Quel album intriguant de ces deux auteurs talentueux, qui avaient déjà collaboré sur plusieurs projets (notamment Gideon falls). Le résumé à lui-seul interpelle, et le reste de l’histoire n’est pas en reste.
Alors, de quoi s’agit-il ? Sans spoiler, disons que nous avons affaire à un thriller uchronique sur fond de guerre froide. La narration alterne entre le passé (la découverte de faits troublants par deux scientifiques qui se retrouve mêlés à une histoire bien compliquée) et le présent (le retour inattendu des animaux disparus). Le dénouement est important dans ce genre d’histoire qui repose sur un évènement inexplicable. Ce dernier m’a plu, mais n’apporte pas forcément toutes les réponses. Certains s’amuseront à combler les lacunes, alors que d’autres resteront peut-être sur leur et faim, et sur une impression de trop peu. Je dois avouer fluctuer entre les deux !
La mise en image est superbe. Andrea Sorrentino (au dessin) et Dave Stewart (aux couleurs) alternent entre un style noir pour les passages « polar guerre froide » du passé, et un style plus moderne, voire géométrique et psychédélique pour le présent.
Un album intriguant et original.
Le Chant du temps inversé est le nom d'une boutique de livres et objets pop et geek. Pandora, 18 ans, y travaille à mi-temps avec son oncle. Et c'est aussi le lieu de prédilection du jeune Paul qui va tomber immédiatement sous le charme de la jolie fille.
À ceux qui l'ont lu, cet album en rappellera fortement un autre : Une Soeur. D'abord par le graphisme, celui de Galaad se rapprochant beaucoup dans l'idée de celui de Bastien Vivès, un trait noir et blanc un peu lâché aux contours ronds, accompagné de simples ombrages gris clair. Ensuite par la forme et la narration tous deux influencés par le manga et sa mise en scène cinématographique, ce que l'on retrouve aussi dans le format de l'album, certes cartonné mais de petite taille et de plus de 200 pages. Et enfin par le scénario. Une Soeur racontait la relation dissymétrique entre un gamin de 13 ans et une belle ado de 16 ans, toute en pulsions amoureuses et érotiques. Ajoutez deux ans à l'âge des protagonistes et vous aurez la thématique principale du Chant du temps inversé. Ce n'est plus cette fois l'histoire d'un garçon tout juste sorti de l'enfance, mais ici aussi l'ascendant de la fille plus âgée et sûre d'elle est manifeste. Et là aussi, les choses tourneront suffisamment bien pour se rapprocher du fantasme adolescent mâle.
Contrairement à Une Soeur où le scénario était trop beau pour être vrai pour le garçon, ici la relation entre les deux protagonistes est assez subtile, le comportement de la fille étant difficile à cerner et venant s'expliquer au final par une raison plus profonde qui apporte une seconde thématique à l'histoire. Le fait qu'elle vienne chercher affection et une forme de stabilité chez un garçon nettement moins âgé qu'elle reste légèrement irréaliste à leurs âges, mais au moins il subsiste une part de crédibilité, on peut se dire que c'est possible, d'autant que celui-ci a un certain charme et assez de maturité.
Il se dégage au final de ce roman graphique une émotion intéressante, légèrement intangible mais touchante.
Je découvre cet éditeur avec ce petit album à l’italienne, et je dois dire que c’est plutôt une bonne pioche. Même si le cœur de cible est plutôt un jeune lectorat, l’histoire n’est pas désagréable à lire pour un adulte.
Le postulat de départ est amusant, puisque nous suivons un peuple, qui vit – village, forêt compris – sur un géant (qui m’a au départ fait penser aux Ents de Tolkien, mais en bien plus grand) en perpétuel déplacement. Mais certains « érudits » (savants locaux) découvre que la marche du géant est un peu plus saccadée, et qu’elle semble le mener vers une fin inéluctable, un cimetière, ce qui équivaudrait à une fin du monde pour nos personnages.
Un jeune érudit observe donc avec une lunette les alentours, découvrant d’autres géants, et ses découvertes amènent diverses réflexions, sur le partage, l’adaptation à de nouvelles conditions de vie, etc.
L’album est vite lu (une seule image par page), mais la narration est fluide, comme le dessin est simple et agréable. La fin ravira les plus jeunes je pense, en dédramatisant la lecture.
J’ai lu version Dargaud, probablement dans un format légèrement plus grand que la réédition de Treize Etrange. Mais j’imagine que le dessin devait quand même passer en plus petit format. En effet, il est assez simple, peu détaillé (remarque valable pour les personnages et les décors). En tout cas il est fluide et agréable.
L’histoire est assez légère – dans tous les sens du terme, tant on suit cette « chasse au trésor » en s’attachant plus aux personnages qu’à l’intrigue elle-même.
Ma lecture a été rapide, pas désagréable, mais sans que je m’y sois attaché outre mesure.
A emprunter à l’occasion, mais je pense que je n’y reviendrai pas.
Note réelle 2,5/5.
Étrange histoire, qui se déroule dans un décor qui l’est tout autant. Il y a bien un début et une fin – quoi que – mais ça n’a ni queue ni tête. Saupoudré d’absurde, d’une poésie loufoque, le récit nous embarque dès le départ, à la suite d’un garçon habillé en Indien, dans la traversée/visite d’un village hautement improbable, puisqu’il occupe l’entièreté d’un piton, et qu’il faut traverser toutes les maisons (il y en a une trentaine) les unes après les autres (elles sont toutes mitoyennes), sans que l’on sache d’ailleurs ce que fuit vraiment ce gamin en voulant passer de l’autre côté de ce village perché.
Dans chacune des maisons, notre gamin croise des personnages tout aussi improbables, eux aussi « perchés ».
Un univers original donc, agrémenté d’un dessin et d’une colorisation que j’ai trouvés à mon goût, sobres et étranges aussi. Si certains détails (les yeux en particulier) peuvent créer une atmosphère très légèrement angoissante, on est plus là dans quelque chose de doux (doux-dingue serais-je tenté d’écrire).
Un album étonnant en tout cas, une lecture agréable et recommandée.
Voilà un récit qui satisfera les amateurs d’Histoire – plus que d’histoire à proprement parler, tant c’est linéaire, et véhicule un sentiment de déjà vu, une fatalité souvent traitée, car remplissant les annales historiques et familiales.
Au temps des guerres de religion, dans le fin-fond du Rouergue, une famille déchirée entre papistes et huguenots, et une femme qui en paye le prix fort. La narration est parfois monocorde, simple lecture d’annale régionale.
Mais, malgré ces bémols, je n’ai pas trouvé désagréable la lecture.
D’abord parce que j’ai trouvé original et intéressant le dessin de, Perrissin, sombre (peut-être parfois trop ?), avec un trait gras, presque granuleux – donnant à certains personnages des airs de spectres, un dessin raccord en tout cas avec le propos et le rigorisme exacerbé et quasi masochiste qui détruit ici famille et êtres de l’intérieur.
Ensuite parce que ce récit, épuré, laisse la place à l’imagination du lecteur.
A lire à l’occasion.
Un an après Les Croix de bois, le duo Morvan-Percio revient. Comme leur premier one-shot avait comme décor la première guerre mondiale, c'est logiquement que leur second se passe durant la seconde guerre mondiale (on espère donc qu'il y aura pas de troisième one-shot de ce duo !).
La seconde guerre mondiale était un des sujets les plus traités en bande dessinée, c'est dur de faire quelque chose d'original. Ici, Morvan montre les résistants ordinaires, des gens du peuple qui ont eu le courage de se révolter contre les nazis. On suit donc un petit groupe d'hommes et de femmes d'origines diverses, terré dans une ferme où vit dans les alentours un enfant-loup. Au fil des flashbacks, on en apprend plus sur chaque personnage. On suit leur vie quotidienne jusqu'à l'inévitable tragédie.
L'histoire se lit bien, il y a de très bons moments, mais globalement je trouve que c'est juste sympathique à lire. Il faut dire que la plupart des personnages m'ont laissé un peu indifférent. J'ai aussi appris sur une bataille tragique que je ne connaissais pas. Un album à emprunter en gros.
Décidément Morvan adore adapter des romans. Encore une fois, je n'ai pas lu l'œuvre originale et je ne connaissais même pas l'existence de Roland Dorgelès.
Dorgelès a été soldat durant la première guerre mondiale et il a tiré un roman basé sur ce qu'il a vécu. Si j'avais lu le roman juste après la guerre, j'aurais sûrement été ému. Malheureusement, je l'ai lu une bonne centaine d'années plus tard et après avoir lu des dizaines de bandes dessinées sur le thème de la première guerre mondiale. J'ai donc eu l'impression d'avoir déjà vu les scènes de l’album et de ne pas avoir appris grand chose de nouveau. Si vous avez déjà lu un album de Tardi sur cette guerre, ben il y a pas de surprises. Malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à être ému par cet album. Il y a des sujets que j'ai vus tellement de fois que ça finit par me blaser, même si c'est des tragédies.
Ce que j'ai aimé est la partie biographie de l'album, parce que Morvan n'adapte pas juste bêtement le roman, il montre aussi des moments de la vie de Dorgelès et ça se mélange bien avec le roman. Je pense que ces parties m'ont plus touché que les scènes tirées du roman.
Le dessin de Percio est bon. J'ai bien aimé qu'il adopte deux styles différents, un pour le roman, un autre pour la biographie, cela donne de jolies choses. Le seul problème est que je trouvais que les soldats se ressemblaient un peu tous en uniforme, ce qui n'aide pas trop à les rendre attachants et mémorables, vu que j'étais jamais sûr de qui était qui.
Sans être grandiose, un album plutôt sympathique, ça a bien marché avec moi. Aidé en ça par de chouettes dessins et couleurs d’Obion.
Les premières pages m’ont moyennement emballé, puis petit à petit ça a commencé à fonctionner.
Il est vrai que les auteurs épuisent bien le filon, mais si vous appréciez Obion mode atelier mastodonte, les jeux de mots, les situations quiproquos ... Faites vous plaisir.
Un gentil détournement bien con, les gags ne sont pas tous réussis mais l’ensemble reste positif et recommandable.
Pas grand-chose à dire sur cet album, qui se laisse lire agréablement et rapidement.
Charles Masson nous raconte ici la bio d’une de ses patientes, qu’il va accompagner dans les derniers temps de son cancer. Petit bonne femme pleine de vie et de convictions, qui a jusqu’au bout souhaité contrôler sa vie, qui a voulu et réussi à rester indépendante, pour choisir sa trajectoire, fut-elle morbide sur la fin.
La narration est fluide, le dessin, simple et rondouillard est lui aussi agréable.
Mais j’ai trouvé l’ensemble un peu trop sirupeux, manquant d’aspérités – sans doute comme l’héroïne, trop rigide ou parfaite, à laquelle je n’ai finalement pas réussi à accrocher.
Pas désagréable, mais pas inoubliable non plus, une petite lecture à faire à l’occasion. Je crois surtout que ce n’est pas ma came.
Note réelle 2,5/5.
En France, les livres sont au même prix partout. C'est la loi !
Avec BDfugue, vous payez donc le même prix qu'avec les géants de la vente en ligne mais pour un meilleur service :
des promotions et des goodies en permanence
des réceptions en super état grâce à des cartons super robustes
une équipe joignable en cas de besoin
2. C'est plus avantageux pour nous
Si BDthèque est gratuit, il a un coût.
Pour financer le service et le faire évoluer, nous dépendons notamment des achats que vous effectuez depuis le site. En effet, à chaque fois que vous commencez vos achats depuis BDthèque, nous touchons une commission. Or, BDfugue est plus généreux que les géants de la vente en ligne !
3. C'est plus avantageux pour votre communauté
En choisissant BDfugue plutôt que de grandes plateformes de vente en ligne, vous faites la promotion du commerce local, spécialisé, éthique et indépendant.
Meilleur pour les emplois, meilleur pour les impôts, la librairie indépendante promeut l'émergence des nouvelles séries et donc nos futurs coups de cœur.
Chaque commande effectuée génère aussi un don à l'association Enfance & Partage qui défend et protège les enfants maltraités. Plus d'informations sur bdfugue.com
Pourquoi Cultura ?
Indépendante depuis sa création en 1998, Cultura se donne pour mission de faire vivre et aimer la culture.
La création de Cultura repose sur une vision de la culture, accessible et contributive. Nous avons ainsi considéré depuis toujours notre responsabilité sociétale, et par conviction, développé les pratiques durables et sociales. C’est maintenant au sein de notre stratégie de création de valeur et en accord avec les Objectifs de Développement Durable que nous déployons nos actions. Nous traitons avec lucidité l’impact de nos activités, avec une vision de long terme. Mais agir en responsabilité implique d’aller bien plus loin, en contribuant positivement à trois grands enjeux de développement durable.
Nos enjeux environnementaux
Nous sommes résolument engagés dans la réduction de notre empreinte carbone, pour prendre notre part dans la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la planète.
Nos enjeux culturels et sociétaux
La mission de Cultura est de faire vivre et aimer la culture. Pour cela, nous souhaitons stimuler la diversité des pratiques culturelles, sources d’éveil et d’émancipation.
Nos enjeux sociaux
Nous accordons une attention particulière au bien-être de nos collaborateurs à la diversité, l’inclusion et l’égalité des chances, mais aussi à leur épanouissement, en encourageant l’expression des talents artistiques.
Votre vote
Primordial
Quel album intriguant de ces deux auteurs talentueux, qui avaient déjà collaboré sur plusieurs projets (notamment Gideon falls). Le résumé à lui-seul interpelle, et le reste de l’histoire n’est pas en reste. Alors, de quoi s’agit-il ? Sans spoiler, disons que nous avons affaire à un thriller uchronique sur fond de guerre froide. La narration alterne entre le passé (la découverte de faits troublants par deux scientifiques qui se retrouve mêlés à une histoire bien compliquée) et le présent (le retour inattendu des animaux disparus). Le dénouement est important dans ce genre d’histoire qui repose sur un évènement inexplicable. Ce dernier m’a plu, mais n’apporte pas forcément toutes les réponses. Certains s’amuseront à combler les lacunes, alors que d’autres resteront peut-être sur leur et faim, et sur une impression de trop peu. Je dois avouer fluctuer entre les deux ! La mise en image est superbe. Andrea Sorrentino (au dessin) et Dave Stewart (aux couleurs) alternent entre un style noir pour les passages « polar guerre froide » du passé, et un style plus moderne, voire géométrique et psychédélique pour le présent. Un album intriguant et original.
Le Chant du temps inversé
Le Chant du temps inversé est le nom d'une boutique de livres et objets pop et geek. Pandora, 18 ans, y travaille à mi-temps avec son oncle. Et c'est aussi le lieu de prédilection du jeune Paul qui va tomber immédiatement sous le charme de la jolie fille. À ceux qui l'ont lu, cet album en rappellera fortement un autre : Une Soeur. D'abord par le graphisme, celui de Galaad se rapprochant beaucoup dans l'idée de celui de Bastien Vivès, un trait noir et blanc un peu lâché aux contours ronds, accompagné de simples ombrages gris clair. Ensuite par la forme et la narration tous deux influencés par le manga et sa mise en scène cinématographique, ce que l'on retrouve aussi dans le format de l'album, certes cartonné mais de petite taille et de plus de 200 pages. Et enfin par le scénario. Une Soeur racontait la relation dissymétrique entre un gamin de 13 ans et une belle ado de 16 ans, toute en pulsions amoureuses et érotiques. Ajoutez deux ans à l'âge des protagonistes et vous aurez la thématique principale du Chant du temps inversé. Ce n'est plus cette fois l'histoire d'un garçon tout juste sorti de l'enfance, mais ici aussi l'ascendant de la fille plus âgée et sûre d'elle est manifeste. Et là aussi, les choses tourneront suffisamment bien pour se rapprocher du fantasme adolescent mâle. Contrairement à Une Soeur où le scénario était trop beau pour être vrai pour le garçon, ici la relation entre les deux protagonistes est assez subtile, le comportement de la fille étant difficile à cerner et venant s'expliquer au final par une raison plus profonde qui apporte une seconde thématique à l'histoire. Le fait qu'elle vienne chercher affection et une forme de stabilité chez un garçon nettement moins âgé qu'elle reste légèrement irréaliste à leurs âges, mais au moins il subsiste une part de crédibilité, on peut se dire que c'est possible, d'autant que celui-ci a un certain charme et assez de maturité. Il se dégage au final de ce roman graphique une émotion intéressante, légèrement intangible mais touchante.
La Marche des géants
Je découvre cet éditeur avec ce petit album à l’italienne, et je dois dire que c’est plutôt une bonne pioche. Même si le cœur de cible est plutôt un jeune lectorat, l’histoire n’est pas désagréable à lire pour un adulte. Le postulat de départ est amusant, puisque nous suivons un peuple, qui vit – village, forêt compris – sur un géant (qui m’a au départ fait penser aux Ents de Tolkien, mais en bien plus grand) en perpétuel déplacement. Mais certains « érudits » (savants locaux) découvre que la marche du géant est un peu plus saccadée, et qu’elle semble le mener vers une fin inéluctable, un cimetière, ce qui équivaudrait à une fin du monde pour nos personnages. Un jeune érudit observe donc avec une lunette les alentours, découvrant d’autres géants, et ses découvertes amènent diverses réflexions, sur le partage, l’adaptation à de nouvelles conditions de vie, etc. L’album est vite lu (une seule image par page), mais la narration est fluide, comme le dessin est simple et agréable. La fin ravira les plus jeunes je pense, en dédramatisant la lecture.
Harmattan, le vent des fous
J’ai lu version Dargaud, probablement dans un format légèrement plus grand que la réédition de Treize Etrange. Mais j’imagine que le dessin devait quand même passer en plus petit format. En effet, il est assez simple, peu détaillé (remarque valable pour les personnages et les décors). En tout cas il est fluide et agréable. L’histoire est assez légère – dans tous les sens du terme, tant on suit cette « chasse au trésor » en s’attachant plus aux personnages qu’à l’intrigue elle-même. Ma lecture a été rapide, pas désagréable, mais sans que je m’y sois attaché outre mesure. A emprunter à l’occasion, mais je pense que je n’y reviendrai pas. Note réelle 2,5/5.
Misères
Étrange histoire, qui se déroule dans un décor qui l’est tout autant. Il y a bien un début et une fin – quoi que – mais ça n’a ni queue ni tête. Saupoudré d’absurde, d’une poésie loufoque, le récit nous embarque dès le départ, à la suite d’un garçon habillé en Indien, dans la traversée/visite d’un village hautement improbable, puisqu’il occupe l’entièreté d’un piton, et qu’il faut traverser toutes les maisons (il y en a une trentaine) les unes après les autres (elles sont toutes mitoyennes), sans que l’on sache d’ailleurs ce que fuit vraiment ce gamin en voulant passer de l’autre côté de ce village perché. Dans chacune des maisons, notre gamin croise des personnages tout aussi improbables, eux aussi « perchés ». Un univers original donc, agrémenté d’un dessin et d’une colorisation que j’ai trouvés à mon goût, sobres et étranges aussi. Si certains détails (les yeux en particulier) peuvent créer une atmosphère très légèrement angoissante, on est plus là dans quelque chose de doux (doux-dingue serais-je tenté d’écrire). Un album étonnant en tout cas, une lecture agréable et recommandée.
La Colline aux Mille Croix
Voilà un récit qui satisfera les amateurs d’Histoire – plus que d’histoire à proprement parler, tant c’est linéaire, et véhicule un sentiment de déjà vu, une fatalité souvent traitée, car remplissant les annales historiques et familiales. Au temps des guerres de religion, dans le fin-fond du Rouergue, une famille déchirée entre papistes et huguenots, et une femme qui en paye le prix fort. La narration est parfois monocorde, simple lecture d’annale régionale. Mais, malgré ces bémols, je n’ai pas trouvé désagréable la lecture. D’abord parce que j’ai trouvé original et intéressant le dessin de, Perrissin, sombre (peut-être parfois trop ?), avec un trait gras, presque granuleux – donnant à certains personnages des airs de spectres, un dessin raccord en tout cas avec le propos et le rigorisme exacerbé et quasi masochiste qui détruit ici famille et êtres de l’intérieur. Ensuite parce que ce récit, épuré, laisse la place à l’imagination du lecteur. A lire à l’occasion.
La Ferme de l'enfant-loup
Un an après Les Croix de bois, le duo Morvan-Percio revient. Comme leur premier one-shot avait comme décor la première guerre mondiale, c'est logiquement que leur second se passe durant la seconde guerre mondiale (on espère donc qu'il y aura pas de troisième one-shot de ce duo !). La seconde guerre mondiale était un des sujets les plus traités en bande dessinée, c'est dur de faire quelque chose d'original. Ici, Morvan montre les résistants ordinaires, des gens du peuple qui ont eu le courage de se révolter contre les nazis. On suit donc un petit groupe d'hommes et de femmes d'origines diverses, terré dans une ferme où vit dans les alentours un enfant-loup. Au fil des flashbacks, on en apprend plus sur chaque personnage. On suit leur vie quotidienne jusqu'à l'inévitable tragédie. L'histoire se lit bien, il y a de très bons moments, mais globalement je trouve que c'est juste sympathique à lire. Il faut dire que la plupart des personnages m'ont laissé un peu indifférent. J'ai aussi appris sur une bataille tragique que je ne connaissais pas. Un album à emprunter en gros.
Les Croix de bois
Décidément Morvan adore adapter des romans. Encore une fois, je n'ai pas lu l'œuvre originale et je ne connaissais même pas l'existence de Roland Dorgelès. Dorgelès a été soldat durant la première guerre mondiale et il a tiré un roman basé sur ce qu'il a vécu. Si j'avais lu le roman juste après la guerre, j'aurais sûrement été ému. Malheureusement, je l'ai lu une bonne centaine d'années plus tard et après avoir lu des dizaines de bandes dessinées sur le thème de la première guerre mondiale. J'ai donc eu l'impression d'avoir déjà vu les scènes de l’album et de ne pas avoir appris grand chose de nouveau. Si vous avez déjà lu un album de Tardi sur cette guerre, ben il y a pas de surprises. Malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à être ému par cet album. Il y a des sujets que j'ai vus tellement de fois que ça finit par me blaser, même si c'est des tragédies. Ce que j'ai aimé est la partie biographie de l'album, parce que Morvan n'adapte pas juste bêtement le roman, il montre aussi des moments de la vie de Dorgelès et ça se mélange bien avec le roman. Je pense que ces parties m'ont plus touché que les scènes tirées du roman. Le dessin de Percio est bon. J'ai bien aimé qu'il adopte deux styles différents, un pour le roman, un autre pour la biographie, cela donne de jolies choses. Le seul problème est que je trouvais que les soldats se ressemblaient un peu tous en uniforme, ce qui n'aide pas trop à les rendre attachants et mémorables, vu que j'étais jamais sûr de qui était qui.
Star Fixion
Sans être grandiose, un album plutôt sympathique, ça a bien marché avec moi. Aidé en ça par de chouettes dessins et couleurs d’Obion. Les premières pages m’ont moyennement emballé, puis petit à petit ça a commencé à fonctionner. Il est vrai que les auteurs épuisent bien le filon, mais si vous appréciez Obion mode atelier mastodonte, les jeux de mots, les situations quiproquos ... Faites vous plaisir. Un gentil détournement bien con, les gags ne sont pas tous réussis mais l’ensemble reste positif et recommandable.
Les Gens de rien
Pas grand-chose à dire sur cet album, qui se laisse lire agréablement et rapidement. Charles Masson nous raconte ici la bio d’une de ses patientes, qu’il va accompagner dans les derniers temps de son cancer. Petit bonne femme pleine de vie et de convictions, qui a jusqu’au bout souhaité contrôler sa vie, qui a voulu et réussi à rester indépendante, pour choisir sa trajectoire, fut-elle morbide sur la fin. La narration est fluide, le dessin, simple et rondouillard est lui aussi agréable. Mais j’ai trouvé l’ensemble un peu trop sirupeux, manquant d’aspérités – sans doute comme l’héroïne, trop rigide ou parfaite, à laquelle je n’ai finalement pas réussi à accrocher. Pas désagréable, mais pas inoubliable non plus, une petite lecture à faire à l’occasion. Je crois surtout que ce n’est pas ma came. Note réelle 2,5/5.