A ma connaissance, «Rural !» est certainement l'album qui a (re ?)lancé le reportage documentaire dans la bd franco-belge. A défaut, on ne peut nier que « Rural !» a eu un gros succès éditorial et a amené des lecteurs à lire des bd de ce type, l’auteur Etienne Davodeau ira même jusqu’à publier quelques années après Les Mauvaises gens toujours dans le genre documentaire (mais qui n’a rien à voir avec la thématique de « Rural !»).
Ce one-shot est traité comme un reportage par l’auteur, ce dernier se met en scène pour raconter l’expérience qu’il a vécue avec des agriculteurs et des habitants.
Ce reportage se situe en Anjou, en pleine campagne, Etienne Davodeau a réussi à convaincre des paysans (en réalité, ce sont trois hommes qui travaillent ensemble) de lui raconter comment ceux-ci ont abandonné l’agriculture conventionnelle pour développer le bio. Ils lui raconteront aussi les contraintes de leur nouveau métier et comment ils imaginent leur avenir.
Cependant, à quelques kilomètres de là, des travaux sont en cours pour y construire l’autoroute A87. Cette infrastructure va entraîner de gros changements sur le plan économique, paysager et social dans les régions qu’elle traverse… C’est l’occasion pour Etienne Davodeau de revenir sur la décision de réaliser l’autoroute et de montrer les conséquences très souvent dramatiques sur la population locale qu’a entraînée cette construction…
Avant d’aller sur les détails concernant cette bd, j’aimerais vous faire partager mes impressions et mon expérience sur la construction des autoroutes. Il ne s’agit pas pour moi de défendre ces infrastructures mais de débattre entre nous sur la nécessité de les réaliser. Pour cela, revenons un peu en arrière…
L’extension des villages est irrémédiablement liée à l’essor de leur population et aussi d’une volonté de la part des politiciens locaux (notamment les maires) de les développer en voulant y créer divers services pour leurs habitants (et aussi pour ne pas laisser « mourir » l’activité dans les zones rurales). Deux solutions s’offrent donc aux élus pour développer leurs communes : soit celles-ci ont les moyens financiers de créer des lotissements et par conséquent, les nouvelles habitations se situent en dehors des gros axes routiers ; soit les municipalités souffrent d’un budget modeste et par conséquent, celles-ci motivent les nouveaux propriétaires à s’implanter à proximité des grandes routes afin que ceux-ci puissent se brancher directement sur des réseaux (assainissements, électriques, etc…) qui sont généralement déjà en place.
C’est cette dernière proposition que je vais développer.
Dans un village, la construction d’habitat le long des grandes routes présente certes des avantages financiers pour la commune (pas besoin de créer des réseaux, de nouvelles routes municipales, etc) mais aussi des inconvénients comme l’insécurité des piétons et… surtout l’impossibilité d’élargir la traverse en cas d’un flux croissant du trafic automobile. Dès lors, lorsque ce trafic devient trop important et devant l’impossibilité de modifier les caractéristiques de cette route et après avoir usé des nombreux moyens de garantir la sécurité des habitants (feux rouges, limitation de la vitesse, chicanes, etc) la commune n’a plus qu’une solution : demander un contournement routier de la commune, c’est ainsi qu’on se retrouve en gros dans la situation des habitants présentés dans « Rural !», c’est aussi mon coup de gueule devant l’incapacité des intervenants concernés (élus, nouveaux habitants, etc) d’avoir une vision à long terme.
Résultat : Dans ma région, actuellement, on met plus d’une heure à réaliser le trajet Amiens-Arras (pour environ 50 km) à cause des traverses interminables dans des villages qui ont misé sur une expansion urbaine le long de la nationale et par conséquent, il est prévu la construction d’une autoroute (comme toujours, l’Etat ne versera pas un sou pour la réalisation de cette voie)…
Alors, conseil d’amis : pour les citadins voulant s’installer à la campagne en limite de village, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le plan d’occupation des sols (POS) ou le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune et posez-vous la question de savoir si cette municipalité aura besoin un jour de créer un contournement routier… ça vous prendra quelques heures de votre précieux temps mais ça vous évitera de vous retrouver dans la même situation que les habitants présentés dans « Rural !»…
Voilà en gros ce que je voulais écrire sur cet aspect de la bd d’Etienne Davodeau. Pour le reste, en ce qui concerne l’agriculture biologique, j’ai passé un bon moment en compagnie de ces trois agriculteurs à découvrir leur métier. Les problématiques sur le bio et le réseau conventionnel m’ont semblé très bien développées, il faut dire aussi qu’Etienne Davodeau présente une excellente narration de laquelle il m’a été difficile de décrocher, à la lecture de sa bd.
Après, que le lecteur soit d’accord ou non sur ce que disent les protagonistes, ça, je vous laisse juges… en tout cas, l’auteur ne cache pas ses sentiments, c’est ce qui peut agacer des bédéphiles.
J’ai bien aimé le coup de patte d’Etienne Davodeau : les personnages sont facilement reconnaissables, les décors sont suffisamment fouillés… bref, c’est très plaisant à contempler. Cependant, je pense qu’une mise en couleurs (aux tons verdoyants, azur et ocre) aurait apporté un plus à la bd, du moins ça aurait permis d’y créer une ambiance plus champêtre ou plus « poussiéreuse et boueuse » selon les séquences.
Pour être franc, du même auteur, j’ai préféré Les Mauvaises gens à « Rural ! ». En fait, dans « Rural ! », je reproche à Etienne Davodeau de ne pas avoir su garder sa neutralité dans le débat « autoroute ou pas ». Néanmoins, c’est une bd qui m’a marqué et interrogé comme vous pouvez le constater sur ce que je viens d’écrire (je remercie les lecteurs qui ont eu le courage de lire mon long avis)…
Quand un album me fait réfléchir à ce point-là, ça veut dire tout simplement qu'il m’a fortement intéressé : je préfère mille fois une bd de ce genre à une autre qui se lit bien mais s’oublie vite ! Et encore, « Rural ! » présente –à mon avis- une excellente narration !
A découvrir impérativement !
Beaucoup a déjà été dit dans les avis précédents.
C'est le second récit de cette trilogie que je lis.
S'il est différent de Cercle vicieux, il m'a tout autant plu.
L'originalité est de mise, sous son aspect "petite BD au dessin simple", cette histoire est avant tout le résultat d'un superbe travail, bien pensé et traité de très belle manière.
Le dessin est la clé de voute de cette histoire.
A découvrir et à consommer sans modération.
Deux recueils d’histoires courtes pour déboucher sur une conclusion en un tome. Van Hamme analyse notre société pour en extraire les possibles disfonctionnements futurs. C’est donc dans un avenir proche et très crédible que se déroulent ces événements. Chaque histoire présente un aspect du disfonctionnement de la société décrite. Chacune est donc indépendante et se suffit à elle-même. C’est souvent très bien tapé, on ne peut qu’être interpellé par la C.U. lorsqu’on analyse la situation des sans papiers à l’heure actuelle. C’est également très bien construit. Il y a du rythme, de la profondeur, et les personnages sont très vite attachants alors qu’ils ont peu d’espace pour s’exprimer. Au troisième tome, nous avons droit à Lino Ventura (si, si, …) pour une enquête sur la disparition des précédents protagonistes (car les histoires courtes se terminent toujours par la disparition ou le décès de l’acteur principal, et par l’effacement même de toute trace de son existence). Un beau jeu de piste pour un final tordu et dérangeant. C’est très interpellant et, plus étonnant encore, cela a bien vieilli, du moins au niveau du scénario, car …
Seul petit bémol : le dessin. Pas franchement exceptionnel mais très lisible, il n’est certainement pas le point fort de l’œuvre. De plus il était trop typé années ’80 et la mise en couleur est plutôt criarde. Griffo travaillait hors de son style et cela se ressent. Heureusement, la qualité du scénario gomme totalement cet aspect.
Une série merveilleuse en tout point de vue, qui se conclut au bout de quatre tomes (enfin le premier cycle). Bien loin des séries d'héroïc-fantasy à rallonge, on plonge dans un univers onirique, calme, presque suranné. L'ambiance de cette série est pour moi authentique, quasiment indéfinissable. On se prend au jeu de cette quête improbable de l'oiseau du temps, à suivre cette troupe brinquebalante. L'histoire regorge de trouvailles et de détails rafraichissant, même au bout de 25 ans et de 5 au 6 relectures. Un récit fluide avec néanmoins une nette différence entre les tomes 3 et 4. Autant le 3 se révèle lent, peu avare en révélations, le 4e en revanche est un condensé de surprises et de rebondissements. Que de choses que nous apprenons ! Un peu trop peut-être, ce qui rend ce quatrième tome riche et chargé.
Y'a un truc qui m'a quand même un peu déplu, ce sont les interventions de Fol de Dol, je trouve ça lourd dans la narration et un peu "situation de secours" quand on manque d'idées. Les devinettes sont pour moi interprétations, on peut faire correspondre une multitude de réponses valables. Enfin bon, je m'écarte du sujet.
Beaucoup reprochent le côté un peu fouillis du dessin dans les premiers tomes, je suis pour ma part en extase devant le graphisme de Loisel. Pourtant bien imparfait (cadrage, physionomie,...), il rend à merveille l'univers de Le Tendre, arrivant à me scotcher à l'histoire. Et ça n'a pas vieilli. Les dessins du tome 5 et 6 me paraissent d'ailleurs un peu "fade" à côté (c'est un comble me direz-vous !).
Une des meilleures séries d'héroïc-fantasy, aucun sentiment de déjà vu ou lu. Une belle prouesse qui tient encore toutes ses promesses.
Fervent admirateur de MAM, quelle joie de trouver un ouvrage dans lequel l'auteur joue avec le support. J'adore ces BD conceptuelles.
L'histoire n'est pas dénuée d'humour, cette découverte complète fut un bon moment de lecture. Pendant un peu plus de la moitié de cette lecture, je ne comprenais pas trop le sens de la BD, puis d'un seul coup la magie s'est mise en route.
Il est inutile de raconter le contenu de ce petit one shot, cela gâcherait le plaisir des personnes ne l'ayant pas encore lu.
J'ai hâte d'être à demain soir pour lire les 2 autres tomes achetés aujourd'hui.
Je n'ai aucun doute sur le résultat car c'est un style de BD que j'affectionne.
Mais mais mais… c’est que c’est pas mal, Maître Chang !!…
J’ai effectué une chouette plongée dans le temps, me retrouvant dans la Chine impériale où seigneurs de guerre, shoguns, samouraïs et guerriers divers se battaient régulièrement qui pour l’hégémonie d’un territoire, qui pour de l’argent. Tout cela, bien sûr, au détriment des populations locales, des paysans qui n’avaient quelquefois même plus leurs yeux pour pleurer.
J’ai suivi une sorte de balade d’un personnage entre deux âges. Qui est-il … d’où vient-il ?… on ne le sait pas trop. Guérisseur mais combattant hors pair il s’est rangé du côté des plus faibles. Il s’en va ainsi, sans route précise, cheminant par routes et sentiers mais s’arrête dès qu’il sent que sa personne est sollicitée.
Maître Chang ?… il paraît dès 1984 dans « Fripounet », alors dessiné par Pierre Brochard. Pour en avoir lu certaines pages, je dois dire que le dessin ne « cassait pas des briques ». Un trait réaliste assez minimaliste, des couleurs « basiques de chez basique », une mise en scène plate ; l’ensemble me faisait parfois penser à du Sirius (Timour) des dernières années.
MAIS : en 1991, un « Maître Chang » nouvelle mouture paraît dans « Hello BD ». Cette fois, c’est Son qui s’y colle au graphisme. ET là, amis lecteurs, je reconnais que c’est tout autre chose. Je l’ai apprécié pour Le Phénix et le Dragon ainsi que, surtout, pour Triade.
Son y va ici d’un trait réaliste précis, minutieux, bien lisible qu’il met à profit dans une mise en scène de très belle tenue. La mise en page est de belle facture, les personnages attractifs ET, de plus, Son les inscrit dans des cases bien fournies et détaillées qui « sentent » cette période sanguinaire.
Un héros peu –si pas- connu pour une histoire et un album qui méritent de l’être.
Encore une bonne série –une de plus dirais-je- dessinée par Eddy Paape. C’est qu’il en a fait, durant sa carrière (qui continue toujours à… 88 ans !…)
Cette série, c’est d’abord « Yorik »… suivi de « Yorik des tempêtes » ; qui paru dans « Tintin » et « Tintin sélection » de 1971 à 1973.
Dans un style graphique réaliste réalisé par une véritable « patte » (il sait tout faire, Eddy !), Paape m’a entraîné dans de fougueuses aventures sur les mers.
Même si le scénario général est assez convenu, j’ai eu affaire à l’aventure avec un grand « A ». Tous les poncifs de la « BD de pirates » y sont : le héros chevaleresque, les navires flamboyants, ses « bons amis », ses « mauvais ennemis », pirates, boucaniers, flibustiers, barbaresques, traîtres, félons, abordages, canonnades, jolie aventurière…
Paape nous décrit ce monde d’alors dans un dessin précis, baroque parfois, bien documenté. Avec Yorik ce sont les grands espaces bleus et les vents qui vous emmènent, des personnages bien ciselés qui vous content leurs histoires. Il y a les braves, les mauvais et les gueules… un monde d’hommes à qui la femme, parfois, donne un grand coup de pied.
Yorik ?… c’est plaisant, fort, attractif visuellement ; une bien belle balade entre gens de mers qui –par l’entremise de Paape- font tout pour vous divertir. ET c’est réussi.
Bien bonne et méritante mais trop courte série.
Ne vous laissez pas abuser par une couverture plutôt ratée et à la limite du "mangasse".
Ce premier ouvrage de Karim Friha est une réussite.
Le trait aux influences multiples est agréable, les couleurs judicieusement choisies. La mise en scène et les poses souffrent parfois de quelques raideurs mais ce n'est que pour mieux mettre en valeur les moments forts. La scène où on découvre le pouvoir du héros est simplement à couper le souffle.
Le plus important dans cette BD ce n'est finalement pas le dessin, ni le scénario assez classique. Le plus important ce sont les personnages. Chacun est dépeint avec sensibilité, même les méchants ont droit à un traitement de choix et à leurs moments de doute, Friha utilisant son médium de manière intelligente (la BD compte 120p ce qui laisse de la place pour les digressions indispensables).
On pourra regretter que le papier assombrisse un peu trop les couleurs, mais c'est vraiment pour chipoter.
La suite please !
Ouais, les schtroumpfs, ces petits êtres bleus qui m'ont donné envie pendant de nombreuses envies de pouvoir un jour manger de la salspareille ! Qui se sorte de tous les pièges tendus par ce pauvre Gargamel (et son encore plus pauvre chat Azrael).
Quelle galerie de personnages, tout le monde trouvera forcément son petit-chouchou.
Une petite déprime ? Une schtroumpferie et c'est reparti !
Mais attention à ne pas en lire de trop car sinon vous risquez de dépasser la dose et là, paf, la note passerait à 3/5.
Bravo ! Marjane Satrapi réussit, par l'intermédiaire d'un récit autobiographique, à nous faire découvrir l'histoire de l'Iran, pays toujours vulgairement décrit par nos médias. Le dessin aurait pu être travaillé tout en gardant cet aspect "simple" (comme l'a fabuleusement fait Art Spiegelman pour Maus).
J'ai suivi avec bonheur le parcours de cette courageuse petite fille devenue une femme militante et fière de son pays d'origine, et ai été très touché par le personnage de sa grand-mère.
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Rural !
A ma connaissance, «Rural !» est certainement l'album qui a (re ?)lancé le reportage documentaire dans la bd franco-belge. A défaut, on ne peut nier que « Rural !» a eu un gros succès éditorial et a amené des lecteurs à lire des bd de ce type, l’auteur Etienne Davodeau ira même jusqu’à publier quelques années après Les Mauvaises gens toujours dans le genre documentaire (mais qui n’a rien à voir avec la thématique de « Rural !»). Ce one-shot est traité comme un reportage par l’auteur, ce dernier se met en scène pour raconter l’expérience qu’il a vécue avec des agriculteurs et des habitants. Ce reportage se situe en Anjou, en pleine campagne, Etienne Davodeau a réussi à convaincre des paysans (en réalité, ce sont trois hommes qui travaillent ensemble) de lui raconter comment ceux-ci ont abandonné l’agriculture conventionnelle pour développer le bio. Ils lui raconteront aussi les contraintes de leur nouveau métier et comment ils imaginent leur avenir. Cependant, à quelques kilomètres de là, des travaux sont en cours pour y construire l’autoroute A87. Cette infrastructure va entraîner de gros changements sur le plan économique, paysager et social dans les régions qu’elle traverse… C’est l’occasion pour Etienne Davodeau de revenir sur la décision de réaliser l’autoroute et de montrer les conséquences très souvent dramatiques sur la population locale qu’a entraînée cette construction… Avant d’aller sur les détails concernant cette bd, j’aimerais vous faire partager mes impressions et mon expérience sur la construction des autoroutes. Il ne s’agit pas pour moi de défendre ces infrastructures mais de débattre entre nous sur la nécessité de les réaliser. Pour cela, revenons un peu en arrière… L’extension des villages est irrémédiablement liée à l’essor de leur population et aussi d’une volonté de la part des politiciens locaux (notamment les maires) de les développer en voulant y créer divers services pour leurs habitants (et aussi pour ne pas laisser « mourir » l’activité dans les zones rurales). Deux solutions s’offrent donc aux élus pour développer leurs communes : soit celles-ci ont les moyens financiers de créer des lotissements et par conséquent, les nouvelles habitations se situent en dehors des gros axes routiers ; soit les municipalités souffrent d’un budget modeste et par conséquent, celles-ci motivent les nouveaux propriétaires à s’implanter à proximité des grandes routes afin que ceux-ci puissent se brancher directement sur des réseaux (assainissements, électriques, etc…) qui sont généralement déjà en place. C’est cette dernière proposition que je vais développer. Dans un village, la construction d’habitat le long des grandes routes présente certes des avantages financiers pour la commune (pas besoin de créer des réseaux, de nouvelles routes municipales, etc) mais aussi des inconvénients comme l’insécurité des piétons et… surtout l’impossibilité d’élargir la traverse en cas d’un flux croissant du trafic automobile. Dès lors, lorsque ce trafic devient trop important et devant l’impossibilité de modifier les caractéristiques de cette route et après avoir usé des nombreux moyens de garantir la sécurité des habitants (feux rouges, limitation de la vitesse, chicanes, etc) la commune n’a plus qu’une solution : demander un contournement routier de la commune, c’est ainsi qu’on se retrouve en gros dans la situation des habitants présentés dans « Rural !», c’est aussi mon coup de gueule devant l’incapacité des intervenants concernés (élus, nouveaux habitants, etc) d’avoir une vision à long terme. Résultat : Dans ma région, actuellement, on met plus d’une heure à réaliser le trajet Amiens-Arras (pour environ 50 km) à cause des traverses interminables dans des villages qui ont misé sur une expansion urbaine le long de la nationale et par conséquent, il est prévu la construction d’une autoroute (comme toujours, l’Etat ne versera pas un sou pour la réalisation de cette voie)… Alors, conseil d’amis : pour les citadins voulant s’installer à la campagne en limite de village, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le plan d’occupation des sols (POS) ou le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune et posez-vous la question de savoir si cette municipalité aura besoin un jour de créer un contournement routier… ça vous prendra quelques heures de votre précieux temps mais ça vous évitera de vous retrouver dans la même situation que les habitants présentés dans « Rural !»… Voilà en gros ce que je voulais écrire sur cet aspect de la bd d’Etienne Davodeau. Pour le reste, en ce qui concerne l’agriculture biologique, j’ai passé un bon moment en compagnie de ces trois agriculteurs à découvrir leur métier. Les problématiques sur le bio et le réseau conventionnel m’ont semblé très bien développées, il faut dire aussi qu’Etienne Davodeau présente une excellente narration de laquelle il m’a été difficile de décrocher, à la lecture de sa bd. Après, que le lecteur soit d’accord ou non sur ce que disent les protagonistes, ça, je vous laisse juges… en tout cas, l’auteur ne cache pas ses sentiments, c’est ce qui peut agacer des bédéphiles. J’ai bien aimé le coup de patte d’Etienne Davodeau : les personnages sont facilement reconnaissables, les décors sont suffisamment fouillés… bref, c’est très plaisant à contempler. Cependant, je pense qu’une mise en couleurs (aux tons verdoyants, azur et ocre) aurait apporté un plus à la bd, du moins ça aurait permis d’y créer une ambiance plus champêtre ou plus « poussiéreuse et boueuse » selon les séquences. Pour être franc, du même auteur, j’ai préféré Les Mauvaises gens à « Rural ! ». En fait, dans « Rural ! », je reproche à Etienne Davodeau de ne pas avoir su garder sa neutralité dans le débat « autoroute ou pas ». Néanmoins, c’est une bd qui m’a marqué et interrogé comme vous pouvez le constater sur ce que je viens d’écrire (je remercie les lecteurs qui ont eu le courage de lire mon long avis)… Quand un album me fait réfléchir à ce point-là, ça veut dire tout simplement qu'il m’a fortement intéressé : je préfère mille fois une bd de ce genre à une autre qui se lit bien mais s’oublie vite ! Et encore, « Rural ! » présente –à mon avis- une excellente narration ! A découvrir impérativement !
Le Cycle
Beaucoup a déjà été dit dans les avis précédents. C'est le second récit de cette trilogie que je lis. S'il est différent de Cercle vicieux, il m'a tout autant plu. L'originalité est de mise, sous son aspect "petite BD au dessin simple", cette histoire est avant tout le résultat d'un superbe travail, bien pensé et traité de très belle manière. Le dessin est la clé de voute de cette histoire. A découvrir et à consommer sans modération.
S.O.S. Bonheur
Deux recueils d’histoires courtes pour déboucher sur une conclusion en un tome. Van Hamme analyse notre société pour en extraire les possibles disfonctionnements futurs. C’est donc dans un avenir proche et très crédible que se déroulent ces événements. Chaque histoire présente un aspect du disfonctionnement de la société décrite. Chacune est donc indépendante et se suffit à elle-même. C’est souvent très bien tapé, on ne peut qu’être interpellé par la C.U. lorsqu’on analyse la situation des sans papiers à l’heure actuelle. C’est également très bien construit. Il y a du rythme, de la profondeur, et les personnages sont très vite attachants alors qu’ils ont peu d’espace pour s’exprimer. Au troisième tome, nous avons droit à Lino Ventura (si, si, …) pour une enquête sur la disparition des précédents protagonistes (car les histoires courtes se terminent toujours par la disparition ou le décès de l’acteur principal, et par l’effacement même de toute trace de son existence). Un beau jeu de piste pour un final tordu et dérangeant. C’est très interpellant et, plus étonnant encore, cela a bien vieilli, du moins au niveau du scénario, car … Seul petit bémol : le dessin. Pas franchement exceptionnel mais très lisible, il n’est certainement pas le point fort de l’œuvre. De plus il était trop typé années ’80 et la mise en couleur est plutôt criarde. Griffo travaillait hors de son style et cela se ressent. Heureusement, la qualité du scénario gomme totalement cet aspect.
La Quête de l'Oiseau du Temps
Une série merveilleuse en tout point de vue, qui se conclut au bout de quatre tomes (enfin le premier cycle). Bien loin des séries d'héroïc-fantasy à rallonge, on plonge dans un univers onirique, calme, presque suranné. L'ambiance de cette série est pour moi authentique, quasiment indéfinissable. On se prend au jeu de cette quête improbable de l'oiseau du temps, à suivre cette troupe brinquebalante. L'histoire regorge de trouvailles et de détails rafraichissant, même au bout de 25 ans et de 5 au 6 relectures. Un récit fluide avec néanmoins une nette différence entre les tomes 3 et 4. Autant le 3 se révèle lent, peu avare en révélations, le 4e en revanche est un condensé de surprises et de rebondissements. Que de choses que nous apprenons ! Un peu trop peut-être, ce qui rend ce quatrième tome riche et chargé. Y'a un truc qui m'a quand même un peu déplu, ce sont les interventions de Fol de Dol, je trouve ça lourd dans la narration et un peu "situation de secours" quand on manque d'idées. Les devinettes sont pour moi interprétations, on peut faire correspondre une multitude de réponses valables. Enfin bon, je m'écarte du sujet. Beaucoup reprochent le côté un peu fouillis du dessin dans les premiers tomes, je suis pour ma part en extase devant le graphisme de Loisel. Pourtant bien imparfait (cadrage, physionomie,...), il rend à merveille l'univers de Le Tendre, arrivant à me scotcher à l'histoire. Et ça n'a pas vieilli. Les dessins du tome 5 et 6 me paraissent d'ailleurs un peu "fade" à côté (c'est un comble me direz-vous !). Une des meilleures séries d'héroïc-fantasy, aucun sentiment de déjà vu ou lu. Une belle prouesse qui tient encore toutes ses promesses.
Cercle vicieux
Fervent admirateur de MAM, quelle joie de trouver un ouvrage dans lequel l'auteur joue avec le support. J'adore ces BD conceptuelles. L'histoire n'est pas dénuée d'humour, cette découverte complète fut un bon moment de lecture. Pendant un peu plus de la moitié de cette lecture, je ne comprenais pas trop le sens de la BD, puis d'un seul coup la magie s'est mise en route. Il est inutile de raconter le contenu de ce petit one shot, cela gâcherait le plaisir des personnes ne l'ayant pas encore lu. J'ai hâte d'être à demain soir pour lire les 2 autres tomes achetés aujourd'hui. Je n'ai aucun doute sur le résultat car c'est un style de BD que j'affectionne.
Maître Chang
Mais mais mais… c’est que c’est pas mal, Maître Chang !!… J’ai effectué une chouette plongée dans le temps, me retrouvant dans la Chine impériale où seigneurs de guerre, shoguns, samouraïs et guerriers divers se battaient régulièrement qui pour l’hégémonie d’un territoire, qui pour de l’argent. Tout cela, bien sûr, au détriment des populations locales, des paysans qui n’avaient quelquefois même plus leurs yeux pour pleurer. J’ai suivi une sorte de balade d’un personnage entre deux âges. Qui est-il … d’où vient-il ?… on ne le sait pas trop. Guérisseur mais combattant hors pair il s’est rangé du côté des plus faibles. Il s’en va ainsi, sans route précise, cheminant par routes et sentiers mais s’arrête dès qu’il sent que sa personne est sollicitée. Maître Chang ?… il paraît dès 1984 dans « Fripounet », alors dessiné par Pierre Brochard. Pour en avoir lu certaines pages, je dois dire que le dessin ne « cassait pas des briques ». Un trait réaliste assez minimaliste, des couleurs « basiques de chez basique », une mise en scène plate ; l’ensemble me faisait parfois penser à du Sirius (Timour) des dernières années. MAIS : en 1991, un « Maître Chang » nouvelle mouture paraît dans « Hello BD ». Cette fois, c’est Son qui s’y colle au graphisme. ET là, amis lecteurs, je reconnais que c’est tout autre chose. Je l’ai apprécié pour Le Phénix et le Dragon ainsi que, surtout, pour Triade. Son y va ici d’un trait réaliste précis, minutieux, bien lisible qu’il met à profit dans une mise en scène de très belle tenue. La mise en page est de belle facture, les personnages attractifs ET, de plus, Son les inscrit dans des cases bien fournies et détaillées qui « sentent » cette période sanguinaire. Un héros peu –si pas- connu pour une histoire et un album qui méritent de l’être.
Yorik des tempêtes
Encore une bonne série –une de plus dirais-je- dessinée par Eddy Paape. C’est qu’il en a fait, durant sa carrière (qui continue toujours à… 88 ans !…) Cette série, c’est d’abord « Yorik »… suivi de « Yorik des tempêtes » ; qui paru dans « Tintin » et « Tintin sélection » de 1971 à 1973. Dans un style graphique réaliste réalisé par une véritable « patte » (il sait tout faire, Eddy !), Paape m’a entraîné dans de fougueuses aventures sur les mers. Même si le scénario général est assez convenu, j’ai eu affaire à l’aventure avec un grand « A ». Tous les poncifs de la « BD de pirates » y sont : le héros chevaleresque, les navires flamboyants, ses « bons amis », ses « mauvais ennemis », pirates, boucaniers, flibustiers, barbaresques, traîtres, félons, abordages, canonnades, jolie aventurière… Paape nous décrit ce monde d’alors dans un dessin précis, baroque parfois, bien documenté. Avec Yorik ce sont les grands espaces bleus et les vents qui vous emmènent, des personnages bien ciselés qui vous content leurs histoires. Il y a les braves, les mauvais et les gueules… un monde d’hommes à qui la femme, parfois, donne un grand coup de pied. Yorik ?… c’est plaisant, fort, attractif visuellement ; une bien belle balade entre gens de mers qui –par l’entremise de Paape- font tout pour vous divertir. ET c’est réussi. Bien bonne et méritante mais trop courte série.
Le Réveil du Zelphire
Ne vous laissez pas abuser par une couverture plutôt ratée et à la limite du "mangasse". Ce premier ouvrage de Karim Friha est une réussite. Le trait aux influences multiples est agréable, les couleurs judicieusement choisies. La mise en scène et les poses souffrent parfois de quelques raideurs mais ce n'est que pour mieux mettre en valeur les moments forts. La scène où on découvre le pouvoir du héros est simplement à couper le souffle. Le plus important dans cette BD ce n'est finalement pas le dessin, ni le scénario assez classique. Le plus important ce sont les personnages. Chacun est dépeint avec sensibilité, même les méchants ont droit à un traitement de choix et à leurs moments de doute, Friha utilisant son médium de manière intelligente (la BD compte 120p ce qui laisse de la place pour les digressions indispensables). On pourra regretter que le papier assombrisse un peu trop les couleurs, mais c'est vraiment pour chipoter. La suite please !
Les Schtroumpfs
Ouais, les schtroumpfs, ces petits êtres bleus qui m'ont donné envie pendant de nombreuses envies de pouvoir un jour manger de la salspareille ! Qui se sorte de tous les pièges tendus par ce pauvre Gargamel (et son encore plus pauvre chat Azrael). Quelle galerie de personnages, tout le monde trouvera forcément son petit-chouchou. Une petite déprime ? Une schtroumpferie et c'est reparti ! Mais attention à ne pas en lire de trop car sinon vous risquez de dépasser la dose et là, paf, la note passerait à 3/5.
Persepolis
Bravo ! Marjane Satrapi réussit, par l'intermédiaire d'un récit autobiographique, à nous faire découvrir l'histoire de l'Iran, pays toujours vulgairement décrit par nos médias. Le dessin aurait pu être travaillé tout en gardant cet aspect "simple" (comme l'a fabuleusement fait Art Spiegelman pour Maus). J'ai suivi avec bonheur le parcours de cette courageuse petite fille devenue une femme militante et fière de son pays d'origine, et ai été très touché par le personnage de sa grand-mère.