Une BD que j'avais envie de lire principalement pour le coup de crayon de Ileana Surducan que j'apprécie beaucoup, et que j'avais hâte de voir dans une nouvelle BD. J'avais une petite réserve sur le scénario de Ced, principalement parce que je ne suis pas très fan de ses BD humoristiques. J'avais une grande crainte à ce niveau, mais finalement la BD est clairement plus jeunesse et fantastique.
Niveau dessin, je n'ai rien à dire : j'adore ce que fait Ileana Surducan (je me répète, non ?) et c'est très coloré, très adouci et mignon. Le genre auquel j'adhère particulièrement. Et il convient très bien au ton du récit, avec ce mélange de poésie et de noirceur. L'influence de E. Poe est là, dirait-on !
Pour l'histoire, je rejoins totalement ce que dis McArthur, en ajoutant que j'ai beaucoup aimé le caractère du personnage principal (peut-être parce que ça me rappelait des souvenirs). Bref, je suis très content de ma lecture, et j'ai beaucoup aimé le petit univers qui est dévoilé au fur et à mesure des pages. La division en chapitres me semble un peu étonnante, mais c'est compréhensible (surtout pour un livre jeunesse, lorsqu'on veut que les jeunes lisent par petits bouts).
Encore un livre jeunesse que je recommanderais. J'ai vraiment adoré le dessin et trouvé l'histoire très sympathique, je vous recommande évidemment la lecture !
Juste deux volumes pour une vie de Geisha qui défile sous notre regard. C'est beau, sensible, juste, prenant, profondément humain, dramatique.
Deux aspects m'ont surpris ici. Tout d'abord la qualité des caractères dépeints. Ils ont une profondeur, une complexité et une singularité qui rend tout ce récit tellement plus concret, plus réaliste. Puis ce récit de l'intérieur d'une vie de geisha m'a finalement appris beaucoup de chose sur ce milieu.
Je vous recommande cette lecture divertissante et forte soutenue par un N&B très réussi.
Le premier coup de coeur de mes lectures d'Angoulême, avec cette BD pour jeune qui est vraiment bien faite ! J'ai eu l'occasion de pouvoir parler avec l'auteur, auteur que je n'ai jamais vu auparavant, et c'est bien normal : il est issu de l'animation. Charlotte et moi est sa première BD, et je peux déjà vous dire que ça me plait beaucoup !
L'histoire est simple, mais d'une redoutable efficacité : c'est la complicité naissante entre Charlotte, une fille introvertie et timide, souffrant d'un handicap (mais celui-ci n'est jamais nommé), et Gus, petit garçon qui vient de déménager avec sa mère et n'a aucune envie d'être ici. Le déroulement de l'histoire est plutôt classique, mais sait rapidement nous prendre au dépourvu en sortant des sentiers battus de plusieurs façons. Ce qui semblait un cheminement classique devient rapidement original et surprenant. Et ce jusqu'à la fin.
Ce qui m'a vraiment fait aimer cette BD, c'est le traitement très humain des personnages, le côté attachant et amusant de chacune des personnalités présentées. Ce n'est pas manichéen, et jusqu'au bout j'ai trouvé les réactions justifiées et crédibles. En terme de BD pour enfant, ça vaut le détour. Sans compter qu'on parle de plusieurs sujets plutôt grave au final : le terrorisme, l'abandon d'enfant, le handicap, le divorce ... Mais toujours fait de façon intelligente et douce. Le personnage de Gus est adorable, et très crédible dans ses réactions également.
Le dessin est très efficace, on sent un peu le côté animation dans les décors mais c'est très expressif et ça convient à merveille au récit. En plus, j'ai beaucoup aimé la colorisation.
En terme de BD jeunesse, j'ai rarement lu quelque chose de ce niveau. C'est vraiment agréable à lire, même adulte, et ça prend son temps pour faire une belle histoire, crédible et intelligente. Je vous recommande très fortement !
Voilà une bien jolie histoire qui met du baume au cœur !
Écrite à quatre mains par Lou Lubie et Manon Desvaux, La fille dans l’écran est l’histoire d’une rencontre par écrans interposés entre deux jeunes filles ; l’une vit en France, gère comme elle peut ses crises d’angoisses et tente de devenir illustratrice. La seconde est exilée au Canada, mène une vie banale et a laissé en chemin ses rêves de photographe.
Le concept de raconter en parallèle leurs vies et leurs échanges en alternant une planche dessinée par chaque auteure est original et très bien exploité. L’utilisation des technologies modernes pour communiquer sert plutôt bien la mise en scène, notamment par le biais de trouvailles graphiques et de mises en page originales. Les deux jeunes filles sont attachantes, j’ai aimé leurs caractères et la justesse de leurs réactions.
Si j’ai une préférence pour le dessin de Manon Desvaux, l’alternance des deux ne m’a pas gênée outre mesure, d’autant plus que Lou Lubie apporte de la couleur ce qui est plutôt bienvenu. Les deux dessinatrices ont un style résolument moderne ; elles se sont bien trouvées, ce que l’on peut constater dans les planches où leurs dessins se mélangent en s’accordant à la perfection.
Bien entendu cette bande dessinée est destinée davantage aux romantiques qui ont envie d’une histoire un peu fleur bleue qu’aux cyniques en recherche de noirceur. Cependant, au-delà de la jolie histoire d’amour, le récit traite aussi des choix que l’on fait dans la vie, et des rêves que l’on laisse de côté ; j’ai pour ma part apprécié cet aspect qui donne du relief à ce qui aurait pu être une banale histoire d’amour.
En conclusion, j’ai plongé avec beaucoup de plaisir dans cette bande dessinée que je n’avais plus envie de refermer, et que je relirai sans doute avec beaucoup de plaisir.
Luz raconte des souvenirs du temps où il était à Charlie Hebdo. Les anecdotes tournent autour de sa carrière et de ses relations avec les autres personnalités du journal (surtout Cabu qui état un genre de mentor pour lui). Si vous voulez un livre qui parle de l'histoire de Charlie, passez votre chemin parce qu'au lieu de sujet comme le procès avec Choron, on a droit plutôt à des anecdotes de Luz sur des reportages ou encore des problèmes que rencontre les dessinateurs lorsqu'ils dessinent à la rédaction.
Ce sont des anecdotes intéressantes et remplient d'émotions. Le dessin de Luz est excellent comme d'habitude et il sait comment bien communiquer les sentiments qu'il éprouvent. C'est une lecture à la fois rigolote et un peu triste. On retrouve un peu l'esprit de Charlie vu que dans plusieurs anecdotes les gens vont très loin dans l'humour noir et la déconnage (je pense notamment à pratiquement tout ce que Luz et ses potes font durant l'Angoulême de 1996). La narration est très fluide.
Cet album fait suite à Le Sentier des Reines, que j’avais adoré. Quel plaisir de retrouver les mêmes personnages dans un contexte historique complètement différent, à savoir la Nouvelle-Calédonie coloniale.
J’ai eu un peu plus de mal à rentrer dans l’histoire (disons une vingtaine de pages), que je trouvais plus austère et sédentaire que les grandes escapades Alpines du tome précédent… et puis elle a fini par m’emporter, et je n’ai plus lâché l’album avant sa conclusion. Le dossier en fin d’ouvrage est toujours aussi intéressant et instructif, et présente la situation historique complexe qui sert de toile de fond à cette aventure.
Le dessin de Anthoby Pastor est toujours aussi beau, et sied parfaitement le ton calédonien pourtant très diffèrent de l’album précèdent.
Un excellent moment de lecture, qui m’a fait découvrir un épisode historique intéressant, en compagnie de personnages attachants et aux personnalités complexes et développées.
Le récit est centré sur la condition humaine d’Hom. Son esprit parasité le prive de libertés d’action. Pire encore, il est contraint d’agir contre sa volonté. Les questions se bousculent dans sa tête et les réponses qu’il trouvera lui permettront de recouvrer sa liberté … mais pour jusque quand ?
Voici donc un album dont le propos intemporel questionne l’homme dans toute sa complexité et ses contradictions. Ça a l’air assez bateau en apparence mais les réflexions sont nombreuses et pertinentes. Le monde hostile dans lequel évolue Hom est richement développé avec une faune originale (les êtres liés à l’arbre mère par exemple, le dauphin terrestre) et une flore luxuriante (les plantes carnivores) et terrifiante (la masse parasite qui prend possession d’Hom). Le questionnement ne remet pas en cause l’action de l’homme sur son environnement (au sens large) mais bien sur lui-même. Côté dessin, le trait léché de Carlos Gimenez convainc malgré une mise en couleurs datée qui trahit l’âge honorable de cette bd.
Lecture conseillée !
Le baron noir est une critique bien sentie des rouages de nos sociétés capitalistes où quelques têtes pensantes décident pour le bien de tous.
Bien que daté de plus de 40 ans, il nous renvoie à une réalité intemporelle. Got est brillant avec un trait aussi acéré que les serres du vorace qui tient le haut de l’affiche. Quelques esquisses lui suffisent à donner vie à des strips dont la pertinence égale la justesse du propos. On rit jaune, on broie du noir avec une échappatoire inexistante.
Bref, voici un petit traité quasi philosophique concocté par le pétillant Pétillon dont sa portée est plus universelle qu’on ne l’imagine de prime abord.
Après avoir découvert cet auteur avec Philibert (Les aventures de), je poursuis avec cette série. Et c’est encore une bonne pioche. Et cela révèle aussi l’éclectisme de Mazan, puisque l’univers développé est ici très différent, comme le dessin d’ailleurs, les personnages, le décor et la colorisation étant très éloignés (est-ce le même auteur ? peut-on même se demander).
J’ai eu du mal à accrocher au début, car le dessin et l’intrigue étaient un peu obscurs. Mais une fois embarqué, c’est vraiment une aventure très intéressante que nous présente Mazan.
C’est pas mal une histoire d’ambiance. Et l’univers développé, difficilement situable dans le temps ou l’espace – même si la France du début du XXème siècle pourrait convenir comme modèle (on parle ici de Francardie) – se révèle assez original, intriguant. Comme le sont les personnages.
J’ai préféré les deux premiers albums – même si le troisième se laisse aussi lire agréablement (ma remarque est valable pour l’histoire, mais aussi pour le dessin, qui évolue d’un album à l’autre, comme la colorisation : très sombre dans le premier, cuivré dans le suivant, un peu plus coloré dans le dernier). Ce qui est bizarre, c’est que chaque album est quasi indépendant des autres – en tout cas peut se lire sans que les autres l’aient été. Le seul lien, mais il est quand même tenu, c’est que les personnages principaux des albums précédents réapparaissent en toute fin d’album à chaque fois, dans une petite ville de bord de mer.
Mais du coup il reste quelques frustrations, puisqu’on ne saura jamais comment se finissent certaines intrigues. Et surtout certains pans d’histoire restent inexplorés (comme ce que sont les « aériens », la maladie qui ronge le pays dans le premier tome, la guerre absurde et loufoque dans le deuxième, le sens de l’échouage des baleines dans les deux premiers, etc.).
Toujours est-il que la lecture de ce triptyque est très recommandable.
Je n’ai eu que le premier tome sous la main pour le moment (mais ce n’est pas un problème, car il se lit comme un one-shot de toute façon).
Si au départ je me demandais où ça allait nous amener, j’ai peu à peu été conquis par cette histoire simple et chouette.
Philibert, médecin légiste de son état, vit des relations difficiles avec sa grosse logeuse et sa grosse amie – obnubilées par les courses et les bonnes affaires en supermarché. Parti se ressourcer en vacances, il fait la connaissance d’une jeune femme, avec qui il s’installe par la suite.
Elle se révèle anorexique, mais surtout ultra maniaque, atteinte d’une série de tocs dont il tente de s’accommoder, plus ou moins bien, avec plus ou moins d’humour.
L’album se lit vite, car peu de dialogues. Mais c’est plein de fraicheur et d’humour. Et l’aspect graphique et aussi chouette, avec des corps filiformes (Philibert et sa copine) au milieu d’autres souvent plus qu’obèse. Le dessin quasi caricatural et la colorisation – très album pour enfant – ajoutent une touche ma foi bien agréable à cette histoire sans prétention, mais qui est très plaisante à lire, emplie de poésie et d’humour.
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Hôtel Pennington
Une BD que j'avais envie de lire principalement pour le coup de crayon de Ileana Surducan que j'apprécie beaucoup, et que j'avais hâte de voir dans une nouvelle BD. J'avais une petite réserve sur le scénario de Ced, principalement parce que je ne suis pas très fan de ses BD humoristiques. J'avais une grande crainte à ce niveau, mais finalement la BD est clairement plus jeunesse et fantastique. Niveau dessin, je n'ai rien à dire : j'adore ce que fait Ileana Surducan (je me répète, non ?) et c'est très coloré, très adouci et mignon. Le genre auquel j'adhère particulièrement. Et il convient très bien au ton du récit, avec ce mélange de poésie et de noirceur. L'influence de E. Poe est là, dirait-on ! Pour l'histoire, je rejoins totalement ce que dis McArthur, en ajoutant que j'ai beaucoup aimé le caractère du personnage principal (peut-être parce que ça me rappelait des souvenirs). Bref, je suis très content de ma lecture, et j'ai beaucoup aimé le petit univers qui est dévoilé au fur et à mesure des pages. La division en chapitres me semble un peu étonnante, mais c'est compréhensible (surtout pour un livre jeunesse, lorsqu'on veut que les jeunes lisent par petits bouts). Encore un livre jeunesse que je recommanderais. J'ai vraiment adoré le dessin et trouvé l'histoire très sympathique, je vous recommande évidemment la lecture !
Geisha ou Le jeu du shamisen
Juste deux volumes pour une vie de Geisha qui défile sous notre regard. C'est beau, sensible, juste, prenant, profondément humain, dramatique. Deux aspects m'ont surpris ici. Tout d'abord la qualité des caractères dépeints. Ils ont une profondeur, une complexité et une singularité qui rend tout ce récit tellement plus concret, plus réaliste. Puis ce récit de l'intérieur d'une vie de geisha m'a finalement appris beaucoup de chose sur ce milieu. Je vous recommande cette lecture divertissante et forte soutenue par un N&B très réussi.
Charlotte et moi
Le premier coup de coeur de mes lectures d'Angoulême, avec cette BD pour jeune qui est vraiment bien faite ! J'ai eu l'occasion de pouvoir parler avec l'auteur, auteur que je n'ai jamais vu auparavant, et c'est bien normal : il est issu de l'animation. Charlotte et moi est sa première BD, et je peux déjà vous dire que ça me plait beaucoup ! L'histoire est simple, mais d'une redoutable efficacité : c'est la complicité naissante entre Charlotte, une fille introvertie et timide, souffrant d'un handicap (mais celui-ci n'est jamais nommé), et Gus, petit garçon qui vient de déménager avec sa mère et n'a aucune envie d'être ici. Le déroulement de l'histoire est plutôt classique, mais sait rapidement nous prendre au dépourvu en sortant des sentiers battus de plusieurs façons. Ce qui semblait un cheminement classique devient rapidement original et surprenant. Et ce jusqu'à la fin. Ce qui m'a vraiment fait aimer cette BD, c'est le traitement très humain des personnages, le côté attachant et amusant de chacune des personnalités présentées. Ce n'est pas manichéen, et jusqu'au bout j'ai trouvé les réactions justifiées et crédibles. En terme de BD pour enfant, ça vaut le détour. Sans compter qu'on parle de plusieurs sujets plutôt grave au final : le terrorisme, l'abandon d'enfant, le handicap, le divorce ... Mais toujours fait de façon intelligente et douce. Le personnage de Gus est adorable, et très crédible dans ses réactions également. Le dessin est très efficace, on sent un peu le côté animation dans les décors mais c'est très expressif et ça convient à merveille au récit. En plus, j'ai beaucoup aimé la colorisation. En terme de BD jeunesse, j'ai rarement lu quelque chose de ce niveau. C'est vraiment agréable à lire, même adulte, et ça prend son temps pour faire une belle histoire, crédible et intelligente. Je vous recommande très fortement !
La Fille dans l'écran
Voilà une bien jolie histoire qui met du baume au cœur ! Écrite à quatre mains par Lou Lubie et Manon Desvaux, La fille dans l’écran est l’histoire d’une rencontre par écrans interposés entre deux jeunes filles ; l’une vit en France, gère comme elle peut ses crises d’angoisses et tente de devenir illustratrice. La seconde est exilée au Canada, mène une vie banale et a laissé en chemin ses rêves de photographe. Le concept de raconter en parallèle leurs vies et leurs échanges en alternant une planche dessinée par chaque auteure est original et très bien exploité. L’utilisation des technologies modernes pour communiquer sert plutôt bien la mise en scène, notamment par le biais de trouvailles graphiques et de mises en page originales. Les deux jeunes filles sont attachantes, j’ai aimé leurs caractères et la justesse de leurs réactions. Si j’ai une préférence pour le dessin de Manon Desvaux, l’alternance des deux ne m’a pas gênée outre mesure, d’autant plus que Lou Lubie apporte de la couleur ce qui est plutôt bienvenu. Les deux dessinatrices ont un style résolument moderne ; elles se sont bien trouvées, ce que l’on peut constater dans les planches où leurs dessins se mélangent en s’accordant à la perfection. Bien entendu cette bande dessinée est destinée davantage aux romantiques qui ont envie d’une histoire un peu fleur bleue qu’aux cyniques en recherche de noirceur. Cependant, au-delà de la jolie histoire d’amour, le récit traite aussi des choix que l’on fait dans la vie, et des rêves que l’on laisse de côté ; j’ai pour ma part apprécié cet aspect qui donne du relief à ce qui aurait pu être une banale histoire d’amour. En conclusion, j’ai plongé avec beaucoup de plaisir dans cette bande dessinée que je n’avais plus envie de refermer, et que je relirai sans doute avec beaucoup de plaisir.
Indélébiles
Luz raconte des souvenirs du temps où il était à Charlie Hebdo. Les anecdotes tournent autour de sa carrière et de ses relations avec les autres personnalités du journal (surtout Cabu qui état un genre de mentor pour lui). Si vous voulez un livre qui parle de l'histoire de Charlie, passez votre chemin parce qu'au lieu de sujet comme le procès avec Choron, on a droit plutôt à des anecdotes de Luz sur des reportages ou encore des problèmes que rencontre les dessinateurs lorsqu'ils dessinent à la rédaction. Ce sont des anecdotes intéressantes et remplient d'émotions. Le dessin de Luz est excellent comme d'habitude et il sait comment bien communiquer les sentiments qu'il éprouvent. C'est une lecture à la fois rigolote et un peu triste. On retrouve un peu l'esprit de Charlie vu que dans plusieurs anecdotes les gens vont très loin dans l'humour noir et la déconnage (je pense notamment à pratiquement tout ce que Luz et ses potes font durant l'Angoulême de 1996). La narration est très fluide.
La Vallée du Diable
Cet album fait suite à Le Sentier des Reines, que j’avais adoré. Quel plaisir de retrouver les mêmes personnages dans un contexte historique complètement différent, à savoir la Nouvelle-Calédonie coloniale. J’ai eu un peu plus de mal à rentrer dans l’histoire (disons une vingtaine de pages), que je trouvais plus austère et sédentaire que les grandes escapades Alpines du tome précédent… et puis elle a fini par m’emporter, et je n’ai plus lâché l’album avant sa conclusion. Le dossier en fin d’ouvrage est toujours aussi intéressant et instructif, et présente la situation historique complexe qui sert de toile de fond à cette aventure. Le dessin de Anthoby Pastor est toujours aussi beau, et sied parfaitement le ton calédonien pourtant très diffèrent de l’album précèdent. Un excellent moment de lecture, qui m’a fait découvrir un épisode historique intéressant, en compagnie de personnages attachants et aux personnalités complexes et développées.
Hom
Le récit est centré sur la condition humaine d’Hom. Son esprit parasité le prive de libertés d’action. Pire encore, il est contraint d’agir contre sa volonté. Les questions se bousculent dans sa tête et les réponses qu’il trouvera lui permettront de recouvrer sa liberté … mais pour jusque quand ? Voici donc un album dont le propos intemporel questionne l’homme dans toute sa complexité et ses contradictions. Ça a l’air assez bateau en apparence mais les réflexions sont nombreuses et pertinentes. Le monde hostile dans lequel évolue Hom est richement développé avec une faune originale (les êtres liés à l’arbre mère par exemple, le dauphin terrestre) et une flore luxuriante (les plantes carnivores) et terrifiante (la masse parasite qui prend possession d’Hom). Le questionnement ne remet pas en cause l’action de l’homme sur son environnement (au sens large) mais bien sur lui-même. Côté dessin, le trait léché de Carlos Gimenez convainc malgré une mise en couleurs datée qui trahit l’âge honorable de cette bd. Lecture conseillée !
Le Baron Noir
Le baron noir est une critique bien sentie des rouages de nos sociétés capitalistes où quelques têtes pensantes décident pour le bien de tous. Bien que daté de plus de 40 ans, il nous renvoie à une réalité intemporelle. Got est brillant avec un trait aussi acéré que les serres du vorace qui tient le haut de l’affiche. Quelques esquisses lui suffisent à donner vie à des strips dont la pertinence égale la justesse du propos. On rit jaune, on broie du noir avec une échappatoire inexistante. Bref, voici un petit traité quasi philosophique concocté par le pétillant Pétillon dont sa portée est plus universelle qu’on ne l’imagine de prime abord.
L'Hiver d'un monde
Après avoir découvert cet auteur avec Philibert (Les aventures de), je poursuis avec cette série. Et c’est encore une bonne pioche. Et cela révèle aussi l’éclectisme de Mazan, puisque l’univers développé est ici très différent, comme le dessin d’ailleurs, les personnages, le décor et la colorisation étant très éloignés (est-ce le même auteur ? peut-on même se demander). J’ai eu du mal à accrocher au début, car le dessin et l’intrigue étaient un peu obscurs. Mais une fois embarqué, c’est vraiment une aventure très intéressante que nous présente Mazan. C’est pas mal une histoire d’ambiance. Et l’univers développé, difficilement situable dans le temps ou l’espace – même si la France du début du XXème siècle pourrait convenir comme modèle (on parle ici de Francardie) – se révèle assez original, intriguant. Comme le sont les personnages. J’ai préféré les deux premiers albums – même si le troisième se laisse aussi lire agréablement (ma remarque est valable pour l’histoire, mais aussi pour le dessin, qui évolue d’un album à l’autre, comme la colorisation : très sombre dans le premier, cuivré dans le suivant, un peu plus coloré dans le dernier). Ce qui est bizarre, c’est que chaque album est quasi indépendant des autres – en tout cas peut se lire sans que les autres l’aient été. Le seul lien, mais il est quand même tenu, c’est que les personnages principaux des albums précédents réapparaissent en toute fin d’album à chaque fois, dans une petite ville de bord de mer. Mais du coup il reste quelques frustrations, puisqu’on ne saura jamais comment se finissent certaines intrigues. Et surtout certains pans d’histoire restent inexplorés (comme ce que sont les « aériens », la maladie qui ronge le pays dans le premier tome, la guerre absurde et loufoque dans le deuxième, le sens de l’échouage des baleines dans les deux premiers, etc.). Toujours est-il que la lecture de ce triptyque est très recommandable.
Les Aventures de Philibert
Je n’ai eu que le premier tome sous la main pour le moment (mais ce n’est pas un problème, car il se lit comme un one-shot de toute façon). Si au départ je me demandais où ça allait nous amener, j’ai peu à peu été conquis par cette histoire simple et chouette. Philibert, médecin légiste de son état, vit des relations difficiles avec sa grosse logeuse et sa grosse amie – obnubilées par les courses et les bonnes affaires en supermarché. Parti se ressourcer en vacances, il fait la connaissance d’une jeune femme, avec qui il s’installe par la suite. Elle se révèle anorexique, mais surtout ultra maniaque, atteinte d’une série de tocs dont il tente de s’accommoder, plus ou moins bien, avec plus ou moins d’humour. L’album se lit vite, car peu de dialogues. Mais c’est plein de fraicheur et d’humour. Et l’aspect graphique et aussi chouette, avec des corps filiformes (Philibert et sa copine) au milieu d’autres souvent plus qu’obèse. Le dessin quasi caricatural et la colorisation – très album pour enfant – ajoutent une touche ma foi bien agréable à cette histoire sans prétention, mais qui est très plaisante à lire, emplie de poésie et d’humour.