La série de Liberge n'est pas facile à aborder. L'idée de départ est originale et est une vraie création. Faire une série de quatre opus avec uniquement des squelettes asexués est un vrai défi que Liberge remporte haut la main grâce à son graphisme.
L'auteur avait pourtant multiplié les difficultés en faisant évoluer son petit monde dans un univers minéral glacial. Les architectures de cathédrales ne réchauffant pas l'atmosphère, il faut se réfugier dans les passages autour des grands crus pour retrouver un peu de chaleur "humaine".
C'est d'ailleurs le graphisme, qui arrive à nous faire passer de cases sombres à des cases presque éblouissantes, qui a soutenu ma lecture.
Le scénario de base est assez classique : renverser une dictature grâce à l'homme providentiel est un schéma convenu assez répandu. Mais je trouve que le texte suit le chemin inverse du graphisme. Il devient de plus en plus abscons au fil des pages et j'ai décroché à de nombreuses reprises.
Même l'introduction des sept péchés capitaux (qui sont huit ici) ne me convainc pas. Il ne suffit pas de dessiner des araignées stylisées pour donner de la profondeur au récit. (Pauvres araignées toujours mal représentées !)
Donc une série qui pour moi présente une originalité certaine mais qui a eu du mal à garder mon intérêt jusqu'au bout.
Je continue mon exploration de l'œuvre de Zerocalcare avec ce one-shot qui est encore une fois une autobiographie.
La grand-mère maternelle de l'auteur vient de mourir et ça le bouleverse. Puis au fil des anecdotes, on apprend que le passé de la grand-mère était bien mystérieux et Zerocalcare va essayer de découvrir la vérité, faisant ressortir des secrets de famille... J'ai trouvé que le résultat était globalement pas mal. On retrouve le style et surtout l'humour de l'auteur qui me fait bien sourire et qui dédramatise souvent la situation. Du coup le ton n'est pas trop larmoyant pour un one-shot qui traite de la mort d'un proche.
J'avoue que j'ai moins accroché à la seconde moitié de l'album lorsque le récit devient plus onirique et on tombe clairement dans des scènes qui sont de la fiction (ou alors l'auteur avait fumé un pétard et s'est imaginé tout ça). J'imagine que l'auteur voulait faire un truc original pour les scènes de révélations, mais personnellement je trouve que c'est plus dérangé qu'autre chose parce que là le ton devient trop différent de ce qu'il y avait avant et de plus je trouvais que le scénario commençait à s'étirer un peu.
En tout cas, la grand-mère a vécu une vie hors de l'ordinaire. Je regrette juste qu'on ne raconte pas son passé de manière linéaire (il faut bien s'accrocher par moment et tout bien se remémorer) et qu'il y a des trous, mais c'est pas trop grave.
Les Ondes Marcinelle est une nouvelle collection de l'éditeur Dupuis du même format que la collection Les Ondines qui parait en même temps, à savoir des albums moyen format, cartonnés et plutôt épais, format grand bouquin quoi. Là où Les Ondines s'adresse en priorité à un jeune public, Les Ondes Marcinelle semble plutôt s'orienter vers des romans graphiques plus adultes.
Merel est l'héroïne éponyme de cet album. C'est une quarantenaire célibataire, élevant des canards pour le plaisir mais aussi pigiste dans un petit journal local des Flandres, spécialisée dans les articles sur le foot dont elle aime à partager le milieu viril depuis son enfance. Cette proximité avec les hommes de son village va lui attirer l'inimitié d'une femme dont le couple bat de l'aile et qui va lancer envers elle quelques rumeurs acides. De fil en aiguille les rumeurs vont enfler et amener Merel à subir injustement l’opprobre voire le harcèlement de la majorité de son village, enfants inclus. Mais c'est une femme solide et il lui en faudra davantage pour abdiquer.
Nous sommes dans un pur roman graphique, tant dans le graphisme simple, efficace et pas désagréable du tout, que dans le rythme narratif et le sujet résolument tourné vers les relations entre personnes et une histoire campagnarde pleine d'émotion et d'une bonne part d'injustice. Les personnages sont justes, et celui de Merel elle-même est plutôt original et aussi solide que son caractère. On peut reprocher l'aspect stéréotypé de ce récit d'une rumeur qui enfle trop rapidement et d'un harcèlement forcément si injuste qui titille l'agacement du lecteur devant la bêtise crasse de certains protagonistes, mais c'est une histoire qui fonctionne et qui tient la route, avec une fin relativement satisfaisante. On notera en outre sa représentation intéressante du monde rural flamand qu'on ne croise pas si souvent dans le monde de la BD.
Les Ondines est une nouvelle collection de l'éditeur Dupuis. Elle se présente sous la forme d'albums moyen format, cartonnés et plutôt épais, format grand bouquin quoi, destinés a priori à un public relativement jeune même si le contenu est finalement plutôt tous publics pour ce qui concerne Les Dieux de l'Olympe. Pour le premier album, il s'agit de relater la quasi totalité des mythes grecs impliquant la déesse de l'amour, de sa génèse jusqu'à la Guerre de Troie. Chaque mythe y fait l'objet d'un chapitre indépendant de taille variable.
Les Dieux de l'Olympe date en réalité du début des années 1990 lorsque Nadja avait publié deux petits albums chez L'Ecole des Loisirs, sans que je puisse dire si les planches étaient strictement les mêmes ou si elles ont été redessinées pour cette nouvelle édition chez Dupuis. La série avait également fait l'objet d'une série animée de 26 épisodes diffusée en 1998 sur Canal +.
Nadja y fait preuve d'un dessin plutôt simpliste, avec des personnages croqués en quelques traits caricaturaux, à mi-chemin entre le dessin de presse et la BD pour enfants. Entre ce style faussement hésitant et un lettrage très variable, parfois si petit et penché qu'il en devient difficile à lire, cela ne donne pas une BD très attirante visuellement.
La particularité de son traitement de la mythologie grecque tient dans son sens de la dérision, par exemple en représentant Aphrodite comme une bimbo égoïste et mesquine et les autres dieux et héros comme des personnages idiots dignes d'un soap opera moderne et niais. L'humour est très présent dans ce choix narratif, mais l'ouvrage respecte pourtant bien l'authenticité de ces fameux mythes, ce qui permet d'ailleurs de montrer à quel point ils sont intemporels. C'est avec le sourire qu'on découvre ou redécouvre des mythes grecs et qu'on se rend compte de la façon dont ils se recoupent par ce parti-pris d'y suivre l'un ou l'autre des mêmes personnages divins qui passent d'un conte au suivant en conservant leur personnalité et en les marquant de celle-ci à chaque fois.
De temps en temps, j’aime bien me replonger dans un bon vieux Tardi. Et je me laisse porter par l’histoire qui se perd dans les rues du Paris des années 1950. Dans cet album, rien de nouveau mais l’intrigue fonctionne et la fin originale pose une réflexion marrante sur l’écriture d’un scénario et sur la manière de terminer une histoire. Ambiance garantie dans le dédalle des rues de Paris, stratégie mystérieuse du tueur qui profite d’une convergence d’éléments qui lui sont favorables (le brouillard et la grève de la police), le tout sous les yeux d’un témoin presque innocent : le fils de l’inspecteur de police. Petit pied de nez aux enquêteurs au passage… Chaque nuit, le lecteur et le fils de l’inspecteur suivent le meurtrier tout en essayant de comprendre comment il s’y prend et attendant le moment où quelque va foirer. Rien d’exceptionnel mais j’ai bien aimé.
La lecture de la préface mêlée à aux avis très positifs de bdthèque, tout ça m'a bien chauffé avant la lecture. Mais j'en ressors plus mesuré.
Au niveau de l'aventure en elle-même, j'ai tout de même dévoré les planches. Le récit est fluide et nous rencontrons des personnages aux personnalités suffisamment différentes pour dégager un casting arc-en-ciel et vivant. Le dessin donne beaucoup d'expressivité aux personnages et la colorisation éclate bien à la figure. Le style narratif est habilement choisi et montre toute la destinée écrite et inévitable du pirate.
L'épilogue ainsi que les derniers échanges entre Maryam, Sylla et Olivier sont très intéressants, où le scénariste travaille à lier la notion d'esclavagisme, de colonialisme, de peuple et de piraterie. Myriam est le personnage fictif qui m'a le plus plu pour tous les symboles qu'elle véhicule, de quoi balayer énormément de préjugés d'un revers de main! Elle est assimilée à Njinga, une ancienne renne du Ndongo et du Matamba ayant combattu contre l'impérialisme portugais au XVII (lire la postface). Travailler la mémoire des vaincus est assez génial je trouve, d'autant que les auteurs en profitent pour mettre en lumière une femme africaine, reine et résistante.
Le problème principal, c'est que je ne peux pas m'empêcher de trouver un fossé entre la préface alléchante et l'histoire de cette BD en elle-même. Une simple affaire de goût, je m'attendais juste à autre chose. En ce qui me concerne, l'histoire montée par les auteurs n'est pas à la hauteur de mes attentes. J'attendais plus de problématiques de situation plutôt qu'une aventure de pirates à proprement parler. Aussi, certaines idées sont reformulées trop souvent sur tout le récit, donnant l'impression que l'intrigue se cherchait péniblement. C'est fluide, mais j'ai aussi eu le sentiment de lire plusieurs histoires courtes plutôt qu'une histoire absolument homogène.
J'aurais aimé que le dessin s'adapte davantage à ce récit. La République du Crâne est moins sanguinaire, moins violent et moins barbare que Ira Dei. Mais le coup de crayon est toujours aussi nerveux, c'est dommage, surtout que les auteurs veulent donner un point de vue démocratique et pacifique sur la vie des pirates. Et puis les scènes où l'équipe se trouve en disette pendant une longue période ne vient influer aucune morphologie. Lenoir par exemple, sosie total de Guillaume-Bras-de-Fer dans Ira Dei soit dit en passant, reste toujours aussi solide qu'une armoire à glace. Et puis vraiment, impossible de prendre Sylla au sérieux... Ok il est présenté comme quelqu'un de théâtral, capitaine ne sachant pas vraiment naviguer, mais de là à lui coller de long cheveux blonds et un sourire bright, je trouve ça un peu gros. Je ne lui ai trouvé aucun charisme.
Ca reste une très belle aventure de pirates! Simplement je m'attendais vraiment à autre chose. Je ne regrette en rien ma lecture et vous invite suivre cette aventure qui se lit facilement et qui attise un peu la curiosité sur ce que pouvait être réellement la vie en communauté chez les pirates. J'aurais pu préférer Ira Dei si ce duo d'auteurs et/ou l'éditeur n'avaient pas décidé d'écourter cette superbe série sicilienne.
Une série sympathique. Sans plus, mais qui satisfera quand même les amateurs d’aventures historiques au pays du soleil levant.
Le point fort est clairement le souci du détail de Gigi, qui a fait un gros travail préparatoire pour bien reconstituer l’époque, les costumes et les coutumes. Nombreux sont les noms japonais utilisés, chaque album est accompagné d’un glossaire et d’un dossier historique à ce propos. Il présente bien le cadre historique dans lequel un rônin se débat.
Outre le cadre de la première moitié du XVIème siècle, l’histoire débute avec une révolte mêlant luttes sociales et querelles religieuses (il est intéressant de voir apparaitre ici un sujet rarement traité en BD, la christianisation du Japon).
Pour le reste, la narration n’est pas toujours assez fluide, manque d’aspérité, ça se laisse lire disons. Et le dessin souffre d’un encrage léger, d’un trait parfois très fin, et donc d’une lisibilité pas toujours optimum.
Note réelle 2,5/5.
Un patte de mouche que je ne connaissais pas, c’est le nom de l’auteur qui m’a fait craquer.
Cet album est l’une de ses 1ères publications, il fera mieux par la suite mais j’ai trouvé ma lecture bien sympathique.
La contrainte utilisée n’est pas folle ni originale (pliage de pages), tout comme l’histoire, cependant à mes yeux l’exercice est bien réussi.
J’ai souri sur la chute et je me suis esclaffé sur les nouilles au gruyère (il me faut pas grand chose mais c’est tellement con :), une sortie donc plutôt positive de la 1ère histoire.
Comme dit plus haut, le procédé pour découvrir la 2ème n’est pas nouveau, d’ailleurs je me suis juste contenté de lire ces 5 nouvelles pages, l’histoire n’en étant pas changée (juste le ton).
Pas spécialement utile mais une jolie prouesse.
On sait que les Vikings ont abordé l'Amérique du Nord bien avant ce bouffon de Christophe Colomb qui n'a fait que se tromper pendant son voyage inaugural et qui ensuite croyait découvrir les Indes, alors qu'il n'a abordé qu'aux Caraïbes (Bahamas) puis plus tard au Vénézuéla sans avoir jamais compris qu'il s'agissait d'une autre terre. Faut donc arrêter de dire que Colomb a découvert l'Amérique.
Ici, David Chauvel s'appuie sur des faits historiques, et à travers un choc de cultures, tente de raconter comment des Vikings ont posé le pied sur le continent américain (future Terre-Neuve) et pourquoi ils en sont ensuite parti sans chercher à cohabiter avec ceux qui y vivaient. J'avais vu ce type de cohabitation dans le film Pathfinder le sang du guerrier en 2007, mais c'était abordé sous un angle violent et de confrontation entre les 2 peuples.
C'est donc une aventure de Vikings, mais qui n'est pas située dans des décors habituels et qui ne montrent pas des scènes de pillages comme ils l'ont fait entre les VIIIème et IXème siècles en Europe. Pour donner du corps au récit et à la rencontre entre la jeune Sigrid et l'Indien Gotheyet, Chauvel met en place une approche lente, par petits à-coups, tous deux apprennent à se connaître, cette phase de communication est longue et intéressante, mais l'étude comparative de ces 2 cultures prend beaucoup de place au détriment d'une intrigue pleinement captivante. C'est pourquoi je n'ai pas vraiment trouvé le tout absolument renversant, tout en appréciant l'ensemble.
Le dessin de Pion est bon et bien documenté, avec des représentations conformes sur les drakkars, l'armement et les costumes, c'est un trait dynamique qui donne du nerf et qui réussit de belles planches notamment sur des paysages sauvages, de même que les visages burinés des Vikings sont bien rendus. Le dessin sur le tome 2 est moins élégant, moins bien élaboré, tout en essayant de s'inscrire dans une continuité graphique, les visages ne sont pas toujours très jolis. Un bon diptyque, mais pas exceptionnel.
C’est peut-être un ensemble d’histoires courtes un chouia moins homogène et réussi que No comment, mais j’ai plutôt apprécié la lecture de cet album.
On y retrouve, comme pour l’album cité plus haut, le même graphisme, avec des personnages aux têtes un peu hypertrophiées, une absence de texte (quelques rares dessins dans des phylactères en font office).
Si No comment critiquait bon nombre de travers de nos sociétés, « War Songs » prend la suite, mais en centrant son propos sur la guerre, pour en montrer les causes et conséquences, dans nos sociétés occidentales, mais aussi et surtout dans celles où se déroulent les conflits.
La société américaine illustre la première catégorie, la seconde l’est par quelque chose qui ressemble à l’Irak sous occupation.
Les albums d’Ivan Brun sont rarement à l’eau de rose, l’optimisme n’y règne pas, et celui-ci ne déroge pas, puisque c’est une version assez noire et pessimiste des échanges mondiaux qui nous est montrée ici. Où l’argent, le cynisme règnent, aux détriments des plus faibles/pauvres, que ce soit dans les sociétés dominées ou aux États-Unis mêmes, les pauvres américains étant surreprésentés parmi les soldats risquant leur vie – et participant des « bavures » (en cela rien n’a changé depuis le Vietnam).
Une vision pas réjouissante, mais empreinte d’un triste réalisme.
Pour mon troisième album de cet auteur, c’est encore une fois une lecture que j’ai trouvée intéressante.
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Monsieur Mardi-Gras Descendres
La série de Liberge n'est pas facile à aborder. L'idée de départ est originale et est une vraie création. Faire une série de quatre opus avec uniquement des squelettes asexués est un vrai défi que Liberge remporte haut la main grâce à son graphisme. L'auteur avait pourtant multiplié les difficultés en faisant évoluer son petit monde dans un univers minéral glacial. Les architectures de cathédrales ne réchauffant pas l'atmosphère, il faut se réfugier dans les passages autour des grands crus pour retrouver un peu de chaleur "humaine". C'est d'ailleurs le graphisme, qui arrive à nous faire passer de cases sombres à des cases presque éblouissantes, qui a soutenu ma lecture. Le scénario de base est assez classique : renverser une dictature grâce à l'homme providentiel est un schéma convenu assez répandu. Mais je trouve que le texte suit le chemin inverse du graphisme. Il devient de plus en plus abscons au fil des pages et j'ai décroché à de nombreuses reprises. Même l'introduction des sept péchés capitaux (qui sont huit ici) ne me convainc pas. Il ne suffit pas de dessiner des araignées stylisées pour donner de la profondeur au récit. (Pauvres araignées toujours mal représentées !) Donc une série qui pour moi présente une originalité certaine mais qui a eu du mal à garder mon intérêt jusqu'au bout.
Oublie mon nom
Je continue mon exploration de l'œuvre de Zerocalcare avec ce one-shot qui est encore une fois une autobiographie. La grand-mère maternelle de l'auteur vient de mourir et ça le bouleverse. Puis au fil des anecdotes, on apprend que le passé de la grand-mère était bien mystérieux et Zerocalcare va essayer de découvrir la vérité, faisant ressortir des secrets de famille... J'ai trouvé que le résultat était globalement pas mal. On retrouve le style et surtout l'humour de l'auteur qui me fait bien sourire et qui dédramatise souvent la situation. Du coup le ton n'est pas trop larmoyant pour un one-shot qui traite de la mort d'un proche. J'avoue que j'ai moins accroché à la seconde moitié de l'album lorsque le récit devient plus onirique et on tombe clairement dans des scènes qui sont de la fiction (ou alors l'auteur avait fumé un pétard et s'est imaginé tout ça). J'imagine que l'auteur voulait faire un truc original pour les scènes de révélations, mais personnellement je trouve que c'est plus dérangé qu'autre chose parce que là le ton devient trop différent de ce qu'il y avait avant et de plus je trouvais que le scénario commençait à s'étirer un peu. En tout cas, la grand-mère a vécu une vie hors de l'ordinaire. Je regrette juste qu'on ne raconte pas son passé de manière linéaire (il faut bien s'accrocher par moment et tout bien se remémorer) et qu'il y a des trous, mais c'est pas trop grave.
Merel
Les Ondes Marcinelle est une nouvelle collection de l'éditeur Dupuis du même format que la collection Les Ondines qui parait en même temps, à savoir des albums moyen format, cartonnés et plutôt épais, format grand bouquin quoi. Là où Les Ondines s'adresse en priorité à un jeune public, Les Ondes Marcinelle semble plutôt s'orienter vers des romans graphiques plus adultes. Merel est l'héroïne éponyme de cet album. C'est une quarantenaire célibataire, élevant des canards pour le plaisir mais aussi pigiste dans un petit journal local des Flandres, spécialisée dans les articles sur le foot dont elle aime à partager le milieu viril depuis son enfance. Cette proximité avec les hommes de son village va lui attirer l'inimitié d'une femme dont le couple bat de l'aile et qui va lancer envers elle quelques rumeurs acides. De fil en aiguille les rumeurs vont enfler et amener Merel à subir injustement l’opprobre voire le harcèlement de la majorité de son village, enfants inclus. Mais c'est une femme solide et il lui en faudra davantage pour abdiquer. Nous sommes dans un pur roman graphique, tant dans le graphisme simple, efficace et pas désagréable du tout, que dans le rythme narratif et le sujet résolument tourné vers les relations entre personnes et une histoire campagnarde pleine d'émotion et d'une bonne part d'injustice. Les personnages sont justes, et celui de Merel elle-même est plutôt original et aussi solide que son caractère. On peut reprocher l'aspect stéréotypé de ce récit d'une rumeur qui enfle trop rapidement et d'un harcèlement forcément si injuste qui titille l'agacement du lecteur devant la bêtise crasse de certains protagonistes, mais c'est une histoire qui fonctionne et qui tient la route, avec une fin relativement satisfaisante. On notera en outre sa représentation intéressante du monde rural flamand qu'on ne croise pas si souvent dans le monde de la BD.
Les Dieux de l'Olympe
Les Ondines est une nouvelle collection de l'éditeur Dupuis. Elle se présente sous la forme d'albums moyen format, cartonnés et plutôt épais, format grand bouquin quoi, destinés a priori à un public relativement jeune même si le contenu est finalement plutôt tous publics pour ce qui concerne Les Dieux de l'Olympe. Pour le premier album, il s'agit de relater la quasi totalité des mythes grecs impliquant la déesse de l'amour, de sa génèse jusqu'à la Guerre de Troie. Chaque mythe y fait l'objet d'un chapitre indépendant de taille variable. Les Dieux de l'Olympe date en réalité du début des années 1990 lorsque Nadja avait publié deux petits albums chez L'Ecole des Loisirs, sans que je puisse dire si les planches étaient strictement les mêmes ou si elles ont été redessinées pour cette nouvelle édition chez Dupuis. La série avait également fait l'objet d'une série animée de 26 épisodes diffusée en 1998 sur Canal +. Nadja y fait preuve d'un dessin plutôt simpliste, avec des personnages croqués en quelques traits caricaturaux, à mi-chemin entre le dessin de presse et la BD pour enfants. Entre ce style faussement hésitant et un lettrage très variable, parfois si petit et penché qu'il en devient difficile à lire, cela ne donne pas une BD très attirante visuellement. La particularité de son traitement de la mythologie grecque tient dans son sens de la dérision, par exemple en représentant Aphrodite comme une bimbo égoïste et mesquine et les autres dieux et héros comme des personnages idiots dignes d'un soap opera moderne et niais. L'humour est très présent dans ce choix narratif, mais l'ouvrage respecte pourtant bien l'authenticité de ces fameux mythes, ce qui permet d'ailleurs de montrer à quel point ils sont intemporels. C'est avec le sourire qu'on découvre ou redécouvre des mythes grecs et qu'on se rend compte de la façon dont ils se recoupent par ce parti-pris d'y suivre l'un ou l'autre des mêmes personnages divins qui passent d'un conte au suivant en conservant leur personnalité et en les marquant de celle-ci à chaque fois.
Le Secret de l'Étrangleur
De temps en temps, j’aime bien me replonger dans un bon vieux Tardi. Et je me laisse porter par l’histoire qui se perd dans les rues du Paris des années 1950. Dans cet album, rien de nouveau mais l’intrigue fonctionne et la fin originale pose une réflexion marrante sur l’écriture d’un scénario et sur la manière de terminer une histoire. Ambiance garantie dans le dédalle des rues de Paris, stratégie mystérieuse du tueur qui profite d’une convergence d’éléments qui lui sont favorables (le brouillard et la grève de la police), le tout sous les yeux d’un témoin presque innocent : le fils de l’inspecteur de police. Petit pied de nez aux enquêteurs au passage… Chaque nuit, le lecteur et le fils de l’inspecteur suivent le meurtrier tout en essayant de comprendre comment il s’y prend et attendant le moment où quelque va foirer. Rien d’exceptionnel mais j’ai bien aimé.
La République du Crâne
La lecture de la préface mêlée à aux avis très positifs de bdthèque, tout ça m'a bien chauffé avant la lecture. Mais j'en ressors plus mesuré. Au niveau de l'aventure en elle-même, j'ai tout de même dévoré les planches. Le récit est fluide et nous rencontrons des personnages aux personnalités suffisamment différentes pour dégager un casting arc-en-ciel et vivant. Le dessin donne beaucoup d'expressivité aux personnages et la colorisation éclate bien à la figure. Le style narratif est habilement choisi et montre toute la destinée écrite et inévitable du pirate. L'épilogue ainsi que les derniers échanges entre Maryam, Sylla et Olivier sont très intéressants, où le scénariste travaille à lier la notion d'esclavagisme, de colonialisme, de peuple et de piraterie. Myriam est le personnage fictif qui m'a le plus plu pour tous les symboles qu'elle véhicule, de quoi balayer énormément de préjugés d'un revers de main! Elle est assimilée à Njinga, une ancienne renne du Ndongo et du Matamba ayant combattu contre l'impérialisme portugais au XVII (lire la postface). Travailler la mémoire des vaincus est assez génial je trouve, d'autant que les auteurs en profitent pour mettre en lumière une femme africaine, reine et résistante. Le problème principal, c'est que je ne peux pas m'empêcher de trouver un fossé entre la préface alléchante et l'histoire de cette BD en elle-même. Une simple affaire de goût, je m'attendais juste à autre chose. En ce qui me concerne, l'histoire montée par les auteurs n'est pas à la hauteur de mes attentes. J'attendais plus de problématiques de situation plutôt qu'une aventure de pirates à proprement parler. Aussi, certaines idées sont reformulées trop souvent sur tout le récit, donnant l'impression que l'intrigue se cherchait péniblement. C'est fluide, mais j'ai aussi eu le sentiment de lire plusieurs histoires courtes plutôt qu'une histoire absolument homogène. J'aurais aimé que le dessin s'adapte davantage à ce récit. La République du Crâne est moins sanguinaire, moins violent et moins barbare que Ira Dei. Mais le coup de crayon est toujours aussi nerveux, c'est dommage, surtout que les auteurs veulent donner un point de vue démocratique et pacifique sur la vie des pirates. Et puis les scènes où l'équipe se trouve en disette pendant une longue période ne vient influer aucune morphologie. Lenoir par exemple, sosie total de Guillaume-Bras-de-Fer dans Ira Dei soit dit en passant, reste toujours aussi solide qu'une armoire à glace. Et puis vraiment, impossible de prendre Sylla au sérieux... Ok il est présenté comme quelqu'un de théâtral, capitaine ne sachant pas vraiment naviguer, mais de là à lui coller de long cheveux blonds et un sourire bright, je trouve ça un peu gros. Je ne lui ai trouvé aucun charisme. Ca reste une très belle aventure de pirates! Simplement je m'attendais vraiment à autre chose. Je ne regrette en rien ma lecture et vous invite suivre cette aventure qui se lit facilement et qui attise un peu la curiosité sur ce que pouvait être réellement la vie en communauté chez les pirates. J'aurais pu préférer Ira Dei si ce duo d'auteurs et/ou l'éditeur n'avaient pas décidé d'écourter cette superbe série sicilienne.
Ugaki
Une série sympathique. Sans plus, mais qui satisfera quand même les amateurs d’aventures historiques au pays du soleil levant. Le point fort est clairement le souci du détail de Gigi, qui a fait un gros travail préparatoire pour bien reconstituer l’époque, les costumes et les coutumes. Nombreux sont les noms japonais utilisés, chaque album est accompagné d’un glossaire et d’un dossier historique à ce propos. Il présente bien le cadre historique dans lequel un rônin se débat. Outre le cadre de la première moitié du XVIème siècle, l’histoire débute avec une révolte mêlant luttes sociales et querelles religieuses (il est intéressant de voir apparaitre ici un sujet rarement traité en BD, la christianisation du Japon). Pour le reste, la narration n’est pas toujours assez fluide, manque d’aspérité, ça se laisse lire disons. Et le dessin souffre d’un encrage léger, d’un trait parfois très fin, et donc d’une lisibilité pas toujours optimum. Note réelle 2,5/5.
Pervenche & Victor
Un patte de mouche que je ne connaissais pas, c’est le nom de l’auteur qui m’a fait craquer. Cet album est l’une de ses 1ères publications, il fera mieux par la suite mais j’ai trouvé ma lecture bien sympathique. La contrainte utilisée n’est pas folle ni originale (pliage de pages), tout comme l’histoire, cependant à mes yeux l’exercice est bien réussi. J’ai souri sur la chute et je me suis esclaffé sur les nouilles au gruyère (il me faut pas grand chose mais c’est tellement con :), une sortie donc plutôt positive de la 1ère histoire. Comme dit plus haut, le procédé pour découvrir la 2ème n’est pas nouveau, d’ailleurs je me suis juste contenté de lire ces 5 nouvelles pages, l’histoire n’en étant pas changée (juste le ton). Pas spécialement utile mais une jolie prouesse.
Sigrid
On sait que les Vikings ont abordé l'Amérique du Nord bien avant ce bouffon de Christophe Colomb qui n'a fait que se tromper pendant son voyage inaugural et qui ensuite croyait découvrir les Indes, alors qu'il n'a abordé qu'aux Caraïbes (Bahamas) puis plus tard au Vénézuéla sans avoir jamais compris qu'il s'agissait d'une autre terre. Faut donc arrêter de dire que Colomb a découvert l'Amérique. Ici, David Chauvel s'appuie sur des faits historiques, et à travers un choc de cultures, tente de raconter comment des Vikings ont posé le pied sur le continent américain (future Terre-Neuve) et pourquoi ils en sont ensuite parti sans chercher à cohabiter avec ceux qui y vivaient. J'avais vu ce type de cohabitation dans le film Pathfinder le sang du guerrier en 2007, mais c'était abordé sous un angle violent et de confrontation entre les 2 peuples. C'est donc une aventure de Vikings, mais qui n'est pas située dans des décors habituels et qui ne montrent pas des scènes de pillages comme ils l'ont fait entre les VIIIème et IXème siècles en Europe. Pour donner du corps au récit et à la rencontre entre la jeune Sigrid et l'Indien Gotheyet, Chauvel met en place une approche lente, par petits à-coups, tous deux apprennent à se connaître, cette phase de communication est longue et intéressante, mais l'étude comparative de ces 2 cultures prend beaucoup de place au détriment d'une intrigue pleinement captivante. C'est pourquoi je n'ai pas vraiment trouvé le tout absolument renversant, tout en appréciant l'ensemble. Le dessin de Pion est bon et bien documenté, avec des représentations conformes sur les drakkars, l'armement et les costumes, c'est un trait dynamique qui donne du nerf et qui réussit de belles planches notamment sur des paysages sauvages, de même que les visages burinés des Vikings sont bien rendus. Le dessin sur le tome 2 est moins élégant, moins bien élaboré, tout en essayant de s'inscrire dans une continuité graphique, les visages ne sont pas toujours très jolis. Un bon diptyque, mais pas exceptionnel.
War Songs
C’est peut-être un ensemble d’histoires courtes un chouia moins homogène et réussi que No comment, mais j’ai plutôt apprécié la lecture de cet album. On y retrouve, comme pour l’album cité plus haut, le même graphisme, avec des personnages aux têtes un peu hypertrophiées, une absence de texte (quelques rares dessins dans des phylactères en font office). Si No comment critiquait bon nombre de travers de nos sociétés, « War Songs » prend la suite, mais en centrant son propos sur la guerre, pour en montrer les causes et conséquences, dans nos sociétés occidentales, mais aussi et surtout dans celles où se déroulent les conflits. La société américaine illustre la première catégorie, la seconde l’est par quelque chose qui ressemble à l’Irak sous occupation. Les albums d’Ivan Brun sont rarement à l’eau de rose, l’optimisme n’y règne pas, et celui-ci ne déroge pas, puisque c’est une version assez noire et pessimiste des échanges mondiaux qui nous est montrée ici. Où l’argent, le cynisme règnent, aux détriments des plus faibles/pauvres, que ce soit dans les sociétés dominées ou aux États-Unis mêmes, les pauvres américains étant surreprésentés parmi les soldats risquant leur vie – et participant des « bavures » (en cela rien n’a changé depuis le Vietnam). Une vision pas réjouissante, mais empreinte d’un triste réalisme. Pour mon troisième album de cet auteur, c’est encore une fois une lecture que j’ai trouvée intéressante.