Une maternité rouge

Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)

Au Mali, une Maternité rouge, sculpture datant du XIVe siècle, est sauvée de la folie destructrice des islamistes par Alou, un jeune chasseur de miel. En compagnie d’autres migrants, soeurs et frères d’infortune, Alou prend tous les risques pour rejoindre l’Europe. Son but et son obsession : confier la précieuse statuette au musée du Louvre !


Afrique Noire Le Musée du Louvre Nouveau Futuropolis Réfugiés et Immigration clandestine Sculpture

Alou, chasseur de miel, se dirige vers les ruches sauvages d’un baobab. Circulant en 4x4, armés jusqu’aux dents, une bande d’islamistes radicaux foncent sur lui et font exploser le baobab sacré. Parmi les débris du baobab, Alou découvre, intacte, une statuette représentant une femme enceinte. Encouragé par son père, il se rend dans le pays Dogon présenter la statuette au sage du village, le hogon, respecté de tous pour sa culture. Le hogon reconnaît aussitôt cette Maternité rouge . Elle est l’oeuvre, selon lui, du maître de Tintam, dont une première Maternité se trouve déjà au Louvre, au Pavillon des Sessions. Pour le vieil homme, la sculpture, en ces temps de barbarie, sera plus en sécurité au Louvre, près de sa soeur, qu’ici, au Mali. Confier la statuette au musée parisien, c’est la mission d’Alou. Et pour la mener à bien, le jeune homme prendra tous les risques en traversant déserts et mers, en compagnie de migrants, ses soeurs et frères d’infortune. Christian Lax rejoint la collection Louvre avec un récit engagé, aux côtés de celles et ceux qui subissent la violence, la misère et la guerre et tentent de rejoindre nos côtes dans l’espoir d’une vie meilleure… Texte : L'éditeur

Scénario
Lax
Dessin
Lax
Couleurs
Lax
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 16 Janvier 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Une maternité rouge © Futuropolis 2019
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)
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15/04/2019 | Gaston
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Par Solo
Note: 4/5
L'avatar du posteur Solo

Première BD lue de cet auteur et voilà une belle entrée en matière. Mali, 2015. Alou, jeune chasseur de miel, cherche à survivre avec sa famille sous le dictat des islamistes. Après avoir trouvé une statuette, il se rend discrètement chez le Hogon, connut pour sa sagesse, afin de connaître la valeur de cet objet. Le vieil homme connaît bien cette statuette, puisque c'est lui qu'il l'avait caché au moment de l'Indépendance du Mali en 1960. Alou est alors confié d'une mission: remettre cette "maternité rouge" en lieu sûr, au Louvre. La majorité du récit suit le parcours malheureusement connu de l'exilé politique africain, avec en parallèle les discussions de scientifiques français, résidant au Louvre. Surprenant à quel point le récit est fluide, une vraie intelligence de narration, le texte est intelligible. Si l'œuvre se parcourt rapidement, il n'en est pas moins qu'elle révèle de grandes questions de fond. Alou et le Hogon reflètent la volonté du peuple africain à retrouver et à protéger son histoire ancestrale, pillée. En face, le djihadisme veut apporter un vent (contraire) de renouveau, par la voie du dogmatisme et de la terreur. Les scènes françaises montrent la contradiction que nous avons d'être obnubilés par les objets présent dans nos vitrines et la question difficile de justice pour ce qui est de les posséder. En même temps, un pays comme le nôtre prend au sérieux la mission de sauvegarde des arts de l'Humanité. Sujet épineux! En 2015, la guerre en Syrie a intensifié l'entrée de migrants en Europe, entrainant ce qui est communément appelé la "Crise migratoire". On est en plein dedans ici, et l'auteur aborde le sujet sociétal français avec manichéisme, permettant de montrer à quel point les actes et les prises de position se trouvent entre 2 extrêmes (aide humanitaire et racisme). Si j'avais écrit cette critique à chaud, j'aurais peut-être écrit "Pas mal". Mais cette BD est une graine qui germe lentement, jusqu'à ce que la réflexion fleurisse d'elle-même et ne laisse pas indifférent. J'allais oublier le graphisme, comment peut-on... Je suis marqué par le rendu magnifique des paysages africains et des pleines pages. On ne manque pas de détails. Le remplissage dégradé de gris se marie parfaitement avec le ton du récit, et ce rouge terrestre faisant ressortir la statuette est une belle allégorie, où je me dis que ce jeune homme protège toute l'histoire de l'Afrique Noire dans un petit sac à dos. L'auteur vise des lecteurs européens. Un auteur africain aurait foncièrement pris une position plus franche. J'espère donc que cette œuvre continuera de sensibiliser le plus grand nombre d'entre nous.

22/10/2022 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Une Maternité rouge est une des lectures que j'ai préférées cette année. C'est pourquoi je n'hésite pas à mettre la note max. Je trouve que Lax est aussi bon dans son scénario que dans son graphisme. Il possède une maîtrise dans les deux domaines qui fait de cet artiste un créateur d'oeuvres originales qui laissent rarement indifférentes. Lax s'empare ici du thème des migrants qui traversent l'Afrique et la mer au péril de leur vie. C'est le thème émotionnel central du récit même si Lax n'en rajoute pas. Du racket, des meurtres, des viols, des noyades ou de l'esclavagisme tout a été dit de nombreuses fois dans divers média. Alou est le témoin de ces misères sans en être la victime. Son impuissance est notre impuissance à sauver ces pauvres enfants transportés dans cet enfer. Le graphisme de Lax est tellement beau et précis que son récit est proche du réalisme d'un documentaire photographique. Mais Lax exploite aussi le thème sensible de la captation des oeuvres d'art qui peuplent nos si beaux musées. Point de manichéisme dans l'approche de l'auteur. Si la barbarie des intégristes n'a aucune légitimité, le soin avec lequel les oeuvres illégitimement acquises sont traitées, permet le débat. Lax ne propose pas de réponse toute faite. Comme tout artiste il doit apprécier les efforts fait par l'Etat pour sauvegarder tous les patrimoines. La culture a toujours été un rempart contre la barbarie et sauver une statuette Dogon c'est bien plus que présenter un ornement supplémentaire aux écoliers parisiens. Comme le dit Lax c'est le murmure des peuples que l'on écoute pour les aimer et les respecter. Le graphisme de Lax est à son summum. Les planches du delta du Niger, le marché africain ou la traversée de la Méditerranée sont à couper le souffle. Lax nous propose une galerie de beaux visages où la souffrance des épreuves pour les migrants ou celle de l'impuissance pour les bénévoles se lit aussi facilement qu'un texte. Une très belle série qui m'a beaucoup touché. C'est souvent le cas avec ce merveilleux auteur.

17/10/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’intrigue développée par Lax est assez linéaire – dans tous les sens du terme, puisque nous suivons un jeune Malien, qui transporte une statuette du Mali au Louvre, en France, espérant ainsi la mettre à l’abri. La fin est d’ailleurs ouverte et abrupte, puisque nous ne savons pas ce que devient cet adolescent. Mais en tout cas l’histoire se laisse très facilement et agréablement lire. Car elle est fluide. Mais aussi parce que Lax a très bien utilisé le contexte : poids des groupes Djihadistes au Mali, des milices et de la corruption en Lybie, et plus généralement l’univers atroces des migrants, qui fuient misère, guerre pour éventuellement, s’ils ont de la chance, pouvoir poser les pieds en Europe et y être parqués. Cet aspect est vraiment bien montré, ainsi que la détresse des camps cachés dans les recoins de Paris. Je suis juste surpris que Lax n’ait pas évoqué les débats actuels autour du « retour » des œuvres d’art africaines pillées durant la colonisation. Ce qui rend cet album encore plus agréable à lire, c’est bien sûr le très beau – c’est un euphémisme – dessin de Lax. Que ce soit pour les décors ou les personnages, je le trouve remarquable ! Et en particulier, s’il faut faire un distinguo, il est excellent pour les paysages africains. Un bel album à découvrir. Note réelle 3,5/5.

01/07/2019 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

Une maternité rouge est un récit basé sur les statuettes Dogon qui constituent des trésors précieux pour la culture en provenance du Mali. Or, les Européens avec la décolonisation de l'Afrique ont tout embarqué pour la sauvegarde du patrimoine mondial. Ainsi le Musée du Louvre en France a recueillie pas mal des œuvres d'art premier sous l'impulsion notamment de Jacques Chirac. Il faut dire qu'en Afrique, des groupes islamistes radicaux détruisent toute autre représentation que celle de leur dieu bienfaiteur. La religion dans son extrêmité semble être la cause d'une destruction du patrimoine ce qui est bien dommage pour la culture dans son ensemble. Encore une fois, ce n'est pas une de mes positions dites politiques mais bel et bien le sujet qui est traité par l'auteur Lax dans cette bd. Ainsi, notre héros va faire passer en France pour le donner au Louvre une statue dite maternité rouge. Cela ne sera pas facile pour ce migrant de passer de l'Afrique à l'Europe. On se rendra compte que derrière cela, il y a tout un drame humain mais qui n'a finalement que peu d'importance pour les conservateurs de musée. L'art avant les hommes. Notre-Dame avant les pauvres. Un discours maintes fois exprimé mais qui est tourné en dérision devant la sauvegarde d'un héritage culturel primordial. Cette œuvre soulève de bonnes questions. J'ai bien aimé ce traitement sur un sujet qui est devenu récemment d'actualité.

15/05/2019 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Alors que dernièrement le gouvernement français a relancé le débat de remettre les œuvres d'art que les colonisateurs ont prises aux africains, voici que Lax fait une BD où un Malien va tout faire pour qu'une statuette soit en sécurité au Louvre ! J'ai été un peu surpris lorsque j'ai lu le résumé sur la quatrième de couverture et heureusement le traitement est plus nuancé dans la BD. Ainsi, Lax montre les torts des colonisateurs qui ont pris ces œuvres d'art et qui d'ailleurs traitaient souvent l'art africain avec mépris et si le héros va essayer d'apporter la statuette à Paris, c'est parce que le Mali est aux prises avec des islamistes extrémistes qui détruisent toute forme d'art et donc pour l'instant il serait préférable que la statuette soit au Louvre plutôt que de se retrouver détruite. Lax parle aussi des problèmes d'immigration clandestine vu que le héros va en devenir un pour pouvoir aller en France et l'auteur montre toutes les difficultés que ces gens rencontrent : des passeurs profiteurs, des co-voyageurs pas toujours sympathiques, le climat dangereux de l'océan, les problèmes qu'ils rencontrent avec la police, etc. Ceux qui connaissent l'oeuvre de l'auteur ne vont pas être surpris en voyant ses prises de positions politiques. Personnellement, j'ai trouvé que l'album était plus intéressant que la plupart des albums sur le Louvre de Futuropolis, mais j'avoue que mon intérêt variait un peu au fil des scènes. J'ai surtout apprécié les scènes qui traitaient de l'art. Le dessin de Lax est très bon comme d'habitude. En tout cas, un titre qui va sûrement faire plaisir aux fans de l'auteur.

15/04/2019 (modifier)