Bandonéon

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

"Bandonéon", c'est, entre autres, le récit de la destinée d'Horacio, enfant prodige au piano, fasciné par les musiciens de tango, devenu ce jeune homme doué, prêt à tout pour devenir l'égal des notables viveurs dont il envie l'aisance.


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Il ne reculera devant aucune compromission pour arriver, enfin, même si pour cela il lui faudra se renier soi-même et s'en mordre les doigts quand l'illusion se sera dissipée, et que la vie aura filé... Mais "Bandonéon", c'est aussi le récit, par Jorge Gonzalez, de son retour en Argentine, le temps de rendre visite à ses amis et sa famille. L'occasion d'une plongée introspective dans ce que créer, être argentin, aimer le tango, partir et revenir veulent dire. Le bandonéoniste Marcel Mercadante a réalisé une bande originale pour "Bandonéon". Elle est disponible sur le web, en téléchargement via ce lien.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Mars 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bandonéon © Dupuis 2010
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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15/03/2010 | Ro
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L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai découvert cet auteur argentin en tant qu’auteur complet avec son album Chère Patagonie, que j’avais trouvé très beau. Je poursuis donc ma visite de « son » Argentine avec ce « Bandonéon ». J’y ai retrouvé son trait caractéristique, proche de ceux de de Crécy ou de Gippi, un trait moderne proche d’un crayonné parfois, une colorisation le plus souvent en retenue, avec un rendu presque sépia (je suis moins fan de ses essais de colorisation plus classique, avec des choses plus bigarrées – comme j’avais aussi pu le voir pour son travail sur Retour au Kosovo, mais il n’y en a que quelques planches vers la fin). Mais j’y ai aussi moins rencontré de planches superbes, d’une beauté intense et très sombre, presque des tableaux abstraits, comme pour « Chère Patagonie » (il est vrai que nous ne sommes pas ici dans les vastes étendues désertes du sud de l’Argentine). Je suis séduit donc, mais pas enthousiasmé sur cet album pour ce qui concerne l’aspect graphique. Sinon, on retrouve là encore différents styles graphiques, mais aussi une déconstruction du classique gaufrier (parfois pas de cases, parfois beaucoup très petites, il y a de tout !). C’est donc un peu déconcertant, comme l’est l’intrigue elle-même, qui nous fait suivre quelques personnages au cœur du XXème siècle. Y sont traités « par la bande » des thèmes qui intéressent l’auteur – et qui sont centraux en Argentine, à savoir l’immigration (italienne en particulier ici) et les luttes sociales (allusion aux actions anarchistes, et aux dictatures). Et bien sûr le tango, qui traverse en filigrane l’album. C’est un album qui pourrait se lire vite, malgré la pagination (peu de dialogues, de nombreuses planches quasi muettes), mais qui se révèle bien plus exigeant qu’il n’en a l’air. Planant, mais aussi nécessitant une attention soutenue. A découvrir à l’occasion.

28/11/2020 (modifier)
Par montane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur montane

Horacio est arrivé d'Italie très jeune en 1916 en Argentine avec son père. Anarchiste celui-ci aura pour maitresse une bourgeoise qui initiera son fils au piano. Très doué, une grande carrière s'ouvre à lui et un contrat en or l'attend à New-York 20 ans plus tard. Mais l'ambition n'est pas au rendez-vous et il préfère s'introduire au sein de la bourgeoisie locale. Il épousera d'ailleurs une fille de bonne famille. Les années passent et il s'aperçoit qu'il n'a pas emprunté la bonne voie, sa vie de couple est un échec et dès lors, seul le retour à la musique semble lui redonner le gout de vivre, le gout d'aimer. Mais alors qu'il a une nouvelle chance de relancer sa carrière, il ne la saisit pas et reste prisonnier des conventions. "BANDONEON" c'est l'histoire d'une vie ratée dans l'Argentine du siècle dernier, une histoire mise en image par le digne successeur des Pratt, Altuna, et autres Breccia. Avec un dessin à mi chemin entre Pedrosa et Crecy pour la France ou Fior, grand prix à Angoulème pour l'Italie, Gonzalez nous livre des planches d'une grande beauté réalisées dans des tons pastels. Ce dessinateur est à mon sens une des grandes révélations des dernières années, et cette bd parue aux éditions Dupuis étant épuisée, je me dis que je n'ai sans doute pas été le seul à penser de même. Son nouvel ouvrage paru chez Dupuis dans la collection Air Libre sur la Patagonie est une occasion unique de découvrir cet auteur argentin installé en Espagne, qui est aussi par ailleurs un remarquable illustrateur dont les travaux ont par exemple été publiés dans le "New Yorker". A coup sûr un superbe one shot

23/09/2012 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Bandonéon se présente sous un format intéressant, album cartonné de 200 pages au format légèrement réduit dont l'allure n'est pas sans rappeler certaines parutions Futuropolis. C'est en tout cas une jolie édition qui convient bien à ce roman graphique. Les planches sont dotées d'une esthétique particulière. Le trait au crayonné très présent de Jorge González s'accorde joliment avec les encres marron qui teintent les pages. Si certaines cases présentent un aspect un peu trop lâché, trop proche du croquis pour satisfaire tout le monde, d'autres compositions ne manquent vraiment pas de beauté et de pouvoir évocateur. A noter également quelques originalités de mise en page aussi surprenantes qu'efficaces, comme par exemple cette page représentant avec force la monotonie d'une vie quotidienne répétitive. Le récit est empli de sincérité et d'un réel désir de transmettre une âme et des émotions. Il s'agit de rendre hommage à la culture d'un pays, l'Argentine, en abordant le sujet de ses immigrés, du tango issu des bas-fonds miséreux et de tout l'état d'esprit artistique et populaire qu'il symbolise. La lecture n'est cependant pas toujours aisée. Outre quelques passages qui manquent de clarté, on se perd un peu dans les lieux et les époques. Cela commence dès les premières pages où la narration trompe le lecteur inattentif en l'obligeant à se demander si le récit se déroule en Argentine ou en Italie. Le traitement est également assez spécial. Le premier chapitre prend pour sujet principal un personnage original et attachant, le "Gordo", mais c'est pour mieux le lâcher purement et simplement par la suite. Il y a de quoi être frustré. On comprend évidemment qu'il passe le relais au jeune Horacio mais celui-là se révèle nettement moins charismatique. Entre son comportement distant et la narration elliptique, il n'est pas évident de s'attacher aux sentiments qu'il est sensé nous faire partager. Il se dégage pourtant de cette lecture de beaux passages, certaines fulgurances qui permettent de ressentir une part de l'âme Argentine. Et la lecture de la dernière phrase du père d'Horacio, dans la conclusion en guise de flash-back récurrent, est assez forte et révélatrice de la façon dont son fils s'est finalement éloigné de l'âme du Tango et de ses origines. A noter deux particularités importantes concernant cet album. D'une part, il est possible voire recommandé de le lire tout en écoutant la bande son évidemment tango créée spécialement par Marcel Mercadante et téléchargeable via ce lien. C'est une musique assez triste et lancinante qui colle parfaitement à l'ambiance du scénario et y rajoute une part de profondeur d'âme. D'autre part, le récit de Bandonéon se termine aux trois-quarts de l'album. Le reste des pages est un récit autobiographique de l'auteur Jorge González prenant du recul pour expliquer les raisons de la création de cette oeuvre, son rapport vis-à-vis de son pays d'origine, l'Argentine, et d'une population à laquelle il sent à la fois intégré et différent. Intéressant mais parfois un peu pénible à lire sur la forme. Je ressors de cette lecture avec une impression mitigée. J'y salue l'hommage et l'authenticité de son esprit. J'ai été touché par certains moments forts, la beauté de beaucoup de ses planches et les implications émotionnelles de certains dialogues. Je regrette cependant le manque de clarté de la narration, les ellipses un peu trop appuyées et le sentiment de n'avoir pas pu profiter correctement des personnages, le plus attachant étant abandonné avant d'en savoir plus sur lui tandis que le personnage principal reste trop distant par rapport au lecteur.

15/03/2010 (modifier)