C'est le genre d'histoire psychologique que j'aime bien car cela me fait un peu flippé. Il est vrai qu'un événement tragique durant l'enfance ou l'adolescence peut avoir des conséquences très importantes.
Le thème du trouble de la personnalité n'est pas nouveau mais il est très bien traité par les auteurs en l'occurrence. J'ai juste un peu été déstabilisé par le passage d'une île méditerranéenne au Nordland marqué par l'absence de soleil.
Juste encore un mot pour dire que Rodolphe est au sommet de son art tant il maîtrise à merveille le scénario et la mise en scène. C'est réellement un excellent thriller psychologique. Il faut dire que la fin offre un dénouement pour le moins inattendu.
J’avais été fort séduit par Betty Boob, le premier album scénarisé par Véro Cazot que j’ai eu l’occasion de lire. Du coup, lorsque j’ai entendu parler de ces petites distances, je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’en faire une priorité d’achat.
En plus le synopsis est de ceux qui me parlent énormément avec ces deux personnages ayant du mal à trouver leur place dans un quotidien pourtant des plus banals.
Mais ce qui marque en premier, c’est le trait de Camille Benyamina. Spontané et expressif, il transmet bien les sentiments des personnages. Son côté faussement brouillon cadre bien avec le scénario tandis que la colorisation permet de créer un ‘fantôme’ des plus crédibles.
Au niveau de l’histoire, Véro Cazot explore deux mal-être très actuels. Mais plutôt que de se contenter d’un ‘bête’ roman graphique, elle choisit d’orienter son récit vers la fable fantastique. Le résultat est agréable à lire, parfois drôle, souvent touchant mais surtout très juste au niveau du ressenti des personnages. Utiliser ce subterfuge de la fable pour nous parler de problèmes bien réels de la vie en société permet à l’auteure de dédramatiser la situation mais l’analyse n’en devient finalement qu’encore plus pertinente.
Au final, Les petites distances est un récit amusant et touchant qui enchante dans un premier temps… mais pousse le lecteur à réfléchir dans un deuxième temps. Fin et intelligent, certains lecteurs n’y verront sans doute que banalités mais moi, j’ai bien aimé ce récit. Seul reproche : il y a parfois un peu trop d’eau de rose dans le bain.
Le meilleur album de Fabcaro que j'ai lu jusqu'à présent.
Cet album me fait penser à 'Gilles la Jungle' qui lui aussi parodiait les romans photos avec un dessin réaliste, des personnages qui ont toujours un visage sérieux et un humour très con quoique si Gilles parodiait Tarzan, ici on a droit à une parodie des histoires romantiques du genre que l'on retrouve dans des trucs comme Les feux de l'amour.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant rigolé en lisant une bande dessinée. Franchement il y a même plusieurs pages où je riais à chaque case tellement j'étais embarqué dans le délire et l'humour de l'auteur. L'humour ne m'a pas semblé lourd du tout et l'auteur arrête son histoire avant que la qualité des gags baisse. Un bon moment de détendre.
J’ai beaucoup aimé cet album.
Je le trouve tout d’abord très original dans son intrigue, mais surtout j’ai beaucoup aimé la progression du récit. De fait, l’auteur ne se contente pas d’une bonne idée de départ. Il la fait évoluer au fur et à mesure des chapitres pour finalement inverser les pôles, si je puis m’exprimer ainsi. La forte pagination de l’album permet de bien décortiquer ce lent processus dans lequel le personnage central finit par se perdre, et par perdre ses proches. D’abord intrigante, cette histoire s’avère surtout touchante en définitive. Et ça, c’est dû autant au point de départ choisi qu’à la manière dont la vérité se dévoile progressivement.
Le dessin est très propre, très épuré. Il est agréable à l’œil mais sans esbroufe. C’est du très bon dessin de bande dessinée, pensé pour raconter une histoire, pas pour se suppléer à elle. Les personnages sont bien typés, les décors sont facilement identifiables et lorsqu’il s’agit de décrire notre futur (l’album débutant à notre époque et s’étalant sur un grand nombre d’années, il se termine fort logiquement dans un futur relativement proche mais dans lequel la réalité virtuelle a bien évolué), celui-ci tire un certain bénéfice de ce trait épuré et froid.
Un très bel album, selon moi, qui use du fantastique d’une manière intelligente et très cohérente. A la limite, on en oublierait presque le caractère fantastique du récit tant l’auteur a réussi à rendre ses personnages crédibles. Vraiment, j’aime beaucoup !
Je rejoins les avis positifs sur cette série.
C'est une bonne série quoiqu'un peu exigeante pour le lecteur. J'étais un peu confus au début tant le récit est complexe. Ce n'est pas le genre de bande dessinée qu'on peut lire facilement en 10 minutes. Les deux albums sont longs, denses et remplis d'informations. L'intrigue est prenante et cohérente malgré sa complexité. Je pense que pour accrocher il faut tout de même un peu aimer l'histoire et la mythologie antique parce que je ne vois pas comment quelqu'un qui n'aime pas ces deux sujets peut aimer le second tome qui est très érudit dans ces matières.
Le dessin est bon et j'ai aimé qu'il soit en noir et blanc car c'est le genre de trait qui semble moins bon avec la couleur.
C’est quand même fou comment Foerster réussit à se renouveler, en faisant pourtant toujours la même chose, hein !?
En effet, les huit histoires qui composent cet album reprennent les bonnes vieilles recettes de l’auteur.
A savoir un dessin aux petits oignons (je l’aime vraiment beaucoup), usant d’un beau Noir et Blanc, tout à fait raccord avec les ambiances gothiques développées dans ces histoires. Les personnages ont tous des trognes (et des noms – très « Groland » quand j’y pense) pas possibles, souvent filiformes (comme pour le décor avec des immeubles ou maisons qui s’élèvent bien haut, comme les plafonds, le tout plus ou moins brinquebalant), ou alors hydrocéphales.
Pour ce qui est des histoires, un peu d’humour noir saupoudre un fantastique qui ne mise jamais sur une surenchère, mais qui au contraire joue sur de petites touches, des transformations par étapes. Je me dis que Foerster devait aimer « Alfred Hitchcock raconte » ou « La quatrième dimension », car on y retrouve aussi parfois ce malaise instillé jusqu’à la chute finale. Et cette chute est le plus souvent réussie. Ici, plusieurs jouent sur le thème de l’observateur observé dans le retournement final.
Bref, voilà un auteur à suivre, bien sûr, et un album qui ravira ses amateurs – même s’il n’est pas tout jeune. D’ailleurs, je me fais la réflexion à chaque fois que j’avise les albums de Foerster, il ne semble pas avoir beaucoup de lecteurs. C’est vraiment dommage, car il a du talent.
Note réelle 3,5/5.
Annoncé comme la bande dessinée à lire en 2018, je me suis finalement lancé dans ce one-shot de plus de 330 pages.
Je dois dire que j’ai adoré le dessin en noir et blanc de Peeters, qui mérite amplement qu’on s’y attarde. Il excelle aussi bien dans les scènes d’actions, que celles se déroulant à Paris et même les planches muettes sont superbes ! Vraiment du très bon Peeters sur le coup. Superbe travail !
Côté scénario, la première partie va crescendo et l’intrigue nous tient en haleine constamment au fil des pages, on sent la tension monter. Et puis vers la fin, j’avoue que le recours aux légendes du Judaïsme, même si je m’y attendais, a un peu refroidi ma lecture. C’est sans doute mon côté rationnel qui en prend un coup.
En mêlant le destin de Max le Corbeau à celui de la mystérieuse créature, on finit par ne plus savoir le rôle de chacun, comme si le scénariste Serge Lehman, ne savait pas comment achever son récit de manière linéaire. A trop mélanger les légendes, on finit par s’y perdre et avoir un goût d’inachevé, une fois le livre reposé. Le rôle de Max devient encore plus obscur au final , et je ne crois pas avoir vu d’explication précise sur l’origine de ce personnage.
Reste un très bon travail des deux auteurs, une réflexion sur les origines, et les silences au sein d’une famille assez particulière, il faut dire.
Avec Les Passagers du vent (dans un autre registre), « Fort Wheeling » a été pour moi l’une des portes d’entrée vers la Bande Dessinée adulte. C’est en tout cas une série qui m’avait beaucoup marqué lorsque je l’avais découverte en bibliothèque – il y a bien longtemps maintenant, au début des années 1980.
Il faut dire que j’étais déjà intéressé, passionné par le monde indien, et que j’avais lu à la même époque le Cycle de Bas-de-Cuir de Fenimore Cooper : j’étais alors réellement passionné par ces coureurs des bois, à cheval sur plusieurs cultures et vivant une pleine mais sauvage liberté.
J’ai depuis acheté l’intégrale. Les albums ont été colorisés (je ne sais que penser de ce changement). Mais de toute façon cette intégrale est bien fichue, puisqu’aux deux tomes elle ajoute un dossier final présentant les biographies des principaux protagonistes, des cartes, et plusieurs cahiers graphiques : de superbes dessins à l’aquarelle de Pratt, dans un style différent de Wheeling.
Pratt s’est donc beaucoup documenté, pour nous narrer ces événements, qui se déroulent dans le dernier quart du XVIIIème siècle, au moment du début de la Guerre d’indépendance américaine. Au milieu de cet événement, pour lequel chacun doit choisir son camp, Pratt présente des protagonistes très divers, qu’ils soient Blancs ou Indiens.
Ceux qui ont déjà lu Sergent Kirk savent que Pratt s’est depuis longtemps intéressé à cette région et ses sous-bois, ainsi qu’aux liens unissant/désunissant Blancs et Indiens, mais aussi les progrès de son dessin ! Pratt a d’ailleurs traité certains de ces aspects (avec moins d’amplitude il est vrai) dans plusieurs autres albums, que ce soit Ticonderoga ou Billy James (je n’ai toujours pas pu mettre la main sur ce dernier !). Et les amoureux du sujet pourront se référer à L'Homme de la Nouvelle Angleterre de Battaglia, ou aux très beaux mais plus récents albums de Prugne.
Pour en revenir à « Fort Wheeling », si l’on fait abstraction du style graphique de Pratt (que je trouve ici très beau – mais qui semble faire débat), certains aspects de la narration peuvent dérouter. En particulier la volonté de Pratt de montrer « au plus près » les protagonistes, leurs relations, qu’elles soient amicales ou violentes, d’une manière dépassionnée. Il y a parfois un côté pointilliste, tout n’est pas expliqué ou développé : mais j’ai bien aimé cette narration.
Certes, on aurait pu avoir quelques personnalités davantage développées, ou alors l’accent mis sur des types marquants de ces « frontaliers » (comme le tueur d’Indiens Lewis Wetzel, aussi intrigant que flippant). Mais ce n’était pas la volonté de Pratt.
Mon seul réel bémol concerne essentiellement le second tome. Si celui-ci – réalisé quelques années après le premier est parfois plus « lisible » (cases plus grandes, avec un texte lui aussi moins dense et une police de caractères plus grande), j’ai trouvé qu’il était un chouia moins « enlevé » que le précédent. Plus linéaire, il prend moins les chemins de traverse, porte moins vers la rêverie je trouve. Par ailleurs le dessin a évolué – lorgnant parfois vers le trait de Tardi.
Surtout, j’ai trouvé la fin un peu abrupte, comme si Pratt avait décidé brusquement de mettre fin à une intrigue sans avoir eu le temps de réellement la conclure (une suite était-elle envisagée par lui ?).
Bon, sinon, le charme de ma première lecture n’est pas rompu, et je garde encore en tête le grand plaisir ressenti à découvrir cette série (d’où le coup de cœur). C’est probablement l’œuvre de Pratt qui m’a le plus marqué.
Il est vrai que le titre donne un peu la tonalité de ce documentaire sur les services spécialisés en soin palliatif. Il ne s’agit plus de guérir mais de soigner pour soulager la douleur avant l’heure fatidique. Ce genre de service a vu le jour dans le milieu des années 80 en France alors que cela existait depuis une bonne vingtaine d’années dans d’autres pays européens notamment au Royaume-Uni. Encore une fois, notre pays était un peu à la traîne souvent pour des raisons bassement financières.
La question de l’euthanasie sera également abordée. On apprendra que seuls les pays du Benelux l’ont autorisé légalement. Il s'agit d’éviter l’agonie d’une personne et d'abréger au plus vite ses souffrances. Pour autant, car le débat est plus complexe qu’il n’y paraît, le personnel des soins palliatif n’est visiblement pas préparé pour cela car il poursuit une autre voie à savoir la gestion des souffrances physiques et psychiques.
Cet ouvrage est une sorte de documentaire sur le travail du personnel soignant dans les services de soins palliatifs. Il met en valeur leur travail un peu particulier. Le contexte géographique est celui de la ville de Roubaix, l’une des plus pauvres de France avec un taux d’espérance de vie considérablement faible par rapport à la moyenne nationale.
La lecture a été assez fluide ce qui permet une bonne compréhension. On voit des situations de tous les jours avec parfois beaucoup de peine mais parfois un peu d’humour. Il n’y a point de dramatisation à outrance. Il y a beaucoup d’humanité ce qui fait du bien. Tout sonne vraiment juste.
Un mot sur le dessin. Le graphisme est doux avec des aquarelles de nuances de gris. On notera un trait assez fin.
Je mets 4 étoiles à une œuvre qui le mérite bien. Il est vrai que nos sociétés prônent le culte de la jeunesse et qu’on préfère aisément éluder ces sujets peu réjouissants. Cependant, il faut également envisager sa mort ou celle d’un proche afin de mieux gérer cette phase car on y sera tous confrontés un jour ou l’autre.
Après lecture de ce roman graphique, on peut l’affirmer : oui, Ulli Lust est une fille bien ! Il faudra peut-être à certains surmonter leur circonspection vis-à-vis d’un graphisme très scolaire et peu engageant, surtout dans les premières pages, et d’un récit qui prend un certain temps à démarrer. Une fois ce cap franchi, les choses finissent par se mettre en place et, alors que le fond s’impose doucement mais sûrement, la forme passe au second plan. On est peu à peu immergé dans ce pavé de plus de 300 pages et on pourra même reconnaître des qualités à un dessin parfois maladroit mais touchant dans sa sincérité voire poétique, en particulier pour les scènes d’amour. Très certainement à l’image de son auteure (non je n’utiliserai pas l’affreux néologisme « autrice » qui fait saigner mes oreilles), chez qui l’on sent une certaine fragilité, doublée d’une volonté de bien faire (tout est dans le titre) et de ne pas négliger les détails.
J’ignore si « Lust » est un pseudo. Si ce n’est pas le cas, cela tendrait à accréditer l’idée qu’un patronyme pèse sur la destinée de celui qui le porte. Car de plaisir sexuel il est beaucoup question dans cette autobiographie honnête et courageuse. Son dessin explicite ne cherche pas à nous faire rincer l’œil, il présente l’acte sexuel comme une chose belle et naturelle. Ulli Lust est une féministe de son temps, qui ne revendique rien mais vit sa vie juste comme elle l’entend, en explorant son désir sexuel sans hypocrisie, sans peur du qu’en-dira-t-on. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne plait pas toujours. Non seulement à ses voisins-voisines, que l’hédonisme d’Ulli renvoie à leurs propres frustrations, mais surtout, et là on est au cœur du sujet, à son amant africain Kimata. Au départ dépeint comme un homme gentil, celui-ci va révéler au fur et à mesure sa jalousie maladive jusqu’à son paroxysme de haine et de violence, qui ne laissera pas sa partenaire indemne. Malgré cela, Ulli parvient à éviter l’écueil d’un racisme trop facile, évitant tout jugement de valeur sur la tradition africaine, caractérisée par un paternalisme déroutant pour l’Occidental lambda. L’auteure au contraire se contente d’être factuelle, mettant en lumière les préjugés et la bêtise de Kim (« tu fais partie de ces femmes blanches qui aiment les hommes noirs ? »), malgré ses tentatives pour être tolérant. Cela corrobore d’une certaine façon l’idée que le racisme peut être aussi le fait de ceux qui en sont les premières victimes, a fortiori dans un pays comme l’Autriche - où se déroule l’histoire -, un pays où l’extrême-droite a eu à plusieurs reprises l’accès au pouvoir. D’ailleurs, comme pour éviter la récupération politique, Ulli Lust n’oublie pas de faire allusion à certains comportements machistes et xénophobes dans son pays.
L’auteure autrichienne réussit à traiter de front les thématiques de la violence conjugale et de la différence culturelle en prenant bien soin de faire la part des choses. Parallèlement, « Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien » aborde aussi la problématique de la fidélité… à soi-même, de l’importance de ne pas se renier dans le cadre du couple. C’est ce qui fait toute la richesse de ce roman très personnel, qu’on apprécie pour sa subtilité et son évitement des clichés, quand bien même il laisse un goût amer. A situation compliquée, il ne saurait y avoir de réponse simple, et Ulli Lust se garde bien d’en fournir…
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C'est le genre d'histoire psychologique que j'aime bien car cela me fait un peu flippé. Il est vrai qu'un événement tragique durant l'enfance ou l'adolescence peut avoir des conséquences très importantes. Le thème du trouble de la personnalité n'est pas nouveau mais il est très bien traité par les auteurs en l'occurrence. J'ai juste un peu été déstabilisé par le passage d'une île méditerranéenne au Nordland marqué par l'absence de soleil. Juste encore un mot pour dire que Rodolphe est au sommet de son art tant il maîtrise à merveille le scénario et la mise en scène. C'est réellement un excellent thriller psychologique. Il faut dire que la fin offre un dénouement pour le moins inattendu.
Les Petites Distances
J’avais été fort séduit par Betty Boob, le premier album scénarisé par Véro Cazot que j’ai eu l’occasion de lire. Du coup, lorsque j’ai entendu parler de ces petites distances, je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’en faire une priorité d’achat. En plus le synopsis est de ceux qui me parlent énormément avec ces deux personnages ayant du mal à trouver leur place dans un quotidien pourtant des plus banals. Mais ce qui marque en premier, c’est le trait de Camille Benyamina. Spontané et expressif, il transmet bien les sentiments des personnages. Son côté faussement brouillon cadre bien avec le scénario tandis que la colorisation permet de créer un ‘fantôme’ des plus crédibles. Au niveau de l’histoire, Véro Cazot explore deux mal-être très actuels. Mais plutôt que de se contenter d’un ‘bête’ roman graphique, elle choisit d’orienter son récit vers la fable fantastique. Le résultat est agréable à lire, parfois drôle, souvent touchant mais surtout très juste au niveau du ressenti des personnages. Utiliser ce subterfuge de la fable pour nous parler de problèmes bien réels de la vie en société permet à l’auteure de dédramatiser la situation mais l’analyse n’en devient finalement qu’encore plus pertinente. Au final, Les petites distances est un récit amusant et touchant qui enchante dans un premier temps… mais pousse le lecteur à réfléchir dans un deuxième temps. Fin et intelligent, certains lecteurs n’y verront sans doute que banalités mais moi, j’ai bien aimé ce récit. Seul reproche : il y a parfois un peu trop d’eau de rose dans le bain.
Et si l'amour c'était aimer ?
Le meilleur album de Fabcaro que j'ai lu jusqu'à présent. Cet album me fait penser à 'Gilles la Jungle' qui lui aussi parodiait les romans photos avec un dessin réaliste, des personnages qui ont toujours un visage sérieux et un humour très con quoique si Gilles parodiait Tarzan, ici on a droit à une parodie des histoires romantiques du genre que l'on retrouve dans des trucs comme Les feux de l'amour. Cela faisait longtemps que je n'avais pas autant rigolé en lisant une bande dessinée. Franchement il y a même plusieurs pages où je riais à chaque case tellement j'étais embarqué dans le délire et l'humour de l'auteur. L'humour ne m'a pas semblé lourd du tout et l'auteur arrête son histoire avant que la qualité des gags baisse. Un bon moment de détendre.
Ces jours qui disparaissent
J’ai beaucoup aimé cet album. Je le trouve tout d’abord très original dans son intrigue, mais surtout j’ai beaucoup aimé la progression du récit. De fait, l’auteur ne se contente pas d’une bonne idée de départ. Il la fait évoluer au fur et à mesure des chapitres pour finalement inverser les pôles, si je puis m’exprimer ainsi. La forte pagination de l’album permet de bien décortiquer ce lent processus dans lequel le personnage central finit par se perdre, et par perdre ses proches. D’abord intrigante, cette histoire s’avère surtout touchante en définitive. Et ça, c’est dû autant au point de départ choisi qu’à la manière dont la vérité se dévoile progressivement. Le dessin est très propre, très épuré. Il est agréable à l’œil mais sans esbroufe. C’est du très bon dessin de bande dessinée, pensé pour raconter une histoire, pas pour se suppléer à elle. Les personnages sont bien typés, les décors sont facilement identifiables et lorsqu’il s’agit de décrire notre futur (l’album débutant à notre époque et s’étalant sur un grand nombre d’années, il se termine fort logiquement dans un futur relativement proche mais dans lequel la réalité virtuelle a bien évolué), celui-ci tire un certain bénéfice de ce trait épuré et froid. Un très bel album, selon moi, qui use du fantastique d’une manière intelligente et très cohérente. A la limite, on en oublierait presque le caractère fantastique du récit tant l’auteur a réussi à rendre ses personnages crédibles. Vraiment, j’aime beaucoup !
Les Princesses Egyptiennes
Je rejoins les avis positifs sur cette série. C'est une bonne série quoiqu'un peu exigeante pour le lecteur. J'étais un peu confus au début tant le récit est complexe. Ce n'est pas le genre de bande dessinée qu'on peut lire facilement en 10 minutes. Les deux albums sont longs, denses et remplis d'informations. L'intrigue est prenante et cohérente malgré sa complexité. Je pense que pour accrocher il faut tout de même un peu aimer l'histoire et la mythologie antique parce que je ne vois pas comment quelqu'un qui n'aime pas ces deux sujets peut aimer le second tome qui est très érudit dans ces matières. Le dessin est bon et j'ai aimé qu'il soit en noir et blanc car c'est le genre de trait qui semble moins bon avec la couleur.
Nuits blanches (Foerster)
C’est quand même fou comment Foerster réussit à se renouveler, en faisant pourtant toujours la même chose, hein !? En effet, les huit histoires qui composent cet album reprennent les bonnes vieilles recettes de l’auteur. A savoir un dessin aux petits oignons (je l’aime vraiment beaucoup), usant d’un beau Noir et Blanc, tout à fait raccord avec les ambiances gothiques développées dans ces histoires. Les personnages ont tous des trognes (et des noms – très « Groland » quand j’y pense) pas possibles, souvent filiformes (comme pour le décor avec des immeubles ou maisons qui s’élèvent bien haut, comme les plafonds, le tout plus ou moins brinquebalant), ou alors hydrocéphales. Pour ce qui est des histoires, un peu d’humour noir saupoudre un fantastique qui ne mise jamais sur une surenchère, mais qui au contraire joue sur de petites touches, des transformations par étapes. Je me dis que Foerster devait aimer « Alfred Hitchcock raconte » ou « La quatrième dimension », car on y retrouve aussi parfois ce malaise instillé jusqu’à la chute finale. Et cette chute est le plus souvent réussie. Ici, plusieurs jouent sur le thème de l’observateur observé dans le retournement final. Bref, voilà un auteur à suivre, bien sûr, et un album qui ravira ses amateurs – même s’il n’est pas tout jeune. D’ailleurs, je me fais la réflexion à chaque fois que j’avise les albums de Foerster, il ne semble pas avoir beaucoup de lecteurs. C’est vraiment dommage, car il a du talent. Note réelle 3,5/5.
L'Homme gribouillé
Annoncé comme la bande dessinée à lire en 2018, je me suis finalement lancé dans ce one-shot de plus de 330 pages. Je dois dire que j’ai adoré le dessin en noir et blanc de Peeters, qui mérite amplement qu’on s’y attarde. Il excelle aussi bien dans les scènes d’actions, que celles se déroulant à Paris et même les planches muettes sont superbes ! Vraiment du très bon Peeters sur le coup. Superbe travail ! Côté scénario, la première partie va crescendo et l’intrigue nous tient en haleine constamment au fil des pages, on sent la tension monter. Et puis vers la fin, j’avoue que le recours aux légendes du Judaïsme, même si je m’y attendais, a un peu refroidi ma lecture. C’est sans doute mon côté rationnel qui en prend un coup. En mêlant le destin de Max le Corbeau à celui de la mystérieuse créature, on finit par ne plus savoir le rôle de chacun, comme si le scénariste Serge Lehman, ne savait pas comment achever son récit de manière linéaire. A trop mélanger les légendes, on finit par s’y perdre et avoir un goût d’inachevé, une fois le livre reposé. Le rôle de Max devient encore plus obscur au final , et je ne crois pas avoir vu d’explication précise sur l’origine de ce personnage. Reste un très bon travail des deux auteurs, une réflexion sur les origines, et les silences au sein d’une famille assez particulière, il faut dire.
Fort Wheeling
Avec Les Passagers du vent (dans un autre registre), « Fort Wheeling » a été pour moi l’une des portes d’entrée vers la Bande Dessinée adulte. C’est en tout cas une série qui m’avait beaucoup marqué lorsque je l’avais découverte en bibliothèque – il y a bien longtemps maintenant, au début des années 1980. Il faut dire que j’étais déjà intéressé, passionné par le monde indien, et que j’avais lu à la même époque le Cycle de Bas-de-Cuir de Fenimore Cooper : j’étais alors réellement passionné par ces coureurs des bois, à cheval sur plusieurs cultures et vivant une pleine mais sauvage liberté. J’ai depuis acheté l’intégrale. Les albums ont été colorisés (je ne sais que penser de ce changement). Mais de toute façon cette intégrale est bien fichue, puisqu’aux deux tomes elle ajoute un dossier final présentant les biographies des principaux protagonistes, des cartes, et plusieurs cahiers graphiques : de superbes dessins à l’aquarelle de Pratt, dans un style différent de Wheeling. Pratt s’est donc beaucoup documenté, pour nous narrer ces événements, qui se déroulent dans le dernier quart du XVIIIème siècle, au moment du début de la Guerre d’indépendance américaine. Au milieu de cet événement, pour lequel chacun doit choisir son camp, Pratt présente des protagonistes très divers, qu’ils soient Blancs ou Indiens. Ceux qui ont déjà lu Sergent Kirk savent que Pratt s’est depuis longtemps intéressé à cette région et ses sous-bois, ainsi qu’aux liens unissant/désunissant Blancs et Indiens, mais aussi les progrès de son dessin ! Pratt a d’ailleurs traité certains de ces aspects (avec moins d’amplitude il est vrai) dans plusieurs autres albums, que ce soit Ticonderoga ou Billy James (je n’ai toujours pas pu mettre la main sur ce dernier !). Et les amoureux du sujet pourront se référer à L'Homme de la Nouvelle Angleterre de Battaglia, ou aux très beaux mais plus récents albums de Prugne. Pour en revenir à « Fort Wheeling », si l’on fait abstraction du style graphique de Pratt (que je trouve ici très beau – mais qui semble faire débat), certains aspects de la narration peuvent dérouter. En particulier la volonté de Pratt de montrer « au plus près » les protagonistes, leurs relations, qu’elles soient amicales ou violentes, d’une manière dépassionnée. Il y a parfois un côté pointilliste, tout n’est pas expliqué ou développé : mais j’ai bien aimé cette narration. Certes, on aurait pu avoir quelques personnalités davantage développées, ou alors l’accent mis sur des types marquants de ces « frontaliers » (comme le tueur d’Indiens Lewis Wetzel, aussi intrigant que flippant). Mais ce n’était pas la volonté de Pratt. Mon seul réel bémol concerne essentiellement le second tome. Si celui-ci – réalisé quelques années après le premier est parfois plus « lisible » (cases plus grandes, avec un texte lui aussi moins dense et une police de caractères plus grande), j’ai trouvé qu’il était un chouia moins « enlevé » que le précédent. Plus linéaire, il prend moins les chemins de traverse, porte moins vers la rêverie je trouve. Par ailleurs le dessin a évolué – lorgnant parfois vers le trait de Tardi. Surtout, j’ai trouvé la fin un peu abrupte, comme si Pratt avait décidé brusquement de mettre fin à une intrigue sans avoir eu le temps de réellement la conclure (une suite était-elle envisagée par lui ?). Bon, sinon, le charme de ma première lecture n’est pas rompu, et je garde encore en tête le grand plaisir ressenti à découvrir cette série (d’où le coup de cœur). C’est probablement l’œuvre de Pratt qui m’a le plus marqué.
Quelques jours à vivre
Il est vrai que le titre donne un peu la tonalité de ce documentaire sur les services spécialisés en soin palliatif. Il ne s’agit plus de guérir mais de soigner pour soulager la douleur avant l’heure fatidique. Ce genre de service a vu le jour dans le milieu des années 80 en France alors que cela existait depuis une bonne vingtaine d’années dans d’autres pays européens notamment au Royaume-Uni. Encore une fois, notre pays était un peu à la traîne souvent pour des raisons bassement financières. La question de l’euthanasie sera également abordée. On apprendra que seuls les pays du Benelux l’ont autorisé légalement. Il s'agit d’éviter l’agonie d’une personne et d'abréger au plus vite ses souffrances. Pour autant, car le débat est plus complexe qu’il n’y paraît, le personnel des soins palliatif n’est visiblement pas préparé pour cela car il poursuit une autre voie à savoir la gestion des souffrances physiques et psychiques. Cet ouvrage est une sorte de documentaire sur le travail du personnel soignant dans les services de soins palliatifs. Il met en valeur leur travail un peu particulier. Le contexte géographique est celui de la ville de Roubaix, l’une des plus pauvres de France avec un taux d’espérance de vie considérablement faible par rapport à la moyenne nationale. La lecture a été assez fluide ce qui permet une bonne compréhension. On voit des situations de tous les jours avec parfois beaucoup de peine mais parfois un peu d’humour. Il n’y a point de dramatisation à outrance. Il y a beaucoup d’humanité ce qui fait du bien. Tout sonne vraiment juste. Un mot sur le dessin. Le graphisme est doux avec des aquarelles de nuances de gris. On notera un trait assez fin. Je mets 4 étoiles à une œuvre qui le mérite bien. Il est vrai que nos sociétés prônent le culte de la jeunesse et qu’on préfère aisément éluder ces sujets peu réjouissants. Cependant, il faut également envisager sa mort ou celle d’un proche afin de mieux gérer cette phase car on y sera tous confrontés un jour ou l’autre.
Alors que j'essayais d'être quelqu'un de bien
Après lecture de ce roman graphique, on peut l’affirmer : oui, Ulli Lust est une fille bien ! Il faudra peut-être à certains surmonter leur circonspection vis-à-vis d’un graphisme très scolaire et peu engageant, surtout dans les premières pages, et d’un récit qui prend un certain temps à démarrer. Une fois ce cap franchi, les choses finissent par se mettre en place et, alors que le fond s’impose doucement mais sûrement, la forme passe au second plan. On est peu à peu immergé dans ce pavé de plus de 300 pages et on pourra même reconnaître des qualités à un dessin parfois maladroit mais touchant dans sa sincérité voire poétique, en particulier pour les scènes d’amour. Très certainement à l’image de son auteure (non je n’utiliserai pas l’affreux néologisme « autrice » qui fait saigner mes oreilles), chez qui l’on sent une certaine fragilité, doublée d’une volonté de bien faire (tout est dans le titre) et de ne pas négliger les détails. J’ignore si « Lust » est un pseudo. Si ce n’est pas le cas, cela tendrait à accréditer l’idée qu’un patronyme pèse sur la destinée de celui qui le porte. Car de plaisir sexuel il est beaucoup question dans cette autobiographie honnête et courageuse. Son dessin explicite ne cherche pas à nous faire rincer l’œil, il présente l’acte sexuel comme une chose belle et naturelle. Ulli Lust est une féministe de son temps, qui ne revendique rien mais vit sa vie juste comme elle l’entend, en explorant son désir sexuel sans hypocrisie, sans peur du qu’en-dira-t-on. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça ne plait pas toujours. Non seulement à ses voisins-voisines, que l’hédonisme d’Ulli renvoie à leurs propres frustrations, mais surtout, et là on est au cœur du sujet, à son amant africain Kimata. Au départ dépeint comme un homme gentil, celui-ci va révéler au fur et à mesure sa jalousie maladive jusqu’à son paroxysme de haine et de violence, qui ne laissera pas sa partenaire indemne. Malgré cela, Ulli parvient à éviter l’écueil d’un racisme trop facile, évitant tout jugement de valeur sur la tradition africaine, caractérisée par un paternalisme déroutant pour l’Occidental lambda. L’auteure au contraire se contente d’être factuelle, mettant en lumière les préjugés et la bêtise de Kim (« tu fais partie de ces femmes blanches qui aiment les hommes noirs ? »), malgré ses tentatives pour être tolérant. Cela corrobore d’une certaine façon l’idée que le racisme peut être aussi le fait de ceux qui en sont les premières victimes, a fortiori dans un pays comme l’Autriche - où se déroule l’histoire -, un pays où l’extrême-droite a eu à plusieurs reprises l’accès au pouvoir. D’ailleurs, comme pour éviter la récupération politique, Ulli Lust n’oublie pas de faire allusion à certains comportements machistes et xénophobes dans son pays. L’auteure autrichienne réussit à traiter de front les thématiques de la violence conjugale et de la différence culturelle en prenant bien soin de faire la part des choses. Parallèlement, « Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien » aborde aussi la problématique de la fidélité… à soi-même, de l’importance de ne pas se renier dans le cadre du couple. C’est ce qui fait toute la richesse de ce roman très personnel, qu’on apprécie pour sa subtilité et son évitement des clichés, quand bien même il laisse un goût amer. A situation compliquée, il ne saurait y avoir de réponse simple, et Ulli Lust se garde bien d’en fournir…