Le Match de la Mort (The Death Match)

Note: 2/5
(2/5 pour 2 avis)

Découvrez la résistance politique mise en place au travers d’un match de foot où s’opposent Ukrainiens et nazis. Une bande dessinée réalisée à partir de faits historiques et documentés.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs espagnols Football [Seconde Guerre mondiale] Front de l'Est

Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans l’Ukraine occupée par les nazis, quatre joueurs du Dynamo Kiev se retrouvent. Pris dans la tourmente, ils survivent entre camps de concentration et travail dans une boulangerie. À l’été 1942, ils sont sollicités par l’Occupant pour participer à une compétition de football opposant les différentes armées en présence à Kiev : allemande, roumaine, hongroise. Ils acceptent, à condition de jouer sous les couleurs (rouges) de l’Ukraine. Avec un nouveau nom qu’ils espèrent prometteur : START. Le récit poignant d’une résistance sportive.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Octobre 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Match de la Mort © Les Arènes 2022
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 2 avis)
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20/10/2022 | Noirdésir
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Par greg
Note: 1/5

Perso il se trouve que je connaissais bien l'histoire en question. Il faut savoir qu'il y a deux versions : 1) La vérité historique : d'ancien joueurs du Dynamo se retrouvent à travailler ensemble dans une boulangerie, alimentant avant tout les troupes d'occupation, et décident de monter leur propre club, Start, afin de ne pas se retrouver dans le club "officiel" qui est géré par des collaborateurs. Ils participent à plusieurs matchs, avant tout contre diverses formations sportives des troupes occupantes. Leur avant-dernier jeu est un match retour le 9 aout 1942 contre le club de la DCA allemande. Le dernier match sera également un match retour, mais contre les troupes hongroises. Quelques jours plus tard, plusieurs des membres du club sont arrêtés par la Gestapo (9 au total). Les archives allemandes dévoileront des actes d'accusation fournis (pains sabotés avec des débris de verre dans la farine, vols de pains...). Ce sont avant tout des actes de résistance ou de désespoir poussés par la faim qui sont sanctionnés, et non une victoire de foot (la preuve étant que plusieurs membres du club ayant participé aux matchs retour ne seront jamais inquiétés). Pire, certains seront inquiétés après-guerre... par le NKVD russe qui les jugeront pour collaboration. 2) La légende de propagande soviétique : il s'agissait d'un "match de la mort", que les affreux nazis avaient imposé afin de pouvoir vaincre les soit-disant sous-hommes ukrainiens, ceux-ci devant laisser les nazis (une équipe de SS) gagner sous peine de mort. Les héros ukrainiens feront fi des menaces, ils vaincront, et seront tous exécutés à la suite du match. Il va de soi hélas que cette BD est une adaptation partielle de la propagande soviétique. Je dis bien partielle car elle reprend par essence le message de propagande soviétique, mais de manière beaucoup plus insidieuse car reprenant bien plus d'éléments réels. Exit les SS, c'est bien contre la DCA que Start se bat. De même qu'ils ne sont pas exécutés dans la foulée, mais ils font bien un autre dernier match après. MAIS... au mépris de la réalité historique, cette BD invente plusieurs faits qui n'ont jamais existé : - Les joueurs de la DCA se sont montrés brutaux, l'arbitre était partial, et les allemands sont tous partis très vite après le match --> tous les témoins (ukrainiens je précise) font pourtant état d'un match "normal", sans incidents, et les allemands ont même demandé à prendre une photo après le match montrant les deux équipes souriantes (la photo existe toujours et a même fait la "une" du journal de marche local de la Luftwaffe, ce qui semble indiquer une ambiance plutôt bon enfant et fair-play) - Des menaces larvées ont été proférées lors de la mi-temps --> aucune trace dans les témoignages des joueurs survivants - Leur arrestation aurait été décidée afin de saper le moral ukrainien qui devenait trop fort après les victoires, les sabotages et vols n'étaient que prétexte... Aucune trace dans les archives allemandes pourtant, qui ne dissimulaient rien (il y a pourtant bien eu des arrestations et déportations pour saper un moral jugé trop élevé dans les divers pays occupés par le nazis, tout était scrupuleusement consigné, ils ne s'en cachaient pas) - Tous les joueurs sont arrêtés. Comme indiqué plus haut, c'est inexact, plusieurs n'ont jamais été inquiétés. Cela n'excuse en aucun cas les horreurs nazies bien réelles mises en avant par cette BD vis-à-vis de la population ukrainienne. Mais pourquoi donc ce besoin de reprendre la propagande soviétique ?

06/05/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne connaissais pas du tout cet épisode dramatique, il est vrai noyé dans un temps et une région où les drames se sont succédés, empilés, au point de ne laisser au final qu’une impression floue derrière laquelle s’estompent les êtres au profit de chiffres énormes et froids. L’histoire se déroule en Ukraine durant la seconde guerre mondiale, des débuts de l’opération Barbarossa à la débâcle allemande sur le front Est. Des premières tueries des Einsatzgruppen aux massacres de la déroute. Dans une région, l’Ukraine donc, grenier à blé, mais peuplée d’Untermenschen voués à servir ou s’effacer devant les besoins de la race supérieure. On le voit un cadre terrible, dans lequel nous allons voir se débattre quelques personnages, rescapés tentant de survivre. Au milieu du désastre permanent, quelques anciens camarades du club de football du Dynamo Kiev se retrouvent, sous la houlette d’un ancien fan, propriétaire d’une boulangerie, qui souhaite les protéger, leur fournir du « pain », et reconstituer une équipe. L’occasion va se présenter lorsque les occupants allemands et quelques collaborateurs veulent mettre sur pieds une série de matches de foot entre équipes des occupants (Allemands donc, mais aussi Roumains, Hongrois) et une équipe « ukrainienne ». Nos bonhommes, sous les couleurs ukrainiennes de l’époque (le rouge – je ne le savais pas) vont s’y coller, et mettre quelques raclées aux Nazis. Se pose alors un terrible dilemme : poursuivre dans cette voie, par fierté, et par esprit de résistance (un petit public ne s’y trompe pas, qui les encourage et voit là un espoir de prendre une petite revanche sur l’occupant) ou céder aux menaces et « perdre » le dernier match prévu. Le titre de l’album dit assez clairement quel va être leur choix, et comment les Nazis vont réagir. L’histoire est terrible, et l’on ne peut qu’admirer le courage de ces hommes, qui plus est dans ce contexte apocalyptique. Au milieu des nombreux récits d’atrocités sur le front Est, celui-ci apporte un éclairage différent, même s’il ne diffère pas dans sa conclusion. En tout cas c’est un épisode intéressant. Autre chose que j’ai appréciée, le dessin d’Escriche – classique, réaliste, mais peut-être un chouia trop statique – est efficace, même si les décors sont peu développés (et une erreur sur une croix gammée page 13…). Surtout, j’ai aimé le parti-pris de sa colorisation, souvent terne, sombre, le rouge des explosions, du sang, venant donner quelques piqûres de rappel : c’est bien le mot « mort » qui est le plus gros dans le titre, c’est elle qui occupe les esprits. Si je ne vais pas au-delà de trois étoiles, c’est que, un peu comme le dessin, j’ai trouvé parfois la narration un peu « statique », ampoulée. Rien de rédhibitoire, qui empêcherait une lecture sereine, mais j’ai trouvé que, sur ce sujet, il manquait peut-être un peu de coffre au récit (partie « romancée » de l’intrigue, dialogues). Le football est au cœur de l’histoire et omniprésent, mais comme un fil rouge, l’essentiel est ailleurs (les amateurs liront d’un œil curieux le texte de préface de Mario Kempes !).

20/10/2022 (modifier)