Je réécris cet avis après lecture des trois tomes, étonné d'avoir vu une suite au premier volume qui était suffisant à lui tout seul. Et pourtant Cyril Bonin réussit parfaitement à faire la transition de son one-shot jusqu'à une série prenante et franchement bien structurée.
En relisant le premier volume, qui me semble toujours bon mais pas exceptionnel, j'ai eu les mêmes sentiments qu'à ma première lecture. Mais en le lisant inscrit dans une série, j'ai trouvé qu'il réussissait à merveille à exploiter toute la substance de ce premier tome pour faire plus, et ce dans une histoire qui tiens bien plus la route que je ne l'aurais cru.
Cyril Bonin exploite son idée jusqu'à développer une réflexion sur l'amour, réflexion qui est franchement bien faite. Mais surtout, qui remet en cause les petits points de défauts que je trouvais à ce premier tome. L'idée de l'Amorostasie est poussée jusqu'à l'extrême, tandis que les réflexions sur l'amour sont développée jusqu'à un point que j'aime beaucoup.
Le trait de Cyril Bonin s'allie très bien avec la douceur du récit. Les trois volumes se complètent et s'emboitent à merveille, finissant sur une touche à la fois poétique et en accord avec le reste du récit. Dans tout les cas, je suis très charmé par la série qui est finalement parvenue à transformer le coup d'essai du premier volume en une série cohérente et qui m'a plu par son questionnement. Je recommande !
Sous ses faux airs de conte pour enfants, « Eden » est un peu plus que ça. Si Sophie Guerrive reprend le personnage de Tulipe, l’ourson stoïcien avec qui on a fait connaissance dans ses précédents ouvrages « jeunesse » (également publiés chez 2024), cet opus conserve la même fraîcheur et le même humour léger pouvant évoquer un Charlie Brown en plus lunaire, avec en plus une réflexion métaphysico-religieuse qui risquerait toutefois de paraître plus absconse aux plus jeunes. Ainsi, l’autrice de Capitaine Mulet nous propose un charmant voyage plein de fantaisie que vient renforcer son dessin à la fois naïf et graphique aux couleurs simples. Elle y dissémine de petites mignardises philosophiques pleines de sagesse qui se dégustent sans que cela nous reste sur l’estomac.
Morceaux choisis : « La mort à la guerre est brutale et imbécile. Songe au temps qu’il t’a fallu pour naître, grandir et devenir ce que tu es. Crois-tu qu’il soit correct de tout détruire d’un coup d’épée ? » ; lorsque l’oiseau s’adresse à Tulipe : « Quelle drôle de manie que de s’habiller… Après quand vous vous déshabillez, vous êtes tout nus. Moi qui n’ai jamais porté d’habits, je ne suis jamais nu » ; et enfin à la question de Tulipe : « As-tu déjà vu l’Eden ? Pourquoi ne réponds-tu pas ? », l’oiseau rétorquera : « Le silence est une réponse. Il peut sous-entendre que j’en sais plus que je ne veux bien le dire, ou au contraire, que je ne sais rien du tout ».
On en profitera pour saluer le beau travail éditorial des Editions 2024, qui font partie des petits éditeurs indépendants passionnés, attachés à la qualité de l’objet-livre, une démarche d’autant plus méritoire que le contexte actuel d’augmentation des coûts de fabrication n’est pas des plus favorables. Rappelons que l’ouvrage figurait dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême, lequel avait déjà distingué deux albums de l’éditeur lors de la précédente édition : Le Grand Vide, de Léa Muriawiec et Des vivants, de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin.
Tabarnac, cette bd est un uppercut au foie. Il m'a été difficile de reprendre mon souffle après la lecture.
Les avis élogieux de 'lepaperman' m'ont donné envie de découvrir Jeik Dion, je profite donc de la sortie en France de cet album pour enfin le découvrir.
Une bd qui sent bon le Québec avec cette adaptation d'un roman de Patrick Sénécal, jusqu'à son vocabulaire.
Dion revisite Alice au pays des merveilles pour en faire une Aliss au quartier surnaturel.
Aliss, une jeune fille de 18 ans quitte le foyer familial pour Montréal et vivre une nouvelle vie. Elle veut découvrir de nouvelles expériences en quittant la normalité et le confort. Elle va trouver ce qu'elle recherche dans un quartier de Montréal qui ne se trouve sur aucune carte. Sa quête d'identité va la mener dans l'antre de la perdition où la violence, le sexe et la drogue seront sa routine. Elle sera à la recherche de la bonne question.
Dion emploie les codes du conte, mais à sa sauce, une sauce horrifique et d'une noirceur extrême qui suinte et dégouline sur chaque planche, l'ambiance est cauchemardesque.
J'ai adoré la petite touche d'humour noir qui accompagne cette fable macabre.
Dion prend le lecteur à la gorge et ne le lâche plus, un récit plus profond qu'il n'y paraît. "Mon reflet est identique, je n'ai pas changé. Pourtant, je ne me reconnais pas."
Le récit ne serait pas si prenant sans ce dessin qui retranscrit à merveille ce cauchemar éveillé. Un dessin qui peut paraître brouillon, mais à la force évocatrice époustouflante avec sa mise en page immersive.
Une colorisation minimaliste dans des tons pastel. Seul un rouge tapant, le rouge des interdits, explosera régulièrement.
Chaque chapitre est présenté par une pleine page au dessin cartoonnesque avec une Aliss croquée en Betty Boop et prenant à partie le lecteur avec ses : "Ami lecteur, amie lectrice...".
Du grand, grand art.
Une adaptation réussie.
Ami lecteur, amie lectrice, est-ce une bd que je conseille ?
Ceci n'est pas la bonne question.
Coup de cœur.
Oups, j'ai oublié, pour public averti !
Quel plaisir de retrouver le duo Vincent Zabus et Hippolyte après leur Incroyable ! qui m’avait enchantée !
On retrouve dans cet album la plupart des ingrédients qui faisaient le charme du précédent : ce dessin si doux qui n’est pas sans rappeler celui de Sempé, ces couleurs superbes, cette poésie et cette tendresse…
Le protagoniste est de nouveau un petit garçon très attachant, qui se rêve en lion prêt à tout pour protéger sa maîtresse qu’il adore mais qui souffre de ne pas avoir le courage de passer à l’action. C’est un plaisir de le suivre dans ses doutes, ses questionnements sur le monde des adultes qui annoncent les prémices du difficile passage de l’enfance à l’adolescence. Il est également question de la problématique des troubles alimentaires qui est évoquée avec beaucoup de bienveillance.
Encore un très bel album rempli d’émotions.
Freak est un mot anglais qui signifie au sens premier du terme « monstre humain ».
Nous suivons l’histoire d’un freak à l’époque où ils étaient exhibés dans des cirques.
C’est très intéressant et agréable à lire.
Le graphisme n’y est pas pour rien, il est très beau et participe à la fluidité du récit.
Avec une touche philosophique : nous sentons bien la question en filigrane posée par l’auteur tout au long de l’histoire « Qui sont vraiment les monstres ? les freaks ou les autres humains dits ‘’normaux’’ ».
A noter pour l’anecdote, que ce type de freak très velu (le personnage principal) a inspiré Georges Lucas pour créer son personnage Chewbacca.
M’être ainsi senti immergé dans le monde des freaks grâce à cette bd m’a donné envie de revoir le super film « Freaks » de Tod Browning (1932).
Alors là, énorme coup de cœur !
La superbe couverture a tout de suite attiré mon attention alors que je déambulais parmi les éditeurs indépendants au festival d’Angoulême 2023, et une dédicace (et chouette rencontre) plus tard, l’affaire était pliée.
Sur le fond, il ne s’agit certes que d’une énième histoire de chasse aux sorcières. Mais l’univers mis en place par l’auteur m’a pris à la gorge : sa violence inouïe, l’omniprésence de la nature comme une force à part entière, et puis surtout ce trio de personnages tellement attachants. Ongle et Pluie (les deux sorcières) commettent des atrocités sans nom… impossible pourtant de leur en vouloir. On suit leurs déboires avec peine, on souffre avec elles, on les encourage dans leur terrible fuite. Et leur compagnon d’infortune, Georg, est tellement bienveillant et fragile. J’ai vraiment tremblé avec eux, jusqu’à ce dénouement en cliffhanger qui m’a scotché, raaa vivement la suite !
Je réalise tout à fait que le dessin tout en esquisses ne sera pas du goût de tout le monde, et la lisibilité est parfois perfectible. Mais il a un charme fou, et contribue grandement à l’ambiance cauchemardesque du récit.
Bref, un gros coup de cœur en ce qui me concerne.
Un petit album muet fort attachant, j’aime le ressortir et me replonger dans cet humour plein de tendresse.
C’est une des toutes premières œuvres de James, on retrouve son style animalier expressif dans une mise en page fluide et aérée, les dessins entre les différentes histoires m’ont également bien plu.
Les courts récits sont dans l’ensemble tous réussis, rien d’hilarant mais c’est joliment bien vu et tendre. James passe à sa moulinette des petits moments de vie à tout âge, nous rappelant au passage qu’on en a qu’une.
Rien de vraiment extraordinaire mais un album frais qui met la patate.
Etant un passionné jusqu'à la folie de la saga de Peter Jackson, le Seigneur des Anneaux (et aussi du Hobbit), je ne pouvais que m'intéresser à ce one-shot que j'avais lu en bibli y'a quelques mois et que pour une raison inconnue, j'ai totalement oublié d'aviser plus tôt. Quant aux romans de Tolkien, je n'ai lu que le SDA quand j'étais plus jeune, j'en ai relu d'énormes passages lorsque j'ai découvert les films de 2001 à 2003... déja 20 ans, ça passe à une vitesse et on vieillit inexorablement !
Bon cet album m'a vraiment emballé, mais je n'y ai pas appris grand chose en fait, parce que dans la quantité astronomique de bonus figurant sur le coffret DVD des VL, il y a des docs sur Tolkien et sur son oeuvre qui donnent déja un bon aperçu sur le gars ; l'album m'a juste remis en mémoire car comme je disais, ça fait 20 ans que j'ai visionné tout ça. Quelques détails ont quand même complété mes connaissances.
Je trouve l'entreprise intéressante parce qu'on connait surtout le Tolkien littéraire, le génie de cet homme qui a inventé tout un univers fantastique et merveilleux, mais on connait mal l'homme qu'il fut. Il y avait matière à raconter entre la période historique et tragique qu'il a traversée avec la guerre de 14-18 et les tranchées où il perdra tous ses amis de lycée et qui le marqueront à jamais, entre son inventivité débordante et sa passion pour les langues anciennes... Le projet est ambitieux, et là où je pensais que ça allait être un récit ennuyeux, je me suis retrouvé au final avec un récit passionnant ; c'est une mine d'informations sur la vie d'un grand auteur anglais où l'on comprend comment il en est venu à écrire, en puisant dans son expérience personnelle et ses épreuves de la vie pour parfaire ses créations.
On suit donc les étapes de sa vie, depuis sa naissance en Afrique du Sud en 1892, puis son enfance où il aime courir dans la campagne anglaise et déja sa propension à s'inventer des histoires, sa rencontre avec Edith, son mariage, son admission à Oxford, son petit cercle poétique avec ses amis, puis la guerre atroce réalité qui lui laissera une marque indélébile. Tolkien rêve d'écrire tout ce qui lui trotte dans la tête, remplie de récits fabuleux, d'elfes, de batailles et de dragons, et tout partira d'une simple petite phrase anodine : "Un Hobbit vivait dans un trou".
La bande est très érudite, plutôt dense, assez complète, et surtout ce qui m'a surpris, elle évite les clins d'oeil trop évidents au Seigneur des Anneaux pour ne pas détourner le sujet. Le tout est soutenu par un dessin sans trop de génie, mais tout à fait correct qui retranscrit bien la période décrite.
Un biopic passionnant de bout en bout
Etonnant mélange de désuétude et d'originalité, cette publication faussement jeunesse peut paraitre surprenante mais je suis tombé sous son charme.
Visuellement, on croirait lire ces vieux illustrés pour la jeunesse d'il y a plus d'un siècle. Un trait mignon, des couleurs douces, des décors naturels et charmants, ces planches paraissent issues d'un autre âge. En même temps, l'auteur a un style assez personnel et notamment la représentation du visage du héros, Gosse, est vraiment bizarre, assez laide en réalité. Le choix est d'autant plus étonnant que les visages des autres protagonistes sont relativement normaux en comparaison, à l'exception de Taigne, son futur ami dont on ne sait pas trop s'il a une vraie tête de chataigne ou si c'est un garçon à la pilosité excessive. Toutefois, hormis cette légère réticence sur les visages des héros, j'ai aimé le style graphique et surtout les décors et paysages.
Car j'ai été très rapidement emporté dans cette Drôme fantasmée du début du 20e siècle, une Drôme campagnarde, vivant au gré du Rhône qui est ici un personnage à part entière. C'est une région que je ne connais pas mais je m'y suis retrouvé dépaysé à la lecture de cette série d'aventures entre réalisme historique et fable pour enfants. C'est cette forme de dépaysement, de nostalgie d'une époque qu'on n'a pas connue, qui fait selon moi la force de cette BD.
Les histoires quant à elle sont comme une suite de petites aventures vécues par le héros, une sorte de Tom Sawyer bien français qui va d'ailleurs lui aussi rencontrer son Huckleberry Finn sous la forme de Taigne, un garçon de son âge rencontré lors d'un périple dans l'Ardèche sauvage et mystérieuse qui se trouve de l'autre côté de l'infranchissable Rhône. Parfois réalistes, parfois fantaisistes, parfois très légères, parfois plus sérieuses, ces aventures qui forment une histoire continue sont plaisantes à suivre et suffisamment bien rythmées pour ne jamais ennuyer.
Ce n'est probablement pas un indispensable, et il est possible que le graphisme ou le ton incongru de cette série puissent en rebuter certains, mais j'ai trouvé cette BD pleine de charme et d'un exotisme désuet qui me donne envie d'en savoir plus et de suivre son auteur.
Note : 3,5/5
C'est avec un grand plaisir que j'ai lu la série de Cécile Chicault issu du conte des frères Grimm "Le Diable aux trois cheveux d'or".
L'autrice respecte à la lettre le scénario du conte. Elle propose aux jeunes lecteurs une version brute de décoffrage sans rentrer dans les nombreuses symboliques que porte le récit. Le rythme est rapide et la lecture très fluide.
En effet ce conte, pas toujours très connu, est d'une richesse extraordinaire pour qui veut approfondir les différents éléments.
C'est un conte que tous les ados devraient lire/relire tellement il porte en lui les enseignements de la réalisation du moi et de l'épanouissement de sa personnalité.
On y retrouve aussi un nombre important de références à des récits de la mythologie grecque (Jason, Bellerophon, Charon et le Styx ou le Léthé) ce qui fait de cette série une porte intéressante vers d'autres horizons.
Le graphisme s'oriente vers les enfants avec ces personnages aux allures de marionnettes. Les stéréotypes sont classiques et facilement appropriables par le public même assez jeune. J'ai beaucoup aimé l'originalité de l'image du Diable et de l'Enfer loin de l'imagerie véhiculée habituellement.
Les décors qui entourent les personnages sont détaillés et très bien colorés. Cela crée des ambiances vraiment très adaptées au récit.
Une lecture quasi universelle et populaire sur l'acquisition de la sagesse (les trois cheveux d'or) qu'il est bon de lire et relire seul ou avec ses enfants de tous les âges.
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Amorostasia
Je réécris cet avis après lecture des trois tomes, étonné d'avoir vu une suite au premier volume qui était suffisant à lui tout seul. Et pourtant Cyril Bonin réussit parfaitement à faire la transition de son one-shot jusqu'à une série prenante et franchement bien structurée. En relisant le premier volume, qui me semble toujours bon mais pas exceptionnel, j'ai eu les mêmes sentiments qu'à ma première lecture. Mais en le lisant inscrit dans une série, j'ai trouvé qu'il réussissait à merveille à exploiter toute la substance de ce premier tome pour faire plus, et ce dans une histoire qui tiens bien plus la route que je ne l'aurais cru. Cyril Bonin exploite son idée jusqu'à développer une réflexion sur l'amour, réflexion qui est franchement bien faite. Mais surtout, qui remet en cause les petits points de défauts que je trouvais à ce premier tome. L'idée de l'Amorostasie est poussée jusqu'à l'extrême, tandis que les réflexions sur l'amour sont développée jusqu'à un point que j'aime beaucoup. Le trait de Cyril Bonin s'allie très bien avec la douceur du récit. Les trois volumes se complètent et s'emboitent à merveille, finissant sur une touche à la fois poétique et en accord avec le reste du récit. Dans tout les cas, je suis très charmé par la série qui est finalement parvenue à transformer le coup d'essai du premier volume en une série cohérente et qui m'a plu par son questionnement. Je recommande !
Eden (2024)
Sous ses faux airs de conte pour enfants, « Eden » est un peu plus que ça. Si Sophie Guerrive reprend le personnage de Tulipe, l’ourson stoïcien avec qui on a fait connaissance dans ses précédents ouvrages « jeunesse » (également publiés chez 2024), cet opus conserve la même fraîcheur et le même humour léger pouvant évoquer un Charlie Brown en plus lunaire, avec en plus une réflexion métaphysico-religieuse qui risquerait toutefois de paraître plus absconse aux plus jeunes. Ainsi, l’autrice de Capitaine Mulet nous propose un charmant voyage plein de fantaisie que vient renforcer son dessin à la fois naïf et graphique aux couleurs simples. Elle y dissémine de petites mignardises philosophiques pleines de sagesse qui se dégustent sans que cela nous reste sur l’estomac. Morceaux choisis : « La mort à la guerre est brutale et imbécile. Songe au temps qu’il t’a fallu pour naître, grandir et devenir ce que tu es. Crois-tu qu’il soit correct de tout détruire d’un coup d’épée ? » ; lorsque l’oiseau s’adresse à Tulipe : « Quelle drôle de manie que de s’habiller… Après quand vous vous déshabillez, vous êtes tout nus. Moi qui n’ai jamais porté d’habits, je ne suis jamais nu » ; et enfin à la question de Tulipe : « As-tu déjà vu l’Eden ? Pourquoi ne réponds-tu pas ? », l’oiseau rétorquera : « Le silence est une réponse. Il peut sous-entendre que j’en sais plus que je ne veux bien le dire, ou au contraire, que je ne sais rien du tout ». On en profitera pour saluer le beau travail éditorial des Editions 2024, qui font partie des petits éditeurs indépendants passionnés, attachés à la qualité de l’objet-livre, une démarche d’autant plus méritoire que le contexte actuel d’augmentation des coûts de fabrication n’est pas des plus favorables. Rappelons que l’ouvrage figurait dans la sélection officielle du Festival d’Angoulême, lequel avait déjà distingué deux albums de l’éditeur lors de la précédente édition : Le Grand Vide, de Léa Muriawiec et Des vivants, de Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin.
Aliss
Tabarnac, cette bd est un uppercut au foie. Il m'a été difficile de reprendre mon souffle après la lecture. Les avis élogieux de 'lepaperman' m'ont donné envie de découvrir Jeik Dion, je profite donc de la sortie en France de cet album pour enfin le découvrir. Une bd qui sent bon le Québec avec cette adaptation d'un roman de Patrick Sénécal, jusqu'à son vocabulaire. Dion revisite Alice au pays des merveilles pour en faire une Aliss au quartier surnaturel. Aliss, une jeune fille de 18 ans quitte le foyer familial pour Montréal et vivre une nouvelle vie. Elle veut découvrir de nouvelles expériences en quittant la normalité et le confort. Elle va trouver ce qu'elle recherche dans un quartier de Montréal qui ne se trouve sur aucune carte. Sa quête d'identité va la mener dans l'antre de la perdition où la violence, le sexe et la drogue seront sa routine. Elle sera à la recherche de la bonne question. Dion emploie les codes du conte, mais à sa sauce, une sauce horrifique et d'une noirceur extrême qui suinte et dégouline sur chaque planche, l'ambiance est cauchemardesque. J'ai adoré la petite touche d'humour noir qui accompagne cette fable macabre. Dion prend le lecteur à la gorge et ne le lâche plus, un récit plus profond qu'il n'y paraît. "Mon reflet est identique, je n'ai pas changé. Pourtant, je ne me reconnais pas." Le récit ne serait pas si prenant sans ce dessin qui retranscrit à merveille ce cauchemar éveillé. Un dessin qui peut paraître brouillon, mais à la force évocatrice époustouflante avec sa mise en page immersive. Une colorisation minimaliste dans des tons pastel. Seul un rouge tapant, le rouge des interdits, explosera régulièrement. Chaque chapitre est présenté par une pleine page au dessin cartoonnesque avec une Aliss croquée en Betty Boop et prenant à partie le lecteur avec ses : "Ami lecteur, amie lectrice...". Du grand, grand art. Une adaptation réussie. Ami lecteur, amie lectrice, est-ce une bd que je conseille ? Ceci n'est pas la bonne question. Coup de cœur. Oups, j'ai oublié, pour public averti !
Mademoiselle Sophie ou la fable du lion et de l'hippopotame
Quel plaisir de retrouver le duo Vincent Zabus et Hippolyte après leur Incroyable ! qui m’avait enchantée ! On retrouve dans cet album la plupart des ingrédients qui faisaient le charme du précédent : ce dessin si doux qui n’est pas sans rappeler celui de Sempé, ces couleurs superbes, cette poésie et cette tendresse… Le protagoniste est de nouveau un petit garçon très attachant, qui se rêve en lion prêt à tout pour protéger sa maîtresse qu’il adore mais qui souffre de ne pas avoir le courage de passer à l’action. C’est un plaisir de le suivre dans ses doutes, ses questionnements sur le monde des adultes qui annoncent les prémices du difficile passage de l’enfance à l’adolescence. Il est également question de la problématique des troubles alimentaires qui est évoquée avec beaucoup de bienveillance. Encore un très bel album rempli d’émotions.
L'Homme à la tête de lion
Freak est un mot anglais qui signifie au sens premier du terme « monstre humain ». Nous suivons l’histoire d’un freak à l’époque où ils étaient exhibés dans des cirques. C’est très intéressant et agréable à lire. Le graphisme n’y est pas pour rien, il est très beau et participe à la fluidité du récit. Avec une touche philosophique : nous sentons bien la question en filigrane posée par l’auteur tout au long de l’histoire « Qui sont vraiment les monstres ? les freaks ou les autres humains dits ‘’normaux’’ ». A noter pour l’anecdote, que ce type de freak très velu (le personnage principal) a inspiré Georges Lucas pour créer son personnage Chewbacca. M’être ainsi senti immergé dans le monde des freaks grâce à cette bd m’a donné envie de revoir le super film « Freaks » de Tod Browning (1932).
Ils brûlent
Alors là, énorme coup de cœur ! La superbe couverture a tout de suite attiré mon attention alors que je déambulais parmi les éditeurs indépendants au festival d’Angoulême 2023, et une dédicace (et chouette rencontre) plus tard, l’affaire était pliée. Sur le fond, il ne s’agit certes que d’une énième histoire de chasse aux sorcières. Mais l’univers mis en place par l’auteur m’a pris à la gorge : sa violence inouïe, l’omniprésence de la nature comme une force à part entière, et puis surtout ce trio de personnages tellement attachants. Ongle et Pluie (les deux sorcières) commettent des atrocités sans nom… impossible pourtant de leur en vouloir. On suit leurs déboires avec peine, on souffre avec elles, on les encourage dans leur terrible fuite. Et leur compagnon d’infortune, Georg, est tellement bienveillant et fragile. J’ai vraiment tremblé avec eux, jusqu’à ce dénouement en cliffhanger qui m’a scotché, raaa vivement la suite ! Je réalise tout à fait que le dessin tout en esquisses ne sera pas du goût de tout le monde, et la lisibilité est parfois perfectible. Mais il a un charme fou, et contribue grandement à l’ambiance cauchemardesque du récit. Bref, un gros coup de cœur en ce qui me concerne.
Comme un lundi
Un petit album muet fort attachant, j’aime le ressortir et me replonger dans cet humour plein de tendresse. C’est une des toutes premières œuvres de James, on retrouve son style animalier expressif dans une mise en page fluide et aérée, les dessins entre les différentes histoires m’ont également bien plu. Les courts récits sont dans l’ensemble tous réussis, rien d’hilarant mais c’est joliment bien vu et tendre. James passe à sa moulinette des petits moments de vie à tout âge, nous rappelant au passage qu’on en a qu’une. Rien de vraiment extraordinaire mais un album frais qui met la patate.
Tolkien - Eclairer les ténèbres
Etant un passionné jusqu'à la folie de la saga de Peter Jackson, le Seigneur des Anneaux (et aussi du Hobbit), je ne pouvais que m'intéresser à ce one-shot que j'avais lu en bibli y'a quelques mois et que pour une raison inconnue, j'ai totalement oublié d'aviser plus tôt. Quant aux romans de Tolkien, je n'ai lu que le SDA quand j'étais plus jeune, j'en ai relu d'énormes passages lorsque j'ai découvert les films de 2001 à 2003... déja 20 ans, ça passe à une vitesse et on vieillit inexorablement ! Bon cet album m'a vraiment emballé, mais je n'y ai pas appris grand chose en fait, parce que dans la quantité astronomique de bonus figurant sur le coffret DVD des VL, il y a des docs sur Tolkien et sur son oeuvre qui donnent déja un bon aperçu sur le gars ; l'album m'a juste remis en mémoire car comme je disais, ça fait 20 ans que j'ai visionné tout ça. Quelques détails ont quand même complété mes connaissances. Je trouve l'entreprise intéressante parce qu'on connait surtout le Tolkien littéraire, le génie de cet homme qui a inventé tout un univers fantastique et merveilleux, mais on connait mal l'homme qu'il fut. Il y avait matière à raconter entre la période historique et tragique qu'il a traversée avec la guerre de 14-18 et les tranchées où il perdra tous ses amis de lycée et qui le marqueront à jamais, entre son inventivité débordante et sa passion pour les langues anciennes... Le projet est ambitieux, et là où je pensais que ça allait être un récit ennuyeux, je me suis retrouvé au final avec un récit passionnant ; c'est une mine d'informations sur la vie d'un grand auteur anglais où l'on comprend comment il en est venu à écrire, en puisant dans son expérience personnelle et ses épreuves de la vie pour parfaire ses créations. On suit donc les étapes de sa vie, depuis sa naissance en Afrique du Sud en 1892, puis son enfance où il aime courir dans la campagne anglaise et déja sa propension à s'inventer des histoires, sa rencontre avec Edith, son mariage, son admission à Oxford, son petit cercle poétique avec ses amis, puis la guerre atroce réalité qui lui laissera une marque indélébile. Tolkien rêve d'écrire tout ce qui lui trotte dans la tête, remplie de récits fabuleux, d'elfes, de batailles et de dragons, et tout partira d'une simple petite phrase anodine : "Un Hobbit vivait dans un trou". La bande est très érudite, plutôt dense, assez complète, et surtout ce qui m'a surpris, elle évite les clins d'oeil trop évidents au Seigneur des Anneaux pour ne pas détourner le sujet. Le tout est soutenu par un dessin sans trop de génie, mais tout à fait correct qui retranscrit bien la période décrite. Un biopic passionnant de bout en bout
Gosse
Etonnant mélange de désuétude et d'originalité, cette publication faussement jeunesse peut paraitre surprenante mais je suis tombé sous son charme. Visuellement, on croirait lire ces vieux illustrés pour la jeunesse d'il y a plus d'un siècle. Un trait mignon, des couleurs douces, des décors naturels et charmants, ces planches paraissent issues d'un autre âge. En même temps, l'auteur a un style assez personnel et notamment la représentation du visage du héros, Gosse, est vraiment bizarre, assez laide en réalité. Le choix est d'autant plus étonnant que les visages des autres protagonistes sont relativement normaux en comparaison, à l'exception de Taigne, son futur ami dont on ne sait pas trop s'il a une vraie tête de chataigne ou si c'est un garçon à la pilosité excessive. Toutefois, hormis cette légère réticence sur les visages des héros, j'ai aimé le style graphique et surtout les décors et paysages. Car j'ai été très rapidement emporté dans cette Drôme fantasmée du début du 20e siècle, une Drôme campagnarde, vivant au gré du Rhône qui est ici un personnage à part entière. C'est une région que je ne connais pas mais je m'y suis retrouvé dépaysé à la lecture de cette série d'aventures entre réalisme historique et fable pour enfants. C'est cette forme de dépaysement, de nostalgie d'une époque qu'on n'a pas connue, qui fait selon moi la force de cette BD. Les histoires quant à elle sont comme une suite de petites aventures vécues par le héros, une sorte de Tom Sawyer bien français qui va d'ailleurs lui aussi rencontrer son Huckleberry Finn sous la forme de Taigne, un garçon de son âge rencontré lors d'un périple dans l'Ardèche sauvage et mystérieuse qui se trouve de l'autre côté de l'infranchissable Rhône. Parfois réalistes, parfois fantaisistes, parfois très légères, parfois plus sérieuses, ces aventures qui forment une histoire continue sont plaisantes à suivre et suffisamment bien rythmées pour ne jamais ennuyer. Ce n'est probablement pas un indispensable, et il est possible que le graphisme ou le ton incongru de cette série puissent en rebuter certains, mais j'ai trouvé cette BD pleine de charme et d'un exotisme désuet qui me donne envie d'en savoir plus et de suivre son auteur. Note : 3,5/5
Le Diable aux trois cheveux d'or
C'est avec un grand plaisir que j'ai lu la série de Cécile Chicault issu du conte des frères Grimm "Le Diable aux trois cheveux d'or". L'autrice respecte à la lettre le scénario du conte. Elle propose aux jeunes lecteurs une version brute de décoffrage sans rentrer dans les nombreuses symboliques que porte le récit. Le rythme est rapide et la lecture très fluide. En effet ce conte, pas toujours très connu, est d'une richesse extraordinaire pour qui veut approfondir les différents éléments. C'est un conte que tous les ados devraient lire/relire tellement il porte en lui les enseignements de la réalisation du moi et de l'épanouissement de sa personnalité. On y retrouve aussi un nombre important de références à des récits de la mythologie grecque (Jason, Bellerophon, Charon et le Styx ou le Léthé) ce qui fait de cette série une porte intéressante vers d'autres horizons. Le graphisme s'oriente vers les enfants avec ces personnages aux allures de marionnettes. Les stéréotypes sont classiques et facilement appropriables par le public même assez jeune. J'ai beaucoup aimé l'originalité de l'image du Diable et de l'Enfer loin de l'imagerie véhiculée habituellement. Les décors qui entourent les personnages sont détaillés et très bien colorés. Cela crée des ambiances vraiment très adaptées au récit. Une lecture quasi universelle et populaire sur l'acquisition de la sagesse (les trois cheveux d'or) qu'il est bon de lire et relire seul ou avec ses enfants de tous les âges.