Allez, c'est fait, j'ai enfin lu ce manga très connu et que l'on m'a maintes fois recommandé.
Verdict ? Déprimant. Profondément déprimant.
Bon, j'exagère, la fin est relativement positive, en tout cas douce-amère, une promesse de jours meilleurs, mais le récit n'en reste pas moins grave et très intime.
Pour les personnes n'ayant jamais entendu parler de cette œuvre, il s'agit d'une autobiographie d'abord écrite en ligne avant d'être réécrite pour une publication papier. C'est l'histoire d'une jeune femme névrosée, dépressive, perdue, en un mot comme en cent : seule. L'autrice nous raconte toutes ses peurs, ses craintes, ses angoisses, son manque de contrôle total sur sa vie, son incapacité à prendre soin d'elle-même.
Elle nous raconte sa vie, nous parle de son parcours chaotique et de la naissance de ses problèmes, de comment elle a vécu tout ça, en prenant comme ligne d'arrivée l'évènement qui lui a enfin permis de reprendre un semblant de contrôle sur sa vie : le jour où elle a fait appel à une travailleuse du sexe pour enfin recevoir de la chaleur humaine.
Spoiler (il s'agit de l'amorce du dernier tiers de l'album), l'évènement est un échec. Mais c'est tout de même par cette expérience que l'autrice va découvrir beaucoup de choses sur elle-même, et surtout lancer la création de cette autobiographie qui lui vaudra enfin le succès.
L'œuvre m'a (malheureusement) beaucoup parlé. La dépression constante, l'absence totale de contrôle sur sa vie, le délaissement de son bien être, le rapport ultra-chaotique avec la nourriture, l'incapacité à visualiser sa vie sans l'approbation parentale (ou un équivalent) car l'on cherche désespérément à ce que quelqu'un d'autre (plus compétent que nous) trouve la solution à tous ces problèmes et nous fasse sortir de ce désastre, … Oui, sans avoir vécu la même situation, je connais malheureusement ce genre d'expérience.
En ça, j'atteste de la (déprimante) réalité de ce genre de témoignages.
Je conseille l'œuvre, elle est très intéressante, mais je mettrais tout de même en garde sur le fait que l'on parle énormément de sujets sensibles et potentiellement lourds comme les troubles dépressifs ou l'auto-mutilation.
J'ai été bien séduit par cette série malgré un final assez banal. Je me suis laissé porté immédiatement par ce double récit parfois un peu facile mais toujours bien construit. J'ai trouvé la progression des deux personnages féminins bien équilibrée et le passage d'un récit à l'autre intelligemment proposé avec une égale envie de découvrir la suite pour les deux aventures. On pourrait reprocher aux auteurs d'avoir une vision manichéenne des événements au proche orient mais l'actualité montre que leur thématique reste très actuelle.
J'ai aussi apprécié que les deux jeunes et jolies femmes ne soient pas des simples potiches sexuelles mais sachent faire face à leurs difficultés. Le final , très happy end et un peu facile est un peu trop convenu mais il respecte l'esprit général d'une narration qui suggère d'aller de l'avant et de tourner la page fut elle noire.
J'ai trouvé le graphisme de Meyer un ton en dessous de la qualité du scénario. En effet par moment certains personnages sont juste ébauchés et manquent de précisions dans les dernières planches. C'est dommage car son style semi réaliste bien travaillé convient bien à la nature 'd'un récit qui mêle suspens, aventure et exotisme.
Une lecture récréative qui m'a bien séduit malgré mes petites réserves.
Mêlant biographie romancée et reconstitution historique, cet album nous plonge dans la trajectoire trouble de Gabriel Chahine, artiste baroudeur d'origine libanaise, lié de près aux milieux d'extrême-gauche des années 1970-80. Figure aussi charismatique que déroutante, Chahine donna à tous ses proches l'impression qu'il partageait leur engagement révolutionnaire, tout en livrant en secret des informations aux Renseignements Généraux français, allant jusqu'à participer activement à la traque de certains membres fondateurs du groupuscule Action Directe. Un homme en clair-obscur, insaisissable, que les auteurs tentent de cerner, conscients que son esprit déjoue toute tentative de mise en récit linéaire.
Peu amateur de la période des années 70 et encore moins des magouilles politiques de l'époque, j'ai cru que cette lecture allait me barber. Pourtant, malgré un récit dense, bavard et parfois complexe, j'ai été progressivement happé. La narration fluide parvient à rendre accessible un enchevêtrement de témoignages contradictoires, d'enjeux politiques et de manipulations souterraines. Arrivé à mi-parcours, lorsque l'organisation Action Directe entre pleinement en scène et que Chahine s'engage pour de bon à les arrêter, le récit gagne en intensité et prend une dimension passionnante.
C'est une lecture exigeante, au rythme volontairement lent et à la construction rigoureuse, mais c'est surtout une enquête remarquable, solidement documentée, qui éclaire et explique une époque souvent floue et un nom, Action Directe, que l'on connaît souvent sans en mesurer réellement la portée. Et en même temps, il permet de découvrir ce personnage vraiment surprenant qu'était Gabriel Chahine, la définition même de l'esprit humain insaisissable et multiple, à la fois acteur et spectateur d'une histoire qu'il contribue à écrire tout en restant hors-champ.
Une œuvre riche, intelligente, à la croisée du récit politique, du polar et du portrait psychologique, qui mérite d'être découverte et digérée avec le temps qu'elle requiert.
Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante.
C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives.
Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement.
Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.
J'ai lu cette série avec les yeux de Candide. En effet je n'en avais jamais entendu parler ni du film d'ailleurs. Oui oui c'est possible !
Je n'ai toujours pas vu le film mais je me suis rattrapé avec la BD. Dès le début du récit j'ai été séduit par le ton employé par Julie Maroh. Cette montée progressive de la découverte de soi de Clémentine à partir de ses 15 ans sonne juste. L'autrice prend le temps d'installer Clémentine dans son personnage. La découverte de son moi sexuel se fait malgré ses réticences. Je ne suis pas homosexuel mais j'imagine que le débat intérieur n'a pas du être simple pour de nombreux ados, beaucoup se retrouvant à la porte de chez eux dans des conditions parfois dramatiques. Le scénario est vraiment bien construit car en dévoilant le décès de Clémentine dès les premières planches on aurait pu craindre que l'autrice tue l'effet dramatique immédiatement. En fait c'est tout le contraire, pour ma lecture, car je me suis constamment demandé comment on arrive à cette situation. Ensuite Julie Maroh prend le risque d'installer un texte pesant via une voix off lourde et omniprésente. Ici encore le piège est évité avec brio grâce à un équilibre judicieux entre cette narration indirecte et l'action sous nos yeux. Les deux textes font échos et se répondent en permanence. Ensuite c'est une histoire d'homosexualité qui reprend certains messages convenus comme la stigmatisation ou l'affirmation identitaire via la Gay Pride mais je trouve cela assez marginal. Comme le souligne Emma à la mère de Clem, si Emma avait été un garçon rien n'aurait changé et Clem serait tombé amoureuse. C'est vraiment le sentiment que j'ai eu en lisant ce récit. C'est l'histoire d'amour entre Clem et Emma qui fonde le récit avec les mêmes questionnements que pour un couple hétéro : les risques à prendre, la place que chacun donne à l'autre dans son avenir, les jalousies passagères jusqu'aux interrogations d'avoir un enfant pour compléter ce bonheur. Le militantisme pour Emma et l'intimité pour Clem. La mort de celle-ci évite à l'autrice de trancher.
Enfin le final travaille plus sur l'émotion que sur le dramatique avec un choix qui m'a surpris.
J'ai aussi apprécié le graphisme de l'autrice que je trouve très expressif sans charger trop. On reste dans la bonne mesure pour toute la palette des sentiments.
Ma seule vraie réserve concerne le saut temporel qui amène les jeunes femmes à des femmes adultes établies. Au bout de dix ans , on peut imaginer que l'amour fusionnel s'étiole. On ne voit pas dans le récit ce qu'elles ont construit pour solidifier le couple et c'est un manque. De même le graphisme a du mal à faire vieillir le couple.
Cela reste toutefois une très bonne lecture, très accessible et souvent pleine de délicatesse.
Je ne sais pas trop pourquoi ses autres productions m’ont toujours rebuté, je découvre (enfin) l’auteur avec cet album … et bien m’en a pris.
Je ne vais pas crier au génie mais une lecture plutôt très satisfaisante. Mon ressenti tend vers le 3,5 que je bonifie de bon cœur pour la bonne surprise.
Graphique tout d’abord, l’impression que l’auteur propose quelque chose de bien plus aboutie que ces précédents travaux (sa première œuvre que je ne repose pas après un rapide feuilletage). Son trait est bon et parfait pour ses forêts et montagnes enneigés, mais c’est l’utilisation d’une tonalité sépia qui donne beaucoup de charme à l’ensemble. La couverture est très classe également.
Malgré une belle pagination, l’album se lit relativement vite, aidé en ça par une narration agréable et aérée. Il n’y a que les passages autour des cauchemars de notre héros que j’ai trouvé moyen.
Pour l’histoire en elle-même, je m’attendais sans doute à plus de surprises, ici on reste dans le plutôt classique mais parfaitement tenu et exécuté. J’ai bien aimé ce duo improbable et attachant qui cherche à fuir la justice unilatérale de l’époque.
La fin m’a satisfait même si je penchais pour autre chose.
Pas indispensable mais du bon western qui prend le temps de poser ces personnages et ambiances.
J'ai toujours aimé regarder les portulans, les vieilles cartes, les anciens planisphères, mon imagination vagabondant sur des territoires biscornus, d'autant plus captivants qu'ils s'écartent de ce que nous connaissons aujourd'hui.
C'est dire que le sujet de cet album ne pouvait que m'intéresser.
Et je n'ai pas été déçu. Avec le personnage de Ptolémée comme guide, et avec un procédé narratif amusant, pas mal de touches d'humour, un dessin caricatural, on traverse les siècles - voire les millénaires - en retraçant l'évolution des connaissances géographiques, et surtout des méthodes et connaissances cartographiques. C'est passionnant, jamais ennuyeux.
Le mélange de péripéties inventées et de connaissances historiques et scientifiques avérées passe très bien. Et, cerise sur le gâteau, un très bon dossier scientifique, accompagné de nombreuses et belles reproductions de cartes, complète agréablement l'album.
Une chouette lecture.
Une histoire d'amour qui brille par son cadre de campagne japonaise et son sujet de la jeunesse qui y étouffe.
Toute l'histoire tourne autour du conflit de pouvoir, des magouilles, des conflits adultes entraînant et gangrénant les relations des jeunes, du poids des attentes et du désir de liberté.
Les éponymes Mizuno et Chayama ne devraient pas être proches, leurs pères respectifs se disputent la mairie, la ville entière se divise en deux groupes dont leurs pères sont chacun les représentants. Pourtant, comme dans toute histoire d'amour avec un penchant pour l'ironie dramatique, les deux jeunes filles vont bien se rapprocher. Très vite même. Le sujet n'est pas vraiment la naissance de leur amour, car celui-ci brûle en réalité très vite, mais bien de savoir si le monde qui les entoure les laissera bien le vivre. Elles s'aiment mais doivent se voir en cachette, elles désirent partir loin d'ici mais se retrouvent bloquées par les attentes des autres (surtout les attentes familiales).
Cette histoire d'amour douce-amère, pour laquelle on craint jusqu'au bout une fin tragique, est sincèrement prenante.
Deux petits bémols cependant.
Bon, les bémols sont légers, il s'agit surtout d'un problème d'exécution.
En premier lieu, il s'agit de l'aspect un peu trop sexualisé de la relation entre ces deux jeunes filles. Bon, qu'elles fassent des séances de galipettes entre deux cours n'est pas le problème (l'âge, le besoin de liberté, tout ça tout ça), je parle surtout du fait que la mise en scène insiste un chouïa trop à un moment. En fait, mis à part ce moment, l'œuvre est en réalité assez chaste, on ne nous cache pas qu'elles font l'amour mais la mise en scène ne s'y arrête pas (ou en tout cas très peu - en tout cas suffisamment peu pour que je ne m'inquiète pas des intensions de l'auteur) et préfère se concentrer sur leur relation et leur situation compliquée. Sauf qu'au début du premier album, on a un moment très bizarre où Mizuno lèche les larmes de Chayama dans ce qui me semble être une scène qui se voulait (peut-être) pseudo-érotique, ou en tout cas émoustillante. Bon, c'est au tout début de l'histoire, peut-être un moment de folie du scénariste qui s'est fort heureusement recentré par la suite, mais il n'empêche que c'est bizarre.
Ensuite, il y a l'antagoniste. Elle est très intéressante sur le papier, elle aussi reflétant le mal-être d'une jeunesse se sentant abandonnée dans la campagne et se sentant obligée de suivre aveuglément les conflits locaux pour se sentir exister mais exprimant le tout de manière bien plus violente, bien plus névrosée. Là où Chayama et Mizuno se cachent, Aikawa frappe et harcèle. Elle harcèle Chayama qu'elle juge responsable de sa situation de vie compliquée. Oui, comme tous-tes les autres jeunes du lycée, Aikawa a choisi son camp dans ce conflit de pouvoir. Sa situation familiale et économique semble désastreuse et on comprend son profond dégoût pour la famille de Chayama (qui est bien plus riche). On n'excuse jamais ce qu'elle fait subir à Chayama mais on l'humanise suffisamment pour rendre le tout crédible.
Pourtant, à partir du deuxième album, sa cruauté semble prendre des proportions un tantinet exagérées, surtout lors de la scène de confrontation finale (vous verrez quand vous y serez). En fait, c'est surtout la mise en scène qui me titille, faisant passer un moment terrifiant où une jeune fille franchit officiellement la ligne entre les violences physiques et la pure tentative de meurtre pour une vulgaire scène de conflit final avec une méchante très méchante. Je blâme le manque de subtilité et le côté trop exagéré pour une histoire qui m'avait semblé jusque là joliment (et tristement) réaliste. J'exagère un peu, la scène reste intéressante (surtout sur son propos), et la violence du moment reste cohérente et forte, mais le tout m'a vraiment semblé over the top (comme dirait ma mamie).
Après, le personnage reste bon et sa scène finale fait mal au cœur. On n'excuse toujours pas ce qu'elle a fait (et encore heureux) mais on parvient à nous faire sympathiser avec sa situation.
Bon, maintenant que j'arrive à la fin de mon avis, je réalise que j'ai malheureusement plus insisté sur les défauts de l'œuvre que sur ses qualités. Croyez-moi, l'œuvre reste sincèrement très bonne. L'histoire est intéressante, les personnages plus complexes qu'il n'y parait, les dessins assez jolis, ... Non, vraiment, ignorez ma tendance à m'étendre sur les défauts, la lecture reste bonne.
(Note réelle 3,5)
3.5
J'ai bien aimé ce one-shot, mais je préviens tout de suite que c'est le genre d'histoire où soit on entre dans le délire de l'auteur, soit on reste au dehors de l'œuvre et on s'ennui ferme.
Je pense que pour aimer cet album il faut être fan de l'œuvre de Lovecraft ce qui est au final logique vu que le récit parle de lui et qu'on est dans une ambiance digne de ce que l'on retrouvait dans ses histoires. En plus de références à l'œuvre de Lovecraft, il y aussi des références tirés de la littérature anglophones en général (Edgar Allan Poe, John Carter, Stephen King...) et donc le lecteur qui n'a pas de grande connaissance dans ce domaine risque de passer à coté du scénario.
Le point fort est sans aucun doute le dessin qui est vraiment superbe. On voit que le dessinateur a beaucoup travaillé dessus, c'est une pure merveille pour les yeux !
J'ai été un peu réticent à lire cet ouvrage. En effet dans Comme une comète - Une histoire de post-partum et d'albinisme son autrice, Aurélie Crop raconte les horreurs dont sont victimes les enfants albinos dans certains pays d'Afrique à cause de superstitions ou de sorcellerie. Heureusement mes craintes étaient injustifiées. Edimo , dont j'apprécie beaucoup le travail, propose un scénario optimiste tout en abordant avec réalisme les obstacles que rencontrent les enfants albinos et leurs parents. L'action se passe à Yaoudé mais pourrait probablement être déplacée dans de nombreux endroits. L'Occident n'étant pas en reste comme le montre Aurélie Crop avec les nombreuses images négatives et stigmatisantes que véhiculent le cinéma .
Malgré trois dessinateurs différents le récit reste cohérent et fluide. Edimo evite une leçon de morale rébarbative mais introduit de façon pertinente les difficultés rencontrées: abandon de la mère, difficulté à se loger, risque d'enlèvement de l'enfant pour alimenter des pratiques de sorcellerie, risque de viol pour guérir du SIDA c'est malheureusement le quotidien pour des enfants albinos qui sont vus porteurs de la malchance ou de la malédiction.
Le graphisme est proposé par trois dessinateurs qui prennent en charge trois étapes de la vie d'Agnès. Sa naissance à Yaoundé dans un style réaliste au stylo très maitrisé. Il lance magnifiquement l'album avec ce manque de couleur qui traduit l'isolement et le danger dans lequel se trouve Chantal et sa fille.
Nyembi poursuit dans un style plus naïf la vie au village protecteur et Ejob conclut par un très bel épisode à Yaoudé autour de la journée mondiale de l'albinisme. Son style semi réaliste est très travaillé avec de beaux extérieurs de Yaoundé très bien travaillés. Ces trois épisodes permettent aussi de montrer l'évolution de la société Camerounaise qui doit trouver son équilibre entre tradition et modernité.
Une belle lecture optimiste et dépaysante qui permet de sensibiliser à un handicap souvent mal connu.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Solitude d'un autre genre
Allez, c'est fait, j'ai enfin lu ce manga très connu et que l'on m'a maintes fois recommandé. Verdict ? Déprimant. Profondément déprimant. Bon, j'exagère, la fin est relativement positive, en tout cas douce-amère, une promesse de jours meilleurs, mais le récit n'en reste pas moins grave et très intime. Pour les personnes n'ayant jamais entendu parler de cette œuvre, il s'agit d'une autobiographie d'abord écrite en ligne avant d'être réécrite pour une publication papier. C'est l'histoire d'une jeune femme névrosée, dépressive, perdue, en un mot comme en cent : seule. L'autrice nous raconte toutes ses peurs, ses craintes, ses angoisses, son manque de contrôle total sur sa vie, son incapacité à prendre soin d'elle-même. Elle nous raconte sa vie, nous parle de son parcours chaotique et de la naissance de ses problèmes, de comment elle a vécu tout ça, en prenant comme ligne d'arrivée l'évènement qui lui a enfin permis de reprendre un semblant de contrôle sur sa vie : le jour où elle a fait appel à une travailleuse du sexe pour enfin recevoir de la chaleur humaine. Spoiler (il s'agit de l'amorce du dernier tiers de l'album), l'évènement est un échec. Mais c'est tout de même par cette expérience que l'autrice va découvrir beaucoup de choses sur elle-même, et surtout lancer la création de cette autobiographie qui lui vaudra enfin le succès. L'œuvre m'a (malheureusement) beaucoup parlé. La dépression constante, l'absence totale de contrôle sur sa vie, le délaissement de son bien être, le rapport ultra-chaotique avec la nourriture, l'incapacité à visualiser sa vie sans l'approbation parentale (ou un équivalent) car l'on cherche désespérément à ce que quelqu'un d'autre (plus compétent que nous) trouve la solution à tous ces problèmes et nous fasse sortir de ce désastre, … Oui, sans avoir vécu la même situation, je connais malheureusement ce genre d'expérience. En ça, j'atteste de la (déprimante) réalité de ce genre de témoignages. Je conseille l'œuvre, elle est très intéressante, mais je mettrais tout de même en garde sur le fait que l'on parle énormément de sujets sensibles et potentiellement lourds comme les troubles dépressifs ou l'auto-mutilation.
Page noire
J'ai été bien séduit par cette série malgré un final assez banal. Je me suis laissé porté immédiatement par ce double récit parfois un peu facile mais toujours bien construit. J'ai trouvé la progression des deux personnages féminins bien équilibrée et le passage d'un récit à l'autre intelligemment proposé avec une égale envie de découvrir la suite pour les deux aventures. On pourrait reprocher aux auteurs d'avoir une vision manichéenne des événements au proche orient mais l'actualité montre que leur thématique reste très actuelle. J'ai aussi apprécié que les deux jeunes et jolies femmes ne soient pas des simples potiches sexuelles mais sachent faire face à leurs difficultés. Le final , très happy end et un peu facile est un peu trop convenu mais il respecte l'esprit général d'une narration qui suggère d'aller de l'avant et de tourner la page fut elle noire. J'ai trouvé le graphisme de Meyer un ton en dessous de la qualité du scénario. En effet par moment certains personnages sont juste ébauchés et manquent de précisions dans les dernières planches. C'est dommage car son style semi réaliste bien travaillé convient bien à la nature 'd'un récit qui mêle suspens, aventure et exotisme. Une lecture récréative qui m'a bien séduit malgré mes petites réserves.
L'Escamoteur
Mêlant biographie romancée et reconstitution historique, cet album nous plonge dans la trajectoire trouble de Gabriel Chahine, artiste baroudeur d'origine libanaise, lié de près aux milieux d'extrême-gauche des années 1970-80. Figure aussi charismatique que déroutante, Chahine donna à tous ses proches l'impression qu'il partageait leur engagement révolutionnaire, tout en livrant en secret des informations aux Renseignements Généraux français, allant jusqu'à participer activement à la traque de certains membres fondateurs du groupuscule Action Directe. Un homme en clair-obscur, insaisissable, que les auteurs tentent de cerner, conscients que son esprit déjoue toute tentative de mise en récit linéaire. Peu amateur de la période des années 70 et encore moins des magouilles politiques de l'époque, j'ai cru que cette lecture allait me barber. Pourtant, malgré un récit dense, bavard et parfois complexe, j'ai été progressivement happé. La narration fluide parvient à rendre accessible un enchevêtrement de témoignages contradictoires, d'enjeux politiques et de manipulations souterraines. Arrivé à mi-parcours, lorsque l'organisation Action Directe entre pleinement en scène et que Chahine s'engage pour de bon à les arrêter, le récit gagne en intensité et prend une dimension passionnante. C'est une lecture exigeante, au rythme volontairement lent et à la construction rigoureuse, mais c'est surtout une enquête remarquable, solidement documentée, qui éclaire et explique une époque souvent floue et un nom, Action Directe, que l'on connaît souvent sans en mesurer réellement la portée. Et en même temps, il permet de découvrir ce personnage vraiment surprenant qu'était Gabriel Chahine, la définition même de l'esprit humain insaisissable et multiple, à la fois acteur et spectateur d'une histoire qu'il contribue à écrire tout en restant hors-champ. Une œuvre riche, intelligente, à la croisée du récit politique, du polar et du portrait psychologique, qui mérite d'être découverte et digérée avec le temps qu'elle requiert.
Columbusstraße
Bon, attention, cet album est le fruit de nombreuses recherches dans des archives nationales et familiales, d'entretiens familiaux, de repérages, probablement des milliers d'heures de travail pour un auteur qui a fait de l'autobiographie et et du stakhanovisme ses deux axes de labeur. Les bonus présents en fin d'ouvrage, parmi les plus fournis que j'aie pu voir, en témoignent : deux pages entières de remerciements envers toutes celles et tous ceux qui ont aidé Tobi Dahmen dans sa tâche ; 15 pages de glossaire, pour éclairer les termes et certains éléments des quelques 525 pages de cette BD ; des précisions sur les images et les textes "authentiques" qui ont pu être reproduits, sans oublier une bibliographie impressionnante. C'est lors d'un long trajet en train avec son père que l'auteur a commencé à constituer le squelette de ce qui allait devenir, dix ans plus tard, cette brique (1, 2 kg pour le bébé) incontournable. La disparition brutale de ce père, au début du processus, n'a pas dissuadé Tobi de continuer son entreprise, a contraire. Il a choisi de raconter les bribes de vie qu'il a pu reconstituer de manière chronologique, ce qui permet de e pas perdre de vue la situation de chaque membre de ces deux familles pendant la décennie où le destin de l'Allemagne a basculé. Il a choisi de laisser les quelques approximations qui ont pu apparaître dans les témoignages qu'il a pu recueillir, pour garder une certaine authenticité. Ainsi a-t-il imaginé la vie de son oncle sur le front russe en se basant sur ses lettres, qui se voulaient souvent allusives. Prévoyez trois un quatre heures pour lire l'album, car il est difficile de le lâcher ; il comporte de nombreuses scènes poignantes, comme lorsque les enfants sont séparés de leurs parents, ou les retrouvent, ou qu'ils doivent détourner le regard en croisant par exemple des "travailleurs forcés" (encore un truc que je découvre sur la guerre), des prisonniers qui n'ont pas accès aux abris et doivent nettoyer les décombres après un raid aérien. Le style graphique de Dahmen est une ligne claire en tons de gris, mais on sent qu'il a extrêmement travaillé chaque case pour provoquer l'émotion sur chaque séquence, et cela fonctionne totalement. Voici donc un nouvel album essentiel pour comprendre comme la guerre a été vécue par une (enfin, deux) famille(s) ordinaire(s) en Allemagne.
Le Bleu est une couleur chaude
J'ai lu cette série avec les yeux de Candide. En effet je n'en avais jamais entendu parler ni du film d'ailleurs. Oui oui c'est possible ! Je n'ai toujours pas vu le film mais je me suis rattrapé avec la BD. Dès le début du récit j'ai été séduit par le ton employé par Julie Maroh. Cette montée progressive de la découverte de soi de Clémentine à partir de ses 15 ans sonne juste. L'autrice prend le temps d'installer Clémentine dans son personnage. La découverte de son moi sexuel se fait malgré ses réticences. Je ne suis pas homosexuel mais j'imagine que le débat intérieur n'a pas du être simple pour de nombreux ados, beaucoup se retrouvant à la porte de chez eux dans des conditions parfois dramatiques. Le scénario est vraiment bien construit car en dévoilant le décès de Clémentine dès les premières planches on aurait pu craindre que l'autrice tue l'effet dramatique immédiatement. En fait c'est tout le contraire, pour ma lecture, car je me suis constamment demandé comment on arrive à cette situation. Ensuite Julie Maroh prend le risque d'installer un texte pesant via une voix off lourde et omniprésente. Ici encore le piège est évité avec brio grâce à un équilibre judicieux entre cette narration indirecte et l'action sous nos yeux. Les deux textes font échos et se répondent en permanence. Ensuite c'est une histoire d'homosexualité qui reprend certains messages convenus comme la stigmatisation ou l'affirmation identitaire via la Gay Pride mais je trouve cela assez marginal. Comme le souligne Emma à la mère de Clem, si Emma avait été un garçon rien n'aurait changé et Clem serait tombé amoureuse. C'est vraiment le sentiment que j'ai eu en lisant ce récit. C'est l'histoire d'amour entre Clem et Emma qui fonde le récit avec les mêmes questionnements que pour un couple hétéro : les risques à prendre, la place que chacun donne à l'autre dans son avenir, les jalousies passagères jusqu'aux interrogations d'avoir un enfant pour compléter ce bonheur. Le militantisme pour Emma et l'intimité pour Clem. La mort de celle-ci évite à l'autrice de trancher. Enfin le final travaille plus sur l'émotion que sur le dramatique avec un choix qui m'a surpris. J'ai aussi apprécié le graphisme de l'autrice que je trouve très expressif sans charger trop. On reste dans la bonne mesure pour toute la palette des sentiments. Ma seule vraie réserve concerne le saut temporel qui amène les jeunes femmes à des femmes adultes établies. Au bout de dix ans , on peut imaginer que l'amour fusionnel s'étiole. On ne voit pas dans le récit ce qu'elles ont construit pour solidifier le couple et c'est un manque. De même le graphisme a du mal à faire vieillir le couple. Cela reste toutefois une très bonne lecture, très accessible et souvent pleine de délicatesse.
La Femme à l'étoile
Je ne sais pas trop pourquoi ses autres productions m’ont toujours rebuté, je découvre (enfin) l’auteur avec cet album … et bien m’en a pris. Je ne vais pas crier au génie mais une lecture plutôt très satisfaisante. Mon ressenti tend vers le 3,5 que je bonifie de bon cœur pour la bonne surprise. Graphique tout d’abord, l’impression que l’auteur propose quelque chose de bien plus aboutie que ces précédents travaux (sa première œuvre que je ne repose pas après un rapide feuilletage). Son trait est bon et parfait pour ses forêts et montagnes enneigés, mais c’est l’utilisation d’une tonalité sépia qui donne beaucoup de charme à l’ensemble. La couverture est très classe également. Malgré une belle pagination, l’album se lit relativement vite, aidé en ça par une narration agréable et aérée. Il n’y a que les passages autour des cauchemars de notre héros que j’ai trouvé moyen. Pour l’histoire en elle-même, je m’attendais sans doute à plus de surprises, ici on reste dans le plutôt classique mais parfaitement tenu et exécuté. J’ai bien aimé ce duo improbable et attachant qui cherche à fuir la justice unilatérale de l’époque. La fin m’a satisfait même si je penchais pour autre chose. Pas indispensable mais du bon western qui prend le temps de poser ces personnages et ambiances.
Geographia
J'ai toujours aimé regarder les portulans, les vieilles cartes, les anciens planisphères, mon imagination vagabondant sur des territoires biscornus, d'autant plus captivants qu'ils s'écartent de ce que nous connaissons aujourd'hui. C'est dire que le sujet de cet album ne pouvait que m'intéresser. Et je n'ai pas été déçu. Avec le personnage de Ptolémée comme guide, et avec un procédé narratif amusant, pas mal de touches d'humour, un dessin caricatural, on traverse les siècles - voire les millénaires - en retraçant l'évolution des connaissances géographiques, et surtout des méthodes et connaissances cartographiques. C'est passionnant, jamais ennuyeux. Le mélange de péripéties inventées et de connaissances historiques et scientifiques avérées passe très bien. Et, cerise sur le gâteau, un très bon dossier scientifique, accompagné de nombreuses et belles reproductions de cartes, complète agréablement l'album. Une chouette lecture.
Mizuno et Chayama
Une histoire d'amour qui brille par son cadre de campagne japonaise et son sujet de la jeunesse qui y étouffe. Toute l'histoire tourne autour du conflit de pouvoir, des magouilles, des conflits adultes entraînant et gangrénant les relations des jeunes, du poids des attentes et du désir de liberté. Les éponymes Mizuno et Chayama ne devraient pas être proches, leurs pères respectifs se disputent la mairie, la ville entière se divise en deux groupes dont leurs pères sont chacun les représentants. Pourtant, comme dans toute histoire d'amour avec un penchant pour l'ironie dramatique, les deux jeunes filles vont bien se rapprocher. Très vite même. Le sujet n'est pas vraiment la naissance de leur amour, car celui-ci brûle en réalité très vite, mais bien de savoir si le monde qui les entoure les laissera bien le vivre. Elles s'aiment mais doivent se voir en cachette, elles désirent partir loin d'ici mais se retrouvent bloquées par les attentes des autres (surtout les attentes familiales). Cette histoire d'amour douce-amère, pour laquelle on craint jusqu'au bout une fin tragique, est sincèrement prenante. Deux petits bémols cependant. Bon, les bémols sont légers, il s'agit surtout d'un problème d'exécution. En premier lieu, il s'agit de l'aspect un peu trop sexualisé de la relation entre ces deux jeunes filles. Bon, qu'elles fassent des séances de galipettes entre deux cours n'est pas le problème (l'âge, le besoin de liberté, tout ça tout ça), je parle surtout du fait que la mise en scène insiste un chouïa trop à un moment. En fait, mis à part ce moment, l'œuvre est en réalité assez chaste, on ne nous cache pas qu'elles font l'amour mais la mise en scène ne s'y arrête pas (ou en tout cas très peu - en tout cas suffisamment peu pour que je ne m'inquiète pas des intensions de l'auteur) et préfère se concentrer sur leur relation et leur situation compliquée. Sauf qu'au début du premier album, on a un moment très bizarre où Mizuno lèche les larmes de Chayama dans ce qui me semble être une scène qui se voulait (peut-être) pseudo-érotique, ou en tout cas émoustillante. Bon, c'est au tout début de l'histoire, peut-être un moment de folie du scénariste qui s'est fort heureusement recentré par la suite, mais il n'empêche que c'est bizarre. Ensuite, il y a l'antagoniste. Elle est très intéressante sur le papier, elle aussi reflétant le mal-être d'une jeunesse se sentant abandonnée dans la campagne et se sentant obligée de suivre aveuglément les conflits locaux pour se sentir exister mais exprimant le tout de manière bien plus violente, bien plus névrosée. Là où Chayama et Mizuno se cachent, Aikawa frappe et harcèle. Elle harcèle Chayama qu'elle juge responsable de sa situation de vie compliquée. Oui, comme tous-tes les autres jeunes du lycée, Aikawa a choisi son camp dans ce conflit de pouvoir. Sa situation familiale et économique semble désastreuse et on comprend son profond dégoût pour la famille de Chayama (qui est bien plus riche). On n'excuse jamais ce qu'elle fait subir à Chayama mais on l'humanise suffisamment pour rendre le tout crédible. Pourtant, à partir du deuxième album, sa cruauté semble prendre des proportions un tantinet exagérées, surtout lors de la scène de confrontation finale (vous verrez quand vous y serez). En fait, c'est surtout la mise en scène qui me titille, faisant passer un moment terrifiant où une jeune fille franchit officiellement la ligne entre les violences physiques et la pure tentative de meurtre pour une vulgaire scène de conflit final avec une méchante très méchante. Je blâme le manque de subtilité et le côté trop exagéré pour une histoire qui m'avait semblé jusque là joliment (et tristement) réaliste. J'exagère un peu, la scène reste intéressante (surtout sur son propos), et la violence du moment reste cohérente et forte, mais le tout m'a vraiment semblé over the top (comme dirait ma mamie). Après, le personnage reste bon et sa scène finale fait mal au cœur. On n'excuse toujours pas ce qu'elle a fait (et encore heureux) mais on parvient à nous faire sympathiser avec sa situation. Bon, maintenant que j'arrive à la fin de mon avis, je réalise que j'ai malheureusement plus insisté sur les défauts de l'œuvre que sur ses qualités. Croyez-moi, l'œuvre reste sincèrement très bonne. L'histoire est intéressante, les personnages plus complexes qu'il n'y parait, les dessins assez jolis, ... Non, vraiment, ignorez ma tendance à m'étendre sur les défauts, la lecture reste bonne. (Note réelle 3,5)
Le Dernier Jour de Howard Phillips Lovecraft
3.5 J'ai bien aimé ce one-shot, mais je préviens tout de suite que c'est le genre d'histoire où soit on entre dans le délire de l'auteur, soit on reste au dehors de l'œuvre et on s'ennui ferme. Je pense que pour aimer cet album il faut être fan de l'œuvre de Lovecraft ce qui est au final logique vu que le récit parle de lui et qu'on est dans une ambiance digne de ce que l'on retrouvait dans ses histoires. En plus de références à l'œuvre de Lovecraft, il y aussi des références tirés de la littérature anglophones en général (Edgar Allan Poe, John Carter, Stephen King...) et donc le lecteur qui n'a pas de grande connaissance dans ce domaine risque de passer à coté du scénario. Le point fort est sans aucun doute le dessin qui est vraiment superbe. On voit que le dessinateur a beaucoup travaillé dessus, c'est une pure merveille pour les yeux !
Pour une couleur de peau
J'ai été un peu réticent à lire cet ouvrage. En effet dans Comme une comète - Une histoire de post-partum et d'albinisme son autrice, Aurélie Crop raconte les horreurs dont sont victimes les enfants albinos dans certains pays d'Afrique à cause de superstitions ou de sorcellerie. Heureusement mes craintes étaient injustifiées. Edimo , dont j'apprécie beaucoup le travail, propose un scénario optimiste tout en abordant avec réalisme les obstacles que rencontrent les enfants albinos et leurs parents. L'action se passe à Yaoudé mais pourrait probablement être déplacée dans de nombreux endroits. L'Occident n'étant pas en reste comme le montre Aurélie Crop avec les nombreuses images négatives et stigmatisantes que véhiculent le cinéma . Malgré trois dessinateurs différents le récit reste cohérent et fluide. Edimo evite une leçon de morale rébarbative mais introduit de façon pertinente les difficultés rencontrées: abandon de la mère, difficulté à se loger, risque d'enlèvement de l'enfant pour alimenter des pratiques de sorcellerie, risque de viol pour guérir du SIDA c'est malheureusement le quotidien pour des enfants albinos qui sont vus porteurs de la malchance ou de la malédiction. Le graphisme est proposé par trois dessinateurs qui prennent en charge trois étapes de la vie d'Agnès. Sa naissance à Yaoundé dans un style réaliste au stylo très maitrisé. Il lance magnifiquement l'album avec ce manque de couleur qui traduit l'isolement et le danger dans lequel se trouve Chantal et sa fille. Nyembi poursuit dans un style plus naïf la vie au village protecteur et Ejob conclut par un très bel épisode à Yaoudé autour de la journée mondiale de l'albinisme. Son style semi réaliste est très travaillé avec de beaux extérieurs de Yaoundé très bien travaillés. Ces trois épisodes permettent aussi de montrer l'évolution de la société Camerounaise qui doit trouver son équilibre entre tradition et modernité. Une belle lecture optimiste et dépaysante qui permet de sensibiliser à un handicap souvent mal connu.