Mise à jour suite à lecture du tome 2.
Deuxième collaboration entre Jacques Lamontagne et Ma Yi, après Yuna.
C'est déjà beaucoup mieux.
Québec 1922, Daniel file à vive allure sur son traîneau. La glace se fissure et se brise.
Il ne doit la vie qu'à l'intervention de Mickail, le domestique du manoir Sheridan.
A son réveil, il fera connaissance d'Angus Mac Mahon et .... de ses secrets.
Lamontagne nous sert un récit bien construit, il distille avec malice les rebondissements, jusqu'à basculer dans le fantastique avec la porte de Géhenne, le passage vers un monde horrifique où vivent d'horribles créatures. Un monde parallèle au réel, sans lumière, qui peut apporter la vie éternelle.
Le dessin informatisé donne un très beau résultat et aide à rendre l'ambiance pesante, avec une belle mise en couleur.
Les visages sont expressifs.
Un bon premier tome, qui donne envie de connaître la suite.
Tome 2
Un second opus qui me déçoit, une intrigue qui accélère à marche forcée et qui ne me convaint pas, la faute à quelques facilités scénaristiques.
On en apprend un plus sur la jeunesse de Daniel grâce à des flash-back, mais ces révélations n'apportent rien au récit.
Dommage.
Le dessin est toujours plaisant à regarder, la colorisation aide beaucoup au superbe rendu.
Un mot sur les deux couverture, elles sont superbes.
A emprunter avant d'envisager l'achat.
Le gros point fort de ce « Labyrinthe inachevé » est incontestablement la puissance avec laquelle il vous happe immédiatement, sans vous lâcher jusqu’au dénouement. Pour ce faire, Jeff Lemire a réuni trois ingrédients imparables : le mystère, l’amnésie et la folie. Et pour touiller ces ingrédients, il a choisi comme récipient ce fameux labyrinthe que le protagoniste principal, William Warren, va parcourir dans une quête échevelée. Son but : retrouver sa fille Wendy, à l’origine d’un étrange appel téléphonique, cette fille censée être morte il y a plusieurs années et dont le visage n’en finit pas de se dissoudre dans les brumes de sa mémoire.
Pour concevoir cette histoire menée tambour battant, Lemire dit s’être inspiré de l’écrivain japonais Haruki Murakami (1Q84), dont les romans ont pour caractéristique de mêler avec subtilité réalité et mondes parallèles. De la même façon ici, les frontières entre le quotidien de Will et son imagination passablement débridée s’effritent au fil du récit, perdant le lecteur dans des dédales inquiétants, ce qui somme toute paraît logique lorsqu’il est question d’un thème aussi symbolique que le labyrinthe. Ainsi, il nous faudra absolument découvrir où l’étrange quête va conduire ce père hirsute au regard dément, qui va s’enfoncer dans les sous-sols de la ville et dont l’obsession est devenue nôtre. Y trouvera-t-il le monstrueux minotaure ? Ou s’agit-il juste d’un cauchemar ou d’une bouffée délirante ? L’appel mystérieux de Wendy n’est-il pas que le fruit de son imagination ? Le choc final sombre et dantesque auquel certains pouvaient s’attendre ne se produira pas, laissant la place à une conclusion apaisante, sans doute un peu trop elliptique pour être véritablement crédible. Du reste, le propos fait du livre une réussite si l’on s’en tient à l’aspect purement parabolique de cette quête.
Le dessin à l’arrache de Jeff Lemire amplifie parfaitement le climat d’urgence et de folie qui imprègne l’album. Si l’on peut être un brin rétif à son coup de crayon frénétique, qui sculpte les personnages à la manière d’un burin, on est pleinement convaincu par son sens de la mise en page et ses cadrages efficaces. Le fameux fil rouge qui virevolte entre les cases tout au long du livre, corrélé au pull rouge guenilleux de sa fille et se faisant « fil d’Ariane » pour la quête labyrinthique du père, demeurera une des trouvailles marquantes du récit.
La conclusion de X-Men - L'élixir de vie m'avait plutôt convaincu et donné envie de lire l'arc narratif Tolérance Zéro que raconte ce tome des X-Men. Je ne peux pas dire que je sois déçu, mais comme toujours, on est dans un récit très mainstream, relativement efficace et jamais transcendant.
Toutes les lourdeurs narratives du précédent tome de Scott Lobdell se sont toutefois effacées et c'est un gros point en faveur de ce comics. Les dialogues coulent beaucoup plus facilement, et comme ils sont mieux rentabilisés, ils s'offrent même quelques envolées poétiques ou réflexives très intéressantes. Malheureusement, ces envolées ne sont jamais exploitées totalement, et le récit reste un pur récit d'action, là où les auteurs auraient pu développer une réflexion captivante sur la limite entre mutants et humains, comme devrait le faire chaque histoire des X-Men. Là, c'est un peu le cas, notamment avec le personnage de Bastion, très bien pensé, mais ça ne va pas aussi loin que ça aurait pu.
Néanmoins, le récit se suit bien, autour de X-Men mineurs qu'on découvre donc mieux (puisque tous les mutants majeurs sont prisonniers de Bastion). La conclusion est trop rapide (mais cohérente), ce qui n'empêche pas l'histoire d'être efficace et d'avoir quelques scènes d'action très bien menées, notamment toute la séquence autour de l'évasion du commissariat. Les personnages sont creusés correctement, même s'il faut croire que l'originalité n'existe plus au royaume des super-héros. On aura donc toujours les mêmes caractères et les mêmes problématiques d'un comics à l'autre, mais ici, c'est bien fait à défaut d'être original.
Donc comme d'habitude avec cette saga, c'est loin d'être un chef-d'œuvre, mais ça fonctionne, ça se lit bien, et c'est tout ce qu'il faut en attendre.
Voilà une série assez typique de la collection Vécu de Glénat, mais qui s’attaque à un sujet relativement peu traité (voire jamais), puisque l’intrigue se situe dans la mer Égée, sur la Crète de la moitié du deuxième millénaire avant notre ère, au temps de la civilisation minoenne.
Les auteurs se sont documentés, c’est bien reconstitué, y compris au niveau des couleurs, typiques de ce que l’on sait de cette région et cette époque. D’ailleurs, ils ont travaillé de concert avec un historien spécialiste de la Grèce antique.
Le dessin de Denoël est bon – malgré quelques menus défauts pour certains corps en mouvement. Mais sinon, personnages et décors sont très réussis – comme l’est la colorisation d’ailleurs, qui met bien en avant l’omniprésence du soleil.
L’histoire tourne autour de deux esclaves athéniens en fuite, Pylos et Asinée, qui se trouvent confrontés à une situation précaire, et directement à certains complots (comme celui du premier ministre de la cité crétoise de Malia). Cela bascule vite dans une histoire d’aventure globalement bien construite, c’est dynamique. Je note juste un truc qui m’a agacé : dans le premier tome, Asinée, séparée momentanément de Pylos, est secouru par un certain Anaximède. Alors que les vêtements d’Asinée sont déchirés, celui-ci lui trouve miraculeusement et je ne sais comment deux fois de suite des vêtements décents et à sa taille !, sortis d’on ne sait où.
Mais bon, comme je l’ai dit, le récit est vivant et bien mené, avec une montée des tensions, la violence n’étant jamais loin.
Le récit « antique » est parfois entrecoupé de scènes de fouille dans la même région dans les années 1930. Cette partie est plus classique et moins intéressante, avec l’inévitable rencontre entre l’archéologue bourru, William, et la plus jeune (et très jolie) archéologue américaine, Ellen, couple mal assorti dont on devine rapidement qu’il va se rapprocher.
Une bonne série d’histoire antique donc, qui aurait très bien pu se poursuivre au-delà de ces deux tomes.
J’ai beaucoup aimé « Un Jardin extraordinaire », équivalent jeunesse de l’excellent L'Oasis de Simon Hureau, même si ce dernier ne s’occupe ici que du dessin.
J’ai eu un peu de mal avec certains concept un peu trop « new age » pour moi (parler aux plantes pour les rendre heureuses), mais de manière générale j’ai beaucoup apprécié la philosophie proche de la nature de la grand-mère, véritable bouffée d’air frais pour les enfants trop souvent collés à leurs écrans.
D’autant plus que le dessin de Simon Hureau convient parfaitement à ce genre d’histoire : on sent presque les herbes aromatiques, l’odeur de la terre chaude, on entend le chant des oiseaux… Il s’en dégage une certaine nostalgie qui m’a beaucoup plu.
Un album jeunesse recommandable.
Le mythe de Robin des Bois revisité en mettant l'accent sur le côté historique de la période, plutôt une bonne idée non?
Le 1er tome m'avait bien plu, présentation du contexte et des nombreux personnages, avec quelques bonnes surprises/contrepieds sur le rôles de certains, la plus grande étant sur l'identité de notre justicier hors-la-loi encapuché. Du bon récit d'aventure brodé sur une histoire connue de tous et soutenu par un graphisme efficace.
Le 2ème tome est dans la continuité mais je me suis aperçu à sa lecture que je n'y étais pas vraiment question histoire. Je l'ai lu sans déplaisir mais je me moquais un peu du sort des personnages, peu de tension, charisme ou suspense à mes yeux.
Cependant une série bien faite et qui plaira certainement bien plus aux fans du matériel de base (je ne suis pas un inconditionnel) ou d'histoire.
Si la vision donnée ici n’est pas forcément moins noire que dans la multitude de récits traitant de l’emprise mafieuse sur une communauté, le traitement est comme adouci.
D’abord par le dessin, simple et moderne, assez original, avec une colorisation que j’ai trouvé plutôt chouette.
Ensuite avec la galerie de personnages que nous suivons, tous à des degrés divers sous l’emprise de la mafia, même si certains d’entre eux, dans ce que l’on pressent comme un baroud d’honneur, semblent vouloir s’en affranchir. Il y a ainsi une lente montée de la tension, des menaces.
La conclusion est brutale, réserve quelques surprises. Mais il n’y a rien ici de manichéen. Une tranche de vie ordinaire (comme l’intrigue d’ailleurs, les personnages ne sortant pas d’un certain déjà-vu). La lecture n’est pas désagréable en tout cas.
Voila un album instructif de cette collection Vinifera qui éclaire un pan d'Histoire mal connu. En effet, j'ignorais tout de cette révolte de 1907 à Narbonne qui a mis le feu aux poudres et dont découlera la mise en place des Appellations d'Origine Contrôlée (ou AOC). En fait, il y avait un incroyable trafic de vin grâce à des gens peu scrupuleux qui produisaient une immonde vinasse et que des lois scélérates trop permissives leur permettaient d'écouler dans toute la France, en étranglant les petits producteurs.
Les auteurs mettent en parallèle le destin de Gaston et de sa famille, un garçon du Languedoc qui va avancer péniblement dans cette industrie frelatée, avec le mouvement des vignerons et de ses conséquences pendant les 30 années qui suivront la révolte de 1907. Les ressorts narratifs sont assez bien gérés, même si la partie fictionnelle autour de Gaston prend le pas sur les aléas d'une société en pleine mutation (politique gouvernementale à propos du vin, Première guerre mondiale et ses retombées, premières lois applicables etc...) ; Corbeyran semble être à l'aise avec cette réalité historique au travers des différentes lois qui ont protégé la qualité des vins, avec les différentes répercussions que ça implique, non seulement dans le Languedoc, mais aussi dans les autres vignobles français. Le chemin sera long mais ça en vaut la peine.
Ce que montre la partie fictionnelle n'est pas non plus négligeable, car des mauvais patrons abusant de leurs employées, ou les tenant à leur botte sous peine de se retrouver à la rue, il y en a eu aussi, ça montre la condition déplorable des ouvriers agricoles dans ces années 20 et 30, faut pas s'étonner qu'il y ait eu des révoltes ou des révolutions.
Rollin s'en sort bien au niveau graphique, comme dans 1855 - Le Classement des vins de Bordeaux, son dessin est classique et sans génie, mais il retranscrit bien les décors urbains et les paysages de vignes.
En résumé, cet album explique avec justesse les conséquences des événements de 1907 qui ont conduit à la mise en place de mesures et de réglementations strictes dans le monde viticole. Tout ceci est d'ailleurs plus clairement relaté dans le dossier très instructif de fin d'album.
Bessie Coleman... j'avais entendu ce nom là quelque part sans savoir où et cétait resté dans un coin de ma tête ; avec cette Bd, je (re)découvre qui était cette femme au destin incroyable. Naître métisse à moitié Cherokee et à moitié Afro-américaine et vouloir exercer un métier d'homme en apprenant à piloter des avions dans une Amérique des années 20 à forte tendance ségrégationiste, était mission impossible pour cette jeune fillle de couleur, mais farouchement déterminée ; elle devra apprendre le pilotage en France, à l'école Caudron dans ce petit port du Crotoy sur la côte picarde.
Cette Bd n'est pas un biopic officiel, c'est une fiction historique qui s'inspire très librement de la vraie vie de Bessie Coleman, je suis allé voir sa bio sur Wiki, elle n'a jamais travaillé pour Al Capone pendant la Prohibition, ni transporté de l'alcool pour qui que ce soit, de même qu'elle n'a pas eu de démêlés avec le Ku Klux Klan. Tous ces artifices sont le fruit de l'imagination de Yann qui a réussi à brasser tout ceci pour échafauder un récit d'aventure captivant et plein de péripéties censées donner une dramatisation palpitante sur un personnage hors norme. On peut dire qu'il a réussi son coup, car cette aventure est très agréable à lire, le ton est léger, et les nombreux flashbacks vers les différents moments du passé de Bessie enrichissent cette intrigue qui s'écarte du biopic conventionnel. Dans la réalité, Bessie se produira après la guerre de 14-18 dans des spectacles aériens, c'est d'ailleurs au cours de l'un d'eux qu'elle se tuera accidentellement en 1926.
Le tome 1 est un peu long à démarrer, disons que c'est une mise en place et le début de sa rivalité avec le Klan, le potentiel de la bande éclatant dans le tome 2 ; quant au tome 3, il illustre l'école de pilotage du Crotoy où Bessie a appris à piloter, cet épisode est réel. Malgré 3 tomes, je trouve que l'action n'avance pas vite, ça manque un peu de nerf, et la personnalité de Bessie reste toujours évasive et n'est guère approfondie, si ce n'est son caractère de femme à fort tempérament.
A la narration très romancée, répond un dessin superbe, où Henriet qui retrouve Yann après Dent d'ours déja sur l'aviation, embellit également le personnage de Bessie, même si d'après les photos que j'ai vues sur internet, c'était une femme pleine de charme. Le dessin de Henriet est très soigné, ultra précis, appliqué, ses avions n'ont rien à envier à ceux qu'on voit chez Hugault, de même que les personnages sont bien cernés, j'aime beaucoup ce type de dessin réaliste. Pour l'instant, ce que j'ai lu me convient largement, faudra voir si la suite est du même niveau.
Je suis d’humeur « histoires de maison hantée » ces temps-ci (voir mon avis récent sur The Plot), et la couverture de cette BD m’a fait de l’oeil. Je me suis donc lancé, et je ressors assez satisfait de ma lecture.
Sans trop en dévoiler, l’intrigue de Skottie Young (I hate fairyland) propose un élément assez original : une relation pour le moins ambiguë se développe entre la protagoniste et le « fantôme ». Si le début peut sembler un peu « rom com », vous savez déjà que « les histoires d’amour finissent mal, en général », et l’horreur atteint son apogée dans les deux derniers chapitres. On n’échappera pas aux poncifs du genre, certes, mais je dois avouer m’être pris au jeu, et avoir avidement avalé les pages pour connaître le dénouement.
Surtout que la mise en image de Jorge Corona est réussie, dans un style jeune et moderne. Les couleurs de Jean-François Beaulieu complètent parfaitement le tableau. Notez que les 3 auteurs avaient déjà collaboré sur Middlewest.
Une histoire certes classique, mais prenante et divertissante. A découvrir.
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Le Manoir Sheridan
Mise à jour suite à lecture du tome 2. Deuxième collaboration entre Jacques Lamontagne et Ma Yi, après Yuna. C'est déjà beaucoup mieux. Québec 1922, Daniel file à vive allure sur son traîneau. La glace se fissure et se brise. Il ne doit la vie qu'à l'intervention de Mickail, le domestique du manoir Sheridan. A son réveil, il fera connaissance d'Angus Mac Mahon et .... de ses secrets. Lamontagne nous sert un récit bien construit, il distille avec malice les rebondissements, jusqu'à basculer dans le fantastique avec la porte de Géhenne, le passage vers un monde horrifique où vivent d'horribles créatures. Un monde parallèle au réel, sans lumière, qui peut apporter la vie éternelle. Le dessin informatisé donne un très beau résultat et aide à rendre l'ambiance pesante, avec une belle mise en couleur. Les visages sont expressifs. Un bon premier tome, qui donne envie de connaître la suite. Tome 2 Un second opus qui me déçoit, une intrigue qui accélère à marche forcée et qui ne me convaint pas, la faute à quelques facilités scénaristiques. On en apprend un plus sur la jeunesse de Daniel grâce à des flash-back, mais ces révélations n'apportent rien au récit. Dommage. Le dessin est toujours plaisant à regarder, la colorisation aide beaucoup au superbe rendu. Un mot sur les deux couverture, elles sont superbes. A emprunter avant d'envisager l'achat.
Le Labyrinthe inachevé
Le gros point fort de ce « Labyrinthe inachevé » est incontestablement la puissance avec laquelle il vous happe immédiatement, sans vous lâcher jusqu’au dénouement. Pour ce faire, Jeff Lemire a réuni trois ingrédients imparables : le mystère, l’amnésie et la folie. Et pour touiller ces ingrédients, il a choisi comme récipient ce fameux labyrinthe que le protagoniste principal, William Warren, va parcourir dans une quête échevelée. Son but : retrouver sa fille Wendy, à l’origine d’un étrange appel téléphonique, cette fille censée être morte il y a plusieurs années et dont le visage n’en finit pas de se dissoudre dans les brumes de sa mémoire. Pour concevoir cette histoire menée tambour battant, Lemire dit s’être inspiré de l’écrivain japonais Haruki Murakami (1Q84), dont les romans ont pour caractéristique de mêler avec subtilité réalité et mondes parallèles. De la même façon ici, les frontières entre le quotidien de Will et son imagination passablement débridée s’effritent au fil du récit, perdant le lecteur dans des dédales inquiétants, ce qui somme toute paraît logique lorsqu’il est question d’un thème aussi symbolique que le labyrinthe. Ainsi, il nous faudra absolument découvrir où l’étrange quête va conduire ce père hirsute au regard dément, qui va s’enfoncer dans les sous-sols de la ville et dont l’obsession est devenue nôtre. Y trouvera-t-il le monstrueux minotaure ? Ou s’agit-il juste d’un cauchemar ou d’une bouffée délirante ? L’appel mystérieux de Wendy n’est-il pas que le fruit de son imagination ? Le choc final sombre et dantesque auquel certains pouvaient s’attendre ne se produira pas, laissant la place à une conclusion apaisante, sans doute un peu trop elliptique pour être véritablement crédible. Du reste, le propos fait du livre une réussite si l’on s’en tient à l’aspect purement parabolique de cette quête. Le dessin à l’arrache de Jeff Lemire amplifie parfaitement le climat d’urgence et de folie qui imprègne l’album. Si l’on peut être un brin rétif à son coup de crayon frénétique, qui sculpte les personnages à la manière d’un burin, on est pleinement convaincu par son sens de la mise en page et ses cadrages efficaces. Le fameux fil rouge qui virevolte entre les cases tout au long du livre, corrélé au pull rouge guenilleux de sa fille et se faisant « fil d’Ariane » pour la quête labyrinthique du père, demeurera une des trouvailles marquantes du récit.
X-Men - Opération Tolérance Zéro
La conclusion de X-Men - L'élixir de vie m'avait plutôt convaincu et donné envie de lire l'arc narratif Tolérance Zéro que raconte ce tome des X-Men. Je ne peux pas dire que je sois déçu, mais comme toujours, on est dans un récit très mainstream, relativement efficace et jamais transcendant. Toutes les lourdeurs narratives du précédent tome de Scott Lobdell se sont toutefois effacées et c'est un gros point en faveur de ce comics. Les dialogues coulent beaucoup plus facilement, et comme ils sont mieux rentabilisés, ils s'offrent même quelques envolées poétiques ou réflexives très intéressantes. Malheureusement, ces envolées ne sont jamais exploitées totalement, et le récit reste un pur récit d'action, là où les auteurs auraient pu développer une réflexion captivante sur la limite entre mutants et humains, comme devrait le faire chaque histoire des X-Men. Là, c'est un peu le cas, notamment avec le personnage de Bastion, très bien pensé, mais ça ne va pas aussi loin que ça aurait pu. Néanmoins, le récit se suit bien, autour de X-Men mineurs qu'on découvre donc mieux (puisque tous les mutants majeurs sont prisonniers de Bastion). La conclusion est trop rapide (mais cohérente), ce qui n'empêche pas l'histoire d'être efficace et d'avoir quelques scènes d'action très bien menées, notamment toute la séquence autour de l'évasion du commissariat. Les personnages sont creusés correctement, même s'il faut croire que l'originalité n'existe plus au royaume des super-héros. On aura donc toujours les mêmes caractères et les mêmes problématiques d'un comics à l'autre, mais ici, c'est bien fait à défaut d'être original. Donc comme d'habitude avec cette saga, c'est loin d'être un chef-d'œuvre, mais ça fonctionne, ça se lit bien, et c'est tout ce qu'il faut en attendre.
Les Déesses
Voilà une série assez typique de la collection Vécu de Glénat, mais qui s’attaque à un sujet relativement peu traité (voire jamais), puisque l’intrigue se situe dans la mer Égée, sur la Crète de la moitié du deuxième millénaire avant notre ère, au temps de la civilisation minoenne. Les auteurs se sont documentés, c’est bien reconstitué, y compris au niveau des couleurs, typiques de ce que l’on sait de cette région et cette époque. D’ailleurs, ils ont travaillé de concert avec un historien spécialiste de la Grèce antique. Le dessin de Denoël est bon – malgré quelques menus défauts pour certains corps en mouvement. Mais sinon, personnages et décors sont très réussis – comme l’est la colorisation d’ailleurs, qui met bien en avant l’omniprésence du soleil. L’histoire tourne autour de deux esclaves athéniens en fuite, Pylos et Asinée, qui se trouvent confrontés à une situation précaire, et directement à certains complots (comme celui du premier ministre de la cité crétoise de Malia). Cela bascule vite dans une histoire d’aventure globalement bien construite, c’est dynamique. Je note juste un truc qui m’a agacé : dans le premier tome, Asinée, séparée momentanément de Pylos, est secouru par un certain Anaximède. Alors que les vêtements d’Asinée sont déchirés, celui-ci lui trouve miraculeusement et je ne sais comment deux fois de suite des vêtements décents et à sa taille !, sortis d’on ne sait où. Mais bon, comme je l’ai dit, le récit est vivant et bien mené, avec une montée des tensions, la violence n’étant jamais loin. Le récit « antique » est parfois entrecoupé de scènes de fouille dans la même région dans les années 1930. Cette partie est plus classique et moins intéressante, avec l’inévitable rencontre entre l’archéologue bourru, William, et la plus jeune (et très jolie) archéologue américaine, Ellen, couple mal assorti dont on devine rapidement qu’il va se rapprocher. Une bonne série d’histoire antique donc, qui aurait très bien pu se poursuivre au-delà de ces deux tomes.
Un Jardin extraordinaire
J’ai beaucoup aimé « Un Jardin extraordinaire », équivalent jeunesse de l’excellent L'Oasis de Simon Hureau, même si ce dernier ne s’occupe ici que du dessin. J’ai eu un peu de mal avec certains concept un peu trop « new age » pour moi (parler aux plantes pour les rendre heureuses), mais de manière générale j’ai beaucoup apprécié la philosophie proche de la nature de la grand-mère, véritable bouffée d’air frais pour les enfants trop souvent collés à leurs écrans. D’autant plus que le dessin de Simon Hureau convient parfaitement à ce genre d’histoire : on sent presque les herbes aromatiques, l’odeur de la terre chaude, on entend le chant des oiseaux… Il s’en dégage une certaine nostalgie qui m’a beaucoup plu. Un album jeunesse recommandable.
Nottingham
Le mythe de Robin des Bois revisité en mettant l'accent sur le côté historique de la période, plutôt une bonne idée non? Le 1er tome m'avait bien plu, présentation du contexte et des nombreux personnages, avec quelques bonnes surprises/contrepieds sur le rôles de certains, la plus grande étant sur l'identité de notre justicier hors-la-loi encapuché. Du bon récit d'aventure brodé sur une histoire connue de tous et soutenu par un graphisme efficace. Le 2ème tome est dans la continuité mais je me suis aperçu à sa lecture que je n'y étais pas vraiment question histoire. Je l'ai lu sans déplaisir mais je me moquais un peu du sort des personnages, peu de tension, charisme ou suspense à mes yeux. Cependant une série bien faite et qui plaira certainement bien plus aux fans du matériel de base (je ne suis pas un inconditionnel) ou d'histoire.
La Cité des Trois Saints
Si la vision donnée ici n’est pas forcément moins noire que dans la multitude de récits traitant de l’emprise mafieuse sur une communauté, le traitement est comme adouci. D’abord par le dessin, simple et moderne, assez original, avec une colorisation que j’ai trouvé plutôt chouette. Ensuite avec la galerie de personnages que nous suivons, tous à des degrés divers sous l’emprise de la mafia, même si certains d’entre eux, dans ce que l’on pressent comme un baroud d’honneur, semblent vouloir s’en affranchir. Il y a ainsi une lente montée de la tension, des menaces. La conclusion est brutale, réserve quelques surprises. Mais il n’y a rien ici de manichéen. Une tranche de vie ordinaire (comme l’intrigue d’ailleurs, les personnages ne sortant pas d’un certain déjà-vu). La lecture n’est pas désagréable en tout cas.
Les Révoltes vigneronnes
Voila un album instructif de cette collection Vinifera qui éclaire un pan d'Histoire mal connu. En effet, j'ignorais tout de cette révolte de 1907 à Narbonne qui a mis le feu aux poudres et dont découlera la mise en place des Appellations d'Origine Contrôlée (ou AOC). En fait, il y avait un incroyable trafic de vin grâce à des gens peu scrupuleux qui produisaient une immonde vinasse et que des lois scélérates trop permissives leur permettaient d'écouler dans toute la France, en étranglant les petits producteurs. Les auteurs mettent en parallèle le destin de Gaston et de sa famille, un garçon du Languedoc qui va avancer péniblement dans cette industrie frelatée, avec le mouvement des vignerons et de ses conséquences pendant les 30 années qui suivront la révolte de 1907. Les ressorts narratifs sont assez bien gérés, même si la partie fictionnelle autour de Gaston prend le pas sur les aléas d'une société en pleine mutation (politique gouvernementale à propos du vin, Première guerre mondiale et ses retombées, premières lois applicables etc...) ; Corbeyran semble être à l'aise avec cette réalité historique au travers des différentes lois qui ont protégé la qualité des vins, avec les différentes répercussions que ça implique, non seulement dans le Languedoc, mais aussi dans les autres vignobles français. Le chemin sera long mais ça en vaut la peine. Ce que montre la partie fictionnelle n'est pas non plus négligeable, car des mauvais patrons abusant de leurs employées, ou les tenant à leur botte sous peine de se retrouver à la rue, il y en a eu aussi, ça montre la condition déplorable des ouvriers agricoles dans ces années 20 et 30, faut pas s'étonner qu'il y ait eu des révoltes ou des révolutions. Rollin s'en sort bien au niveau graphique, comme dans 1855 - Le Classement des vins de Bordeaux, son dessin est classique et sans génie, mais il retranscrit bien les décors urbains et les paysages de vignes. En résumé, cet album explique avec justesse les conséquences des événements de 1907 qui ont conduit à la mise en place de mesures et de réglementations strictes dans le monde viticole. Tout ceci est d'ailleurs plus clairement relaté dans le dossier très instructif de fin d'album.
Black Squaw
Bessie Coleman... j'avais entendu ce nom là quelque part sans savoir où et cétait resté dans un coin de ma tête ; avec cette Bd, je (re)découvre qui était cette femme au destin incroyable. Naître métisse à moitié Cherokee et à moitié Afro-américaine et vouloir exercer un métier d'homme en apprenant à piloter des avions dans une Amérique des années 20 à forte tendance ségrégationiste, était mission impossible pour cette jeune fillle de couleur, mais farouchement déterminée ; elle devra apprendre le pilotage en France, à l'école Caudron dans ce petit port du Crotoy sur la côte picarde. Cette Bd n'est pas un biopic officiel, c'est une fiction historique qui s'inspire très librement de la vraie vie de Bessie Coleman, je suis allé voir sa bio sur Wiki, elle n'a jamais travaillé pour Al Capone pendant la Prohibition, ni transporté de l'alcool pour qui que ce soit, de même qu'elle n'a pas eu de démêlés avec le Ku Klux Klan. Tous ces artifices sont le fruit de l'imagination de Yann qui a réussi à brasser tout ceci pour échafauder un récit d'aventure captivant et plein de péripéties censées donner une dramatisation palpitante sur un personnage hors norme. On peut dire qu'il a réussi son coup, car cette aventure est très agréable à lire, le ton est léger, et les nombreux flashbacks vers les différents moments du passé de Bessie enrichissent cette intrigue qui s'écarte du biopic conventionnel. Dans la réalité, Bessie se produira après la guerre de 14-18 dans des spectacles aériens, c'est d'ailleurs au cours de l'un d'eux qu'elle se tuera accidentellement en 1926. Le tome 1 est un peu long à démarrer, disons que c'est une mise en place et le début de sa rivalité avec le Klan, le potentiel de la bande éclatant dans le tome 2 ; quant au tome 3, il illustre l'école de pilotage du Crotoy où Bessie a appris à piloter, cet épisode est réel. Malgré 3 tomes, je trouve que l'action n'avance pas vite, ça manque un peu de nerf, et la personnalité de Bessie reste toujours évasive et n'est guère approfondie, si ce n'est son caractère de femme à fort tempérament. A la narration très romancée, répond un dessin superbe, où Henriet qui retrouve Yann après Dent d'ours déja sur l'aviation, embellit également le personnage de Bessie, même si d'après les photos que j'ai vues sur internet, c'était une femme pleine de charme. Le dessin de Henriet est très soigné, ultra précis, appliqué, ses avions n'ont rien à envier à ceux qu'on voit chez Hugault, de même que les personnages sont bien cernés, j'aime beaucoup ce type de dessin réaliste. Pour l'instant, ce que j'ai lu me convient largement, faudra voir si la suite est du même niveau.
Celui que tu aimes dans les ténèbres
Je suis d’humeur « histoires de maison hantée » ces temps-ci (voir mon avis récent sur The Plot), et la couverture de cette BD m’a fait de l’oeil. Je me suis donc lancé, et je ressors assez satisfait de ma lecture. Sans trop en dévoiler, l’intrigue de Skottie Young (I hate fairyland) propose un élément assez original : une relation pour le moins ambiguë se développe entre la protagoniste et le « fantôme ». Si le début peut sembler un peu « rom com », vous savez déjà que « les histoires d’amour finissent mal, en général », et l’horreur atteint son apogée dans les deux derniers chapitres. On n’échappera pas aux poncifs du genre, certes, mais je dois avouer m’être pris au jeu, et avoir avidement avalé les pages pour connaître le dénouement. Surtout que la mise en image de Jorge Corona est réussie, dans un style jeune et moderne. Les couleurs de Jean-François Beaulieu complètent parfaitement le tableau. Notez que les 3 auteurs avaient déjà collaboré sur Middlewest. Une histoire certes classique, mais prenante et divertissante. A découvrir.