Je trouve que cette série vaut surtout par le dessin de Pierre Malma. Il y a un petit côté Philémon de Fred dans l'univers proposé par Malma.
Cette ambiance un brin loufoque et baroque autorise à une présentation et un découpage original et moderne. J'ai bien aimé le trait souple et fluide qui nous promène entre le rêve et la réalité farfelue.
La belle mise en couleur apporte aussi sa touche dans la mise en scène dynamique de l'histoire.
Je pense que la faiblesse de la série tient surtout à un scénario très commun. Ce schéma a été utilisé de trop nombreuses fois pour créer de la surprise. Peut-être avec un petit peu plus de piquant ou d'humour le scénario m'aurait plus séduit.
Cela se lit rapidement sans effort mais cela risque d'être oublié aussi vite. 2.5
Des récits de science-fiction qui critiquent la condition humaine et qui ont des twists à la fin. Cela rappelle ce que faisait EC Comics et disons que c'est un des problèmes de la série.
Si comme moi, on a déjà lu ce genre de récits, cela fait en sorte que les thématiques abordées, le cynisme sur les mauvais cotés des humains et les chutes surprenantes sont la plupart du temps du déjà vu. En plus, certaines histoires sont très longues alors que celles d'EC Comics avaient au moins le mérite de ne durer que 6-7 pages, mais je comprends que les auteurs aient envie de plus développer leurs récits et de ne pas mettre de la narration qui explique tout sur toutes les cases. C'est juste que c'est pas délirant de lire 20 pages d'un récit dont la fin est du déjà vu.
Malgré tout, les histoires restent sympathiques à lire sauf celle avec le méchant père, le pauvre fils martyrisé et le cerf qui m'a semblé trop prévisible. C'est pas très mémorable, mais cela se lit sans problème. Disons que c'est divertissant et ça fait passer le temps, ce qui est le minimum que je demande à une BD.
Sinon, le dessin est pas mal même si je ne suis pas trop fan des couleurs faites à l'ordinateur.
Je suis visiblement moins enthousiaste que nombre d'entre vous ici.
Il s'agit pourtant indéniablement d'une assez belle BD, bien illustrée, avec une thématique bien campée, servie par une jolie édition certes trop chère.
Cela ne manque pas de drame, de tragique, mais c'est quelque peu confus. La faute au scénario ou au découpage, à moins que les torts ne soient partagés ?
Cela me fait penser à quelques films, notamment à "La Chevauchée fantastique" de Ford et au "Cygne noir" d'Henry King, qui inversement parviennent à planter des personnages et clarifier des situations en quelques brèves séquences, et combien cela est complexe et mérite les éloges. Mais tout le monde n'a pas le talent de Ben Hecht, ce qui est bien excusable.
J'attends avec impatience le deuxième tome, qui sera l'occasion d'une relecture du premier, et permettra peut-être d'atténuer cette impression de confusion. J'aime à croire que tout s'agencera plus aisément une fois l'ensemble entre mes mains, mais crains que cela ne soit complètement le cas, car la compagnie, vrai méchant de l'histoire, demeurera un hors-champ dénué de voix.
**************************
La lecture du second tome clarifie l'intrigue, comblant ainsi ma crainte principale, mais la fait également dévier vers un terrible récit de survie façon Sa Majesté des Mouches, avant qu'un procès ne réinvite la compagnie maritime et parvienne à lier l'ensemble. Sans véritable machiavélisme malheureusement. Le récit est terrible, mais pas glaçant, d'une envergure contenue.
« La Cure » est un roman graphique qui a valeur de documentaire dans son propos, s’inspirant d’une réalité effroyable qui eut longtemps cours jusqu’à ce qu’enfin plusieurs pays se décident à agir. Le Brésil fut le premier en 1999 à rendre illégales les « thérapies de conversion », qui visaient à « guérir » un individu de son homosexualité supposée ou avérée. L’homosexualité fut longtemps considérée à travers le monde comme une maladie honteuse, ou pire encore comme une perversion, un péché ultime vous conduisant tout droit à la damnation éternelle. Ce n’est qu’en 1990 que l’OMS la retira de la liste des pathologies mentales. Depuis, l’Eglise — si bien sûr on excepte les évangélistes —, qui a une responsabilité écrasante dans ces pratiques prétendument thérapeutiques, semble avoir mis de l’eau dans son pinard, échaudée peut-être par les affaires de pédophilie à répétition dans ses rangs qui font la Une depuis quelques décennies et mettaient en lumière des mœurs autrement plus scandaleuses…
Avec ce livre, Mário César raconte le parcours, dans le Brésil des années 60 à nos jours, d’un homme dont les parents n’acceptaient pas le comportement pas suffisamment viril et qui, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, entreprirent de le ramener dans le « droit chemin » avec l’appui des autorités médicales et religieuses. Difficile à la lecture du récit de ne pas être sidéré par la cruauté des méthodes employées, et on a peine à croire que des parents dignes de ce nom aient pu soumettre leur progéniture à des pratiques aussi discutables pour ne pas dire effrayantes. Ainsi se déroule sous nos yeux éberlués le processus thérapeutique (du visionnage de scènes pornographiques à une séance d’exorcisme, en passant par les injections de testostérone et les électrochocs !) auquel sera soumis le fiston, allant jusqu’à la maltraitance physique de la part d’un père et d’une mère dont les vues semblent totalement en phase avec la dictature militaire de l’époque. Même si le « traitement » semble fonctionner dans un premier temps, le lecteur sent confusément qu’il est voué d’avance à l’échec. Admettant le fait qu’il est malade, le jeune Acácio intériorise ses pulsions et finit par rejeter sa propre identité, parfois avec violence, chaque séance de branlette se terminant invariablement par des accès de nausée. Un véritable « film d’horreur » qui ne laissera pas le jeune homme indemne mais conduira celui-ci à trouver une porte de sortie à cet odieux labyrinthe névrotique.
Au-delà de ce douloureux chemin de croix, le livre évoque l’hypocrisie insupportable d’une société plombée par la peur du qu’en dira-t-on, sous l’emprise quasi-totale de la religion, mais aussi, plus brièvement, la question des autres sexualités et des violences policières (en 1981 alors que le régime militaire est encore en place) à l’encontre des personnes trans, par des types qui tabassent « quelqu’un pour quelque chose qu’un tas de machos font au carnaval », comme le relève avec justesse Juliano, l’ami d’Acácio. Dans son découpage chronologique, la narration est on ne peut plus fluide, ponctuée à chaque nouveau chapitre par une photo ou un document d’époque représentant des manifestations ou des événements en lien avec la communauté LGBT.
La ligne claire très lisible accompagne parfaitement ce récit entre fiction et documentaire. Si les personnages peuvent parfois apparaître un brin figés, le cadrage et la mise en page restent de bon aloi, alternant des gaufriers sages avec des pleines pages éloquentes adoptant les codes du comics. Le parti pris très explicite d’une bichromie bleue et rose vise à dépeindre un monde binaire et patriarcal où un bleu viril domine un rose féminin. Quant aux personnages, si les hommes et leurs vêtements ont la couleur des Schtroumpfs et les femmes celle de Hello Kitty, les « non-genrés » apparaissent évidemment bicolores…
Si aucune étude sérieuse n’a jamais pu démontrer l’efficacité de ces thérapies de conversion, ni dans un sens ni dans l’autre, ce récit à haute valeur pédagogique se borne à démontrer l’évidence : croire qu’on peut modifier l’orientation sexuelle d’un être ne restera jamais qu’un vœu pieu. Autant croire qu’on pourrait rendre un jour Cyril Hanouna intelligent ou Emmanuel Macron sincère ! Et si certains s’obstinent à penser que l’homosexualité est une maladie, grand bien leur fasse, mais qu’ils laissent au moins décider les malades eux-mêmes s’ils ont vraiment envie de guérir ;-)
Le tandem Pauly/Croci nous propose une plongée dans l'Afrique coloniale et plus précisément dans l'actuelle Côte d'Ivoire.
Un album sous forme de carnet de voyage, celui de Janet Burroughs, la nièce d'Edgar Rice Burroughs, il débute en décembre 1899. On va y suivre ses pérégrinations dans une Afrique encore sauvage et y croiser de nombreuses tribus.
Une narration où la voix off de Janet domine le récit, elle sera juste remplacée par un autre personnage en fin d'album. Avec ce choix, il est difficile de s'attacher à Janet, j'ai juste été un spectateur indifférent à ce qu'il pouvait lui arriver.
Un voyage qui va métamorphoser notre aristocrate, lui ouvrir les yeux sur une autre civilisation, un autre mode de vie avec ses nombreuses coutumes.
J'adore le style de Pascal Croci, j'aime les atmosphères qu'il arrive à créer, les formes longilignes de ses personnages et sa colorisation. Vous allez retrouver tout cela dans cet album mais surtout vous allez découvrir une autre facette de son talent, l'utilisation de l'aquarelle pour la représentation de l'Afrique que ce soit les paysages et les autochtones. Magnifique !
Un album dépaysant.
Comme mes prédécesseurs, je n’ai pas boudé mon plaisir. J’ai trouvé cet album plaisant, du western classique bien réalisé mais vraiment sans surprise.
Décidément Roman Surzhenko est un dessinateur prolifique. Après s’être illustré sur les séries dérivées de Thorgal, il s’essaie au western de belle manière en offrant une nouvelle fois une reprise d’un héros célèbre. Je trouve son style assez solide même si on peut regretter un manque de personnalité à devoir se fondre dans une franchise.
Bref il fournit du bon boulot, un rendu systématiquement lisible, efficace et qui ne choquera pas plus que ça les puristes. J’ai trouvé qu’il s’en sortait bien mieux que Girod ou Iko surtout niveau narration ou fluidité. Ma préférence reste quand même pour le trait de Yves Swolfs.
Ce dernier laisse les pinceaux mais continue d’assurer le scénario. Il succombe à la mode quelque peu mercantile de proposer une jeunesse à son célèbre pistolero, mais bon quand c’est bien fait je ne boude pas. Un récit classique dans ses ingrédients mais bien construit, je suivrai cette trilogie annoncée. Je regrette cependant un petit point, on apprend finalement bien peu sur notre héros, une histoire qui fonctionnerait tout autant indépendamment.
Une petite histoire sympathique, où le fantastique s’invite de plus en plus, sans trop phagocyter l’intrigue. Sans esbroufe, c’est un album agréable à lire.
Le dessin de Maurel est simple, mais agréable et efficace, dans la lignée de ce que peut faire Simon Hureau par exemple.
Quant à l’histoire, on suit une jeune femme (avec quelques flash-backs remontant à son enfance), de plus en plus incommodée par la présence envahissante d’une amie imaginaire. Qu’elle semble s’être créée, mais en fait peu à peu le doute s’installe. Cela vire parfois au thriller, les passages un peu morbides (vite escamotés) s’intercalant entre ceux plus anodins racontant la vie ordinaire de cette jeune femme et de ses amies.
Au final, on n’a pas forcément les réponses à toutes les questions qu’on se posait, mais ça n’est pas trop frustrant.
Un petit album sympathique, qui se laisse lire agréablement, même si j’attendais sans doute un peu plus d’humour et d’auto dérision (affaire de goût).
Dans un univers d’ados, nous suivons essentiellement quatre d’entre eux qui ont comme point commun d’être décalés et pas mal inadaptés aux codes de leurs camarades, et du coup d’être rejetés, parfois souffre-douleurs.
C’est une suite de petite saynètes plus amusantes que drôles, inégales, même si c’est globalement intéressant.
Le dessin est assez minimaliste (pas mon truc, mais ça passe pour ce genre de chose), avec des cases pour le coup un peu – trop – petites.
A emprunter à l’occasion.
Cette lecture s'adresse à un public très jeune de 3/6 ans. Marianne Dubuc choisit un monde animalier très doudous pour parler aux enfants.
Toutefois avec ses mots simples, un lettrage adapté l'auteure propose de réfléchir à des valeurs fondatrices du bien vivre ensemble tout en restant fidèle à son identité.
Des thématiques importantes dans notre environnement de plus en plus mixte et multiculturel.
Le graphisme propose des lignes claires tout en douceur et une mise en couleur qui rappelle le coloriage complète un visuel très adapté aux jeunes lecteurs et lectrices.
Une bonne série que l'on peut partager avec ses petits. Un bon 3
Cette BD est clairement à destination d'un public plutôt jeune et tente de parler de façon détournée du harcèlement et l'exclusion scolaire, mais aussi de problématiques liées à la jeunesse et aux difficultés que peuvent rencontrer des enfants dans leurs familles. Après lecture de ce premier tome qui ouvre la série, je trouve que c'est intéressant et que j'ai bien envie de voir la suite que la série va proposer.
La Bd est servie par un dessin qui fait très jeunesse, avec beaucoup de dynamisme et une colorisation qui fait ressortir l'ensemble. Je ne dirais pas que c'est beau mais c'est efficace et ça transmet bien la fougue du scénario, malgré son sujet assez difficile.
Il s'agit d'une BD assez classique sur le fond et la forme, mettant en métaphore les malaises de la jeunesse face à divers problèmes. Les quelques pistes présentées laissent présager un développement futur plus important notamment sur la question des difficultés familiales et environnementales. Mais il contient déjà quelques remarques qui semblent pertinentes, pas assez développées pour que je les considère comme incroyables mais suffisamment pour me donner envie de voir la suite. La proposition est ambitieuse et pleine de bonne volonté, on sent l'engagement derrière l'idée. Reste à en voir l'exploitation, mais je pars confiant.
Il est assez bien vu de la part d'éditeurs de BD de sortir des ouvrages à destination des plus jeunes sur ce sujet. Il y en a eu plusieurs récemment, je pense notamment à Speak ou Camélia - Face à la meute qui traitaient du même sujet, avec un protagoniste féminin à chaque fois. C'est un sujet qui prend de plus en plus d'importance et il est très important que l'information continue. Rien que pour ça, j'apprécie l'initiative.
Un 3/5 en attendant de voir la suite !
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Une aventure de Mystère et Boule de Gomme
Je trouve que cette série vaut surtout par le dessin de Pierre Malma. Il y a un petit côté Philémon de Fred dans l'univers proposé par Malma. Cette ambiance un brin loufoque et baroque autorise à une présentation et un découpage original et moderne. J'ai bien aimé le trait souple et fluide qui nous promène entre le rêve et la réalité farfelue. La belle mise en couleur apporte aussi sa touche dans la mise en scène dynamique de l'histoire. Je pense que la faiblesse de la série tient surtout à un scénario très commun. Ce schéma a été utilisé de trop nombreuses fois pour créer de la surprise. Peut-être avec un petit peu plus de piquant ou d'humour le scénario m'aurait plus séduit. Cela se lit rapidement sans effort mais cela risque d'être oublié aussi vite. 2.5
Space Connexion
Des récits de science-fiction qui critiquent la condition humaine et qui ont des twists à la fin. Cela rappelle ce que faisait EC Comics et disons que c'est un des problèmes de la série. Si comme moi, on a déjà lu ce genre de récits, cela fait en sorte que les thématiques abordées, le cynisme sur les mauvais cotés des humains et les chutes surprenantes sont la plupart du temps du déjà vu. En plus, certaines histoires sont très longues alors que celles d'EC Comics avaient au moins le mérite de ne durer que 6-7 pages, mais je comprends que les auteurs aient envie de plus développer leurs récits et de ne pas mettre de la narration qui explique tout sur toutes les cases. C'est juste que c'est pas délirant de lire 20 pages d'un récit dont la fin est du déjà vu. Malgré tout, les histoires restent sympathiques à lire sauf celle avec le méchant père, le pauvre fils martyrisé et le cerf qui m'a semblé trop prévisible. C'est pas très mémorable, mais cela se lit sans problème. Disons que c'est divertissant et ça fait passer le temps, ce qui est le minimum que je demande à une BD. Sinon, le dessin est pas mal même si je ne suis pas trop fan des couleurs faites à l'ordinateur.
1629 ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta
Je suis visiblement moins enthousiaste que nombre d'entre vous ici. Il s'agit pourtant indéniablement d'une assez belle BD, bien illustrée, avec une thématique bien campée, servie par une jolie édition certes trop chère. Cela ne manque pas de drame, de tragique, mais c'est quelque peu confus. La faute au scénario ou au découpage, à moins que les torts ne soient partagés ? Cela me fait penser à quelques films, notamment à "La Chevauchée fantastique" de Ford et au "Cygne noir" d'Henry King, qui inversement parviennent à planter des personnages et clarifier des situations en quelques brèves séquences, et combien cela est complexe et mérite les éloges. Mais tout le monde n'a pas le talent de Ben Hecht, ce qui est bien excusable. J'attends avec impatience le deuxième tome, qui sera l'occasion d'une relecture du premier, et permettra peut-être d'atténuer cette impression de confusion. J'aime à croire que tout s'agencera plus aisément une fois l'ensemble entre mes mains, mais crains que cela ne soit complètement le cas, car la compagnie, vrai méchant de l'histoire, demeurera un hors-champ dénué de voix. ************************** La lecture du second tome clarifie l'intrigue, comblant ainsi ma crainte principale, mais la fait également dévier vers un terrible récit de survie façon Sa Majesté des Mouches, avant qu'un procès ne réinvite la compagnie maritime et parvienne à lier l'ensemble. Sans véritable machiavélisme malheureusement. Le récit est terrible, mais pas glaçant, d'une envergure contenue.
La Cure
« La Cure » est un roman graphique qui a valeur de documentaire dans son propos, s’inspirant d’une réalité effroyable qui eut longtemps cours jusqu’à ce qu’enfin plusieurs pays se décident à agir. Le Brésil fut le premier en 1999 à rendre illégales les « thérapies de conversion », qui visaient à « guérir » un individu de son homosexualité supposée ou avérée. L’homosexualité fut longtemps considérée à travers le monde comme une maladie honteuse, ou pire encore comme une perversion, un péché ultime vous conduisant tout droit à la damnation éternelle. Ce n’est qu’en 1990 que l’OMS la retira de la liste des pathologies mentales. Depuis, l’Eglise — si bien sûr on excepte les évangélistes —, qui a une responsabilité écrasante dans ces pratiques prétendument thérapeutiques, semble avoir mis de l’eau dans son pinard, échaudée peut-être par les affaires de pédophilie à répétition dans ses rangs qui font la Une depuis quelques décennies et mettaient en lumière des mœurs autrement plus scandaleuses… Avec ce livre, Mário César raconte le parcours, dans le Brésil des années 60 à nos jours, d’un homme dont les parents n’acceptaient pas le comportement pas suffisamment viril et qui, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, entreprirent de le ramener dans le « droit chemin » avec l’appui des autorités médicales et religieuses. Difficile à la lecture du récit de ne pas être sidéré par la cruauté des méthodes employées, et on a peine à croire que des parents dignes de ce nom aient pu soumettre leur progéniture à des pratiques aussi discutables pour ne pas dire effrayantes. Ainsi se déroule sous nos yeux éberlués le processus thérapeutique (du visionnage de scènes pornographiques à une séance d’exorcisme, en passant par les injections de testostérone et les électrochocs !) auquel sera soumis le fiston, allant jusqu’à la maltraitance physique de la part d’un père et d’une mère dont les vues semblent totalement en phase avec la dictature militaire de l’époque. Même si le « traitement » semble fonctionner dans un premier temps, le lecteur sent confusément qu’il est voué d’avance à l’échec. Admettant le fait qu’il est malade, le jeune Acácio intériorise ses pulsions et finit par rejeter sa propre identité, parfois avec violence, chaque séance de branlette se terminant invariablement par des accès de nausée. Un véritable « film d’horreur » qui ne laissera pas le jeune homme indemne mais conduira celui-ci à trouver une porte de sortie à cet odieux labyrinthe névrotique. Au-delà de ce douloureux chemin de croix, le livre évoque l’hypocrisie insupportable d’une société plombée par la peur du qu’en dira-t-on, sous l’emprise quasi-totale de la religion, mais aussi, plus brièvement, la question des autres sexualités et des violences policières (en 1981 alors que le régime militaire est encore en place) à l’encontre des personnes trans, par des types qui tabassent « quelqu’un pour quelque chose qu’un tas de machos font au carnaval », comme le relève avec justesse Juliano, l’ami d’Acácio. Dans son découpage chronologique, la narration est on ne peut plus fluide, ponctuée à chaque nouveau chapitre par une photo ou un document d’époque représentant des manifestations ou des événements en lien avec la communauté LGBT. La ligne claire très lisible accompagne parfaitement ce récit entre fiction et documentaire. Si les personnages peuvent parfois apparaître un brin figés, le cadrage et la mise en page restent de bon aloi, alternant des gaufriers sages avec des pleines pages éloquentes adoptant les codes du comics. Le parti pris très explicite d’une bichromie bleue et rose vise à dépeindre un monde binaire et patriarcal où un bleu viril domine un rose féminin. Quant aux personnages, si les hommes et leurs vêtements ont la couleur des Schtroumpfs et les femmes celle de Hello Kitty, les « non-genrés » apparaissent évidemment bicolores… Si aucune étude sérieuse n’a jamais pu démontrer l’efficacité de ces thérapies de conversion, ni dans un sens ni dans l’autre, ce récit à haute valeur pédagogique se borne à démontrer l’évidence : croire qu’on peut modifier l’orientation sexuelle d’un être ne restera jamais qu’un vœu pieu. Autant croire qu’on pourrait rendre un jour Cyril Hanouna intelligent ou Emmanuel Macron sincère ! Et si certains s’obstinent à penser que l’homosexualité est une maladie, grand bien leur fasse, mais qu’ils laissent au moins décider les malades eux-mêmes s’ils ont vraiment envie de guérir ;-)
Janet Burroughs
Le tandem Pauly/Croci nous propose une plongée dans l'Afrique coloniale et plus précisément dans l'actuelle Côte d'Ivoire. Un album sous forme de carnet de voyage, celui de Janet Burroughs, la nièce d'Edgar Rice Burroughs, il débute en décembre 1899. On va y suivre ses pérégrinations dans une Afrique encore sauvage et y croiser de nombreuses tribus. Une narration où la voix off de Janet domine le récit, elle sera juste remplacée par un autre personnage en fin d'album. Avec ce choix, il est difficile de s'attacher à Janet, j'ai juste été un spectateur indifférent à ce qu'il pouvait lui arriver. Un voyage qui va métamorphoser notre aristocrate, lui ouvrir les yeux sur une autre civilisation, un autre mode de vie avec ses nombreuses coutumes. J'adore le style de Pascal Croci, j'aime les atmosphères qu'il arrive à créer, les formes longilignes de ses personnages et sa colorisation. Vous allez retrouver tout cela dans cet album mais surtout vous allez découvrir une autre facette de son talent, l'utilisation de l'aquarelle pour la représentation de l'Afrique que ce soit les paysages et les autochtones. Magnifique ! Un album dépaysant.
Durango - La Jeunesse
Comme mes prédécesseurs, je n’ai pas boudé mon plaisir. J’ai trouvé cet album plaisant, du western classique bien réalisé mais vraiment sans surprise. Décidément Roman Surzhenko est un dessinateur prolifique. Après s’être illustré sur les séries dérivées de Thorgal, il s’essaie au western de belle manière en offrant une nouvelle fois une reprise d’un héros célèbre. Je trouve son style assez solide même si on peut regretter un manque de personnalité à devoir se fondre dans une franchise. Bref il fournit du bon boulot, un rendu systématiquement lisible, efficace et qui ne choquera pas plus que ça les puristes. J’ai trouvé qu’il s’en sortait bien mieux que Girod ou Iko surtout niveau narration ou fluidité. Ma préférence reste quand même pour le trait de Yves Swolfs. Ce dernier laisse les pinceaux mais continue d’assurer le scénario. Il succombe à la mode quelque peu mercantile de proposer une jeunesse à son célèbre pistolero, mais bon quand c’est bien fait je ne boude pas. Un récit classique dans ses ingrédients mais bien construit, je suivrai cette trilogie annoncée. Je regrette cependant un petit point, on apprend finalement bien peu sur notre héros, une histoire qui fonctionnerait tout autant indépendamment.
Iba
Une petite histoire sympathique, où le fantastique s’invite de plus en plus, sans trop phagocyter l’intrigue. Sans esbroufe, c’est un album agréable à lire. Le dessin de Maurel est simple, mais agréable et efficace, dans la lignée de ce que peut faire Simon Hureau par exemple. Quant à l’histoire, on suit une jeune femme (avec quelques flash-backs remontant à son enfance), de plus en plus incommodée par la présence envahissante d’une amie imaginaire. Qu’elle semble s’être créée, mais en fait peu à peu le doute s’installe. Cela vire parfois au thriller, les passages un peu morbides (vite escamotés) s’intercalant entre ceux plus anodins racontant la vie ordinaire de cette jeune femme et de ses amies. Au final, on n’a pas forcément les réponses à toutes les questions qu’on se posait, mais ça n’est pas trop frustrant.
Les Autres
Un petit album sympathique, qui se laisse lire agréablement, même si j’attendais sans doute un peu plus d’humour et d’auto dérision (affaire de goût). Dans un univers d’ados, nous suivons essentiellement quatre d’entre eux qui ont comme point commun d’être décalés et pas mal inadaptés aux codes de leurs camarades, et du coup d’être rejetés, parfois souffre-douleurs. C’est une suite de petite saynètes plus amusantes que drôles, inégales, même si c’est globalement intéressant. Le dessin est assez minimaliste (pas mon truc, mais ça passe pour ce genre de chose), avec des cases pour le coup un peu – trop – petites. A emprunter à l’occasion.
Chacun son tour !
Cette lecture s'adresse à un public très jeune de 3/6 ans. Marianne Dubuc choisit un monde animalier très doudous pour parler aux enfants. Toutefois avec ses mots simples, un lettrage adapté l'auteure propose de réfléchir à des valeurs fondatrices du bien vivre ensemble tout en restant fidèle à son identité. Des thématiques importantes dans notre environnement de plus en plus mixte et multiculturel. Le graphisme propose des lignes claires tout en douceur et une mise en couleur qui rappelle le coloriage complète un visuel très adapté aux jeunes lecteurs et lectrices. Une bonne série que l'on peut partager avec ses petits. Un bon 3
La Fille et le Kibrille
Cette BD est clairement à destination d'un public plutôt jeune et tente de parler de façon détournée du harcèlement et l'exclusion scolaire, mais aussi de problématiques liées à la jeunesse et aux difficultés que peuvent rencontrer des enfants dans leurs familles. Après lecture de ce premier tome qui ouvre la série, je trouve que c'est intéressant et que j'ai bien envie de voir la suite que la série va proposer. La Bd est servie par un dessin qui fait très jeunesse, avec beaucoup de dynamisme et une colorisation qui fait ressortir l'ensemble. Je ne dirais pas que c'est beau mais c'est efficace et ça transmet bien la fougue du scénario, malgré son sujet assez difficile. Il s'agit d'une BD assez classique sur le fond et la forme, mettant en métaphore les malaises de la jeunesse face à divers problèmes. Les quelques pistes présentées laissent présager un développement futur plus important notamment sur la question des difficultés familiales et environnementales. Mais il contient déjà quelques remarques qui semblent pertinentes, pas assez développées pour que je les considère comme incroyables mais suffisamment pour me donner envie de voir la suite. La proposition est ambitieuse et pleine de bonne volonté, on sent l'engagement derrière l'idée. Reste à en voir l'exploitation, mais je pars confiant. Il est assez bien vu de la part d'éditeurs de BD de sortir des ouvrages à destination des plus jeunes sur ce sujet. Il y en a eu plusieurs récemment, je pense notamment à Speak ou Camélia - Face à la meute qui traitaient du même sujet, avec un protagoniste féminin à chaque fois. C'est un sujet qui prend de plus en plus d'importance et il est très important que l'information continue. Rien que pour ça, j'apprécie l'initiative. Un 3/5 en attendant de voir la suite !