Les derniers avis (48374 avis)

Couverture de la série Le Bestiaire du crépuscule
Le Bestiaire du crépuscule

De Lovecraft, je n’ai lu que quelques ouvrages (je n’avais pas accroché et j'avais trouvé pas mal de répétitions), et je ne suis pas suffisamment familier de cet auteur pour discerner tous les emprunts, les allusions, qui parsèment semble-t-il cet album (mis à part la nouvelle qui s’y trouve incluse vers la fin, les monstres des profondeurs, et le nom du personnage, Providence, bien entendu). C’est avant tout l’aspect quelque peu poétique, gentiment absurde, flirtant à plusieurs reprises avec un certain surréalisme (le chat de Providence, assez bavard, ne se nomme-t-il pas Maldoror ?) qui m’a plu, malgré quelques longueurs de-ci de-là. Le dessin aussi m’a attiré, alternant, voire mélangeant Noir et Blanc et couleurs, donnant à certaines planches des allures de collage (faisant penser parfois à ceux de Jacques Prévert). Un récit étrange, assez original, à découvrir à l’occasion.

21/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Death Mountains
Death Mountains

Je ne connaissais pas cette histoire, plus que dramatique. Et une histoire au combien représentative de cette « conquête de l’ouest » qui, loin de la vision idéalisée d’Hollywood, et sans que bandits, Indiens ne soient impliqués (ils n’apparaissent ici que brièvement, et comme sauveurs d’ailleurs), se révèle un chemin semé d’embuches et de morts, au bout duquel seul quelques-uns vont parvenir dans les premiers temps. La narration est assez classique, linéaire (une vieille femme, survivante de ce désastre, raconte à un descendant de rescapé son odyssée), ponctuée de mini rebondissements vers la fin, puisque c’est en plusieurs vagues que les participants de ce voyage sont morts et/ou ont été plus ou moins temporairement secourus, après avoir eu recours au cannibalisme pour tenter de survivre. Une narration linéaire donc, mais globalement agréable à suivre, avec un dessin de Brecht efficace, même si je trouve que les décors (à la fois macabres et grandioses) auraient pu être plus fouillés.

21/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Rachel Rising
Rachel Rising

Petite déception au final pour ce récit d’épouvante pourtant bien prometteur au départ. En cause principalement, des concepts auxquels je n’ai fini par ne plus comprendre grand-chose et une redondance dans les événements décrits qui m’a donné l’impression que l’histoire se trainait en longueur et que son auteur a improvisé à plus d’une occasion en cours de route. Mais tout n’est pas à jeter pour autant. J’ai beaucoup aimé le dessin. Il a beau être en noir et blanc, je le trouve très expressif, facile à lire et relativement bien typé pour ses personnages (même s’il n’est pas évident de toujours suivre de ce point de vue puisque, concept oblige, certains d’entre eux changent régulièrement de physionomie). J’aime également beaucoup les dialogues, surtout dans leur dimension humoristique. Ce mélange d’humour très noir et d’horreur est d’ailleurs très certainement ce que j’ai préféré à la lecture. Enfin, corollaire du point précédent, certains personnages m’ont vraiment bien plu. Donc voilà, j’ai cru que ça allait être franchement génial et au final, c’est juste pas mal. Du même auteur, j’ai autrement préféré « Echo ». A noter que la toute dernière page laisse la porte ouverte à un nouveau cycle.

21/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Louisiana - La Couleur du sang
Louisiana - La Couleur du sang

Ce triptyque se révèle à la fois très classique et agréablement original. Classique par son dessin, d’abord, qui ravira tous les lecteurs amateurs de franco-belge réaliste. Ce trait, de qualité, assure un grand confort de lecture. Les décors sont soignés, les personnages sont plutôt bien typés, les ambiances sont bien rendues. On ne peut pas dire qu’il dispose d’une personnalité qui lui serait propre mais ce trait correspond aux attentes de bien des lecteurs lorsqu’ils se lancent dans ce genre de lecture. Classique par son cadre ensuite puisque nous nous retrouvons dans le sud des Etats-Unis sur une période allant de peu avant la guerre de sécession à quelques années après celle-ci (pour la majeure partie du récit, le fin mot de l’histoire, lui, arrive à une époque bien plus proche de la nôtre). Esclaves noirs, patrons blancs racistes, vaudou, guerre de sécession…nous sommes en pays connu. Classique par sa structure puisque l’histoire nous est contée a posteriori via un long entretien qu’une dame âgée délivre à sa gouvernante. Ce système est toujours aussi efficace et permet de placer avec naturel des pauses dans le déroulement du récit. L’originalité, elle, se situe au niveau du prisme choisi. En effet, l’histoire est principalement vue au travers du regard des femmes. Trois générations confrontées à la violence d’un monde profondément machiste mais qui peuvent elles-mêmes faire montre d’une cruauté déconcertante. Dans l’ensemble, j’ai bien aimé ce récit. Je trouve cependant qu’un des personnages principaux a un comportement assez… bizarre, incohérent. J’ai eu du mal à comprendre certains de ses choix, à m’expliquer certaines de ses actions. Par ailleurs, la toute fin du récit m’est apparue assez expédiée. On saute alors rapidement d’une période à une autre et d’un lieu à un autre pour ainsi avoir droit à une conclusion certes romanesque mais aussi peu crédible. Mais voilà, le sentiment qui prédomine, c’est que c’est pas mal, très classique mais bien foutu et avec ce petit détail original qui permet à la série d’offrir finalement autre chose que ce qu’on nous propose d’habitude sur ce sujet.

21/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Un Ver dans le Fruit
Un Ver dans le Fruit

Voici une farce noire bien plaisante à lire même si elle ne rentrera pas dans les annales. Un peu trop légère pour ça, je pense. Ceci dit, Pascal Rabaté nous croque une belle galerie de personnages dans ce petit village rural et aviné. Les dialogues sont vivants et les situations souvent amusantes, même si l’histoire qui nous est racontée est dramatique par bien des côtés. Derrière la fable se trouve une critique sans concession du monde rural, entre bourgeois imbus d’eux-même et paysans violents et alcooliques. Au niveau du dessin, Rabaté use ici d’un trait charbonneux assez riche. Je le préfère lorsqu’il fait montre de plus d’épure mais c’est juste une question de goût car, techniquement, son trait est lisible et expressif et ses décors sont agréables à regarder. Une lecture détente, pas indispensable mais bien plaisante.

21/10/2022 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série La Rousseur... pointée du doigt
La Rousseur... pointée du doigt

Un album sur les roux. L'autrice étant elle-même rousse elle va parler de son expérience et aussi des roux en général et plus spécifiquement de la discrimination dont a été victime ce groupe dans l'histoire. C'est un album intéressant à lire. L'autrice traite de tous les sujets possibles sur les roux de manière claire et précis. C'est jamais chiant à lire. La partie la plus intéressante et lorsqu'elle parle des préjugés et des stéréotypes que les roux ont vécu à travers l'histoire. Je me rappel qu'à mon école secondaire, si c'était mal vu de faire des blagues sexistes ou racistes(ou du moins il y avait toujours un élève pour protester), on pouvait faire des blagues sur les roux dans une indifférence générale. Les moments où l'autrice raconte sa propre vie sont touchants. Le dessin est bon et agréable à l'œil.

21/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Miss Endicott
Miss Endicott

J’avais commencé à rédiger mon avis après lecture du premier tome, que j’avais trouvé vraiment chouette, mais je suis sorti un peu déçu du tome suivant, que j’ai trouvé à la fois moins bon, et un peu incohérent par rapport au précédent. Le dessin de Fourquemin, semi-caricatural, mais très dynamique et fluide, est agréable en tout cas. Sa reconstitution des bas-fonds londoniens, et sa « construction » de ce monde sous-terrain, totalement improbable (quelle hauteur de plafond !), tout est bien fait. Quelques petites touches légèrement steampunk, des personnages à trogne, voilà un décor bien planté (un visuel agréable, remarque valable pour les deux tomes). Le personnage de Miss Endicott, gouvernante le jour, « réconciliatrice » la nuit, est amusant. Sorte de Mary Poppins jamais prise au dépourvu, à son aise au milieu des poivrots et autres loulous des tavernes, comme auprès du gamin de la haute qu’elle doit chaperonner, elle reprend dans le premier tome le rôle auparavant dévolu à sa mère : résoudre les conflits, par la persuasion, la conciliation, tout en n’hésitant pas à user de la manière forte (baffe, coup d’aiguilles et autres coups de pieds bien placés, les plus durs la respectent). Ce premier tome est enlevé, dynamique. Avec un équilibre entre action/baston et avancée de l’intrigue, qui délivre au compte-goutte ses mystères. Mais le second tome est décevant je trouve. Le retour de la mère n’est en soit pas une bonne chose pour le scénario, faisant passer notre héroïne au second plan. Surtout que cette dame, présentée comme une conciliatrice, se révèle en fait être une pétroleuse qui arrose à tout va. Et du coup on ne compte plus les pages uniquement composées de scènes de canardage : moins intéressant et un changement de ton qui ne m’a pas convaincu. Bref, parti pour un quatre étoiles, je finis par n’en mettre que trois, c’est dommage.

20/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Le Match de la Mort
Le Match de la Mort

Je ne connaissais pas du tout cet épisode dramatique, il est vrai noyé dans un temps et une région où les drames se sont succédés, empilés, au point de ne laisser au final qu’une impression floue derrière laquelle s’estompent les êtres au profit de chiffres énormes et froids. L’histoire se déroule en Ukraine durant la seconde guerre mondiale, des débuts de l’opération Barbarossa à la débâcle allemande sur le front Est. Des premières tueries des Einsatzgruppen aux massacres de la déroute. Dans une région, l’Ukraine donc, grenier à blé, mais peuplée d’Untermenschen voués à servir ou s’effacer devant les besoins de la race supérieure. On le voit un cadre terrible, dans lequel nous allons voir se débattre quelques personnages, rescapés tentant de survivre. Au milieu du désastre permanent, quelques anciens camarades du club de football du Dynamo Kiev se retrouvent, sous la houlette d’un ancien fan, propriétaire d’une boulangerie, qui souhaite les protéger, leur fournir du « pain », et reconstituer une équipe. L’occasion va se présenter lorsque les occupants allemands et quelques collaborateurs veulent mettre sur pieds une série de matches de foot entre équipes des occupants (Allemands donc, mais aussi Roumains, Hongrois) et une équipe « ukrainienne ». Nos bonhommes, sous les couleurs ukrainiennes de l’époque (le rouge – je ne le savais pas) vont s’y coller, et mettre quelques raclées aux Nazis. Se pose alors un terrible dilemme : poursuivre dans cette voie, par fierté, et par esprit de résistance (un petit public ne s’y trompe pas, qui les encourage et voit là un espoir de prendre une petite revanche sur l’occupant) ou céder aux menaces et « perdre » le dernier match prévu. Le titre de l’album dit assez clairement quel va être leur choix, et comment les Nazis vont réagir. L’histoire est terrible, et l’on ne peut qu’admirer le courage de ces hommes, qui plus est dans ce contexte apocalyptique. Au milieu des nombreux récits d’atrocités sur le front Est, celui-ci apporte un éclairage différent, même s’il ne diffère pas dans sa conclusion. En tout cas c’est un épisode intéressant. Autre chose que j’ai appréciée, le dessin d’Escriche – classique, réaliste, mais peut-être un chouia trop statique – est efficace, même si les décors sont peu développés (et une erreur sur une croix gammée page 13…). Surtout, j’ai aimé le parti-pris de sa colorisation, souvent terne, sombre, le rouge des explosions, du sang, venant donner quelques piqûres de rappel : c’est bien le mot « mort » qui est le plus gros dans le titre, c’est elle qui occupe les esprits. Si je ne vais pas au-delà de trois étoiles, c’est que, un peu comme le dessin, j’ai trouvé parfois la narration un peu « statique », ampoulée. Rien de rédhibitoire, qui empêcherait une lecture sereine, mais j’ai trouvé que, sur ce sujet, il manquait peut-être un peu de coffre au récit (partie « romancée » de l’intrigue, dialogues). Le football est au cœur de l’histoire et omniprésent, mais comme un fil rouge, l’essentiel est ailleurs (les amateurs liront d’un œil curieux le texte de préface de Mario Kempes !).

20/10/2022 (modifier)
Couverture de la série Le Fanfaron
Le Fanfaron

Ces 7 récits courts sont parus dans la revue italienne Corto Maltese à la fin des années 80 et ont été ensuite édités par Casterman dans un album en 1993, je l'ai aperçu dans une boutique d'occasions. Mais cette intégrale Mosquito a un petit supplément en reprenant en intro un épisode situé pendant la guerre des Boxers à Pékin où le héros de Vianello, Theodore Brag côtoie un gamin promis à un bel avenir puisqu'il s'agit tout bonnement de Corto Maltese jeune ; il parait que c'est une suggestion de Hugo Pratt en personne. Le personnage de Brag est plutôt amusant, c'est un beau parleur, charmeur, hâbleur qui se complait à impressionner les membres de son club avec le récit de ses voyages autour du monde, sauf que c'est un véritable mythomane. En effet, on peut le comparer aisément avec notre Tartarin de Tarascon, héros peureux d'Alphonse Daudet, car il raconte ses pérégrinations en ne manquant pas de déformer la réalité, de travestir la vérité et de réécrire carrément ses soi-disants exploits. Un coup, il se prend pour Allan Quatermain, le héros de H. Rider Haggard pour retrouver un trésor enfoui, un autre coup, il est question de trafic d'armes, de magie noire ou de légendes tribales, à travers la Chine, l'Australie, la jungle africaine, les Indes ou les déserts d'Arabie... bref ces tartarinades sont souvent amusantes par le décalage entre ce que raconte Brag et ce qui est réellement montré. Les récits sont d'un niveau à peu près égal, mais malgré la dose d'ironie injectée dans ces histoires à l'exotisme de bazar, Vianello enferme un peu trop son faux héros dans un carcan dont il a du mal à sortir, la formule a ses limites, mais l'ensemble est distrayant. Graphiquement, c'est curieux, j'ai trouvé dans certains récits, surtout le premier en Chine, le dessin de Vianello très pur, avec un beau noir & blanc, même si ces récits auraient gagné à être en couleurs, alors que sur d'autres, son dessin est beaucoup plus inspiré de Pratt, mais je crois que par rapport à d'autres albums que j'ai lus de Vianello, c'est celui qui a un dessin le moins prattien si je puis dire, sans doute parce que ce sont ses premiers récits, et que l'influence de son maître n'est pas encore marquée.

20/10/2022 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
Couverture de la série Mutations
Mutations

J'ai lu cette série sans avoir lu Mermaid Project. Cela ne m'a pas foncièrement dérangé : beaucoup de références à la série précédente sont faites au cours du récit mais elles sont suffisamment claires pour être comprises par quelqu'un qui ne l'a pas lue. J'ai donc découvert ici cette Terre d'anticipation bouleversée par le changement climatique, mais aussi bouleversée sur le plan sociologique puisque les blancs y ont pris la place des opprimés par les autres races qui leur reprochent d'être la cause de l'épuisement des ressources. J'ai trouvé ce cadre de science-fiction assez peu réaliste. D'une part car l'inversion des développements des nations et des races est un peu trop facile, les capitales Africaines devenant l'exact équivalent des métropoles américaines de notre monde, et idem pour l'inversion des climats avec de la chaleur tropicale en Europe et le froid polaire au sud de l'Afrique. Et d'autre part parce que le racisme antiblanc est trop souvent rappelé dans ce diptyque : il n'y a pas deux pages où on en parle pas et ça finit par sonner faux même si finalement on apprend que c'est la motivation principale des antagonistes. En terme de crédibilité, je trouve aussi assez irréaliste les moyens dont disposent les antagonistes : où ont-ils trouvé autant d'argent, de liberté d'action et d'équipement pour faire ce qu'ils ont fait ici ? Voilà pour les défauts à mes yeux. Mais ils ne m'ont pas rebuté car pour le reste, j'ai pris plaisir à lire cette courte série. J'y ai retrouvé un sens de l'aventure et de l'anticipation comme je les aime, avec beaucoup de péripéties variées, un peu d'action mais pas trop, des enchainements cohérents et des dialogues et comportements intelligents de la part des personnages (hormis la principale antagoniste qui est un peu trop exagérée dans sa folie manichéenne). Et surtout j'apprécie beaucoup le dessin qui est dans une veine franco-belge classique me rappelant le style d'Eric Maltaite qui charme ma nostalgie de vieux lecteur de l'école de Marcinelle. J'ai donc passé un bon moment avec cette aventure plutôt dépaysante, bien rythmée, dotée de bons personnages et bien dessinée. Seul le léger manque de crédibilité m'empêche de mettre une meilleure note.

20/10/2022 (modifier)