Un "pas mal" qui tire vers le haut. J'aime beaucoup les histoires au climat un peu délétère dont on sait, comme dans toutes bonnes tragédies grecques qui se respectent, que les choses vont aller de mal en pis. Dès le début de cet album une galerie de personnages s'offre à nos yeux. Le con qui se la pète et se voit plus beau qu'il n'est, la bombasse qui n'a pas inventé l'eau chaude, ce que dans ma campagne, on appelle une "pétasse de cambrousse" et le frangin attardé, mais qui au final se retrouve être le plus adapté.
Si vous ajoutez à cela des voisins aux gros sabots et un copain alcoolique vous imaginez aisément l'ambiance que cela peut produire sur un microcosme campagnard accablé par la canicule.
Cette étude de mœurs est plutôt bien vue dans une description des tenants et aboutissants qui font monter la tension jusqu'au climax final. Ces personnages que nous n'aimerions pas avoir pour amis nous sont finalement rendus attachants non pas à cause de leur bêtise crasse, mais parce qu'ils ont la volonté de s'en sortir.
Au final tout cela est plutôt bien vu, pas impérissable, mais plus qu'honnête. À lire.
Pour parler de la BD, j'ai eu du mal à rentrer dedans, heureusement que le chapitre 2 existe sinon j'aurais peut-être abandonné (et cela malgré les somptueux dessins).
On peut réunir le meilleur dessinateur au monde et le meilleur scénariste, cela ne donne pas forcément un chef d'oeuvre inoubliable.
Finalement, j'ai tout de même passé un bon moment avec cette BD.
J'ai vraiment bien aimé cette BD. Mais surtout ça m'a donné envie de lire les romans dont est originaire cette BD.
La BD est dynamique, les personnages attachants ! C'est une belle réussite, très agréable à lire.
Le tome 1 était intéressant, mais il manquait des interactions sociales, ce qui est parfaitement rajouté dans le second tome qui est vraiment bon.
Une belle découverte.
« Tanz ! » est un roman graphique qui m’a été offert dans un esprit de découverte sur un univers que je ne connais pas (celui de la danse) et via une approche graphique originale faite uniquement d’aquarelle.
L’histoire est celle d’un jeune homme allemand, dans une école de danse, qui rêve de laisser son corps s’exprimer et sortir de l’encadrement de la danse classique pour découvrir la liberté de Broadway dans les années 50-60.
On y parle d’expression de soi au travers de son corps, de la danse comme un exutoire.
L’histoire est principalement portée par les dessins car il y a très peu de texte au final et donc il faut en apprécier les différentes planches.
J’ai trouvé cela très intéressant, touchant par moment mais j’ai un regret, celui que proposent l’épilogue et les références proposées à la fin de l’ouvrage car on y découvre que cette histoire est remplie de référence à la danse, se situe dans un contexte historique lié à la danse et quand tu ne le sais pas tu as l’impression d’être passé à travers une partie de l’histoire et c’est décevant en ayant l’impression qu’on nous a exclus du propos du récit.
Toutefois, c’est un roman graphique vraiment intéressant, qui aborde un sujet qui n’est pas un sujet dont j’ai l’habitude et je n’en regrette pas sa lecture.
« Malgré tout » est une BD atypique puisque nous allons commencer l’histoire par sa conclusion et remonter le fil du temps en partant du 20ème et dernier chapitre pour aller vers le 1er chapitre nous expliquant la rencontre initiale entre les 2 personnages.
Histoire d’un amour platonique durant près de 40 ans, nous allons suivre le destin de ces 2 personnages, ce qui les a conduits à devenir qui ils sont mais en voyant toujours les conséquences avant les causes.
C’est fait de manière intelligente, le ton est léger, on est sur une comédie romantique. Le dessin est agréable et on se laisse emporter assez facilement par l’histoire. Je pense qu’en première lecture, cette BD est plutôt réussie.
Toutefois, j’ai quelques griefs contre cette BD.
Le premier est l’idée stupide du scénariste de vouloir tenter d’expliquer pourquoi il est possible de remonter dans le temps, ce qui expliquerait pourquoi ce roman graphique commence par la fin. Il est possible que ma formation scientifique intervienne à ce moment-là mais pour moi cela conduit juste à une rupture de ma suspension d’incrédulité assez dommageable pour l’histoire.
Le second point est la longueur de la BD. Au départ, on se plait à lire cette histoire, à voir comment elle est montée scénaristiquement, on est amusé de découvrir le pourquoi du comment d’un événement dont a vu le résultat le chapitre précédent. Mais lorsqu’on en arrive au 15ème chapitre, cela devient pénible d’autant que les « derniers » événements n’apportent pas grand-chose en réalité et quand on a compris le principe de montage de ce roman graphique, qu’on en a la conclusion dès le départ et bien sa lecture m’est devenue pénible. Vous voyez le genre de message lourd dingue de « Oh mais je vais vous montrer à quel point cet amour dure depuis des années ! » et de « Vous n’aviez pas bien compris le message alors je vous remets un chapitre en plus » (le tout pour finir par un chapitre sans aucun dialogue ! A croire que l’auteur lui-même était pressé de finir son histoire tellement il n’en pouvait plus d’avoir tiré sur la corde).
La dernière chose, et non des moindres, reste la romantisation de l’infidélité.
Pendant près de 40 ans, le personnage d’Ana a menti à son mari, sa fille. Personnellement je ne peux accepter une telle situation. Je ne développerai pas plus ce sujet mais cette manière de faire me gêne énormément et je ne peux cautionner une telle chose (je suis vieux jeu, je le sais mais peu importe j’assume). Rendre charmant une histoire de tromperie, je peux pas.
En conclusion, cette BD devrait plaire à beaucoup de monde à partir du moment où vous acceptez tous les points négatifs que j’ai pu énoncer.
Pas mal, mais vraiment de justesse pour cet album de Cosey qui ne rend pas justice à son talent. Le dessin en noir et blanc est bien typique de l'auteur, mais ici il ne me fait pas trop d'effet. Le scénario pour sa part, et bien je l'ai trouvé assez quelconque, il se lit assez vite sans déplaisir, mais l'histoire ne m'a pas vraiment touché. Alors qu'a priori, l'on devrait ressentir de l'émotion lorsque que Gus et la star se retrouvent, ben rien.
Par la suite une sorte de suspense vraiment très vague en ce qui concerne le kidnapping. Non décidément ça ne le fait pas. Même chose pour la scène sur le bateau qui arrive trop bien à point pour susciter une quelconque émotion chez le lecteur.
Je laisse trois étoiles car malgré tout certaines cases sont jolies, mais je ne conseillerais pas cet album.
Margaux Motin nous offre ici un album directement tiré de son blog. Impressions du jour, petites anecdotes rigolotes, le tout enrobé dans ce qui est sa marque de fabrique, à savoir beaucoup d’autodérision et de vulgarité assumée.
A faible dose, c’est amusant (du moins si on apprécie l’humour souvent caca boudin tout en élégance de la donzelle). A force, c’est assez répétitif, je trouve. Mais bon, pour une petite lecture de quelques pages avant de s’endormir, ça marche plutôt bien.
A noter que dans cet album, Margaux Motin dessine régulièrement avec une photo en fond. C’est pas de la haute voltige mais cet emploi de photographies permet d’un peu varier son canevas habituel.
Brunetti est un auteur clivant, et qui ne cherche pas à arrondir les angles, en développant un humour provocateur. Mais je suis quand même surpris que personne ne se soit pour le moment lancé à aviser l’une de ses séries. Voilà donc chose faite avec ce « HO ! ».
C’est une sélection de plusieurs publications, qui regroupe une flopée de strips (souvent un seul dessin, mais parfois plusieurs pour une page/« histoire »).
L’ensemble est minimaliste, on va à l’essentiel, sans se préoccuper d’un gaufrier, de cases, ou de décors trop péchus.
Autant le dire tout de suite, Brunetti ne fait pas dans la dentelle. En effet, il développe un humour agressif, transgressif, où dominent l’humour noir (corsé) et le trash. La famille, les gosses, le respect de la vie, la bienséance, la politesse, tout y passe, avec une prédilection pour le scato, le morbide et la sexualité violente. On voit donc beaucoup de sang, de merde et de sexe en érection.
Comme souvent dans ce genre d’entreprise, c’est inégal. Mais j’ai trouvé l’ensemble globalement réussi, amusant – je suis plutôt réceptif à ce genre d’humour noir et trash. Il faut peut-être le lire à petite dose pour éviter l’effet anesthésiant et garder intact l’aspect surprenant et transgressif de l’humour.
Album à réserver à un public averti, mais les amateurs de ce type d’humour peuvent y trouver leur bonheur. Ça a en tout cas été mon cas.
A noter quand même que contrairement au contenu, le contenant est on ne peut plus présentable ! En effet, les éditions Cambourakis ont très bien fait les choses pour cet album au petit format carré, avec un papier épais, une couverture cartonnée épaisse et un marque page.
C’est la troisième fois que je croise le travail de Mathieu Lefèvre. Je l’avais découvert sur l’improbable Quasar contre Pulsar. Toujours chez le même – excellent éditeur (2024), j’ai lu il n’y a pas si longtemps son travail en coopération avec Jérémy Piningre, sur le récent J'ai rarement vu ça !.
Si ce dernier album développait une intrigue vaguement policière, je retrouve dans ce "Tonic", antérieur de 5 ans, une grande partie de l’esthétique très originale qui m’avait marqué dans « J’ai rarement vu ça ! ». Mais ça va être dur pour les fans de ranger ces deux albums côte à côte sur leurs rayonnages, car « J’ai rarement vu ça ! » était un album épais, au format à l’italienne, alors que « Tonic » est un très grand format classique et maigre.
Pour le reste, on y retrouve les mêmes personnages difficilement identifiables, Tonic donc, son pote Fail (qui porte bien son nom, puisqu’il tombe, échoue continuellement, même si c’est pour aider Tonic), et une forme vaguement féminine (de longs cheveux stylisés nous le faisant en tout cas penser), « la fille ».
Si intrigue il y a elle est simple et linéaire : Tonic, fou amoureux de la fille, cherche à la rattraper pour lui déclarer sa flamme, avec l’aide de Fail, la fille lui échappant continuellement.
Il y a très peu de textes, de dialogues (deux citations toutefois, une d’Apollinaire et une phrase piquée à Jean Rochefort dans l’excellent film « Nous irons tous au paradis » - « Vous qui entrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre »), cela se lit vite. Cela pourrait paraître aride, car c’est un Noir et Blanc très froid qui habille l’ensemble, des décors minimalistes et stylisés et des personnages aux traits invisibles peuvent rebuter. Cela ne me gêne pas et j’ai trouvé à l’ensemble une grande fraicheur, une poésie, et une certaine folie rentrée pas désagréable. Je suis moins convaincu par la police utilisée pour les quelques dialogues, très originale, mais difficilement lisible souvent (certaines lettres en particulier).
Les choix esthétiques de Piningre sont très tranchés, et proposent quelque chose d’originale et déroutant. En effet, dès les premières pages, on a l’impression d’être immergé dans un jeu de plates-formes, reconnaissable à ses paliers géométriques (le personnage de Tonic n’est-il pas un avatar de Sonic ???), sa navigation linéaire vers un objectif fixé dès le départ (ici rejoindre la fille), mélangé avec des cahiers de coloriages, avec de grandes plages de blancs à compléter, et des contours tracés au cordeau pour délimiter ce qui doit être complété. Cela renforce la froideur de l’ensemble et peut aussi artificialiser le tout, mais on a là c’est certain quelque chose qui sort de l’ordinaire, une sorte d’exercice de style qui manque peut-être corps, mais pas d’idée.
Les amateurs de jeux vidéo de plates formes, mais surtout les lecteurs curieux, qui recherchent l’exploration d’autres voies dans le médium BD devraient trouver là quelque chose d’intéressant.
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L'Été en pente douce
Un "pas mal" qui tire vers le haut. J'aime beaucoup les histoires au climat un peu délétère dont on sait, comme dans toutes bonnes tragédies grecques qui se respectent, que les choses vont aller de mal en pis. Dès le début de cet album une galerie de personnages s'offre à nos yeux. Le con qui se la pète et se voit plus beau qu'il n'est, la bombasse qui n'a pas inventé l'eau chaude, ce que dans ma campagne, on appelle une "pétasse de cambrousse" et le frangin attardé, mais qui au final se retrouve être le plus adapté. Si vous ajoutez à cela des voisins aux gros sabots et un copain alcoolique vous imaginez aisément l'ambiance que cela peut produire sur un microcosme campagnard accablé par la canicule. Cette étude de mœurs est plutôt bien vue dans une description des tenants et aboutissants qui font monter la tension jusqu'au climax final. Ces personnages que nous n'aimerions pas avoir pour amis nous sont finalement rendus attachants non pas à cause de leur bêtise crasse, mais parce qu'ils ont la volonté de s'en sortir. Au final tout cela est plutôt bien vu, pas impérissable, mais plus qu'honnête. À lire.
Les Indes fourbes
Pour parler de la BD, j'ai eu du mal à rentrer dedans, heureusement que le chapitre 2 existe sinon j'aurais peut-être abandonné (et cela malgré les somptueux dessins). On peut réunir le meilleur dessinateur au monde et le meilleur scénariste, cela ne donne pas forcément un chef d'oeuvre inoubliable. Finalement, j'ai tout de même passé un bon moment avec cette BD.
Les Artilleuses
J'ai vraiment bien aimé cette BD. Mais surtout ça m'a donné envie de lire les romans dont est originaire cette BD. La BD est dynamique, les personnages attachants ! C'est une belle réussite, très agréable à lire.
Amère Russie
Le tome 1 était intéressant, mais il manquait des interactions sociales, ce qui est parfaitement rajouté dans le second tome qui est vraiment bon. Une belle découverte.
Tanz !
« Tanz ! » est un roman graphique qui m’a été offert dans un esprit de découverte sur un univers que je ne connais pas (celui de la danse) et via une approche graphique originale faite uniquement d’aquarelle. L’histoire est celle d’un jeune homme allemand, dans une école de danse, qui rêve de laisser son corps s’exprimer et sortir de l’encadrement de la danse classique pour découvrir la liberté de Broadway dans les années 50-60. On y parle d’expression de soi au travers de son corps, de la danse comme un exutoire. L’histoire est principalement portée par les dessins car il y a très peu de texte au final et donc il faut en apprécier les différentes planches. J’ai trouvé cela très intéressant, touchant par moment mais j’ai un regret, celui que proposent l’épilogue et les références proposées à la fin de l’ouvrage car on y découvre que cette histoire est remplie de référence à la danse, se situe dans un contexte historique lié à la danse et quand tu ne le sais pas tu as l’impression d’être passé à travers une partie de l’histoire et c’est décevant en ayant l’impression qu’on nous a exclus du propos du récit. Toutefois, c’est un roman graphique vraiment intéressant, qui aborde un sujet qui n’est pas un sujet dont j’ai l’habitude et je n’en regrette pas sa lecture.
Malgré tout
« Malgré tout » est une BD atypique puisque nous allons commencer l’histoire par sa conclusion et remonter le fil du temps en partant du 20ème et dernier chapitre pour aller vers le 1er chapitre nous expliquant la rencontre initiale entre les 2 personnages. Histoire d’un amour platonique durant près de 40 ans, nous allons suivre le destin de ces 2 personnages, ce qui les a conduits à devenir qui ils sont mais en voyant toujours les conséquences avant les causes. C’est fait de manière intelligente, le ton est léger, on est sur une comédie romantique. Le dessin est agréable et on se laisse emporter assez facilement par l’histoire. Je pense qu’en première lecture, cette BD est plutôt réussie. Toutefois, j’ai quelques griefs contre cette BD. Le premier est l’idée stupide du scénariste de vouloir tenter d’expliquer pourquoi il est possible de remonter dans le temps, ce qui expliquerait pourquoi ce roman graphique commence par la fin. Il est possible que ma formation scientifique intervienne à ce moment-là mais pour moi cela conduit juste à une rupture de ma suspension d’incrédulité assez dommageable pour l’histoire. Le second point est la longueur de la BD. Au départ, on se plait à lire cette histoire, à voir comment elle est montée scénaristiquement, on est amusé de découvrir le pourquoi du comment d’un événement dont a vu le résultat le chapitre précédent. Mais lorsqu’on en arrive au 15ème chapitre, cela devient pénible d’autant que les « derniers » événements n’apportent pas grand-chose en réalité et quand on a compris le principe de montage de ce roman graphique, qu’on en a la conclusion dès le départ et bien sa lecture m’est devenue pénible. Vous voyez le genre de message lourd dingue de « Oh mais je vais vous montrer à quel point cet amour dure depuis des années ! » et de « Vous n’aviez pas bien compris le message alors je vous remets un chapitre en plus » (le tout pour finir par un chapitre sans aucun dialogue ! A croire que l’auteur lui-même était pressé de finir son histoire tellement il n’en pouvait plus d’avoir tiré sur la corde). La dernière chose, et non des moindres, reste la romantisation de l’infidélité. Pendant près de 40 ans, le personnage d’Ana a menti à son mari, sa fille. Personnellement je ne peux accepter une telle situation. Je ne développerai pas plus ce sujet mais cette manière de faire me gêne énormément et je ne peux cautionner une telle chose (je suis vieux jeu, je le sais mais peu importe j’assume). Rendre charmant une histoire de tromperie, je peux pas. En conclusion, cette BD devrait plaire à beaucoup de monde à partir du moment où vous acceptez tous les points négatifs que j’ai pu énoncer.
Calypso (Cosey)
Pas mal, mais vraiment de justesse pour cet album de Cosey qui ne rend pas justice à son talent. Le dessin en noir et blanc est bien typique de l'auteur, mais ici il ne me fait pas trop d'effet. Le scénario pour sa part, et bien je l'ai trouvé assez quelconque, il se lit assez vite sans déplaisir, mais l'histoire ne m'a pas vraiment touché. Alors qu'a priori, l'on devrait ressentir de l'émotion lorsque que Gus et la star se retrouvent, ben rien. Par la suite une sorte de suspense vraiment très vague en ce qui concerne le kidnapping. Non décidément ça ne le fait pas. Même chose pour la scène sur le bateau qui arrive trop bien à point pour susciter une quelconque émotion chez le lecteur. Je laisse trois étoiles car malgré tout certaines cases sont jolies, mais je ne conseillerais pas cet album.
La Théorie de la contorsion
Margaux Motin nous offre ici un album directement tiré de son blog. Impressions du jour, petites anecdotes rigolotes, le tout enrobé dans ce qui est sa marque de fabrique, à savoir beaucoup d’autodérision et de vulgarité assumée. A faible dose, c’est amusant (du moins si on apprécie l’humour souvent caca boudin tout en élégance de la donzelle). A force, c’est assez répétitif, je trouve. Mais bon, pour une petite lecture de quelques pages avant de s’endormir, ça marche plutôt bien. A noter que dans cet album, Margaux Motin dessine régulièrement avec une photo en fond. C’est pas de la haute voltige mais cet emploi de photographies permet d’un peu varier son canevas habituel.
HO ! - Dessins moralement douteux de Ivan Brunetti
Brunetti est un auteur clivant, et qui ne cherche pas à arrondir les angles, en développant un humour provocateur. Mais je suis quand même surpris que personne ne se soit pour le moment lancé à aviser l’une de ses séries. Voilà donc chose faite avec ce « HO ! ». C’est une sélection de plusieurs publications, qui regroupe une flopée de strips (souvent un seul dessin, mais parfois plusieurs pour une page/« histoire »). L’ensemble est minimaliste, on va à l’essentiel, sans se préoccuper d’un gaufrier, de cases, ou de décors trop péchus. Autant le dire tout de suite, Brunetti ne fait pas dans la dentelle. En effet, il développe un humour agressif, transgressif, où dominent l’humour noir (corsé) et le trash. La famille, les gosses, le respect de la vie, la bienséance, la politesse, tout y passe, avec une prédilection pour le scato, le morbide et la sexualité violente. On voit donc beaucoup de sang, de merde et de sexe en érection. Comme souvent dans ce genre d’entreprise, c’est inégal. Mais j’ai trouvé l’ensemble globalement réussi, amusant – je suis plutôt réceptif à ce genre d’humour noir et trash. Il faut peut-être le lire à petite dose pour éviter l’effet anesthésiant et garder intact l’aspect surprenant et transgressif de l’humour. Album à réserver à un public averti, mais les amateurs de ce type d’humour peuvent y trouver leur bonheur. Ça a en tout cas été mon cas. A noter quand même que contrairement au contenu, le contenant est on ne peut plus présentable ! En effet, les éditions Cambourakis ont très bien fait les choses pour cet album au petit format carré, avec un papier épais, une couverture cartonnée épaisse et un marque page.
Tonic
C’est la troisième fois que je croise le travail de Mathieu Lefèvre. Je l’avais découvert sur l’improbable Quasar contre Pulsar. Toujours chez le même – excellent éditeur (2024), j’ai lu il n’y a pas si longtemps son travail en coopération avec Jérémy Piningre, sur le récent J'ai rarement vu ça !. Si ce dernier album développait une intrigue vaguement policière, je retrouve dans ce "Tonic", antérieur de 5 ans, une grande partie de l’esthétique très originale qui m’avait marqué dans « J’ai rarement vu ça ! ». Mais ça va être dur pour les fans de ranger ces deux albums côte à côte sur leurs rayonnages, car « J’ai rarement vu ça ! » était un album épais, au format à l’italienne, alors que « Tonic » est un très grand format classique et maigre. Pour le reste, on y retrouve les mêmes personnages difficilement identifiables, Tonic donc, son pote Fail (qui porte bien son nom, puisqu’il tombe, échoue continuellement, même si c’est pour aider Tonic), et une forme vaguement féminine (de longs cheveux stylisés nous le faisant en tout cas penser), « la fille ». Si intrigue il y a elle est simple et linéaire : Tonic, fou amoureux de la fille, cherche à la rattraper pour lui déclarer sa flamme, avec l’aide de Fail, la fille lui échappant continuellement. Il y a très peu de textes, de dialogues (deux citations toutefois, une d’Apollinaire et une phrase piquée à Jean Rochefort dans l’excellent film « Nous irons tous au paradis » - « Vous qui entrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre »), cela se lit vite. Cela pourrait paraître aride, car c’est un Noir et Blanc très froid qui habille l’ensemble, des décors minimalistes et stylisés et des personnages aux traits invisibles peuvent rebuter. Cela ne me gêne pas et j’ai trouvé à l’ensemble une grande fraicheur, une poésie, et une certaine folie rentrée pas désagréable. Je suis moins convaincu par la police utilisée pour les quelques dialogues, très originale, mais difficilement lisible souvent (certaines lettres en particulier). Les choix esthétiques de Piningre sont très tranchés, et proposent quelque chose d’originale et déroutant. En effet, dès les premières pages, on a l’impression d’être immergé dans un jeu de plates-formes, reconnaissable à ses paliers géométriques (le personnage de Tonic n’est-il pas un avatar de Sonic ???), sa navigation linéaire vers un objectif fixé dès le départ (ici rejoindre la fille), mélangé avec des cahiers de coloriages, avec de grandes plages de blancs à compléter, et des contours tracés au cordeau pour délimiter ce qui doit être complété. Cela renforce la froideur de l’ensemble et peut aussi artificialiser le tout, mais on a là c’est certain quelque chose qui sort de l’ordinaire, une sorte d’exercice de style qui manque peut-être corps, mais pas d’idée. Les amateurs de jeux vidéo de plates formes, mais surtout les lecteurs curieux, qui recherchent l’exploration d’autres voies dans le médium BD devraient trouver là quelque chose d’intéressant.