Cet album est graphiquement sublime. Les aquarelles de ces forêts canadiennes sous la neige sont un régal pour les yeux. Je trouve même que cela joue un rôle dans cette histoire. Les traits des personnages sont plus sujets à variation. Les cases de calme et d'inaction les rendent bien traitées mais ils deviennent grimaçants dès que l'intensité arrive. C'est un tout petit bémol car l'ensemble est véritablement magnifique.
Malheureusement, côté scénario, c'est vraiment léger. La trame est déjà très linéaire. La quête de Keller est un tout droit entrecoupé de haltes. Elle va vite et la piste est rapidement traitée. Mais ce n'est pas forcément sur cet aspect que se trouve ma déception. En effet, pas mal d'albums de bd ont une narration rapide.
En fait j'ai le sentiment qu'il aurait fallu le doublé de planches pour bien traiter l'histoire et ses personnages. Qui est le premier homme épuisé du bouquin ? Fouiller les motivations d'hommes devenus des bêtes en allant plus loin qu'un phylactère de 2 lignes arguant d'une farine douteuse. Les motivations de cet homme de dieu qui elles doivent être tout autre. Supprimer les haltes chez les indiens et chez Lamontagne qui prennent de la place pour rien ou les renforcer. Et que dire de cette fin en une planche et une pirouette pourrie d'un homme qui semble amoureux mais qui balaie cela. Bref les auteurs m'ont fait saliver et auraient pu transformer l'essai mais on reste sur notre faim par manque d'ambition. Vraiment dommage car la forme est encore une fois une pure merveille.
Un bon petit western comme il est toujours plaisant d'en lire !
On démarre un peu comme dans les huit salopards: en plein blizzard, un homme mystérieux pénètre dans un saloon et annonce être à la recherche d'un homme. Bien évidemment, il ne sera pas accueilli à bras ouvert.
S'ensuit tout ce qu'on aime dans les bons westerns: l'arrivée du héros dans un village du far west, des magouilles à n'en plus finir, des fusillades, des duels. Notre fameux héros qui défend la veuve et l'orphelin avec de nombreux zooms sur ses beaux yeux bleus.
Bref, l'histoire n'est pas fort originale, mis à part l'intégration d'un peu de fantastique avec la capacité du héros à lire dans les pensées quand il touche son interlocuteur.
Chouette expérience de lecture, sublimée par le talent de Swolfs pour nous immerger dans cet univers. J'entendais presque Ennio Morricone au loin.
3 étoiles
MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Avec l’aide de Bazzoli sur la dernière histoire, mais le reste du temps seul aux commandes, Caza regroupe dans ce recueil 6 histoires (écrites du milieu des années 1970 au début des années 1980), qui sont très marquées par leur époque, et typiques de ce que pouvait publier alors les Humanos. De fait, l’ensemble peut faire assez daté, par son dessin ou par les thématiques abordées (et la façon de les aborder).
L’aspect graphique peut effectivement faire daté. Mais je lui trouve encore une force incroyable. Que ce soit le Noir et Blanc de la majorité des histoires (avec un travail pointilliste à l’encre de Chine visiblement) ou le dessin en couleur des deux autres (en particulier la plus longue, qui donne son titre au recueil), j’ai trouvé que l’ensemble est à la fois fort et beau, proche de l’art book parfois – et la relative concision de la plupart des histoires, souvent muettes, ajoute à cette impression.
C’est plutôt les histoires en elle-même qui peuvent souffrir d’un manque de coffre, de consistance. D’abord parce qu'elles sont souvent très courtes. Ensuite parce qu’elles ne développent pas une intrigue très épaisse – même la plus longue est très linéaire et assez pauvre.
Mais les essais graphiques de certaines – qui s’apparentent parfois au travail de Barbe – restent quand même chouettes.
Bref, c’est à emprunter à l’occasion, et à réserver en priorité aux amateurs de cette période des Humanos. En effet, le mélange SF/fantastique, mâtiné de mystique, d’érotisme, de cosmogonie n’est plus trop dans l’air du temps. Mais visuellement, ça vaut quand même le détour.
Voici une plaisante petite série ayant pour cadre une escadrille française durant la première guerre mondiale. Et de fait, dès l’entame des hostilités, on pense au Pilote à l'Edelweiss de Romain Hugault. Un style graphique assez similaire et une filiation encore accentuée par le choix des teintes majeures. Une mise en page aérée. Un personnage féminin séduisant. De belles scènes aériennes. Un souci du détail historique (il y a de belles reproductions d’avions d’époque, notamment). Je pense sincèrement que les fans d’Hugault auraient intérêt à se pencher sur cette courte série.
Au niveau du scénario, le récit débute de manière fort classique. Les personnages sont bien typés, à la limite du stéréotype même pour certains. Le lecteur est ainsi mis en confiance. C’est rassurant mais les personnages vont évoluer au fil des tomes avec, parfois, de grosses surprises.
Je regrette la fin de la série, où j’ai tout de même eu l’impression que les auteurs ont dû précipiter les événements. Un peu plus de développements et une progression plus lente (ou à tout le moins mieux dosée) ne m’auraient pas déplu. Ceci dit, j’ai lu les trois tomes avec plaisir. Sans doute parce que je n’en attendais pas grand-chose, certainement parce que j’aime ce genre de récit classique (surtout s’il parvient quand même à me surprendre via telle ou telle petite trouvaille). Pas un chef d’œuvre, un petit bémol sur la fin, des regrets quant au potentiel de certains personnages sous-exploités à mon goût, mais pas mal quand même.
Un album original qui permet de suivre l'élaboration et l'accouchement d'une des voitures les plus mythiques de la marque aux chevrons et de l'industrie automobile française : la célèbre "deudeuche", voiture populaire par excellence, dont la notoriété est sans doute plus grande que celle de la Traction Avant (encore de chez Citroën) et tout aussi mythique. Car à la différence de cette dernière, la 2CV a été universelle, on l'a en effet retrouvée sur tous les continents, y compris dans des pays dits sous-développés, elle a été vouée à de multiples usages et transformations au fil des années (le modèle Charleston dans les années 70, a eu un succès fou), toutes sortes de customisations abracadabrantes, et elle a été fabriquée jusqu'au début des années 80, soit pendant plus de 30 ans, ce qui est énorme pour une voiture, encore plus pour une voiture populaire. De nos jours, la vie d'une voiture, c'est quoi ? 10 ans à tout casser.
On apprend pas mal de choses dans cet album, j'ignorais par exemple que la conception de la 2CV avait mis 25 ans avant qu'elle soit présentée au public au Salon de l'auto de 1948. Et j'ignorais aussi que les frères Michelin étaient derrière ce projet. Les auteurs racontent en détail cette conception par des hommes motivés et passionnés, notamment les défis qu'il a fallu relever, les balbutiements de la mécanique, les déceptions, les essais peu concluants, la concurrence, les prototypes franchement pas terribles... le tout entrecoupé par les années de guerre. C'est une aventure humaine et technologique bien contée et intéressante qui fera de cette auto un véritable symbole de la culture populaire. On peut la comparer à la Volkswagen voulue par Hitler pour le peuple allemand, ou à la Ford T conçue par Henry Ford pour chaque Américain modeste, 2 modèles aussi célèbres et à la semblable destinée.
L'ambiance d'époque est bien recréée, il y a un côté rétro et surrané très plaisant, tout ceci fait partie d'une solide documentation, et le dessinateur qui a dû faire de sacrées recherches pour restituer cette époque glorieuse de l'automobile française, a réussi à bien retranscrire tout ceci, surtout les modèles et prototypes bien reproduits, et aussi la rivalité acharnée entre Citroën et Renault ; j'avais vu sur la chaine Histoire l'an dernier un doc sur cette rivalité, ces mecs ne se faisaient pas de cadeaux, la concurrence était féroce chez les industriels, une vraie foire d'empoigne où tous les coups étaient permis. Le dessin est justement agréable, lorgnant un peu vers une sorte de Ligne Claire légèrement géométrique, sans génie mais efficace et propre.
Voila donc un album très sympathique qui permet d'en savoir plus sur une voiture de légende.
Si l’histoire est intéressante et touchante à plus d’un titre, j’ai l’impression que Jérémie Royer a dû effectuer des coupes sombres dans le roman de Nastasia Rugani pour le faire tenir dans le format bd. De fait, à plus d’une occasion, j’ai eu le désagréable sentiment que les personnages évoluaient trop vite ou que certains événements étaient expédiés assez abruptement, me privant d’une progression logique (la relation entre les parents de Phénix puis entre la mère de celle-ci et ce professeur alors qu’elle est toujours mariée et que la fin de l’album ne permet pas d’expliquer son infidélité, les raisons qui poussent la mère de Phénix à laisser ses jeunes enfants seuls durant de longues périodes, où était réellement ce père qui réapparait en un temps record à la fin de l’album alors qu’il semblait être à l’autre bout du monde ? Etc…)
Pourtant, j’ai lu cet album avec un certain plaisir. Le dessin de Jérémie Royer est toujours aussi agréable même si moins fin que sur ses précédentes productions (« HMS Beagle, aux origines de Darwin », « Sur les ailes du monde, Audubon »). Il est très facile à lire et laisse bien passer les émotions des personnages. La thématique centrale, que l’on découvre au fil du récit, est touchante et concerne un fléau malheureusement toujours d’actualité. Hormis cette impression que certains aspects du roman ont été mis de côté, la progression dramatique est bien menée. Beaucoup d’éléments positifs donc, mais je reste sur cette impression que le roman devait être bien plus riche et complexe que cette adaptation, raison pour laquelle je demeure un peu sur ma réserve. Mais c’est un beau roman graphique destiné aux jeunes lecteurs.
Je reste ébahi devant la quantité de BD et de manga ayant pour thématique la vie au quotidien avec un chat domestique. Il faut croire qu'il y a un marché et peut-être s'adresse-t-il, au Japon en tout cas, aux mêmes personnes qui raffolent des photos de chats sur Internet.
Ce manga ci se démarque néanmoins car il mêle deux thématiques : le chat d'une part, et une héroïne gameuse et otaku d'autre part. Et la combinaison des deux peut donner un résultat surprenant, la maîtresse du châton se comportant parfois avec lui comme avec l'un de ses personnages de RPG vidéo qu'elle doit faire évoluer, soigner et protéger contre les dangers qui rôdent.
Au rayon des qualités, on peut saluer pour commencer le graphisme qui est de belle qualité, qu'il s'agisse des personnages humains, du chat lui-même mais aussi des scènes de jeu vidéo également.
J'ai aussi apprécié la sobriété et la bonne justesse de l'héroïne dans les premiers chapitres, quand on la découvre certes complètement nerd mais en même temps très mesurée et menant une vie bien rangée ne laissant rien transparaitre de sa passion dans le cadre de sa vie professionnelle. J'ai aussi aimé qu'elle réagisse au chat et à ce qui le concerne avec une bonne intelligence. Cela évite des gags un peu lourds et prévisibles. A noter aussi l'utilisation régulière de vrais termes de gamers, notamment de MMORPG, montrant qu'ils sont véritablement le public visé.
Malheureusement, cette justesse dans le ton n'est pas constante et certains chapitres ultérieurs présentent l'héroïne comme beaucoup plus caricaturale et exubhérante, réagissant en société comme en plein jeu vidéo, ce qui contraste étonnamment avec la retenue dont elle fait preuve dans les premières pages. Si ce changement de comportement et cette perte de prudence et de recul sur elle-même proviennent de l'arrivée du chat, la rupture est trop brusque à mon goût. Quant à l'humour, il aboutit rarement à davantage qu'un sourire.
Néanmoins, si l'on excepte les quelques passages un peu trop caricaturaux, le ton du récit reste crédible et saura se laisser apprécier des lecteurs amateurs de chats et de jeux vidéos. Et puis l'héroïne est plutôt attachante, et son chaton est mignon.
Pour ce qui est du seul tome actuellement paru, il n'y a guère d'histoire qui se met en place, juste la rencontre entre le chaton et sa maîtresse puis la découverte assez réaliste de la vie avec un animal de compagnie pour une héroïne qui va désormais avoir deux passions en parallèle : ses jeux et son petit animal de compagnie. A voir si la suite présente une intrigue un peu plus consistante, sans quoi l'ennui risquerait de pointer son nez.
Belle série démarrant sur les chapeaux de roues, enivrante et haletante. Le scénario s'essouffle légèrement à partir du tome 8 mais reste très appréciable.
Grande déception pour le final bâclé, où tous les événements se précipitent dans le dernier tome pour aboutir à une conclusion illogique et brutale.
Ayant bien aimé le one-shot Brat Pack du même auteur et paru chez le même éditeur, j'attendais avec impatience ce one-shot et à la lecture je dois dire que je suis un peu déçu. C'est pas mauvais, mais j'ai tellement adoré Brat Pack que j'imaginais que cela allait être le cas aussi pour The Maximortal et au final je trouve que c'est un one-shot avec du bon et du moins bon.
En gros, cela commence comme une parodie destructrice de Superman. On se retrouve avec un enfant à moitié extraterrestre qui se fait adopter par des fermiers américains et qui est capricieux donc contrairement à notre brave Superman il va se mettre à tout péter, montrant ce qui arrive si un enfant avait des pouvoirs. Il s'ensuit plein de péripéties et je n'ai pas toujours compris où voulait en venir l'auteur. Il y a des passages dont je ne comprends pas l'intérêt, comme la scène avec Sherlock Holmes.
J'ai plus apprécié l'album lorsqu'en parallèle on suit deux auteurs qui sont clairement des pastiches des créateurs de Superman Jerry Siegel et Joe Shuster. Les deux auteurs ont eu l'idée d'un super-héros très fort après avoir eu un contact télépathique avec l'extraterrestre (ou un truc comme ça, je suis pas certain d'avoir bien compris) et on tombe dans la satire du monde impitoyable des comics américains et du show-business en général. J'ai vraiment adoré ces parties, quoique je pense que pour apprécier il faut avoir des connaissances sur l'histoire des comics américains des années 30-50. On pourrait dire que Veitch est visionnaire parce que son méchant éditeur profiteur est une caricature de Walt Disney et c'est une décennie avant que Disney n'achète Marvel !
Je me suis demandé tout le long comment ces deux intrigues allaient se rejoindre et lorsque cela arrive à la fin...j'ai été déçu. On dirait qu'il y a pas de fin ou alors j'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. C'est mon principal reproche au récit, ça part dans tous les sens et je ne comprends pas la pertinence de certains trucs (notamment tout ce qui tourne autour du guerrier latino). Peut-être que cela va être plus clair durant une relecture. Sinon, le ton est trash et bizarre, alors je conseille surtout la lecture aux fans de comics indépendants qui sont loin des trucs qui paraissent chez DC ou Marvel.
Cet album s'adresse théoriquement à la jeunesse, présenté comme étant accessible dès 7 ans, mais son message est universel et parlera aussi bien aux adultes. Il s'agit d'une évocation de l'amour et du temps qui passe... et aussi en bonne partie de la mort, par la force des choses.
L'album se structure en trois chapitres d'une dizaine de pages chacun. Les 2 premières planches de chaque sont les seules où l'on trouve du texte, à chaque fois d'une forme similaire et abordant la rencontre entre deux êtres, leur amour immédiat et le fait qu'on voudrait qu'il dure pour toujours. On suit ainsi l'héroïne, d'abord enfant accompagné de son chien, puis au fur et à mesure de sa vie.
Le dessin est de l'illustration élégante avec de belles couleurs en aplats, proche du dessin vectoriel. C'est un style graphique que j'apprécie vraiment car je le trouve classe et propre même si les visages manquent d'expressivité.
Ce qui m'embête, c'est que le rythme narratif est trop rapide. Il exprime le temps qui passe mais celui-ci passe trop vite pour laisser le temps à l'émotion de se mettre en place. Et pourtant, j'aurais été un public très ouvert car les thématiques abordées ici me touchent en général très facilement. Mais ici, je vois ce que les auteurs veulent transmettre mais ils n'arrivent pas à m'atteindre pour de bon. C'est dommage car l'intention est bonne et la forme est belle, du coup j'aurais aimé ressentir davantage d'émotions.
Je suis par contre curieux de savoir si de jeunes lecteurs seraient plus touchés que moi car, en raison de sa forme et de sa narration, ce n'est pas un album dont j'aurais dit a priori qu'il leur était vraiment destiné.
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Marqué par le diable
Cet album est graphiquement sublime. Les aquarelles de ces forêts canadiennes sous la neige sont un régal pour les yeux. Je trouve même que cela joue un rôle dans cette histoire. Les traits des personnages sont plus sujets à variation. Les cases de calme et d'inaction les rendent bien traitées mais ils deviennent grimaçants dès que l'intensité arrive. C'est un tout petit bémol car l'ensemble est véritablement magnifique. Malheureusement, côté scénario, c'est vraiment léger. La trame est déjà très linéaire. La quête de Keller est un tout droit entrecoupé de haltes. Elle va vite et la piste est rapidement traitée. Mais ce n'est pas forcément sur cet aspect que se trouve ma déception. En effet, pas mal d'albums de bd ont une narration rapide. En fait j'ai le sentiment qu'il aurait fallu le doublé de planches pour bien traiter l'histoire et ses personnages. Qui est le premier homme épuisé du bouquin ? Fouiller les motivations d'hommes devenus des bêtes en allant plus loin qu'un phylactère de 2 lignes arguant d'une farine douteuse. Les motivations de cet homme de dieu qui elles doivent être tout autre. Supprimer les haltes chez les indiens et chez Lamontagne qui prennent de la place pour rien ou les renforcer. Et que dire de cette fin en une planche et une pirouette pourrie d'un homme qui semble amoureux mais qui balaie cela. Bref les auteurs m'ont fait saliver et auraient pu transformer l'essai mais on reste sur notre faim par manque d'ambition. Vraiment dommage car la forme est encore une fois une pure merveille.
Lonesome
Un bon petit western comme il est toujours plaisant d'en lire ! On démarre un peu comme dans les huit salopards: en plein blizzard, un homme mystérieux pénètre dans un saloon et annonce être à la recherche d'un homme. Bien évidemment, il ne sera pas accueilli à bras ouvert. S'ensuit tout ce qu'on aime dans les bons westerns: l'arrivée du héros dans un village du far west, des magouilles à n'en plus finir, des fusillades, des duels. Notre fameux héros qui défend la veuve et l'orphelin avec de nombreux zooms sur ses beaux yeux bleus. Bref, l'histoire n'est pas fort originale, mis à part l'intégration d'un peu de fantastique avec la capacité du héros à lire dans les pensées quand il touche son interlocuteur. Chouette expérience de lecture, sublimée par le talent de Swolfs pour nous immerger dans cet univers. J'entendais presque Ennio Morricone au loin. 3 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
Arkhé
Avec l’aide de Bazzoli sur la dernière histoire, mais le reste du temps seul aux commandes, Caza regroupe dans ce recueil 6 histoires (écrites du milieu des années 1970 au début des années 1980), qui sont très marquées par leur époque, et typiques de ce que pouvait publier alors les Humanos. De fait, l’ensemble peut faire assez daté, par son dessin ou par les thématiques abordées (et la façon de les aborder). L’aspect graphique peut effectivement faire daté. Mais je lui trouve encore une force incroyable. Que ce soit le Noir et Blanc de la majorité des histoires (avec un travail pointilliste à l’encre de Chine visiblement) ou le dessin en couleur des deux autres (en particulier la plus longue, qui donne son titre au recueil), j’ai trouvé que l’ensemble est à la fois fort et beau, proche de l’art book parfois – et la relative concision de la plupart des histoires, souvent muettes, ajoute à cette impression. C’est plutôt les histoires en elle-même qui peuvent souffrir d’un manque de coffre, de consistance. D’abord parce qu'elles sont souvent très courtes. Ensuite parce qu’elles ne développent pas une intrigue très épaisse – même la plus longue est très linéaire et assez pauvre. Mais les essais graphiques de certaines – qui s’apparentent parfois au travail de Barbe – restent quand même chouettes. Bref, c’est à emprunter à l’occasion, et à réserver en priorité aux amateurs de cette période des Humanos. En effet, le mélange SF/fantastique, mâtiné de mystique, d’érotisme, de cosmogonie n’est plus trop dans l’air du temps. Mais visuellement, ça vaut quand même le détour.
Faucheurs de vent
Voici une plaisante petite série ayant pour cadre une escadrille française durant la première guerre mondiale. Et de fait, dès l’entame des hostilités, on pense au Pilote à l'Edelweiss de Romain Hugault. Un style graphique assez similaire et une filiation encore accentuée par le choix des teintes majeures. Une mise en page aérée. Un personnage féminin séduisant. De belles scènes aériennes. Un souci du détail historique (il y a de belles reproductions d’avions d’époque, notamment). Je pense sincèrement que les fans d’Hugault auraient intérêt à se pencher sur cette courte série. Au niveau du scénario, le récit débute de manière fort classique. Les personnages sont bien typés, à la limite du stéréotype même pour certains. Le lecteur est ainsi mis en confiance. C’est rassurant mais les personnages vont évoluer au fil des tomes avec, parfois, de grosses surprises. Je regrette la fin de la série, où j’ai tout de même eu l’impression que les auteurs ont dû précipiter les événements. Un peu plus de développements et une progression plus lente (ou à tout le moins mieux dosée) ne m’auraient pas déplu. Ceci dit, j’ai lu les trois tomes avec plaisir. Sans doute parce que je n’en attendais pas grand-chose, certainement parce que j’aime ce genre de récit classique (surtout s’il parvient quand même à me surprendre via telle ou telle petite trouvaille). Pas un chef d’œuvre, un petit bémol sur la fin, des regrets quant au potentiel de certains personnages sous-exploités à mon goût, mais pas mal quand même.
La Naissance de la 2CV Citroën
Un album original qui permet de suivre l'élaboration et l'accouchement d'une des voitures les plus mythiques de la marque aux chevrons et de l'industrie automobile française : la célèbre "deudeuche", voiture populaire par excellence, dont la notoriété est sans doute plus grande que celle de la Traction Avant (encore de chez Citroën) et tout aussi mythique. Car à la différence de cette dernière, la 2CV a été universelle, on l'a en effet retrouvée sur tous les continents, y compris dans des pays dits sous-développés, elle a été vouée à de multiples usages et transformations au fil des années (le modèle Charleston dans les années 70, a eu un succès fou), toutes sortes de customisations abracadabrantes, et elle a été fabriquée jusqu'au début des années 80, soit pendant plus de 30 ans, ce qui est énorme pour une voiture, encore plus pour une voiture populaire. De nos jours, la vie d'une voiture, c'est quoi ? 10 ans à tout casser. On apprend pas mal de choses dans cet album, j'ignorais par exemple que la conception de la 2CV avait mis 25 ans avant qu'elle soit présentée au public au Salon de l'auto de 1948. Et j'ignorais aussi que les frères Michelin étaient derrière ce projet. Les auteurs racontent en détail cette conception par des hommes motivés et passionnés, notamment les défis qu'il a fallu relever, les balbutiements de la mécanique, les déceptions, les essais peu concluants, la concurrence, les prototypes franchement pas terribles... le tout entrecoupé par les années de guerre. C'est une aventure humaine et technologique bien contée et intéressante qui fera de cette auto un véritable symbole de la culture populaire. On peut la comparer à la Volkswagen voulue par Hitler pour le peuple allemand, ou à la Ford T conçue par Henry Ford pour chaque Américain modeste, 2 modèles aussi célèbres et à la semblable destinée. L'ambiance d'époque est bien recréée, il y a un côté rétro et surrané très plaisant, tout ceci fait partie d'une solide documentation, et le dessinateur qui a dû faire de sacrées recherches pour restituer cette époque glorieuse de l'automobile française, a réussi à bien retranscrire tout ceci, surtout les modèles et prototypes bien reproduits, et aussi la rivalité acharnée entre Citroën et Renault ; j'avais vu sur la chaine Histoire l'an dernier un doc sur cette rivalité, ces mecs ne se faisaient pas de cadeaux, la concurrence était féroce chez les industriels, une vraie foire d'empoigne où tous les coups étaient permis. Le dessin est justement agréable, lorgnant un peu vers une sorte de Ligne Claire légèrement géométrique, sans génie mais efficace et propre. Voila donc un album très sympathique qui permet d'en savoir plus sur une voiture de légende.
Tous les héros s'appellent Phénix
Si l’histoire est intéressante et touchante à plus d’un titre, j’ai l’impression que Jérémie Royer a dû effectuer des coupes sombres dans le roman de Nastasia Rugani pour le faire tenir dans le format bd. De fait, à plus d’une occasion, j’ai eu le désagréable sentiment que les personnages évoluaient trop vite ou que certains événements étaient expédiés assez abruptement, me privant d’une progression logique (la relation entre les parents de Phénix puis entre la mère de celle-ci et ce professeur alors qu’elle est toujours mariée et que la fin de l’album ne permet pas d’expliquer son infidélité, les raisons qui poussent la mère de Phénix à laisser ses jeunes enfants seuls durant de longues périodes, où était réellement ce père qui réapparait en un temps record à la fin de l’album alors qu’il semblait être à l’autre bout du monde ? Etc…) Pourtant, j’ai lu cet album avec un certain plaisir. Le dessin de Jérémie Royer est toujours aussi agréable même si moins fin que sur ses précédentes productions (« HMS Beagle, aux origines de Darwin », « Sur les ailes du monde, Audubon »). Il est très facile à lire et laisse bien passer les émotions des personnages. La thématique centrale, que l’on découvre au fil du récit, est touchante et concerne un fléau malheureusement toujours d’actualité. Hormis cette impression que certains aspects du roman ont été mis de côté, la progression dramatique est bien menée. Beaucoup d’éléments positifs donc, mais je reste sur cette impression que le roman devait être bien plus riche et complexe que cette adaptation, raison pour laquelle je demeure un peu sur ma réserve. Mais c’est un beau roman graphique destiné aux jeunes lecteurs.
La Gameuse et son chat
Je reste ébahi devant la quantité de BD et de manga ayant pour thématique la vie au quotidien avec un chat domestique. Il faut croire qu'il y a un marché et peut-être s'adresse-t-il, au Japon en tout cas, aux mêmes personnes qui raffolent des photos de chats sur Internet. Ce manga ci se démarque néanmoins car il mêle deux thématiques : le chat d'une part, et une héroïne gameuse et otaku d'autre part. Et la combinaison des deux peut donner un résultat surprenant, la maîtresse du châton se comportant parfois avec lui comme avec l'un de ses personnages de RPG vidéo qu'elle doit faire évoluer, soigner et protéger contre les dangers qui rôdent. Au rayon des qualités, on peut saluer pour commencer le graphisme qui est de belle qualité, qu'il s'agisse des personnages humains, du chat lui-même mais aussi des scènes de jeu vidéo également. J'ai aussi apprécié la sobriété et la bonne justesse de l'héroïne dans les premiers chapitres, quand on la découvre certes complètement nerd mais en même temps très mesurée et menant une vie bien rangée ne laissant rien transparaitre de sa passion dans le cadre de sa vie professionnelle. J'ai aussi aimé qu'elle réagisse au chat et à ce qui le concerne avec une bonne intelligence. Cela évite des gags un peu lourds et prévisibles. A noter aussi l'utilisation régulière de vrais termes de gamers, notamment de MMORPG, montrant qu'ils sont véritablement le public visé. Malheureusement, cette justesse dans le ton n'est pas constante et certains chapitres ultérieurs présentent l'héroïne comme beaucoup plus caricaturale et exubhérante, réagissant en société comme en plein jeu vidéo, ce qui contraste étonnamment avec la retenue dont elle fait preuve dans les premières pages. Si ce changement de comportement et cette perte de prudence et de recul sur elle-même proviennent de l'arrivée du chat, la rupture est trop brusque à mon goût. Quant à l'humour, il aboutit rarement à davantage qu'un sourire. Néanmoins, si l'on excepte les quelques passages un peu trop caricaturaux, le ton du récit reste crédible et saura se laisser apprécier des lecteurs amateurs de chats et de jeux vidéos. Et puis l'héroïne est plutôt attachante, et son chaton est mignon. Pour ce qui est du seul tome actuellement paru, il n'y a guère d'histoire qui se met en place, juste la rencontre entre le chaton et sa maîtresse puis la découverte assez réaliste de la vie avec un animal de compagnie pour une héroïne qui va désormais avoir deux passions en parallèle : ses jeux et son petit animal de compagnie. A voir si la suite présente une intrigue un peu plus consistante, sans quoi l'ennui risquerait de pointer son nez.
Wollodrïn
Belle série démarrant sur les chapeaux de roues, enivrante et haletante. Le scénario s'essouffle légèrement à partir du tome 8 mais reste très appréciable. Grande déception pour le final bâclé, où tous les événements se précipitent dans le dernier tome pour aboutir à une conclusion illogique et brutale.
The Maximortal
Ayant bien aimé le one-shot Brat Pack du même auteur et paru chez le même éditeur, j'attendais avec impatience ce one-shot et à la lecture je dois dire que je suis un peu déçu. C'est pas mauvais, mais j'ai tellement adoré Brat Pack que j'imaginais que cela allait être le cas aussi pour The Maximortal et au final je trouve que c'est un one-shot avec du bon et du moins bon. En gros, cela commence comme une parodie destructrice de Superman. On se retrouve avec un enfant à moitié extraterrestre qui se fait adopter par des fermiers américains et qui est capricieux donc contrairement à notre brave Superman il va se mettre à tout péter, montrant ce qui arrive si un enfant avait des pouvoirs. Il s'ensuit plein de péripéties et je n'ai pas toujours compris où voulait en venir l'auteur. Il y a des passages dont je ne comprends pas l'intérêt, comme la scène avec Sherlock Holmes. J'ai plus apprécié l'album lorsqu'en parallèle on suit deux auteurs qui sont clairement des pastiches des créateurs de Superman Jerry Siegel et Joe Shuster. Les deux auteurs ont eu l'idée d'un super-héros très fort après avoir eu un contact télépathique avec l'extraterrestre (ou un truc comme ça, je suis pas certain d'avoir bien compris) et on tombe dans la satire du monde impitoyable des comics américains et du show-business en général. J'ai vraiment adoré ces parties, quoique je pense que pour apprécier il faut avoir des connaissances sur l'histoire des comics américains des années 30-50. On pourrait dire que Veitch est visionnaire parce que son méchant éditeur profiteur est une caricature de Walt Disney et c'est une décennie avant que Disney n'achète Marvel ! Je me suis demandé tout le long comment ces deux intrigues allaient se rejoindre et lorsque cela arrive à la fin...j'ai été déçu. On dirait qu'il y a pas de fin ou alors j'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. C'est mon principal reproche au récit, ça part dans tous les sens et je ne comprends pas la pertinence de certains trucs (notamment tout ce qui tourne autour du guerrier latino). Peut-être que cela va être plus clair durant une relecture. Sinon, le ton est trash et bizarre, alors je conseille surtout la lecture aux fans de comics indépendants qui sont loin des trucs qui paraissent chez DC ou Marvel.
Pour toujours
Cet album s'adresse théoriquement à la jeunesse, présenté comme étant accessible dès 7 ans, mais son message est universel et parlera aussi bien aux adultes. Il s'agit d'une évocation de l'amour et du temps qui passe... et aussi en bonne partie de la mort, par la force des choses. L'album se structure en trois chapitres d'une dizaine de pages chacun. Les 2 premières planches de chaque sont les seules où l'on trouve du texte, à chaque fois d'une forme similaire et abordant la rencontre entre deux êtres, leur amour immédiat et le fait qu'on voudrait qu'il dure pour toujours. On suit ainsi l'héroïne, d'abord enfant accompagné de son chien, puis au fur et à mesure de sa vie. Le dessin est de l'illustration élégante avec de belles couleurs en aplats, proche du dessin vectoriel. C'est un style graphique que j'apprécie vraiment car je le trouve classe et propre même si les visages manquent d'expressivité. Ce qui m'embête, c'est que le rythme narratif est trop rapide. Il exprime le temps qui passe mais celui-ci passe trop vite pour laisser le temps à l'émotion de se mettre en place. Et pourtant, j'aurais été un public très ouvert car les thématiques abordées ici me touchent en général très facilement. Mais ici, je vois ce que les auteurs veulent transmettre mais ils n'arrivent pas à m'atteindre pour de bon. C'est dommage car l'intention est bonne et la forme est belle, du coup j'aurais aimé ressentir davantage d'émotions. Je suis par contre curieux de savoir si de jeunes lecteurs seraient plus touchés que moi car, en raison de sa forme et de sa narration, ce n'est pas un album dont j'aurais dit a priori qu'il leur était vraiment destiné.