme accompli qui malgré toutes les embûches semées sur son chemin et la violence qui le parsème, va connaitre la rédemption.
Une bien belle réussite, scénaristique et graphique, merci aux auteurs pour "Puta Madre", un livre qui n'implique pas non plus forcément la lecture des Mutafukaz, rien que cette histoire tient par elle-même.
De plus c'est un beau livre comme Ankama sait les faire.
Résultat d’une collaboration entre deux pointures de la bande dessinée, ce beau pavé inaugure à merveille cette année 2018. D’emblée, le lecteur est captivé par cette histoire à l’atmosphère très particulière, quasi apocalyptique, qui voit Paris littéralement noyé sous les eaux, alors que la pluie tombe en permanence. Grâce à son formidable coup de crayon et son sens du cadrage, Frederik Peeters sait parfaitement distiller le mystère dès le début, accentuant l’aspect fantastique du récit par un gros plan sur une gargouille de Notre-Dame, sur un crapaud égaré sur un trottoir, ou sur le chat noir peu amène confié à Betty par ses voisins… Peeters fait preuve ici d’une grande virtuosité tant dans le dessin - magnifique, ces paysages de montagne dans la brume, avec un beau rendu à l’aquarelle - que dans la mise en page, très dynamique, tandis que le choix du noir et blanc est tout à fait adapté au climat menaçant de ce conte moderne.
Le dessinateur genevois fait ainsi honneur au scénario de Serge Lehman, très maîtrisé de bout en bout et ne souffrant d’aucun temps mort. Pour ce faire, Lehman a puisé dans la mythologie juive et la littérature fantastique française du début du XXe siècle, en organisant une rencontre explosive entre le légendaire golem et une sorte de cousin du Fantôme de l’Opéra prénommé Max Corbeau, avec en toile de fond un antique secret lié à la sorcellerie. Comme il le dit lui-même, l’auteur cherche par son travail à redonner au fantastique français la place qu’il a perdue au profit des Américains, en raison notamment de l’état d’esprit trop cartésien qui règne dans l’Hexagone. Et on se rend compte en effet que ce thriller terrifiant, qui ne se contente pas de singer les comics d’outre-Atlantique, n’a absolument rien à leur envier, bien au contraire !
Outre l’aspect fantastique du récit, les personnages ne sont pas négligés pour autant. Qu’ils soient principaux ou secondaires, ils sont tous bien campés, qu’il s’agisse des héroïnes, très attachantes, ou à l’inverse de Max Corbeau, créature vicieuse et cauchemardesque sortie tout droit d’un tableau de Jérôme Bosch. C’est bien ce qui rend cet ouvrage tout à fait unique, comme si le genre fantastique avait fait alliance avec le récit psychologique à la française. Car la quête à laquelle se livre Betty est finalement un peu celle de tout un chacun : remonter à ses origines pour comprendre qui l’on est, chasser ses vieux démons pour, peut-être, enfin trouver l’apaisement…
Entre roman graphique, légende urbaine et conte immémorial, « L’Homme gribouillé » s’impose déjà comme un classique du genre. La synergie entre les deux auteurs semble avoir fonctionné à plein, et laisse véritablement espérer qu’ils n’en resteront pas là.
Ce manga à connotation historique est un réel coup de coeur. Il est plutôt rare d'en rencontrer. Par bien des aspects, cela m'a rappelé l'excellente série Cesare mais sans la rigueur. Cependant, le sujet s'intéresse particulièrement à la fabrication des tableaux dans les fameux ateliers durant la Renaissance à Florence.
Arte n'est pas seulement le nom d'une célèbre chaîne de TV intelligente dans sa programmation culturelle mais également le prénom d'une jeune aristocrate de 16 ans qui renonce à sa condition pour devenir artiste peintre. Cependant, elle devra surtout faire face à la misogynie ambiante. En effet, les hommes détestent qu'une femme vienne empiéter sur leur chasse gardée.
Au début du XVIème siècle, la plupart des filles recevaient une éducation au rabais par rapport aux garçons du même milieu. Tout ce qu'on demandait aux femmes, c'était d'être de bonnes épouses, d'avoir des enfants et de bien les élever. Arte va s'élever contre ce système mais elle paiera très cher le prix de cette liberté. Enfin, une vraie héroïne qui est déterminée et volontaire !
Ce manga va également nous permettre de nous immerger à travers le quotidien de cette ville au milieu du foisonnement de la Renaissance. On va découvrir ainsi les différentes corporations, le rôle de l'Eglise, le marché, le carnaval également et les courtisanes. La narration aidant, on sera vite submergé par ce récit.
L'auteur est un réel inconnu qui frappe fort pour sa première série richement documentée. Le dessin est une vraie merveille sur un support tout à fait adapté et très soigné. On a du mal à y croire ! C'est une vraie success story. On va suivre cette série de très près car elle nous réserve le meilleur tel que c'est parti. Il faut lire Arte si on apprécie particulièrement les mangas de qualité.
Déjà 7 tomes et le récit a pris totalement une autre tournure ce qui apporte un peu de nouveauté et de renouvellement. Arte est devenue préceptrice à Venise pour dompter une petite fille au caractère assez capricieux. Certes, on s'éloigne un peu de l'art et des tableaux. Cependant, on découvre une ville magnifique ainsi que la société des aristocrates vénitiens qui ne manque pas de charme. C'est toujours aussi beau graphiquement parlant.
Les mangas que j'achète actuellement sont assez rares. Cette série en fait pourtant partie. On pourrait également penser que cela serait réservé à un lectorat plutôt féminin mais il n'en n'est rien malgré les couvertures. Il faut aller au-delà pour percevoir la grâce et la beauté de l'histoire.
Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
"Lincoln" est une BD gorgée de récompenses et prix divers qui a attiré beaucoup de lecteurs à ses débuts dans les années 2000. Cela a été un franc succès en librairie et on peut dire que cela était franchement mérité. Comment expliquer cet engouement du public ? Sans doute par un regard à la fois féroce, lucide et satirique qui s'accorde à une mise en scène calme et naturaliste et paradoxalement très efficace car dégraissée des gros artifices inhérents au genre.
Cette jolie fable est parfois perçue comme un western philosophique. Au-delà d’une réflexion sur la nature humaine, les auteurs signent une histoire intrigante et atypique qui mêle religion et philosophie sur fond d’humour noir. On a enfin droit à quelque chose qui sort des sentiers battus de la bd d’humour commerciale. En tout cas, j'attends chaque sortie de nouveau tome avec impatience. C'est dire !
Le dessin et les couleurs s'allient parfaitement pour permettre une grande lisibilité de l'album. Cet anti-héros crève littéralement l’écran ou devrais-je dire les cases. Le rendre sympathique est un véritable tour de force de la part des auteurs.
Nous avons droit à une bd intense, pudique et subtile dont le scénario n'empêche pas une vraie et discrète virtuosité. Les dialogues sont véritablement percutants même si on ne hurle pas de rire devant tant de cynisme. Une Bd qui constitue un véritable brûlot divin iconoclaste en diable ...
J'ai été étonné de la direction prise par le tome 8 en pleine Première Guerre Mondiale s'éloignant un peu plus du western. C'est là encore une prise de risque de la part des auteurs qui ont pris le parti de faire évoluer leur personnage au risque de lasser le public par la multiplication des albums.
En effet, Lincoln est devenu rare de par une parution beaucoup plus espacé. Ainsi, il a fallu attendre pas moins de 4 ans pour le 9ème volume qui nous plonge dans l’Amérique puritaine des années 20 avec la prohibition de l’alcool. Cependant, c’est surtout les milieux anarchistes qui feront l’objet du thème de cet album. A noter également que l’on commence sérieusement à préférer le petit diable au bon Dieu ce qui est quand même assez révélateur.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5
Je suis un grand fan de Jack London, dont je collectionne les écrits (réédités pour mon plus grand plaisir) et dont je me targue d'avoir bientôt lu toute la bibliographie. Mais dans ce fouillis de plus de cinquante livres aussi divers que cohérent, il en est un que je n'ai toujours pas lu : Le loup des mers. La raison est que lorsque cette BD est sortie, je ne l'avais toujours pas lu et je me suis réservé le plaisir de découvrir en avant première l’œuvre qu'en aura tiré Riff Reb's.
Vous l'aurez compris à cette note, mais ce livre est exceptionnel. Et la liste des qualités est aussi longue que vous le souhaitez.
Le dessin ? Si ce n'est pour vous le point le plus fort, je crois qu'il faut au moins lui laisser sa maestria. Une virtuosité du trait, une noirceur métaphorique, un talent pour représenter le monde maritime ... Il est beau, précis, efficace. C'est dosé à la perfection pour faire ressentir toute l'atmosphère poisseuse d'une goélette de mer, toute la noirceur de ce navire hanté par son capitaine. Rien que le dessin mérite à coup sur qu'on s'y attarde, mais aussi qu'on le relise.
Le scénario ? Outre l'adaptation qui a été faite avec brio (Jack London, malgré tout le respect que je lui porte, est souvent un peu daté dans la façon d'écrire), je dois dire que c'est un modèle pour expliquer les passerelles entre BD et livres : la façon de rendre ces écrits, cette voix intérieure qui traverse les pages, tout autant que la coupure en chapitres. Je suis émerveillé de la façon dont il a réussi à retranscrire les idées, les propos et l'histoire, tout en reconnaissant qu'on est pris aux tripes dans cette lecture presque viscérale.
L'ambiance ? Le plus gros point fort selon moi. Une ambiance de mer, de philosophie, de mort et de noirceur. L'âme humaine dans ses plus bas niveaux, là où ni dieu ni le philosophe ne peuvent aider. C'est une parenthèse que nous ne connaitrons sans doute jamais, mais qui prend aux tripes par la façon de nous montrer des hommes dans leurs limites les plus absolues. Rien ne sera épargné au(x) héros, et ce pour notre plus grande horreur.
Les couleurs ! Une idée superbe : une couleur dominante par chapitre, envahissant toutes les cases et donnant un ton à chaque chapitre, renforçant les idées et les propos.
Et justement, finissons par cela : les propos. Les considérations de chaque homme, mais avant tout de Loup Larsen, le capitaine, sont une des raisons supplémentaires d'aimer cette BD. On y retrouve toutes les idées chères à Jack London : la sauvagerie de l'homme, le nihilisme, l'opposition entre la culture et la force, le destin inéluctable de l'homme, le bonheur dans l'accomplissement physique détaché de toute philosophie, les "dandys" contre les travailleurs, la force primitive de la nature contre laquelle l'homme ne peut rien, et l'absurdité de la vie des hommes. Comme un rappel de notre condition, cette BD se fait défenseur d'idées peu développées aujourd'hui, jugées sombres, violentes ou très peu humanistes. Mais force est de reconnaitre la qualité des arguments employés par Loup Larsen, et ce jusqu'à la fin, qui semble ironiquement lui donner raison.
Une BD belle, une BD forte, qui fit grande impression à sa sortie, et qui le mérite amplement. Du travail de ce niveau, c'est du chef-d’œuvre. Dois-je préciser que je conseille la lecture ?
Avant tout, je dois préciser que j’ai abandonné la lecture des Spirou et Fantasio depuis quelques années. Bien sûr, je m’étais rué dès leur sortie vers les albums "Une aventure de Spirou vu par… ", mais quelle déception ! Les repreneurs, pourtant reconnus, comme Vehlmann, Frank Legall ou Yoann ou encore Fabrice Tarrin n’ont pas réussi à me convaincre. Pire, j’ai revendu toute cette collection, à deux exceptions près : le formidable " Le journal d’un ingénu" d’Emile Bravo , et " Le groom Vert-de-Gris " (malgré quelques maladresses) de Yann & Schwartz. Depuis, j’évite tout achat de la série " Spirou" depuis la désastreuse reprise de Morvan & Munuera (j’ai également revendu les albums de cette période) ou de ses déclinaisons.
Difficile en effet de succéder à Franquin, même si la période Fournier était plaisante, et si Tom & Janry avaient réalisé de très bons albums, sans oublier Nic & Cauvin, qui rétrospectivement, nous avaient offert des histoires correctes. Dommage que Chaland n’ait pas continué sa propre version, qui ravivait les nostalgiques des premières aventures de Spirou et Fantasio.
Nostalgie justement, c’est sur cette vague que navigue " Il s’appelait Ptirou " de Verron et Yves Sente. Tout d’abord, c’est le côté " rétro " du dessin qui m’a attiré. N’ayant pas lu les autres albums de Laurent Verron, ce fut une belle découverte.
Côté scénario, Yves Sente, si souvent décrié, notamment sur sa reprise de Thorgal et de certains Blake et Mortimer, s’en sort ici magistralement. En débutant l’histoire à la manière des "belles histoires de l’oncle Paul", que je lisais dans ma jeunesse dans les périodiques conservés par mon père, il fait un beau cadeau aux nostalgiques du journal. Pari risqué mais pari réussi, au delà même de mes espérances.
Le scénario repose sur plusieurs intrigues sur fond de début de récession de l’année 1929, le tout pendant une traversée transatlantique. On retrouve de l’aventure, du suspense, des clins d’œil appuyés (avec Robert Velter), un début de romance le tout sur un ton mélodramatique assez inattendu pour une aventure évoquant "Spirou".
Car cet album n’est pas une histoire de "Spirou", une de plus, mais un véritable hommage au personnage, à sa genèse, et à son créateur, Rob-Vel.
Très bel album qui me réconcilie enfin avec le personnage.
A lire d’urgence.
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Number 5
Taiyou Matsumoto est un auteur avec un grand A. J'ai hésité entre un "franchement bien" et un "culte", car je ne mets quasiment jamais de note "Culte!". Mais l'hésitation n'a pas été longue, je dirais 2 secondes et 2 brouettes. Des auteurs, des dessinateurs et des univers comme ça il y en a pas par ballots. Lire Number 5 c'est entrer dans un univers, un dessin et partir assez loin, revenir, et voir qu'on est toujours très loin. Il y a une vraie forme de poésie dans cette oeuvre. Je vous conseille cette bd si : -vous aimez la bande-dessinée -vous aimez la vie et les fleurs -vous aimez Moebius
L'Eternaute
Sans même parler du contexte dans lequel le livre a été écrit et de ce qu'il représente dans la BD latine, je recommande à tout amateur de S-F l'achat de cette BD (pour un public adulte et aguerri néanmoins). Le dessin noir et blanc est magnifique, le rythme convient parfaitement à l'intrigue et les dialogues excellents. Ça démarre en huis clos psychologique pour partir sur une aventure mythique, avec des nouveaux protagonistes qui amènent tous quelque chose (non-humains inclus). Si il devait y avoir une attaque d'extraterrestres , c'est comme ça que je me la suis toujours imaginé enfant (surtout si vous avez joué à des jeux comme XCOM: UFO quand vous étiez jeune). Un must à avoir dans sa collection S-F!
Bleu amer
Il s'agit d'une vraie tranche de vie pendant la deuxième guerre mondiale, dans un univers isolé; les iles Chausey. L'histoire est une vraie polémique sur le choix d'une communauté coupée du monde entre courage et lâcheté. Le tout est traité avec une narration sobre et efficace du meilleur effet. Les dessins sont contemplatifs, peu de couleurs, mais ils font ressentir la vie des pêcheurs de l'île, et la beauté de l'endroit. On reconnait bien les paysages qui sont représentés de façon fidèle, ce qui ne gâche rien pour un fan du lieu comme moi. En bref une lecture qui sort de l'ordinaire que je vous recommande.
Ces jours qui disparaissent
J’ai littéralement adoré cette lecture de ces jours qui disparaissent chez un jeune garçon abordant la vingtaine. On va le suivre au cours de toute une vie car il lui arrive un phénomène assez mystérieux. En effet, il se réveille en ayant loupé à chaque fois une journée entière qui est occupé par un autre soi totalement différent. Il est bordélique et l’autre soi est maniaque. Il est acrobate dans un cirque et l’autre va faire un métier plus conventionnel et rémunérateur dans l’informatique. Il est très famille et ami alors que l’autre est plus solitaire. Le gentil poète contre le brillant carriériste. La bataille peut commencer ! On pourrait penser qu’il y a une véritable part de fantastique mais on comprend assez vite qu’il s’agit certainement d’un phénomène de dédoublement de la personnalité qui trouve une origine psychologique à savoir la schizophrénie. Il est assez terrifiant de le vivre du point de vue de l’un des personnages qui va disparaître progressivement pour laisser place à l’autre qui est moins rêveur. C’est une véritable quête sur la perte de l’identité qui est mené de main de maître par l’auteur. Je n’avais jamais rien lu de tel. Il y a véritablement deux parties : celle de la coexistence pacifique et une autre qui correspond à la disparition progressive et dramatique. En effet, il y a une personnalité plus ambitieuse qui va prendre le dessus sur l’autre qui se réveillera moins souvent. C’est bien écrit et bien dessiné avec des planches presque vivantes dans le mouvement. On est littéralement happé par cette intrigue de perte de contrôle qui progresse dans une véritable tragédie psychologique. On a l’impression de vivre un cauchemar du style vertige existentiel avec notre héros. C’est assez poignant par moment. Cela peut nous renvoyer à notre propre rapport au temps, à notre jeunesse, à la vie et à notre mortalité. Ce qui nous touche ne peut que nous faire réfléchir… Inutile de préciser que cette œuvre concourt pour le grand prix d’Angoulême 2017 ce qui est amplement mérité. C’est véritablement la bd à découvrir de toute urgence pour cette rentrée car ce qui est original est plutôt rare. Voici une lecture pour une expérience unique qu’on n’est pas prêt d’oublier. L'auteur livre une véritable bd inattendue et palpitante. Note dessin : 4.25/5 – Note Scénario : 4.75/5 – Notre Globale : 4.5/5
Mutafukaz - Puta Madre
5/5 ? Culte ? Achat conseillé ? Coup de coeur ? Ben ouais, carrément, ça faisait longtemps qu'un peu d'adrénaline n'avait pas envahi mon corps à la lecture d'une BD. Je ne savais du tout où allait m'emmener ce préquel, j'avais aimé les Mutafukaz auxquels je n'aurais pas mis ces notes dithyrambiques, mais ça restait barré. Là on est dans une sorte de réalité, du moins dans celle qu'on peut voir dans des séries, des films, des livres et la culture gangsta. Ne sachant de quoi le livre parlait, ni de quel personnage, je me suis laissé embarquer par l'histoire pour découvrir à la fin la jonction avec Mutafukaz, la cerise. C'est dur, c'est crash, c'est violent, c'est tendre, j'ai bien accroché au personnage et à toutes ses pérégrinations internes, à sa découverte de lui-même, du courage qu'il trouve, et de sa manière de se sortir de situations difficiles même si parfois c'est la chance qui agit. De plus on voyage, on se retrouve dans des situations à chaque fois bien différentes, du petit garçon à l'homme accompli qui malgré toutes les embûches semées sur son chemin et la violence qui le parsème, va connaitre la rédemption. Une bien belle réussite, scénaristique et graphique, merci aux auteurs pour "Puta Madre", un livre qui n'implique pas non plus forcément la lecture des Mutafukaz, rien que cette histoire tient par elle-même. De plus c'est un beau livre comme Ankama sait les faire.
L'Homme gribouillé
Résultat d’une collaboration entre deux pointures de la bande dessinée, ce beau pavé inaugure à merveille cette année 2018. D’emblée, le lecteur est captivé par cette histoire à l’atmosphère très particulière, quasi apocalyptique, qui voit Paris littéralement noyé sous les eaux, alors que la pluie tombe en permanence. Grâce à son formidable coup de crayon et son sens du cadrage, Frederik Peeters sait parfaitement distiller le mystère dès le début, accentuant l’aspect fantastique du récit par un gros plan sur une gargouille de Notre-Dame, sur un crapaud égaré sur un trottoir, ou sur le chat noir peu amène confié à Betty par ses voisins… Peeters fait preuve ici d’une grande virtuosité tant dans le dessin - magnifique, ces paysages de montagne dans la brume, avec un beau rendu à l’aquarelle - que dans la mise en page, très dynamique, tandis que le choix du noir et blanc est tout à fait adapté au climat menaçant de ce conte moderne. Le dessinateur genevois fait ainsi honneur au scénario de Serge Lehman, très maîtrisé de bout en bout et ne souffrant d’aucun temps mort. Pour ce faire, Lehman a puisé dans la mythologie juive et la littérature fantastique française du début du XXe siècle, en organisant une rencontre explosive entre le légendaire golem et une sorte de cousin du Fantôme de l’Opéra prénommé Max Corbeau, avec en toile de fond un antique secret lié à la sorcellerie. Comme il le dit lui-même, l’auteur cherche par son travail à redonner au fantastique français la place qu’il a perdue au profit des Américains, en raison notamment de l’état d’esprit trop cartésien qui règne dans l’Hexagone. Et on se rend compte en effet que ce thriller terrifiant, qui ne se contente pas de singer les comics d’outre-Atlantique, n’a absolument rien à leur envier, bien au contraire ! Outre l’aspect fantastique du récit, les personnages ne sont pas négligés pour autant. Qu’ils soient principaux ou secondaires, ils sont tous bien campés, qu’il s’agisse des héroïnes, très attachantes, ou à l’inverse de Max Corbeau, créature vicieuse et cauchemardesque sortie tout droit d’un tableau de Jérôme Bosch. C’est bien ce qui rend cet ouvrage tout à fait unique, comme si le genre fantastique avait fait alliance avec le récit psychologique à la française. Car la quête à laquelle se livre Betty est finalement un peu celle de tout un chacun : remonter à ses origines pour comprendre qui l’on est, chasser ses vieux démons pour, peut-être, enfin trouver l’apaisement… Entre roman graphique, légende urbaine et conte immémorial, « L’Homme gribouillé » s’impose déjà comme un classique du genre. La synergie entre les deux auteurs semble avoir fonctionné à plein, et laisse véritablement espérer qu’ils n’en resteront pas là.
Arte
Ce manga à connotation historique est un réel coup de coeur. Il est plutôt rare d'en rencontrer. Par bien des aspects, cela m'a rappelé l'excellente série Cesare mais sans la rigueur. Cependant, le sujet s'intéresse particulièrement à la fabrication des tableaux dans les fameux ateliers durant la Renaissance à Florence. Arte n'est pas seulement le nom d'une célèbre chaîne de TV intelligente dans sa programmation culturelle mais également le prénom d'une jeune aristocrate de 16 ans qui renonce à sa condition pour devenir artiste peintre. Cependant, elle devra surtout faire face à la misogynie ambiante. En effet, les hommes détestent qu'une femme vienne empiéter sur leur chasse gardée. Au début du XVIème siècle, la plupart des filles recevaient une éducation au rabais par rapport aux garçons du même milieu. Tout ce qu'on demandait aux femmes, c'était d'être de bonnes épouses, d'avoir des enfants et de bien les élever. Arte va s'élever contre ce système mais elle paiera très cher le prix de cette liberté. Enfin, une vraie héroïne qui est déterminée et volontaire ! Ce manga va également nous permettre de nous immerger à travers le quotidien de cette ville au milieu du foisonnement de la Renaissance. On va découvrir ainsi les différentes corporations, le rôle de l'Eglise, le marché, le carnaval également et les courtisanes. La narration aidant, on sera vite submergé par ce récit. L'auteur est un réel inconnu qui frappe fort pour sa première série richement documentée. Le dessin est une vraie merveille sur un support tout à fait adapté et très soigné. On a du mal à y croire ! C'est une vraie success story. On va suivre cette série de très près car elle nous réserve le meilleur tel que c'est parti. Il faut lire Arte si on apprécie particulièrement les mangas de qualité. Déjà 7 tomes et le récit a pris totalement une autre tournure ce qui apporte un peu de nouveauté et de renouvellement. Arte est devenue préceptrice à Venise pour dompter une petite fille au caractère assez capricieux. Certes, on s'éloigne un peu de l'art et des tableaux. Cependant, on découvre une ville magnifique ainsi que la société des aristocrates vénitiens qui ne manque pas de charme. C'est toujours aussi beau graphiquement parlant. Les mangas que j'achète actuellement sont assez rares. Cette série en fait pourtant partie. On pourrait également penser que cela serait réservé à un lectorat plutôt féminin mais il n'en n'est rien malgré les couvertures. Il faut aller au-delà pour percevoir la grâce et la beauté de l'histoire. Note Dessin : 4.5/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.5/5
Lincoln
"Lincoln" est une BD gorgée de récompenses et prix divers qui a attiré beaucoup de lecteurs à ses débuts dans les années 2000. Cela a été un franc succès en librairie et on peut dire que cela était franchement mérité. Comment expliquer cet engouement du public ? Sans doute par un regard à la fois féroce, lucide et satirique qui s'accorde à une mise en scène calme et naturaliste et paradoxalement très efficace car dégraissée des gros artifices inhérents au genre. Cette jolie fable est parfois perçue comme un western philosophique. Au-delà d’une réflexion sur la nature humaine, les auteurs signent une histoire intrigante et atypique qui mêle religion et philosophie sur fond d’humour noir. On a enfin droit à quelque chose qui sort des sentiers battus de la bd d’humour commerciale. En tout cas, j'attends chaque sortie de nouveau tome avec impatience. C'est dire ! Le dessin et les couleurs s'allient parfaitement pour permettre une grande lisibilité de l'album. Cet anti-héros crève littéralement l’écran ou devrais-je dire les cases. Le rendre sympathique est un véritable tour de force de la part des auteurs. Nous avons droit à une bd intense, pudique et subtile dont le scénario n'empêche pas une vraie et discrète virtuosité. Les dialogues sont véritablement percutants même si on ne hurle pas de rire devant tant de cynisme. Une Bd qui constitue un véritable brûlot divin iconoclaste en diable ... J'ai été étonné de la direction prise par le tome 8 en pleine Première Guerre Mondiale s'éloignant un peu plus du western. C'est là encore une prise de risque de la part des auteurs qui ont pris le parti de faire évoluer leur personnage au risque de lasser le public par la multiplication des albums. En effet, Lincoln est devenu rare de par une parution beaucoup plus espacé. Ainsi, il a fallu attendre pas moins de 4 ans pour le 9ème volume qui nous plonge dans l’Amérique puritaine des années 20 avec la prohibition de l’alcool. Cependant, c’est surtout les milieux anarchistes qui feront l’objet du thème de cet album. A noter également que l’on commence sérieusement à préférer le petit diable au bon Dieu ce qui est quand même assez révélateur. Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.5/5
Le Loup des Mers
Je suis un grand fan de Jack London, dont je collectionne les écrits (réédités pour mon plus grand plaisir) et dont je me targue d'avoir bientôt lu toute la bibliographie. Mais dans ce fouillis de plus de cinquante livres aussi divers que cohérent, il en est un que je n'ai toujours pas lu : Le loup des mers. La raison est que lorsque cette BD est sortie, je ne l'avais toujours pas lu et je me suis réservé le plaisir de découvrir en avant première l’œuvre qu'en aura tiré Riff Reb's. Vous l'aurez compris à cette note, mais ce livre est exceptionnel. Et la liste des qualités est aussi longue que vous le souhaitez. Le dessin ? Si ce n'est pour vous le point le plus fort, je crois qu'il faut au moins lui laisser sa maestria. Une virtuosité du trait, une noirceur métaphorique, un talent pour représenter le monde maritime ... Il est beau, précis, efficace. C'est dosé à la perfection pour faire ressentir toute l'atmosphère poisseuse d'une goélette de mer, toute la noirceur de ce navire hanté par son capitaine. Rien que le dessin mérite à coup sur qu'on s'y attarde, mais aussi qu'on le relise. Le scénario ? Outre l'adaptation qui a été faite avec brio (Jack London, malgré tout le respect que je lui porte, est souvent un peu daté dans la façon d'écrire), je dois dire que c'est un modèle pour expliquer les passerelles entre BD et livres : la façon de rendre ces écrits, cette voix intérieure qui traverse les pages, tout autant que la coupure en chapitres. Je suis émerveillé de la façon dont il a réussi à retranscrire les idées, les propos et l'histoire, tout en reconnaissant qu'on est pris aux tripes dans cette lecture presque viscérale. L'ambiance ? Le plus gros point fort selon moi. Une ambiance de mer, de philosophie, de mort et de noirceur. L'âme humaine dans ses plus bas niveaux, là où ni dieu ni le philosophe ne peuvent aider. C'est une parenthèse que nous ne connaitrons sans doute jamais, mais qui prend aux tripes par la façon de nous montrer des hommes dans leurs limites les plus absolues. Rien ne sera épargné au(x) héros, et ce pour notre plus grande horreur. Les couleurs ! Une idée superbe : une couleur dominante par chapitre, envahissant toutes les cases et donnant un ton à chaque chapitre, renforçant les idées et les propos. Et justement, finissons par cela : les propos. Les considérations de chaque homme, mais avant tout de Loup Larsen, le capitaine, sont une des raisons supplémentaires d'aimer cette BD. On y retrouve toutes les idées chères à Jack London : la sauvagerie de l'homme, le nihilisme, l'opposition entre la culture et la force, le destin inéluctable de l'homme, le bonheur dans l'accomplissement physique détaché de toute philosophie, les "dandys" contre les travailleurs, la force primitive de la nature contre laquelle l'homme ne peut rien, et l'absurdité de la vie des hommes. Comme un rappel de notre condition, cette BD se fait défenseur d'idées peu développées aujourd'hui, jugées sombres, violentes ou très peu humanistes. Mais force est de reconnaitre la qualité des arguments employés par Loup Larsen, et ce jusqu'à la fin, qui semble ironiquement lui donner raison. Une BD belle, une BD forte, qui fit grande impression à sa sortie, et qui le mérite amplement. Du travail de ce niveau, c'est du chef-d’œuvre. Dois-je préciser que je conseille la lecture ?
Mademoiselle J. (Il s'appelait Ptirou)
Avant tout, je dois préciser que j’ai abandonné la lecture des Spirou et Fantasio depuis quelques années. Bien sûr, je m’étais rué dès leur sortie vers les albums "Une aventure de Spirou vu par… ", mais quelle déception ! Les repreneurs, pourtant reconnus, comme Vehlmann, Frank Legall ou Yoann ou encore Fabrice Tarrin n’ont pas réussi à me convaincre. Pire, j’ai revendu toute cette collection, à deux exceptions près : le formidable " Le journal d’un ingénu" d’Emile Bravo , et " Le groom Vert-de-Gris " (malgré quelques maladresses) de Yann & Schwartz. Depuis, j’évite tout achat de la série " Spirou" depuis la désastreuse reprise de Morvan & Munuera (j’ai également revendu les albums de cette période) ou de ses déclinaisons. Difficile en effet de succéder à Franquin, même si la période Fournier était plaisante, et si Tom & Janry avaient réalisé de très bons albums, sans oublier Nic & Cauvin, qui rétrospectivement, nous avaient offert des histoires correctes. Dommage que Chaland n’ait pas continué sa propre version, qui ravivait les nostalgiques des premières aventures de Spirou et Fantasio. Nostalgie justement, c’est sur cette vague que navigue " Il s’appelait Ptirou " de Verron et Yves Sente. Tout d’abord, c’est le côté " rétro " du dessin qui m’a attiré. N’ayant pas lu les autres albums de Laurent Verron, ce fut une belle découverte. Côté scénario, Yves Sente, si souvent décrié, notamment sur sa reprise de Thorgal et de certains Blake et Mortimer, s’en sort ici magistralement. En débutant l’histoire à la manière des "belles histoires de l’oncle Paul", que je lisais dans ma jeunesse dans les périodiques conservés par mon père, il fait un beau cadeau aux nostalgiques du journal. Pari risqué mais pari réussi, au delà même de mes espérances. Le scénario repose sur plusieurs intrigues sur fond de début de récession de l’année 1929, le tout pendant une traversée transatlantique. On retrouve de l’aventure, du suspense, des clins d’œil appuyés (avec Robert Velter), un début de romance le tout sur un ton mélodramatique assez inattendu pour une aventure évoquant "Spirou". Car cet album n’est pas une histoire de "Spirou", une de plus, mais un véritable hommage au personnage, à sa genèse, et à son créateur, Rob-Vel. Très bel album qui me réconcilie enfin avec le personnage. A lire d’urgence.