Les derniers avis (31895 avis)

Par Charly
Note: 4/5
Couverture de la série La Nef des fous
La Nef des fous

Le scénario de "La Nef des fous" est à la fois drôle et mystérieux. Dès les premières pages, j'ai été intrigué par les événements étranges qui se passent dans le royaume d’Eaux Folles. Le roi a une fuite dans sa chambre, le bouffon chasse un oiseau et la princesse repousse les avances du Grand Coordinateur. Chaque événement s'enchaîne avec humour et un soupçon de mystère, ce qui m'a rendu curieux de découvrir la suite. Cette bande dessinée aborde plusieurs thèmes intéressants comme la folie, le pouvoir et les relations humaines. J'ai apprécié la manière dont elle mélange conte de fées, fantastique et science-fiction. Le tout est traité avec beaucoup d'humour, ce qui rend la lecture encore plus agréable. Les réflexions sur le pouvoir et les comportements humains m'ont fait réfléchir tout en me divertissant. Les personnages sont uniques et attachants. J'ai particulièrement aimé suivre les aventures du Prince Putatif, dont les apparitions ajoutent une touche comique. Le roi est excentrique, le bouffon est fidèle et la princesse est indépendante. Chacun apporte quelque chose de spécial à l'histoire, même si certains personnages secondaires sont moins développés, ils restent amusants à suivre. Le dessin de Turf est époustouflant. Les planches sont remplies de détails qui rendent l'univers d’Eaux Folles vivant et coloré. Les couleurs sont vibrantes et les expressions des personnages sont bien retranscrites. J'ai adoré me perdre dans les illustrations, elles ajoutent une dimension supplémentaire à l'histoire. Cependant, parfois, la surabondance de détails peut rendre certaines scènes un peu confuses, mais cela n'enlève rien au charme de l'ensemble. "La Nef des fous" est une bande dessinée que j'ai vraiment aimée lire. Le mélange d'humour, de mystère et de beauté visuelle en fait une expérience mémorable et très agréable.

26/12/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
Couverture de la série Après le 13 novembre
Après le 13 novembre

Effectivement, l'avis de Paco dit tout. C'est sobre, émouvant, ramassé autour du sujet. Bref ! Une chouette BD, même si graphiquement, je ne suis pas resté sur le cul. Mais il est bon de noter que l'intérêt de ce livre ne réside pas là, mais dans la puissance de ce témoignage. Le passage qui m'a personnellement le plus marqué, c'est lorsque notre rescapée rencontre la psy de la commission d'indemnisation. Abominable ! C'est une histoire que je ne saurais trop conseiller.

26/12/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 4/5
Couverture de la série L'Homme qui rêvait à l'envers
L'Homme qui rêvait à l'envers

Un être invisible habitait-il sous son toit ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. Sa publication originale date de 2024. Il a été réalisé par Emmanuel Polanco, pour le scénario et les dessins. Il s’agit d’un récit en noir & blanc avec des nuances de gris, rehaussé pas des nuances de rouge-rose. Il comprend deux-cent-quarante-quatre pages de bande dessinée. Paris, durant l’hiver 1885, le docteur Parent est en train d’écrire une lettre à un destinataire qu’il qualifie d’ami, de nuit, attablé à son bureau devant la fenêtre. Il explique qu’il écrit d’une main tremblante. Il implore son correspondant de comprendre l’importance cruciale des mots qui vont suivre. C’est maître Charcot, leur maître à tous les deux, qui l’a lucidement suggéré de s’adresser à son correspondant. Il ne tarit pas d’éloges le concernant. Tout le monde a pu constater ses talents lors de son apprentissage chez le maître. Ce don qui est le sien de savoir sonder l’âme humaine… Ce don serait d’un grand secours au docteur Parent, au moment où il lui écrit. Car il le confesse, ses certitudes d’homme de science se trouvent aujourd’hui totalement ébranlées. Et pour partager ce sentiment, qui vient du plus profond de son âme troublée, il se doit de lui raconter les derniers mois qu’il a vécus. Mois qu’il qualifierait d’étrangement inquiétants. Cette singulière histoire a commencé un mardi soir pluvieux du mois de juin, les 21 coups de canon en hommage à Victor Hugo résonnaient encore dans le ciel de Paris. C’est alors qu’une jeune femme vint troubler sa modeste retraite. Cette jeune femme, elle s’appelait Mathilde. Sa gestuelle trahissait une grande nervosité. Par cette nuit pluvieuse, Mathilde gravit les marches de l’escalier en spirale qui monte vers l’appartement du docteur Parent. Elle toque avant insistance, le temps que son hôte se rappelle que sa servante Ernestine a pris son congé. Au ton exalté de la jeune femme, il comprend que ce n’est pas la Mathilde qu’il connaît qui se présente à lui, mais une jeune fille dominée par ses humeurs. Il la fait entrer, et elle lui annonce que Édouard est conscient. Elle ajoute qu’il n’y a pas de temps à perdre et qu’il doit faire ses valises, car ils partent pour Rouen tout de suite. Le docteur objecte qu’il est tard, mais elle insiste : Édouard est vivant ! Il n'y a pas de temps à perdre : les nouvelles du sanatorium sont claires. Il ne reste que peu de temps à Édouard. Un fiacre les attend, un train part dans une heure, et elle veut voir son cousin et entendre ce qu’il a à leur dire. Le docteur Parent estime qu’il est de son devoir d’homme d’expérience et de confiance, de la soutenir dans sa peine. Il prépare sa valise, tout en étant flatté d’être son premier choix. Mais il est vrai qu’un lien particulier l’unit avec son cousin. Car pour être honnête, il se sentait d’une certaine manière, responsable de sa situation. Mathilde était l’épouse de son filleul. Augustin son père et lui le docteur avaient beaucoup voyagé ensemble dans les colonies et c’est par amitié qu’il était devenu le parrain de son fils. Cela comblait en partie le fait qu’il n’ait pas eu d’enfant. Un titre étrange, et une couverture chargée de symboles : l’œil positionné au niveau du vagin, le personnage masculin dans les jupes de la femme qui semble suivre un fil d’Ariane, l’Ankh symbole de vie, la voilette pour le deuil, les larmes sur la robe. Le lecteur découvre les pages intérieures avec ce point de vue à l’esprit. Il remarque donc ce qui relève d’éléments symboliques : un masque africain dès la première page évoquant l’animisme, des statuettes bizarres sur l’étagère de la bibliothèque dont l’une évoque Cthulhu, cet étrange cadrage sur la cage d’escalier d’un immeuble parisien. Cette vue en plongée sur la cage d’escalier évoque un abyme, et aussi une cavité, avec une connotation sexuelle intentionnelle dans le contexte de ce récit. Cette perspective se trouve répétée en page dix-neuf, alors que le docteur descend l’escalier. Quelques pages plus loin, une petite silhouette en ombre chinoise est la proie des flammes sur un fond noir, évoquant un phénomène de combustion spontanée et de purification par le feu. Les situations évoquant des phénomènes surnaturels ou parapsychiques continuent de survenir : le cadavre d’un lapin à moitié dévoré avec un œil encore vivant, un trou dans le sol semblant sans fond, un drap suspendu s’apparentant à un linceul, un rêve surréaliste, une porte isolée au beau milieu du désert, un trou de serrure révélateur, des dés à jouer avec des faces vierges, etc. Le lecteur sourit en voyant un train entrer dans un tunnel, évoquant une scène similaire dans le film La mort aux trousses (1959, North by northwest) réalisé par Alfred Hitchcock (1899-1980), avec sa connotation sexuelle appuyée. L’auteur adopte un autre dispositif, cette fois-ci littéraire : un personnage qui raconte son histoire en écrivant une lettre à un ami inconnu. Il annonce que sa main tremble, il implore son correspondant de le comprendre, il fait appel à son intelligence… Diantre, l’affaire doit être grave. Il y a deux détails déconcertants : l’absence d’Ernestine, et la présence incongrue d’une fleur sur le sol. Rien de bien grave. Retour dans le passé : Mathilde agitée, la misogynie ordinaire du docteur Parent, un cousin qui devait être au plus mal et qui a repris connaissance, la lecture de son journal, ce qui renvoie à un passé antérieur, et des phénomènes bizarres comme un incendie et un lapin mort. L’intrigue semble assez claire et elle peut rappeler un roman célèbre de la fin du XIXe siècle. Voilà un jeune homme qui éprouve la sensation d’être épié, d’être victime de tours inexplicables, peut-être d’origine surnaturelle, qui commence à voir des signes là où il n’y a peut-être rien, et qui fait des rêves vraiment bizarres. À l’évidence son inconscient parle, et pour autant le lecteur peut rester aussi dubitatif qu’Édouard lui-même, sans rien comprendre à ces apparitions cryptiques. À la lecture, il se produit un autre phénomène. Le lecteur constate que les pages se tournent vite, tout en déroulant une narration consistante. En artiste complet, le bédéiste adopte une forme en cohérence avec le fond. Par exemple, il accorde une place significative aux aplats de noirs : pour l’obscurité bien sûr, pour des zones d’ombres, pour des recoins impénétrables à l’œil, pour des chevelures, pour des personnages en ombre chinoise, et également des objets en ombre chinoise, pour certains éléments de décors qui deviennent des masses indistinctes comme si le personnage n’y prêtait qu’une vague attention, ou comme s’ils remplissent un rôle symbolique dans l’environnement, leurs détails n’ayant aucune importance. Bien sûr, les scènes nocturnes sont mangées par les ombres, propices à dissimuler tout et n’importe quoi, rendant chaque lieu inquiétant. Les planches comprennent de trois à neuf cases, avec quelques illustrations en pleine page, et des pages muettes dépourvues de tout mot. Le lecteur ressent comme une sensation de décompression dans la narration, tout en appréciant les atmosphères développées par ces cases aux représentations simplifiées, ces jeux avec les aplats de noir, avec des gros plans sur des éléments surprenants, le contraste qui apparaît avec des lieux représentés avec plus de détails. Le lecteur découvre que l’auteur a inséré cinq séquences de rêves, successivement intitulées L’homme qui brûle, In utero, L’autre, Ergot, Fabula. Le symbolisme prend alors le dessus : un désert, un homme dont s’échappe un épais panache de fumée noire à la place de la tête, une porte toute seule au milieu du désert, un homme trouvant son chemin en tenant une corde qui s’avère être un cordon ombilical de plusieurs centaines de mètres, une réalité qui vole littéralement en éclats, des dés sans point sur les faces, des yeux qui épient, etc. Il est possible que ces symboles évoquent des souvenirs pour le lecteur, par exemple les décors conçus par Salvador Dalí (1904-1989) pour le film La maison du docteur Edwardes (1945, Spellbound) d’Alfred Hitchcock (1899-1980). Il reconnaît alors l’imagerie associée à aux rêves dans lesquels s’exprime l’inconscient, telle qu’elle était développée au début du XXe siècle. D’ailleurs, il relève la présence du professeur Jean-Martin Charcot (1825-1893), médecin clinicien et neurologue dans le récit, Édouard assistant à une de ses séances, en présence de son plus célèbre élève. Il est également question de spiritisme, avec la médium Yvonne, Raoul Bricquet un personnage distingué lui servant de rabatteur, et Isidore Buguet ayant inventé un appareil photographique capable de saisir les esprits sur la plaque. Intrigué par des noms aussi particuliers, le lecteur peut avoir la curiosité d’aller chercher sur internet. Il découvre alors un photographe dénommé Édouard Buguet, connu pour être le chef de file de la photographie spirite en France. Le récit apparaît alors comme un hommage à l’engouement pour le spiritisme de l’époque, aux fantasmes générés par la psychanalyse naissante, ainsi qu’à la littérature qui en a découlé, Guy de Maupassant (1850-1893) étant présent à la séance du docteur Charcot à la Salpêtrière. Au-delà de cette évocation, le lecteur peut également percevoir la mise en scène de la capacité de l’esprit humain à évoluer entre croyance et crédulité, à s’auto-persuader, à manipuler autrui. Cette dernière tentation est illustrée à la fois par les pratiques malhonnêtes et cupides d’Yvonne et Raoul Ricquet, ainsi que par la séance d’hypnose imposée à Mathilde par une forme d’intimidation émotionnelle dérangeante. Une couverture chargée de symboles de nature psychanalytique, rehaussée par l’intégration du mot Rêve dans le titre. Une narration visuelle qui semble aérée, avec des formes simplifiées très faciles à lire. Une enquête à rebours sur ce qui a pu survenir à Édouard, le cousin de Mathilde. Au fur et à mesure, une plongée dans le spiritisme de la fin du dix-neuvième siècle, dans son imagerie, dans ses arnaques mondaines, avec des images troublantes, jusqu’à la réalité des tours que l’esprit humain peut jouer à n’importe quel individu. Troublant.

25/12/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
Couverture de la série Blake et Mortimer
Blake et Mortimer

Les récitatifs qui décrivent l'image en-dessous, les discours sans fin, la théâtralité d'Olrik... Parfois longs, mais toujours intéressants, Blake et Mortimer ont failli tomber dans l'oubli, mais Dargaud a flairé le filon et leur a redonné une seconde jeunesse... Je trouve les albums réalisés par le duo Sente-Juillard bien plus intéressants que ceux de leurs collègues Van Hamme-Benoît. La malédiction des trente deniers, diptyque réalisé par trois dessinateurs différents (quelle triste histoire, quand même...), aurait peut-être gagné à être plus condensé, mais se révèle assez plaisant. A ce titre le tome 23, Le Bâton de Plutarque, est l'un des meilleurs que j'aie jamais lus. Sente est très bon pour les intrigues de couloirs, de palais, moins pour l'action, eh bien celui-ci contient un dosage parfait entre ces deux éléments, et se révèle réellement plaisant. De plus il se positionne comme un prequel des albums historiques, puisque la suite des évènements décrits se trouve dans Le Secret de l'Espadon... Et le dessin d'André Juillard, pilier de la ligne claire, est un pur régal... Le diptyque scénarisé par Sente et dessiné par le duo Berserik et Van Dongen, La Vallée des Immortels, est pas mal, surtout sur le plan graphique. Mais carrément long, même s'il se positionne lui aussi comme une suite du Secret de l'espadon... Sur l'intrigue il est un peu agaçant, avec ses espions à tous les coins de rue dans le premier volet... Le n°27, par contre, est l'un des plus faibles de la série. Censé clôturer L'Onde Septimus, ce Cri du Moloch se révèle particulièrement creux et sans saveur. La créature du titre n'a aucune présence, les héros ne font quasiment rien, et hormis quelques réflexions philosophiques sur la double dernière page et l'énième pirouette d'Olrik, il n'y a quasiment rien à en retenir. Même le dessin n'est pas à la hauteur sur une partie des planches. Le n°28, scénarisé par Jean Van Hamme, se place dans une certaine forme de classicisme au niveau des ressorts de l'intrigue, avec les personnages récurrents, les manipulations, les chausse-trapes, et un peu d'exotisme. C'est assez plaisant à mire, jusqu'au moment où le récit bascule, à quelques pages de la fin, de manière presque ridicule... Du coup ça m'a gâché la fin de la lecture, malgré le dessin plutôt réussi. En plus Van Hamme laisse une porte ouverte à une éventuelle suite... Ce n'est certainement pas le meilleur Blake & Mortimer, probablement pas le meilleur du duo Sente-Juillard, mais je tenais à lire le n°30, Signé Olrik. En effet ça s'essouffle, le récit ressemble un peu trop à ce qu'a pu faire Jacobs à la grande époque, sans véritable innovation. Je ne garde pas vraiment une scène en particulier, et la confrontation avec Olrik n'a pas lieu. On sent aussi que Juillard est fatigué, même si ça reste très agréable à 'oeil, il y a moins de paysages que d'habitude. Cependant cela m'a fait plaisir de lire le dernier album d'André Juullard, qui a marqué à jamais la franco-belge. Avec 4 scénaristes et 12 dessinateurs et trices différents, la qualité est fluctuante, mais cette série est autant un monument qu'un archétype de la franco-belge et de la ligne claire.

18/04/2002 (MAJ le 24/12/2024) (modifier)
Couverture de la série L'Iliade et l'Odyssée
L'Iliade et l'Odyssée

Contrairement à beaucoup Homère n'a jamais été une de mes lectures de prédilection. Ce modèle de virilité qui se complait dans les combats et les massacres n'est pas pour moi. Quant au personnage d'Ulysse je le trouve purement machiste. C'est pourquoi j'ai bien aimé l'adaptation proposée par Soledad Bravi qui était éditée en premier lieu dans le journal féminin Elle. On peut lire cette synthèse minimaliste comme une introduction drôle aux chants d'Homère. Perso j'y vois aussi une vision plus moderne et féminine qui met en avant la nature première de ces Héros en rappelant les massacres, les beuveries et les femmes récompenses , repos du guerrier ou traitées de "salope" quand elles prennent une initiative contraire. C'est bien décalé avec un vocabulaire contemporain qui souligne le côté universel du récit. Les deux récits sont assez équilibrés même si L'Iliade bénéficie de l'effet de surprise. Le graphisme est minimaliste ce qui permet de renforcer le côté décalé d'un hommage légèrement irrévérencieux de ces textes quasi sacrés. J'ai trouvé un parfait équilibre entre texte et image pour une lecture amusante , tonique et rafraichissante. Je pousse un peu ma note mais j'ai souvent souri . 3.5

24/12/2024 (modifier)
Couverture de la série 1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta

Je connais très bien l’histoire dont s’est inspiré Dorison pour ce diptyque, c’est même une de celles qui m’a le plus marqué. Du coup, ma seule frustration sera que je connais a priori la suite (sans spoiler, je peux dire aux lecteurs que la noirceur sera au rendez-vous !). C’est une histoire totalement incroyable – mais vraie – qui illustre pas mal de thèmes comme la recherche du pouvoir, le contrôle des masses, la création d’une dictature, etc. A ma connaissance cette histoire vraie n’a jamais été adaptée au cinéma, ce qui ne cesse de m’étonner, tant il n’y a pas grand-chose à ajouter à la réalité pour en faire un film des plus prenants ! J’avais découvert cette histoire par la lecture de deux livres (cités dans la bibliographie de fin du premier volume) : « Les naufragés du Batavia » de Simon Leys (c’est court, synthétique, une bonne entrée en matière) et surtout un ouvrage incontournable de Mike Dash « L’archipel des hérétiques » (si cette histoire vous a captivé, vous devez lire le livre de cet historien, qui développe très bien le contexte et le « casting » en amont, et tous les aspects de cette histoire sordide). Si vous voulez vous en tenir à la BD, cette histoire a déjà été traitée par Dabitch et Pendanx dans leur triptyque Jeronimus. Pour revenir à ce « 1629 », on peut déjà dire que le dessin de Montaigne est excellent (dans la lignée de Lauffray ou Alice), avec une belle colorisation (presque trop belle ou lumineuse par rapport à l’histoire, qui plonge dans les bas-fonds de l’humanité). Quant à l’histoire, Dorison fait un peu l’impasse sur le contexte, la société protestante hollandaise, pour directement plonger dans le voyage, qui plante certaines graines – même si dès le naufrage et l’arrivée sur les récifs où les survivants vont vivre l’enfer une autre histoire commence. La narration est fluide, et il ne prend pas trop de libertés par rapport à ce qui s’est réellement passé. Deux tomes seulement, mais à la pagination très conséquente, il aura donc l’espace pour développer un peu les péripéties. J’attends de voir ce que le second tome va donner, même si je connais l’histoire, car il y a vraiment moyen de faire quelque chose de prenant ! En tout cas ce tome inaugural est déjà une réussite, c’est de l’aventure historique bien menée, et bien mise en images. ******** Maj après lecture du second tome : Le dessin est toujours très bon, bien mis en valeur par le très beau travail éditorial (grand format, fil marque-pages), avec de belles cartes marines. Le récit a basculé dans l'horreur, c'est noir jusqu'au bout (avec quelques pointes d'ironie sur la fin). Les auteurs ont suivi globalement la vraie histoire. Mais il en ont modifié certains détails et ont écarté certains passages (lisez le livre de Dash pour avoir une idée claire, ou plutôt complète de cette histoire hallucinante). Mais, comme dit en conclusion, la réalité est encore plus noire que cette adaptation, qui, une fois n'est pas coutume, n'a pas eu besoin d'en rajouter pour captiver le lecteur. Une histoire incroyable, bien traitée (aussi bien graphiquement que narrativement), une lecture recommandée aux amateurs de récit d'aventure - et à tous les autres.

15/03/2023 (MAJ le 24/12/2024) (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
Couverture de la série Une Vie en parallèle
Une Vie en parallèle

3.5 Un roman graphique touchant qui montre ce qu'était la vie d'un homosexuel lorsque c'était pas du tout accepté. Notre héros homosexuel doit cacher son orientation et faire semblant d'être comme tous les autres ce qui inclut le mariage. Il essai d'être heureux, mais il est toujours attiré par les hommes et cela va détruire sa vie. Il y a quelques longueurs, mais j'ai globalement bien aimé ma lecture. Le récit est réaliste et je me demande si ce n'est pas basé sur une ou plusieurs témoignages de membres des LGBT qui ont vécu cette période. Les moments plus émotionnels m'ont grandement touché tellement le personnage principal est terriblement attachant. La narration est fluide et le one-shot se lit très bien malgré les centaines de pages. Le dessin est élégant et communique bien les émotions.

23/12/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
Couverture de la série Le Spectateur
Le Spectateur

Voila une BD sur laquelle j'ai un jugement paradoxal. Je ne pense pas l'avoir aimé -du moins je n'en suis pas sur- mais j'ai l'impression qu'il s'agit d'une très bonne BD. Étrange étrange ... Il est assez difficile de définir mon avis sur la BD, puisqu'au sortir de ma lecture je ne savais pas réellement quoi en penser. Il faut dire que le propos est étrange et que j'ai du mal à cerner le sujet de l'histoire. Ce gamin muet, c'est une sorte de miroir tendu vers chacun des autres personnages de la BD, une sorte de test dans lequel chacun voit ce qu'il veut voir. L'idée géniale étant de faire de cet état de fait un choix, confrontant directement le lecteur aux personnages en tant que voyeur, comme s'il provoquait ces situations. L'histoire repose surtout sur les personnages et leurs caractères. Tous sont différents, tous sont intéressants. C'est leur comportement, leur évolution qui est intéressante. L'histoire se contente de les suivre et nous les dévoiler petit à petit, avec des moments tristes et des moments de joie. Si j'ai adoré les personnages, je suis moins sur de ce qu'il faut comprendre sur le protagoniste et son obsession pour le morbide, son talent artistique ou son mutisme. J'ai du mal aussi à comprendre certaines choses qui reviennent dans l'histoire (le corbeau ou la voiture) comme des sortes de symbole mais de quoi ? C'est ce qui me fait hésiter sur mon intérêt pour la BD. D'un côté j'étais happé par ces personnages qui sont très vite campés et extrêmement bien développés, de l'autre il y a une étrange sensation vis-à-vis de celui qui nous sert de véhicule. J'ai une opinion assez peu développée sur cette BD mais je la trouve tout de même très bonne. Elle construit doucement quelque chose, je ne saurais dire quoi, qui reste et interroge. J'ai des questions au sortir de cette BD, sans trop savoir si elles sont pertinentes ou si je me triture trop le crâne, mais en même temps je me sens intrigué par elle. Je pense qu'une relecture sera nécessaire, et je ne peux que vous la conseiller. Elle a quelque chose de déroutant.

23/12/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
Couverture de la série Akane-banashi
Akane-banashi

Le père de la petite Akane est un rakugoka, pratiquant d'un art typiquement japonais consistant à raconter une histoire traditionnelle généralement comique en étant simplement assis sur un coussin et en jouant soi-même les rôles de tous les protagonistes. Aussi passionné soit-il, le jour de son examen pour devenir maître, son père et les autres disciples en lice sont tous brutalement exclus de leur école sans que le grand maître ne daigne expliquer pourquoi. Marquée par cette injustice, Akane se promet de devenir un jour elle aussi une grande professionnelle du Rakugo et de montrer à ce grand maître qu'il a eu tort de briser la carrière de son père. Et 6 ans plus tard, après de nombreux entrainements et dotée d'un véritable talent naturel, elle se retrouve enfin sur la scène devant un véritable public. Mais ce n'est là que le tout premier pas dans le complexe apprentissage du Rakugo jusqu'à atteindre le rang de maître. Si je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que c'est un très bon manga, c'est parce qu'il a su m'intéresser à un art qui n'avait strictement rien pour cela à la base. En effet, je l'avais déjà découvert à la lecture de la série Le Disciple de Doraku et j'ai presque eu l'impression que c'était un autre art tant il m'est apparu ici plus clair, plus moderne et plus touchant. On y suit des personnages intelligents, avec de saines rivalités et parfois quelques conflits mais qui finissent par se résoudre par la communication. En même temps que l'héroïne, on en apprend de plus en plus sur l'art du Rakugo et des nombreux points permettant de le maîtriser de mieux en mieux, dont beaucoup s'apparentent à de judicieux conseils pour le théâtre aussi. La narration emprunte ici et là quelques éléments au shonen nekketsu, notamment en captant l'attention du lecteur par quelques compétitions, dont une première qui s'étale sur presque 3 albums du tome 2 au 4. On y retrouve ceci dit aussi quelques défauts de ce genre avec non pas des combats mais des représentations de Rakugo de l'héroïne qui s'étirent parfois un peu en longueur car elles sont entrecoupées de plusieurs flash-backs et autres commentaires experts des spectateurs avisés. Mais ça passe bien car il s'agit là encore de réflexions intelligentes. Et quand on n'assiste pas à du pur apprentissage ou des représentations, on a également droit à des découvertes de l'histoire du Rakugo mais aussi des nombreuses traditions ancestrales japonaises parmi lesquelles il s'intègre. Le tout étant présenté dans un esprit jeune et moderne, loin des traditions ennuyeuses et d'un autre âge. L'ensemble est réaliste et ce n'est pas parce que l'héroïne est très douée pour son âge qu'elle arrive à griller trop vite les étapes. On notera d'ailleurs un autre aspect réaliste qui est que lorsqu'elle bat des rivaux dans une compétition, ceux-ci ne disparaissent pas du cadre de l'histoire et on les retrouve ensuite régulièrement, ayant eux aussi progressé et appris de leurs erreurs, dépassant même parfois l'héroïne en au moins une occasion. Mais ce réalisme implique aussi un développement sur la grande longueur : il faudra attendre en effet plus de quatorze tomes pour voir l'héroïne pouvoir devenir une vraie professionnelle comme l'était son père auparavant, ce qui lui laisse encore beaucoup de marge avant d'attendre le stade de maître. Heureusement, la narration et les personnages sont tellement bons qu'on replonge très vite dans l'ambiance dès qu'on réouvre un nouveau tome.

23/12/2024 (modifier)
Couverture de la série Hypericon
Hypericon

Du pur roman graphique, mais c'est bien construit et bien illustré. Fior nous présente deux récits en parallèle, et parvient très bien à les lier. Le récit principal tourne autour de Teresa, jeune et brillante archéologue qui vient de décrocher une pige pour participer à l'organisation d'une exposition sur Toutankhamon à Berlin. Elle y rencontre un jeune italien artiste bohème et fantasque, son exact opposé. Leur histoire d'amour (montrée parfois crûment - sans que cela ne fasse déplacé) va bouleverser tous les aspects de la vie de Teresa. En parallèle nous suivons, au travers du texte d'Howard Carter, la découverte de la tombe de Toutankhamon au début des années 1920. C'est l'occasion pour Fior d'évoquer une réflexion sur le temps, les différentes façons d'appréhender et de se représenter passé et futur, mais aussi en fin d'album d'expliciter le titre, en reliant définitivement les deux récits. Le fait de situer le récit principal à la fin des années 1990 à Berlin n'est pas anodin. Le "mur" vient de tomber, semblant ouvrir une nouvelle ère. Les déambulations des deux héros nous montrent bien une ville en ébullition, les constructions modernes se multipliant à l'emplacement de l'ancien Mur. Le fait que l'album se finisse sur les attentats du 11 septembre 2001 illustre la fragilité des certitudes, et la non linéarité du temps vécu, ainsi que les ruptures menaçant l'équilibre du bonheur. Comme Toutankhamon mort jeune. Où comme Teresa, dont les insomnies rendent parfois fragile son équilibre amoureux. Une chouette lecture, avec un dessin que j'ai trouvé sympa, et une colorisation très agréable.

23/12/2024 (modifier)