Ne vous laissez pas abuser par une couverture plutôt ratée et à la limite du "mangasse".
Ce premier ouvrage de Karim Friha est une réussite.
Le trait aux influences multiples est agréable, les couleurs judicieusement choisies. La mise en scène et les poses souffrent parfois de quelques raideurs mais ce n'est que pour mieux mettre en valeur les moments forts. La scène où on découvre le pouvoir du héros est simplement à couper le souffle.
Le plus important dans cette BD ce n'est finalement pas le dessin, ni le scénario assez classique. Le plus important ce sont les personnages. Chacun est dépeint avec sensibilité, même les méchants ont droit à un traitement de choix et à leurs moments de doute, Friha utilisant son médium de manière intelligente (la BD compte 120p ce qui laisse de la place pour les digressions indispensables).
On pourra regretter que le papier assombrisse un peu trop les couleurs, mais c'est vraiment pour chipoter.
La suite please !
Ouais, les schtroumpfs, ces petits êtres bleus qui m'ont donné envie pendant de nombreuses envies de pouvoir un jour manger de la salspareille ! Qui se sorte de tous les pièges tendus par ce pauvre Gargamel (et son encore plus pauvre chat Azrael).
Quelle galerie de personnages, tout le monde trouvera forcément son petit-chouchou.
Une petite déprime ? Une schtroumpferie et c'est reparti !
Mais attention à ne pas en lire de trop car sinon vous risquez de dépasser la dose et là, paf, la note passerait à 3/5.
Bravo ! Marjane Satrapi réussit, par l'intermédiaire d'un récit autobiographique, à nous faire découvrir l'histoire de l'Iran, pays toujours vulgairement décrit par nos médias. Le dessin aurait pu être travaillé tout en gardant cet aspect "simple" (comme l'a fabuleusement fait Art Spiegelman pour Maus).
J'ai suivi avec bonheur le parcours de cette courageuse petite fille devenue une femme militante et fière de son pays d'origine, et ai été très touché par le personnage de sa grand-mère.
3,5/5. Très spécial. Pas de moralité, pas d'indication quant aux convictions de l'auteur, qui sait remettre constamment ses personnages à leur place, à la manière d'un Sisyphe, condamné à pousser un rocher pour l'éternité.
Pourtant cette petit et ce kappa sont attendrissants, mérite-t-elle tous ces soucis (incluant une visite en enfer tout de même) ?
L'image de couverture est faussement enfantin, on pénètre dans le fantastique pur: par exemple les démons sont des êtres à part entière, ont leur petite vie et ils tuent car c'est comme ça. Le ying et le yang cohabitent irrémédiablement, voilà le leitmotiv de ce dessinateur bien versé dans le bouddhisme qui nous avait déjà intrigué avec Dans la prison.
Le dessin animé aura permis la réédition de cette oeuvre vraiment très particulière, tout en noir et blanc: 2 héros aux antipodes, des yakuza ne savant plus où ils en sont, une ville que même ses habitants ne reconnaissent plus, où l'on passe du drôle au tragique et de l'absurde à l'amer.
Encore une fois, Matsumoto me fait rêver dans son histoire virevoltante (les cadrages tournent et se déforment si rapidement qu'on ne sait plus très bien où l'on est assez régulièrement). Encore une fois bien particulier, plus que Ping Pong (qui est très linéaire) mais moi que Number 5 (très elliptique).
Watchmen ou l'explication de la présence des super-héros parmi nous, dont les marvel et DC n'exposeraient qu'une de ces facettes.
Fascinant travail d'Alan Moore qui crédibilise cette hypothèse et la transforme en drame shakespearien alors que le début de la série n'augurait qu'une simple enquête suivie d'une vendetta. A lire d'urgence avant que le film ne sorte sur vos écrans !
(Gros point noir : les couleurs, vraiment... cette oeuvre mérite largement un petit effort)
Oppressant et sombre.
A la lecture de cette oeuvre je me suis sentie dans la peau d'une immigrée dans un camps de réfugié. Sale, glauque, vivant de bricoles sur les reliques d'un passé consumériste glorieux.
Le dessin d'apparence simple est un formidable vecteur d'émotion. Le trait touche juste et les dialogues emprunts de poésie contribuent à cette expérience peu banale.
Pourquoi un 4 ? Parce que le pari est osé et parce que la réalisation est simplement belle, d'une efficacité enfantine.
On peut cependant regretter un prix prohibitif pour un tel produit qui en deviendrait presque "exigent".
J'attends la suite avec impatience, les indices disséminés par-ci par-là laissent à imaginer que les révélations vont pleuvoir dans les prochains tomes.
Hier, je me suis offert un petit plaisir : j’ai relu Orchidea. Ce road-movie à la Cosey, tout en lenteur et en non-dits reste, à mes yeux, une très belle réussite de l’auteur. Je me suis embarqué avec plaisir et avec cette fratrie (2 frères et 1 sœur) (et ce même s’il n’y a pas beaucoup de place à l’arrière) à la recherche de ce père qui refuse de vieillir.
L’histoire est simple : le père disparaît de sa maison de retraite en laissant entendre qu’il est sur le point de percer le plus grand mystère de l’humanité. Ses trois enfants, venus lui rendre visite pour son anniversaire, se lancent à sa recherche, et finissent par découvrir qu’il a acquis un petit observatoire.
Ce que j’adore chez Cosey, ce sont ses non-dits. Lorsqu’une personne parle d’une autre, on en apprend parfois plus sur celle qui parle que sur celle dont elle parle. Idem pour les regards, les silences. On se retrouve alors embarqué dans un jeu de piste. On suppute, on subodore, on pense, on estime, on croit comprendre la psychologie d’un personnage, et là, l’auteur distille un nouvel élément qui viendra enrichir l’analyse et ouvrir d’autres pistes. Il ne se passe rien, et pourtant c’est énorme.
Orchidea est une ode à la vie, à la force vitale qui nous fait avancer, créer, agir, à cette fuite en avant qui permet, au terme de notre vie, de se dire « j’ai vécu » (Oulah, je m’emballe, moi).
Pour le dessin, c’est du Cosey, classique et de qualité. On aime ou on n’aime pas, personnellement, j’aime. La structure est linéaire et découpée en petits chapitres qui aèrent un récit qui n’en avait pas vraiment besoin, car dans le cas présent, j’ai du mal à interrompre ma lecture.
Sans doute inférieur à A la recherche de Peter Pan ou Le Voyage en Italie mais de peu, Orchidea devrait ravir les fans de l’auteur et les amateurs de récits lents, simples et touchants.
Et « plouf », un pavé dans la marre… au sens propre (320 pages petit format), mais surtout au sens figuré, tant le contenu de « Gaza » risque de faire grincer quelques dents. Ce recueil se pose à l’opposé des discours neutres voire pro-israéliens que certains medias nous resservent à longueur de journée. Le ton est très engagé, très partial, et représente clairement l’autre coté de ce conflit… un vrai coup de gueule collectif et « à chaud » après les horreurs de l’opération « plomb durci ».
Les contributeurs sont très variés… on y retrouve des auteurs de BD, bien entendu, mais aussi des écrivains, des journalistes, des photographes, des représentants d’associations, des simples civiles témoignant de l’horreur de leur vie quotidienne… C’est très documenté, l’analyse est très poussée, et j’ai appris des tonnes de choses, notamment dans le tout dernier texte intitulé « Sionisme et antisémitisme » de Pierre Stambul, vice-président de l’Union juive française pour la paix.
Après lecture je suis resté sur un sentiment de honte et de colère. De honte parce que j’avoue que je fais partie de ceux qui ont déclaré en guise d’excuse à ces massacres que « c’est malheureux, mais il faut comprendre les israéliens, ils ne font que se défendre contre des terroristes ». Colère, parce qu’une fois la situation expliquée aussi clairement, il est assez difficile de comprendre le mutisme de la communauté internationale envers ce que ce bouquin n’hésite pas une seconde à appeler les crimes de guerre de l’armée israélienne (blocus rendant tout développement économique impossible, utilisation d’armes interdites, persécution et massacres de populations civiles, interdiction de la présence de journaliste internationaux sur place, etc…)
BDtheque étant un site de bande dessinée, il faut quand même noter un coté BD assez minimale, malgré la présence de quelques auteurs bien connus sur ce site. On y retrouve Ted Rall, dont l’apparition dans ce recueil ne surprendra personne (voir son ouvrage La Route de la soie... en lambeaux, paru à la Boite à Bulles également), mais aussi Clément Baloup (Quitter Saïgon, Un Automne à Hànôi…) ou encore le grand romantique passionné Jean-Christophe Pol (La Maison dans les blés). La Boîte à Bulles diversifie son catalogue (deux bouquins politiques sortent ce mois-ci !), mais brouille peut-être aussi les cartes pour son lectorat… Vous voilà prévenus donc, tout comme La Route de la soie... en lambeaux, il s’agit plus d’un livre avec des bouts de BD (voir planches dans la galerie) qu’une vraie BD traditionnelle (ce qui n’est bien entendu pas une critique).
Certains remettront aussi très certainement en question la neutralité de l’ensemble. Comme les BDs de Joe Sacco, « Gaza » n’essaye même pas de nous voiler la face, et prend clairement position avec les opprimés. La parole n’y est pas vraiment donnée aux agresseurs, sauf dans une courte histoire vers la fin du livre, racontant le point de vue d’un soldat israélien, et qui tomberait presque comme un cheveu sur la soupe. Mais on me répondra sans doute que le point de vue israélien est suffisamment représenté, et qu’il fallait bien que la parole soit donnée à celles et ceux qu’on essaye justement de faire taire.
Finalement, la seule fierté que je ressens après ma lecture est celle d’habiter dans un pays où des artistes peuvent publier ce genre de critique acerbe sans craindre de représailles voire même l’emprisonnement politique. Un bouquin passionnant, qui m’a donné envie d’en lire beaucoup d’autres sur le sujet, notamment à travers ses références bibliographiques.
Essayer c'est l'adopter.
Yotsuba est un ovni dans le paysage de la BD en France. Une chose qu'on n'arrive à caser nulle part. Ne vous laissez pas avoir par l'apparence simplicité du trait, Azuma est un maître de la narration. Le sens du rythme et de la composition l'amène au même niveau qu'un Bill Watterson.
Un vrai cas d'école en ce qui concerne l'utilisation du médium BD au format manga !
En dehors de ça il s'agit d'une peinture toute en simplicité de la vie d'une gamine pleine d'imagination. Le plus touchant étant finalement la description des personnages qui gravitent autour de l'enfant. Le récit dépouillé peut en rebuter certain, mais l'humour et la construction millimétrée des personnages m'ont charmé.
J'émets juste une réserve quant à la capacité de l'auteur à renouveler les aventures de la petite démone. Jusqu'où peut-on suivre la vie quotidienne d'une gamine sans se lasser ; les tomes 6 et 7 ayant été un peu lassants. Heureusement le tome 8 donne un coup de peps à la série et on attend la suite avec optimisme.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Le Réveil du Zelphire
Ne vous laissez pas abuser par une couverture plutôt ratée et à la limite du "mangasse". Ce premier ouvrage de Karim Friha est une réussite. Le trait aux influences multiples est agréable, les couleurs judicieusement choisies. La mise en scène et les poses souffrent parfois de quelques raideurs mais ce n'est que pour mieux mettre en valeur les moments forts. La scène où on découvre le pouvoir du héros est simplement à couper le souffle. Le plus important dans cette BD ce n'est finalement pas le dessin, ni le scénario assez classique. Le plus important ce sont les personnages. Chacun est dépeint avec sensibilité, même les méchants ont droit à un traitement de choix et à leurs moments de doute, Friha utilisant son médium de manière intelligente (la BD compte 120p ce qui laisse de la place pour les digressions indispensables). On pourra regretter que le papier assombrisse un peu trop les couleurs, mais c'est vraiment pour chipoter. La suite please !
Les Schtroumpfs
Ouais, les schtroumpfs, ces petits êtres bleus qui m'ont donné envie pendant de nombreuses envies de pouvoir un jour manger de la salspareille ! Qui se sorte de tous les pièges tendus par ce pauvre Gargamel (et son encore plus pauvre chat Azrael). Quelle galerie de personnages, tout le monde trouvera forcément son petit-chouchou. Une petite déprime ? Une schtroumpferie et c'est reparti ! Mais attention à ne pas en lire de trop car sinon vous risquez de dépasser la dose et là, paf, la note passerait à 3/5.
Persepolis
Bravo ! Marjane Satrapi réussit, par l'intermédiaire d'un récit autobiographique, à nous faire découvrir l'histoire de l'Iran, pays toujours vulgairement décrit par nos médias. Le dessin aurait pu être travaillé tout en gardant cet aspect "simple" (comme l'a fabuleusement fait Art Spiegelman pour Maus). J'ai suivi avec bonheur le parcours de cette courageuse petite fille devenue une femme militante et fière de son pays d'origine, et ai été très touché par le personnage de sa grand-mère.
Tensui - L'Eau céleste
3,5/5. Très spécial. Pas de moralité, pas d'indication quant aux convictions de l'auteur, qui sait remettre constamment ses personnages à leur place, à la manière d'un Sisyphe, condamné à pousser un rocher pour l'éternité. Pourtant cette petit et ce kappa sont attendrissants, mérite-t-elle tous ces soucis (incluant une visite en enfer tout de même) ? L'image de couverture est faussement enfantin, on pénètre dans le fantastique pur: par exemple les démons sont des êtres à part entière, ont leur petite vie et ils tuent car c'est comme ça. Le ying et le yang cohabitent irrémédiablement, voilà le leitmotiv de ce dessinateur bien versé dans le bouddhisme qui nous avait déjà intrigué avec Dans la prison.
Amer Béton
Le dessin animé aura permis la réédition de cette oeuvre vraiment très particulière, tout en noir et blanc: 2 héros aux antipodes, des yakuza ne savant plus où ils en sont, une ville que même ses habitants ne reconnaissent plus, où l'on passe du drôle au tragique et de l'absurde à l'amer. Encore une fois, Matsumoto me fait rêver dans son histoire virevoltante (les cadrages tournent et se déforment si rapidement qu'on ne sait plus très bien où l'on est assez régulièrement). Encore une fois bien particulier, plus que Ping Pong (qui est très linéaire) mais moi que Number 5 (très elliptique).
Watchmen
Watchmen ou l'explication de la présence des super-héros parmi nous, dont les marvel et DC n'exposeraient qu'une de ces facettes. Fascinant travail d'Alan Moore qui crédibilise cette hypothèse et la transforme en drame shakespearien alors que le début de la série n'augurait qu'une simple enquête suivie d'une vendetta. A lire d'urgence avant que le film ne sorte sur vos écrans ! (Gros point noir : les couleurs, vraiment... cette oeuvre mérite largement un petit effort)
Constellations
Oppressant et sombre. A la lecture de cette oeuvre je me suis sentie dans la peau d'une immigrée dans un camps de réfugié. Sale, glauque, vivant de bricoles sur les reliques d'un passé consumériste glorieux. Le dessin d'apparence simple est un formidable vecteur d'émotion. Le trait touche juste et les dialogues emprunts de poésie contribuent à cette expérience peu banale. Pourquoi un 4 ? Parce que le pari est osé et parce que la réalisation est simplement belle, d'une efficacité enfantine. On peut cependant regretter un prix prohibitif pour un tel produit qui en deviendrait presque "exigent". J'attends la suite avec impatience, les indices disséminés par-ci par-là laissent à imaginer que les révélations vont pleuvoir dans les prochains tomes.
Orchidea
Hier, je me suis offert un petit plaisir : j’ai relu Orchidea. Ce road-movie à la Cosey, tout en lenteur et en non-dits reste, à mes yeux, une très belle réussite de l’auteur. Je me suis embarqué avec plaisir et avec cette fratrie (2 frères et 1 sœur) (et ce même s’il n’y a pas beaucoup de place à l’arrière) à la recherche de ce père qui refuse de vieillir. L’histoire est simple : le père disparaît de sa maison de retraite en laissant entendre qu’il est sur le point de percer le plus grand mystère de l’humanité. Ses trois enfants, venus lui rendre visite pour son anniversaire, se lancent à sa recherche, et finissent par découvrir qu’il a acquis un petit observatoire. Ce que j’adore chez Cosey, ce sont ses non-dits. Lorsqu’une personne parle d’une autre, on en apprend parfois plus sur celle qui parle que sur celle dont elle parle. Idem pour les regards, les silences. On se retrouve alors embarqué dans un jeu de piste. On suppute, on subodore, on pense, on estime, on croit comprendre la psychologie d’un personnage, et là, l’auteur distille un nouvel élément qui viendra enrichir l’analyse et ouvrir d’autres pistes. Il ne se passe rien, et pourtant c’est énorme. Orchidea est une ode à la vie, à la force vitale qui nous fait avancer, créer, agir, à cette fuite en avant qui permet, au terme de notre vie, de se dire « j’ai vécu » (Oulah, je m’emballe, moi). Pour le dessin, c’est du Cosey, classique et de qualité. On aime ou on n’aime pas, personnellement, j’aime. La structure est linéaire et découpée en petits chapitres qui aèrent un récit qui n’en avait pas vraiment besoin, car dans le cas présent, j’ai du mal à interrompre ma lecture. Sans doute inférieur à A la recherche de Peter Pan ou Le Voyage en Italie mais de peu, Orchidea devrait ravir les fans de l’auteur et les amateurs de récits lents, simples et touchants.
Gaza - Décembre 2008 - janvier 2009
Et « plouf », un pavé dans la marre… au sens propre (320 pages petit format), mais surtout au sens figuré, tant le contenu de « Gaza » risque de faire grincer quelques dents. Ce recueil se pose à l’opposé des discours neutres voire pro-israéliens que certains medias nous resservent à longueur de journée. Le ton est très engagé, très partial, et représente clairement l’autre coté de ce conflit… un vrai coup de gueule collectif et « à chaud » après les horreurs de l’opération « plomb durci ». Les contributeurs sont très variés… on y retrouve des auteurs de BD, bien entendu, mais aussi des écrivains, des journalistes, des photographes, des représentants d’associations, des simples civiles témoignant de l’horreur de leur vie quotidienne… C’est très documenté, l’analyse est très poussée, et j’ai appris des tonnes de choses, notamment dans le tout dernier texte intitulé « Sionisme et antisémitisme » de Pierre Stambul, vice-président de l’Union juive française pour la paix. Après lecture je suis resté sur un sentiment de honte et de colère. De honte parce que j’avoue que je fais partie de ceux qui ont déclaré en guise d’excuse à ces massacres que « c’est malheureux, mais il faut comprendre les israéliens, ils ne font que se défendre contre des terroristes ». Colère, parce qu’une fois la situation expliquée aussi clairement, il est assez difficile de comprendre le mutisme de la communauté internationale envers ce que ce bouquin n’hésite pas une seconde à appeler les crimes de guerre de l’armée israélienne (blocus rendant tout développement économique impossible, utilisation d’armes interdites, persécution et massacres de populations civiles, interdiction de la présence de journaliste internationaux sur place, etc…) BDtheque étant un site de bande dessinée, il faut quand même noter un coté BD assez minimale, malgré la présence de quelques auteurs bien connus sur ce site. On y retrouve Ted Rall, dont l’apparition dans ce recueil ne surprendra personne (voir son ouvrage La Route de la soie... en lambeaux, paru à la Boite à Bulles également), mais aussi Clément Baloup (Quitter Saïgon, Un Automne à Hànôi…) ou encore le grand romantique passionné Jean-Christophe Pol (La Maison dans les blés). La Boîte à Bulles diversifie son catalogue (deux bouquins politiques sortent ce mois-ci !), mais brouille peut-être aussi les cartes pour son lectorat… Vous voilà prévenus donc, tout comme La Route de la soie... en lambeaux, il s’agit plus d’un livre avec des bouts de BD (voir planches dans la galerie) qu’une vraie BD traditionnelle (ce qui n’est bien entendu pas une critique). Certains remettront aussi très certainement en question la neutralité de l’ensemble. Comme les BDs de Joe Sacco, « Gaza » n’essaye même pas de nous voiler la face, et prend clairement position avec les opprimés. La parole n’y est pas vraiment donnée aux agresseurs, sauf dans une courte histoire vers la fin du livre, racontant le point de vue d’un soldat israélien, et qui tomberait presque comme un cheveu sur la soupe. Mais on me répondra sans doute que le point de vue israélien est suffisamment représenté, et qu’il fallait bien que la parole soit donnée à celles et ceux qu’on essaye justement de faire taire. Finalement, la seule fierté que je ressens après ma lecture est celle d’habiter dans un pays où des artistes peuvent publier ce genre de critique acerbe sans craindre de représailles voire même l’emprisonnement politique. Un bouquin passionnant, qui m’a donné envie d’en lire beaucoup d’autres sur le sujet, notamment à travers ses références bibliographiques.
Yotsuba&
Essayer c'est l'adopter. Yotsuba est un ovni dans le paysage de la BD en France. Une chose qu'on n'arrive à caser nulle part. Ne vous laissez pas avoir par l'apparence simplicité du trait, Azuma est un maître de la narration. Le sens du rythme et de la composition l'amène au même niveau qu'un Bill Watterson. Un vrai cas d'école en ce qui concerne l'utilisation du médium BD au format manga ! En dehors de ça il s'agit d'une peinture toute en simplicité de la vie d'une gamine pleine d'imagination. Le plus touchant étant finalement la description des personnages qui gravitent autour de l'enfant. Le récit dépouillé peut en rebuter certain, mais l'humour et la construction millimétrée des personnages m'ont charmé. J'émets juste une réserve quant à la capacité de l'auteur à renouveler les aventures de la petite démone. Jusqu'où peut-on suivre la vie quotidienne d'une gamine sans se lasser ; les tomes 6 et 7 ayant été un peu lassants. Heureusement le tome 8 donne un coup de peps à la série et on attend la suite avec optimisme.