De « Conan le Barbare » à « Ken le survivant », la BD populaire regorge de figures ultra-viriles bourrées de testostérone, que nous nommerons par la suite les « grosbourrins ».
Outre sa force surhumaine (et la musculature à faire pâlir Schwarzenegger qui va avec), et sa tendance à massacrer à tout va, le grosbourrin possède généralement au moins l'une des caractéristiques suivantes :
- il œuvre pour un monde plus juste (selon lui) et défend la veuve et l'orphelin, et le villageois opprimé, en défonçant la tête de toutes les brutes qu'il croise,
- toutes les femmes sont folles de son corps et rêvent de s'accoupler avec lui,
- il est grand, beau, fort, intelligent, résolument hétéro... et macho.
Bref, le grosbourrin incarne une sorte d'idéal viril pour l'adolescent prépubère en manque de repères.
A première vue, Guts, le héros de Berserk, a tout de ce grosbourrin-type. Sa ressemblance physique avec Ken le survivant saute d'ailleurs aux yeux : mêmes cheveux noirs courts en brosse, même tenue noire, même gueule qui tire la tronche à longueur de page.
Et pourtant, la ressemblance s'arrête là. Car Berserk, c'est la BD de grosbourrin à l'age adulte. Et c'est du coup diablement plus intéressant...
Car Guts n'a rien d'un justicier. S'il massacre à tour de bras, c'est parce que c'est à peu près la seule chose qu'il sache faire... ses motivations varient au cours de l'histoire, mais c'est toujours son instinct de survie surdéveloppé qui l'anime. En fait, Guts n'est pas loin d'être une bête sauvage, un animal violent animé par une rage inextinguible, et qui a besoin d'étriper du démon en guise d'exutoire. Un des aspects passionnant du manga est justement le combat entre l'animal et l'humain en lui, et qui le rend attachant malgré son aspect très primaire...
Guts n'a rien non plus d'un grand séducteur. Son premier grand amour est avant tout sa gigantesque épée à deux mains avec laquelle il entretient une relation quasiment onaniste. Vient ensuite Casca, bien sûr, la seule femme qui ait réussi à susciter son intérêt, dont le destin est lié au sien, et qui n'a rien d'un simple faire-valoir. Et, enfin, Griffith, son antagoniste parfait, son parfait opposé tant sur le plan du physique que de la personnalité, avec qui il a une relation mêlée d'amour et de haine, non dénuée de sous-entendus homosexuels.
Berserk n'a rien d'un manga macho non plus, ce qui, pour un manga de grosbourrin, est assez étonnant il faut avouer : les personnages féminins sont traités sur un strict plan d'égalité avec les hommes. Il y en a des intelligentes, des idiotes, des naïves, des courageuses, des lâches, des réalistes, des fortes et des faibles... de très beaux portraits de femme émaillent le manga tout du long.
Bref, Berserk est en beaucoup de points un manga tout à fait passionnant, glauque et extrêmement violent, certes, mais adulte en même temps (et je ne parle pas que des scènes de cul qui jalonnent le manga...), avec des personnages fouillés, des histoires noires et passionnantes, et un fond psychanalytique tout à fait fascinant.
J'aurais mis sans hésiter 5 étoiles s'il n'avait eu des défauts rédhibitoires à mes yeux : tout d'abord et avant tout, la complaisance crasse de certaines scènes, notamment de viol, à laquelle j'ai fini par m'habituer mais qui m'avaient franchement choquées en première lecture. Et, de façon plus anecdotique, l'intérêt très inégal des différentes phases du manga : les tomes 1 et 2 sont nullissimes, et à partir du tome 24 on tombe dans de l'AD&D de base, sans la moindre originalité, comme si son cœur de cible avait rajeuni de 10 ans.
Mais, entre les tomes 3 et 23, il y a vraiment quelque chose qui fait que Berserk n'est pas un manga de grosbourrins comme les autres...
1001 nuits de Neige est un opus « Spécial » de la série Fables. Une série justement fabuleuse qui mérite bien ce beau recueil de différents et talentueux artistes.
Je n'ai trouvé que des qualités dans ce recueil : Une narration superbe, une trame cohérente, des styles graphiques qui s'associent à merveille, le plaisir de trouver les personnages de cet univers dans des circonstances nouvelles
1001 nuits de Neige est un véhicule qui transporte le lecteur au pays onirique des Fables. Vu sous un autre jour les personnages gagnent de la profondeur et de belles révélations sont apportées sur l'univers des Fables de Bill Willingham.
Je parle de différences de style entre les artistes, le tout est visuellement très agréable et cela fait toujours plaisir de voir tant de brio dans les planches. Sans les citer tous j'ai particulièrement apprécié de voir des dessins de Michael W. Kaluta, Charles Vess ou John Bolton. Mon coup de cœur pour Brian Bolland, qui apparait de manière fugace, mais les deux planches qu'il offre à ce monde sont absolument magnifiques.
J'en viens au point gênant qui me dérange concernant cet album. Bill Willingham a beau accueillir tous les lecteurs dans sa préface, qu'ils connaissent Fables ou pas, je pense pour ma part qu'il y a une différence notable entre ces deux populations de lecteurs.
Je pense que le coutumier de la série sera immanquablement séduit par le beau et riche livre qu'est 1001 nuits de Neige, en terrain différent mais en univers connu il en appréciera toute la délicieuse substance.
Alors qu'à mon avis le lecteur découvrant 1001 nuits de Neige appréciera un livre de contes magnifique, illustré de main de maitre. Un joli livre d'image de qualité, fort appréciable en tant que tel mais auquel il manquera la résonance de la série fondatrice, cela n'enlève rien aux qualités intrinsèques du recueil mais il est dommage d'amoindrir l'impact d'une œuvre si jolie.
Il m'est impossible de dissocier 1001 nuits de Neige des Fables... de la même manière qu'il m'est impossible de dissocier Sandman de certains de ses épisodes.
Lecteur, si tu veux découvrir l'univers de Bill Willingham, commence par faire un tour par le Fableville de la série régulière et ensuite dévore cet album, le plaisir sera plus grand...
JJJ
Très beau one shot de Bruno LE FLOC'H, plus intimiste et personnel que ses anciennes productions.
L'histoire débute avec Alexis, saxophoniste surdoué, qui a la fâcheuse habitude de terminée ses soirées musicales par des afters bien arrosés.
Pour cette raison, Mary, sa petite amie, ne sera plus au domicile à un retour de virée.
Il s'en suit un road movie sensible où Alexis, jeune prétentieux et égocentrique, va évoluer au gré des rencontres. Sa seule piste pour retrouver Mary lui est fournie par un ami : une maison familiale à Dinan en Bretagne.
Il va alors prendre son saxophone, un peu d'alcool et sauter dans sa 203 pour aller la rechercher. Il n'a alors qu'un numéro de téléphone.
Cette expérience va le faire tranquillement évoluer et murir. Elle va lui ouvrir d'autres perspectives que celles que lui offre son milieu bourgeois.
Il va rencontrer des personnages riches en couleur, des femmes aux comportements étranges, et prendre le temps de se retrouver.
J'en ai presque trop dit sur ce récit. Au début, je ne supportais pas Alexis, mais au fil des pages sa personnalité s'est avérée moins superficielle et plus attachante.
Ceux qui connaissent Bruno LE FLOC'H ne seront pas surpris par le dessin dans la même lignée que ses anciennes BD. Les couleurs sont toujours aussi belles et douces.
Seul le format change et a grandi. C'est peut être le seul bémol que je ferai : je trouve que le format de la collection Mirage de Delcourt, plus petit, convient mieux à son trait. Mais il s'agit là d'une question de goût.
Au final, on a une très belle BD d'ambiance offrant un beau moment de lecture.
Prévue en diptyque, le deuxième tome est attendu pour fin 2009/début 2010. Il fera plus de 60 pages et conclura ce premier cycle commencé avec brio par deux jeunes auteurs dont c'est pour tous les deux leur première bande dessinée.
En la feuilletant, le dessin de Fabien Rondet, quoique beau, ne m'appelait pas à la lecture, les formes parfois incertaines des corps et surtout des visages ne m'inspirant pas plus que ça. Mais on sait tous qu'il ne faut pas forcément se fier au dessin pour rentrer dans l'histoire...
Et c'est là qu'entre Henscher, scénariste modérateur du forum Café Salé, qui dès les premières planches, accroche son lecteur. Et si c'est son premier essai dans ce domaine, c'est aussi son travail à plein temps chez Ubisoft. Autant dire qu'il connait les ficelles du métier !
Après une entrée en matière des plus claires, durant laquelle un assassin accomplie sa sombre besogne avant d'être déchiqueté par la foule, la voix off le célèbre et l'honore. Le ton est donné.
Puis nous suivrons l'histoire de Selim, jeune homme parmi tant d'autres, envoyé à Alamut par son père pour suivre l'enseignement des assassins et devenir un fedayin, l'accompagnant dans ses épreuves toujours plus dures et cruelles, en vue de l'endurcir moralement et physiquement.
L'histoire tient la route et accroche vraiment, pour peu que le genre vous intéresse et que vous souhaitiez en apprendre plus sur ces hommes prêts hier à s'entretuer, et qui demain, pour les plus vaillants, deviendront frères de sang.
C'est l'histoire d'aujourd'hui qui vous est contée. Bonne lecture !
Après la lecture du premier tome.
J'ai failli passer à côté de mon sujet et refermer la BD avant sa moitié.
Heureusement le déclic s'est produit et j'ai avalé la suite du récit.
L'univers créé par les auteurs est riche et intriguant.
Les personnages ont des personnalités affirmées.
Le dessin N&B dégage une force impressionnante. Il est très beau mais demande un temps d'adaptation.
Sachant qu'il reste encore 3 tomes pour clôturer la série, j'espère que l'on ne tournera pas vite en rond et que le niveau restera constant.
En tout cas ce tome introductif est des plus réussis.
Comment suis-je passé à côté de cette bande dessinée à sa sortie ?
Je pensais tomber sur une énième adaptation de roman.
Et bien non.
C'est un road-movie intéressant et prenant que nous livrent ici Thirault et Cuzor dans une Amérique du début des années 30, encore mal remise de la guerre de sécession. On retrouve certes des personnages secondaires typés de cette époque : une mama, Bethany, toute droit sortie de "Gone with the wind", et un Mortimer Denis qui emprunte les traits d'un John Barrymore vieillissant.
Donc beaucoup de clichés dans ce premier opus mais on ne s'ennuie pas tout au long des 65 pages. Philppe Thirault co-signe, après La Fille du Yukon et Lucy, un bel album sur un pan de l'histoire des Etats Unis. On entendrait presque chanter "Old Man River" en lisant ce livre.
Après la lecture du premier tome (sur 3 annoncés) :
Cette série sent le blockbuster :)
Le scénario est travaillé, original, rythmé, prenant, intelligent, etc....
C'est simple, ce premier tome introductif a capté mon attention et l'envie de lire les tomes suivants est énorme.
Mais comme si l'histoire ne suffisait pas, on a le droit à un superbe dessin avec un style pour ne pas dire une signature personnelle. La colorisation bien qu'informatisée, offre un rendu étonnant et ultra efficace.
C'est simple, pour l'instant on frôle le sans faute.
J'attends donc la confirmation avec les tomes suivants, cette série a tout pour finir dans les immanquables à terme.
Je ne suis peut-être pas très impartiale étant donné que j'adore les fées et tout ce qui touche de près ou de loin à leur histoire, mais le dessin (proche des mangas) de cette BD est très bien fini et les couleurs sont magnifiques.
L'histoire est certes très classique mais très bien rédigée, en vous laissant une larme aux yeux à la fin (il est vrai que je suis très romantique). Pour tous les amoureux du genre, je vous conseille de ne pas passer à coté de ce moment de plaisir qu'apporte la lecture de cette histoire.
Encore une BD de strips de Trondheim qui m'a plu.
J'aime vraiment son humour à la fois absurde et intelligent.
Il a des ressources incroyables pour produire des petites histoires.
Son dessin peut paraître dénuer d'intérêt mais il est idéal pour ce genre de petits récits.
Visiblement cette BD ne plait pas à tout le monde, on dirait même du tout ou rien.
Personnellement, j'ai passé un excellent moment. Il s'agit certainement d'une question de goûts et de sensibilité à cet humour.
Je conseillerai donc la lecture au cas où ;)
Ce manga étant constitué de courts chapitres plus ou moins indépendants, j'ai eu la mauvaise idée de l'entamer par le tome 2, pensant qu'il s'agissait d'histoires courtes pouvant être lues séparément. Ce n'est pas le cas, en première lecture du moins. En effet, par le biais de ce manga, on apprend à découvrir une petite famille, celle chez qui un grand-père veuf vient loger après la mort de sa femme. Et c'est petit à petit qu'ils deviennent de plus en plus attachants et agréables à suivre.
Il y a donc Sanpei, le grand-père un peu bougon mais encore jeune d'esprit. Shiro, le père, sympathique mais assez dur avec son vieux père qui ne s'est pas toujours suffisamment occupé de lui dans sa jeunesse. Reika, la mère, ancienne fleuriste et souriante femme au foyer. Et Nona, la fille, qui a du caractère et s'intéresse aux insectes.
Et pour aider Sanpei à s'intégrer à cet ensemble, il pourra compter sur l'aide d'un carnet empli par sa femme décédée de notes sur les goûts et habitudes de chacun, de conseils pour le quotidien et la bonne tenue d'un foyer.
Présenté ainsi, cela a l'air un peu morne. Mais l'ensemble est raconté avec beaucoup de finesse, de tendresse et surtout d'humour. C'est particulièrement plaisant à lire à partir du moment où l'on s'est attaché aux personnages.
Le dessin est très personnel, avec un style semi-réaliste, aux allures un peu enfantines parfois, qui s'accorde bien à l'humour et qui, à mes yeux, a une petite touche occidentale. Tout en simplicité, il offre certaines planches pleines de beauté et de poésie.
La narration est subtile, souvent emplie de non-dits. Ces mêmes non-dits m'ont paru difficiles à comprendre quand j'ai entamé le manga par son milieu mais ils se révèlent emplis de sensibilité et d'intelligence narrative quand on s'est finalement imprégné du récit.
Malgré tout, certains comportements très japonais m'ont légèrement échappé, même à moi qui ai lu beaucoup de manga. La romance qui se profile à un moment donné est en effet assez étonnante pour un occidental.
Quoiqu'il en soit, je me suis vraiment attaché à cette lecture et à ces personnages. Ce manga est très agréable, et aussi drôle que touchant par moment. Il est facile d'en relire quelques passages, juste pour le plaisir. Qui plus est, il a le mérite d'être achevé en deux tomes seulement.
A lire.
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Berserk
De « Conan le Barbare » à « Ken le survivant », la BD populaire regorge de figures ultra-viriles bourrées de testostérone, que nous nommerons par la suite les « grosbourrins ». Outre sa force surhumaine (et la musculature à faire pâlir Schwarzenegger qui va avec), et sa tendance à massacrer à tout va, le grosbourrin possède généralement au moins l'une des caractéristiques suivantes : - il œuvre pour un monde plus juste (selon lui) et défend la veuve et l'orphelin, et le villageois opprimé, en défonçant la tête de toutes les brutes qu'il croise, - toutes les femmes sont folles de son corps et rêvent de s'accoupler avec lui, - il est grand, beau, fort, intelligent, résolument hétéro... et macho. Bref, le grosbourrin incarne une sorte d'idéal viril pour l'adolescent prépubère en manque de repères. A première vue, Guts, le héros de Berserk, a tout de ce grosbourrin-type. Sa ressemblance physique avec Ken le survivant saute d'ailleurs aux yeux : mêmes cheveux noirs courts en brosse, même tenue noire, même gueule qui tire la tronche à longueur de page. Et pourtant, la ressemblance s'arrête là. Car Berserk, c'est la BD de grosbourrin à l'age adulte. Et c'est du coup diablement plus intéressant... Car Guts n'a rien d'un justicier. S'il massacre à tour de bras, c'est parce que c'est à peu près la seule chose qu'il sache faire... ses motivations varient au cours de l'histoire, mais c'est toujours son instinct de survie surdéveloppé qui l'anime. En fait, Guts n'est pas loin d'être une bête sauvage, un animal violent animé par une rage inextinguible, et qui a besoin d'étriper du démon en guise d'exutoire. Un des aspects passionnant du manga est justement le combat entre l'animal et l'humain en lui, et qui le rend attachant malgré son aspect très primaire... Guts n'a rien non plus d'un grand séducteur. Son premier grand amour est avant tout sa gigantesque épée à deux mains avec laquelle il entretient une relation quasiment onaniste. Vient ensuite Casca, bien sûr, la seule femme qui ait réussi à susciter son intérêt, dont le destin est lié au sien, et qui n'a rien d'un simple faire-valoir. Et, enfin, Griffith, son antagoniste parfait, son parfait opposé tant sur le plan du physique que de la personnalité, avec qui il a une relation mêlée d'amour et de haine, non dénuée de sous-entendus homosexuels. Berserk n'a rien d'un manga macho non plus, ce qui, pour un manga de grosbourrin, est assez étonnant il faut avouer : les personnages féminins sont traités sur un strict plan d'égalité avec les hommes. Il y en a des intelligentes, des idiotes, des naïves, des courageuses, des lâches, des réalistes, des fortes et des faibles... de très beaux portraits de femme émaillent le manga tout du long. Bref, Berserk est en beaucoup de points un manga tout à fait passionnant, glauque et extrêmement violent, certes, mais adulte en même temps (et je ne parle pas que des scènes de cul qui jalonnent le manga...), avec des personnages fouillés, des histoires noires et passionnantes, et un fond psychanalytique tout à fait fascinant. J'aurais mis sans hésiter 5 étoiles s'il n'avait eu des défauts rédhibitoires à mes yeux : tout d'abord et avant tout, la complaisance crasse de certaines scènes, notamment de viol, à laquelle j'ai fini par m'habituer mais qui m'avaient franchement choquées en première lecture. Et, de façon plus anecdotique, l'intérêt très inégal des différentes phases du manga : les tomes 1 et 2 sont nullissimes, et à partir du tome 24 on tombe dans de l'AD&D de base, sans la moindre originalité, comme si son cœur de cible avait rajeuni de 10 ans. Mais, entre les tomes 3 et 23, il y a vraiment quelque chose qui fait que Berserk n'est pas un manga de grosbourrins comme les autres...
Fables - 1001 Nuits de Neige
1001 nuits de Neige est un opus « Spécial » de la série Fables. Une série justement fabuleuse qui mérite bien ce beau recueil de différents et talentueux artistes. Je n'ai trouvé que des qualités dans ce recueil : Une narration superbe, une trame cohérente, des styles graphiques qui s'associent à merveille, le plaisir de trouver les personnages de cet univers dans des circonstances nouvelles 1001 nuits de Neige est un véhicule qui transporte le lecteur au pays onirique des Fables. Vu sous un autre jour les personnages gagnent de la profondeur et de belles révélations sont apportées sur l'univers des Fables de Bill Willingham. Je parle de différences de style entre les artistes, le tout est visuellement très agréable et cela fait toujours plaisir de voir tant de brio dans les planches. Sans les citer tous j'ai particulièrement apprécié de voir des dessins de Michael W. Kaluta, Charles Vess ou John Bolton. Mon coup de cœur pour Brian Bolland, qui apparait de manière fugace, mais les deux planches qu'il offre à ce monde sont absolument magnifiques. J'en viens au point gênant qui me dérange concernant cet album. Bill Willingham a beau accueillir tous les lecteurs dans sa préface, qu'ils connaissent Fables ou pas, je pense pour ma part qu'il y a une différence notable entre ces deux populations de lecteurs. Je pense que le coutumier de la série sera immanquablement séduit par le beau et riche livre qu'est 1001 nuits de Neige, en terrain différent mais en univers connu il en appréciera toute la délicieuse substance. Alors qu'à mon avis le lecteur découvrant 1001 nuits de Neige appréciera un livre de contes magnifique, illustré de main de maitre. Un joli livre d'image de qualité, fort appréciable en tant que tel mais auquel il manquera la résonance de la série fondatrice, cela n'enlève rien aux qualités intrinsèques du recueil mais il est dommage d'amoindrir l'impact d'une œuvre si jolie. Il m'est impossible de dissocier 1001 nuits de Neige des Fables... de la même manière qu'il m'est impossible de dissocier Sandman de certains de ses épisodes. Lecteur, si tu veux découvrir l'univers de Bill Willingham, commence par faire un tour par le Fableville de la série régulière et ensuite dévore cet album, le plaisir sera plus grand... JJJ
Saint-Germain, puis rouler vers l'Ouest
Très beau one shot de Bruno LE FLOC'H, plus intimiste et personnel que ses anciennes productions. L'histoire débute avec Alexis, saxophoniste surdoué, qui a la fâcheuse habitude de terminée ses soirées musicales par des afters bien arrosés. Pour cette raison, Mary, sa petite amie, ne sera plus au domicile à un retour de virée. Il s'en suit un road movie sensible où Alexis, jeune prétentieux et égocentrique, va évoluer au gré des rencontres. Sa seule piste pour retrouver Mary lui est fournie par un ami : une maison familiale à Dinan en Bretagne. Il va alors prendre son saxophone, un peu d'alcool et sauter dans sa 203 pour aller la rechercher. Il n'a alors qu'un numéro de téléphone. Cette expérience va le faire tranquillement évoluer et murir. Elle va lui ouvrir d'autres perspectives que celles que lui offre son milieu bourgeois. Il va rencontrer des personnages riches en couleur, des femmes aux comportements étranges, et prendre le temps de se retrouver. J'en ai presque trop dit sur ce récit. Au début, je ne supportais pas Alexis, mais au fil des pages sa personnalité s'est avérée moins superficielle et plus attachante. Ceux qui connaissent Bruno LE FLOC'H ne seront pas surpris par le dessin dans la même lignée que ses anciennes BD. Les couleurs sont toujours aussi belles et douces. Seul le format change et a grandi. C'est peut être le seul bémol que je ferai : je trouve que le format de la collection Mirage de Delcourt, plus petit, convient mieux à son trait. Mais il s'agit là d'une question de goût. Au final, on a une très belle BD d'ambiance offrant un beau moment de lecture.
Le Seigneur des couteaux
Prévue en diptyque, le deuxième tome est attendu pour fin 2009/début 2010. Il fera plus de 60 pages et conclura ce premier cycle commencé avec brio par deux jeunes auteurs dont c'est pour tous les deux leur première bande dessinée. En la feuilletant, le dessin de Fabien Rondet, quoique beau, ne m'appelait pas à la lecture, les formes parfois incertaines des corps et surtout des visages ne m'inspirant pas plus que ça. Mais on sait tous qu'il ne faut pas forcément se fier au dessin pour rentrer dans l'histoire... Et c'est là qu'entre Henscher, scénariste modérateur du forum Café Salé, qui dès les premières planches, accroche son lecteur. Et si c'est son premier essai dans ce domaine, c'est aussi son travail à plein temps chez Ubisoft. Autant dire qu'il connait les ficelles du métier ! Après une entrée en matière des plus claires, durant laquelle un assassin accomplie sa sombre besogne avant d'être déchiqueté par la foule, la voix off le célèbre et l'honore. Le ton est donné. Puis nous suivrons l'histoire de Selim, jeune homme parmi tant d'autres, envoyé à Alamut par son père pour suivre l'enseignement des assassins et devenir un fedayin, l'accompagnant dans ses épreuves toujours plus dures et cruelles, en vue de l'endurcir moralement et physiquement. L'histoire tient la route et accroche vraiment, pour peu que le genre vous intéresse et que vous souhaitiez en apprendre plus sur ces hommes prêts hier à s'entretuer, et qui demain, pour les plus vaillants, deviendront frères de sang. C'est l'histoire d'aujourd'hui qui vous est contée. Bonne lecture !
Point de Rupture
Après la lecture du premier tome. J'ai failli passer à côté de mon sujet et refermer la BD avant sa moitié. Heureusement le déclic s'est produit et j'ai avalé la suite du récit. L'univers créé par les auteurs est riche et intriguant. Les personnages ont des personnalités affirmées. Le dessin N&B dégage une force impressionnante. Il est très beau mais demande un temps d'adaptation. Sachant qu'il reste encore 3 tomes pour clôturer la série, j'espère que l'on ne tournera pas vite en rond et que le niveau restera constant. En tout cas ce tome introductif est des plus réussis.
O'Boys
Comment suis-je passé à côté de cette bande dessinée à sa sortie ? Je pensais tomber sur une énième adaptation de roman. Et bien non. C'est un road-movie intéressant et prenant que nous livrent ici Thirault et Cuzor dans une Amérique du début des années 30, encore mal remise de la guerre de sécession. On retrouve certes des personnages secondaires typés de cette époque : une mama, Bethany, toute droit sortie de "Gone with the wind", et un Mortimer Denis qui emprunte les traits d'un John Barrymore vieillissant. Donc beaucoup de clichés dans ce premier opus mais on ne s'ennuie pas tout au long des 65 pages. Philppe Thirault co-signe, après La Fille du Yukon et Lucy, un bel album sur un pan de l'histoire des Etats Unis. On entendrait presque chanter "Old Man River" en lisant ce livre.
Ken Games
Après la lecture du premier tome (sur 3 annoncés) : Cette série sent le blockbuster :) Le scénario est travaillé, original, rythmé, prenant, intelligent, etc.... C'est simple, ce premier tome introductif a capté mon attention et l'envie de lire les tomes suivants est énorme. Mais comme si l'histoire ne suffisait pas, on a le droit à un superbe dessin avec un style pour ne pas dire une signature personnelle. La colorisation bien qu'informatisée, offre un rendu étonnant et ultra efficace. C'est simple, pour l'instant on frôle le sans faute. J'attends donc la confirmation avec les tomes suivants, cette série a tout pour finir dans les immanquables à terme.
Fleurs de fées
Je ne suis peut-être pas très impartiale étant donné que j'adore les fées et tout ce qui touche de près ou de loin à leur histoire, mais le dessin (proche des mangas) de cette BD est très bien fini et les couleurs sont magnifiques. L'histoire est certes très classique mais très bien rédigée, en vous laissant une larme aux yeux à la fin (il est vrai que je suis très romantique). Pour tous les amoureux du genre, je vous conseille de ne pas passer à coté de ce moment de plaisir qu'apporte la lecture de cette histoire.
Les Ineffables
Encore une BD de strips de Trondheim qui m'a plu. J'aime vraiment son humour à la fois absurde et intelligent. Il a des ressources incroyables pour produire des petites histoires. Son dessin peut paraître dénuer d'intérêt mais il est idéal pour ce genre de petits récits. Visiblement cette BD ne plait pas à tout le monde, on dirait même du tout ou rien. Personnellement, j'ai passé un excellent moment. Il s'agit certainement d'une question de goûts et de sensibilité à cet humour. Je conseillerai donc la lecture au cas où ;)
Pour Sanpei
Ce manga étant constitué de courts chapitres plus ou moins indépendants, j'ai eu la mauvaise idée de l'entamer par le tome 2, pensant qu'il s'agissait d'histoires courtes pouvant être lues séparément. Ce n'est pas le cas, en première lecture du moins. En effet, par le biais de ce manga, on apprend à découvrir une petite famille, celle chez qui un grand-père veuf vient loger après la mort de sa femme. Et c'est petit à petit qu'ils deviennent de plus en plus attachants et agréables à suivre. Il y a donc Sanpei, le grand-père un peu bougon mais encore jeune d'esprit. Shiro, le père, sympathique mais assez dur avec son vieux père qui ne s'est pas toujours suffisamment occupé de lui dans sa jeunesse. Reika, la mère, ancienne fleuriste et souriante femme au foyer. Et Nona, la fille, qui a du caractère et s'intéresse aux insectes. Et pour aider Sanpei à s'intégrer à cet ensemble, il pourra compter sur l'aide d'un carnet empli par sa femme décédée de notes sur les goûts et habitudes de chacun, de conseils pour le quotidien et la bonne tenue d'un foyer. Présenté ainsi, cela a l'air un peu morne. Mais l'ensemble est raconté avec beaucoup de finesse, de tendresse et surtout d'humour. C'est particulièrement plaisant à lire à partir du moment où l'on s'est attaché aux personnages. Le dessin est très personnel, avec un style semi-réaliste, aux allures un peu enfantines parfois, qui s'accorde bien à l'humour et qui, à mes yeux, a une petite touche occidentale. Tout en simplicité, il offre certaines planches pleines de beauté et de poésie. La narration est subtile, souvent emplie de non-dits. Ces mêmes non-dits m'ont paru difficiles à comprendre quand j'ai entamé le manga par son milieu mais ils se révèlent emplis de sensibilité et d'intelligence narrative quand on s'est finalement imprégné du récit. Malgré tout, certains comportements très japonais m'ont légèrement échappé, même à moi qui ai lu beaucoup de manga. La romance qui se profile à un moment donné est en effet assez étonnante pour un occidental. Quoiqu'il en soit, je me suis vraiment attaché à cette lecture et à ces personnages. Ce manga est très agréable, et aussi drôle que touchant par moment. Il est facile d'en relire quelques passages, juste pour le plaisir. Qui plus est, il a le mérite d'être achevé en deux tomes seulement. A lire.