Les derniers avis (31417 avis)

Par sloane
Note: 4/5
Couverture de la série L'Enfer de Dante
L'Enfer de Dante

Oyez, oyez, la notion du beau est toute subjective et il arrive qu'une BD dont le thème n'est pas dans notre zone de confort développe chez le lecteur le sentiment d'être devant quelque chose qui dégage une puissance au-delà des gouts et des couleurs de l'aviseur lambda. "Lenfer de Dante" des frères Brizzi, Gaëtan se chargeant des personnages, Paul des décors fait partie de ses œuvres que j'ose nommer monumentales. Monumentale par le sujet, qu'on se le dise "La divine comédie" de Dante Alighieri fait partie de ses œuvres du patrimoine italien voire mondial. Tout le monde connait plus ou moins cette histoire où Dante accompagné du poète Virgile descend aux enfers afin de retrouver son amour perdu Béatrice; ce faisant ils traversent tous deux les cercles de l'enfer. Il fallait une vision particulièrement imaginative pour retranscrire ce décor et les personnages qui le peuplent, de ce point de vue les auteurs ont tout bon, très bon même dans un décor fortement inspiré de Gustave Doré avec des structures architecturales qui vous happent. L'arrivée du nautonier Caron page 20 est une image que je ne suis pas près d'oublier. Aux côtés d'autres auteurs qui ont su sublimer le noir et blanc, je pense au magnifique "Rapport de Brodeck" Messieurs Brizzi adaptent de belle manière une œuvre foisonnante. Pour ma part c'est un coup de cœur et dès que j'ai feuilleté cet album je n'ai eu de cesse de rencontrer les auteurs. Le final de l’œuvre m'a évoqué l'Alice de Lewis Carroll qui se demande si elle n'a pas rêvée ses aventures au même titre que Dante. Une BD pour moi essentielle. "Toi qui rentre ici abandonnes toute espérance"

04/02/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Idée
Idée

L'idée de départ était de publier une première œuvre de Frans Masereel sur ce merveilleux site (il était temps) et quoi de mieux que "Idée". Frans Masereel est né en 1889 en Belgique et mort en 1972 en Avignon. Un artiste couteau suisse, illustrateur, graveur sur bois, peintre et dessinateur. Artiste engagé, humaniste, libertaire, pacifiste antimilitariste, marqué par la première guerre mondiale, ses œuvres dénoncent sans concessions les horreurs de la guerre, de l'oppression et de l'injustice sociale. Frans Masereel est considéré comme le précurseur du roman graphique, il a aussi inspiré quelques artistes dont Will Eisner. Cette "Idée" retrace la vie d'une idée, de sa naissance à sa mort ou à son remplacement par une autre idée. Un récit à la narration sans parole avec une image par planche qui apporte une belle fluidité. L'idée, ici, centrée contre le capitalisme et sa révolution industrielle, prend la forme d'une femme, mais d'une femme nue, elle sera considérée comme subversive et on ne cessera de l'habiller pour la faire taire. Elle ira jusqu'à se dupliquer dans une imprimerie, tout un symbole, la puissance du livre. Un beau plaidoyer sur la liberté. La partie graphique m'a beaucoup plu, Masereel utilise la technique de la gravure sur bois sur chacune de ses planches et le résultat est vraiment bluffant, il me rappelle par certains aspects celui sur Perpendiculaire au soleil. Un travail minutieux, aux très nombreux détails et aux visages excessivement expressifs. Il faut prendre son temps pour en apprécier toute la beauté. Moi qui ne suis pas adepte des vieilles bd, j'ai adoré celle-ci, percutante, moderne et toujours d'actualité. Un artiste à (re)-découvrir, profitez des réimpressions aux éditions Martin de Halleux. Une bien belle curiosité ! Coup de cœur.

03/02/2023 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série Elliot au collège
Elliot au collège

Ha ba comme Ro ! Tout pareil : c'est tantôt drôle, tantôt touchant, parfois tragique, mais le propos reste toujours assez juste sur cet âge mou qui flotte entre l'enfance et adolescence. L'âge ingrat, noyé sous des torrents d'émotions tout aussi incontrôlables que l'acné. Il y a des petites trouvailles sympas comme les monstres invisibles censés matérialiser les émotions dominantes des personnages. Le coup de crayon de Théo Grosjean fait mouche, parfaitement adapté au ton de ces micro-aventures quotidiennes qui se succèdent à l'aide d'un fil rouge : les personnages évoluent, on change parfois de point de vue, ce qui apporte un background signifiant, et encore une fois bien senti (on pense en particulier aux personnages de Aya et Bastien). La mise en couleur n'est pas tapageuse, ce que j'apprécie. Bref ! C'est sans prétention, mais très sincère, et ça sonne vrai. Du coup, subrepticement, on se laisse conduire jusqu'à l'épilogue de ce premier tome qui appelle déjà la lecture des suivants. Le public visé principalement, soit les 10-12 ans, devraient largement s'y retrouver. Moi aussi, c'est dire !

03/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Moi en double
Moi en double

Une œuvre autobiographique apparemment, sur un sujet qui peut être – et qui semble l’avoir été – très douloureux, à savoir l’obésité. L’aspect quelque peu décousu de l’album, malgré un petit chapitrage, rend bien les questionnements, les aller-retours au niveau moral, confiance, dépression, et l’on mesure la difficulté de parler de soi, de pousser les autres à vous parler « franchement », la difficulté à se libérer des injonctions de la société. Le ton employé n’est ni larmoyant ni artificiel, je l’ai trouvé juste, et le côté brouillon et décousu, déjà évoqué, permet de maintenir un certain dynamisme, un intérêt, et d’échapper à toute linéarité peu crédible. De même que l’utilisation d’un « double » permet au discours d’être précis sans trop alourdir la narration. Rien d’extraordinaire ici certes, mais un album relativement vite lu, que j’ai apprécié. L’auteure a su rendre intéressant son cas particulier et, même si ce n’était pas vraiment le but, il y a pour tout un chacun – qu’on soit ou non obèse – matière à réflexion. Car il n’y a pas de fatalité ou de manichéisme (voir le passage où elle parle de sa sexualité). Note réelle 3,5/5.

03/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Chien qui louche
Le Chien qui louche

Cette oeuvre me réconcilie avec le travail d'Etienne Davodeau. J'ai pris un vif plaisir à lire sa comédie autour de la vieille croute de la famille Benion. J'ai découvert un scénario sous forme de farce très drôle avec des dialogues incisifs, pertinents et bourrés d'humour. La palme au personnage de Mathilde qui navigue entre les situations coquines avec Fabien et la lourdeur des hommes Benion. Louvre éditions nous permet de découvrir et de mettre en valeur des côtés moins glamour que les oeuvres célèbres. J'avais déjà beaucoup apprécié Une maternité rouge de Lax. Dans un style tout à fait différent Davodeau nous permet de reconnaître la valeur du travail des agents qui veillent sur nos trésors communs. Davodeau invente une intrigue loufoque dont on se demande comment il va se sortir. Même si le final utilise une astuce assez banale, la représentation de la famille Benion gonflée de vanité inculte subissant un discours à double sens est très comique. Le graphisme se partage entre le dynamisme du comique des situations ou des dialogues et la fixité immortelle et divine des grandes oeuvres du Louvre. C'est le corps de Mathilde qui fait le lien entre les deux mondes avec ses postures de déesse grecque au sortir de la douche. Le N&B est presque obligatoire pour privilégier les formes et les lignes parfaites des statues ou des meubles exposés. Cela permet aussi un rappel que le Louvre ne se résume pas à La Joconde ou à deux trois oeuvres célèbres. Cette agréable lecture qui allie comédie et culture académique nous invite à avoir du recul et un oeil neuf sur notre façon de regarder ces merveilles. Une très bonne lecture pour tous.

03/02/2023 (modifier)
Couverture de la série Monsieur le commandant
Monsieur le commandant

Quel connard abject ! En tournant la dernière page de ce récit, c’est très clairement la pensée qui occupait tout mon esprit. Mais quel con, quelle ignoble crapule, quel abject énergumène ! Et les petites biographies proposées en fin d’album et qui jettent le trouble quant à la véracité de cette histoire ne font encore qu’accentuer le choc ressenti, car on ne peut s’empêcher de penser que cela pourrait être vrai. Vous l’aurez compris, l’élément moteur de ce récit réside dans la personnalité de son personnage principal, un de ces personnages que l’on adore détester tant ils nous dégoûtent du genre humain. Le scénario, adapté d’un roman de Romain Slocombe, dose magnifiquement la progression dramatique. Il permet de comprendre le personnage, déchiré entre son antisémitisme primaire et son désir charnel. Il en deviendrait pathétique s’il n’était pas aussi abject et arrogant. Le dessin d’Etienne Oburie est très carré, et sa raideur convient parfaitement au récit tant elle vient souligner le caractère rigide de ce Paul-Jean Husson. L’adaptation est réussie. Malgré une impression d’un scénario un peu décousu en début de lecture, je trouve qu’au fil des planches, la linéarité de la progression dramatique est exemplaire. Il devient difficile de voir où des coupures ont été (ou auraient pu être) faites. C’est franchement du beau travail. Au final, cet album m’a donc marqué. Par la personnalité de son personnage central, grâce à la richesse de l’analyse de caractère à laquelle se livrent les auteurs, parce que le dessin est adapté au personnage, parce que les biographies en fin d’album donnent de l’authenticité au récit… et parce que l’être humain peut se montrer aussi vil et abject que Paul-Jean Husson. Choquant ! Dans le bon sens du terme. Un terrible rappel du trou sans fond dans lequel un homme peut sombrer par hypocrisie, égoïsme et lâcheté.

03/02/2023 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Spirale
Spirale

Un ami m'a prêté l'intégrale de cette série que j'ai pu dévorer en une journée, et franchement c'est génial ! Je suis sous le charme de cette BD qui allie des graphismes prenants, une histoire mystérieuse et un sous-texte engagé. C'est le genre de lecture dont on ressort avec une respiration courte et qui nécessitent de "sortir" de cette histoire, prenante et surtout angoissante. C'est un véritable sentiment d'angoisse qui m'a saisit à la lecture, avec une plongée progressive dans l'horreur. L'auteur utilise surtout des morceaux de body-horror, des déformations et des transformations, mais il sait jouer finement avec et donne lieu à des scènes réellement horribles. Je suis surpris de la tournure qu'il arrive à trouver parfois, donnant lieu à des images marquantes. La spirale est au centre de l’œuvre mais la composition qu'il trouve est réellement novatrice. Sur ce dessin qui plonge dans les profondeurs de l'horreur, le scénario semble parfois un peu "léger" (mais toujours grave). Ce sont surtout des petites histoires indépendantes et déconnectées, qui ne semblent n'avoir qu'un seul lien, celui de la spirale. Progressivement, cependant, les différentes pièces du puzzle s'ajoutent les unes aux autres et finissent par dresser la carte d'ensemble. Le final est en demi-teinte, sans grandiose et révélation fabuleuse, mais en même temps il conclut parfaitement l'histoire et offre surtout une clé de compréhension de tout l'ensemble. Et c'est parfaitement bien géré, car tout du long il est assez évident que la spirale n'est jamais utilisée de manière simpliste. Il y a là un message sous-jacent, parfois très clair, qui est présent à chaque histoire. Que la spirale parle de notre addiction à l'attention des autres, qu'elle nous parle de la déconnexion qu'on peut avoir de la réalité lorsqu'une passion s'empare de nous, ou simplement qu'elle nous parle de l'envie que l'on puisse avoir pour d'autres, l'ensemble des histoires parle de tout les travers humains qui sont mis en lumière et progressivement dévoilés. La spirale devient le fantastique qui permets d'exploiter le réel, et qui y parvient très bien. L'édition que j'ai lue comporte une post-face d'un ex-ministre japonais (quand même !) qui explique à sa façon le ressenti de l’œuvre. Je ne sais pas si sa lecture est la bonne, mais qu'est-ce qu'elle colle bien à l'idée ! Pour lui, le manga parle avant tout du capitalisme et de la désillusion pour la population japonaise de ses mirages, à l'orée des années 2000, lorsque crises et faillites s'accumulent. La lecture me semble assez juste, tout dans le manga semble avoir un lien avec l'exploitation de l'humain et de ses pires aspects, compulsif, égoïste, égocentrique, malveillant. A l'inverse, les personnages principaux qui parviennent à échapper à bon nombre de malédictions s'en sortent dans l'entraide, en s'aimant et en restant attentionnés les uns envers les autres. C'est une idée que j'aime beaucoup et qui fait plaisir à voir. En résumé, ce manga est prenant, parfaitement bon dans le genre de l'horreur, avec des images fortes qui restent dans la tête, et surtout porteur d'un message qui est à la fois subtil, mais aussi assez perceptible tout au long de l’œuvre. C'est le genre de lecture étonnante que je recommande, pour peu que vous arriviez à dormir après l'avoir lu. C'est marquant, de plusieurs façons.

03/02/2023 (modifier)
Par Ju
Note: 4/5
Couverture de la série Dans la combi de Thomas Pesquet
Dans la combi de Thomas Pesquet

Mazette, comme le temps passe vite. Quand cette bd est sortie, j'ai vite été intéressé et je me suis mis en tête de la trouver ou, en tout cas de la lire. Et je croyais que j'avais été assez efficace, et ben en fait non. Elle est sortie il y a 5 ans en fait, et je l'ai lu à peu près 4 ans après sa sortie (j'ai un peu moins de retard dans mon postage d'avis que dans mes lectures). Marion Montaigne, qui se fait sa spécialité de la vulgarisation scientifique en bd, nous conte ici la folle aventure de l'astronaute Thomas Pesquet, de sa sélection en tant qu'astronaute au retour de son premier séjour au sein de la station spatiale internationale. J'adore la narration de Marion Montaigne. Vraiment, quel talent je trouve. C'est toujours clair, mais jamais barbant et toujours drôle. Comme dans Tu mourras moins bête, il y avait quand même un potentiel d'ennui assez fort, et au final pas du tout. Ma lecture a été très agréable du début à la fin. On sent que Thomas Pesquet est passionné, et Marion Montaigne ultra intéressée par ce qu'il lui raconte, et c'est, du coup, vraiment très super. Le métier des astronautes, même si on reste évidemment grandement en surface, nous est bien expliqué, les compétences qu'ils ont du appréhender, les missions qu'ils doivent accomplir, et l'aventure avec toutes les préparations aux missions, les formations et, au final, la mission elle même. Il y a beaucoup d'humour, notamment dans les discussions aves les astronautes russes qui m'ont beaucoup fait rire. Le dessin et le choix de la calligraphie des cases n'y sont pas étrangers. Les personnages de Montaigne sont toujours assez marrants et expressifs, malgré le simplisme apparent du trait qui, il est vrai, a énormément pris en maturité par rapport aux premiers dessins de Tu mourras moins bête qui a fait connaitre l'autrice. L'équilibre entre humour et apprentissage est parfait, et la BD est donc passionnante à lire. Cependant, quelque chose m'a fait tiquer, je ne sais pas si ça me gène vraiment mais je l'ai relevé. Il n'y a aucun commentaire sur l'impact environnemental et écologique qui, pour le coup, a l'air assez costaud. J'aurais bien aimé avoir quelques planches à ce sujet, ou au moins l'ébauche d'une discussion. Peut-être n'aurais-je pas noté cela si j'avais lu la BD à sa sortie en 2017, le sujet me semblant plus prégnant aujourd'hui.

03/02/2023 (modifier)
Par Liam
Note: 4/5
Couverture de la série 47 Cordes
47 Cordes

Une excellente découverte qui ne dépasse jamais les limites du ridicule ou de l'absurde. Une inspiration de l'imaginaire intéressante et des personnages glauques à souhait qui m'ont parfois rappelé ceux de Sandman. Ne manquait plus que la musique pour accompagner ces illustrations lyriques ! Hâte de découvrir le tome 2 mais à la fois moins hâte de voir s'achever cette histoire !

02/02/2023 (modifier)
Par Yannis
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
Couverture de la série Simone
Simone

Après Irena, Morvan et Evrard recompose leur duo pour raconter l'histoire de Simone Lagrange. La jeune fille entre en résistance très jeune (13 ans) et supportera la torture de la main de Klaus Barbie. 30 ans plus tard elle fera partie de ceux qui le confondront. Pour ceux qui ont apprécié la première œuvre des deux auteurs vous retrouverez les qualités de celle-ci dans "Simone". On suit donc l'histoire de la jeune fille et de la mère de famille qu'elle est devenue en alternant les deux histoires. Pour la première on nous raconte la guerre et les transformations qu'elle a engendré comme par exemple l'institutrice dont l'antisémitisme ressort avec l'Occupation alors qu'elle semblait proche de la famille de Simone (qui est juive). L'évolution des comportements est bien abordée même si on pourrait la trouver un peu extrême dans le traitement parfois mais nous sommes plus sur des grands traits de personnalité et des archétypes. Pour le présent (les années 70) on voit bien le débat intérieur de Simone symbolisé par ce personnage vert et à l'air méchant écho de son passé. Elle hésite, ne veut pas revivre l'enfer même en souvenir même si rattraper son tortionnaire et amener la Justice à le juger la pousse à réfléchir. Le dessin jeunesse allège le propos notamment avec des petites touches d'humour mais la BD reste quand même à réserver à un public averti et crée un décalage entre l'illustration et la gravité des propos. Une BD racontant le destin doublement bouleversé d'une jeune fille puis plus tard d'une mère de famille à lire.

02/02/2023 (MAJ le 02/02/2023) (modifier)