Les derniers avis (48345 avis)

Par grogro
Note: 3/5
Couverture de la série Sengo
Sengo

Hé bé c'est pas mal du tout. Tout comme Guillaume M, c'est le thème qui m'a attiré, à savoir l'occupation du Japon par les américains. Rarement traité, que ce soit au cinoche, en BD, ou même en docu, il est ici abordé par un japonais par le biais de deux soldats démobilisés au lendemain de la défaite. Et c'est un pays ravagé qui est décrit ici, loin des poncifs, loin du charme des cerisiers en fleurs et des temples bouddhistes au pied du Mont Fuji. On y croise des habitants perdus en quête de nourriture. On mange du chien, du chat, on cuisine les déchets des poubelles américaines. Les soldats japonais semblent avoir abandonné tout patriotisme. Les femmes se prostituent... Bref : on est dans la survie, et c'est pas la joie. Malgré tout, le ton est parfois assez badin même si certaines scènes glacent un peu les sangs quand même. L'humour est grinçant, le ton plutôt cru et décapant. Et les américains en prennent aussi pour leur grade. L'ambiance graphique est très sympa, les visages expressifs et les dialogues ne manquent pas de sel. Je regrette juste pour ma part que l'ensemble manque cruellement de détails sur l'environnement urbain par exemple, ou l'intérieur des maisons ou des lieux divers. La plupart du temps, les personnages gesticulent sur des fonds blancs. On n'est clairement pas chez Tsuge. C'est le gros point noir pour moi, et ce titre manque le 4/5 à cause de ça.

04/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Achtung Zelig !
Achtung Zelig !

C’est un BD visiblement clivante, et qui laisse la majorité de ses lecteurs perplexes, désemparés. Je comprends ce qui a pu gêner la lecture de beaucoup de lecteurs. Un dessin – et un propos – très sombres (dans tous les sens du terme d'ailleurs), une intrigue se déroulant dans un des moments les plus abjectes de l’Histoire (on est ici en Pologne, au moment où les Nazis font des rafles pour exterminer les Juifs) mais qui se développe sur un mode totalement loufoque, des personnages au visages animaliers au milieu de soldats réalistes, et une fin totalement délirante étant donné le contexte (je pense à la page 47, qui mélange récit historique complet et précis et dessin représentant sous forme de montage IKEA une scène de combats). Et pour finir, une fin qui n’en est pas une, comme si une suite manquait. Bref, on a sans doute là de quoi rebuter pas mal de lecteurs. Et d’ailleurs tous ces aspects m’ont questionné, m’ont parfois gêné. Mais j’ai trouvé qu’au milieu de ce fatras il y avait autre chose. Un peu comme le film de Benigni « La vie est belle », Rosenberg développe une loufoquerie quasi cathartique, comme quelqu’un qui ne pourrait pas s’empêcher de rigoler par spasmes devant une vision d’horreur. C’est ainsi je pense qu’il faut prendre cette histoire (les chats jouant ici le rôle des Juifs – dans une allégorie à la fois absurde et transparente). C’est donc une farce, mais qui n’a pas pour but de faire rire. C’est déroutant certes, mais dans la folie de l’Histoire, une histoire folle peut trouver sa place. Reste la fin, qui n’en est pas vraiment une donc. Dans sa postface, Rosinski affirme qu’un synopsis pour la suite existe. Pour je ne sais quelles raisons, il n’y a pas eu de suite publiée en tout cas. Mais si on regarde bien cette dernière planche (où le mot fin n’existe pas), on peut raisonnablement penser qu’elle peut être une conclusion, les Juifs disparaissant dans des marais obscurs, car, comme le dit le dernier texte (qui évoque d’ailleurs « l’imagination enfantine »), « le pire était encore à venir ».

04/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Cesium 137
Cesium 137

Bon, une chose est claire après avoir fini cet album, c’est qu’il ne faut pas le lire dans un grand moment de déprime, ou en attendre un quelconque remontant, tant la vision de nos sociétés véhiculée par Croci est noire, désespérante, quasi nihiliste. La construction de l’album est déroutante. Essentiellement parce qu’il n’y a pas vraiment de construction, en tout cas pas de scénario hyper filé, d’intrigue aisée à suivre. Non, nous avons là une série de réflexions, éclairées par une suite d’événements terribles ayant marqué le XXème siècle d’une empreinte de sang et d’horreur. Des génocides aux guerres coloniales, des vagues d’attentats aux catastrophes nucléaires, en passant par quelques massacres célèbres (Oradour sur Glane, la tuerie de Charles Manson, etc.). C’est donc très noir, voire morbide, mais surtout très décousu. Mais pourtant la lecture n’est pas désagréable (même si j’aurais bien sûr préféré voir quelque chose de plus construit lier davantage tous ces faits, hormis leur côté abjecte et révélateur d’une certaine noirceur de l’âme humaine). Il faut dire que le dessin de Croci est vraiment très chouette. Et, contrairement à l’enchainement de crimes, il est lui tout en retenu, très doux, usant de crayonnés légers : ce contraste est plutôt une bonne idée. Croci ne croit semble-t-il pas à l’humanisme. Il le fait savoir de façon désordonnée. Mais la lecture est intéressante.

04/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Le Reste du monde
Le Reste du monde

Le reste du monde est une histoire assez intense en 4 tomes, sur un monde post-apocalyptique dont on a peu de détails. J'aime bien la façon dont on plonge directement dans l'action, mais la structure de fond est simpliste, puisqu'au au bout de 4 tomes on a peu de réponses sur ces tremblements de terre dévastateurs (au beau milieu de l'Europe, loin des bords de plaques tectoniques ? ) Visuellement, on peut dire que le sujet est traité en profondeur puisque de nombreuses cases grand format viennent étaler la destruction et les scènes spectaculaires (des bateaux ont été projetés loin sur les côtes par les raz-de-marées). Comme les personnages fuient les villes, c'est aussi l'occasion de montrer la beauté des paysages ruraux et notamment les châteaux en ruine où ils vont séjourner. Malheureusement, le scénario contient beaucoup de scènes de violence gratuite. Dans l'ensemble c'est froid, cruel, et cynique. La BD ne parvient pas à renouveler la vision d'un monde d'après, se contentant de faire l'écho des films de zombies, c'est-à-dire la barbarie et l'individualisme. A part le groupe de survivants qui s'attache beaucoup à la famille quitte à prendre de gros risques, c'est assez vide d'humanité. Les violeurs, les fanatiques religieux ; on coche beaucoup de cases des clichés du genre. De la même façon que la série "l'effondrement" sur Canal, on sombre dans une vision fantasmée et caricaturale d'une période de crise. Comment comprendre de telles extrémités, alors que toutes les crises humanitaires nous révèlent des exemples d'entraide et de solidarité, et pas uniquement des pillages dont se délectent les médias sensationnalistes ? L'écart de visibilité médiatique entre le bien et le mal se fait ressentir jusque dans ces productions artistiques, et c'est d'une grande tristesse. Jusqu'à quand le pire aura plus d'influence ? La BD (et pas que) manque cruellement de rêves optimistes sur le monde post-capitaliste.

04/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Garfield & Cie
Garfield & Cie

J'ai trouvé quelques exemplaires de cette série dans la bibliothèque de mes enfants (les Egyptochats) et j'en profite pour aviser. Les remarques de l'avis précédent sont justifiées quant à la qualité graphique de la série. Nous avons vraiment du copier-coller de la série TV avec du graphisme numérique aux couleurs agressives et flashy. Malgré cela je serai assez indulgent. Tout d'abord j'aime assez le lettrage proposé qui correspond bien à des enfants assez jeunes. Ensuite j'aime assez les scénarii de la série TV que je trouve assez dynamiques et gentiment drôles. Je trouve que les auteurs ont réussi à conserver ces qualités dans la BD. Le vocabulaire bien que simple est d'un bon niveau. Même si on peut qualifier cette série de commerciale, elle possède l'avantage de permettre une transition douce du monde de l'écran au monde écrit en dehors du monde Manga. En fait je préfère de loin cette version de Garfield à son ancêtre historique de Jim Davis dont je n'apprécie pas l'humour. 2.5

04/03/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
Couverture de la série La Louve boréale
La Louve boréale

2.5 Un one-shot qui vaut surtout par son dessin. En effet, il y a de très belles planches et j'ai globalement bien aimé ce style qui me rappelle l'animation, comme c'est souvent le cas avec les auteurs espagnols modernes. Malheureusement, le scénario est vraiment moyen. L'autrice traite de sujets déjà vus (l'environnement, le racisme contre les Amérindiens, la maltraitance faite aux femmes, la solidarité féminine) et n'apporte au final pas grand chose de nouveau ou de bien intéressant. Ça se laisse lire parce que la narration est fluide et c'est pas mauvais, c'est juste que rien ne m'a captivé durant ma lecture et les personnages m'ont laissé indifférent. À lire si on veut apprendre des choses qu'on avait jamais lues avant comme le fait que l'homme blanc a détruit la nature du nouveau continent ou que les femmes passent leurs vies à êtres des victimes.

04/03/2023 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Crève saucisse
Crève saucisse

Pour rester dans la thématique culinaire, Crève saucisse porte sur les malheurs d'un boucher qui découvre que sa femme couche avec son meilleur ami. Comme le dit l'adage la vengeance est un plat qui se mange froid et notre rondouillard boucher va s'inspirer du scénario d'une des nombreuses bandes dessinées qu'il collectionne pour régler son compte à l'ami. L'histoire peut sembler classique mais les personnages sont bien campés, les dialogues sont bien écrits et le dessin est bon. Donc voilà un bel ensemble légèrement caustique. A lire.

03/03/2023 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
Couverture de la série Tiens, goûte ! - Une bande cuisinée
Tiens, goûte ! - Une bande cuisinée

C'est sans grande conviction que j'ai emprunté cet album parlant de cuisine. Chloé Charles est en effet dans ce milieu et a fait un passage dans l'émission Top Chef. Malgré une certaine réticence au niveau du dessin, notamment cette façon de croquer les visages, j'ai parcouru ce livre composé de plusieurs histoires autour de recettes. La cuisson d'un poulet, les sauces, les bocaux etc. La cheffe nous indique que la cuisine est assez simple une fois qu'on en a compris les réactions chimiques et les associations entre le gras, l'acide etc. Il faut avoir des produits de qualité, différents produits de base dans son placard telles que des épices. Elle évoque aussi le fait d'utiliser le plus possible l'intégralité des aliments. La carcasse d'un poulet ? Une bonne base pour un bouillon par exemple. Les différentes recettes sont précisées en fin d'ouvrage. Original sur la forme si on le considère comme un livre de cuisine, je n'aurai sans doute pas mis 23 euros dans un tel livre de recettes, et probablement pas non plus pour son intérêt littéraire ni humoristique.

03/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Révolution (Locard / Grouazel)
Révolution (Locard / Grouazel)

La thématique de la révolution de 1789 avait un peu décliné depuis le bicentenaire. Grouazel et Locard l'ont remise sur le devant de la scène d'une façon assez brillante. Leur récit nous entraîne dans un tourbillon dont je suis sorti assez étourdi. J'ai trouvé leur angle d'attaque sur trois niveaux de perceptions assez réussis. Louise au ras du sol, Laigret dans un intermédiaire ambigu et Kervélégan au premier rang du décisionnel nous permettent d'avoir une vue étendue d'une situation bien compliquée. C'est cette confusion des enchaînements d'événements que le scénario traduit à la perfection. On peut louer le travail de recherche des auteurs qui proposent cette suite d'événements peu connus ou célèbres pour donner sens à un tout historique. Malgré ces qualités j'ai peu accroché au récit. Je n'ai pas ressenti de tension émotionnelle en lisant la série. J'ai même éprouvé un peu d'ennui à certains passages et dans la lecture de quelques dialogues un peu trop marqués XXIème siècle. Le graphisme est excellent qui me rappelle celui de Simon Hureau dans le soin des détails des décors et des ambiances. Les visages sont expressifs à la manière d'un grand cinéaste tel Abel Gance. Malgré ces qualités je me suis senti noyé par cette profusion de visages. Ma méfiance instinctive des foules a probablement joué dans mon manque d'adhésion à certaines planches. En conclusion, je reconnais un travail remarquable pour cette série. Mais perso cela ne m'a pas donné envie de lire la suite.

03/03/2023 (modifier)
Couverture de la série Deadwood Dick
Deadwood Dick

Une série western qui ne révolutionne pas le genre, mais qui se révèle plutôt agréable à lire. Chaque album développe une histoire différente, autour d’un personnage ayant réellement existé, et à partir de romans l’ayant déjà mis en avant (romans et auteur que je ne connais pas – mais une longue interview en fin de chaque album permet de mieux faire connaissance). Après d’autres personnages (comme Marshal Bass par exemple), c’est un cow-boy noir qui en est la vedette. Fuyant les lynchages du Sud (le racisme est souvent évoqué dans ces albums), il s’engage temporairement dans l’armée dans le premier tome, tente de d’enterrer un compagnon noir dans une ville infestée de Blanc haineux (et accessoirement de Chinois traités comme des bêtes) dans le deuxième, pour se trouver embarqué dans une guerre avec les Indiens dans le dernier (les Indiens sont souvent présents, mais ils occupent l’essentiel de l’intrigue du dernier tome, à la pagination la plus conséquente). La narration est dynamique, avec pas mal de textes, en off souvent. Les textes, mais aussi la majorité des péripéties sont assez noirs, avec pas mal de situations glauques, et un vocabulaire volontiers ordurier : on est dans une version plutôt crade du western (ce qui est sans doute proche de la réalité), même si ce n’est pas du western spaghetti. Le dessin est plutôt sympa. L’équipe change d’un album à l’autre. Disons que le deuxième est celui où le dessin m’a le moins convaincu (mais il fait tout à fait le job), le dernier, et surtout le premier étant davantage à mon goût. Mais c’est un très honnête western, qui ravira sans doute les amateurs du genre ne souhaitant pas trop sortir de leur zone de confort – même s’il a le mérite de mettre en avant la présence importante (bien réelle, mais souvent occultée) des Noirs dans cet Ouest encore un peu sauvage. Note réelle 3,5/5.

03/03/2023 (modifier)