De Cornillon, je connaissais surtout ses travaux avec Chaland sur Captivant qui avaient déjà un ton décalé. Ici, on dirait qu'il se défoule vraiment en créant Ed le reporter qui raconte les reportages qu'il a couverts et qui sont tous totalement farfelus. J'ai retrouvé cette Bd dans l'Echo des Savanes de 1984, et j'avoue que je ne me suis pas ennuyé un seul instant.
Ces historiettes sont d'un niveau à peu près égal et servent à Cornillon pour se livrer à une sorte de pastiche des littératures populaires, à un détournement de genres et de petits faits autour de la pop culture, c'est beaucoup moins féroce que chez Crumb ou Vuillemin et Reiser, mais c'est joyeusement drôle. En fait, sous couvert d'aventures vaguement policières et d'enquêtes menées par un héros fantaisiste autour de dinosaures, de martiens et autres rencontres étonnantes, c'est un mélange indescriptible de genres, ponctué de clins d'oeil, et c'est totalement inclassable, même si l'humour domine, la Bd mérite donc bien de figurer dans la catégorie inclassable.
J'adore le dessin en forme de fausse Ligne Claire (parce qu'il y a des ombres), il ressemble un peu à celui de Jean-Claude Denis, c'est très agréable.
A noter que cette bande a connu une suite dans Pilote en 1987, avec un récit intitulé "Dans l'enfer de l'enfer", où le héros Ed se retrouvait effectivement aux enfers et où le ton était beaucoup plus surréaliste ; malheureusement, Pilote s'est arrêté en 1989, laissant la bande inachevée, mais je crois qu'il existe un album chez un petit éditeur qui a repris l'intégralité des planches, on doit pouvoir le trouver sur amazon ou rakuten.
En attendant, je conseille ce "Panique à la une" à tous ceux qui veulent se lancer dans le journalisme et connaitre la gloire et les femmes, c'est un vrai métier d'avenir !
Je suis déçu parce qu'au vu des notes je m'attendais à lire un truc spectaculaire, mais au final j'imagine que cela n'aurait pas du me surprendre car cela vient de l'auteur de Lune d'argent sur Providence, une autre série que le monde entier semblait trouver exceptionnelle sauf une minorité dont je faisais partie.
Certes, le dessin est dynamique et agréable à regarder, mais le scénario m'a semblé bien mince. Le récit avance un peu dans ce premier tome, mais pour l'instant il a surtout servi à présenter les différents personnages de la série. Comme tout bon film de monstres, on va surtout montrer les humains et pour l'instant on voit peu Kong. Cela ne me dérangerait pas si les personnages étaient intéressants, or pour l'instant on voit surtout le groupe de personnages qui m'ont le moins intéressé, à savoir les pilotes d'avions et la belle femme forte de service. Il va bien sûr y avoir un triangle amoureux entre le héros, la femme et un autre pilote un peu brute. Moi je voulais lire King Kong, pas Top Gun !
Heureusement, dans le dernier tiers de l'album, on introduit de nouveaux personnages qui sont un peu plus intéressants et la situation du héros à la fin de ce tome me donne un peu envie de lire la suite pour voir ce qui va arriver. Pour l'instant, une série un peu prometteuse qui vaut surtout pour son graphisme. Un divertissement popcorn.
Les portes du pénitencier, bientôôôt vont se refermer, et c'est lààààà que je finirai ma vie... Non, pas pour notre ami Roscoe...
Une adaptation d'un roman américain, qui se passe au pays du maïs et des champs de coton au début du XXème siècle. Alex W. Inker, le bien nommé, redessine cette histoire du brave Roscoe, électricien lettré de l’Alabama qui va sauter le pas de l'illégalité pour sauver le ferme de sa femme et se retrouver en taule pendant 20 ans. Il reviendra au bout de sa peine, revêtu de sa salopette rouge, retrouver un monde qui ne l'a pas attendu.
Bref c'est noir et rouge, comme la tenue des prisonniers, comme leur visage mal rasées, comme les chiens qui poursuivent les évadés, comme les livres qu'il range en tant que libraire de la prison.
En fait, ça fout le bourdon, mais c'est très bien fait. Des dialogues simples, des gueules marquées par la vie. Des dessins bicolores avec des gros traits à l'encre noire à l'ancienne, et du rouge en traits, en à plat, ou en trames. Assez peu de cases par page, mais 180 pages quand même, dans une édition un peu vintage au papier râpeux.
Un cadeau pour un amateur de Johnny, peut-être ?
tome 1
Je suis un inconditionnel de la série Buck Danny. D'ailleurs je possède tous les albums et je me suis lancé avec plaisir dans la série des "Aventures de Buck Danny (classic)" .
C'est donc avec curiosité que je me suis lancé dans la lecture de cet album (j'avais lu les seize premières planches parue dans l' intégrale "tout Buck Danny") )imaginé en partie par Charlier. Et bien, je n'ai nullement été déçu.
Cet opus répond parfaitement aux canons de la série avec un Sonny gaffeur à souhait, un scénario assez manichéen (les bons américains contre les abominables bolchéviques) et son lot d'espionnes. Certes ce premier volume manque un peu de scènes aériennes (mais Bergèse , même s'il ne le dessinera pas , a annoncé des scènes de combats aériens pour le tome 2. D'ailleurs, ce qui fait la force de ce volume c'est de retrouver le dessin de Bergèse, un dessin impeccable et net. Je regrette qu'il n'ait pas continué la série. Il est sans nul doute l'un des meilleurs dessinateurs de Buck Danny (avec Hubinon).
Un petit regret également. Comme l'ont fait remarquer certains, il était inutile de donner les traits de Laverdure, de Laurel et Hardy à certains personnages, certes secondaires, mais tout de même.
Un très bon album, sur fond de guerre froide.
En tout cas , je serai au rendez-vous pour le tome 2, qui sera piloté par Arroyo, Zumbiehl et Marniquet.
tome 2
Avec ce second tome, nous connaissons enfin le terme de cette aventure débutée par Charlier et poursuivie ici par Buendia et Zumbiehl.
Le scénario s'inscrit dans un contexte de fin de guerre froide, avec les suites du fameux projet "Stars Wars" imaginé par l'Administration Reagan, qui pour certains, amènera à la chute de l'URSS. Les auteurs développent dans cet opus un récit d'espionnage au détriment d'une aventure privilégiant les scènes et combats aériens (et c'est un peu dommage). Même le général soviétique Stanitsim prend ici les traits du général Ourumov, que l'on retrouve dans "Goldeneyes" (James Bond)
Je ne peux regretter l'emploi abusif du terme "popov" à toutes les pages, pour désigner les soviétiques. Tout comme, je trouve un peu regrettable que l'expression "John Doe" soit expliquée 2 fois (page 12 et page 25,sous forme d'un renvoi en bas de page)
Enfin, les auteurs ont eu par contre la bonne idée de faire revenir Slim Holder (qui était présent entre autre dans " le retour des tigres volants"), pour palier l'absence de Tumbler retenu ailleurs...
Le récit est très dense et aussi très riche, avec tout un pan de l'histoire de l'aviation américaine que l'on découvre avec l'apparition de Clarence Johnson .
Côté dessin André Le Bras succède à Francis Bergèse. Même si j'ai trouvé les visages de nos héros un peu lisses, il s'en tire très bien avec un dessin classique et efficace. On a vu pire sur la série par le passé.
En résumé, un bon album qui ne lit pas en 10 minutes et qui manque de combats aériens.
Glaçant et dérangeant.
Je n'ai pas lu le roman original, mais je comprends bien pourquoi ce livre a fait scandale à sa sortie : La morale est entièrement bouleversée, la crudité des sentiments et des actes du héros ont eu de quoi rendre perplexe les médias des années 50/60. Un nègre blanc se venge du lynchage de son petit frère en abusant de riches filles désœuvrées.
Boris Vian, caché derrière le nom de Vernon Sullivan, et se prétendant son traducteur, peut se jeter à corps perdu dans un fantasme d'écriture américaine : phrases courtes, dépravation, violences raciales, déracinement.
L'adaptation de Morvan mélange cette avidité vers une liberté imaginée d'outre-atlantique et une esthétique un peu antique, avec des corps musculeux, nus et blonds. Si bien que ce drame issu de la ségrégation raciale finit par parler de la douleur des noirs sans jamais en montrer un seul. Ce qui a un coté encore plus déplacé. La voix Off suit le point de vue du héros. Les couleurs pâles et peu nombreuses, dans une lumière blafarde, et les traits indécis, contribuent à une sorte d’ambiguïté générale qui pèse tout du long. Les grandes maisons coloniales et les voitures américaines restent dans un crayonné vague, comme pour éviter tout plaisir de l’œil, intempestif.
Personne n'est vraiment sauvé dans ce scénario : la vie des riches blancs est vide, les noirs son absents, mis à part ce cheval de Troyes qu'est le Héros, caché sous la profession inoffensive de libraire. Pas d'empathie, pas de psychologie non plus. La cruauté pourrait presque être perçue comme un acte gratuit. Bref ça questionne, A qui peut-on s'identifier dans cette histoire ?
A Personne.
J’ai découvert cet auteur argentin en tant qu’auteur complet avec son album Chère Patagonie, que j’avais trouvé très beau. Je poursuis donc ma visite de « son » Argentine avec ce « Bandonéon ».
J’y ai retrouvé son trait caractéristique, proche de ceux de de Crécy ou de Gippi, un trait moderne proche d’un crayonné parfois, une colorisation le plus souvent en retenue, avec un rendu presque sépia (je suis moins fan de ses essais de colorisation plus classique, avec des choses plus bigarrées – comme j’avais aussi pu le voir pour son travail sur Retour au Kosovo, mais il n’y en a que quelques planches vers la fin). Mais j’y ai aussi moins rencontré de planches superbes, d’une beauté intense et très sombre, presque des tableaux abstraits, comme pour « Chère Patagonie » (il est vrai que nous ne sommes pas ici dans les vastes étendues désertes du sud de l’Argentine). Je suis séduit donc, mais pas enthousiasmé sur cet album pour ce qui concerne l’aspect graphique.
Sinon, on retrouve là encore différents styles graphiques, mais aussi une déconstruction du classique gaufrier (parfois pas de cases, parfois beaucoup très petites, il y a de tout !).
C’est donc un peu déconcertant, comme l’est l’intrigue elle-même, qui nous fait suivre quelques personnages au cœur du XXème siècle.
Y sont traités « par la bande » des thèmes qui intéressent l’auteur – et qui sont centraux en Argentine, à savoir l’immigration (italienne en particulier ici) et les luttes sociales (allusion aux actions anarchistes, et aux dictatures). Et bien sûr le tango, qui traverse en filigrane l’album.
C’est un album qui pourrait se lire vite, malgré la pagination (peu de dialogues, de nombreuses planches quasi muettes), mais qui se révèle bien plus exigeant qu’il n’en a l’air. Planant, mais aussi nécessitant une attention soutenue.
A découvrir à l’occasion.
C'est sans grand enthousiasme que je me suis lancé dans cette lecture qui aborde un pan précieux de l'histoire sociale belge. En effet, cet album nous retrace les grandes lignes de l'histoire de sa sécurité sociale. D'une part le sujet pourrait sembler rébarbatif, et le trait de Harald n'est pas spécialement ce qui m'attire le plus d'un point de vue graphique (les goûts et les couleurs...).
Mais il faut avouer qu'Harald a du talent pour réussir à nous accrocher jusqu'au bout de son album. D'une part la narration croisée qu'il développe entre le l'opération du cœur d'un nourrisson aujourd'hui et les négociations de personnalités qui réfléchissaient à l'après guerre fin 1944 est habile. Autre point fort, sans rentrer dans le détail et un jargon administratif on saisit aisément les difficultés et enjeux que chaque partenaire social défend. Et c'est grâce à ce subtil équilibre qu'on réalise tout les intérêts du système mis en place depuis la libération et qui permet aujourd'hui à chacun d'en profiter sans vraiment réaliser l'avancée sociale qui en a découlé. Il nous permet aussi de mettre en lumière que ce système qui peut paraître naturel au français ou belge que nous somme qu'il est loin d'être universel et qu'il reste fragile. Les appétits voraces du capitalisme aimeraient bien mettre la main sur ce système qui brasse des quantités d'argent plus qu'alléchantes...
Cet album se révèle donc instructif et permet aussi de nous rappeler que ces avantages sociaux acquis sont aujourd'hui menacés et qu'il est plus que jamais nécessaire de veiller à ce qu'ils perdurent pour le bien du plus grand nombre.
Vous attendiez des révélations sur la franc-maçonnerie grâce à cet album ? Oubliez !
"Grand-Orient", loin de nous plonger dans le fantasme ésotérique séculaire que nous "promet" la franc-maçonnerie, démystifie grandement le mythe. Jérôme Denis, journaliste et franc-maçon au Grand Orient nous propose de nous faire petites souris pour découvrir cet univers grand-guignolesque par certains abords, bien loin de ce que tout un chacun pourrait fantasmer. De l'initiation foireuse aux "rapports fraternels" entre loge, on est bien loin de ce que l'on pourrait imaginer, tout en ramenant cette organisation à quelque chose de finalement beaucoup plus humain, ses travers inclus... Problèmes de chaises, de "muffins", d'égo, de racisme ou de couples, la franc-maçonnerie a finalement elle aussi des problèmes bien terre à terre à régler avant de s'occuper des préoccupations de notre monde...
C'est avec un trait simple et efficace qu'Alexandre Franc (ça s'invente pas...) nous croque cette institution et ses relations. Les personnages et décors restent sommaires mais permettent de bien mettre en avant ces relations et ces fantasmes qui s'entremêlent autour de la franc-maçonnerie.
Sans être extraordinaire, moi qui partait plutôt à reculons dans cette lecture, j'avoue avoir passé un moment de lecture agréable qui lève un brin de voile sur cette institution en la descendant doucement de son piédestal.
Les éditions Steinkis, qui ont repris la devise d’Isaac Newton «Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts», propose ici un ouvrage qui relate un procès survenu en 1913 dans le Sud des États-Unis et qui a fait grand bruit à l’époque. Tous les faits repris dans cette BD sont véridiques.
Ce procès, qui fut un genre d’affaire Dreyfus américaine, aborde divers aspects de la société américaine du début du XXème siècle : racisme, antisémitisme, manipulation de l’opinion publique, immunité de certaines personnes, misère sociale, etc. On y voit aussi que les choses, même si elles ont un peu évolué, n’ont pas complètement changé depuis lors. Ne croyons cependant pas que cette problématique n’est qu’américaine car les mêmes thèmes touchent également notre chère « vieille Europe » d’une façon un peu différente certes mais pas si éloignée.
Le scénario est donc un reportage assez objectif, même si on sent un certain parti pris du scénariste, ce qui est bien compréhensible vu la manière inique dont le procès s’est déroulé.
Le quatrième de couverture laisse présumer qu’il y a du suspense dans cette BD (« Deux suspects sont identifiés par la police : un balayeur noir et alcoolique et le patron de l’usine, un nordiste riche et juif. La foule exige un coupable… »). Mais il n’en est rien car le titre et les premières pages dévoilent d’emblée la fin du principal accusé. C’est dommage car j’aurais aimé vivre le procès et ses rebondissements en suivant les craintes et les espoirs de l’accusé plutôt que d’en être réduit à lire le détail de la manière dont on en est arrivé à lyncher ce pauvre homme. Pourquoi diantre certains auteurs pensent-ils rendre plus intéressants leurs récits en y incorporant des flashbacks plutôt qu’en suivant simplement le fil de l’histoire ?
Le dessin n’est pas des plus agréables.
Même si je n’ai pas trouvé la forme de cette BD particulièrement captivante tant au niveau du dessin que de la découpe scénaristique, le sujet abordé et la véracité de ce fait historique m’incite à mettre une cote honorable à ce one-shot.
Pas forcément mon truc, mais cette histoire peut largement trouver son public.
Il faut juste être amateur d’histoires d’amour atypiques. En effet, celle-ci illustre l’adage selon lequel les histoires d’amour finissent mal, en général. Il faut dire qu’ici elle finit mal sans avoir totalement commencé.
C’est un road-movie aux belles images des vastes espaces nord-américains (au Canada et aux États-Unis) – le dessin de Gamberini (proche de celui de de Metter, en un peu plus chargé et parfois "criard" sur certaines couleurs), avec ses aquarelles au rendu très réaliste, contribuant d’ailleurs à nous faire apprécier le voyage. C'est dessin qui m'avait attiré vers cet album, après un rapide feuilletage.
Histoire simple, qui se laisse lire. Je n’y retournerai pas, mais c’est là simplement affaire de goût.
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Panique à la une
De Cornillon, je connaissais surtout ses travaux avec Chaland sur Captivant qui avaient déjà un ton décalé. Ici, on dirait qu'il se défoule vraiment en créant Ed le reporter qui raconte les reportages qu'il a couverts et qui sont tous totalement farfelus. J'ai retrouvé cette Bd dans l'Echo des Savanes de 1984, et j'avoue que je ne me suis pas ennuyé un seul instant. Ces historiettes sont d'un niveau à peu près égal et servent à Cornillon pour se livrer à une sorte de pastiche des littératures populaires, à un détournement de genres et de petits faits autour de la pop culture, c'est beaucoup moins féroce que chez Crumb ou Vuillemin et Reiser, mais c'est joyeusement drôle. En fait, sous couvert d'aventures vaguement policières et d'enquêtes menées par un héros fantaisiste autour de dinosaures, de martiens et autres rencontres étonnantes, c'est un mélange indescriptible de genres, ponctué de clins d'oeil, et c'est totalement inclassable, même si l'humour domine, la Bd mérite donc bien de figurer dans la catégorie inclassable. J'adore le dessin en forme de fausse Ligne Claire (parce qu'il y a des ombres), il ressemble un peu à celui de Jean-Claude Denis, c'est très agréable. A noter que cette bande a connu une suite dans Pilote en 1987, avec un récit intitulé "Dans l'enfer de l'enfer", où le héros Ed se retrouvait effectivement aux enfers et où le ton était beaucoup plus surréaliste ; malheureusement, Pilote s'est arrêté en 1989, laissant la bande inachevée, mais je crois qu'il existe un album chez un petit éditeur qui a repris l'intégralité des planches, on doit pouvoir le trouver sur amazon ou rakuten. En attendant, je conseille ce "Panique à la une" à tous ceux qui veulent se lancer dans le journalisme et connaitre la gloire et les femmes, c'est un vrai métier d'avenir !
The Kong Crew
Je suis déçu parce qu'au vu des notes je m'attendais à lire un truc spectaculaire, mais au final j'imagine que cela n'aurait pas du me surprendre car cela vient de l'auteur de Lune d'argent sur Providence, une autre série que le monde entier semblait trouver exceptionnelle sauf une minorité dont je faisais partie. Certes, le dessin est dynamique et agréable à regarder, mais le scénario m'a semblé bien mince. Le récit avance un peu dans ce premier tome, mais pour l'instant il a surtout servi à présenter les différents personnages de la série. Comme tout bon film de monstres, on va surtout montrer les humains et pour l'instant on voit peu Kong. Cela ne me dérangerait pas si les personnages étaient intéressants, or pour l'instant on voit surtout le groupe de personnages qui m'ont le moins intéressé, à savoir les pilotes d'avions et la belle femme forte de service. Il va bien sûr y avoir un triangle amoureux entre le héros, la femme et un autre pilote un peu brute. Moi je voulais lire King Kong, pas Top Gun ! Heureusement, dans le dernier tiers de l'album, on introduit de nouveaux personnages qui sont un peu plus intéressants et la situation du héros à la fin de ce tome me donne un peu envie de lire la suite pour voir ce qui va arriver. Pour l'instant, une série un peu prometteuse qui vaut surtout pour son graphisme. Un divertissement popcorn.
Un travail comme un autre
Les portes du pénitencier, bientôôôt vont se refermer, et c'est lààààà que je finirai ma vie... Non, pas pour notre ami Roscoe... Une adaptation d'un roman américain, qui se passe au pays du maïs et des champs de coton au début du XXème siècle. Alex W. Inker, le bien nommé, redessine cette histoire du brave Roscoe, électricien lettré de l’Alabama qui va sauter le pas de l'illégalité pour sauver le ferme de sa femme et se retrouver en taule pendant 20 ans. Il reviendra au bout de sa peine, revêtu de sa salopette rouge, retrouver un monde qui ne l'a pas attendu. Bref c'est noir et rouge, comme la tenue des prisonniers, comme leur visage mal rasées, comme les chiens qui poursuivent les évadés, comme les livres qu'il range en tant que libraire de la prison. En fait, ça fout le bourdon, mais c'est très bien fait. Des dialogues simples, des gueules marquées par la vie. Des dessins bicolores avec des gros traits à l'encre noire à l'ancienne, et du rouge en traits, en à plat, ou en trames. Assez peu de cases par page, mais 180 pages quand même, dans une édition un peu vintage au papier râpeux. Un cadeau pour un amateur de Johnny, peut-être ?
Buck Danny - Les Oiseaux noirs
tome 1 Je suis un inconditionnel de la série Buck Danny. D'ailleurs je possède tous les albums et je me suis lancé avec plaisir dans la série des "Aventures de Buck Danny (classic)" . C'est donc avec curiosité que je me suis lancé dans la lecture de cet album (j'avais lu les seize premières planches parue dans l' intégrale "tout Buck Danny") )imaginé en partie par Charlier. Et bien, je n'ai nullement été déçu. Cet opus répond parfaitement aux canons de la série avec un Sonny gaffeur à souhait, un scénario assez manichéen (les bons américains contre les abominables bolchéviques) et son lot d'espionnes. Certes ce premier volume manque un peu de scènes aériennes (mais Bergèse , même s'il ne le dessinera pas , a annoncé des scènes de combats aériens pour le tome 2. D'ailleurs, ce qui fait la force de ce volume c'est de retrouver le dessin de Bergèse, un dessin impeccable et net. Je regrette qu'il n'ait pas continué la série. Il est sans nul doute l'un des meilleurs dessinateurs de Buck Danny (avec Hubinon). Un petit regret également. Comme l'ont fait remarquer certains, il était inutile de donner les traits de Laverdure, de Laurel et Hardy à certains personnages, certes secondaires, mais tout de même. Un très bon album, sur fond de guerre froide. En tout cas , je serai au rendez-vous pour le tome 2, qui sera piloté par Arroyo, Zumbiehl et Marniquet. tome 2 Avec ce second tome, nous connaissons enfin le terme de cette aventure débutée par Charlier et poursuivie ici par Buendia et Zumbiehl. Le scénario s'inscrit dans un contexte de fin de guerre froide, avec les suites du fameux projet "Stars Wars" imaginé par l'Administration Reagan, qui pour certains, amènera à la chute de l'URSS. Les auteurs développent dans cet opus un récit d'espionnage au détriment d'une aventure privilégiant les scènes et combats aériens (et c'est un peu dommage). Même le général soviétique Stanitsim prend ici les traits du général Ourumov, que l'on retrouve dans "Goldeneyes" (James Bond) Je ne peux regretter l'emploi abusif du terme "popov" à toutes les pages, pour désigner les soviétiques. Tout comme, je trouve un peu regrettable que l'expression "John Doe" soit expliquée 2 fois (page 12 et page 25,sous forme d'un renvoi en bas de page) Enfin, les auteurs ont eu par contre la bonne idée de faire revenir Slim Holder (qui était présent entre autre dans " le retour des tigres volants"), pour palier l'absence de Tumbler retenu ailleurs... Le récit est très dense et aussi très riche, avec tout un pan de l'histoire de l'aviation américaine que l'on découvre avec l'apparition de Clarence Johnson . Côté dessin André Le Bras succède à Francis Bergèse. Même si j'ai trouvé les visages de nos héros un peu lisses, il s'en tire très bien avec un dessin classique et efficace. On a vu pire sur la série par le passé. En résumé, un bon album qui ne lit pas en 10 minutes et qui manque de combats aériens.
J'irai cracher sur vos tombes
Glaçant et dérangeant. Je n'ai pas lu le roman original, mais je comprends bien pourquoi ce livre a fait scandale à sa sortie : La morale est entièrement bouleversée, la crudité des sentiments et des actes du héros ont eu de quoi rendre perplexe les médias des années 50/60. Un nègre blanc se venge du lynchage de son petit frère en abusant de riches filles désœuvrées. Boris Vian, caché derrière le nom de Vernon Sullivan, et se prétendant son traducteur, peut se jeter à corps perdu dans un fantasme d'écriture américaine : phrases courtes, dépravation, violences raciales, déracinement. L'adaptation de Morvan mélange cette avidité vers une liberté imaginée d'outre-atlantique et une esthétique un peu antique, avec des corps musculeux, nus et blonds. Si bien que ce drame issu de la ségrégation raciale finit par parler de la douleur des noirs sans jamais en montrer un seul. Ce qui a un coté encore plus déplacé. La voix Off suit le point de vue du héros. Les couleurs pâles et peu nombreuses, dans une lumière blafarde, et les traits indécis, contribuent à une sorte d’ambiguïté générale qui pèse tout du long. Les grandes maisons coloniales et les voitures américaines restent dans un crayonné vague, comme pour éviter tout plaisir de l’œil, intempestif. Personne n'est vraiment sauvé dans ce scénario : la vie des riches blancs est vide, les noirs son absents, mis à part ce cheval de Troyes qu'est le Héros, caché sous la profession inoffensive de libraire. Pas d'empathie, pas de psychologie non plus. La cruauté pourrait presque être perçue comme un acte gratuit. Bref ça questionne, A qui peut-on s'identifier dans cette histoire ? A Personne.
Bandonéon
J’ai découvert cet auteur argentin en tant qu’auteur complet avec son album Chère Patagonie, que j’avais trouvé très beau. Je poursuis donc ma visite de « son » Argentine avec ce « Bandonéon ». J’y ai retrouvé son trait caractéristique, proche de ceux de de Crécy ou de Gippi, un trait moderne proche d’un crayonné parfois, une colorisation le plus souvent en retenue, avec un rendu presque sépia (je suis moins fan de ses essais de colorisation plus classique, avec des choses plus bigarrées – comme j’avais aussi pu le voir pour son travail sur Retour au Kosovo, mais il n’y en a que quelques planches vers la fin). Mais j’y ai aussi moins rencontré de planches superbes, d’une beauté intense et très sombre, presque des tableaux abstraits, comme pour « Chère Patagonie » (il est vrai que nous ne sommes pas ici dans les vastes étendues désertes du sud de l’Argentine). Je suis séduit donc, mais pas enthousiasmé sur cet album pour ce qui concerne l’aspect graphique. Sinon, on retrouve là encore différents styles graphiques, mais aussi une déconstruction du classique gaufrier (parfois pas de cases, parfois beaucoup très petites, il y a de tout !). C’est donc un peu déconcertant, comme l’est l’intrigue elle-même, qui nous fait suivre quelques personnages au cœur du XXème siècle. Y sont traités « par la bande » des thèmes qui intéressent l’auteur – et qui sont centraux en Argentine, à savoir l’immigration (italienne en particulier ici) et les luttes sociales (allusion aux actions anarchistes, et aux dictatures). Et bien sûr le tango, qui traverse en filigrane l’album. C’est un album qui pourrait se lire vite, malgré la pagination (peu de dialogues, de nombreuses planches quasi muettes), mais qui se révèle bien plus exigeant qu’il n’en a l’air. Planant, mais aussi nécessitant une attention soutenue. A découvrir à l’occasion.
Un coeur en commun - La belge histoire de la sécurité sociale
C'est sans grand enthousiasme que je me suis lancé dans cette lecture qui aborde un pan précieux de l'histoire sociale belge. En effet, cet album nous retrace les grandes lignes de l'histoire de sa sécurité sociale. D'une part le sujet pourrait sembler rébarbatif, et le trait de Harald n'est pas spécialement ce qui m'attire le plus d'un point de vue graphique (les goûts et les couleurs...). Mais il faut avouer qu'Harald a du talent pour réussir à nous accrocher jusqu'au bout de son album. D'une part la narration croisée qu'il développe entre le l'opération du cœur d'un nourrisson aujourd'hui et les négociations de personnalités qui réfléchissaient à l'après guerre fin 1944 est habile. Autre point fort, sans rentrer dans le détail et un jargon administratif on saisit aisément les difficultés et enjeux que chaque partenaire social défend. Et c'est grâce à ce subtil équilibre qu'on réalise tout les intérêts du système mis en place depuis la libération et qui permet aujourd'hui à chacun d'en profiter sans vraiment réaliser l'avancée sociale qui en a découlé. Il nous permet aussi de mettre en lumière que ce système qui peut paraître naturel au français ou belge que nous somme qu'il est loin d'être universel et qu'il reste fragile. Les appétits voraces du capitalisme aimeraient bien mettre la main sur ce système qui brasse des quantités d'argent plus qu'alléchantes... Cet album se révèle donc instructif et permet aussi de nous rappeler que ces avantages sociaux acquis sont aujourd'hui menacés et qu'il est plus que jamais nécessaire de veiller à ce qu'ils perdurent pour le bien du plus grand nombre.
Grand Orient
Vous attendiez des révélations sur la franc-maçonnerie grâce à cet album ? Oubliez ! "Grand-Orient", loin de nous plonger dans le fantasme ésotérique séculaire que nous "promet" la franc-maçonnerie, démystifie grandement le mythe. Jérôme Denis, journaliste et franc-maçon au Grand Orient nous propose de nous faire petites souris pour découvrir cet univers grand-guignolesque par certains abords, bien loin de ce que tout un chacun pourrait fantasmer. De l'initiation foireuse aux "rapports fraternels" entre loge, on est bien loin de ce que l'on pourrait imaginer, tout en ramenant cette organisation à quelque chose de finalement beaucoup plus humain, ses travers inclus... Problèmes de chaises, de "muffins", d'égo, de racisme ou de couples, la franc-maçonnerie a finalement elle aussi des problèmes bien terre à terre à régler avant de s'occuper des préoccupations de notre monde... C'est avec un trait simple et efficace qu'Alexandre Franc (ça s'invente pas...) nous croque cette institution et ses relations. Les personnages et décors restent sommaires mais permettent de bien mettre en avant ces relations et ces fantasmes qui s'entremêlent autour de la franc-maçonnerie. Sans être extraordinaire, moi qui partait plutôt à reculons dans cette lecture, j'avoue avoir passé un moment de lecture agréable qui lève un brin de voile sur cette institution en la descendant doucement de son piédestal.
Ils ont tué Leo Frank
Les éditions Steinkis, qui ont repris la devise d’Isaac Newton «Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts», propose ici un ouvrage qui relate un procès survenu en 1913 dans le Sud des États-Unis et qui a fait grand bruit à l’époque. Tous les faits repris dans cette BD sont véridiques. Ce procès, qui fut un genre d’affaire Dreyfus américaine, aborde divers aspects de la société américaine du début du XXème siècle : racisme, antisémitisme, manipulation de l’opinion publique, immunité de certaines personnes, misère sociale, etc. On y voit aussi que les choses, même si elles ont un peu évolué, n’ont pas complètement changé depuis lors. Ne croyons cependant pas que cette problématique n’est qu’américaine car les mêmes thèmes touchent également notre chère « vieille Europe » d’une façon un peu différente certes mais pas si éloignée. Le scénario est donc un reportage assez objectif, même si on sent un certain parti pris du scénariste, ce qui est bien compréhensible vu la manière inique dont le procès s’est déroulé. Le quatrième de couverture laisse présumer qu’il y a du suspense dans cette BD (« Deux suspects sont identifiés par la police : un balayeur noir et alcoolique et le patron de l’usine, un nordiste riche et juif. La foule exige un coupable… »). Mais il n’en est rien car le titre et les premières pages dévoilent d’emblée la fin du principal accusé. C’est dommage car j’aurais aimé vivre le procès et ses rebondissements en suivant les craintes et les espoirs de l’accusé plutôt que d’en être réduit à lire le détail de la manière dont on en est arrivé à lyncher ce pauvre homme. Pourquoi diantre certains auteurs pensent-ils rendre plus intéressants leurs récits en y incorporant des flashbacks plutôt qu’en suivant simplement le fil de l’histoire ? Le dessin n’est pas des plus agréables. Même si je n’ai pas trouvé la forme de cette BD particulièrement captivante tant au niveau du dessin que de la découpe scénaristique, le sujet abordé et la véracité de ce fait historique m’incite à mettre une cote honorable à ce one-shot.
Far Away
Pas forcément mon truc, mais cette histoire peut largement trouver son public. Il faut juste être amateur d’histoires d’amour atypiques. En effet, celle-ci illustre l’adage selon lequel les histoires d’amour finissent mal, en général. Il faut dire qu’ici elle finit mal sans avoir totalement commencé. C’est un road-movie aux belles images des vastes espaces nord-américains (au Canada et aux États-Unis) – le dessin de Gamberini (proche de celui de de Metter, en un peu plus chargé et parfois "criard" sur certaines couleurs), avec ses aquarelles au rendu très réaliste, contribuant d’ailleurs à nous faire apprécier le voyage. C'est dessin qui m'avait attiré vers cet album, après un rapide feuilletage. Histoire simple, qui se laisse lire. Je n’y retournerai pas, mais c’est là simplement affaire de goût.