Alors là, énorme coup de cœur !
La superbe couverture a tout de suite attiré mon attention alors que je déambulais parmi les éditeurs indépendants au festival d’Angoulême 2023, et une dédicace (et chouette rencontre) plus tard, l’affaire était pliée.
Sur le fond, il ne s’agit certes que d’une énième histoire de chasse aux sorcières. Mais l’univers mis en place par l’auteur m’a pris à la gorge : sa violence inouïe, l’omniprésence de la nature comme une force à part entière, et puis surtout ce trio de personnages tellement attachants. Ongle et Pluie (les deux sorcières) commettent des atrocités sans nom… impossible pourtant de leur en vouloir. On suit leurs déboires avec peine, on souffre avec elles, on les encourage dans leur terrible fuite. Et leur compagnon d’infortune, Georg, est tellement bienveillant et fragile. J’ai vraiment tremblé avec eux, jusqu’à ce dénouement en cliffhanger qui m’a scotché, raaa vivement la suite !
Je réalise tout à fait que le dessin tout en esquisses ne sera pas du goût de tout le monde, et la lisibilité est parfois perfectible. Mais il a un charme fou, et contribue grandement à l’ambiance cauchemardesque du récit.
Bref, un gros coup de cœur en ce qui me concerne.
Un petit album muet fort attachant, j’aime le ressortir et me replonger dans cet humour plein de tendresse.
C’est une des toutes premières œuvres de James, on retrouve son style animalier expressif dans une mise en page fluide et aérée, les dessins entre les différentes histoires m’ont également bien plu.
Les courts récits sont dans l’ensemble tous réussis, rien d’hilarant mais c’est joliment bien vu et tendre. James passe à sa moulinette des petits moments de vie à tout âge, nous rappelant au passage qu’on en a qu’une.
Rien de vraiment extraordinaire mais un album frais qui met la patate.
Etant un passionné jusqu'à la folie de la saga de Peter Jackson, le Seigneur des Anneaux (et aussi du Hobbit), je ne pouvais que m'intéresser à ce one-shot que j'avais lu en bibli y'a quelques mois et que pour une raison inconnue, j'ai totalement oublié d'aviser plus tôt. Quant aux romans de Tolkien, je n'ai lu que le SDA quand j'étais plus jeune, j'en ai relu d'énormes passages lorsque j'ai découvert les films de 2001 à 2003... déja 20 ans, ça passe à une vitesse et on vieillit inexorablement !
Bon cet album m'a vraiment emballé, mais je n'y ai pas appris grand chose en fait, parce que dans la quantité astronomique de bonus figurant sur le coffret DVD des VL, il y a des docs sur Tolkien et sur son oeuvre qui donnent déja un bon aperçu sur le gars ; l'album m'a juste remis en mémoire car comme je disais, ça fait 20 ans que j'ai visionné tout ça. Quelques détails ont quand même complété mes connaissances.
Je trouve l'entreprise intéressante parce qu'on connait surtout le Tolkien littéraire, le génie de cet homme qui a inventé tout un univers fantastique et merveilleux, mais on connait mal l'homme qu'il fut. Il y avait matière à raconter entre la période historique et tragique qu'il a traversée avec la guerre de 14-18 et les tranchées où il perdra tous ses amis de lycée et qui le marqueront à jamais, entre son inventivité débordante et sa passion pour les langues anciennes... Le projet est ambitieux, et là où je pensais que ça allait être un récit ennuyeux, je me suis retrouvé au final avec un récit passionnant ; c'est une mine d'informations sur la vie d'un grand auteur anglais où l'on comprend comment il en est venu à écrire, en puisant dans son expérience personnelle et ses épreuves de la vie pour parfaire ses créations.
On suit donc les étapes de sa vie, depuis sa naissance en Afrique du Sud en 1892, puis son enfance où il aime courir dans la campagne anglaise et déja sa propension à s'inventer des histoires, sa rencontre avec Edith, son mariage, son admission à Oxford, son petit cercle poétique avec ses amis, puis la guerre atroce réalité qui lui laissera une marque indélébile. Tolkien rêve d'écrire tout ce qui lui trotte dans la tête, remplie de récits fabuleux, d'elfes, de batailles et de dragons, et tout partira d'une simple petite phrase anodine : "Un Hobbit vivait dans un trou".
La bande est très érudite, plutôt dense, assez complète, et surtout ce qui m'a surpris, elle évite les clins d'oeil trop évidents au Seigneur des Anneaux pour ne pas détourner le sujet. Le tout est soutenu par un dessin sans trop de génie, mais tout à fait correct qui retranscrit bien la période décrite.
Un biopic passionnant de bout en bout
Etonnant mélange de désuétude et d'originalité, cette publication faussement jeunesse peut paraitre surprenante mais je suis tombé sous son charme.
Visuellement, on croirait lire ces vieux illustrés pour la jeunesse d'il y a plus d'un siècle. Un trait mignon, des couleurs douces, des décors naturels et charmants, ces planches paraissent issues d'un autre âge. En même temps, l'auteur a un style assez personnel et notamment la représentation du visage du héros, Gosse, est vraiment bizarre, assez laide en réalité. Le choix est d'autant plus étonnant que les visages des autres protagonistes sont relativement normaux en comparaison, à l'exception de Taigne, son futur ami dont on ne sait pas trop s'il a une vraie tête de chataigne ou si c'est un garçon à la pilosité excessive. Toutefois, hormis cette légère réticence sur les visages des héros, j'ai aimé le style graphique et surtout les décors et paysages.
Car j'ai été très rapidement emporté dans cette Drôme fantasmée du début du 20e siècle, une Drôme campagnarde, vivant au gré du Rhône qui est ici un personnage à part entière. C'est une région que je ne connais pas mais je m'y suis retrouvé dépaysé à la lecture de cette série d'aventures entre réalisme historique et fable pour enfants. C'est cette forme de dépaysement, de nostalgie d'une époque qu'on n'a pas connue, qui fait selon moi la force de cette BD.
Les histoires quant à elle sont comme une suite de petites aventures vécues par le héros, une sorte de Tom Sawyer bien français qui va d'ailleurs lui aussi rencontrer son Huckleberry Finn sous la forme de Taigne, un garçon de son âge rencontré lors d'un périple dans l'Ardèche sauvage et mystérieuse qui se trouve de l'autre côté de l'infranchissable Rhône. Parfois réalistes, parfois fantaisistes, parfois très légères, parfois plus sérieuses, ces aventures qui forment une histoire continue sont plaisantes à suivre et suffisamment bien rythmées pour ne jamais ennuyer.
Ce n'est probablement pas un indispensable, et il est possible que le graphisme ou le ton incongru de cette série puissent en rebuter certains, mais j'ai trouvé cette BD pleine de charme et d'un exotisme désuet qui me donne envie d'en savoir plus et de suivre son auteur.
Note : 3,5/5
C'est avec un grand plaisir que j'ai lu la série de Cécile Chicault issu du conte des frères Grimm "Le Diable aux trois cheveux d'or".
L'autrice respecte à la lettre le scénario du conte. Elle propose aux jeunes lecteurs une version brute de décoffrage sans rentrer dans les nombreuses symboliques que porte le récit. Le rythme est rapide et la lecture très fluide.
En effet ce conte, pas toujours très connu, est d'une richesse extraordinaire pour qui veut approfondir les différents éléments.
C'est un conte que tous les ados devraient lire/relire tellement il porte en lui les enseignements de la réalisation du moi et de l'épanouissement de sa personnalité.
On y retrouve aussi un nombre important de références à des récits de la mythologie grecque (Jason, Bellerophon, Charon et le Styx ou le Léthé) ce qui fait de cette série une porte intéressante vers d'autres horizons.
Le graphisme s'oriente vers les enfants avec ces personnages aux allures de marionnettes. Les stéréotypes sont classiques et facilement appropriables par le public même assez jeune. J'ai beaucoup aimé l'originalité de l'image du Diable et de l'Enfer loin de l'imagerie véhiculée habituellement.
Les décors qui entourent les personnages sont détaillés et très bien colorés. Cela crée des ambiances vraiment très adaptées au récit.
Une lecture quasi universelle et populaire sur l'acquisition de la sagesse (les trois cheveux d'or) qu'il est bon de lire et relire seul ou avec ses enfants de tous les âges.
Cet album est une dystopie futuriste dans laquelle le monde ne va plus très bien. L'atmosphère n'est pas au mieux, et les villes sont coupées de l'extérieur par des bulles géantes. Les robots ont pris une place prédominante dans notre société. Ils représentent une main d'oeuvre bien moins couteuse que les humains, ils travaillent plus longtemps et du coup ils exercent maintenant la quasi totalité des métiers. Chaque famille possède son propre dombot, c'est à dire son robot domestique personnel. Et comme souvent dans les histoires de robots, ils vont avoir des sentiments, des états d'âme, et la cohabitation avec les humains sera de plus en plus fragile.
En quelques pages les bases de cet univers sont posées. 2056 c'est demain, ce monde est un peu taré... mais en même temps on a l'impression que l'on s'y dirige tranquillement mais surement. Entre le réchauffement climatique et le toujours plus de numérique et de digital, on y est presque. On rentre donc bien facilement dans cette histoire.
Le ton est satirique, un peu décalé et ça fonctionne très bien. Il y a quelques situations grotesques du meilleur effet. Notamment grâce au père de famille un peu idiot, dépendant de son robot, qui le considère comme un membre de la famille. Dans ce contexte, il va nous livrer quelques répliques bien amusantes. Il y a aussi des séquences bien trouvées, comme le procès où l'accusé amène sa défense sur une clé USB, et un algorithme le jugera en 32 secondes.
Des petites phrases ciselées par ci, des scènes saugrenues par là, au final le récit contient pas mal de bonnes punchlines qui font sourire. La critique des dérives de notre société est faite de manière intelligente avec un ton décalé et rigolo. Une satire légère qui ne cherche pas à être moralisatrice, et le résultat est amusant.
Oups ! Les âmes sensibles peuvent s'abstenir car le récit de Morten Dürr s'enfonce dans une nuit aussi noire qu'un mois de décembre dans le Grand Nord.
Pourtant le graphisme de Lars Horneman nous invite dans les premières pages à une lecture du type Yakari de Derib. Des lignes courbes et épaisses pour des paysages grandioses.
Des personnages aux paroles rares font un avec leur environnement. Ensuite, très vite, l'ambiance se déplace vers un village qui rappelle les réserves indiennes où suintent ennui, alcool et drames familiaux.
Chaque pas de Pipaluk qui part à la recherche de sa grande soeur est un coup porté à notre sensibilité. La lecture est tellement rapide, à l'image des événements décrits, que l'on n'a pas le temps d'interrompre la chute vers l'abîme.
J'ai refermé le livre, secoué par cette réalité que les auteurs nous imposent.
Ne vous y trompez pas, malgré le graphisme un peu enfantin, ou à cause de ce graphisme, l'ouvrage propose ce qu'un enfant ne devrait jamais voir ni connaître.
Une lecture coup de poing.
Le second projet « western » de Tiburce Oger après le très bon Go West young man, s’intitule Indians et, grosse surprise, s’attarde sur les amérindiens.
Comme pour le premier one shot ce qui m’attire d’abord c’est la liste des guest stars invités à livrer leur vision de cette époque, j’ai surtout noté l’arrivée de Mathieu Lauffray ici, qui réalise la couverture de l’édition original, et dont je suis très fan.
L’histoire est peut être plus intéressante sur le fond que "Go West…" ; puisque c’est un peu l’Histoire avec un grand H qui a raconté en filigrane, celle de ce peuple amérindien, composé d’une multitude de « sous-peuple » dont on aurait référencé plus de 300 dialectes, je l’apprends, et qui fut lentement décimé par les colons européens sur plus (et seulement) de trois siècles de progressif remplacement. L’Histoire est là pour nous le rappeler, que ce soit à travers le récit amérindien ou les peuples de la mer durant l’antiquité, les exodes massifs d’étrangers apportent rarement du bien aux populations autochtones… Donc pour le côté grande histoire j’ai bien aimé, j’ai appris des choses. Cependant il y a moins ce côté page turner du premier album je trouve, la montre à gousset qui servait de mac guffin apportait une petite touche d’ingéniosité qu’il manque peut être à ce second volume selon moi.
Les dessins sont très bons. Je n’ai pas spécialement de remarques à faire autres que celles que j’avais pu émettre sur "Go West…" ça dépend des auteurs, quoi. Il y a du très bon, du bon, parfois du quelconque, et une fois ou deux seulement je n’ai pas aimé. Mais globalement c’est du beau boulot. Cela fait partie des tops du genre sur ces dernières années. Vivement le troisième livre !
Ne dites pas à Briac qu'il est breton cela le fâcherait, il est Brestois, subtile nuance je vous l'accorde mais l'homme n'est pas à chatouiller à la légère, 1m90 de force contenue, mais au demeurant plus que sympathique. Il se trouve que cela fait plusieurs années qu'il participe à notre festival du Pellerin et il n'est que de le voir en dédicace pour comprendre son style que je qualifierai de rageur. Après son passage n'escomptez pas rendre la table ou la nappe dans leurs états initiaux. Coup de pinceau, peintures qui giclent, coup de racloir, ses mains et le devant de ses fringues sont irrécupérables en machine à laver.
Le trait de Briac reste malgré tout extrêmement maitrisé, d'une tache sur laquelle il revient sans cesse se dégage au final une œuvre magnifique.
Ce Méridien donc, eh bien il mérite toute votre attention, tant au niveau du récit que des somptueuses planches dans lesquelles on adore se perdre. Celles-ci invitent à la contemplation, au désir de s'y perdre. Comme le note Yann 135 dans son avis il y a du Fitzcarraldo, mais aussi du Don Lope de Aguirre dans ses scientifiques/aventuriers qui partent à la recherche du méridien qui permit en 1791 de définir la longueur exacte du mètre (le dix-millionième du quart du méridien terrestre).
Les personnages ancrés dans leur époque ne sont en rien manichéens, ils évoluent au rythme de leur quête, environ dix ans tout de même. Antoine Laurent de Jussieu par son humanisme est finalement assez proche de nous, un écologiste avant l'heure se préoccupant des autres dans un siècle où la servitude des peuples autochtones était monnaie courante. Les auteurs Briac en tête sans oublier le scénariste Arnaud Le Gouëfflec qui s'en sort haut la main pour un récit que l'on aurait pu craindre un peu touffus, les auteurs donc nous proposent un récit riche, cruel , poétique où l'humour n'est pas absent, les oiseaux raillant les actions parfois incompréhensibles des humains.
Forcément un must à lire pour le plaisir des yeux. Briac sera présent à notre festival du Pellerin les 22 et 23 avril toujours disponible pour des dédicaces sans tickets ni tirage au sort!!. De la fulgurance en prévision.
J'ai profité de la réédition de cette série dans Les petits Sarbac' pour lire cette petite série qui traite de l'adolescence. Je dois avouer qu'Alexandre Franc a su trouver le ton juste pour dépeindre une situation intimiste familiale qui est l'angoisse de beaucoup de familles bourgeoises.
Une mère de famille et son amie passent des vacances indolentes dans un château familial avec leurs enfants. Antoine et Adèle se font les yeux doux de façon platonique puisqu'Antoine, 14 ans, est bien plus à l'aise avec ses bouquins de physique nucléaire qu'avec la technique du roulage de pelles pour filles.
Franc en profite pour assoir la psychologie encore enfantine et sage du gentil fils qu'est Antoine. Guillaume avec ses 16 ans et son mal-être d'ado qui se cherche va bouleverser cette gentille ambiance. L'auteur nous propose le portrait de l'ado qui fait peur à tous les parents avec ses provocations stupides, ses prises de risques insensées et ses initiatives angoissantes.
Franc réussit admirablement bien son portrait de Guillaume tête-à-claques qui a son petit succès auprès de la seule personne qui l'intéresse : Adèle.
Une Adèle bien moins sage que le début du récit ne le laissait croire.
Franc nous livre donc une histoire d'ados avec une psychologie assez fine où le rôle de la mère n'est pas neutre. Les dialogues rendent bien l'ambiance ado sans entrer dans la vulgarité que certains auteurs leur prêtent.
Le graphisme est assez simple et arrive à porter les émotions et le dynamisme des différents personnages. Il n'y a pas une grande recherche de détails dans le château ou les bois mais c'est un dessin classique qui ne dévalue pas le récit.
Un one shot pour ados mais aussi pour les parents qui pourraient se retrouver dans ce type de situation. Une lecture plaisante et rapide. 3.5
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Alors là, énorme coup de cœur ! La superbe couverture a tout de suite attiré mon attention alors que je déambulais parmi les éditeurs indépendants au festival d’Angoulême 2023, et une dédicace (et chouette rencontre) plus tard, l’affaire était pliée. Sur le fond, il ne s’agit certes que d’une énième histoire de chasse aux sorcières. Mais l’univers mis en place par l’auteur m’a pris à la gorge : sa violence inouïe, l’omniprésence de la nature comme une force à part entière, et puis surtout ce trio de personnages tellement attachants. Ongle et Pluie (les deux sorcières) commettent des atrocités sans nom… impossible pourtant de leur en vouloir. On suit leurs déboires avec peine, on souffre avec elles, on les encourage dans leur terrible fuite. Et leur compagnon d’infortune, Georg, est tellement bienveillant et fragile. J’ai vraiment tremblé avec eux, jusqu’à ce dénouement en cliffhanger qui m’a scotché, raaa vivement la suite ! Je réalise tout à fait que le dessin tout en esquisses ne sera pas du goût de tout le monde, et la lisibilité est parfois perfectible. Mais il a un charme fou, et contribue grandement à l’ambiance cauchemardesque du récit. Bref, un gros coup de cœur en ce qui me concerne.
Comme un lundi
Un petit album muet fort attachant, j’aime le ressortir et me replonger dans cet humour plein de tendresse. C’est une des toutes premières œuvres de James, on retrouve son style animalier expressif dans une mise en page fluide et aérée, les dessins entre les différentes histoires m’ont également bien plu. Les courts récits sont dans l’ensemble tous réussis, rien d’hilarant mais c’est joliment bien vu et tendre. James passe à sa moulinette des petits moments de vie à tout âge, nous rappelant au passage qu’on en a qu’une. Rien de vraiment extraordinaire mais un album frais qui met la patate.
Tolkien - Eclairer les ténèbres
Etant un passionné jusqu'à la folie de la saga de Peter Jackson, le Seigneur des Anneaux (et aussi du Hobbit), je ne pouvais que m'intéresser à ce one-shot que j'avais lu en bibli y'a quelques mois et que pour une raison inconnue, j'ai totalement oublié d'aviser plus tôt. Quant aux romans de Tolkien, je n'ai lu que le SDA quand j'étais plus jeune, j'en ai relu d'énormes passages lorsque j'ai découvert les films de 2001 à 2003... déja 20 ans, ça passe à une vitesse et on vieillit inexorablement ! Bon cet album m'a vraiment emballé, mais je n'y ai pas appris grand chose en fait, parce que dans la quantité astronomique de bonus figurant sur le coffret DVD des VL, il y a des docs sur Tolkien et sur son oeuvre qui donnent déja un bon aperçu sur le gars ; l'album m'a juste remis en mémoire car comme je disais, ça fait 20 ans que j'ai visionné tout ça. Quelques détails ont quand même complété mes connaissances. Je trouve l'entreprise intéressante parce qu'on connait surtout le Tolkien littéraire, le génie de cet homme qui a inventé tout un univers fantastique et merveilleux, mais on connait mal l'homme qu'il fut. Il y avait matière à raconter entre la période historique et tragique qu'il a traversée avec la guerre de 14-18 et les tranchées où il perdra tous ses amis de lycée et qui le marqueront à jamais, entre son inventivité débordante et sa passion pour les langues anciennes... Le projet est ambitieux, et là où je pensais que ça allait être un récit ennuyeux, je me suis retrouvé au final avec un récit passionnant ; c'est une mine d'informations sur la vie d'un grand auteur anglais où l'on comprend comment il en est venu à écrire, en puisant dans son expérience personnelle et ses épreuves de la vie pour parfaire ses créations. On suit donc les étapes de sa vie, depuis sa naissance en Afrique du Sud en 1892, puis son enfance où il aime courir dans la campagne anglaise et déja sa propension à s'inventer des histoires, sa rencontre avec Edith, son mariage, son admission à Oxford, son petit cercle poétique avec ses amis, puis la guerre atroce réalité qui lui laissera une marque indélébile. Tolkien rêve d'écrire tout ce qui lui trotte dans la tête, remplie de récits fabuleux, d'elfes, de batailles et de dragons, et tout partira d'une simple petite phrase anodine : "Un Hobbit vivait dans un trou". La bande est très érudite, plutôt dense, assez complète, et surtout ce qui m'a surpris, elle évite les clins d'oeil trop évidents au Seigneur des Anneaux pour ne pas détourner le sujet. Le tout est soutenu par un dessin sans trop de génie, mais tout à fait correct qui retranscrit bien la période décrite. Un biopic passionnant de bout en bout
Gosse
Etonnant mélange de désuétude et d'originalité, cette publication faussement jeunesse peut paraitre surprenante mais je suis tombé sous son charme. Visuellement, on croirait lire ces vieux illustrés pour la jeunesse d'il y a plus d'un siècle. Un trait mignon, des couleurs douces, des décors naturels et charmants, ces planches paraissent issues d'un autre âge. En même temps, l'auteur a un style assez personnel et notamment la représentation du visage du héros, Gosse, est vraiment bizarre, assez laide en réalité. Le choix est d'autant plus étonnant que les visages des autres protagonistes sont relativement normaux en comparaison, à l'exception de Taigne, son futur ami dont on ne sait pas trop s'il a une vraie tête de chataigne ou si c'est un garçon à la pilosité excessive. Toutefois, hormis cette légère réticence sur les visages des héros, j'ai aimé le style graphique et surtout les décors et paysages. Car j'ai été très rapidement emporté dans cette Drôme fantasmée du début du 20e siècle, une Drôme campagnarde, vivant au gré du Rhône qui est ici un personnage à part entière. C'est une région que je ne connais pas mais je m'y suis retrouvé dépaysé à la lecture de cette série d'aventures entre réalisme historique et fable pour enfants. C'est cette forme de dépaysement, de nostalgie d'une époque qu'on n'a pas connue, qui fait selon moi la force de cette BD. Les histoires quant à elle sont comme une suite de petites aventures vécues par le héros, une sorte de Tom Sawyer bien français qui va d'ailleurs lui aussi rencontrer son Huckleberry Finn sous la forme de Taigne, un garçon de son âge rencontré lors d'un périple dans l'Ardèche sauvage et mystérieuse qui se trouve de l'autre côté de l'infranchissable Rhône. Parfois réalistes, parfois fantaisistes, parfois très légères, parfois plus sérieuses, ces aventures qui forment une histoire continue sont plaisantes à suivre et suffisamment bien rythmées pour ne jamais ennuyer. Ce n'est probablement pas un indispensable, et il est possible que le graphisme ou le ton incongru de cette série puissent en rebuter certains, mais j'ai trouvé cette BD pleine de charme et d'un exotisme désuet qui me donne envie d'en savoir plus et de suivre son auteur. Note : 3,5/5
Le Diable aux trois cheveux d'or
C'est avec un grand plaisir que j'ai lu la série de Cécile Chicault issu du conte des frères Grimm "Le Diable aux trois cheveux d'or". L'autrice respecte à la lettre le scénario du conte. Elle propose aux jeunes lecteurs une version brute de décoffrage sans rentrer dans les nombreuses symboliques que porte le récit. Le rythme est rapide et la lecture très fluide. En effet ce conte, pas toujours très connu, est d'une richesse extraordinaire pour qui veut approfondir les différents éléments. C'est un conte que tous les ados devraient lire/relire tellement il porte en lui les enseignements de la réalisation du moi et de l'épanouissement de sa personnalité. On y retrouve aussi un nombre important de références à des récits de la mythologie grecque (Jason, Bellerophon, Charon et le Styx ou le Léthé) ce qui fait de cette série une porte intéressante vers d'autres horizons. Le graphisme s'oriente vers les enfants avec ces personnages aux allures de marionnettes. Les stéréotypes sont classiques et facilement appropriables par le public même assez jeune. J'ai beaucoup aimé l'originalité de l'image du Diable et de l'Enfer loin de l'imagerie véhiculée habituellement. Les décors qui entourent les personnages sont détaillés et très bien colorés. Cela crée des ambiances vraiment très adaptées au récit. Une lecture quasi universelle et populaire sur l'acquisition de la sagesse (les trois cheveux d'or) qu'il est bon de lire et relire seul ou avec ses enfants de tous les âges.
Not All Robots
Cet album est une dystopie futuriste dans laquelle le monde ne va plus très bien. L'atmosphère n'est pas au mieux, et les villes sont coupées de l'extérieur par des bulles géantes. Les robots ont pris une place prédominante dans notre société. Ils représentent une main d'oeuvre bien moins couteuse que les humains, ils travaillent plus longtemps et du coup ils exercent maintenant la quasi totalité des métiers. Chaque famille possède son propre dombot, c'est à dire son robot domestique personnel. Et comme souvent dans les histoires de robots, ils vont avoir des sentiments, des états d'âme, et la cohabitation avec les humains sera de plus en plus fragile. En quelques pages les bases de cet univers sont posées. 2056 c'est demain, ce monde est un peu taré... mais en même temps on a l'impression que l'on s'y dirige tranquillement mais surement. Entre le réchauffement climatique et le toujours plus de numérique et de digital, on y est presque. On rentre donc bien facilement dans cette histoire. Le ton est satirique, un peu décalé et ça fonctionne très bien. Il y a quelques situations grotesques du meilleur effet. Notamment grâce au père de famille un peu idiot, dépendant de son robot, qui le considère comme un membre de la famille. Dans ce contexte, il va nous livrer quelques répliques bien amusantes. Il y a aussi des séquences bien trouvées, comme le procès où l'accusé amène sa défense sur une clé USB, et un algorithme le jugera en 32 secondes. Des petites phrases ciselées par ci, des scènes saugrenues par là, au final le récit contient pas mal de bonnes punchlines qui font sourire. La critique des dérives de notre société est faite de manière intelligente avec un ton décalé et rigolo. Une satire légère qui ne cherche pas à être moralisatrice, et le résultat est amusant.
Ivalu
Oups ! Les âmes sensibles peuvent s'abstenir car le récit de Morten Dürr s'enfonce dans une nuit aussi noire qu'un mois de décembre dans le Grand Nord. Pourtant le graphisme de Lars Horneman nous invite dans les premières pages à une lecture du type Yakari de Derib. Des lignes courbes et épaisses pour des paysages grandioses. Des personnages aux paroles rares font un avec leur environnement. Ensuite, très vite, l'ambiance se déplace vers un village qui rappelle les réserves indiennes où suintent ennui, alcool et drames familiaux. Chaque pas de Pipaluk qui part à la recherche de sa grande soeur est un coup porté à notre sensibilité. La lecture est tellement rapide, à l'image des événements décrits, que l'on n'a pas le temps d'interrompre la chute vers l'abîme. J'ai refermé le livre, secoué par cette réalité que les auteurs nous imposent. Ne vous y trompez pas, malgré le graphisme un peu enfantin, ou à cause de ce graphisme, l'ouvrage propose ce qu'un enfant ne devrait jamais voir ni connaître. Une lecture coup de poing.
Indians !
Le second projet « western » de Tiburce Oger après le très bon Go West young man, s’intitule Indians et, grosse surprise, s’attarde sur les amérindiens. Comme pour le premier one shot ce qui m’attire d’abord c’est la liste des guest stars invités à livrer leur vision de cette époque, j’ai surtout noté l’arrivée de Mathieu Lauffray ici, qui réalise la couverture de l’édition original, et dont je suis très fan. L’histoire est peut être plus intéressante sur le fond que "Go West…" ; puisque c’est un peu l’Histoire avec un grand H qui a raconté en filigrane, celle de ce peuple amérindien, composé d’une multitude de « sous-peuple » dont on aurait référencé plus de 300 dialectes, je l’apprends, et qui fut lentement décimé par les colons européens sur plus (et seulement) de trois siècles de progressif remplacement. L’Histoire est là pour nous le rappeler, que ce soit à travers le récit amérindien ou les peuples de la mer durant l’antiquité, les exodes massifs d’étrangers apportent rarement du bien aux populations autochtones… Donc pour le côté grande histoire j’ai bien aimé, j’ai appris des choses. Cependant il y a moins ce côté page turner du premier album je trouve, la montre à gousset qui servait de mac guffin apportait une petite touche d’ingéniosité qu’il manque peut être à ce second volume selon moi. Les dessins sont très bons. Je n’ai pas spécialement de remarques à faire autres que celles que j’avais pu émettre sur "Go West…" ça dépend des auteurs, quoi. Il y a du très bon, du bon, parfois du quelconque, et une fois ou deux seulement je n’ai pas aimé. Mais globalement c’est du beau boulot. Cela fait partie des tops du genre sur ces dernières années. Vivement le troisième livre !
Méridien
Ne dites pas à Briac qu'il est breton cela le fâcherait, il est Brestois, subtile nuance je vous l'accorde mais l'homme n'est pas à chatouiller à la légère, 1m90 de force contenue, mais au demeurant plus que sympathique. Il se trouve que cela fait plusieurs années qu'il participe à notre festival du Pellerin et il n'est que de le voir en dédicace pour comprendre son style que je qualifierai de rageur. Après son passage n'escomptez pas rendre la table ou la nappe dans leurs états initiaux. Coup de pinceau, peintures qui giclent, coup de racloir, ses mains et le devant de ses fringues sont irrécupérables en machine à laver. Le trait de Briac reste malgré tout extrêmement maitrisé, d'une tache sur laquelle il revient sans cesse se dégage au final une œuvre magnifique. Ce Méridien donc, eh bien il mérite toute votre attention, tant au niveau du récit que des somptueuses planches dans lesquelles on adore se perdre. Celles-ci invitent à la contemplation, au désir de s'y perdre. Comme le note Yann 135 dans son avis il y a du Fitzcarraldo, mais aussi du Don Lope de Aguirre dans ses scientifiques/aventuriers qui partent à la recherche du méridien qui permit en 1791 de définir la longueur exacte du mètre (le dix-millionième du quart du méridien terrestre). Les personnages ancrés dans leur époque ne sont en rien manichéens, ils évoluent au rythme de leur quête, environ dix ans tout de même. Antoine Laurent de Jussieu par son humanisme est finalement assez proche de nous, un écologiste avant l'heure se préoccupant des autres dans un siècle où la servitude des peuples autochtones était monnaie courante. Les auteurs Briac en tête sans oublier le scénariste Arnaud Le Gouëfflec qui s'en sort haut la main pour un récit que l'on aurait pu craindre un peu touffus, les auteurs donc nous proposent un récit riche, cruel , poétique où l'humour n'est pas absent, les oiseaux raillant les actions parfois incompréhensibles des humains. Forcément un must à lire pour le plaisir des yeux. Briac sera présent à notre festival du Pellerin les 22 et 23 avril toujours disponible pour des dédicaces sans tickets ni tirage au sort!!. De la fulgurance en prévision.
Antoine et la fille trop bien
J'ai profité de la réédition de cette série dans Les petits Sarbac' pour lire cette petite série qui traite de l'adolescence. Je dois avouer qu'Alexandre Franc a su trouver le ton juste pour dépeindre une situation intimiste familiale qui est l'angoisse de beaucoup de familles bourgeoises. Une mère de famille et son amie passent des vacances indolentes dans un château familial avec leurs enfants. Antoine et Adèle se font les yeux doux de façon platonique puisqu'Antoine, 14 ans, est bien plus à l'aise avec ses bouquins de physique nucléaire qu'avec la technique du roulage de pelles pour filles. Franc en profite pour assoir la psychologie encore enfantine et sage du gentil fils qu'est Antoine. Guillaume avec ses 16 ans et son mal-être d'ado qui se cherche va bouleverser cette gentille ambiance. L'auteur nous propose le portrait de l'ado qui fait peur à tous les parents avec ses provocations stupides, ses prises de risques insensées et ses initiatives angoissantes. Franc réussit admirablement bien son portrait de Guillaume tête-à-claques qui a son petit succès auprès de la seule personne qui l'intéresse : Adèle. Une Adèle bien moins sage que le début du récit ne le laissait croire. Franc nous livre donc une histoire d'ados avec une psychologie assez fine où le rôle de la mère n'est pas neutre. Les dialogues rendent bien l'ambiance ado sans entrer dans la vulgarité que certains auteurs leur prêtent. Le graphisme est assez simple et arrive à porter les émotions et le dynamisme des différents personnages. Il n'y a pas une grande recherche de détails dans le château ou les bois mais c'est un dessin classique qui ne dévalue pas le récit. Un one shot pour ados mais aussi pour les parents qui pourraient se retrouver dans ce type de situation. Une lecture plaisante et rapide. 3.5