J’ai eu un peu peur au début, pensant lire quelque chose d’ennuyeux, ou en tout cas une simple accumulation de petites anecdotes sans intérêt pour le lecteur qui ne connait pas les personnages interrogés ici.
Mais en fait cette lecture s’est révélée plutôt intéressante. En effet, la somme de témoignages recueillis par Emmelyne Octavie permet de dresser un portrait « large » de « l’exil ». Elle-même exilée temporaire en métropole, mais originaire de la Guyane, elle a interrogé des personnes ayant une forte attache pour la Guyane (qu’ils y soient nés ou qu’ils y aient vécu longtemps) et qui ressentent – pour la plupart en tout cas – un malaise loin de leur terre de cœur. Ce que l’Allemand nomme judicieusement « Heimweh ». Et je trouve que c’est la somme qui donne son sens aux parties, les justifiant.
Car tous ces témoignages ne font pas que s’accumuler. Ils font comprendre, chacun à leur manière et avec une intensité différente de l’un à l’autre, ce que l’exil peut représenter de déchirement, mais aussi de stimulant, pour des personnes qui n’ont que rarement choisi – en tout cas complètement – de venir en métropole. Même si certains des témoins sont des métropolitains – mais alors leurs racines de cœur son en Guyane.
Représentatifs ou pas de l’ensemble de la société guyanaise, ces témoignages sont intéressants. Ils disent aussi en creux ce que la France n’a pas fait – ou ce qu’elle a mal fait. C’est aussi un moyen de sortir des cartes postales autour du Bagne de Cayenne (à l’heure où un ministre médiatique souhaite en réinstaller un autre en Guyane, sans tenir compte de l’avis ou des besoins des populations locales : là aussi, là encore, le message ne s’adresse qu’à la métropole !) et de la base de Kourou.
Alors, certes, ça n’est pas une enquête sociologique fouillée et académique. Mais la lecture est plus intéressante que je ne le pensais en entamant l’album.
Dans ce monde, chaque humain découvre à sa majorité le domaine intellectuel auquel il est destiné : artisanat, guérison, exploration... ou encore les prestigieux stellaires, chargés de tisser une tapisserie personnalisée remise à chacun le jour de ses 18 ans. Ce tissu révèle non seulement la vocation de la personne, mais aussi les visages de celles et ceux qui compteront dans sa vie, qu'il s'agisse d'amitiés profondes ou d'amours durables. Une sorte d'horoscope ultra-précis qu'on peut choisir de suivre ou d'ignorer, voire de ne jamais consulter. Mais un jour, à la suite d'une erreur de distribution, six jeunes nés le même jour reçoivent la tapisserie d'un autre. L'une d'elles, plus perspicace que les autres, comprend qu'il y a un problème et entraîne trois des autres concernés dans une quête pour retrouver leur véritable destin... et peut-être leur âme sœur.
C'est une aventure de fantasy douce, clairement pensée pour un public adolescent. L'esprit de la quête domine, sans réel danger, avec en toile de fond un petit jeu de pistes sentimental qui alimente la curiosité : qui finira par tomber amoureux de qui ? L'univers, sans être d'une rigueur absolue, séduit par son originalité : cette tradition des tapisseries du destin a son charme, même si elle reste un brin improbable. Le dessin de Dao Nguyen renforce l'impression d'un monde pastel, doux et un peu magique. Les personnages, à l'apparence souvent androgyne, évoquent un style manga shojo. Les décors sont jolis et travaillés, et même les chevaux semblent sortir d'un conte de fées, à la manière des poneys de Barbie à la crinière scintillante. Ce n'est pas mièvre pour autant, même si la fin tire un peu sur le mielleux. Ceux qui aiment les histoires romantiques y trouveront leur compte tandis les plus réfractaires à la guimauve risquent de tiquer.
Pour ma part, j'ai été pris par le récit, curieux de savoir où tout cela allait mener. Et même si la conclusion est un peu sirupeuse, je l'ai trouvée plutôt mignonne.
1893, Dred Scott, orphelin et descendant d'esclaves, tente de survivre dans les rues de New York. Par un concours de circonstances, le chef de la police, qui semble étrangement le connaître, l'engage comme assistant. Dred a du flair, du bon sens, et se montre vite à la hauteur de sa nouvelle fonction. Mais l'enquête sur un meurtre lié à une tentative de vol d'un collier d'émeraudes va faire resurgir le passé : ce bijou provient de la plantation où ses parents ont été assassinés. En remontant la piste, il va mettre au jour des secrets bien enfouis, entre anciens planteurs sudistes et vétérans de la guerre de Sécession désormais influents à New York.
La série s'inscrit dans un contexte historique original. Il est rare de voir abordées les répercussions de la guerre de Sécession trente ans après, et encore plus dans la très nordiste ville de New York. En toile de fond : l'influence politique persistante des sudistes, la corruption d'un parti irlandais bien implanté, et un réseau criminel qu'on nous promet d'explorer davantage dans le second tome. Le tout est vu à travers les yeux d'un jeune héros noir, à la fois assistant enquêteur et symbole vivant d'une société encore minée par le racisme et la ségrégation. Et le passé de sa famille, lui, recèle visiblement un certain secret.
Sur le papier, tout cela avait de quoi me passionner. Mais j'ai eu du mal à accrocher. L'histoire démarre de façon abrupte, sans vraiment nous donner le temps de nous attacher au héros. Dred manque de charisme, et j'ai eu peu de motivation pour le suivre. L'intrigue repose en outre sur une accumulation de coïncidences : le chef de la police qui le reconnaît, l'enquête miraculeusement liée à son passé aussi lointain dans le temps que la distance, tous les protagonistes et antagonistes qui se soucient étrangement tant de lui en bien ou en mal… Tout semble trop forcé pour servir un personnage qu'on peine à trouver marquant. À force, on se demande s'il n'y a pas une révélation spectaculaire en réserve, mais tout indique que ce serait tiré par les cheveux.
Graphiquement, c'est globalement correct, mais la toute première planche m'a déconcerté : une vue panoramique de New York qui donne l'impression d'une grosse bourgade tant la géographie de Manhattan et de l'Hudson River y est faussée. Pas idéal pour un récit qui prétend s'ancrer dans l'exactitude historique et se focaliser sur cette ville en particulier. Heureusement, le reste des décors urbains, plus en plongée dans les rues, est plus convaincant.
J'ai trouvé le cadre stimulant et les thèmes intéressants, mais je reste sur ma réserve à cause d'un héros peu attachant et d'une mécanique narrative trop artificielle. La suite pourrait encore surprendre, mais pour l'instant, ma curiosité reste modérée.
Note : 2,5/5
Samsaaam, le plus petit des grands héros ! J'ai encore en tête le générique du dessin animé que mes enfants regardaient il y a plus de 15 ans. A l'époque, je leur lisais aussi ses aventures probablement dans Pomme d'Api mais j'ai un doute sur le fait qu'il s'agissait de BD ou d'histoires illustrées. Quoiqu'il en soit ce n'est que maintenant que j'ai découvert la version album des BD du petit superhéros.
Samsam vit sur la Samplanète avec ses parents, Sampapa et Sammaman. Tous trois forment une famille de héros masqués et super costauds, explorant l'espace à bord de leur petit vaisseau à la rencontre de monstres farfelus. Parmi ses amis, on retrouve Petit Poâ, un extraterrestre de son âge, et SuperJulie, une héroïne qui ne manque pas de ressources. Son ennemi juré ? Le ridicule Marchel 1er, roi des Marchiens, toujours prêt à semer la pagaille mais jamais de taille face à Samsam.
Destinée aux tout-petits dès 3 ans, la série fonctionne aussi bien en lecture autonome qu'en lecture à voix haute par les parents. Chaque histoire de deux pages seulement se conclut en douze cases, avec des intrigues express et des fins rassurantes. Aux commandes, Serge Bloch, habitué des publications jeunesse comme Max et Lili (Ainsi va la vie) ou Zouk. Son dessin, faussement naïf, est en réalité très maîtrisé. La narration, omniprésente, permet de condenser efficacement l'histoire, ce qui rend la lecture à voix haute vivante et agréable pour les parents.
Il faut bien le dire : cette série n'est pas faite pour tous les âges. Les adultes s'ennuieront devant la simplicité des scénarios et leur morale parfois un peu appuyée. Mais pour les très jeunes lecteurs, c'est un divertissement joyeux, sans prétention, parfaitement adapté à leur imaginaire et à leur niveau de compréhension.
Après avoir choisi les « reines » les plus célèbres ou connues des lecteurs, la collection s’attaque depuis quelques temps à des femmes ayant moins marqué la mémoire collective – parfois simplement parce qu’ayant peu « régné », ou alors l’ayant fait sur des territoires considérés – souvent sans raison – comme « secondaires ». C’est ainsi que ce diptyque m’a permis de découvrir l’existence de la Kahina.
Le premier tome expose relativement clairement le contexte – effondrement de l’Empire byzantin et conquêtes arabo/musulmanes en Afrique. Au milieu de tout ça, les Berbères, qui cherchent à garder leur indépendance relative (politique autant que religieuse), face au Djihad venu de l’Est.
Le sujet est a priori intéressant, mais ce diptyque m’a quand même laissé un peu sur ma faim. En effet, la personnalité de la Kahina reste finalement mal connue au sortir de cette lecture (et, au passage, ça n’est pas exactement une reine de « sang » - mais ça fait quelque temps que je m’interroge sur l’évolution du concept à l’origine de la collection, car à ce compte, tous les souverains ou dirigeants, quelque soit leur sexe, sont « de sang » !).
Et j’ai trouvé le second tome un peu décevant. La Kahina est ballottée par les événements, devenant presque un personnage secondaire de son propre récit. Car tout est axé sur des combats, avec quelques raccourcis, comme pour la bataille finale, durant laquelle en une planche (50-51) tout bascule trop brusquement, alors que certaines scènes où les derniers défenseurs de La Kahina et elle-même meurent « longuement », en ayant le temps, transpercés par de multiples projectiles, de lancer leurs derniers commentaires, m’ont paru improbables (je n’aime pas ce genre de facilités).
Note réelle 2,5/5.
J'ai lu l'intégrale il y a un an environ. J'en attendais peut être trop comme j'adore Jodorowsky.
L'histoire reste dans un classicisme assez surprenant. Elle peut donc attirer un public assez large. C'est très accessible, trop sage même. Quand on est plus attiré par le génie créatif de Jodo et ses envolées métaphysiques-mystico-wtf, on reste sur sa faim.
Même le dessin de Boucq (que j'ai trouvé très bon faut pas déconner) ne m'a pas fait sauter au plafond.
Et puis question nudité, autre atout normalement dans les œuvres de mon chilien préféré, circulez y a quasiment rien à voir. Décevant je vous dis.
D’emblée on est surpris par les choix scénaristiques, qui vont réactiver le mythe de Zorro, pour le transposer dans notre époque. Encore que, Diego, l’un des héros, se prend réellement pour Zorro, et, une sorte d’autisme aidant, il fait abstraction des anachronismes, s’élançant à cheval avec son épée à l’assaut des fauteurs d’injustice, dans son village mexicain nommé – forcément – La Vega.
L’autre originalité du récit, c’est que les méchants sont incarnés par un gang ultra violent, un cartel trafiquant de drogue vers les USA, que la DEA cherche à neutraliser. C’est original, et cela garantit une action testostéronée. Mais c’est aussi cet aspect, qui rapproche cette série de certains comics ou film blockbusters, qui ne m’attire a priori pas du tout.
En effet, les personnages sont manichéens, les hommes bodybuildés, cela manque singulièrement de nuances (même remarque concernant certains dialogues, parfois un peu niaiseux je trouve). Enfin, Diego et sa frangine, qui mènent la révolte contre le chef du cartel, sont vraiment increvables ! Tabassés, mitraillés, ils ne semblent pas plus que ça ressentir de gêne, continuant à se battre presque comme si de rien n’était.
Du coup, malgré le travail de « relocalisation », et les nombreux clins d’œil aux versions de Zorro que nous connaissons (celle de la série Disney, mais aussi celles livrées par le cinéma), et à cause des longues séquences de fusillades et de déclarations à l’emporte-pièce des « méchants » et des « gentils », mon intérêt – pourtant relativement élevé au départ – n’a cessé de diminuer, pour me laisser au final sur ma faim.
J'ai aussi trouvé bizarre que soit répétés en début de chaque chapitre phrases et contexte déjà placés en fin de chapitre précédent. C'est sans doute la marque d'une publication en épisodes dans une revue (je ne sais pas ?), mais ça aurait dû être changé pour une publication d'un seul tenant en un album.
Note réelle 2,5/5.
Une belle surprise! Je me suis mis à lire cette bd par pur hasard. Et franchement, j’ai été agréablement surpris. Le scénario tient bien la route. On reste à fond dans l’histoire. On s'empresse de passer au tome suivant pour connaître la suite. J'ai bien kiffé les dessins aussi, pas spécialement originaux mais que j'ai quand même bien aimé admirer.
Encore une fois, une belle surprise.....
Note réelle : 3,5/5
A toutes les époques (et vraisemblablement tous les univers de fiction), l'ensemble des lapins existant semblent être unanimement animés du même désir irrepressible de mettre fin à leurs jours à la première occasion.
Bon, on leur reconnait tout de même une grande créativité dans leurs expérimentations suicidaires. En tout cas, beaucoup préfèrent les plans complexes et les réactions en chaîne aux plans plus simplistes de certains. Comme quoi on peut mourir et faire preuve d'ambition et d'individualité.
C'est du simple plaisir régressif qui vise à amuser les sadiques qui sommeillent sans doute en chacun-e d'entre nous, mais j'avoue que cela manque de réelle inventivité.
Entendons-nous, les inventions de ces lapins pour mettre fin à leur jours ne manquent pas de créativité, mais je leur reproche tout de même de ne pas aller plus loin dans le délire, de ne pas rendre le truc encore plus délirant. Je suis sans doute trop dure en disant cela, après tout il n'est pas non plus si facile de renouveler trois albums uniquement constitués du même genre de mini-histoires muettes ne cherchant qu'à nous montrer des lapins suicidaires, mais je déplore justement que la lecture finisse par devenir convenue, la chose ne surprend plus et ne marche plus vraiment. Sûr, quelques idées survolent tout de même, comme le coup des lapins jonglant avec des couteaux lors d'une éclipse solaire totale, mais l'ensemble prend malheureusement un rythme de croisière au bout d'un moment et ne semble pas vraiment décoller. C'est surtout que sur la fin j'ai eu l'impression de n'enchaîner que des versions diverses de la formule "les lapins ont construit un mécanisme de réaction en chaîne qui s'active lors d'une action humaine de la vie de tous les jours".
Peut-être est-ce dû au fait de les lire tous ainsi à la suite, peut-être que les lire à raison d'une mini-histoire par jour satisferait mieux, peut-être donc que mes conditions de lectures n'étaient pas optimales pour l'œuvre. Peut-être, oui. En tout cas, c'est ainsi que j'ai vécu la série et ce ressenti va bien jouer dans mon avis.
J'ai beaucoup aimé l’édition en noir et blanc du tome 1. Je me suis donc empressé de lire l’édition en couleurs des deux tomes.
Je rejoins complètement mr Noirdesir (que je prends un vrai plaisir à lire ses avis qui je trouve sont très bien rédigés) sur le fait que tout commence avec de grandes scènes de bataille et puis.....plus rien......je m'attendais quand même à autre chose. Malgré cela, j'ai quand même apprécié la lecture de cet album.
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Un billet pour l'exil
J’ai eu un peu peur au début, pensant lire quelque chose d’ennuyeux, ou en tout cas une simple accumulation de petites anecdotes sans intérêt pour le lecteur qui ne connait pas les personnages interrogés ici. Mais en fait cette lecture s’est révélée plutôt intéressante. En effet, la somme de témoignages recueillis par Emmelyne Octavie permet de dresser un portrait « large » de « l’exil ». Elle-même exilée temporaire en métropole, mais originaire de la Guyane, elle a interrogé des personnes ayant une forte attache pour la Guyane (qu’ils y soient nés ou qu’ils y aient vécu longtemps) et qui ressentent – pour la plupart en tout cas – un malaise loin de leur terre de cœur. Ce que l’Allemand nomme judicieusement « Heimweh ». Et je trouve que c’est la somme qui donne son sens aux parties, les justifiant. Car tous ces témoignages ne font pas que s’accumuler. Ils font comprendre, chacun à leur manière et avec une intensité différente de l’un à l’autre, ce que l’exil peut représenter de déchirement, mais aussi de stimulant, pour des personnes qui n’ont que rarement choisi – en tout cas complètement – de venir en métropole. Même si certains des témoins sont des métropolitains – mais alors leurs racines de cœur son en Guyane. Représentatifs ou pas de l’ensemble de la société guyanaise, ces témoignages sont intéressants. Ils disent aussi en creux ce que la France n’a pas fait – ou ce qu’elle a mal fait. C’est aussi un moyen de sortir des cartes postales autour du Bagne de Cayenne (à l’heure où un ministre médiatique souhaite en réinstaller un autre en Guyane, sans tenir compte de l’avis ou des besoins des populations locales : là aussi, là encore, le message ne s’adresse qu’à la métropole !) et de la base de Kourou. Alors, certes, ça n’est pas une enquête sociologique fouillée et académique. Mais la lecture est plus intéressante que je ne le pensais en entamant l’album.
Les Chroniques des stellaires
Dans ce monde, chaque humain découvre à sa majorité le domaine intellectuel auquel il est destiné : artisanat, guérison, exploration... ou encore les prestigieux stellaires, chargés de tisser une tapisserie personnalisée remise à chacun le jour de ses 18 ans. Ce tissu révèle non seulement la vocation de la personne, mais aussi les visages de celles et ceux qui compteront dans sa vie, qu'il s'agisse d'amitiés profondes ou d'amours durables. Une sorte d'horoscope ultra-précis qu'on peut choisir de suivre ou d'ignorer, voire de ne jamais consulter. Mais un jour, à la suite d'une erreur de distribution, six jeunes nés le même jour reçoivent la tapisserie d'un autre. L'une d'elles, plus perspicace que les autres, comprend qu'il y a un problème et entraîne trois des autres concernés dans une quête pour retrouver leur véritable destin... et peut-être leur âme sœur. C'est une aventure de fantasy douce, clairement pensée pour un public adolescent. L'esprit de la quête domine, sans réel danger, avec en toile de fond un petit jeu de pistes sentimental qui alimente la curiosité : qui finira par tomber amoureux de qui ? L'univers, sans être d'une rigueur absolue, séduit par son originalité : cette tradition des tapisseries du destin a son charme, même si elle reste un brin improbable. Le dessin de Dao Nguyen renforce l'impression d'un monde pastel, doux et un peu magique. Les personnages, à l'apparence souvent androgyne, évoquent un style manga shojo. Les décors sont jolis et travaillés, et même les chevaux semblent sortir d'un conte de fées, à la manière des poneys de Barbie à la crinière scintillante. Ce n'est pas mièvre pour autant, même si la fin tire un peu sur le mielleux. Ceux qui aiment les histoires romantiques y trouveront leur compte tandis les plus réfractaires à la guimauve risquent de tiquer. Pour ma part, j'ai été pris par le récit, curieux de savoir où tout cela allait mener. Et même si la conclusion est un peu sirupeuse, je l'ai trouvée plutôt mignonne.
Dred Scott
1893, Dred Scott, orphelin et descendant d'esclaves, tente de survivre dans les rues de New York. Par un concours de circonstances, le chef de la police, qui semble étrangement le connaître, l'engage comme assistant. Dred a du flair, du bon sens, et se montre vite à la hauteur de sa nouvelle fonction. Mais l'enquête sur un meurtre lié à une tentative de vol d'un collier d'émeraudes va faire resurgir le passé : ce bijou provient de la plantation où ses parents ont été assassinés. En remontant la piste, il va mettre au jour des secrets bien enfouis, entre anciens planteurs sudistes et vétérans de la guerre de Sécession désormais influents à New York. La série s'inscrit dans un contexte historique original. Il est rare de voir abordées les répercussions de la guerre de Sécession trente ans après, et encore plus dans la très nordiste ville de New York. En toile de fond : l'influence politique persistante des sudistes, la corruption d'un parti irlandais bien implanté, et un réseau criminel qu'on nous promet d'explorer davantage dans le second tome. Le tout est vu à travers les yeux d'un jeune héros noir, à la fois assistant enquêteur et symbole vivant d'une société encore minée par le racisme et la ségrégation. Et le passé de sa famille, lui, recèle visiblement un certain secret. Sur le papier, tout cela avait de quoi me passionner. Mais j'ai eu du mal à accrocher. L'histoire démarre de façon abrupte, sans vraiment nous donner le temps de nous attacher au héros. Dred manque de charisme, et j'ai eu peu de motivation pour le suivre. L'intrigue repose en outre sur une accumulation de coïncidences : le chef de la police qui le reconnaît, l'enquête miraculeusement liée à son passé aussi lointain dans le temps que la distance, tous les protagonistes et antagonistes qui se soucient étrangement tant de lui en bien ou en mal… Tout semble trop forcé pour servir un personnage qu'on peine à trouver marquant. À force, on se demande s'il n'y a pas une révélation spectaculaire en réserve, mais tout indique que ce serait tiré par les cheveux. Graphiquement, c'est globalement correct, mais la toute première planche m'a déconcerté : une vue panoramique de New York qui donne l'impression d'une grosse bourgade tant la géographie de Manhattan et de l'Hudson River y est faussée. Pas idéal pour un récit qui prétend s'ancrer dans l'exactitude historique et se focaliser sur cette ville en particulier. Heureusement, le reste des décors urbains, plus en plongée dans les rues, est plus convaincant. J'ai trouvé le cadre stimulant et les thèmes intéressants, mais je reste sur ma réserve à cause d'un héros peu attachant et d'une mécanique narrative trop artificielle. La suite pourrait encore surprendre, mais pour l'instant, ma curiosité reste modérée. Note : 2,5/5
Samsam
Samsaaam, le plus petit des grands héros ! J'ai encore en tête le générique du dessin animé que mes enfants regardaient il y a plus de 15 ans. A l'époque, je leur lisais aussi ses aventures probablement dans Pomme d'Api mais j'ai un doute sur le fait qu'il s'agissait de BD ou d'histoires illustrées. Quoiqu'il en soit ce n'est que maintenant que j'ai découvert la version album des BD du petit superhéros. Samsam vit sur la Samplanète avec ses parents, Sampapa et Sammaman. Tous trois forment une famille de héros masqués et super costauds, explorant l'espace à bord de leur petit vaisseau à la rencontre de monstres farfelus. Parmi ses amis, on retrouve Petit Poâ, un extraterrestre de son âge, et SuperJulie, une héroïne qui ne manque pas de ressources. Son ennemi juré ? Le ridicule Marchel 1er, roi des Marchiens, toujours prêt à semer la pagaille mais jamais de taille face à Samsam. Destinée aux tout-petits dès 3 ans, la série fonctionne aussi bien en lecture autonome qu'en lecture à voix haute par les parents. Chaque histoire de deux pages seulement se conclut en douze cases, avec des intrigues express et des fins rassurantes. Aux commandes, Serge Bloch, habitué des publications jeunesse comme Max et Lili (Ainsi va la vie) ou Zouk. Son dessin, faussement naïf, est en réalité très maîtrisé. La narration, omniprésente, permet de condenser efficacement l'histoire, ce qui rend la lecture à voix haute vivante et agréable pour les parents. Il faut bien le dire : cette série n'est pas faite pour tous les âges. Les adultes s'ennuieront devant la simplicité des scénarios et leur morale parfois un peu appuyée. Mais pour les très jeunes lecteurs, c'est un divertissement joyeux, sans prétention, parfaitement adapté à leur imaginaire et à leur niveau de compréhension.
La Kahina - La Reine berbère
Après avoir choisi les « reines » les plus célèbres ou connues des lecteurs, la collection s’attaque depuis quelques temps à des femmes ayant moins marqué la mémoire collective – parfois simplement parce qu’ayant peu « régné », ou alors l’ayant fait sur des territoires considérés – souvent sans raison – comme « secondaires ». C’est ainsi que ce diptyque m’a permis de découvrir l’existence de la Kahina. Le premier tome expose relativement clairement le contexte – effondrement de l’Empire byzantin et conquêtes arabo/musulmanes en Afrique. Au milieu de tout ça, les Berbères, qui cherchent à garder leur indépendance relative (politique autant que religieuse), face au Djihad venu de l’Est. Le sujet est a priori intéressant, mais ce diptyque m’a quand même laissé un peu sur ma faim. En effet, la personnalité de la Kahina reste finalement mal connue au sortir de cette lecture (et, au passage, ça n’est pas exactement une reine de « sang » - mais ça fait quelque temps que je m’interroge sur l’évolution du concept à l’origine de la collection, car à ce compte, tous les souverains ou dirigeants, quelque soit leur sexe, sont « de sang » !). Et j’ai trouvé le second tome un peu décevant. La Kahina est ballottée par les événements, devenant presque un personnage secondaire de son propre récit. Car tout est axé sur des combats, avec quelques raccourcis, comme pour la bataille finale, durant laquelle en une planche (50-51) tout bascule trop brusquement, alors que certaines scènes où les derniers défenseurs de La Kahina et elle-même meurent « longuement », en ayant le temps, transpercés par de multiples projectiles, de lancer leurs derniers commentaires, m’ont paru improbables (je n’aime pas ce genre de facilités). Note réelle 2,5/5.
Bouncer
J'ai lu l'intégrale il y a un an environ. J'en attendais peut être trop comme j'adore Jodorowsky. L'histoire reste dans un classicisme assez surprenant. Elle peut donc attirer un public assez large. C'est très accessible, trop sage même. Quand on est plus attiré par le génie créatif de Jodo et ses envolées métaphysiques-mystico-wtf, on reste sur sa faim. Même le dessin de Boucq (que j'ai trouvé très bon faut pas déconner) ne m'a pas fait sauter au plafond. Et puis question nudité, autre atout normalement dans les œuvres de mon chilien préféré, circulez y a quasiment rien à voir. Décevant je vous dis.
Zorro - D'entre les morts
D’emblée on est surpris par les choix scénaristiques, qui vont réactiver le mythe de Zorro, pour le transposer dans notre époque. Encore que, Diego, l’un des héros, se prend réellement pour Zorro, et, une sorte d’autisme aidant, il fait abstraction des anachronismes, s’élançant à cheval avec son épée à l’assaut des fauteurs d’injustice, dans son village mexicain nommé – forcément – La Vega. L’autre originalité du récit, c’est que les méchants sont incarnés par un gang ultra violent, un cartel trafiquant de drogue vers les USA, que la DEA cherche à neutraliser. C’est original, et cela garantit une action testostéronée. Mais c’est aussi cet aspect, qui rapproche cette série de certains comics ou film blockbusters, qui ne m’attire a priori pas du tout. En effet, les personnages sont manichéens, les hommes bodybuildés, cela manque singulièrement de nuances (même remarque concernant certains dialogues, parfois un peu niaiseux je trouve). Enfin, Diego et sa frangine, qui mènent la révolte contre le chef du cartel, sont vraiment increvables ! Tabassés, mitraillés, ils ne semblent pas plus que ça ressentir de gêne, continuant à se battre presque comme si de rien n’était. Du coup, malgré le travail de « relocalisation », et les nombreux clins d’œil aux versions de Zorro que nous connaissons (celle de la série Disney, mais aussi celles livrées par le cinéma), et à cause des longues séquences de fusillades et de déclarations à l’emporte-pièce des « méchants » et des « gentils », mon intérêt – pourtant relativement élevé au départ – n’a cessé de diminuer, pour me laisser au final sur ma faim. J'ai aussi trouvé bizarre que soit répétés en début de chaque chapitre phrases et contexte déjà placés en fin de chapitre précédent. C'est sans doute la marque d'une publication en épisodes dans une revue (je ne sais pas ?), mais ça aurait dû être changé pour une publication d'un seul tenant en un album. Note réelle 2,5/5.
L'Assassin qu'elle mérite
Une belle surprise! Je me suis mis à lire cette bd par pur hasard. Et franchement, j’ai été agréablement surpris. Le scénario tient bien la route. On reste à fond dans l’histoire. On s'empresse de passer au tome suivant pour connaître la suite. J'ai bien kiffé les dessins aussi, pas spécialement originaux mais que j'ai quand même bien aimé admirer. Encore une fois, une belle surprise..... Note réelle : 3,5/5
Le Coup du lapin
A toutes les époques (et vraisemblablement tous les univers de fiction), l'ensemble des lapins existant semblent être unanimement animés du même désir irrepressible de mettre fin à leurs jours à la première occasion. Bon, on leur reconnait tout de même une grande créativité dans leurs expérimentations suicidaires. En tout cas, beaucoup préfèrent les plans complexes et les réactions en chaîne aux plans plus simplistes de certains. Comme quoi on peut mourir et faire preuve d'ambition et d'individualité. C'est du simple plaisir régressif qui vise à amuser les sadiques qui sommeillent sans doute en chacun-e d'entre nous, mais j'avoue que cela manque de réelle inventivité. Entendons-nous, les inventions de ces lapins pour mettre fin à leur jours ne manquent pas de créativité, mais je leur reproche tout de même de ne pas aller plus loin dans le délire, de ne pas rendre le truc encore plus délirant. Je suis sans doute trop dure en disant cela, après tout il n'est pas non plus si facile de renouveler trois albums uniquement constitués du même genre de mini-histoires muettes ne cherchant qu'à nous montrer des lapins suicidaires, mais je déplore justement que la lecture finisse par devenir convenue, la chose ne surprend plus et ne marche plus vraiment. Sûr, quelques idées survolent tout de même, comme le coup des lapins jonglant avec des couteaux lors d'une éclipse solaire totale, mais l'ensemble prend malheureusement un rythme de croisière au bout d'un moment et ne semble pas vraiment décoller. C'est surtout que sur la fin j'ai eu l'impression de n'enchaîner que des versions diverses de la formule "les lapins ont construit un mécanisme de réaction en chaîne qui s'active lors d'une action humaine de la vie de tous les jours". Peut-être est-ce dû au fait de les lire tous ainsi à la suite, peut-être que les lire à raison d'une mini-histoire par jour satisferait mieux, peut-être donc que mes conditions de lectures n'étaient pas optimales pour l'œuvre. Peut-être, oui. En tout cas, c'est ainsi que j'ai vécu la série et ce ressenti va bien jouer dans mon avis.
Pendragon (Le Gris/Dellac/Martinello)
J'ai beaucoup aimé l’édition en noir et blanc du tome 1. Je me suis donc empressé de lire l’édition en couleurs des deux tomes. Je rejoins complètement mr Noirdesir (que je prends un vrai plaisir à lire ses avis qui je trouve sont très bien rédigés) sur le fait que tout commence avec de grandes scènes de bataille et puis.....plus rien......je m'attendais quand même à autre chose. Malgré cela, j'ai quand même apprécié la lecture de cet album. A découvrir