Tonic

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Course-poursuite amoureuse.


Séries avec un unique avis

Tonic aime à grande vitesse. Amoureux pressant et éconduit, accompagné de son ami Fail, il poursuit sa bien-aimée qui n’a de cesse de s’échapper. Dans ce récit virevoltant et enlevé qui emprunte l’esthétique des jeux d’arcades, les planches s’enchaînent à vive allure, à chaque fois ponctuées par l'apparition de cette fameuse fille qui joue à « suis moi, je te fuis ». Jérémy Piningre et Mathieu Lefèvre, diplomés des Arts Décoratifs de Strasbourg et que l’on a pu déjà apercevoir dans la revue Belles Illustrations, signent un récit haletant qui ne devrait pas manquer de marquer les esprits.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Tonic © L'Association 2015
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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03/12/2020 | Noirdésir
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C’est la troisième fois que je croise le travail de Mathieu Lefèvre. Je l’avais découvert sur l’improbable Quasar contre Pulsar. Toujours chez le même – excellent éditeur (2024), j’ai lu il n’y a pas si longtemps son travail en coopération avec Jérémy Piningre, sur le récent J'ai rarement vu ça !. Si ce dernier album développait une intrigue vaguement policière, je retrouve dans ce "Tonic", antérieur de 5 ans, une grande partie de l’esthétique très originale qui m’avait marqué dans « J’ai rarement vu ça ! ». Mais ça va être dur pour les fans de ranger ces deux albums côte à côte sur leurs rayonnages, car « J’ai rarement vu ça ! » était un album épais, au format à l’italienne, alors que « Tonic » est un très grand format classique et maigre. Pour le reste, on y retrouve les mêmes personnages difficilement identifiables, Tonic donc, son pote Fail (qui porte bien son nom, puisqu’il tombe, échoue continuellement, même si c’est pour aider Tonic), et une forme vaguement féminine (de longs cheveux stylisés nous le faisant en tout cas penser), « la fille ». Si intrigue il y a elle est simple et linéaire : Tonic, fou amoureux de la fille, cherche à la rattraper pour lui déclarer sa flamme, avec l’aide de Fail, la fille lui échappant continuellement. Il y a très peu de textes, de dialogues (deux citations toutefois, une d’Apollinaire et une phrase piquée à Jean Rochefort dans l’excellent film « Nous irons tous au paradis » - « Vous qui entrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre »), cela se lit vite. Cela pourrait paraître aride, car c’est un Noir et Blanc très froid qui habille l’ensemble, des décors minimalistes et stylisés et des personnages aux traits invisibles peuvent rebuter. Cela ne me gêne pas et j’ai trouvé à l’ensemble une grande fraicheur, une poésie, et une certaine folie rentrée pas désagréable. Je suis moins convaincu par la police utilisée pour les quelques dialogues, très originale, mais difficilement lisible souvent (certaines lettres en particulier). Les choix esthétiques de Piningre sont très tranchés, et proposent quelque chose d’originale et déroutant. En effet, dès les premières pages, on a l’impression d’être immergé dans un jeu de plates-formes, reconnaissable à ses paliers géométriques (le personnage de Tonic n’est-il pas un avatar de Sonic ???), sa navigation linéaire vers un objectif fixé dès le départ (ici rejoindre la fille), mélangé avec des cahiers de coloriages, avec de grandes plages de blancs à compléter, et des contours tracés au cordeau pour délimiter ce qui doit être complété. Cela renforce la froideur de l’ensemble et peut aussi artificialiser le tout, mais on a là c’est certain quelque chose qui sort de l’ordinaire, une sorte d’exercice de style qui manque peut-être corps, mais pas d’idée. Les amateurs de jeux vidéo de plates formes, mais surtout les lecteurs curieux, qui recherchent l’exploration d’autres voies dans le médium BD devraient trouver là quelque chose d’intéressant.

03/12/2020 (modifier)