'La Vie de Victor Levallois' est une bonne série d'aventure. J'ai trouvé les scénarii très bons et captivants, plusieurs personnages étaient intéressants et Stanislas a un style de dessin que j'aime beaucoup. Mais ce que j'ai surtout aimé dans cette bande dessinée c'est l'ambiance des années 40-50 avec tous ses gangsters, ses asiatiques qui veulent se révolter contre l'autorité des blancs, ses aventuriers, etc.
Je pense tout de même que ce n'est pas tout le monde qui est fait pour cette série. Certains pourraient trouver les histoires vides et sans intérêt.
Excellente BD qui bénéficie d'une belle réédition, c'est l'occasion de donner mon avis dessus.
Le graphisme s'il ne brille pas par un aspect follement travaillé, sort du lot grâce à un traitement plein d'humour et de subtilité. On est loin des productions mainstream et autres procédé commerciaux auxquels on pourrait être habitué.
On est invité à prendre part à la vie à la fois ordinaire et peu banale du héros, touché de plein fouet par le destin et les symptômes capillaire.
Gallerie de personnages tous plus humains les uns que les autres, Asatte Danse est à conseiller à tous ceux qui ont encore des doutes quant à la capacité des manga à sortir des clichés auxquels on nous a habitué.
Une réussite !
Un bon one shot dans un environnement peu commun (une histoire fantastique mêlant vampirisme et magie en Ukraine).
Le dessin de Lereculey est vraiment superbe avec ces gueules de cosaques, ces décors fouillés (la course avec la sorcière, l'église...), j'aime beaucoup ce dessinateur et il nous donne ici encore un très bel album.
La narration fait penser à un conte, cela apporte une ambiance particulière plutôt réussie mais casse peut-être un peu l'immersion dans le récit (on a parfois l'impression de survoler l'histoire).
Un bel album avec une narration spéciale mais l'ambiance qui s'en dégage colle (à mon avis) parfaitement à l'aspect fantastique de l'histoire.
Mes avis sur "Corto Maltese" portent l'édition en format poche, je les compléterai au fur et à mesure de la sortie des tomes... patience !
1 - « La jeunesse » (histoire indépendante - Russie)
Drôle de titre lorsqu’on lit ce premier tome de la série (histoire complète), Corto Maltese n’y apparaît pas si jeune que ça ! Et puis, c’est sûrement la rencontre la plus surprenante avec un héros que j’ai pue lire dans une BD jusqu’à maintenant !
Pour moi, le vrai (faux) héros de cette première aventure de Corto Maltese est Raspoutine. Pourtant, ce personnage a tout pour déplaire le lecteur : il ment, tue, complote et prend du plaisir à accumuler tous les vices ! Bizarrement, dès les premières pages, malgré tous ses défauts, Raspoutine m’est apparu très attachant. Ses sautes d’humeur et son air de chien abattu lorsqu’il se retrouve dans une situation fort inconfortable m’ont contribués à le rendre sympathique.
Quant à l’apparition de Corto Maltese, je me tairai les détails afin de vous laissez apprécier la rencontre avec l’un des plus célèbres aventuriers de la BD franco-belge !
J’ai apprécié la situation de cette histoire en plein milieu de la guerre russo-japonaise qui s’est déroulée entre 1904 et 1905. Si on n’apprend pas énormément de choses sur cette guerre en lisant cet album, il m’a semblé intéressant de constater les conditions de vie, la mentalité des soldats et surtout le code de l’honneur des japonais à cette époque.
A mon avis, Casterman a eu la bonne idée - au risque de me faire chahuter par les fans des éditions originales des œuvres de Pratt - d’éditer les aventures de Hugo Pratt en format poche. Je trouve que la mise en page en 3 bandes se prête bien à ce format car les détails et le lettrage ne me sont apparus illisibles à aucun moment.
J’aime beaucoup le coup de crayon au trait gras de Hugo Pratt. Ses décors apparaissent faussement simples, ils suffisent amplement à situer l’action. La lecture m’est apparue plaisante et intéressante, en aucun cas, elle ne m’a semblée ennuyeuse.
Pour apprécier pleinement le premier album des aventures de Corto Maltese, il me semble indispensable de s’asseoir dans un bon fauteuil ou mieux dans une chaise relax en cette période propice au bronzage ! A mon avis, « La jeunesse » est une BD fascinante qui met en scène de façon très surprenante un personnage célèbre de la BD franco-belge. En tout cas, ce premier tome m’a vraiment donné l’envie de découvrir les autres albums de Pratt. A propos, sachiez que c’est en feuilletant le deuxième tome que vous comprendrez le titre de cet album…
Note finale : 4/5
2 - « La ballade de la mer salée » (histoire indépendante - Pacifique)
Beaucoup de bédéphiles amateurs de « Corto Maltese » considèrent « La ballade de la mer salée » comme l’un des meilleurs de la série… pas moi !
Cette histoire se situe dans l’océan pacifique juste avant la première guerre mondiale, Corto Maltese erre sur un radeau. Comme par hasard, il sera secouru par un sous-marin allemand dirigé par Christian Slütter. Ce dernier est sous les ordres de Raspoutine et de son supérieur : le moine, un pirate énigmatique toujours encapuchonné qui n’est pas présent à bord mais qui se terre sur une île où doit se rendre l’équipage et qui a monnayé ses services à l’armée allemande. A bord de ce submersible se trouve également deux jeunes prisonniers de Raspoutine : Caïn et Pandora Groovesnore, issus d’une même famille fortunée dont leur chaloupe a été pillée et coulée. Ces adolescents sont tenus en otage en attendant le versement de leur rançon…
Un peu plus tard, Corto Maltese qui est lui-aussi un pirate va se rebeller contre Raspoutine lorsque celui-ci donnera l’ordre à l’équipage du sous-marin de ne pas secourir les hommes du navire qu’ils viennent de couler… Ce sera le début d’une aventure qui mènera tous sur l’île au Moine…
Hugo pratt s’est –il parait- inspiré d’une lettre sur un fait réel pour concevoir cette histoire. Ce qui m’a intéressé dans ce récit, c’est son réalisme sur la présence de navires allemands et anglais dans cette partie du globe à cette époque, comme si ces deux patries avaient senti prématurément l’odeur de la première guerre mondiale et par conséquent, jouaient déjà au chat et à la souris dans les océans. N’oublions pas aussi qu’au début du XXème siècle, les satellites n’existaient pas et que de nombreuses régions terrestres étaient inconnues, ce qui fait que de nombreuses îles du Pacifique (et ailleurs) ont sûrement été occupées par des pirates.
Pour le reste, je ne me suis pas vraiment intéressé par cette histoire car j’y ai relevé de nombreuses invraisemblances comme le combat ridicule de Corto Maltese avec une pieuvre et parce que cette aventure souffre –à mon avis- de longueurs. Le Moine ne m’est pas apparu charismatique, je trouve qu’il ressemble davantage à une marionnette gesticulante vociférant des menaces qu’à un vrai meneur d’hommes. Dès lors, je me suis dépassionnée par ce récit quand les personnages sont arrivés sur l’île au Moine.
Graphiquement, si Hugo Pratt est –à mon avis- un des auteurs les plus talentueux lorsqu’il s’agit de poser l’histoire et de créer des ambiances poétiques, il m’est apparu piètre dessinateur lorsqu’il réalise des séquences d’action. En effet, dans ces séquences-là, je trouve que son trait est trop rigide et que son découpage laisse à désirer.
En conclusion, je ne garde pas un excellent souvenir de ma lecture de « La ballade de la mer salée » car je me suis désintéressé aux deux derniers tiers du livre au moment où nos héros quittent l’océan. Encore heureux que j’ai eu la bonne initiative de lire les albums suivant car j’y ai ressenti un vrai plaisir de les découvrir !…
Note finale : 2,5/5
3 - "Le secret de Tristan Bantam" (histoire complète avec les tomes 3, 4 et 5 - Amérique du Sud)
Contrairement aux deux premiers tomes des aventures de Corto Maltese en format poche, « Le secret de Tristan Bantam » n’est pas un récit complet. Il faudra donc attendre le prochain album intitulé « Rendez-vous à Bahia » pour suivre les nouveaux péripéties de notre héros.
En attendant, l’histoire se déroule essentiellement à Paramariso en Guyane Hollandaise (Amérique du Sud) où Corto Maltese se repose dans une pension. Il ne va pas être tarder à être contacté par un adolescent hollandais en la personne de « Tristan Bantam », possesseur de cartes d’un royaume perdu au nom de « Mü ». Ce jeune homme va demander de l’aide auprès de Corto Maltese pour retrouver ce qui semble être la position d’un trésor…
Plusieurs personnages apparaissent dans ce nouvel album et la plupart se révèleront assez énigmatiques. Personnellement, j’ai un faible pour Jeremiah Steiner l’ancien universitaire et Madame Java l’hôtesse de Corto Maltese. L’histoire m’est apparue plaisante et très orientée action pour un si petit récit (38 pages seulement). Il est intéressant de constater que l’auteur avait l’air d’avoir une grosse connaissance des civilisations aztèques et du pacifique au vu de sa capacité à narrer les origines des hiéroglyphes contenues dans ce récit ! A noter également l’apparition discrète de rites ésotériques dans cette nouvelle aventure de Corto.
Comme les deux premières aventures de Corto Maltese, le format poche ne m’a posé aucun problème de lecture : le lettrage est lisible et la mise en page en 3 bandes permet d’aérer les cases. La mise en couleurs m’est apparue parfaitement adaptée au trait de Hugo Pratt, elle est assez distraite pour ne pas « noyer » l’encrage et contribue à créer une ambiance liée à chaque situation. Cependant, le découpage des scènes ne m’a pas semblé si parfaite que ça notamment lors des combats.
« Le secret de Tristan Bantam » m’est apparu comme une bonne introduction pour le prochain tome de cette nouvelle aventure de Corto Maltese. Le récit est enlevé, les nouveaux personnages semblent énigmatiques et intéressants. De plus, les connaissances géographiques et historiques apparemment vastes de Hugo Pratt étalées dans l’album sont, pour moi, un régal ! Alors… vivement la suite !
Note finale : 4/5
4 - « Rendez-vous à Bahia » (histoire complète avec les tomes 3, 4 et 5 - Amérique du Sud)
Suite logique du précédent tome de cette nouvelle collection des « Corto Maltese » en format poche, « Rendez-vous à Bahia » m’est apparue comme un album intéressant dans cette histoire de recherche d’un trésor où notre héros et ses compagnons vont aller régler leur compte aux « ennemis » de Tristan Bantam et collecter des indices.
L’ésotérisme prend une place capitale dans cet album, Corto Maltese va rencontrer une femme qui est adepte de la magie noire… encore une fois, pendant son voyage, notre héros va faire connaissance avec des personnages assez cocasses qui vont se révéler assez attachants. Il est intéressant de constater que Hugo Pratt à un don pour rendre tous ses personnages secondaires attirants ! Comme le tome précédent, j’ai été assez agréablement surpris de voir que l’auteur avait apparemment de nombreux connaissances sur la culture aztèque et celle des latino-américains. Contrairement au tome précédent, l’action n’est prédominante dans cet album, j’ai même eu l’impression d’assister à une discussion tranquille entre les principaux personnages…
Les éditions « Casterman » semblent avoir pris quelques libertés hasardeuses vis-à-vis de l’œuvre originale d’Hugo Pratt pour concevoir ces BD en format de poche d’après les fans de « Corto Maltese ». N’ayant pas lu ces BD de format classique, je ne peux pas vraiment en juger mais je constate tout de même que, jusqu’à maintenant, cette nouvelle édition des aventures de Corto Maltese m’est apparu très plaisante à lire.
Si ces versions en format poche n’avaient pas parues, je pense que j’aurai découvert tard « Corto Maltese ». En lisant les quatre premiers tomes, je me rends compte à tel point les péripéties de ce marin à travers le monde sont intéressantes culturellement et historiquement.
A noter que ce cycle mettant en scène Tristan Bantam se clôt au 6ème tome (« L’aigle du Brésil »).
Note finale : 3,5/5
13 - "Fables et grands-pères" (histoire indépendante – Amérique du Sud)
Cette histoire se déroule en Amérique du Sud, plus précisément en Amazonie. Corto Maltese va être « chargé » par un vieux européen de retrouver le petit-fils de celui-ci. Cependant, ce garçon n’a jamais vécu à l’occidentale puisqu’il est enfant d’une amazonienne et d’un occidental qui a fui l’autorité de son père (le vieux européen).
Cette mission de plus pour Corto Maltese dans une terre hostile aux étrangers où vivent les jivaros, ces fameux indiens réducteurs de têtes, va devenir un enfer pour lui quand il devra affronter un personnage pour le moins… pervers !
Ce nouvel épisode de notre héros est plus aventureux qu’instructif, le lecteur suit Corto Maltese dans la jungle amazonienne où l’action prédomine.
Ce récit m’est apparu comme une bonne transition dans les péripéties de Corto Maltese, il intervient après des tomes assez philosophiques ou culturels où les lecteurs apprenaient beaucoup de choses sur les mystères de l’Amérique du Sud.
A mon avis, le graphisme d’Hugo Pratt est à son désavantage dans ce tome où la raideur de son trait n’est pas indiquée pour représenter des scènes d’action. Néanmoins, l’ensemble reste très correct car la mise en page est aérée et la colorisation aux tons pastels s’avère agréable.
Si « Fables et grands-pères » ne m’est pas apparu comme un des meilleurs tomes de la série (en format poche), il est toutefois l’un des albums les plus distrayants. J’y ai aimé la morale de l’histoire et le fait qu’il y ait de l’action à défaut d’en apprendre beaucoup de choses sur les indien amazoniens.
Bref, « Fables et grands-pères » peut être assimilé comme un bon album récréatif de la série.
Note finale : 3,5/5
"Je mourrai pas gibier" est une histoire assez sordide avec une pointe d'humour (noir). Mais ce n'est pas tout, le personnage principal est vraiment intriguant voir attachant, alors que celui-ci fait un véritable carnage au mariage de sa soeur pour des raisons que je vous laisse découvrir.
Cette BD met mal à l'aise par la véritable boucherie dont on assiste (qui me fait penser à certain "faits divers" du même genre), mais d'un autre coté, on pourrait comprendre (sans vraiment excuser) ce geste par les raisons qui l'ont poussé à agir de la sorte. Coté scénaristique, c'est une réussite. On bouillonne devant ce récit captivant.
Les dessins collent à merveille à l'ambiance de la BD. Les traits de crayon sont crispés aux moments les plus durs, ce qui rend la lecture plus intense. Sinon les dessins sont relativement corrects, c'est le style de l'auteur. Le mieux c'est de jeter un oeil du coté de la galerie.
Seul point négatif, je trouve qu'il se lit vraiment (trop) vite.
Premier contact avec Tardi et je m’en souviendrai ! J’ai personnellement été touché par ce one-shot.
Réalisé sans détour, il présente les horreurs de la guerre, ici 14-18. Que dire de plus que les chiffres en fin d’album ? 9.000.000 de morts (soit environ 6000/jour), des millions d’invalides et autant d’orphelins et de veuves… Cela nous donne à réfléchir.
L’album est découpé en petites histoires, présentant un ou deux soldats impliqués dans le conflit. Ces personnages ne sont pas présentés tels des héros sans peur et sans reproche, mais bien comme de « simples » hommes ayant la trouille au ventre, inexorablement dirigés vers le combat et la mort…
L’histoire de l’album, bien qu’il faille plutôt parler de « témoignages sans concession », est prenante, violente et directe.
L’aspect graphique est au service de la noirceur du sujet et me semble très bien réussi.
Rien à ajouter, une Putain de guerre (que je vous conseille de lire également)…
Non seulement je conseille l'achat, mais je pense même que ces 2 tomes sont INDISPENSABLES à la série 20th Century Boys. Puisqu'ils en sont le dénouement. En revanche, ils n'ont clairement AUCUN intérêt pour ceux qui n'ont pas lu les 22 premiers tomes, ils n’y comprendraient simplement rien.
Que dire de plus que mon avis sur 20th Century Boys du coup ? Et bien que cette fin est tout à fait convaincante tout simplement. Je n'ai pas eu le sentiment que trop de questions restaient en suspend, même s'il y en a toujours, surtout avec un scénario aussi alambiqué !
Donc, si vous avez lu 20th Century Boys, ne restez pas sur la non fin de cette œuvre, lisez 21st century boys.
Dépressif chronique, Franquin s’attaque dans ses Idées Noires à tout ce qui le rebute : la sur-industrialisation, la chasse, le clergé, la pollution, la peine de mort et, avant toute chose, la bêtise humaine. Cet album a dû en surprendre plus d’un lors de sa parution tant on est éloigné de la gentillesse de ses héros précédents. A ce titre, Idées Noires peut être considéré comme culte, car un tel changement de style venant d’un auteur n’ayant plus rien à prouver aboutit souvent à l’échec. Hors, ici, Franquin fait souvent mouche. Certaines histoires, certaines trouvailles sont tout simplement géniales (la planète labyrinthe, par exemple). Son style graphique (un noir et blanc tortueux, parfois fouillé, parfois dépouillé au contraire) est un exemple de maîtrise. Si on reconnaît la « patte » de Franquin, on ne peut comparer à Gaston Lagaffe ni (encore moins) à Spirou et Fantasio. C’est noir, c’est tordu, à l’image du contenu de ces courtes histoires.
Les histoires, comme je l’ai dit, sont souvent très drôles. On peut cependant reprocher à Franquin une surexploitation de certaines idées. Et bien souvent, les gags exploitant la même idée de départ sont décevants, voire dispensables. Heureusement, ceux-ci ne constituent pas la majorité de l’album, et la qualité de l’ensemble demeure exceptionnelle. Notons que cette série a dû servir de réel défouloir à Franquin et à ses amis proches. Et Roba, le gentil créateur de Boule et Bill n’est pas en reste quand il s’agit d’écrire un scénario à l’humour « limite » (et les taureaux l’en remercient).
Après Cercle vicieux et Le Cycle, voici le troisième petit récit de cette trilogie originale.
Si les trois BD étaient regroupées dans une série, j'aurai mis un 5/5.
Ce one shot est le plus complexe, la lecture demande plus d'attention.
La créativité de l'auteur est toujours présente.
J'en redemande, ce genre de BD apporte une autre approche sur cet art.
Autre argument de poids, le petit prix : 6 euros
Une belle expérience que je souhaite au plus grand nombre de bdphiles.
A ma connaissance, «Rural !» est certainement l'album qui a (re ?)lancé le reportage documentaire dans la bd franco-belge. A défaut, on ne peut nier que « Rural !» a eu un gros succès éditorial et a amené des lecteurs à lire des bd de ce type, l’auteur Etienne Davodeau ira même jusqu’à publier quelques années après Les Mauvaises gens toujours dans le genre documentaire (mais qui n’a rien à voir avec la thématique de « Rural !»).
Ce one-shot est traité comme un reportage par l’auteur, ce dernier se met en scène pour raconter l’expérience qu’il a vécue avec des agriculteurs et des habitants.
Ce reportage se situe en Anjou, en pleine campagne, Etienne Davodeau a réussi à convaincre des paysans (en réalité, ce sont trois hommes qui travaillent ensemble) de lui raconter comment ceux-ci ont abandonné l’agriculture conventionnelle pour développer le bio. Ils lui raconteront aussi les contraintes de leur nouveau métier et comment ils imaginent leur avenir.
Cependant, à quelques kilomètres de là, des travaux sont en cours pour y construire l’autoroute A87. Cette infrastructure va entraîner de gros changements sur le plan économique, paysager et social dans les régions qu’elle traverse… C’est l’occasion pour Etienne Davodeau de revenir sur la décision de réaliser l’autoroute et de montrer les conséquences très souvent dramatiques sur la population locale qu’a entraînée cette construction…
Avant d’aller sur les détails concernant cette bd, j’aimerais vous faire partager mes impressions et mon expérience sur la construction des autoroutes. Il ne s’agit pas pour moi de défendre ces infrastructures mais de débattre entre nous sur la nécessité de les réaliser. Pour cela, revenons un peu en arrière…
L’extension des villages est irrémédiablement liée à l’essor de leur population et aussi d’une volonté de la part des politiciens locaux (notamment les maires) de les développer en voulant y créer divers services pour leurs habitants (et aussi pour ne pas laisser « mourir » l’activité dans les zones rurales). Deux solutions s’offrent donc aux élus pour développer leurs communes : soit celles-ci ont les moyens financiers de créer des lotissements et par conséquent, les nouvelles habitations se situent en dehors des gros axes routiers ; soit les municipalités souffrent d’un budget modeste et par conséquent, celles-ci motivent les nouveaux propriétaires à s’implanter à proximité des grandes routes afin que ceux-ci puissent se brancher directement sur des réseaux (assainissements, électriques, etc…) qui sont généralement déjà en place.
C’est cette dernière proposition que je vais développer.
Dans un village, la construction d’habitat le long des grandes routes présente certes des avantages financiers pour la commune (pas besoin de créer des réseaux, de nouvelles routes municipales, etc) mais aussi des inconvénients comme l’insécurité des piétons et… surtout l’impossibilité d’élargir la traverse en cas d’un flux croissant du trafic automobile. Dès lors, lorsque ce trafic devient trop important et devant l’impossibilité de modifier les caractéristiques de cette route et après avoir usé des nombreux moyens de garantir la sécurité des habitants (feux rouges, limitation de la vitesse, chicanes, etc) la commune n’a plus qu’une solution : demander un contournement routier de la commune, c’est ainsi qu’on se retrouve en gros dans la situation des habitants présentés dans « Rural !», c’est aussi mon coup de gueule devant l’incapacité des intervenants concernés (élus, nouveaux habitants, etc) d’avoir une vision à long terme.
Résultat : Dans ma région, actuellement, on met plus d’une heure à réaliser le trajet Amiens-Arras (pour environ 50 km) à cause des traverses interminables dans des villages qui ont misé sur une expansion urbaine le long de la nationale et par conséquent, il est prévu la construction d’une autoroute (comme toujours, l’Etat ne versera pas un sou pour la réalisation de cette voie)…
Alors, conseil d’amis : pour les citadins voulant s’installer à la campagne en limite de village, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le plan d’occupation des sols (POS) ou le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune et posez-vous la question de savoir si cette municipalité aura besoin un jour de créer un contournement routier… ça vous prendra quelques heures de votre précieux temps mais ça vous évitera de vous retrouver dans la même situation que les habitants présentés dans « Rural !»…
Voilà en gros ce que je voulais écrire sur cet aspect de la bd d’Etienne Davodeau. Pour le reste, en ce qui concerne l’agriculture biologique, j’ai passé un bon moment en compagnie de ces trois agriculteurs à découvrir leur métier. Les problématiques sur le bio et le réseau conventionnel m’ont semblé très bien développées, il faut dire aussi qu’Etienne Davodeau présente une excellente narration de laquelle il m’a été difficile de décrocher, à la lecture de sa bd.
Après, que le lecteur soit d’accord ou non sur ce que disent les protagonistes, ça, je vous laisse juges… en tout cas, l’auteur ne cache pas ses sentiments, c’est ce qui peut agacer des bédéphiles.
J’ai bien aimé le coup de patte d’Etienne Davodeau : les personnages sont facilement reconnaissables, les décors sont suffisamment fouillés… bref, c’est très plaisant à contempler. Cependant, je pense qu’une mise en couleurs (aux tons verdoyants, azur et ocre) aurait apporté un plus à la bd, du moins ça aurait permis d’y créer une ambiance plus champêtre ou plus « poussiéreuse et boueuse » selon les séquences.
Pour être franc, du même auteur, j’ai préféré Les Mauvaises gens à « Rural ! ». En fait, dans « Rural ! », je reproche à Etienne Davodeau de ne pas avoir su garder sa neutralité dans le débat « autoroute ou pas ». Néanmoins, c’est une bd qui m’a marqué et interrogé comme vous pouvez le constater sur ce que je viens d’écrire (je remercie les lecteurs qui ont eu le courage de lire mon long avis)…
Quand un album me fait réfléchir à ce point-là, ça veut dire tout simplement qu'il m’a fortement intéressé : je préfère mille fois une bd de ce genre à une autre qui se lit bien mais s’oublie vite ! Et encore, « Rural ! » présente –à mon avis- une excellente narration !
A découvrir impérativement !
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La Vie de Victor Levallois
'La Vie de Victor Levallois' est une bonne série d'aventure. J'ai trouvé les scénarii très bons et captivants, plusieurs personnages étaient intéressants et Stanislas a un style de dessin que j'aime beaucoup. Mais ce que j'ai surtout aimé dans cette bande dessinée c'est l'ambiance des années 40-50 avec tous ses gangsters, ses asiatiques qui veulent se révolter contre l'autorité des blancs, ses aventuriers, etc. Je pense tout de même que ce n'est pas tout le monde qui est fait pour cette série. Certains pourraient trouver les histoires vides et sans intérêt.
Asatte Dance
Excellente BD qui bénéficie d'une belle réédition, c'est l'occasion de donner mon avis dessus. Le graphisme s'il ne brille pas par un aspect follement travaillé, sort du lot grâce à un traitement plein d'humour et de subtilité. On est loin des productions mainstream et autres procédé commerciaux auxquels on pourrait être habitué. On est invité à prendre part à la vie à la fois ordinaire et peu banale du héros, touché de plein fouet par le destin et les symptômes capillaire. Gallerie de personnages tous plus humains les uns que les autres, Asatte Danse est à conseiller à tous ceux qui ont encore des doutes quant à la capacité des manga à sortir des clichés auxquels on nous a habitué. Une réussite !
Veillée funèbre
Un bon one shot dans un environnement peu commun (une histoire fantastique mêlant vampirisme et magie en Ukraine). Le dessin de Lereculey est vraiment superbe avec ces gueules de cosaques, ces décors fouillés (la course avec la sorcière, l'église...), j'aime beaucoup ce dessinateur et il nous donne ici encore un très bel album. La narration fait penser à un conte, cela apporte une ambiance particulière plutôt réussie mais casse peut-être un peu l'immersion dans le récit (on a parfois l'impression de survoler l'histoire). Un bel album avec une narration spéciale mais l'ambiance qui s'en dégage colle (à mon avis) parfaitement à l'aspect fantastique de l'histoire.
Corto Maltese
Mes avis sur "Corto Maltese" portent l'édition en format poche, je les compléterai au fur et à mesure de la sortie des tomes... patience ! 1 - « La jeunesse » (histoire indépendante - Russie) Drôle de titre lorsqu’on lit ce premier tome de la série (histoire complète), Corto Maltese n’y apparaît pas si jeune que ça ! Et puis, c’est sûrement la rencontre la plus surprenante avec un héros que j’ai pue lire dans une BD jusqu’à maintenant ! Pour moi, le vrai (faux) héros de cette première aventure de Corto Maltese est Raspoutine. Pourtant, ce personnage a tout pour déplaire le lecteur : il ment, tue, complote et prend du plaisir à accumuler tous les vices ! Bizarrement, dès les premières pages, malgré tous ses défauts, Raspoutine m’est apparu très attachant. Ses sautes d’humeur et son air de chien abattu lorsqu’il se retrouve dans une situation fort inconfortable m’ont contribués à le rendre sympathique. Quant à l’apparition de Corto Maltese, je me tairai les détails afin de vous laissez apprécier la rencontre avec l’un des plus célèbres aventuriers de la BD franco-belge ! J’ai apprécié la situation de cette histoire en plein milieu de la guerre russo-japonaise qui s’est déroulée entre 1904 et 1905. Si on n’apprend pas énormément de choses sur cette guerre en lisant cet album, il m’a semblé intéressant de constater les conditions de vie, la mentalité des soldats et surtout le code de l’honneur des japonais à cette époque. A mon avis, Casterman a eu la bonne idée - au risque de me faire chahuter par les fans des éditions originales des œuvres de Pratt - d’éditer les aventures de Hugo Pratt en format poche. Je trouve que la mise en page en 3 bandes se prête bien à ce format car les détails et le lettrage ne me sont apparus illisibles à aucun moment. J’aime beaucoup le coup de crayon au trait gras de Hugo Pratt. Ses décors apparaissent faussement simples, ils suffisent amplement à situer l’action. La lecture m’est apparue plaisante et intéressante, en aucun cas, elle ne m’a semblée ennuyeuse. Pour apprécier pleinement le premier album des aventures de Corto Maltese, il me semble indispensable de s’asseoir dans un bon fauteuil ou mieux dans une chaise relax en cette période propice au bronzage ! A mon avis, « La jeunesse » est une BD fascinante qui met en scène de façon très surprenante un personnage célèbre de la BD franco-belge. En tout cas, ce premier tome m’a vraiment donné l’envie de découvrir les autres albums de Pratt. A propos, sachiez que c’est en feuilletant le deuxième tome que vous comprendrez le titre de cet album… Note finale : 4/5 2 - « La ballade de la mer salée » (histoire indépendante - Pacifique) Beaucoup de bédéphiles amateurs de « Corto Maltese » considèrent « La ballade de la mer salée » comme l’un des meilleurs de la série… pas moi ! Cette histoire se situe dans l’océan pacifique juste avant la première guerre mondiale, Corto Maltese erre sur un radeau. Comme par hasard, il sera secouru par un sous-marin allemand dirigé par Christian Slütter. Ce dernier est sous les ordres de Raspoutine et de son supérieur : le moine, un pirate énigmatique toujours encapuchonné qui n’est pas présent à bord mais qui se terre sur une île où doit se rendre l’équipage et qui a monnayé ses services à l’armée allemande. A bord de ce submersible se trouve également deux jeunes prisonniers de Raspoutine : Caïn et Pandora Groovesnore, issus d’une même famille fortunée dont leur chaloupe a été pillée et coulée. Ces adolescents sont tenus en otage en attendant le versement de leur rançon… Un peu plus tard, Corto Maltese qui est lui-aussi un pirate va se rebeller contre Raspoutine lorsque celui-ci donnera l’ordre à l’équipage du sous-marin de ne pas secourir les hommes du navire qu’ils viennent de couler… Ce sera le début d’une aventure qui mènera tous sur l’île au Moine… Hugo pratt s’est –il parait- inspiré d’une lettre sur un fait réel pour concevoir cette histoire. Ce qui m’a intéressé dans ce récit, c’est son réalisme sur la présence de navires allemands et anglais dans cette partie du globe à cette époque, comme si ces deux patries avaient senti prématurément l’odeur de la première guerre mondiale et par conséquent, jouaient déjà au chat et à la souris dans les océans. N’oublions pas aussi qu’au début du XXème siècle, les satellites n’existaient pas et que de nombreuses régions terrestres étaient inconnues, ce qui fait que de nombreuses îles du Pacifique (et ailleurs) ont sûrement été occupées par des pirates. Pour le reste, je ne me suis pas vraiment intéressé par cette histoire car j’y ai relevé de nombreuses invraisemblances comme le combat ridicule de Corto Maltese avec une pieuvre et parce que cette aventure souffre –à mon avis- de longueurs. Le Moine ne m’est pas apparu charismatique, je trouve qu’il ressemble davantage à une marionnette gesticulante vociférant des menaces qu’à un vrai meneur d’hommes. Dès lors, je me suis dépassionnée par ce récit quand les personnages sont arrivés sur l’île au Moine. Graphiquement, si Hugo Pratt est –à mon avis- un des auteurs les plus talentueux lorsqu’il s’agit de poser l’histoire et de créer des ambiances poétiques, il m’est apparu piètre dessinateur lorsqu’il réalise des séquences d’action. En effet, dans ces séquences-là, je trouve que son trait est trop rigide et que son découpage laisse à désirer. En conclusion, je ne garde pas un excellent souvenir de ma lecture de « La ballade de la mer salée » car je me suis désintéressé aux deux derniers tiers du livre au moment où nos héros quittent l’océan. Encore heureux que j’ai eu la bonne initiative de lire les albums suivant car j’y ai ressenti un vrai plaisir de les découvrir !… Note finale : 2,5/5 3 - "Le secret de Tristan Bantam" (histoire complète avec les tomes 3, 4 et 5 - Amérique du Sud) Contrairement aux deux premiers tomes des aventures de Corto Maltese en format poche, « Le secret de Tristan Bantam » n’est pas un récit complet. Il faudra donc attendre le prochain album intitulé « Rendez-vous à Bahia » pour suivre les nouveaux péripéties de notre héros. En attendant, l’histoire se déroule essentiellement à Paramariso en Guyane Hollandaise (Amérique du Sud) où Corto Maltese se repose dans une pension. Il ne va pas être tarder à être contacté par un adolescent hollandais en la personne de « Tristan Bantam », possesseur de cartes d’un royaume perdu au nom de « Mü ». Ce jeune homme va demander de l’aide auprès de Corto Maltese pour retrouver ce qui semble être la position d’un trésor… Plusieurs personnages apparaissent dans ce nouvel album et la plupart se révèleront assez énigmatiques. Personnellement, j’ai un faible pour Jeremiah Steiner l’ancien universitaire et Madame Java l’hôtesse de Corto Maltese. L’histoire m’est apparue plaisante et très orientée action pour un si petit récit (38 pages seulement). Il est intéressant de constater que l’auteur avait l’air d’avoir une grosse connaissance des civilisations aztèques et du pacifique au vu de sa capacité à narrer les origines des hiéroglyphes contenues dans ce récit ! A noter également l’apparition discrète de rites ésotériques dans cette nouvelle aventure de Corto. Comme les deux premières aventures de Corto Maltese, le format poche ne m’a posé aucun problème de lecture : le lettrage est lisible et la mise en page en 3 bandes permet d’aérer les cases. La mise en couleurs m’est apparue parfaitement adaptée au trait de Hugo Pratt, elle est assez distraite pour ne pas « noyer » l’encrage et contribue à créer une ambiance liée à chaque situation. Cependant, le découpage des scènes ne m’a pas semblé si parfaite que ça notamment lors des combats. « Le secret de Tristan Bantam » m’est apparu comme une bonne introduction pour le prochain tome de cette nouvelle aventure de Corto Maltese. Le récit est enlevé, les nouveaux personnages semblent énigmatiques et intéressants. De plus, les connaissances géographiques et historiques apparemment vastes de Hugo Pratt étalées dans l’album sont, pour moi, un régal ! Alors… vivement la suite ! Note finale : 4/5 4 - « Rendez-vous à Bahia » (histoire complète avec les tomes 3, 4 et 5 - Amérique du Sud) Suite logique du précédent tome de cette nouvelle collection des « Corto Maltese » en format poche, « Rendez-vous à Bahia » m’est apparue comme un album intéressant dans cette histoire de recherche d’un trésor où notre héros et ses compagnons vont aller régler leur compte aux « ennemis » de Tristan Bantam et collecter des indices. L’ésotérisme prend une place capitale dans cet album, Corto Maltese va rencontrer une femme qui est adepte de la magie noire… encore une fois, pendant son voyage, notre héros va faire connaissance avec des personnages assez cocasses qui vont se révéler assez attachants. Il est intéressant de constater que Hugo Pratt à un don pour rendre tous ses personnages secondaires attirants ! Comme le tome précédent, j’ai été assez agréablement surpris de voir que l’auteur avait apparemment de nombreux connaissances sur la culture aztèque et celle des latino-américains. Contrairement au tome précédent, l’action n’est prédominante dans cet album, j’ai même eu l’impression d’assister à une discussion tranquille entre les principaux personnages… Les éditions « Casterman » semblent avoir pris quelques libertés hasardeuses vis-à-vis de l’œuvre originale d’Hugo Pratt pour concevoir ces BD en format de poche d’après les fans de « Corto Maltese ». N’ayant pas lu ces BD de format classique, je ne peux pas vraiment en juger mais je constate tout de même que, jusqu’à maintenant, cette nouvelle édition des aventures de Corto Maltese m’est apparu très plaisante à lire. Si ces versions en format poche n’avaient pas parues, je pense que j’aurai découvert tard « Corto Maltese ». En lisant les quatre premiers tomes, je me rends compte à tel point les péripéties de ce marin à travers le monde sont intéressantes culturellement et historiquement. A noter que ce cycle mettant en scène Tristan Bantam se clôt au 6ème tome (« L’aigle du Brésil »). Note finale : 3,5/5 13 - "Fables et grands-pères" (histoire indépendante – Amérique du Sud) Cette histoire se déroule en Amérique du Sud, plus précisément en Amazonie. Corto Maltese va être « chargé » par un vieux européen de retrouver le petit-fils de celui-ci. Cependant, ce garçon n’a jamais vécu à l’occidentale puisqu’il est enfant d’une amazonienne et d’un occidental qui a fui l’autorité de son père (le vieux européen). Cette mission de plus pour Corto Maltese dans une terre hostile aux étrangers où vivent les jivaros, ces fameux indiens réducteurs de têtes, va devenir un enfer pour lui quand il devra affronter un personnage pour le moins… pervers ! Ce nouvel épisode de notre héros est plus aventureux qu’instructif, le lecteur suit Corto Maltese dans la jungle amazonienne où l’action prédomine. Ce récit m’est apparu comme une bonne transition dans les péripéties de Corto Maltese, il intervient après des tomes assez philosophiques ou culturels où les lecteurs apprenaient beaucoup de choses sur les mystères de l’Amérique du Sud. A mon avis, le graphisme d’Hugo Pratt est à son désavantage dans ce tome où la raideur de son trait n’est pas indiquée pour représenter des scènes d’action. Néanmoins, l’ensemble reste très correct car la mise en page est aérée et la colorisation aux tons pastels s’avère agréable. Si « Fables et grands-pères » ne m’est pas apparu comme un des meilleurs tomes de la série (en format poche), il est toutefois l’un des albums les plus distrayants. J’y ai aimé la morale de l’histoire et le fait qu’il y ait de l’action à défaut d’en apprendre beaucoup de choses sur les indien amazoniens. Bref, « Fables et grands-pères » peut être assimilé comme un bon album récréatif de la série. Note finale : 3,5/5
Je mourrai pas gibier
"Je mourrai pas gibier" est une histoire assez sordide avec une pointe d'humour (noir). Mais ce n'est pas tout, le personnage principal est vraiment intriguant voir attachant, alors que celui-ci fait un véritable carnage au mariage de sa soeur pour des raisons que je vous laisse découvrir. Cette BD met mal à l'aise par la véritable boucherie dont on assiste (qui me fait penser à certain "faits divers" du même genre), mais d'un autre coté, on pourrait comprendre (sans vraiment excuser) ce geste par les raisons qui l'ont poussé à agir de la sorte. Coté scénaristique, c'est une réussite. On bouillonne devant ce récit captivant. Les dessins collent à merveille à l'ambiance de la BD. Les traits de crayon sont crispés aux moments les plus durs, ce qui rend la lecture plus intense. Sinon les dessins sont relativement corrects, c'est le style de l'auteur. Le mieux c'est de jeter un oeil du coté de la galerie. Seul point négatif, je trouve qu'il se lit vraiment (trop) vite.
C'était la guerre des tranchées
Premier contact avec Tardi et je m’en souviendrai ! J’ai personnellement été touché par ce one-shot. Réalisé sans détour, il présente les horreurs de la guerre, ici 14-18. Que dire de plus que les chiffres en fin d’album ? 9.000.000 de morts (soit environ 6000/jour), des millions d’invalides et autant d’orphelins et de veuves… Cela nous donne à réfléchir. L’album est découpé en petites histoires, présentant un ou deux soldats impliqués dans le conflit. Ces personnages ne sont pas présentés tels des héros sans peur et sans reproche, mais bien comme de « simples » hommes ayant la trouille au ventre, inexorablement dirigés vers le combat et la mort… L’histoire de l’album, bien qu’il faille plutôt parler de « témoignages sans concession », est prenante, violente et directe. L’aspect graphique est au service de la noirceur du sujet et me semble très bien réussi. Rien à ajouter, une Putain de guerre (que je vous conseille de lire également)…
21st Century Boys
Non seulement je conseille l'achat, mais je pense même que ces 2 tomes sont INDISPENSABLES à la série 20th Century Boys. Puisqu'ils en sont le dénouement. En revanche, ils n'ont clairement AUCUN intérêt pour ceux qui n'ont pas lu les 22 premiers tomes, ils n’y comprendraient simplement rien. Que dire de plus que mon avis sur 20th Century Boys du coup ? Et bien que cette fin est tout à fait convaincante tout simplement. Je n'ai pas eu le sentiment que trop de questions restaient en suspend, même s'il y en a toujours, surtout avec un scénario aussi alambiqué ! Donc, si vous avez lu 20th Century Boys, ne restez pas sur la non fin de cette œuvre, lisez 21st century boys.
Idées Noires
Dépressif chronique, Franquin s’attaque dans ses Idées Noires à tout ce qui le rebute : la sur-industrialisation, la chasse, le clergé, la pollution, la peine de mort et, avant toute chose, la bêtise humaine. Cet album a dû en surprendre plus d’un lors de sa parution tant on est éloigné de la gentillesse de ses héros précédents. A ce titre, Idées Noires peut être considéré comme culte, car un tel changement de style venant d’un auteur n’ayant plus rien à prouver aboutit souvent à l’échec. Hors, ici, Franquin fait souvent mouche. Certaines histoires, certaines trouvailles sont tout simplement géniales (la planète labyrinthe, par exemple). Son style graphique (un noir et blanc tortueux, parfois fouillé, parfois dépouillé au contraire) est un exemple de maîtrise. Si on reconnaît la « patte » de Franquin, on ne peut comparer à Gaston Lagaffe ni (encore moins) à Spirou et Fantasio. C’est noir, c’est tordu, à l’image du contenu de ces courtes histoires. Les histoires, comme je l’ai dit, sont souvent très drôles. On peut cependant reprocher à Franquin une surexploitation de certaines idées. Et bien souvent, les gags exploitant la même idée de départ sont décevants, voire dispensables. Heureusement, ceux-ci ne constituent pas la majorité de l’album, et la qualité de l’ensemble demeure exceptionnelle. Notons que cette série a dû servir de réel défouloir à Franquin et à ses amis proches. Et Roba, le gentil créateur de Boule et Bill n’est pas en reste quand il s’agit d’écrire un scénario à l’humour « limite » (et les taureaux l’en remercient).
L'Elite à la portée de tous
Après Cercle vicieux et Le Cycle, voici le troisième petit récit de cette trilogie originale. Si les trois BD étaient regroupées dans une série, j'aurai mis un 5/5. Ce one shot est le plus complexe, la lecture demande plus d'attention. La créativité de l'auteur est toujours présente. J'en redemande, ce genre de BD apporte une autre approche sur cet art. Autre argument de poids, le petit prix : 6 euros Une belle expérience que je souhaite au plus grand nombre de bdphiles.
Rural !
A ma connaissance, «Rural !» est certainement l'album qui a (re ?)lancé le reportage documentaire dans la bd franco-belge. A défaut, on ne peut nier que « Rural !» a eu un gros succès éditorial et a amené des lecteurs à lire des bd de ce type, l’auteur Etienne Davodeau ira même jusqu’à publier quelques années après Les Mauvaises gens toujours dans le genre documentaire (mais qui n’a rien à voir avec la thématique de « Rural !»). Ce one-shot est traité comme un reportage par l’auteur, ce dernier se met en scène pour raconter l’expérience qu’il a vécue avec des agriculteurs et des habitants. Ce reportage se situe en Anjou, en pleine campagne, Etienne Davodeau a réussi à convaincre des paysans (en réalité, ce sont trois hommes qui travaillent ensemble) de lui raconter comment ceux-ci ont abandonné l’agriculture conventionnelle pour développer le bio. Ils lui raconteront aussi les contraintes de leur nouveau métier et comment ils imaginent leur avenir. Cependant, à quelques kilomètres de là, des travaux sont en cours pour y construire l’autoroute A87. Cette infrastructure va entraîner de gros changements sur le plan économique, paysager et social dans les régions qu’elle traverse… C’est l’occasion pour Etienne Davodeau de revenir sur la décision de réaliser l’autoroute et de montrer les conséquences très souvent dramatiques sur la population locale qu’a entraînée cette construction… Avant d’aller sur les détails concernant cette bd, j’aimerais vous faire partager mes impressions et mon expérience sur la construction des autoroutes. Il ne s’agit pas pour moi de défendre ces infrastructures mais de débattre entre nous sur la nécessité de les réaliser. Pour cela, revenons un peu en arrière… L’extension des villages est irrémédiablement liée à l’essor de leur population et aussi d’une volonté de la part des politiciens locaux (notamment les maires) de les développer en voulant y créer divers services pour leurs habitants (et aussi pour ne pas laisser « mourir » l’activité dans les zones rurales). Deux solutions s’offrent donc aux élus pour développer leurs communes : soit celles-ci ont les moyens financiers de créer des lotissements et par conséquent, les nouvelles habitations se situent en dehors des gros axes routiers ; soit les municipalités souffrent d’un budget modeste et par conséquent, celles-ci motivent les nouveaux propriétaires à s’implanter à proximité des grandes routes afin que ceux-ci puissent se brancher directement sur des réseaux (assainissements, électriques, etc…) qui sont généralement déjà en place. C’est cette dernière proposition que je vais développer. Dans un village, la construction d’habitat le long des grandes routes présente certes des avantages financiers pour la commune (pas besoin de créer des réseaux, de nouvelles routes municipales, etc) mais aussi des inconvénients comme l’insécurité des piétons et… surtout l’impossibilité d’élargir la traverse en cas d’un flux croissant du trafic automobile. Dès lors, lorsque ce trafic devient trop important et devant l’impossibilité de modifier les caractéristiques de cette route et après avoir usé des nombreux moyens de garantir la sécurité des habitants (feux rouges, limitation de la vitesse, chicanes, etc) la commune n’a plus qu’une solution : demander un contournement routier de la commune, c’est ainsi qu’on se retrouve en gros dans la situation des habitants présentés dans « Rural !», c’est aussi mon coup de gueule devant l’incapacité des intervenants concernés (élus, nouveaux habitants, etc) d’avoir une vision à long terme. Résultat : Dans ma région, actuellement, on met plus d’une heure à réaliser le trajet Amiens-Arras (pour environ 50 km) à cause des traverses interminables dans des villages qui ont misé sur une expansion urbaine le long de la nationale et par conséquent, il est prévu la construction d’une autoroute (comme toujours, l’Etat ne versera pas un sou pour la réalisation de cette voie)… Alors, conseil d’amis : pour les citadins voulant s’installer à la campagne en limite de village, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil sur le plan d’occupation des sols (POS) ou le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune et posez-vous la question de savoir si cette municipalité aura besoin un jour de créer un contournement routier… ça vous prendra quelques heures de votre précieux temps mais ça vous évitera de vous retrouver dans la même situation que les habitants présentés dans « Rural !»… Voilà en gros ce que je voulais écrire sur cet aspect de la bd d’Etienne Davodeau. Pour le reste, en ce qui concerne l’agriculture biologique, j’ai passé un bon moment en compagnie de ces trois agriculteurs à découvrir leur métier. Les problématiques sur le bio et le réseau conventionnel m’ont semblé très bien développées, il faut dire aussi qu’Etienne Davodeau présente une excellente narration de laquelle il m’a été difficile de décrocher, à la lecture de sa bd. Après, que le lecteur soit d’accord ou non sur ce que disent les protagonistes, ça, je vous laisse juges… en tout cas, l’auteur ne cache pas ses sentiments, c’est ce qui peut agacer des bédéphiles. J’ai bien aimé le coup de patte d’Etienne Davodeau : les personnages sont facilement reconnaissables, les décors sont suffisamment fouillés… bref, c’est très plaisant à contempler. Cependant, je pense qu’une mise en couleurs (aux tons verdoyants, azur et ocre) aurait apporté un plus à la bd, du moins ça aurait permis d’y créer une ambiance plus champêtre ou plus « poussiéreuse et boueuse » selon les séquences. Pour être franc, du même auteur, j’ai préféré Les Mauvaises gens à « Rural ! ». En fait, dans « Rural ! », je reproche à Etienne Davodeau de ne pas avoir su garder sa neutralité dans le débat « autoroute ou pas ». Néanmoins, c’est une bd qui m’a marqué et interrogé comme vous pouvez le constater sur ce que je viens d’écrire (je remercie les lecteurs qui ont eu le courage de lire mon long avis)… Quand un album me fait réfléchir à ce point-là, ça veut dire tout simplement qu'il m’a fortement intéressé : je préfère mille fois une bd de ce genre à une autre qui se lit bien mais s’oublie vite ! Et encore, « Rural ! » présente –à mon avis- une excellente narration ! A découvrir impérativement !